Drouot était fils d’un boulanger de Nancy, le troisième de douze enfants : Issu du peuple par des parents chrétiens, il vit de bonne heure, dans la maison paternelle, un spectacle qui ne lui permit de connaître ni l’envie d’un autre sort, ni le regret d’une plus haute naissance ; il y vit l’ordre, la paix, le contentement, une bonté qui savait partager avec de plus pauvres, une foi qui, en rapportant tout à Dieu, élevait tout jusqu’à lui, la simplicité, la générosité, la noblesse de l’âme, et il apprit, de la joie qu’il goûta lui-même au sein d’une position estimée si vulgaire, que tout devient bon pour l’homme quand il demande sa vie au travail et sa grandeur à la religion. […] Il croissait sous la triple garde de ces fortes vertus ; il croissait comme un enfant de Sparte et de Rome, ou pour mieux dire encore, et pour dire plus vrai, il croissait comme un enfant chrétien, en qui la beauté du naturel et l’effusion de la Grâce divine forment une fête mystérieuse que le cœur qui l’a connue ne peut oublier jamais.
Ainsi, à côté de la jeune miss Ives, il est trop question de cette mère presque aussi belle que sa fille, de cette mère qui, lorsqu’elle est près de confier au jeune homme le secret qu’elle a saisi dans le cœur de son enfant, se trouble, baisse les yeux et rougit : « Elle-même, séduisante dans ce trouble, il n’y a point de sentiment qu’elle n’eût pu revendiquer pour elle. » C’est une indélicatesse de tant insister sur cette jolie maman. […] La scène à Londres, où il la revoit vingt-sept ans après, lui ambassadeur, elle veuve de l’amiral Sutton, et lui présentant ses deux enfants, serait belle et touchante, si quelques traits non moins choquants ne la déparaient. […] René, parlant de cette fille qui est aussi la sienne, regrette de l’avoir eue ; il recommande à sa mère de ne pas le faire connaître à elle, à sa propre enfant : « Que René reste pour elle un homme inconnu, dont l’étrange destin raconté la fasse rêver sans qu’elle en pénètre la cause : je ne veux être à ses yeux que ce que je suis, un pénible songe. » Ainsi, perversion étrange du sentiment le plus pur et le plus naturel !
Enfants de quinze ans, Laissez danser vos mamans ! […] Enfin, lui, qui admirait tant Napoléon, et que ce grand exemple, transposé et réfléchi dans la littérature, éblouissait comme il en a ébloui tant d’autres, j’aurais voulu qu’il laissât de côté, une bonne fois, ces comparaisons, ces émulations insensées et à l’usage des enfants, et, s’il lui fallait absolument chercher son idéal de puissance dans les choses militaires, qu’il se posât quelquefois cette question, bien faite pour trouver place dans toute bonne rhétorique française : « Lequel est le plus beau, un conquérant d’Asie entraînant à sa suite des hordes innombrables, ou M. de Turenne défendant le Rhin à la tête de trente mille hommes ? […] Ce remarquable roman, étudié à part, prêterait à des réflexions qui n’atteindraient pas M. de Balzac lui seul, mais nous tous, enfants plus ou moins mystérieux ou avoués d’une littérature sensuelle.
Devenue veuve une seconde fois, et sans enfants, il ne semblait pas que ses qualités bien appréciées de ses amis dussent s’exercer sur un plus vaste théâtre que celui d’une brillante société, lorsqu’une nécessité imprévue vint la produire. […] Il fallut trouver à cette jeune reine, qui n’était encore qu’une enfant de treize ans, un guide, une conseillère expérimentée, pour la former, pour lui apprendre à ne rien choquer autour d’elle et à représenter avec dignité. […] Les grâces et l’esprit de cette reine enfant n’y auraient pas suffi sans les directions de ce guide continuel, et qui l’était aussi du jeune roi en bien des choses.
Il en a écrit de deux sortes et sous deux formes différentes : 1º des Mémoires proprement dits sur les événements historiques auxquels il a assisté, et les affaires politiques auxquelles il a pris part ; ces Mémoires, souvent cités par Lemontey dans son Histoire de la Régence, sont restés manuscrits, et je ne les connais pas ; 2º indépendamment de cet ouvrage, qui paraît être très volumineux, puisque Lemontey en cite à un endroit le tome VIIIe, le duc d’Antin, dans une vue toute morale et de méditation intérieure, avait écrit pour lui seul une espèce de discours de sa vie et de ses pensées, à peu près comme Bussy-Rabutin, qui, en dehors de ses Mémoires, a fait un résumé de sa vie dans un discours destiné à ses enfants sous le titre de L’Usage des adversités. […] Il se trouvait ainsi, simple mortel, le demi-frère du duc du Maine, du comte de Toulouse, enfin de ces sept enfants qui avaient nom Bourbon, et qui étaient traités comme de la pure race de l’Olympe. […] Il n’en faut pas tant pour faire impression sur l’esprit faible d’un enfant ; pareils discours en auraient fait une considérable sur l’esprit d’un homme même raisonnable.
Son premier mot est pour consoler le captif, pour le rassurer : « Madame (Louise de Savoie) a senti si grand redoublement de forces que, tant que le jour et soir dure, il n’y a minute perdue pour vos affaires ; en sorte que de votre royaume et enfants ne devez avoir peine ou souci. » Elle se félicite de le savoir aux mains d’un aussi bon et généreux vainqueur que le vice-roi de Naples Charles de Lannoy ; elle le supplie, au nom de sa mère, de songer à sa santé : Elle a entendu que voulez entreprendre de faire ce carême sans manger chair ni œufs, et quelquefois jeûner pour l’honneur de Dieu. […] Voici un joli passage dans lequel elle sourit et essaie, au retour, d’égayer le captif en lui envoyant des nouvelles de ses enfants. […] Cette dame Oisille répond de la manière la plus édifiante : Mes enfants, vous me demandez une chose que je trouve fort difficile, de vous enseigner un passe-temps qui vous puisse délivrer de vos ennuis ; car, ayant cherché le remède toute ma vie, n’en ai jamais trouvé qu’un, qui est la lecture des Saintes Lettres, en laquelle se trouve la vraie et parfaite joie de l’esprit, dont procède le repos et la santé du corps.
C’est à peu près comme si l’on disait : Il n’y a plus de roses, le printemps a rendu l’âme, le soleil a perdu l’habitude de se lever, parcourez tous les prés de la terre, vous n’y trouverez pas un papillon, il n’y a plus de clair de lune et le rossignol ne chante plus, le lion ne rugit plus, l’aigle ne plane plus, les Alpes et les Pyrénées s’en sont allées, il n’y a plus de belles jeunes filles et de beaux jeunes hommes, personne ne songe plus aux tombes, la mère n’aime plus son enfant, le ciel est éteint, le cœur humain est mort. […] Cet enfant de six mille ans a été d’abord à l’école. […] Il savait d’innombrables choses, entre autres celles-ci : — La terre est plate. — L’univers est rond et fini. — La meilleure nourriture pour l’homme est la chair humaine. — La communauté des femmes est la base de l’ordre social. — Le père doit épouser sa fille. — Il y a un mot qui tue le serpent, un mot qui apprivoise l’ours, un mot qui arrête court les aigles, et un mot qui chasse les bœufs des champs de fèves. — En prononçant d’heure en heure les trois noms de la trinité égyptienne, Amon-Mouth-Khons, Andron d’Argos a pu traverser les sables de Libye sans boire. — On ne doit point fabriquer les cercueils en cyprès, le sceptre de Jupiter étant fait de ce bois. — Thémistoclée, prêtresse de Delphes, a eu des enfants et est restée vierge. — Les justes ayant seuls l’autorité de jurer, c’est par équité qu’on donne à Jupiter le nom de Jureur. — Le phénix d’Arabie et les tignes vivent dans le feu. — La terre est portée par l’air comme par un char. — Le soleil boit dans l’océan et la lune boit dans les rivières. — Etc. — C’est pourquoi les athéniens lui élevèrent une statue sur la place Céramique, avec cette inscription : À Chrysippe, qui savait tout.
Quoi qu’il en soit, ils puisèrent leurs faits dans le chaos des anciennes chroniques ou dans le fatras des vieilles légendes ; ils demandèrent leur merveilleux à la féerie, à la sorcellerie, à la magie noire ; ils ne dédaignèrent pas même l’absurdité des contes les plus populaires, et ils offrirent à l’admiration des hommes ce qu’en tout autre pays on n’exposerait pas impunément à la moquerie des enfants. […] Abjurez, il vous est permis, les dieux de l’antique Olympe ; nous convenons avec vous que l’Aurore est bien vieille, et Flore bien fanée ; qu’il y a bien longtemps que Vénus est la déesse de la beauté, et que son fils est un enfant : mais songez que le merveilleux, du Christianisme est d’un emploi difficile et périlleux ; qu’il est toujours tout près d’offenser la sévérité du dogme ou celle du goût ; tout près, en un mot, d’être hétérodoxe ou ridicule. […] Ayez horreur de cette littérature de Cannibales, qui se repaît de lambeaux de chair humaine, et s’abreuve du sang des femmes et des enfants ; elle ferait calomnier votre cœur, sains donner une meilleure idée de votre esprit.
Dans les Esquisses morales, Mme Stern ne s’occupe pas seulement de la femme ; elle jette aussi des vues sur l’homme, sur son éducation, dans laquelle elle remplace le catholicisme et sa tradition, qui éveille trop tôt l’enfant du beau rêve de la nature (n’est-ce pas joli ?) […] L’enfant doit être purgé, dit-elle, en s’appuyant sur l’opinion d’un grand médecin de ses amis. […] Elles sont des hommes par la pensée » ; mais le temps, qui est un galant homme aussi, et plus homme qu’elles, les a prises sous son bras et, comme on fait à l’enfant qu’on va fouetter, il leur a, d’une main patiente et douce, mais irrésistible, ôté simplement leurs culottes.
Assurément, Baudelaire, qui de nature a un penchant vers l’ironie que sa physionomie devait révéler tout enfant à sa mère, aurait dans son intimité avec Poe appris, quand il n’en eût pas eu le germe en lui, l’art amer et hypocrite de cette mystification implacable que Swift eut un jour, mais que, par l’outrance et l’effet qu’ils veulent produire, Poe et Baudelaire ont, tous les deux, bien dépassé. […] C’est comme dans le Petit Chaperon rouge : « C’est pour mieux te manger, mon enfant ! », ou te faire mieux manger du haschisch, mon enfant !
L’aumônier se fait scrupule de rassembler dangereusement les hommes, et de créer une obligation de conscience à des enfants qu’il priverait de leurs heures de repos. […] On m’avait mis au poste de secours, là-bas… Je ne voyais rien, je n’ai pu y rester, et quand j’ai vu mes enfants (le 79e) s’élancer si superbement et puis être fauchés, j’ai couru aux artilleurs… Je leur criais : « Mais plus vite, tirez donc plus vite ; vous ne voyez donc pas que ce sont mes gosses qui se font tuer ! […] Il a épousé la fille aînée d’un de ses compagnons, et déjà trois petits enfants animent le domaine prospère, quand retentit l’appel de la France.
Les plus anciens sont les meilleurs ; c’est une grande absurdité de vouloir rendre raisonnables les jeux des enfants et une grande folie de vouloir épurer les religions. […] Ces grands hommes… » Non, c’est ici le coin des utopistes ; disons : ces grands enfants. […] Cette dernière n’est fréquentée que par des enfants de la petite bourgeoisie. Les parents jugent la connaissance de l’anglais et de l’allemand plus utile à leurs enfants au point de vue commercial. […] Prisonnier, séparé de la source de l’activité mentale, il dévore ses enfants, — c’est-à-dire qu’il se dévore lui-même, qu’il dévore ses propres pensées.
Il est resté très enfant. […] Il est vraiment un enfant de cette partie du siècle. […] La fanfare du patronage des Enfants de Marie se livre à des débauches d’harmonie. […] Chez les riches, l’enfant est le « fils à papa ». […] Le roman d’un enfant, passim.
« La Poésie Françoise, sous Ronsard & sous Baïf, étoit un enfant au berceau, dont on ignoroit jusqu’au sexe.
. — Le ciel ne fut pas d’abord plus haut pour les poètes, que le sommet des montagnes ; ainsi les enfants s’imaginent que les montagnes sont les colonnes qui soutiennent la voûte du ciel, et les Arabes admettent ce principe de cosmographie dans leur Coran ; de ces colonnes, il resta les deux colonnes d’Hercule, qui remplacèrent Atlas fatigué de porter le ciel sur ses épaules.
Il marche avec l’enfant ingénue dans le jardin familier : et sa notion des choses, sous l’amour subit, est transfigurée. […] Et les petits enfants ne doivent pas lire de livres. […] Pour mettre à la portée des enfants la prose de nos feuilletonistes, il n’y a pas de peine que MM. […] « Tu réclamais de l’ésotérisme, mon enfant ? […] — Tu te retourneras aux réalités immortelles, mon enfant !
………………………………………… Contente-toi de dire : — il est, puisque la femme Berce l’enfant avec un chant mystérieux ; Il est, puisque l’esprit frissonne, curieux ; Il est, puisque je vais le front haut ; puisqu’un maître Qui n’est pas lui m’indigne, et n’a pas le droit d’être ………………………………………… Puisque l’âme me sert quand l’appétit me nuit, Puisqu’il faut un grand jour sur ma profonde nuit 177. […] En présence de nos deux grandes cécités, la destinée et la nature, c’est dans son impuissance que l’homme a trouvé le point d’appui, la prière… La prière, énorme force propre à l’âme, est de même espèce que le mystère185. » Dans une de ses visions, Hugo personnifie l’ange de la prière : C’était un front de vierge avec des mains d’enfant ; Il ressemblait au lis que la blancheur défend ; Ses mains en se joignant faisaient de la lumière. […] Avons-nous Pris ces enfants tremblants et nus sur nos genoux ? […] Selon Hugo, dans notre société, c’est la femme et l’enfant qui souffrent le plus […] Dans Magnitudo parvi, vers adressés à un enfant, et qu’on représente comme un pur lieu commun, nous lisons cette description du penseur : Il sent que l’humaine aventure N’est rien qu’une apparition ; Il se dit : « Chaque créature Est toute la création. » Il se dit : « Mourir c’est connaître ; Nous cherchons l’issue à tâtons.
Armand de Pontmartin Tant qu’il s’est agi de Jasmin tout seul, on a dit : Jasmin a du génie, ce qui est rare, mais ce qui peut arriver à un Gascon et à un coiffeur, tout comme à un enfant de Mâcon ou de Paris.
Les étincelles dispersées sous les coups auraient écarté les Amours ; dans un coin ces enfants turbulents auraient mis en désordre l’atelier du forgeron ; et qui aurait empêché qu’un des Ciclopes n’en eût saisi un par les ailes pour le baiser ?
Je soigne les enfants des autres, et je n’en fais pas. » sonnet d’hazlitt150. […] Pourquoi, découragé par vos divins tableaux, Ai-je, enfant paresseux, jeté là mes pinceaux Et pris pour vous fixer le crayon du poëte, Beaux rêves, obsesseurs de mon âme inquiète, Doux fantômes bercés dans les bras du désir, Formes que la parole en vain cherche à saisir !
L’amour de ce jeune homme pour cet enfant est désintéressé ; seulement c’est faute de l’argent nécessaire à l’enlèvement qu’il ne peut conduire sa vie comme il le voudrait. […] Les coins des Sourires pincés, les papillotes de ses Coquecigrues, les éclairs de sa Lanterne sourde, autant de petites pages à relire jusqu’à la mémoire par cœur sans altération du plaisir, puisqu’il n’y a pas là rire émoussable ou surprise de suite éventée, puis aussi qu’il ne fatigue point par les bavardages et les délayages où s’embourbent les vieux comiques, sous prétexte de récit « bon enfant », puis enfin qu’il surveille son style jusqu’à une maîtrise spéciale, menue et propre, excellente à dire ce qu’il veut sans plus.
a des prix de pitié pour elles, qui font concurrence à ses prix de vertu… Mais lorsque des femmes du monde, et du plus grand, investies de tous les avantages de la vie, de la naissance, de la richesse et quelquefois de la beauté, qui ont des salons pour y être charmantes, des familles pour y être vertueuses, se détournent assez d’elles-mêmes et de leur véritable destinée pour vouloir être littéraires comme des hommes et prétendent ajouter la gloriole de la ponte des livres à l’honneur d’avoir des enfants, la Critique n’est-elle pas en droit de les traiter comme les hommes qu’elles veulent être, sans crainte de passer pour brutale, ainsi que le fut un jour l’empereur Napoléon avec Mme de Staël ? L’empereur préférait les enfants aux livres.
Un tel jugement, empreint de l’idolâtrie du commentateur, un tel jugement inexplicable, venant de Paulin Paris qui est fait pour mieux que pour lécher des manuscrits et soigner la toilette de l’enfant des autres, une critique grave et consciencieuse n’y saurait condescendre, et elle croit devoir le relever. […] Il est le père de cet Enfant Prodigue qui a vécu parmi les pourceaux, et qui, plus mauvais que le fils prodigue des Saintes Écritures, ne reviendra jamais à la maison paternelle, car il l’a détruite de ses propres mains.
… « Madame de Condorcet — dit Michelet — avait la mélancolie d’un jeune cœur auquel quelque chose a manqué… L’enfant, le seul enfant qu’elle eut, naquit neuf mois après la prise de la Bastille… Ce fut elle qui donna à Condorcet le sublime conseil de… terminer l’Esquisse des progrès de l’esprit humain. » Tels sont les seuls et singuliers mérites de Sophie Condorcet que Michelet a pu trier dans toute sa vie, et c’est sur ce triple mérite que l’hagiographe exécute l’assomption de cette glorieuse sainte.
Lorsque le duc de Luynes, qui rapporte tout cela très correctement, avec la répétition d’une exactitude infatigable, lorsque le duc de Luynes écrivait de telles choses, il pouvait, en sa qualité de grand seigneur, parfaitement myope et naturellement fat, qui croyait la monarchie éternelle, se dire qu’il faisait là l’éducation de ses enfants, et qu’ils trouveraient dans ces récits paternels du goût, du parfum et de l’instruction, — l’instruction de ce singulier état de grand seigneur, tel qu’on l’entendait à Versailles, — et qu’ainsi, cela pouvait être utile, mais à présent et pour nous, à quoi cela est-il bon ?… Lui, le duc de Luynes, je le veux bien, il pouvait croire, toujours en sa qualité de grand seigneur, qui veut que ses enfants vivent comme lui, faire acte de vertu prévoyante en leur apprenant les détails inouïs qu’il leur rapporte : mais c’était là une affaire de famille, et d’entre soi, qui devait mourir et s’engloutir avec la famille.
L’enfant né de ces horribles accointances, ce fut la Terreur, — la Terreur, plus laide que sa mère, et qui lui répercuta si violemment sa hideur agrandie, que la Révolution, affolée de ce qu’elle avait fait, mit les poings dans ses yeux pour ne pas la voir et lui cria… « Tu n’es pas ma fille ! […] l’affreuse octogénaire existe encore et ne paraît pas devoir mourir de sitôt… Tuer la fille n’a pas tué la mère, capable, comme la vieille Sarah du Patriarche, de refaire un autre enfant, pire peut-être que le premier.
Moins intéressants que l’Intimé, qui avait quatre enfants à nourrir, il leur faut, même sans enfants, des coups de bâton !
Il disait presque dans ses inventions comme le Sauveur le disait dans sa vie mortelle : « Laissez venir les petits enfants jusqu’à moi ! […] Nous n’avons voulu que soulever un coin de ce masque, sous lequel se cache un génie virginal de pureté et de tendresse au milieu des terribles passions qu’il exprime, comme sous les affectations de dandy il y avait en Byron le plus magnanime des enfants de la nature.
Cette théorie de « la perception, — de l’appréhension de l’idée, — de sa subsumption dans les concepts », cette théorie, très travaillée, très allemande, très subtile, mais dans le détail de laquelle nous ne pouvons entrer sans donner une congestion cérébrale au lecteur, se réduirait, si on la dépouillait de sa logomachie d’école, à une de ces inutilités logiques qu’un enfant de la Doctrine Chrétienne mépriserait ! […] Il faut le rompre à sa condition et lui enseigner sa chute, sinon la création armée l’écrasera ; puis le ciel armé, car Adam, le pédagogue et le père, répond pour ses enfants.
Il fut presque un enfant célèbre. […] L’enfant fut plus heureux que bien des hommes.
Inconséquent à tout quand il s’agit de Dieu, dédiant à Dieu son livre, dans une pose naïve de gladiateur enfant, au milieu du cirque de l’athéisme contemporain qui le nie de toutes parts, déiste d’un déisme involontaire et fatal, à travers lequel l’idée chrétienne coule, sans qu’il s’en doute peut-être, comme le sang dans la chair humaine ; déiste malgré lui, qui eût fait effacer à Bossuet sa phrase célèbre : « Le déisme n’est qu’un athéisme déguisé », voilà, en quelques mots, ce poète nouveau, à son début, qui lave les sottises de son esprit dans l’émotion de sa poésie, ce jouvenceau de vingt-trois ans qui s’en vient orgueilleusement demander à la Critique de l’égorger, si elle l’ose… et celle-ci, comme vous le voyez, ne l’égorge pas ! […] Après la poésie désespérée de madame Ackermann, cette Niobé sans enfants, d’un désespoir impie, voici le poème de Rousselot, ce Poème humain, qui est une Bacchanale d’espérance.
Mais ce sont exclusivement ses Fables, dans lesquelles on plonge, depuis qu’elles sont faites, les enfants de toutes les générations comme dans leur premier bain d’intelligence, ce sont ses Fables qui l’ont rendu aussi populaire que s’il ne méritait pas de l’être, et donné à sa popularité un caractère aussi particulier que son génie. […] Il le dit lui-même : « Je suis chose légère. » Les femmes qui l’aimèrent, l’aimèrent surtout comme de belles marraines qui lui firent chanter sa romance à Madame jusqu’à sa dernière heure, à ce Chérubin attardé qui devint une barbe grise avant de cesser d’être un enfant, mais qui finit, tout en la chantant, par rire de sa romance.
L’homme, dans cet état, ressemble à un enfant timide, qui n’ose faire un pas sans les lisières qui le soutiennent. […] Il ne permettra pas plus qu’à des lois utiles et saintes, on joigne une mauvaise loi, qu’il ne permettrait qu’on mît un esclave au rang de ses enfants.
Les enfants ne le lâchèrent qu’après qu’il leur eut donné un sou. […] Aimable enfant, compte sur nos prières. […] Vous savez bien, ces photographies d’enfant où l’on retrouve, nettement accusés déjà, les traits de l’homme mûr ? […] Et voilà bien la guitare démodée de celui qui ne fut jamais qu’un enfant de promesses ! […] L’enfant fut atteint d’une fièvre typhoïde ; il mourut.
On a cité comme une singularité et un prodige, dans un livre imprimé du vivant même du père92, qu’il ait eu cet enfant à l’âge de soixante-douze ans ; il n’en avait en réalité que soixante-huit. […] Lorsque la guerre de la Succession commença (1702), voyant de nouvelles promotions se faire, dans lesquelles figuraient de moins anciens que lui et y étant oublié, il songea à se retirer du service, consulta plusieurs amis, trois maréchaux et trois hommes de Cour, et sur leur avis unanime « qu’un duc et pair de sa naissance, établi d’ailleurs comme il était et ayant femme et enfants, n’allait point servir comme un haut-le-pied dans les armées et y voir tant de gens si différents de ce qu’il était, et, qui pis est, de ce qu’il y avait été, tous avec des emplois et des régiments », il donna, comme nous dirions, sa démission ; il écrivit au roi une lettre respectueuse et courte, dans laquelle, sans alléguer d’autre raison que celle de sa santé, il lui marquait le déplaisir qu’il avait de quitter son service. « Eh bien ! […] De là le petit duc et sa séquelle en ont voulu mal de mort à mon père et l’ont traité d’ingrat, comme si la reconnaissance, qui est une vertu, devait se prouver par des crimes ; et cette haine d’une telle légitime rejaillit sur les pauvres enfants qui s’en10… Si la haine ou l’humeur éclate quelque part, c’est assurément dans cette injurieuse boutade bien plus que dans tout ce que Saint-Simon a écrit sur les d’Argenson. […] Dès la seconde page, Saint-Simon nous montre sa mère qui lui donne dès l’enfance de sages conseils et qui lui représente la nécessité, à lui fils tardif d’un vieux favori oublié, d’être par lui-même un homme de mérite, puisqu’il entre dans un monde où il n’aura point d’amis pour le produire et l’appuyer : « Elle ajoutoit, dit-il, le défaut de tous proches, oncles, tantes, cousins germains, qui me laissoit comme dans l’abandon à moi-même, et augmentoit le besoin de savoir en faire un bon usage sans secours et sans appui ; ses deux frères obscurs, et l’aîné ruiné et plaideur de sa famille, et le seul frère de mon père sans enfants et son aîné de huit ans. » Or, ne trouvant pas la phrase assez claire dans son tour un peu latin, l’édition de 1829 a dit : « Elle ajoutoit le défaut de tous proches, oncles, tantes, cousins germains, qui me laissoit comme dans l’abandon à moi-même, et augmentoit le besoin de savoir en faire un bon usage, me trouvant sans secours et sans appui ; ses deux frères étant obscurs, et l’aîné ruiné et plaideur de sa famille, et le seul frère de mon père étant sans enfants et son aîné de huit ans. » Me trouvant et deux fois étant sont ajoutés.
Je la promis à tous, et j’en envoyai une à Thomas del Bene, qui en fit transporter la moitié à Florence parce qu’il y avait là pour l’enlever de la rue lui, sa femme, sa servante et ses enfants, tellement qu’on aurait dit le gaburro quand, le jeudi, il sort armé de bûches avec ses garçons pour assommer un bœuf. […] Mais il est impossible que je demeure plus longtemps dans cet état, car je vois toutes mes ressources diminuer, et, si Dieu ne vient à mon secours, je serai forcé d’abandonner ma métairie et de me faire secrétaire de quelque podestat (maire) de village ; ou bien, si je ne puis trouver un autre moyen de vivre et de faire vivre ma pauvre famille, je serai forcé de me réfugier dans quelque bourgade écartée et ruinée, pour y enseigner à lire aux enfants, et de laisser ici ma famille, qui me considère comme un homme mort. C’est le meilleur parti qu’elle puisse prendre, car elle vivra plus aisément sans moi, qui lui suis à charge, attendu que j’ai été accoutumé toute ma vie à l’aisance, et que je ne puis m’astreindre aussi rigoureusement qu’il le faudrait à la parcimonie nécessaire. » XI N’est-ce pas un jeu bien ironique du destin que de voir le premier homme d’État et le premier écrivain de l’univers aspirer, pour gagner son pain, à apprendre à lire aux enfants des paysans dans un village privé de maître d’école ! […] Comme tous les enfants d’Espagne, il était très asservi aux moines. […] XXIX Un roi presque enfant, dont on ne connaît encore que le nom, se tient debout sous ces coups de vent, par le seul aplomb de la volonté de son père ; il semble survivre à ce père, le plus volontaire des rois de ce siècle.
Les maîtres et les enfants, fatigués de la longue course du matin, s’étaient assoupis, loin de nous, sur le gazon tondu par les moutons de la montagne ; les murmures de la brise du milieu du jour, tamisés par les feuilles de sapin, étaient le seul accompagnement de la voix du lecteur. […] Quelquefois aussi les enfants de la ville se présentent à la porte de mon jardin. […] Des vieillards, des femmes, des enfants, les entouraient ; j’entendais le murmure confus de la joie ; je voyais entre les arbres les couleurs brillantes de leurs vêtements, et ce groupe entier semblait environné d’un nuage de bonheur. […] Semblable à l’enfant déshérité, j’ai sous les yeux le riche patrimoine de la famille humaine, et le ciel avare m’en refuse ma part. […] Mais non, je me trompe ; elle ne pense pas, elle sent seulement, et elle dit ce qu’elle sent, comme l’enfant dit ce qu’il voit ; elle n’a pas d’autre rhétorique que la vérité !
Au milieu du siècle, en 1646, une cause célèbre, celle de Tancrède qui revendiquait le nom de Rohan, soutenu par sa prétendue mère, la duchesse douairière, contre la duchesse de Chabot-Rohan et contre toute la parenté, fit parler les plus célèbres avocats du temps : Martin, pour Mme de Rohan-Chabot, contestant que Tancrède fût le vrai et légitime frère de sa cliente, allègue Médée, et Virginie, et l’Evangile, et la femme qui ayant mis trois fois au monde des enfants morts, dit avoir rêvé qu’il lui fallait accoucher dans un bois sacré. […] « Elle craint, dit-il, que l’on lui fasse voir qu’elle a commis le larcin de Prométhée, et qu’elle veut que le feu de sa passion soit le feu dérobé du ciel qui anime un enfant supposé, lui donne un nouvel être, et falsifie l’ouvrage de la nature. » Enfin Patru se présente pour le duc de Liéthune et autres parents : « Messieurs, dit-il, l’intérêt de mes parties est tout visible : on veut leur donner un inconnu pour parent. » Cette simplicité repose. […] Il fut le plus savant des théologiens, et garda jusqu’à sa mort la foi simple, sans nuages et sans doute, d’un petit enfant. […] Comme l’« utilité des enfants de Dieu » était sa grande règle, il choisissait les sujets de sermons et les applications du dogme, qui pouvaient avoir le plus d’utilité pour ses auditeurs. […] Mais ces ouvrages philosophiques ne sont en somme que des manuels pour un enfant, et sont loin de contenir toute la philosophie de Bossuet.
Le poète parle avec effusion, avec amour des enfants : ils sont le pivot de sa conception sentimentale de la famille. […] Que pouvait faire en 1830 un enfant qui se sentait poète ? […] Jusqu’à cette grande crise, c’est un enfant, et un enfant gâté, sensible, égoïste, prêt à aimer, et surtout avide d’être aimé, léger et fougueux, joyeux de vivre et insatiable de plaisir, vite déçu, jamais lassé, et recommençant toujours sa course au bonheur, sans se douter qu’il s’est trompé non pas d’objet, mais de méthode : entre vingt et vingt-cinq ans, il est tout pétillant, tout bouillant de vie et d’espérance. […] De ses souvenirs, Musset fait la Confession d’un enfant du siècle, roman (1836).
Mme Gervaisais, jeune veuve riche, intelligente et d’esprit indépendant, vient à Rome avec son petit enfant, s’éprend de la Rome païenne, puis s’en détache, subit ensuite dans son imagination et dans son cœur la Rome chrétienne, est décidément convertie par une maladie de son petit garçon et sa guérison miraculeuse, est prise d’une dévotion exigeante et insatiable, se livre à un directeur féroce, s’enfonce dans un ascétisme sombre, renonce à tout, même à l’amour maternel, s’éveille pourtant de cette folie à la voix de son frère, un soldat, qui l’éclairé brusquement sur son mal et qui veut la sauver ; mais elle tombe morte avant de quitter Rome, sous la bénédiction du pape Près d’elle, un autre malade, le petit Pierre-Charles, un bel enfant idiot, d’une sensibilité violente et qui aime furieusement sa mère. « La musique et son cœur, c’était tout cet enfant, un cœur où semblait avoir reflué, l’élargissant, ce qui lui manquait de tous les autres côtés. […] Une légèreté vaporeuse, le sommeil sacré de la paix nocturne des arbres, ce qui dort de blanc, ce qui semble passer de la robe d’une ombre sous la lune, entre les branches, un peu de cette âme antique qu’a un bois de Corot, faisaient songer devant cela à des Champs Élysées d’âmes d’enfants. […] Voici des expressions où la recherche de l’énergie et de la concision aboutit à l’étrangeté : « Au milieu d’un tapis vert, en plein soleil, le marbre d’une colonne brûlait de blanc devant un dattier31 » — «… Ses tumulus dévastés, volés de leur forme même 32. » — « Souvent de petits enfants s’arrêtaient brusquement (devant Pierre Charles), frappés par la séduction naturelle, instantanée, le coup de foudre de leur beau à eux dans un autre 33. » Voici des redoublements de synonymes, des insistances qui retiennent l’attention en nous présentant deux ou trois fois de suite la même idée ou la même image : « Une espèce de dénouement, de déliement de sa nature comprimée, refermée, resserrée…34 » — «… Suppliciés par tous les raccourcis de la chute, toutes les angoisses des muscles, toutes les agonies du dessin ; tableau muet de la souffrance physique contre lequel venait frapper, battre, expirer le chœur des douleurs de l’âme35 ». » — «… Rome et ses dômes détachés, dessinés, lignés dans une nuit violette, sur une bande de ciel jaune, du jaune d’une rose-thé36. » — Ce procédé est habituel à MM. de Goncourt, même dans leurs pages les plus sobres : c’est un continuel essayage d’expressions.
Et voilà, pour le dire en passant, ce qui condamne la foule des imitateurs que Scott et Cooper ont trouvés, et qui, nés sur le sol volcanisé par les Philosophes, les Jacobins et Napoléon, ont eu la maladresse de vouloir contrefaire l’allure qui sied si bien à ces enfants de l’Amérique et de l’Écosse, peignant d’après nature et selon leur propre nature. […] Qu’on voie dans cette poésie chrétienne le bruit qui accompagne la chute de tout ce qui s’écroule, le dernier soupir d’un mourant, les vives clartés que jette une lumière qui s’éteint, ou, si l’on veut, le dernier chant du cygne, je le conçois : mais y voir la vie, c’est-à-dire à la fois la vie du Christianisme et la vie du poète, une foi véritable, une communion de l’un avec l’autre, comme le doux repos de l’enfant dans les bras et sous les baisers de sa mère, ou comme la conversation d’un ami avec son ami, voilà ce que je ne puis admettre. […] M. de Chateaubriand s’est chargé de la Restauration de toute manière, comme religion et comme société ; il l’a précédée, introduite dans le monde, exaltée tour à tour et abaissée : il l’a corrigée comme une mère corrige son enfant, abandonnée comme on abandonne un fils ingrat ; et l’enfant s’étant tué à force de folies, il en porte encore le deuil. […] La poésie que je sens encore dans sa réalité, c’est la poésie intime, la grande élégie de Joseph Delorme : un enfant de génie, qui a cru à cette égalité dont on a assourdi ses oreilles dès le berceau ; un homme qui se sent le cœur grand, les passions énergiques et la tête puissante ; qui rêve, dans une société équitable, la gloire et les plaisirs qui lui sont dus, et qui se trouve, lui poète, dans un hôpital, occupé à disséquer des cadavres ; qui se plonge dans l’athéisme obscur de Bichat et de Cabanis, se dessèche avec Locke et Condillac, jette un regard sur leurs successeurs parlant de liberté, de devoir et de vertu, et ne trouve en eux que des sophistes ; homme du peuple, plein de sympathie pour ce peuple qu’il voit traité comme un vil troupeau, plein de dégoût pour toutes ces distinctions de rangs fondées sur une absurdité et sur une iniquité ; cherchant avec enthousiasme la vertu pour l’honorer, et ne sachant à quel signe la découvrir ; à la fois emblème de la souffrance de l’artiste et de celle du peuple ; et qui finit par prendre en mépris le monde et l’Humanité, ne voit dans l’univers qu’un destin aveugle, et, relevant sa tête hors du tombeau où il est déjà couché, et où, brisé par la souffrance, il hésite devant le suicide, exhale ses derniers moments en sanglots étouffés, en plaintes arides, en ironie amère, entremêlés de chants sublimes et d’efforts qui touchent à la folie.
Quelques jours après il se confessa, ceignit l’écharpe et le bourdon de pèlerin, fit un pèlerinage pieds nus aux églises voisines et quand il fallut repasser devant le château de Joinville où il laissait sa femme et ses enfants, « Je ne vox (voulus), dit-il, onques retourner mes yex vers Joinville, pourceque le cuer ne me attendrist dubiau chastel que je lessoie, et de mes deux enfants. » Cette tendresse paternelle, ce regret pour le biau chastel, sont plus d’un homme pacifique que d’un guerrier ; voilà des sentiments délicats qu’il ne faut pas chercher dans les mémoires ni sous l’armure de fer, qui recouvrait le cœur de Villehardouin. Il n’est pas étonnant que le même homme qui détourne les yeux de la demeure de ses enfants, de peur de s’attendrir, s’embarque sans enthousiasme, et se souvienne qu’il a souffert du mal de mer dans la traversée. […] Il aimait, tout enfant, tout ce qui touchait à la noblesse. […] Cette demoiselle n’est-elle pas une dame de ses pensées, comme la Béatrix de Dante, comme la Laure de Pétrarque, lesquelles n’empêchèrent pas Dante de se marier, ni Pétrarque d’avoir des enfants, de même que la demoiselle de Froissart ne l’empêcha pas de laisser quelque peu de son cœur banal sur tous les grands chemins ?
Sans doute les misérables êtres qui bégayèrent d’abord des sons inarticulés sur le sol malheureux de l’Afrique ou de l’Océanie ressemblèrent peu à ces naïfs et gracieux enfants qui servirent de pères à la race religieuse et théocratique des Sémites, et aux vigoureux ancêtres de la race philosophique et rationaliste des peuples indo-germaniques. […] L’enfant et le sauvage seront donc les deux grands objets d’étude de celui qui voudra construire scientifiquement la théorie des premiers âges de l’humanité. Comment n’a-t-on pas compris qu’il y a, dans l’observation psychologique de ces races, que dédaigne l’homme civilisé, une science du plus haut intérêt et que ces anecdotes rapportées par les voyageurs, qui semblent bonnes tout au plus à amuser des enfants, renferment en effet les plus profonds secrets de la nature humaine ? […] L’enfant la possède encore avant de parler ; mais il la perd, sitôt que la science du dehors vient rendre inutile la création intérieure. […] Mais les vraies productions littéraires des peuples enfants, ce sont des idées mythiques non rédigées (l’idée d’une rédaction régulière et les facultés que suppose un tel travail n’apparaissent chez un peuple qu’à un degré de réflexion assez avancé), idées courant sur toute la nation, descendant la tradition par mille voies secrètes et auxquelles chacun donne une forme à sa guise.
portait des vêtements de deuil et pleurait en silence ; les meilleurs de ses enfants étaient morts, la mère sanglotait comme la Niobé antique ; une grande désolation était répandue sur elle. […] Quand la mort viendra le réclamer, il mourra tout entier, et nos enfants ne sauront même plus son nom. […] Puis, de ci de là, les volontaires, les enfants perdus, comme vous, comme moi, un peu indisciplinés peut-être, mais aimant le drapeau jusqu’à mourir pour lui. […] relisez donc la fable de la Fontaine : Le Vieillard et ses Enfants ! […] C’est honteux, mais cela n’est que transitoire ; non seulement nous combattons aujourd’hui, mais nous fondons aussi ; nos enfants recueilleront notre héritage, tâchons qu’il soit beau, et travaillons sans relâche.
— c’est avec un orgueil plus légitime, certes, et avec une conscience plus satisfaite, qu’on peut montrer ces odes royalistes d’enfant et d’adolescent à côté des poëmes et des livres démocratiques de l’homme fait ; cette fierté est permise, nous le pensons, surtout lorsque, l’ascension faite, on a trouvé au sommet de l’échelle de lumière la proscription, et qu’on peut dater cette préface de l’exil.
Il vit les Enfants de Boizot qui reçoivent les récompenses dues à leurs talents, et il dit : Au pont Notre-Dame.
Un enfant du village a-t-il perdu ces fleurs ? […] Et vous, vous cher enfant, ne lui avez-vous pas, depuis longtemps promis de ne voir en moi que votre mère ? […] Mais quelle soirée aussi et que nous aurions tort, cher enfant, de n’en pas observer de meilleures ! […] Triste et abattu, il se mit à découper des images pour amuser l’enfant à son réveil. […] Ton tendre repentir a effacé tout, mon enfant, je le confie à la garde de ton amour, de ton honneur et de ta bonté.
Ce vin des autres qu’on lui a versé, il l’a bu… dans sa main, quelquefois avec assez de grâce (toujours l’enfant et rien de plus !)
Je ne sais ce que c’est que son Jesus et son Ange avec les attributs de la Passion ; je ne connais pas mieux ses Jeux d’enfants, et Dieu merci, je verrai la fin de cet examen.
Tout enfant crayonne, et ne demanderait pas mieux que de modeler. […] Voyez de quel air d’extase cet enfant contemple une belle image dans son livre ! […] Cet enfant attaché au sein d’un cadavre, c’est la vie naissant de la mort. […] Voyez un enfant qui s’essaie à dessiner d’après nature. […] Ce n’est qu’un jeu d’enfant.
Nul n’y pouvait comprendre un enfant alors tout en imagination et en grâce. […] Elle était partie enfant, elle revient non seulement jeune fille, mais jeune fille qui va être femme. […] Mme Arnoux est plus calme, moins tentée que Madeleine parce qu’elle est défendue par la présence de ses enfants. […] La vie des enfants ne répare point la vie manquée des pères, elle est de la vie même, manquée à son tour dans une certaine mesure, comme toute vie humaine. […] Après une promenade avec des amis, des jeux avec des enfants, il expose candidement en quoi il a « profité ».
Voyez Reboul , dans son enfant mort au berceau !
Le groupe d’enfans, la tête de femme, les deux petites têtes, la femme qui dort avec son enfant, gravés au crayon, mais à plusieurs crayons, sont d’un effet vraiment surprenant.
Dans le sang d’un enfant je me baigne à loisir ! […] … Je suis content de vous, ma fille… — Iphigénie : Que ne restez-vous chez vous avec vos enfants ? […] Athalie se promet bien, après qu’elle aura l’enfant et le trésor en son pouvoir, de se débarrasser du temple et du grand-prêtre. […] Songez qu’en cet enfant tout Israël réside, etc. […] « Dieu laissa-t-il jamais ses enfants au besoin ?
Mais aussi la façon dont il voit l’enfant qu’il a été nous fait mieux connaître l’homme. […] C’était un enfant très orgueilleux et très passionné, en même temps que farouche et rêveur. […] René est absent ; mais Adario est emmené au Fort Rosalie et condamné à être vendu comme esclave avec sa femme et ses enfants. […] Chateaubriand a été un des plus illustres parmi les enfants des hommes, et je vous prie de croire qu’il s’en est aperçu. […] Vous rappelez-vous la petite Agnès, la bonne Syra, l’enfant Tarcisius ?
Les Furies chargent de leurs accusations et de leurs clameurs l’enfant de Clytemnestre défendu par Apollon. […] L’obligation fondée sur un choix libre et volontaire, qui unit à l’homme la compagne de sa vie, est d’un ordre plus élevé que le lien nécessaire par lequel un enfant tient à ses parents. […] Ce petit peuple, bouffi d’ineptie et de mauvaises passions, qui déblatère et se démène contre la saine politique et contre l’ordre social, ces enfants qui insultent à la majesté paternelle, sont réellement en guerre contre le Divin et non contre son apparence. […] Viennent les enfants. […] Cervantes a eu pour lui autant de libéralité que Shakespeare pour aucun de ses enfants.
Les enfants arrivaient, il fallait leur gagner du pain, et il n’était pas pour cela d’humeur à suivre la route battue, étant persuadé qu’il fallait mettre dans la comédie « une belle philosophie », une noblesse et une dignité particulières, suivre les exemples des anciens, imiter leur sévérité et leur correction, dédaigner le tapage théâtral et les grossières invraisemblances où la canaille se complaît. […] Sa femme et ses enfants étaient morts ; il vivait seul, délaissé, servi par une vieille femme. […] Mais a-t-il des enfants ? […] Par exemple, dans les Fêtes de Cynthia, trois enfants arrivent, se disputant le manteau de velours noir que d’ordinaire l’acteur met pour dire le prologue. […] Ce jeu d’enfants, ces gestes, ces éclats de voix, cette petite querelle amusante ôtent au public son sérieux, et le préparent aux bizarreries qu’il va voir.
Il y a de petites femmes, toutes faibles, qui n’en finissent pas d’avoir des enfants et qui peupleraient plusieurs hôpitaux. Mais, en littérature, la gestation est volontaire, et si malheureusement il en était de même pour la gestation de l’enfant par la mère, depuis longtemps le monde ne serait plus ! […] À l’exception de quelques pages savoureuses et fortes de Balzac, le grand pantagruéliste, le plus étoffé des enfants de ce géant qu’on appelle Rabelais, et des adorables chansons de Désaugiers, — car Béranger est triste à porter en terre le diable auquel il ne croit pas, — tout fut empesté de mélancolie. […] Le chevalier de Kéramour, un Breton du temps de Louis XV, ruiné de mère en fille par la plus singulière des combinaisons, s’en va chercher fortune loin de son pays, et, après des complications diverses et des péripéties de toute espèce, il finit par épouser sa petite femme d’enfance, — sa cousine Vivette, — avec laquelle il est heureux et à qui il fait deux enfants, garçon et fille : le souhait du Roi ! […] Ce n’en est pas une, puisqu’on n’a pas marché, que le récit, qui commence le roman à venir et finit le volume actuel, de cette mort d’un père pénétrant des premières impressions chrétiennes l’âme d’un enfant qui les retrouvera un jour dans son âme et qui redeviendra chrétien.
Les écoles protestantes fermées par autorité de justice, les temples démolis, les consciences pressurées, les enfants arrachés du foyer en vue d’un simulacre de conversion, les vexations, les insultes, les infamies, les persécutions en un mot, quoique non sanglantes jusque là, ne se comptèrent plus. […] » « Une ordonnance de 1681, déclare le commentateur de ces textes77, avait autorisé les enfants protestants à abjurer dès l’âge de sept ans, à quitter la maison paternelle et à exiger de leurs parents une pension. Des enfants de sept ans étaient donc jugés capables de discerner le vrai du faux, et de trancher les questions sur lesquelles un Claude et un Bossuet étaient divisés. […] 2° Loin d’avoir répudié les violences exceptionnelles qui ont marqué cette persécution, non seulement Bossuet n’a pas cessé de les justifier, de les encourager et de les aggraver, mais il y a pris part personnellement dans des circonstances particulièrement ignobles (rigueurs exercées contre des enfants). […] Tantôt suivis de leurs familles, des femmes et des enfants, ils s’engageaient à travers les montagnes pour gagner la frontière ou périr engloutis dans les précipices.
» À l’extrémité de cette plaine virgilienne de la Bresse, on rencontre tout à coup, au lieu de l’eau stagnante et fiévreuse des prairies de la Dombe, une rivière bleue comme le firmament de la Suisse italienne, joueuse comme des enfants sur des cailloux, écumante comme l’eau de savon battue par le battoir de la lessiveuse, gazouillante comme une volée de tourterelles bleues et blanches abattues sur un champ de lin en fleurs, jetant ses petits flocons d’écume çà et là sur son cours comme ces oiseaux éparpillant leurs plumes en se peignant du bec sur les touffes du lin ; on s’arrête tout étonné sur la grève des cailloux arrondis par le roulis éternel de cette rivière de montagne, débouchant, tout étonnée elle-même, dans la plaine. […] Si, comme moi, vous avez chevauché dans les déserts et dans les vallées des deux Arabies, vous reconnaîtrez tout de suite que les hommes descendus de Tartarie en Arabie, d’Arabie en Scythie, de Scythie en Hongrie, de Hongrie en Franche-Comté et en Bresse ont passé par là, ont colonisé ses contrées et ont imposé au plus beau fleuve du pays ce nom arabe et générique d’Ain (l’eau par excellence) dont en perdant l’accent Aïn, nos pères, moins euphoniques que les Arabes, ont fait Ain, nom rendu guttural et trivial comme le balbutiement à bouche ouverte d’un enfant hébété. […] Il laissait une veuve encore jeune et trois enfants, deux fils et une fille ; ils furent bientôt après orphelins ; Louis de Ronchaud, qui était l’aîné, n’usa de ses droits que pour prodiguer à son frère et à sa sœur les sacrifices que son père aurait faits à ses enfants.
Elle se met à conter des histoires, comme une aimable grand’mère qu’elle est : elle traite le public comme son enfant ; elle lui offre Jean de la Roche (1860), le Marquis de Villemer (1861), des idylles bourgeoises ou aristocratiques, de beaux récits d’amour sans brutalité, encadrés dans des paysages qu’elle va étudier sur place, d’après nature, prenant plaisir à sortir de son Berry et à caractériser d’autres provinces. […] Ainsi, dans Jean de la Roche, cette famille anglaise : le père, un savant, doux, distrait, ayant peur de vouloir ; le fils, un enfant intelligent, débile, égoïste, despote, et la sœur sacrifiée à ce malade, qui est jaloux d’elle, l’empêche de se marier, et confisque sans scrupule toute cette existence : dans le Marquis de Villemer, la peinture d’un amour réciproque qui naît insensiblement, se révèle par de fines nuances jusqu’à devenir une ardente passion : voilà des parties vraies et bien vues. […] La société fait une honteuse banqueroute aux meilleurs des enfants qu’elle élève. […] Dudevant, elle s’en sépare, ayant deux enfants.
Mots qui à force d’être savants deviennent barbares et sont en certains cas de vrais monstres ; tel le mot potassium, qui, semi-germanique et semi-romain, ressemble aux fabuleux centaures ; tel le mot centimètre, qui est le résultat d’un alliage imprévu entre Rome et la Grèce ; tels les mots kilomètre et myriamètre, enfants mal venus, estropiés en naissant par des accoucheurs maladroits. […] Quand on parlait à Victor Hugo de cette mort prochaine, il se mettait à rire et répondait122 : « Force gens de nos jours, volontiers agents de change et souvent notaires, disent et répètent : La poésie s’en va. — C’est à peu près comme si l’on disait : Il n’y a plus de roses ; le printemps a rendu l’âme : le soleil a perdu l’habitude de se lever ; parcourez tous les prés de la terre, vous n’y trouverez pas un papillon ; il n’y a plus de clair de lune et le rossignol ne chante plus, le lion ne rugit plus, l’aigle ne plane plus ; les Alpes et les Pyrénées s’en sont allées ; il n’y a plus de belles jeunes filles et de beaux jeunes hommes ; personne ne songe plus aux tombes ; la mère n’aime plus son enfant ; le ciel est éteint ; le cœur humain est mort. » Le fait est que l’imagination est en l’homme une faculté non moins essentielle et immortelle que la raison ; et c’est pourquoi la poésie non seulement garde à côté et au-delà de la science son royaume inviolable, mais aussi sait puiser dans la science-même des éléments de vie et d’inspiration. […] Les enfants prêtent la vie à tout ce qui les entoure ; ils se figurent comme des êtres bienfaisants ou malfaisants ces forces invisibles dont ils sentent les effets ; ils injurient le feu qui ne veut pas brûler ; ils se mettent en colère contre la porte qui s’obstine à ne pas s’ouvrir. Les peuples enfants ont raisonné ou déraisonné de même ; ils se sont représenté la foudre lancée par une main irritée, le vent déchaîné par le souffle d’une bouche divine, la mer soulevée par une puissance à la fois individuelle et surhumaine.
Bernard de Palissy jetant ses meubles au feu pour cuire ses faïences peut nous attendrir : mais le moyeu de s’apitoyer sur les tribulations d’un pédagogue à projets qui invente une méthode d’après laquelle les enfants apprendront à lire en huit jours ? […] Elle essaye sur lui ses caprices, comme les dames romaines, à leur toilette, éprouvaient leurs épingles d’or sur le sein nu des esclaves… Ainsi souffrirait un pantin qui aurait un cœur entre les mains d’un enfant cruel. […] Tant que la gestation dure encore, tant que vous ne travaillez que sur l’argile perfectible, transformez, s’il le faut, cent fois votre ouvrage ; mais, dès que le nouveau-né a vu la lumière, dès que la fonte a été versée dans le moule, l’enfant n’est plus corrigible, la statue n’est plus réparable. […] Égorgée à Paris, Desdémona ou Hédelmone ressuscitait à Bordeaux ; on l’enterrait à Lyon ; elle vivait longtemps et avait beaucoup d’enfants à Marseille.
» “Quand un père en mourant laisse des enfants, si c’est une fille, je sais que c’est beaucoup de peine et de soin pour une veuve : ce soin néanmoins est supportable, en ce qu’il n’est pas mêlé de crainte, ni de dépense. […] » “Mais ma seule consolation dans ces misères a été de vous voir sans cesse, et de contempler dans votre visage l’image vivante et le portrait fidèle de mon mari mort : consolation qui a commencé dès votre enfance, lorsque vous ne saviez pas encore parler, qui est le temps où les pères et les mères reçoivent plus de plaisir de leurs enfants. […] Il eut l’attention de placer trois enfants de Pierre Corneille, deux dans les troupes, et l’autre dans l’Église ; il excita le mérite naissant de Racine, par un présent considérable pour un jeune homme inconnu et sans bien ; et quand ce génie se fut perfectionné, ces talents, qui souvent sont l’exclusion de la fortune, firent la sienne. […] Au point du jour l’oiseau par son chant matinal Du champêtre labeur donnoit-il le signal, Soudain retentissoit la cloche vigilante : Dans le temple accouroit la foule impatiente ; Femmes, enfants, venoient au pied du saint autel Pour la moisson naissante implorer l’Éternel.
La lanterne magique pour les enfants et l’escamotage des muscades n’ont rien de plus compliqué que cela ! […] ; tandis que, dans un plat, à côté, des fromages de chèvre, gros comme un poing d’enfant, durs et grisâtres, rappelaient les cailloux que les boucs, menant leur troupeau, font rouler aux coudes des sentiers pierreux. […] Il ne fallait ni tant de beauté, ni tant de poésie… Son abbé Mouret n’eût plus ôté alors ce petit prêtre nerveux, ce chétif enfant qu’il fallait montrer imbécillisé par le séminaire, halluciné par l’oraison, et préparé à la faute de l’amour d’une femme par l’amour de la Vierge divine trop contemplée sur son autel… Il fallait que sa faute, à lui, fût facile et rapidement faite, pour humilier davantage la grandeur surnaturelle du sacerdoce devant les réclamations animales de la chair et les tyrannies de la nature Il fallait enfin que le prêtre, malade hier, et guéri aujourd’hui, s’enivrât assez à la première vue des cheveux et de la peau d’une fillette pour glisser dans ses bras, tout naturellement, un jour de sa convalescence… Est-ce assez misérable, tout cela ? […] — des adultères, des enfants battus et mourant sous les coups, des ménages à trois, des soûleries, des bâtards abandonnés, des premières communions impies, des hommes entretenus comme des femmes, de vieux concubins repris par de vieilles concubines, la prostitution, le raccrochage, les morts de faim, les croque-morts plaisantins, et, pour achever le tout, la catastrophe finale : un delirium tremens, cette chose terrible, qui devient comique tant l’auteur l’a ratée !
Si Damiette avait tenu bon, on se demande ce que serait devenue tout d’abord cette multitude d’assaillants, guerriers ou pèlerins, débarqués avec femmes et enfants, et campant sur le rivage. […] C’était grand pitié d’ouïr crier dans l’armée les gens à qui l’on coupait ces chairs ; car ils criaient tout ainsi que femmes qui sont en travail d’enfant. […] Le ciel au-dessus était ouvert, peuplé en chaque point de figures vivantes, de patrons attentifs et manifestes, d’une invocation directe, et faciles à intéresser ; le plus intrépide guerrier marchait dans ce mélange habituel de crainte et de confiance comme un tout petit enfant.
Croira-t-on que ce jeune enfant ait tiré à dessein sur son précepteur le coup de pistolet ou de fusil qui le tua par mégarde à la chasse ? […] Il fit observer qu’on excluait les protestants de tous les avantages dont jouissent les sujets d’un État ; qu’un protestant ne pouvait pas contracter de mariage valide ; que ses enfants étaient réputés illégitimes ; qu’il ne pouvait exercer aucun emploi ni dans l’épée, ni dans la robe, ni dans l’Église ; qu’il faut cependant que chaque homme ait une patrie, et que, s’il ne la trouve pas où il est né, il a droit d’en chercher une ailleurs : de là, la résolution qu’il avait formée dès l’âge de quinze ans, et qu’il avait exécutée quelques années après en passant en Angleterre. […] Mozart enfant est au clavecin ; Jélyotte chante en s’accompagnant de la guitare : ce concert n’interrompt en rien l’occupation ou l’amusement d’un chacun ; on lit, on cause, on sert le thé ; on se passe parfaitement de domestiques, et l’on se fait à soi-même les honneurs de la collation.
je suis reçue à Strasbourg comme si j’étais une enfant aimée, qui revient chez elle. […] Louis XV aimait beaucoup cette jeune belle-fille qui lui arrivait avec toute sa naïveté et sa fraîcheur, et il fut constamment bien pour elle, quoiqu’il la traitât toujours un peu en enfant. […] Élisabeth, alors tout enfant, n’annonçait pas encore cette angélique personne qui mourra comme une sainte sur l’échafaud ; elle se montrait dès l’âge de six ans comme une petite sauvage, avec « un air déterminé et doux en même temps », mais au fond, avec je ne sais quoi « d’entier et de rebelle » qui ne se laissait pas aisément apprivoiser.
Il perdit sa mère en bas âge ; la famille était nombreuse et son père très-occupé ; le jeune enfant se trouva livré à lui-même, logé dans une guérite au grenier. […] » Sans doute à une époque d’analyse et de retour sur soi-même, une âme d’enfant rêveur eût tiré parti de cette gêne et de ce refoulement ; mais il n’y fallait pas songer alors, et d’ailleurs l’âme de Boileau n’y eût jamais été propre. […] « On ne m’a pas fort accablé d’éloges sur le sonnet de ma parente, écrit Boileau à Brossette ; cependant, monsieur, oserai-je vous dire que c’est une des choses de ma façon dont je m’applaudis le plus, et que je ne crois pas avoir rien dit de plus gracieux que : A ses jeux innocents enfant associé, et Rompit de ses beaux jours le fil trop délié, et Fut le premier démon qui m’inspira des vers.
Il y a dans l’histoire de Jean Renaud, qui fait tant de bonnes actions, qui nourrit son grand-père, puis une vieille pauvresse, qui sauve son ennemi d’un incendie et qui adopte un orphelin, quelque chose qui fait songer à ces livres de lecture des écoles primaires écrits pour la « moralisation » des enfants. […] La vieille demoiselle Geneviève Bourgeois, propriétaire d’un beau domaine acquis par plusieurs générations de fermiers, reste seule avec les deux enfants de son frère défunt, Gustave et Adèle. […] Robine vient trouver Fleuse ; il est conduit par sa petite fille, Louise de la Ronce-Fleurie, une enfant sage, naïve et droite, et qui vénère son grand-oncle le berger.
« Mon cher enfant, vous dit-il, en serrant votre bras, j’ai tant aimé les sciences dans ma vie que cela me fait battre le cœur. » Toutes vos découvertes ultérieures sont sorties de celle-là par une sorte de développement naturel. […] Craignant que les railleries de Voltaire n’eussent une part dans ses opinions religieuses, et se regardant comme responsable de sa théologie à l’égard de ses enfants, il reprit avec le plus grand sérieux la question des croyances. […] La vérité le menait comme un enfant ; il se soumit à elle quand il pensa l’avoir trouvée ; il s’arrêta quand il craignit de n’être plus avec elle ; il recula quand il crut l’avoir dépassée.