D’ailleurs, les humanistes qui traduisent Shakespeare en vers grecs sont loin de représenter le goût des salons. […] Marié à Louise, peut-être le chevalier des Préaux eut il renoncé à conspirer ; car le bonheur éteint facilement le goût des aventures. […] Cette substitution de la biographie à l’histoire est si fort du goût de M. […] L’Académie, dans cette occasion, n’a pas fait preuve de goût, mais elle a reconnu implicitement que M. […] Mais l’enseignement oral favorisait singulièrement le goût de M.
Nadaud, lui, se tient à l’écart de la mêlée ; sa poésie, aux goûts calmes, pêche à la ligne, prend les goujons et regarde sans trouble passer le fleuve des révolutions… La joie n’est pas le chant complet du monde, le plaisir n’est pas l’amour, l’esprit n’est pas la liberté.
Cette Epître, très estimable par le fond des choses, & souvent par la maniere dont elles sont rendues, est une Satire du goût du siecle pour la frivolité.
Cet homme avoit pourtant une espece de génie ; mais il manquoit de goût & de méthode.
Elle ne s’attache point à des définitions métaphysiques de la vertu, elle ne s’occupe qu’à en inspirer le goût, & sa maniere d’en parler est très-propre à la faire aimer.
Bruzen porte particuliérement sur qui concerne les Belles-Lettres, annoncent un discernement éclairé, & un goût presque toujours sain.
Les Dialogues des Dieux, qui forment le premier volume de ses Œuvres, sont pleins de délicatesse & de gaieté, dans le goût de Lucien.
La vivacité, l’esprit, l’imagination, & le goût, qui aiguisent ces petits Pamflets, donnent une idée avantageuse du talent de ce jeune Auteur, & laissent entrevoir qu’avec plus de suite dans le travail, il seroit en état d’entreprendre & de bien traiter des Ouvrages considérables.
Les Russes en buvaient beaucoup, du moins à cette époque, et cette rigueur les atteignait dans leur goût le plus vif, leur superflu le plus nécessaire. […] D’abord le choix du sujet prouve le goût de M. […] Sainte-Beuve, le maître infaillible en tout ce qui n’est qu’affaire de goût, après avoir cité avec éloges de belles strophes de M. […] Ozaneaux tomba ; la question nègre n’était probablement pas mûre ; on ne pensait pas alors, tant les novateurs littéraires avaient corrompu le goût ! […] Il oublia, en apparence, ses hochets et ses goûts d’enfant.
Mais Gandar, en définissant le sien, montrait à quelles conditions élevées il mettait désormais le mérite de l’humaniste, et comment il entendait le renouvellement du goût et du sentiment littéraires. […] Je voulais comprendre cette grande énigme d’Hamlet, de toutes les œuvres de Shakespeare la plus puissante et la plus étrange, celle qui s’empare le plus fortement de l’imagination, celle qui par instants heurte le plus non seulement la délicatesse du goût, mais la délicatesse du sentiment. […] Convenons-en, Voltaire, avec son seigneur Pococurante, traitant sous jambe les plus fameux auteurs et leurs chefs-d’œuvre, est bien loin d’ici, et je ne sais pourquoi il me revient précisément à l’esprit en ce moment, si ce n’est peut-être parce que dans une méthode excellente je crois entrevoir un peu d’abus, et que le goût nous avertit qu’il faut de temps en temps se détendre. Il en est plus ou moins de ces choses du goût comme des plaisirs : Glissez, mortels, n’appuyez pas. […] Gandar, en ces mêmes années, crut devoir payer tribut à l’Académie de Caen par une étude qui sentît le sol et qui le naturalisât Normand jusqu’à un certain point : il choisit Poussin167, dont le génie sévère s’accordait bien avec ses propres goûts de sérieux et de moralité.
Cette décadence de Louis XIV, où la corruption pour éclater n’attendait que l’heure, faisait encore une société bien spirituelle, bien riche d’agréments ; cela était surtout vrai des femmes et du ton ; le goût valait mieux que les mœurs ; on sortait de Saint-Cyr, après tout, on venait de lire La Bruyère. […] Je soupçonne fort que vos conseils, et peut-être le procédé d’une autre personne, lui ont inspiré un goût pour la campagne, que je tâcherais de cultiver, si j’avais quelques années de moins. »— Quel est ce procédé ? […] « Le discernement du Chevalier est éclairé et fin, son goût très-juste ; il ne peut rester simple spectateur des sottises et des fautes du genre humain. […] Je jure que je n’ai pas cessé un moment de vous être uniquement attaché : vous n’avez pas à la tête un cheveu qui ne m’inspire plus de goût et de sentiment que toutes les femmes du monde ensemble, et je vous permets de le dire et de le lire à qui vous voudrez. » (1746.) […] Je me sens aujourd’hui plus de goût que jamais pour les chiens.
Pour l’autre, s’il l’invoque, c’est avec une foi d’habitude, par devoir plutôt que par goût. […] Un autre trait propre à Fénelon, c’est la vivacité et la variété de son goût pour les choses de l’esprit, et la liberté pleine de candeur avec laquelle il en porte des jugements. […] Ce n’est pas dommage que de tels hommes nous donnent leur goût particulier pour la règle du beau. […] Quant à cette sorte de scolastique littéraire, née de la mauvaise fertilité des derniers temps, qui distingue le fond de la forme, l’art de son objet, l’écrivain de l’homme, il n’y a pas dans Fénelon une seule ligne dont elle pût s’autoriser pour un seul de ces principes d’invention récente, qui ont gâté le goût de notre nation. […] L’âge du jeune prince et son peu de savoir l’empêchant de voir ce manque de vérité locale, l’effet de la morale sur son cœur n’était point affaibli par des scrupules d’érudition ou de goût.
Il n’en sera donc pas moins, malgré M. de Voltaire & ses suppôts, un Historien judicieux, un homme d’esprit & de goût, un Ecrivain correct, agréable, & quelquefois élégant.
Trop de goût pour les petites particularités, est un moyen sûr d’être souvent un foible Historien, & rarement Historien véridique.
Il seroit capable de l’honorer par ses travaux, si ses importantes occupations lui en laissoient le temps, comme il en a le goût.
Clément, [Denis-Xavier] Prédicateur du Roi, Abbé de Macheroux, né à Dijon en 1706, mort à Paris en 1771, est un des Orateurs Chrétiens de nos jours qui a le moins sacrifié au goût du siecle, & dont l’éloquence mâle & vigoureuse seroit plus propre à faire impression, si la plupart de ses Discours étoient moins diffus & moins négligés.
L’Ecrivain y fait sentir le mérite du goût sûr & attentif à ne jamais s’écarter des bons principes.
La lecture des Vers de Racine & de Boileau, lui auroit inspiré ce goût qui manquoit à ses talens ; & à en juger par les morceaux d’élévation & de force, qu’on admire dans son Poëme, il occuperoit un des premiers rangs parmi les Poëtes sublimes.
On trouve, dans le Recueil de ses Œuvres, quatre Sermons prononcés à l’assemblée des Etats de Languedoc, deux Instructions pastorales, un grand nombre de Harangues, qui, sans égaler l’éloquence des Discours de son prédécesseur, prouvent qu’il avoit du goût & des talens pour la Littérature.
Son zele ne contribua pas peu à en faire naître le goût parmi ses Contemporains, qui venoient de toute part l’entendre expliquer les Auteurs Grecs & Latins.
Le Christ y a l’air benêt comme de coutume ; tout le côté droit est brouillé d’un tas de figures jetées pêle-mêle, sans effet et sans goût.
Pour des gens de bon sens et d’un goût sain, Le Morne au diable vaut mieux que ses Mystères de Paris. […] On peut se tromper, mais il faut viser à satisfaire ses égaux (pares) ou ses supérieurs, et non pas écrire pour ceux qui ont moins de goût et d’esprit que nous ; en un mot, il faut viser en haut et non en bas. […] Il a des goûts simples et domestiques. […] le goût, le jugement, le sens critique, subtile, acre judicium ; la louange qui tombe juste ; ne pas dire précisément le contraire de ce qui est ! […] Rien de plus rare que ce vrai goût dans l’expression chez quelques-uns des écrivains même qui se sont posés récemment en amis et en défenseurs du goût classique et de l’ancienne simplicité.
Il y mit de la lenteur, observa des étapes, — parce qu’il avait du goût. […] Le goût de Racine s’est fort épuré en quatre ans, depuis les sept Odes enfantines. […] Si on le compare aux deux Corneille et à Quinault, on est tenté de dire que Racine y invente le « goût ». […] Racine introduit dans l’héroïsme le goût. […] Ces propos, à son avis, manqueraient de bienséance et de goût chez une princesse royale.
Mais le goût de l’énergie, c’est le goût des êtres énergiques, et à ce goût encore la Nouvelle se prête merveilleusement. […] La scène explosive, — si l’on peut dire, — où les personnages s’expliquent à fond, répugnait à son goût du raccourci. […] Ce qui est bien encore de votre génération, c’est, dans Stendhal, l’alliance du goût de l’action et du goût de l’analyse, de l’ardeur intime et de l’intellectualité. […] Sa faculté maîtresse, nous venons de le voir, fut le goût de l’analyse, mais d’une analyse d’abord idéologique. […] Moins un homme agit, plus il a de goût pour la représentation d’une existence énergique et agissante.
Victor Hugo Heureux pour lui-même le poète qui, né avec le goût des choses fraîches et douces, aura su isoler son âme de toutes les impressions douloureuses ; et, dans cette atmosphère flamboyante et sombre qui rougit l’horizon longtemps encore après une révolution, aura conservé rayonnant et pur son petit monde de fleurs, de rosée et de soleil !
Emmanuel Des Essarts La recherche du vrai et l’attachement au goût trouvent leur compte dans l’aimable volume de Léon Duvauchel… Il manie le triolet avec la perfection de Saint-Amant et de Blot, ces maîtres du genre.
La première Sextine du comte de Gramont parut à la célèbre Revue parisienne de Balzac, qui, se faisant critique pour une telle circonstance, se chargea lui-même d’expliquer aux lecteurs ce que c’est qu’une sextine et de les édifier sur le goût impeccable et sur la prodigieuse habileté d’ouvrier qu’elle exige du poète.
Sainte-Beuve J’ai parcouru jusqu’ici bien des tons, j’ai fait résonner bien des notes sur le vaste clavier de la poésie, et pourtant je n’ai pas encore abordé mon vrai sujet, celui qui m’a réellement mis cette fois en goût d’écrire, le Poème des champs, de M.
C’est un électrique ce jeune maître, et je l’en loue ; son goût d’artiste est capable de s’émouvoir aux plus diverses beautés et va de l’antique au moderne, de Falguière à Verlaine, de Saint-Cloud à Chislehurst, et de la gloire à l’amour… [L’Hermine (1900).]
Il existe un autre Auteur de ce nom, de l’Académie des Sciences & de l’Institut de Bologne, à qui le Public doit une Histoire de l’Astronomie ancienne, depuis son origine, jusqu’à l’établissement de l’Ecole d’Alexandrie ; Ouvrage systématique, mais qui annonce un esprit profond, un Dialecticien habile, & un Ecrivain très-exercé & plein de goût.
Bernard est encore connu par un Poëme de l’Art d’aimer, dans le goût de celui d’Ovide.
Il a su répandre dans les différens Extraits qu’il a composés, une sagesse de critique, une pureté de goût, une sûreté d’érudition, qu’il seroit à souhaiter de voir subsister dans tous les Journaux.
Ce n’est pas du génie & du goût qu’il faut chercher dans ses Ouvrages : de la littérature & de l’érudition, voilà ce qui l’associe aux Savans qui ont rendu service aux Lettres.
Le Temple de Mémoire, mêlé de Vers & de Prose, eût mérité à l’Auteur d’y avoir une place distinguée, s’il l’eût construit avec un peu plus de soin & plus de goût.
Son Essai sur l’éloquence de la Chaire, malgré quelques idées singulieres que le vrai goût n’adoptera jamais, peut être regardé comme un des morceaux de Littérature les plus instructifs qui aient paru sur cet objet.
Le plus distingué de ses Ouvrages est la Métamorphose des yeux d’Iris changés en Astres, Poëme d’environ sept cents Vers, digne de figurer à côté des meilleures Métamorphoses d’Ovide, soit pour l’invention, qui en est aussi ingénieuse que féconde, soit pour la Poésie, qui est noble, coulante, pleine de chaleur & de sentiment, mais où le goût de l’antithese & des pointes se montre avec trop d’affectation.
Un style pétillant, maniéré ; une métaphysique trop subtile ; des sentimens recherchés ; des réflexions trop peu naturelles, ont beaucoup nui au succès de ses Ouvrages dans l’esprit des Gens de goût.
On y reconnoît sans interruption l'Ecrivain élégant & plein de goût, le Critique judicieux & familiarisé avec les bons modeles, le Philosophe qui pense & qui sait intéresser le Lecteur en l'instruisant.
Cet Académicien estimable s’est attaché à une partie de notre Littérature, aussi intéressante qu’utile : l’Histoire du bon vieux temps de notre Monarchie, a décide son goût & fixé ses études.
Ce Burlesque étoit la manie dominante avant que Boileau eût éclairé les Esprits & réformé le Goût.
Loin de chercher à la rendre facile et à la portée de tout le monde, il en fait une sorte d’escrime où il prend trop d’avantage ; on le quitte mécontent de soi et de lui, et ceux dont il a blessé la vanité s’en vengent en lui donnant la réputation de méchanceté, et en lui refusant les qualités solides du cœur et de l’esprit… M. de Forcalquier n’était fat qu’à moitié, il lui manquait un grain de présomption : « Il ne consulte son goût et ses lumières sur rien ; il adopte les lumières et les sentiments de ceux qu’il croit le plus à la mode et les plus confirmés dans le bel air. » Duclos fut sans doute un de ceux qui le dominèrent pour un temps et qui lui imposèrent dans les choses de l’esprit ; on en sait bien peu sur ce salon de l’hôtel de Brancas. […] Il est pourtant vrai qu’ayant fort bien étudié dans ma première jeunesse, j’avais un assez bon fonds de littérature que j’entretenais toujours par goût, sans imaginer que je dusse un jour en faire ma profession. […] La plupart étant incapables d’un tel examen doivent consulter le sentiment intérieur : les plus éclairés pourraient encore en morale le préférer souvent à leurs lumières, et prendre leur goût ou leur répugnance pour la règle la plus sûre de leur conduite.
Et encore, pour le Carême de 1671 : « J’avais grande envie de me jeter dans le Bourdaloue, mais l’impossibilité m’en a ôté le goût : les laquais y étaient dès le mercredi, et la presse était à mourir. » Le Bourdaloue ! […] Je lisais tout cela à haute voix ; et avec ce ressouvenir des premières années où l’on eût la foi vive et entière, avec ces sentiments sérieux et rassis que l’âge nous rend ou nous donne, et aussi avec ce goût d’une littérature apaisée, qui est désormais la mienne en vieillissant, je trouvais ce discours aussi excellent de forme que de fond, beau et bon de tout point. […] Quand on demande à Bourdaloue ces traits, ces lumières du discours qui lui manquent, et qu’on lui oppose sans cesse Bossuet, je crains qu’on ne fasse une confusion, et que Bossuet ne soit là que pour cacher Chateaubriand, et pour signifier, sous un nom magnifique et plus sûr, ce genre de goût que l’auteur du Génie du christianisme nous a inculqué, je veux dire le culte de l’image et de la métaphore.
Des divers ouvrages qu’il a publiés et qui sont à emporter en voyage, on peut surtout conseiller ses Promenades dans Rome ; c’est exactement la conversation d’un cicerone, homme d’esprit et de vrai goût, qui vous indique en toute occasion le beau, assez pour que vous le sentiez ensuite de vous-même si vous en êtes digne ; qui mêle à ce qu’il voit ses souvenirs, ses anecdotes, fait au besoin une digression, mais courte, instruit et n’ennuie jamais. […] Dans le genre plus classique de Didon et d’Ariane, dans les romans du ton et de la couleur de La Princesse de Clèves, on prodigue moins les balles et les coups mortels, on a les plaintes du monologue, les pensées délicates, les nuances de sentiment ; quand on a poussé à bout l’un des genres, on passe volontiers à l’autre pour se remettre en goût ; mais, abus pour abus, un certain excès poétique de tendresse et d’effusion dans le langage est encore celui dont on se lasse le moins. […] Une de ses grandes théories, et d’après laquelle il a écrit ensuite ses romans, c’est qu’en France l’amour est à peu près inconnu ; l’amour digne de ce nom, comme il l’entend, l’amour-passion et maladie, qui, de sa nature, est quelque chose de tout à fait à part, comme l’est la cristallisation dans le règne minéral (la comparaison est de lui) : mais quand je vois ce que devient sous la plume de Beyle et dans ses récits cet amour-passion chez les êtres qu’il semble nous proposer pour exemple, chez Fabrice quand il est atteint finalement, chez l’abbesse de Castro, chez la princesse Campobasso, chez Mina de Wangel (autre nouvelle de lui), j’en reviens à aimer et à honorer l’amour à la française, mélange d’attrait physique sans doute, mais aussi de goût et d’inclination morale, de galanterie délicate, d’estime, d’enthousiasme, de raison même et d’esprit, un amour où il reste un peu de sens commun, où la société n’est pas oubliée entièrement, où le devoir n’est pas sacrifié à l’aveugle et ignoré.
Taine est tout le contraire de la manière discursive, de ces promenades dans le goût de Montaigne, où l’on a l’air d’aller tout droit devant soi à l’aventure et au petit bonheur de la rencontre. […] Mais il y a autre chose que la fable poétique ainsi considérée dans sa richesse dernière, et que la fable philosophique ou didactique dans sa stricte justesse : il y a la fable enfantine, toute primitive, qui n’est pas exacte et sèche dans son ingénieux comme l’une, et qui n’est pas vivante et amusante comme l’autre : c’est la fable naïve, spirituelle encore, mais prolixe, mais languissante et souvent balbutiante, du Moyen Âge, le genre avant l’art et avant le goût. […] Il avait dit ailleurs, en parlant de l’action dans les fables du poète, de cette action qui semble si éparse et qui se rattache toute à une idée, à un but : « Poésie et système sont des mots qui semblent s’exclure, et qui ont le même sens. » — Oui assurément, si l’on entend par système un tout vivant, animé, coloré ; oui, si ce mot de système a le même sens que cosmos et que monde ; mais chez nous (et cela tient peut-être à notre peu de goût pour la chose), le mot de système se prend dans une acception moins entière et moins belle ; il implique la dissection, l’abstraction.
Il a le regret, dans cette ville d’Augsbourg, de se rendre remarquable par quelque façon opposée au goût du pays : c’était en passant par une église ; comme il faisait très froid et qu’il était indisposé, il garda son mouchoir sous son nez, ce qui parut étrange : il en fut mortifié, quand ensuite on le lui dit. […] Quant à l’air, il remerciait Dieu de l’avoir trouvé si doux, car il inclinait plutôt sur trop de chaud que de froid, et en tout ce voyage, jusques lors, n’avions eu que trois jours de froid et de pluie environ une heure ; mais que du demeurant, s’il avait à promener sa fille, qui n’a que huit ans, il l’aimerait autant en ce chemin qu’en une allée de son jardin ; et quant aux logis, il ne vit jamais contrée où ils fussent si dru semés et si beaux, ayant toujours logé dans belles villes bien fournies de vivres, devin, et à meilleure raison qu’ailleurs. » Montaigne, à la veille de quitter l’Allemagne et le Tyrol autrichien, écrit une lettre à François Hotman, ce célèbre jurisconsulte qu’il avait rencontré à Bâle, pour lui exprimer sa satisfaction de tout ce qu’il a vu dans le pays et le regret qu’il avait d’en partir si tôt, quoique ce fût en Italie qu’il allât ; ajoutant qu’excepté quelques exactions à peu près inévitables des hôteliers guides et truchements, « tout le demeurant lui semblait plein de commodité et de courtoisie, et surtout de justice et de sûreté. » Cette première partie de son voyage, dont il se montrait si enchanté, n’avait fait que le mettre en goût et en appétit de découverte. […] Mais le goût et une mâle pensée embrassent tout.
Il serait tout à fait fastidieux aujourd’hui de recommencer ce qui a été fait avec tant de supériorité et de goût par M. […] Il ne s’avisa de tragédie que vers l’âge de trente-six ans, et il marqua vite ; en quoi il l’emportait sur les La Harpe, les Chamfort, les gens d’esprit et de goût sans étincelle. […] On me reproche déjà le choix du sujet de Macbeth comme une chose atroce. « Monsieur Ducis, me dit-on, suspendez quelque temps ces tableaux épouvantables ; vous les reprendrez quand vous voudrez : mais donnez-nous une pièce tendre, dans le goût d’Inès, de Zaïre, une pièce qui fasse couler doucement nos larmes, qui vous concilie enfin les femmes, cette belle moitié de votre auditoire qui entraîne toujours l’autre.
Mais, assistant à des spectacles militaires avec des goûts si prononcés, il s’imbut de l’esprit de ces dernières années de l’Empire ; quand les revers survinrent, et mirent à nu la fibre patriotique, il sentit aussi fortement qu’aucun les douleurs de l’humiliation et de là défaite : garde national zélé, militaire amateur exemplaire, il mérita la croix en 1814 pour les services qu’il avait rendus dans la défense de Paris. […] Par des illustrations d’un tout autre genre, destinées à des ouvrages littéraires, Horace Vernet reprend la trace de son grand-père Moreau, et il fait concurrence à Achille Dévériá : ainsi, illustrations de la Hehriade, dans le goût du temps ; illustrations de Mathilde et Malek-Adel, genre troubadour ; une Mort de Tancréde ; illustrations des poèmes de Byron, Manfred et le Chasseur, la Fiancée d’Abydos, le Naufrage de don Juan… C’est du métier, passons ! […] Horace conserve encore cette singulière élégance, ce goût exquis dont chacune de ses compositions est remplie. » Les critiques qui suivaient ces éloges, et qui portent sur la couleur, se feraient aujourd’hui avec beaucoup plus de justesse et de précision.
Il se destinait à la prédication pour laquelle il se sentait du goût et des moyens, et il fit ses provisions de doctrine en conséquence. […] Que Fléchier fût lent, qu’il n’eût pas beaucoup de vivacité en causant ni de vives saillies, c’est possible, et c’est même certain ; mais que le fin auteur des Grands Jours d’Auvergne eût la conversation plate, je ne défère pas assez au goût de l’abbé Legendre pour lui accorder ce point, et j’aime mieux supposer qu’il a employé un mot impropre en matière si délicate. […] … » En ce qu’il dit là de la rapidité de prononciation et de la gesticulation continue et trop uniforme de Bourdaloue, l’abbé Legendre se trouve d’accord avec Fénelon dans ses Dialogues sur l’Éloquence ; mais il n’en prodigue pas moins les éloges à l’orateur, et il n’y met pas les mêmes restrictions que ce suprême homme de goût qui avait le droit d’être si difficile.
Moland fait précéder chaque comédie d’une Notice préliminaire, et il accompagne le texte de remarques de langue, de grammaire ou de goût, et de notes explicatives. […] c’est sans doute aimer avant tout l’élégance, la grâce, le naturel et la vérité (au moins relativement), la sensibilité, une passion touchante et charmante ; mais n’est-ce pas cependant aussi, sous ce type unique de perfection, laisser s’introduire dans son goût et dans son esprit de certaines beautés convenues et trop adoucies, de certaines mollesses et langueurs trop chères, de certaines délicatesses excessives, exclusives ? Enfin, tant aimer Racine, c’est risquer d’avoir trop de ce qu’on appelle en France le goût et qui rend si dégoûtés.
Elle prend pour des caricatures les jolis Watteau que vous jetez au vent ; vos dessins si fins et si spirituels annoncent un sentiment très-fin de couleur, tout à fait dans le goût de Watteau, qui fut un très grand coloriste. […] En s’y promenant, il prit goût tout d’abord aux types de figures qui l’environnaient, et il y élut en quelque sorte domicile en y louant une chambre qui lui servait d’observatoire et d’atelier. […] Que d’esprit et de goût pittoresque dans la manière dont tous les actes de ce petit drame sont coupés, divisés par compartiments, présentés gaiement au regard !
Il fait tout aussi bien de ne pas me consulter ; je suis plus embarrassée que lui, et je suis déterminée à suivre le conseil de notre bonne maman, c’est-à-dire d’aller tout droit devant mon chemin et de profiter de toutes les occasions de faire bien. » Ce que la reine disait là de son inaptitude aux affaires et de son peu de goût d’y entrer était très véritable. […] Ses premiers goûts étaient ailleurs. […] Et puis, le bibliothécaire, l’abbé de Vermond, avait aussi sans doute, ses goûts particuliers, et ce que M. l’abbé avait envie de lire, il le faisait acheter à la reine.
Eudore Soulié, Dussieux, Lavallée, soit au nom et dans l’intérêt de Dangeau, soit par goût et admiration pour Mme de Maintenon, l’ont pris rudement à partie et lui ont refusé tout ce qu’on peut lui enlever de considération et de crédit. […] Oui, j’en conviens, on ne peut méconnaître que, malgré ses taches et ses nuages, le soleil luit… On ne saurait méconnaître que, malgré quantité de tragédies détestables et ennuyeuses, Corneille ne soit sublime quelquefois… On ne saurait méconnaître que, malgré des fadeurs, des concessions au goût du jour, Racine ne soit souverainement pathétique et touchant…, que Molière… Je m’arrête. […] On peut avoir un grand goût pour son esprit, pour sa raison, sans aller au-delà.
Quant à leur moralité, celle de l’un n’a pas été exemplaire plus que celle de l’autre : l’évêque surtout est particulièrement blâmé à cause du nombre et de la publicité de ses galanteries, de son goût pour le jeu et principalement pour l’agiotage auquel il se livra sous le ministère de M. de Calonne, avec qui il était très lié. […] Le problème moral que soulève le personnage de Talleyrand, en ce qu’il a d’extraordinaire et d’original, consiste tout entier dans l’assemblage, assurément singulier et unique à ce degré, d’un esprit supérieur, d’un bon sens net, d’un goût exquis et d’une corruption consommée, recouverte de dédain, de laisser-aller et de nonchalance. […] Napoléon, malgré tout, avait du goût pour lui.
Casimir Delavigne, poëte, sut être toujours à l’unisson, au niveau du sentiment public ; il partagea les goûts, les émotions, les enthousiasmes du grand nombre en ce qu’il y eut d’honnête, de légitime, de généreux ; il en fut l’organe clair, ingénieux, élégant, sensible. […] Même dans cette seconde moitié de sa carrière où il eut affaire à un milieu de société décidément modifié, à certains goûts littéraires que nous connaissons très-bien, moins réguliers, moins simples ou moins traditionnels, et, comme on dit, plus exigeants, là encore il sut trouver je ne sais quel point agréable ou tolérable dans le mélange : il étendit ses ressources sans trop sortir de ses données habituelles ; il put paraître quelquefois sur la défensive, il réussit toujours à garder ses avantages, il ne fut jamais vaincu. […] La comédie qu’il donna sous ce titre (la Popularité), et dans laquelle il revint un peu à sa manière des Comédiens, est pleine de vers ingénieux, élégants, bien frappés, qui, comme ceux du Méchant, de la Métromanie, se sentent assez du genre de l’épître, mais n’en sont pas moins chers, dans cette modération de goût, aux habitudes de la scène française.
De même que du sein des rangs royalistes une voix éloquente s’élevait par accès, qui conviait à une chevaleresque alliance la légitimité et la liberté, et qui, dans l’ordre politique, invoquait un idéal de monarchie selon la Charte, de même, tout à côté, et avec plus de réussite, dans la haute compagnie, il se trouvait une femme rare, qui opérait naturellement autour d’elle un compromis merveilleux entre le goût, le ton d’autrefois et les puissances nouvelles. […] Le salon de la maréchale de Beauvau est caractérisé à ravir par l’héritière de son goût et de ses traditions ; les souvenirs de la Terreur y revivent d’après des empreintes fidèles. […] Analyser Édouard marquerait bien peu de goût, et nous ne l’essaierons pas.
On les nomme sensations de la vie intellectuelle, et, d’après les organes spéciaux qui les éveillent, on les divise en sensations de l’odorat, du goût, du toucher, de l’ouïe et de la vue. […] Dans les sensations du goût, on a distingué les saveurs68 parentes des sensations alimentaires, capables suivant l’état de l’estomac de provoquer l’appétit ou le dégoût, et les saveurs proprement dites, divisibles elles-mêmes en plusieurs groupes, celles de l’amer, du doux, du salé, de l’alcalin, de l’acide, de l’astringent. […] Il y en a soixante et plus en chimie ; il y en a bien davantage, pour tel sens, l’odorat par exemple ou le goût ; car il n’est presque pas de matière volatile odorante qui ne forme un type à part ; à côté de la sensation qu’elle provoque, on en peut mettre parfois deux ou trois autres tout au plus, comme l’odeur de l’ail et de la vapeur d’arsenic à côté de l’odeur de l’étain ; ainsi les espèces sont innombrables, et les genres presque nuls ; à cet égard, comptez les odeurs des plantes parfumées dans un parterre, et des gaz désagréables dans un laboratoire de chimie. — En sorte qu’au commencement de la psychologie nous sommes obligés, ce semble, de poser un nombre très grand de données mutuellement irréductibles, comme les corps simples en chimie, comme les espèces animales en zoologie, comme les espèces végétales en botanique, mais avec ce désavantage particulier qu’en chimie, en botanique, en zoologie, les différences et les ressemblances sont constituées par des éléments homogènes et précis, le nombre, la force et la forme, tandis que, dans les sensations, nul élément pareil ne pouvant être isolé, nous sommes réduits à l’affirmation brute de quelques ressemblances grossières et à la constatation sèche de différences indéfinissables en nombre indéfini.
Ses Lettres, auxquelles je m’attacherai surtout ici, nous le montrent au vrai dans la succession de ses âges, dans la variété de ses goûts et la solidité diversifiée de ses études. […] Le goût sera la dernière chose qui viendra en France ; mais, quand il viendra, il sera déjà tard, et le bon sens, si propre à le fortifier et à le soutenir, se trouvera déjà affaibli. […] Venu dans une forte époque, mais pleine de conflit et de confusion, il nous offre, à travers quelques défauts de forme et de goût, l’exemple de l’un des plus excellents, des plus solides et des plus ingénieux entre les esprits modérés.
Poésie d’opéra, peinture de décors, Perrault ne conçoit rien de plus beau : c’est le côté faible de son goût. […] Ce qu’avait fait Descartes en philosophie, d’autres le faisaient dans l’ordre des lettres ; et ces hommes d’un goût léger et scabreux, mais hardi, Perrault, Fontenelle, y concouraient vivement à leur manière. […] Il avait toujours fait grand cas de leur jugement, et il était d’avis que, dans les matières de goût, leur préférence est décisive : « On sait la justesse de leur discernement, pensait-il, pour les choses fines et délicates, la sensibilité qu’elles ont pour ce qui est clair, vif, naturel et de bon sens, et le dégoût subit qu’elles témoignent à l’abord de tout ce qui est obscur, languissant, contraint et embarrassé. » Dans la préface de L’Apologie, Perrault reprochait à Boileau, entre autres choses, que « les vers de sa satire étaient plus durs, plus secs, plus coupés par morceaux, plus enjambants les uns sur les autres, plus pleins de transpositions et de mauvaises césures que tous ceux qu’il avait faits jusqu’ici ».
Il la revit en 1796 et rentra bientôt après dans sa maison, dans ce joli jardin qu’il avait peuplé de statues, de cénotaphes, de souvenirs, et où il avait mis toutes sortes d’inscriptions selon le goût du temps. […] Pour m’en tenir au point de vue littéraire et à celui du goût, je ne puis m’empêcher de remarquer à quel point l’argent prend d’importance dans sa manière de prouver et de raisonner. […] Beaumarchais, si attaqué, si calomnié, n’eut jamais de haine ; si l’on excepte Bergasse, qu’il a personnifié dans Bégearss avec plus de mauvais goût encore que de rancune, il avait raison de dire et de répéter : J’ai reçu de la nature un esprit gai qui m’a souvent consolé de l’injustice des hommes… Je me délasse des affaires avec les belles-lettres, la belle musique et quelquefois les belles femmes… Je n’ai jamais couru la carrière de personne : nul homme ne m’a jamais trouvé barrant ses vues ; tous les goûts agréables se sont trop multipliés chez moi pour que j’aie eu jamais le temps ni le dessein de faire une méchanceté.
Vieux, quand on lui parlait de Chateaubriand, il répondait : « Je l’ai peu lu, mais il a l’imagination trop forte. » Si l’on avait parlé à Buffon de Bernardin de Saint-Pierre, Buffon aurait eu droit de répondre : « Il a l’imagination trop tendre. » Bernardin a fait ainsi au moral ; il n’est pas seulement pieux et touchant, il est sermonneur ; il pèche par le trop de sensibilité de son temps, et il y a un certain goût sévère qu’il n’observe pas. […] Remarié bientôt après, vers l’âge de soixante-trois ans, à Mlle Désirée de Pelleport, jeune et jolie personne, et qui se plia sans effort à ses goûts, Bernardin de Saint-Pierre eut une vieillesse heureuse. […] La comparaison de l’aigle qui ne vint qu’à la fin du discours après l’homélie philosophique, et qui, détachée aujourd’hui, produit tant d’effet, ne se trouve point particulièrement indiquée dans les extraits critiques que j’ai lus, et, si elle fut remarquée, je crains que ce n’ait été plutôt à titre d’image singulière et risquée, eu égard au goût du temps.
Sayous ne nous retrace pas avec moins de finesse et de vérité l’aspect naturel du pays en Savoie, ces frais paysages jetés dans un cadre grandiose, cette espèce d’irrégularité et de négligence domestique, et ce laisser-aller rural que peut voir avec regret l’économiste ou l’agronome, mais qui plaît au peintre et qui l’inspire insensiblement : « L’imagination, dit-il, est plus indulgente : elle sourit à ce spectacle qui a sa grâce, et l’artiste jouit en reconnaissant un instinct de l’art et comme un goût de nature dans ce confus arrangement qui semble avoir été abandonné au hasard. » Nous connaissions déjà, depuis les peintures de Jean-Jacques Rousseau, ce charme des vallons et des vergers de Savoie, si frais et si riants au pied des monts de neige ; mais, avant d’en venir à saint François de Sales, il était bon de nous le rappeler. […] Malherbe, assisté de Racan et de quelques disciples, essayait avec lenteur de dégager la poésie et de lui faire rendre des accents rares, empreints d’un goût plus sévère et plus pur. […] Faisant la part des différences du siècle et du goût, j’ai cherché à aller au-delà, et à me bien définir la différence d’esprit des deux méthodes, et la double famille des deux âmes.
mais c’est un Alceste, un misanthrope de cœur qui hait parce qu’il aime, un dégoûté parce qu’il a du goût, un pessimiste d’optimisme impossible, qui trouve tout mauvais parce qu’il voudrait tout trouver bon ! […] , dans une époque où tout le monde a les mêmes goûts et les mêmes idées que tout le monde. Il a planté là insoucieusement l’opinion publique, les goûts publics, les femmes qui deviennent de plus en plus des choses publiques, et il s’est plongé, d’un magnifique élan, dans l’innocence, la pureté, tous les azurs, tous les éthers, toutes les modesties, toutes les naïvetés des cœurs simples, toutes les célestes gaucheries, comme Léandre se jetait dans l’Hellespont pour aller retrouver sa pauvre Héro sur le rivage solitaire !
Quand ils veulent être agréables à un étranger, à un prince en voyage notamment, ils ne manquent guère de lui attribuer les goûts d’un Parisien. […] Et la différence n’était pas moins grande entre les habitudes, les goûts, les costumes, l’état d’esprit d’un provincial et ceux d’un Parisien. […] Elles flattent un goût de notre époque, ces affiches, elles sont nées d’une observation psychologique, et le succès de leur propagande est dû à un reste de romantisme encore vivant dans les masses.
L’esprit, le goût, l’éloquence, la langue même, rien n’était formé. […] Enfin, ses amours, ses faiblesses, tous ces sentiments, qui le plus souvent étaient des passions, et que les grâces d’un chevalier ennoblissaient encore, lorsqu’ils n’étaient que des goûts, ne paraissaient pas des défauts qu’on pût lui reprocher. […] On a représenté quelques-unes des époques de sa vie, en bronze et en marbre ; on les a fait servir d’ornement à ces boîtes, invention et amusement du luxe, que le goût et les modes françaises font valoir et distribuent dans l’Europe : le peuple même connaît et bénit sa mémoire.
Elle ne saurait donc prétendre à dicter les préceptes certains et immuables, soit du Beau, soit du Goût. […] Rien ne gâte plus sûrement le goût. […] La musique de Wagner, non placée sous la protection du goût de théâtre, — un goût très tolérant, — est simplement de la mauvaise musique, la plus mauvaise peut-être qui jamais ait été écrite. […] Qui sait quel serait l’effet qu’il ferait aux yeux d’un juge supérieur de goût ? […] pour le goût des peuples de civilisation vieille et caduque.
Van de Putte manque trop souvent de goût artistique pour que ses poèmes atteignent à la perfection qu’on leur voudrait voir et que lui-même leur suppose.
N’est ce rien que de suivre son goût, & de se livrer tout entier au charme qui nous flatte ?
Arcq, [Philippe – Auguste de Sainte-Foi, Chevalier d’] né avec beaucoup d’esprit & de talent ; il a cultivé les Lettres par goût, & les Ouvrages qu’il a publiés ont été accueillis du Public.
Chabanon a donné au Théatre la Tragédie d’Eponine, qui n’est connue que par sa chute, justement méritée ; qu’il est Auteur d’une autre Tragédie, à qui le défaut de représentation a épargné la même disgrace ; d’une Traduction des Odes Pythiques de Pindare, où le plus animé de tous les Poëtes Lyriques paroît d’une froideur plus qu’Hyperboréenne ; & qu’il a aussi traduit les Idylles de Théocrite d’une maniere peu capable d’inspirer du goût pour cet Auteur.
Scarron, pour peindre la délicatesse de l’esprit & du goût de Charleval, disoit que les Muses ne le nourrissoient que de blanc-manger & d’eau de poulet.
L’amour des Sciences, heureusement uni au goût des Lettres, a fait de cet Académicien un Savant presque universel & un habile Ecrivain.