C’est cet obstacle que Napoléon s’attache surtout à vaincre et à tourner à son avantage. […] Je ne saurais dire combien me paraît intéressant tout ce chapitre par le jour qu’il jette sur le procédé politique de Napoléon, sur le point fixe de sa croyance supérieure (croyance en Dieu), sur son indifférence profonde pour les articles secondaires et sur l’importance extrême qu’il affectait pourtant d’y attacher, en un mot, sur la règle de conduite qu’il regardait évidemment comme la seule loi des chefs d’empire, puisqu’il nous l’expose en termes si nets et si peu voilés.
Du bord de mon navire, les regards attachés sur l’étoile du soir, je lui demandais des vents pour cingler plus vite, de la gloire pour me faire aimer. […] Quand M. de Chateaubriand essaie de nous peindre la douleur qu’il éprouva dans le temps, après avoir brisé le cœur de Charlotte, il parvient peu à nous en convaincre ; des tons faux décèlent le romancier qui arrange son tableau, et l’écrivain qui pousse sa phrase : « Attachée à mes pas par la pensée, Charlotte, gracieuse, attendrie, me suivait, en les purifiant, par les sentiers de la Sylphide… » et tout ce qui suit.
Son père, le plus pacifique, le plus prudent et le moins novateur des hommes, était pourtant attaché, par des affinités de vertu et de mœurs comme de pensée, à cette école qu’on désignait alors sous le nom de Port-Royal, et son fils en devint sous ses yeux comme un élève extérieur et libre, et tout littéraire, au moins par les méthodes qu’on lui fit suivre, et par l’esprit général qui présida à son éducation. […] La responsabilité attachée à toute innovation l’effrayait.
Cependant il est certain qu’ils ont des petitesses méprisables, et qu’ils se déchirent les uns les autres plus encore que ne font les femmes… La connaissance que j’ai du monde m’attache encore davantage à vous : j’y trouve toutes les vertus et la bonté qui manque dans les autres. […] Retournée à Madrid toute puissante et autorisée (août 1705), elle y règne véritablement dans l’intérieur du palais, et s’attache pour l’avenir à demeurer en parfaite concorde avec la cour et le cabinet de Versailles, jusqu’à l’heure toutefois où ce cabinet se mettra en désaccord avec les intérêts mêmes de l’Espagne.
Mme de Maintenon aspirait à en sortir comme une femme et comme beaucoup trop d’hommes alors, comme une femme de sens qui voit de près le mal, qui en souffre en elle et pour ceux auxquels elle est attachée, qui n’a rien d’une héroïne, qui est toute résignée et chrétienne, qui voit la main de Dieu non seulement dans les revers redoublés et les défaites, mais encore plus directement dans les fléaux naturels, dans les hivers tels que celui de 1709 (dont on n’avait point eu d’exemples depuis plus d’un siècle), et dans la famine qui s’ensuivit. […] Elle s’attache de bonne heure à Villars et semble deviner que ce général qu’on appelle fou sera en définitive le sauveur : « Car il y a trop de sages, dit-elle, ou au moins trop de gens qui croient l’être quand ils ne hasardent rien ; et je suis persuadée qu’il faut quelquefois laisser les choses au hasard, pourvu qu’on ne les pousse pas jusqu’à une témérité qui n’appartient qu’aux héros de romans. » Ce dernier défaut, elle le sent bien, serait volontiers celui de Villars ; elle le lui pardonne pourtant au milieu de l’abaissement trop universel : « Ce maréchal de Villars parle et agit, dit-elle, comme ces héros de romans qui croient porter la victoire partout où ils vont : j’aime assez ces airs-là présentement, si opposés à ceux qui nous ont jetés si près du précipice. » L’héroïque défense du maréchal de Boufflers dans Lille la transporte et tire d’elle de nobles accents : L’exemple que ce maréchal a donné en défendant Lille comme il l’a fait devrait bien causer de l’émulation et de la honte en même temps, si l’on compte encore pour quelque chose l’honneur.
C’est être bien maladroit que d’avoir attaché son bonheur à l’augmentation d’un dépôt auquel presque personne ne daigne s’intéresser. […] Elle varie quelquefois sur lui ; le fond de son jugement, c’est que l’abbé Barthélemy est véritablement attaché à Mme de Choiseul : « Et c’est un homme tel qu’il le faut pour une compagnie journalière. » Aux heures de mécontentement et de méfiance, elle le soupçonne d’être peu sincère, et, à propos de je ne sais quelle tracasserie entre elle et les Choiseul, elle écrira à Walpole : « Je vous ai dit que je vous parlerais de l’abbé ; je pense qu’il est Provençal, un peu jaloux, un peu valet, et peut-être un peu amoureux. » Elle écrivait cela en 1770, c’est-à-dire quand l’abbé Barthélemy était déjà uni aux Choiseul par une liaison qui datait de près de quinze ans ; l’extrémité de son soupçon ne va pas au-delà, et on ne voit pas même qu’à part deux ou trois lettres qui sont du même moment, elle y soit jamais revenue depuis.
S’il n’a point l’œil assez vaste, le regard assez puissant, pour voir, d’ensemble, la société qui s’agite à ses pieds, il s’attachera à en étudier la fraction qui, par son importance sociale, son intelligence, son éducation, le rôle qu’elle a joué a le plus d’affinités avec lui-même. […] Sous la Restauration, il attacha son nom à un procès criminel qui se déroula, avec un grand retentissement, devant les assises de la Drôme.
Comme ils prenaient le train pour rentrer à Paris, Mateau, au moment de monter en voilure, fit le geste d’épousseter les habits de son compagnon où quelques brindilles d’herbe se trouvaient attachées. […] (Il ne faudrait pas cependant attacher à ses théories sociologiques ou autres plus d’importance qu’il ne le fait lui-même.
Patiens quia æterna… Il n’y a en ce monde, après la sympathie dans la sottise, qui fait, elle, les succès les plus rapides et les plus sûrs, il n’y a que la passion pour le succès d’un livre, la passion et la circonstance, à laquelle parfois le talent ne dédaigne pas d’attacher sa pensée, comme Samson attacha la torche à la queue de ses renards, pour tout incendier !
Il y a en nous un être solide, une substance, une chose distincte et durable : c’est le bâton d’ambre ; puis des idées, des sensations, des peines, des plaisirs : ce sont les petites plumes caduques et légères qui viennent s’attacher au bout du bâton. […] Par un raisonnement semblable, vous avez distingué ces facultés des faits, et vous les avez changées en choses réelles, forces actives attachées autour de la substance, invisibles créatrices des faits visibles.
Le peuple, courbé sous ses travaux, prononce souvent le nom de Henri IV, et attache à ce nom des idées qui l’intéressent. […] Malgré les défauts incroyables du mauvais goût, quelques-uns de ces discours attachent encore et intéressent par la force du sentiment qui y est répandu.
Il ne fut pas circonscrit dans les limites de la France, qui était alors comme un grand théâtre sur lequel tous les peuples avaient les yeux attachés. […] Au début de 89, la crédulité publique avait attaché une puissance presque divine à ces espèces de tables de la loi politique. […] C’était donc un livre plein de cet attrait toujours attaché aux œuvres d’opposition d’un écrivain persécuté qui allait révéler l’Allemagne à la France. […] Il n’attachait à ses vers que le prix qu’on met à ces épanchements qui soulagent l’âme ; c’était un souvenir entre lui et un tombeau bien cher, un secret entre lui et la muse. […] On entendait toute une génération se lamenter dans ces Méditations où le doute, ce vautour des intelligences, attaché à son immortelle proie, lui arrachait un cri d’angoisse.
L’auteur s’est d’abord attaché à réfuter M. de Montgaillard, et, tout en le réfutant, il a été naturellement amené à exposer ses propres idées sur les diverses époques de la Révolution française.
Dans ses meilleurs contes, là où il se montre réellement inventeur et original, il sait, par les rapprochements fortuits les plus saisissants, par une combinaison presque surnaturelle de circonstances à la rigueur possibles, exciter et caresser tous les penchants superstitieux de notre esprit, sans choquer trop violemment notre bon sens obstiné ; ce qu’il nous raconte alors peut sans doute s’expliquer par des moyens humains, et n’exige pas à toute force l’intervention d’un principe supérieur ; mais, bien que notre bon sens ne soit pas évidemment réduit au silence, et qu’il puisse toujours se flatter de trouver au bout du compte le mot de l’énigme, il y a quelque chose en nous qui rejette involontairement cette explication pénible et vulgaire, et qui s’attache de préférence à la solution mystérieuse dont le leurre nous est de loin offert comme derrière un nuage.
Dans son premier grand ouvrage sur la Philosophie de l’esprit humain, Dugald Stewart envisageait principalement l’homme comme être intelligent, et s’attachait à analyser surtout cette partie de notre nature qu’on appelle entendement, marchant sur les traces de Reid et redressant Locke.
Les poètes se sont exercés sur tous les emblèmes de malheur qu’il fallait attacher à l’envie.
J’eus donc à m’occuper des questions de sources et d’origine, et je m’attachai notamment, en usant des documents assemblés par mes devanciers et en tâchant d’y ajouter ma quote-part, à constater et à faire ressortir les relations très nombreuses qui existent entre l’ancienne comédie italienne et le théâtre de Molière.
C’est donc cette harmonie qui est la seule réalité objective, la seule vérité que nous puissions atteindre ; et si j’ajoute que l’harmonie universelle du monde est la source de toute beauté, on comprendra quel prix nous devons attacher aux lents et pénibles progrès qui nous la font peu à peu mieux connaître.
Mon vieux principe de fidélité bretonne fait que je ne m’attache pas volontiers aux gouvernements nouveaux.
Virgile avoit attaché de nuit, à la porte du palais d’Auguste, ce distique* où il le fait égal à Jupiter.
Il est donc necessaire, quand nous lisons des vers, que les caracteres des lettres réveillent d’abord l’idée des sons dont ils se trouvent être les signes arbitraires, et il faut ensuite que les sons des mots, qui ne se trouvent être eux-mêmes que des signes arbitraires, réveillent les idées attachées à ces mots.
En effet, le chant des paroles doit imiter le langage naturel des passions humaines, plûtôt que le chant des tarins et des sereins de Canarie, lequel notre musique s’attache tant à contrefaire avec ses passages et ses cadences si vantées.
Aussi le monde n’attacha-t-il jamais aucune gloire au bonheur d’avoir enseigné les élemens de la poësie à des éleves qui auront remplis tous les siecles du bruit de leur réputation.
C’est à instituer cette discipline que nous nous sommes attaché.
Tout au moins, si elle voulait jouer à ce petit mystère du « pseudonyme » qu’on perce toujours, il fallait attacher à cette composition si féminine un nom de femme ; car c’est une femme qui parle toujours dans ces Récits de la Luçotte 34, et monsieur Paria Korigan n’est que le nom d’un personnage auquel la Luçotte adresse ses Récits.
Le soir, disait-on, le prêtre, au moment où il fermait les portes du temple de Delphes, l’appelait à haute voix par ces mots : « Pindare le poëte est invité au souper du Dieu. » Cette vocation religieuse semblait attachée de naissance il la personne du poëte, venu au monde durant une des fêtes du Dieu, comme l’attestent quelques mots d’un de ses hymnes perdus29 : « C’était la fête qui revient tous les cinq ans, où, pour la première fois, je fus nommé, enfant chéri dans les langes. » Et, selon le commentaire ancien qui cite ces paroles, elles rappellent le cri Évoé, qui commençait les mystères d’un autre Dieu.
Il m’a été doux de voir cet homme si frivole, si athée en amour, si incapable (à ce qu’il me semblait d’abord) de s’attacher à moi sérieusement, devenir bon, affectueux et loyal de jour en jour. Si j’ai quelquefois souffert de la différence de nos caractères et surtout de nos âges, j’ai eu encore plus souvent lieu de m’applaudir des autres rapports qui nous attachaient l’un à l’autre. […] Sainte-Beuve, qui n’a jamais attaché grande importance au théâtre de Musset, avait d’abord applaudi à la vogue du Caprice. […] Il s’est attaché à ennoblir le style, qu’il jugeait trop négligé. […] C’est précisément à cause de l’exactitude du fond du récit, que Paul de Musset s’est attaché à lui enlever toute valeur autobiographique.
Peu d’âmes s’en trouvèrent remuées profondément au point de se transformer selon son enseignement, de s’y attacher, de s’en animer de prosélytisme. […] Cette détermination, ou ne la trouvera formulée nulle part dans la littérature parce que, ne l’oublions pas, la littérature ne voulait alors être qu’un art, sans attache avec l’extérieur. […] Nous savons quel ridicule s’attache à vouloir, au nom d’une théorie, si juste soit-elle, imposer des barrières au génie ou aux contemporains. […] Grâce au génie du poète, nous verrons les mille liens diversement nuancés qui nous attachent intimement à chaque minute qui passe. […] Si nous poursuivons cet essai de classification — moins vain qu’on ne le pense peut-être, nous verrons le roman s’attacher à la formule vitale et faire pour la société ce que la poésie fait pour l’homme.
Il montre ainsi qu’elles sont bien vivantes, et cette vie même nous console de la misère qui y est attachée. […] Le sculpteur doit s’attacher au corps matériel et à ses formes : Rodin parle directement aux sens. […] Je m’étais attaché à un de mes élèves, il me remplaçait mon fils ; j’étais pour lui un père et un frère aîné. […] Car j’attache très peu d’importance à tous ces petits artifices de style et de versification. […] N’attachons pas trop d’importance à nos vues particulières, à nos haines, à nos amours.
Ils sont des vociférateurs, non plus des interprètes, et leurs masques sont mal attachés. […] Rien ne les fixe ici ni ne les attache. […] Notre époque, qui aime les investigations psychologiques, s’est attachée à Benjamin Constant. […] Les philosophes qui s’y sont attachés, Herbert Spencer entre autres, l’ont fait sur un ton lamentable. […] Hanotaux s’attache au détail.
Oui, cette maison, où j’ai tant souffert, j’y suis attaché par un lien que je ne soupçonnais pas. […] Et l’on rencontre des rouleuses qui balayent les sentiers perdus, d’une jupe lâche, qu’en remontant, à tout moment, leur main montre attachée, sous le casaquin, par une ceinture rouge. […] On y voit des attelées d’hommes poussant de lourds chariots, chargés de pommes de terre, à côté de petits enfants traînant quelque chose de vert, dans une boîte à cigares, attachée au bout d’une ficelle. […] Sur le boulevard d’Enfer, à de maigres arbres, écorcés jusqu’à cinq ou six pieds, sont attachés des chevaux, des ânes, et derrière ces rosses, se tient une population finaude et rougeaude, le fouet passé autour du cou. […] Elles sont aidées, dans leur œuvre de destruction, ces femmes, par d’affreux mioches qui se font la courte échelle contre les arbustes de l’avenue de l’Impératrice, cassant ce qu’ils peuvent atteindre, et traînant derrière eux un petit fagot, attaché à une ficelle que tient leur main enfoncée dans leur poche.
Il n’y trouva plus que le cadavre de Macdowald au milieu de ceux de sa famille ; et la barbarie de ce temps fut révoltée de ce qu’insensible à ce tragique spectacle, Macbeth fit couper la tête de Macdowald pour l’envoyer au roi, et attacher le reste du corps à un gibet. […] L’esprit, qui ne peut demeurer oisif, s’attache alors aux plus petits rapports, s’y complaît et s’en fait une habitude que nous retrouvons dans toutes les situations analogues. […] Du reste il a tout conservé, tout reproduit ; et non seulement il n’a rien omis, mais il n’a rien ajouté ; il semble n’avoir attaché aux faits mêmes presque aucune importance ; il les a pris comme ils se sont offerts, sans se donner la peine d’inventer le moindre ressort, d’altérer le plus petit incident. […] On s’attache à lui comme à l’Alceste du Misanthrope, à un grand caractère victime d’une qualité que l’impétuosité de son humeur et la préoccupation de ses propres idées ont tourné en défaut. […] L’attente qui en résulte, le pathétique de quelques scènes, la sombre énergie du caractère de Marguerite, l’inquiète curiosité qui s’attache à ces projets si menaçants et si vivement conduits, achèvent de répandre sur cet ouvrage un intérêt qui explique la constance de son succès.
Mademoiselle de Montpensier l’attacha à son service ; mais elle le renvoya, dit-on, pour avoir mis en musique des vers faits sur un sujet semblable à celui de l’énigme rapportée dans la comédie du Mercure galant. […] Peu à peu l’illusion s’affoiblit ; on raisonne, on discute, on compare : beaucoup d’amateurs reviennent à notre musique ; d’autres restent attachés à l’Italienne. […] L’effet, la perspective aërienne, les plans qui y sont attachés, la perspective démonstrative, rendent cet art de la plus grande difficulté. […] On a prétendu ridiculement qu’il avoit attaché un homme en croix & qu’il l’avoit tué, pour mieux exprimer le Christ mourant. […] Comme il avoit les yeux attachés partout, dans ce moment d’enthousiasme, il observa que les capuces étoient un peu différens du sien : aussitôt il le réforma sur ces modèles.
Vous pourriez, pour ainsi dire, gagner tout un peuple un à un, si chaque individu qui le compose avait le bonheur de s’entretenir un quart d’heure avec Vous, mais à côté de cette affabilité pleine de grâces, Votre mâle énergie Vous attache tous les caractères forts. […] La puissance d’aimer, l’activité de la pensée, le prix qu’on attache à l’opinion, font de tel ou tel genre de vie une existence douce pour les uns et tout à fait pénible pour les autres. […] Si nous nous en tenons à la partie de jeu, nous ne saurions voir dans notre propre conduite que la conséquence de raisonnements bien ou mal faits : si nous avons la vie à venir pour but, ce n’est qu’à l’intention que notre conscience s’attache. […] Une autre cause rend aussi les Suicides plus fréquents en Angleterre, c’est l’extrême importance que l’on y attache à l’opinion publique : dès que la réputation d’un homme est altérée, la vie lui devient insupportable.
Je restai seul avec cette grande lettre, et je me souviens qu’en fumant ma pipe je la regardais toujours, comme si ses yeux rouges avaient attaché les miens, en les humant comme font les yeux de serpent. […] « Dès lors, chacun a sa parole et s’y attache comme à sa vie. […] L’aimant magique de cette pierre attire et attache les cœurs d’acier, les cœurs des forts. — Dites si cela n’est pas, vous, vous mes braves compagnons, vous à qui j’ai fait ces récits, ô nouvelle légion Thébaine, vous dont la tête se fit écraser sur cette pierre du Serment, dites-le, vous tous, Saints et Martyrs de la religion de l’Honneur. » Écrit à Paris, 20 août 1835. […] Son angélique bonté, qui l’attacha à elle, lui tint lieu de tout ; il n’avait point de dettes qui l’obligeassent à se dévouer à des créanciers ; il avait des amis.
Le Satyrique se réveilla enfin ; mais, sans vouloir s’amuser à défendre Homere contre les critiques superficielles de l’Auteur du Parallele, il s’attacha uniquement à relever les bevuës de ce ridicule antagoniste ; & la dispute fut terminée par rire aux dépens de Perrault. […] Il a écarté les imperfections, & ne s’est attaché qu’aux beautés. […] Eschyle, qui vint ensuite, fit beaucoup mieux ; il s’attacha à donner de la noblesse à la Tragédie, & à y mettre de la vérité. […] Mais il seroit assez difficile que les aménités de ce Poëte, attachées, comme elles le sont, à une langue plus expressive que la nôtre, fussent toujours aussi bien renduës que le fond même de ses idées, & l’on pourroit dans cette partie trouver quelques endroits un peu foibles.
La mienne s’attache à vous depuis longtemps, c’est-à-dire à vos ouvrages ; et quoique vous m’accusiez avec douceur de juger les hommes par leurs livres, je veux bien vous donner lieu de me le reprocher encore, et vous avouer que c’est votre pensée intime, votre vrai moi, qui m’attache souvent dans vos écrits. […] Un amour plein de respect, pur comme son objet, l’attache bientôt à elle, et réussit à se faire partager. […] C’eût été de leur part un contresens que d’adopter les doctrines auxquelles plus tard s’attacha Port-Royal. […] Le poète a reconnu celle qu’il aima, il ressuscite, et s’attache à ses pas adorés. […] Et, du reste, ce n’est pas non plus à ces fragments, fort insignifiants à ses yeux, que la théosophie moderne attache le nom de christianisme.
La tolérance qu’avaient aisément les anciens pour les diverses opinions et croyances religieuses, tolérance que Gibbon s’attache si fort à démontrer, était plus que compensée par le mépris si habituel qu’on avait alors pour la vie des hommes. […] [NdA] Se souvenant à ce propos de son attaque historique au christianisme, il disait pour la justifier et l’expliquer : « La primitive Église que j’ai traitée avec quelque liberté était elle-même en son temps une innovation, et j’étais attaché au vieil établissement païen. » 84.
Attaché comme professeur à l’école militaire de Saint-Cyr, M. […] Mme de Maintenon est sortie tout à fait à son honneur de cette étude précise et nouvelle ; on peut même dire que sa cause est désormais gagnée : elle nous apparaît en définitive comme une de ces personnes rares et heureuses, qui sont arrivées, dans un sens, à la perfection de leur nature, et qui ont réussi un jour à la produire, à la modeler dans une œuvre vivante qui a eu son cours, et à laquelle est resté attaché leur nom.
Sensuel et prudent, il avait dû commencer par établir sa fortune et son bien-être ; il s’était attaché pour cela à des prélats qui l’avaient pourvu de bénéfice, et en dernier lieu à l’évêque du Mans, M. de Lavardin, qui l’en avait comblé : depuis des années, il vivait grassement dans les obscures délices et la meilleure chère du Maine, en ecclésiastique épicurien. […] Dans une seconde partie, s’attaquant aux entretiens ou lettres de Costar, il s’attachait à montrer que celui-ci, bien qu’ayant plus de connaissance des belles lettres et plus d’étude que son ami, avait commis lui-même bien des erreurs et des bévues.
Il ne trouve à dire, en terminant, que des paroles comme celles-ci : « Ne dédaignez pas les efforts d’un cœur qui vous était attaché, qui, sauvant des débris de votre naufrage ce qu’il peut, essaie de l’appendre au temple de l’immortalité… J’entrevois déjà la fin de ma carrière, et le moment, cher prince, où l’Être des êtres réunira à jamais ma cendre à la vôtre. » Des imitations toujours, et quelle froideur ! […] Cependant le prince Henri (car c’est à lui que nous nous attachons) sortit quelquefois de sa délicieuse retraite de Rheinsberg pour servir la politique et les desseins de son frère.
Comme un général mort, mais dont le nom promet des victoires, on l’a attaché sur son cheval, et la bataille se rengage autour de lui, comme autour du plus guerroyant. […] Séduisante Thalie, laissez-moi ma tranquillité ; je vous serai toujours aussi attaché que si je devais à vos soins le succès de deux pièces par an.
L’intérêt qui s’attache au volume publié par M. […] Il s’est attaché quelque part à réfuter une définition que Cabanis a donnée du bonheur : « Le bonheur, dit Cabanis, consiste dans le libre exercice des facultés, dans le sentiment de la force et de l’aisance avec lesquelles on les met en action. » — « À cette condition, répond Maine de Biran, il n’est guère d’homme moins heureux que moi.
» Et sur son La Bruyère, on lisait : « Ce livre appartient en 1804 à la comtesse d’Albany, et elle y fait les notes d’après ses observations sur ce monde où elle a trop vécu, à l’âge de cinquante et un ans, après avoir perdu tout ce qui l’attachait à cette malheureuse vie. » Que j’aimerais à avoir sous les yeux et à étudier de près cet exemplaire-là ! […] Je ne suis pas de ceux qui veulent à tout prix des mensonges, ni qu’on leur crée des existences fabuleuses et plus belles qu’elles ne l’ont été de leur temps ; mais quand je rencontre quelque part, dans un passé encore voisin de nous et si aisé à vérifier, de ces vies paisibles, ornées, décorées de grâce et de courtoisie, et jalouses d’en répandre le reflet autour d’elles ; quand, au milieu de cet envahissement comme forcené d’ambition, d’activité et d’industrie qui nous pousse et nous déborde en tout genre, je découvre, en me retournant, une île enviable et fortunée, une oasis d’art, de littérature, d’affection et de poésie, je demande qu’on n’en diminue pas le tableau à mes yeux sans de bonnes et fortes raisons, et que ceux qui sont dignes d’apprécier ce cercle heureux et de le peindre nous le rendent, ainsi que la noble figure qui y préside, avec tout le charme qui s’y attachait réellement, et dans un miroir non terni, dans une glace pure, unie et fidèle.
Mais elle a répliqué avec tant de chaleur en faisant parler les droits sacrés de la patrie véritable et première, le lien indissoluble qui lui attache ses enfants, la résignation, la constance et le courage avec lesquels ils doivent partager ses malheurs, lui en diminuer le poids, qu’elle m’a communiqué tout son enthousiasme. […] Les hommes se figurent souvent que l’orage qui est dans leur cœur est excité par l’objet de leurs affections, et qu’ils se calmeront s’ils s’attachent à un être apathique.
La superstition historique et biographique s’attache aux moindres lettres et billets des personnages célèbres, aux signatures, aux reliques insignifiantes. […] Et de même que, conseiller au Parlement de Bordeaux, il faisait toutes les remarques que le bon sens et l’humanité pouvaient suggérer à un aussi excellent et aussi libre esprit, témoin des chicanes, des procédures sans fin, des misères et des horreurs, des géhennes et des tourments, mais sans s’attacher toutefois à une réforme, sans la prendre à cœur et s’y vouer par zèle pour l’humanité et la justice, comme il appartenait à l’âme d’un L’Hôpital ; de même, en qualité de maire et de chef d’une cité, il n’avait rien d’un Eustache de Saint-Pierre, ou d’un Guiton, maire de la Rochelle, de ceux qui se sacrifient et s’immolent volontiers pour un peuple ou pour une cause.
Fromentin ne s’attache qu’aux traits principaux, à ce qui frappe et à ce qu’on retient, au mouvement, au geste, à l’étincelle. […] Olivier d’Orsel son ami est, au contraire, un amoureux pur, un homme qui, quand il suit une piste féminine, s’y attache uniquement, et qui ne se consolerait pas de la manquer.
Il connut Malouet et s’attacha naturellement à lui comme à l’un des meilleurs guides qu’on pût désirer pour la connaissance des colonies. […] Cette barrière, que je n’ai jamais franchie, m’a toujours fait repousser les opinions licencieuses, les déclamations indécentes contre la religion et le gouvernement… Je m’attachai cependant à l’abbé Raynal, quelques années après notre connaissance, mais surtout lorsqu’il m’eut confié ses regrets d’avoir abandonné à Diderot la refonte de son grand ouvrage, où celui-ci a inséré toutes les déclamations qui le déparent.
Il s’ensevelit sous la religion du silence, à l’exemple des gymnosophistes et de Pythagore ; il médita dans le mystère, et s’attacha par principes à demeurer inconnu, comme avait fait l’excellent Saint-Martin. « Les prétentions des moralistes, comme celles des théosophes, dit-il en tête des Libres Méditations, ont quelque chose de silencieux ; c’est une réserve conforme peut-être à la dignité du sujet. » Désabusé des succès bruyants, réfugié en une région inaltérable dont l’atmosphère tranquillise, il s’est convaincu que cette gloire qu’il n’avait pas eue ne le satisferait pas s’il la possédait, et s’il n’avait travaillé qu’en vue de l’obtenir : « Car, remarque-t-il, la gloire obtenue passe en quelque sorte derrière nous, et n’a plus d’éclat ; nous en aimions surtout ce qu’elle offrait dans l’avenir, ce que nous ne pouvions connaître que sous un point de vue favorable aux illusions. » Il n’est pas étonnant qu’avec cette manière de penser, le nom de M. de Sénancour soit resté à l’écart dans cette cohue journalière de candidatures à la gloire, et que, n’ayant pas revendiqué son indemnité d’écrivain, personne n’ait songé à la lui faire compter. […] Une demoiselle de la maison, qui s’y trouvait peu heureuse, connut le jeune étranger, s’attacha à lui ; des confidences et quelque intimité s’ensuivirent.
Chaque jour je m’attache davantage à lui ; chaque jour je vois s’effacer en lui les petites choses qui me faisaient souffrir ; chaque jour je vois luire et briller les belles choses que j’admirais. […] En un mot, elle a la puissance et le cœur, et plus on la connaîtrait en tous ses orages, plus on lui resterait attaché par cet attrait qui intéresse aux natures singulières en même temps que par ce nœud qui lie aux êtres profondément humains.
Aussi je ne serais pas étonné que, malgré l’intérêt réel et de fond qui s’attache à la Correspondance qu’on publie, certains lecteurs la jugeassent fastidieuse, monotone. […] Mlle Phlipon s’en tira en beauté qui ne craint pas les épreuves, et elle était remise à peine de la longue convalescence qui s’ensuivit, que les prétendants, à qui mieux mieux, et de plus en plus éblouis, se présentèrent. « Du moment où une jeune fille, écrit-elle dans ses Mémoires, atteint l’âge qui annonce son développement, l’essaim des prétendants s’attache à ses pas comme celui des abeilles bourdonne autour de la fleur qui vient d’éclore. » Mais à côté d’une si gracieuse image, elle ne laisse pas de se moquer ; elle est agréable à entendre avec cette levée en masse d’épouseurs qu’elle fait défiler devant nous et qu’elle éconduit d’un air d’enjouement.
En 1751, d’Argenson écrivait sur son journal : « Rien ne les pique aujourd’hui des nouvelles de la cour ; ils ignorent le règne… La distance devient chaque jour plus grande de la capitale à la province… On ignore ici les événements les plus marqués qui nous ont le plus frappés à Paris… Les habitants de la campagne ne sont plus que de pauvres esclaves, des bêtes de trait attachées à un joug, qui marchent comme on les fouette, qui ne se soucient et ne s’embarrassent de rien, pourvu qu’ils mangent et dorment à leurs heures733. » Ils ne se plaignent pas, « ils ne songent pas même à se plaindre734 » ; leurs maux leur semblent une chose de nature, comme l’hiver ou la grêle. […] « C’est bien vrai, mon lieutenant, répond l’autre ; la preuve, c’est que les sacs de farine étaient attachés avec des cordons bleus.
Elle ne passera dans l’Esprit des Lois que mutilée, rétrécie, presque faussée : car Montesquieu, supprimant à peu près les intermédiaires réels et vivants, l’homme, son âme, son corps, relie les lois humaines aux causes naturelles par un rapport direct et en quelque sorte artificiel ; il ne s’attache qu’à présenter abstraitement le tableau des dépendances réciproques et des variations simultanées qu’il a constatées entre les climats et les institutions. […] Le despotisme de Louis XV était peu redoutable, mais dans la perte de sa force oppressive, la royauté s’attachait désespérément à toutes les formes agaçantes, inquiétantes, d’une autorité qui ne pouvait plus être que tracassière.
C’était un professeur excellent, grave, sans gestes, un peu lent, fait pour la toge, et qui attachait autant par son sérieux même que par le don qu’il avait de voir et de peindre ; profondément respectueux de sa tâche, et qui n’ignorait point, — je cite ses expressions, — que « l’esprit de l’enfant est un livre où le maître écrit des paroles dont plusieurs ne s’effaceront pas. » Cependant on commençait à le connaître. […] La théorie des deux morales, c’est-à-dire, pour parler net, le privilège accordé aux souverains et aux hommes d’État de manquer à la morale dans un intérêt public ou qu’ils estiment tel, peut être également l’erreur volontaire et calculée d’un prince selon Machiavel — ou l’illusion d’un mystique, comme paraît avoir été ce mélancolique empereur au souvenir de qui trop de douleur s’attache pour que nous puissions, nous, le juger en toute liberté d’esprit, mais qui, au surplus, se trouverait sans doute suffisamment jugé, si l’on regarde sa fin, par le mot de Jocaste à Œdipe : « Malheureux !
Des idées de crainte religieuse s’attachaient encore à l’hospitalité primitive. […] Des visages échevelés et brillants de larmes, des bras dressés au ciel ou tendus désespérément vers leur hôte, des mains qui s’attachent à son vêtement, comme des gestes de naufragées saisissant une branche ; c’est l’image que donne ce chant éploré.
Thiers, en possession de pièces confidentielles dont nul autre que lui n’avait eu jusqu’ici connaissance, et y appliquant sa merveilleuse faculté d’éclaircissement, s’est attaché à fixer avec la dernière précision l’instant où ce projet d’usurpation fatale entra dans la tête de Napoléon et y prit le caractère d’une résolution arrêtée ; car pour l’idée vague, elle avait dû lui traverser depuis longtemps la pensée. […] Bref, de faute en faute, dont quelques-unes sont à lui, dont les autres sont à son lieutenant, et dont la première remonte à Napoléon lui-même, il est amené à signer cette capitulation humiliante à laquelle est resté attaché son nom.
De l’éclat, du roman, une destinée d’émotion, de dévouement et de tendresse, un touchant malheur, voilà ce qui attache à ces poétiques figures, et ce qui, une fois transmises et consacrées, leur procure dans l’imagination des âges un continuel rajeunissement. […] Le comte de Saxe, de sa nature, était peu fidèle, bien que sincèrement attaché à Mlle Le Couvreur.
Les inconvénients attachés à une révélation si subite et si vive se sont évanouis ; les légères erreurs ou les infidélités de pinceau, les inexactitudes de détail ont même perdu de leur importance. […] Pourquoi vous attacher, mordieu, à la patte d’un hanneton ?
Bersot, en discutant philosophiquement les doctrines antireligieuses de Diderot, s’est attaché à démontrer que le philosophe était moins éloigné d’une certaine conception élevée de Dieu qu’il ne le croyait lui-même. […] Aussi, quand Diderot le rencontre, il s’attache à lui, il le traduit, l’interprète, l’explique, y ajoute et ne le lâche plus : « Je suis peut-être un peu long, dit-il, mais si vous saviez comme je m’amuse en vous ennuyant !
Elles ont toujours au cou le ruban que Jacques y attacha pour ma fête, l’an passé, quand elles venaient becqueter dans nos mains unies les moucherons d’or que nous choisissions. » Il faudrait citer le texte, pour donner idée de cette poésie toute rayonnante et scintillante encore au milieu de sa tristesse. […] Et la nouvelle de sa touchante action faisant bruit déjà dans les prairies, tout le pays s’était pris d’amour pour elle : « C’étaient, la nuit, de longues sérénades, des guirlandes de fleurs à sa porte attachées, et le jour, des présents choisis que les filles enfin à sa cause entraînées venaient lui présenter avec des yeux tout amis. » Annette surtout était en tête de cette bonne jeunesse.
Parlant de ce qu’aurait pu faire le poète Le Brun, son prédécesseur, s’il avait assez vécu pour tenter en vers l’apothéose de Napoléon, Raynouard ajoutait : Le chantre de Napoléon l’aurait représenté d’après l’histoire, grand au-dessus des rois, tel qu’Homère, d’après la fable, a représenté Jupiter grand au-dessus des dieux ; gouvernant l’univers par l’autorité de sa pensée, toujours prêt à saisir de sa main toute-puissante l’une des extrémités de la chaîne des destins, si tous ses ennemis ensemble osaient s’attacher à l’autre, et toujours certain de les entraîner tous. […] Raynouard s’attache à découvrir, à comparer, à serrer de près, et qui lui servent de point de départ.
En effet, en moins d’une heure, il l’apporta où j’étais, et je trouvai que le peintre ne s’était pas beaucoup attaché à la ressemblance. […] On découvre, en le lisant, que si le prince de Condé avait des vivacités d’humeur et de colère qu’il ne savait pas contenir même contre ses meilleurs amis, il devait avoir aussi des qualités pour se les attacher.
Pendant un temps, il fut saisi d’une admiration sans bornes pour le héros de Bender ; il s’attachait à le copier en tout. […] Les voilà donc tous trois sur le pavé de Paris, « moi, sans autorisation régulière, dit Marmont, Junot attaché comme aide de camp à un général qu’on ne voulait pas reconnaître, et Bonaparte, sans emploi, logés tous trois Hôtel de la Liberté, rue des Fossés-Montmartre, passant la vie au Palais-Royal et au théâtre, sans argent et sans avenir ».
Il est évident, par ses ouvrages mêmes, qu’il ne connaissait qu’imparfaitement l’Antiquité ; s’il en eût bien connu les grands modèles, l’ordonnance de ses pièces y eût gagné sans doute ; mais, quand il aurait étudié les anciens avec autant de soin que nos plus grands maîtres, quand il aurait vécu familièrement avec les héros qu’il s’est attaché à peindre, eût-il pu rendre leur caractère avec plus de vérité ? […] Grimm s’attache dès le principe au Discours sur l’inégalité, où le système de Rousseau est déjà tout entier et d’où le reste découlera.
C’est ainsi qu’il dira ailleurs, en parlant de la force de méditation nécessaire à qui veut se rendre maître des vérités de l’économie politique : « Ce n’est qu’à ce prix qu’elles (ces vérités) s’attachent à notre entendement, et deviennent comme une propriété de notre esprit. » Chez M. […] Mêlant ses idées religieuses si honorables à ses combinaisons de finance, il suppose que Colbert devait à son génie politique d’être plus religieux qu’un autre : « Un grand administrateur s’attache plus fortement qu’un autre à l’idée d’un Dieu. » Dieu, quelque part, est appelé, par un singulier rapprochement de termes, « l’Administrateur éternel ».
C’est pour se distraire, pour chercher à soulager et à remplir son âme, qu’il conçut son travail estimable contre les athées, les incrédules du temps et les railleurs, et qu’il intitula : De l’importance des opinions religieuses (1788) : Mes pensées, dit-il, ne pouvant plus s’attacher à l’étude et à la recherche des vérités qui ont l’avantage politique de l’État pour objet ; mon attention ne devant plus se fixer sur les dispositions particulières de bien public qui sont nécessairement unies à l’action du gouvernement, je me suis trouvé comme délaissé par tous les grands intérêts de la vie. […] Il avait toujours été désintéressé en pareille matière ; il avait refusé durant ses divers ministères les appointements de ministre des Finances et tous les avantages qui étaient attachés à cette place ; il ne craignait pas de le rappeler avec un faste qui compensait, certes, le désintéressement : « Ainsi, s’écriait-il, l’Assemblée nationale peut à son aise me montrer de l’indifférence, je n’en resterai pas moins créancier de l’État de plusieurs manières, et jamais je n’ai tant joui de cet avantage, jamais je n’y ai tenu plus superbement. » Ces cris d’orgueil sont fréquents chez M.
Nisard s’attache surtout à prouver qu’il n’a rien découvert, qu’il n’a rien inventé. […] Nisard eût été moins préoccupé de défendre dans Bossuet son principe de la discipline, il se serait attaché beaucoup plus à mettre en relief les qualités incomparables de Bossuet que des mérites secondaires et négatifs qui ne peuvent que nous refroidir.
On voit de profil, plus sur le fond, son enfant penché et les regards attachés sur le visage de sa mère, il est frappé d’horreur, ses cheveux se sont dressés sur son front, il cherche si sa mère vit encore, ou s’il n’a plus de mère. […] Je ferme les miens pour ne pas voir ces yeux tiraillés par le bec d’une corneille, ces fibres sanglantes, purulentes, moitié attachées à l’orbite de la tête du cadavre, moitié pendantes du bec de l’oiseau vorace.
Eynard, si attaché aux destinées du pays auquel son nom est inséparablement lié, et quelques autres personnes encore s’en entretenaient avec intérêt et comme d’un vœu réalisable.
Une poignée d’hommes médiocres ou usés, libéraux à ce qu’on dit, mais obéissant à un triste esprit de rancune littéraire ou philosophique, et s’accordant fort bien dans leurs petites haines avec leurs adversaires religieux et politiques, seraient à la veille de laisser encore une fois le génie sur le seuil, pour s’attacher à je ne sais quel candidat bénin et banal qui fait des visites depuis quinze ans18.
Ces passions violentes et fatales, même dans leur générosité ; ces utopies politiques et sociales, filles du xviiie siècle, et qui étaient devenues le rêve des plus chauds et des plus nobles cœurs ; ce prestige républicain, attaché à certaines maximes, à certaines formes de gouvernement ; cette éducation de collège et de livres, toute romaine : et Spartiate, sans l’intelligence de ce qui diffère dans les temps modernes ; enfin la guerre au dehors qui excitait et commandait l’énergie en toutes choses : voilà les causes réelles qui renversèrent la Constitution de 91 : et qui eussent renversé toute autre eu sa place ; voilà, en y ajoutant les faits et les mille incidents qui survinrent, ce qui amena le 10 août, la Convention » et la Montagne.