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2142. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Joignez à cela un double sens perpétuel, l’auteur caché derrière ses personnages, la vérité mise dans la bouche d’un grotesque, des malices enveloppées dans des naïvetés, le maître dupé, mais sauvé du ridicule par ses belles façons, le valet révolté, mais préservé de l’aigreur par sa gaieté, et vous comprendrez comment Beaumarchais a pu jouer l’ancien régime devant les chefs de l’ancien régime, mettre sur la scène la satire politique et sociale, attacher publiquement sous chaque abus un mot qui devient proverbe et qui fait pétard491, ramasser en quelques traits toute la polémique des philosophes contre les prisons d’État, contre la censure des écrits, contre la vénalité des charges, contre les privilèges de naissance, contre l’arbitraire des ministres, contre l’incapacité des gens en place, bien mieux, résumer en un seul personnage toutes les réclamations publiques, donner le premier rôle à un plébéien, bâtard, bohème et valet, qui, à force de dextérité, de courage et de bonne humeur, se soutient, surnage, remonte le courant, file en avant sur sa petite barque, esquive le choc des gros vaisseaux, et devance même celui de son maître en lançant à chaque coup de rames une pluie de bons mots sur tous ses rivaux  Après tout, en France du moins, l’esprit est la première puissance.

2143. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

« Dumouriez, qui avait entrevu le jeune duc de Chartres à l’armée de Luckner, l’observa attentivement dans cette occasion, fut frappé de son sang-froid et de sa lucidité dans l’action, pressentit une force dans cette jeunesse, et résolut de se l’attacher. » XII La lutte des Girondins avec Marat s’ouvre par un portrait que j’ai copié sur l’image de Marat mort dans sa baignoire, peint par le peintre David, qui osa se déclarer l’ami de ce forcené.

2144. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Guillaume, promu de grade en grade à de hauts postes diplomatiques, avait laissé sa femme enceinte à Paris, et il vivait à Rome attaché à la légation de Prusse.

2145. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

À peine avais-je posé le doigt sur le loquet et entrebâillé la porte, sans rien entendre, excepté le vent de l’aurore pleurant doucement dans les branches des sapins, que la porte, cédant violemment aux épaules de douze ou quinze soldats embusqués, muets autour de la cabane, me renversa tout meurtri jusque sur la cendre du foyer ; et ces soldats, s’engouffrant dans la chambre et faisant résonner les crosses de leurs carabines sur les dalles, se jetèrent sur Hyeronimo, le précipitèrent à leurs pieds dans la poussière, et lui lièrent les mains derrière le dos avec les courroies de leurs fusils ; ils lui attachèrent une longue chaînette de fer à une de ses jambes, comme on fait à la bête de somme aux bords des fossés pour la laisser paître sans qu’elle puisse pâturer plus loin que sa chaîne ; puis, le relevant de terre à coups de pieds et à coups de crosses : — Marche, brigand, lui crièrent-ils, on va te confronter avec le cadavre de ta victime, et tu ne pourriras pas longtemps dans le cachot qui t’attend.

2146. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Toi, tu lui attacheras un fil à la patte pour me dire : Je pense à toi, je t’ai comprise, je suis content ou je suis en peine.

2147. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Mais Michel-Ange l’affermit, le simplifia, l’éclaira, donna à ses piliers les muscles qui leur manquaient pour porter un Panthéon dans le ciel, le décora de son unité, de sa lumière, de son harmonie, ces trois attributs de la Divinité qu’il renferme, et mit, pour ainsi dire et pour la première fois, le christianisme en plein jour et en plein firmament ; enfin il fit le modèle, il commença les premières courbes de cette immense et sublime coupole qui écraserait le sol, si elle ne paraissait soutenue par le miracle de la pensée qui l’éleva dans les airs ; il attacha à jamais ainsi son nom et sa mémoire au plus grand acte de foi que l’humanité moderne ait construit en pierres.

2148. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Les Mérovingiens furent absorbés aussi : leurs noms s’effacèrent, leurs personnalités furent dissoutes, et leurs actions allèrent s’attacher aux noms carolingiens.

2149. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Il entre dans l’Église, et s’attache à la reine Philippe de Hainaut, femme d’Edouard III.

2150. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

C’est que, dans le sommeil, on attachait à ces mots des significations particulières qu’on ne retrouve plus ; on les unissait par des rapports qu’on ne ressaisit pas davantage.

2151. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

C’est encore et surtout ce qu’on a appelé l’individualisme ; c’est la revendication des droits de la conscience individuelle contre les lois écrites, qui ne prévoient pas les cas particuliers, et contre les conventions sociales, souvent hypocrites et qui n’attachent de prix qu’aux apparences.

2152. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

On trouve dans Horace les plus fortes maximes de vie intérieure, de vie retirée et retranchée en soi, supérieure aux accidents, attachée au seul bien moral et l’embrassant uniquement pour sa beauté propre. — Soldat de Brutus, il accepta le principat d’Auguste par raison, par considération de l’intérêt public ; mais il fut, ce semble, moins complaisant pour l’empereur et pour Mécène et sut beaucoup mieux défendre contre eux sa liberté et son quant-à-soi que le tendre Virgile.

2153. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

(5) Enfin, dans l’état positif, l’esprit humain reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues, renonce à chercher l’origine et la destination de l’univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s’attacher uniquement à découvrir, par l’usage bien combiné du raisonnement et de l’observation, leurs lois effectives, c’est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude.

2154. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Tels sont donc les quatre points de vue principaux sous lesquels j’ai dû m’attacher à faire ressortir l’importance générale de la classification rationnelle et positive, établie ci-dessus pour les sciences fondamentales.

2155. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Ils le vantaient outrageusement, croyant par là se l’attacher, quoiqu’il ne ressemblât nullement aux gens de ce temps à compères, qui cultivent les journaux et composent leurs salles de spectacles avec un talent supérieur à leurs pièces… Toute leur vie, ils l’avaient regardé comme un gros canon de leur arsenal, un gros canon qui — politiquement — n’avait pas tiré encore, mais qui tirerait, à coup sûr.

2156. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

II Du reste, un tel sujet, plus qu’aucun autre, devait tenter un écrivain catholique ; les annales de l’Église n’en ayant peut-être pas un autre auquel la cause du catholicisme soit si fortement attachée.

2157. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Mais s’ils ont été plus heureux que nous, pourquoi n’avoir pas dit nettement, dans une Introduction attachée à leur édition, ce qu’ils avaient à nous donner ?

2158. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Plus les biens sont attachés à la personne, au corps du possesseur, plus la liberté naturelle conserve sa fierté ; c’est avec le superflu que la servitude enchaîne les hommes.

2159. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Sully-Prudhomme crut qu’il ne serait pas de trop pour traduire les plus chers de ses propres sentiments ; que l’âme méritait bien cet effort pour être peinte dans ses replis ; que c’est spéculer lâchement sur l’intérêt qui s’attache d’ordinaire aux choses du cœur que de se contenter d’à peu près pour les exprimer. […] La plupart ne vivaient guère aux champs, étaient de purs citadins, attachés aux pavés du Pnyx ou de l’Agora. […] puis une vie ennuyée d’homme de proie dans une société décidément organisée et réglée ; une mélancolie de fauve enfermé dans une cage invisible, de vieil aigle attaché sur sa mangeoire, déplumé par places, la tête entre ses deux ailes remontées…, à ce point que le maître des cérémonies funèbres du grand siècle pourra louer la pitié, la bonté et les vertus chrétiennes de ce dernier des barons féodaux. […] Si ce n’est eux, c’est leur peinture qui m’attachera. […] Il eût mieux valu qu’ils y joignissent le bon goût et le bon sens ; mais, après tout, je n’attache pas un si haut prix à ce que je puis posséder ou acquérir tout comme un autre et, où il ne manque que ce que vous et moi aurions pu apporter, je ne suis pas tenté de réclamer si fort.

2160. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Et enfin, ce à quoi Vivès s’attache dans ces exemples empruntés à l’antiquité grecque et latine, ce sont les faits, et non pas l’esprit. […] Rappelez-vous les valets, Scapins ou Mascarilles, et les paysans, Pierrots, Mathurines et Charlottes, et les pédants et les cuistres… Quant aux servantes, Dorines, Nicoles, Toinons ou Marions, elles sont gaies, elles ont du bon sens, elles sont attachées à la maison, dévouées aux intérêts de leurs maîtres, et plus encore aux amours de leurs jeunes maîtresses ; et cela est bien (quoique leur mérite y soit, en somme, petit) ; et je n’irai point leur reprocher de vivre commodément dans des maisons grasses, de n’avoir point l’occasion de nourrir leurs maîtres tombés dans l’indigence, et de n’être point des prix Montyon. […] Et, pour toi, je viens d’inventer les joyaux. » Et les Grâces attachent au front de Vénus, à son cou, à ses oreilles, à ses bras, à ses doigts, à ses flancs, le diadème, les colliers, les pendants d’oreille, les bracelets, les bagues et l’immortelle ceinture. […] Coppée a été frappé de la beauté du sentiment qui a quelquefois attaché les peuples à leur roi : sentiment profond, irraisonné, mystique, et de la même nature que la foi religieuse. […] Je n’attache aucune importance à cela… Je suis trop vieux ; et puis je ne suis pas un espion. » Sa douleur est d’une telle espèce que la vengeance même n’y apporterait aucun soulagement… Cependant, si l’occasion se présente, il tuera les amants, parce qu’il faut bien faire quelque chose… « J’attendrai le hasard… et alors… Oh !

2161. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Quand Chateaubriand revint d’Amérique, rapportant dans ses bagages sa gloire future, elle s’occupa de le marier avec une amie de son choix, mademoiselle de la Vigne, avec qui elle fut emprisonnée pendant la Révolution, et à laquelle « elle était fort attachée ». […] Pour s’attacher à la réalité, il lui fallait un décor des Mille et une Nuits. […] Trahir les femmes est souvent le moyen de se les attacher. […] Les confessions de ses livres et les cruautés de sa vie prouvent qu’il ne fut attaché qu’à cet amour ; précisément parce qu’il était impossible. […] A s’y attacher de trop près, on risque de les imiter ou d’être absorbé.

2162. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Magendie ayant été mon maître, j’ai le droit de m’enorgueillir de ma headendance scientifique, et j’ai le devoir de chercher, dans la mesure de mes forces, à poursuivre l’œuvre à laquelle resteront attachés les noms des hommes illustres que j’ai cités. […] Quand il commence à exposer ses vues si nettes et si scientifiques16, on croit qu’il va s’attacher solidement à ces vues, devenues les bases de la science moderne, en répudiant les idées vitalistes qu’elles contiennent. […] Ces kystes de kolpodes, graines animales impalpables, s’attachent comme la poussière à la surface des corps, sur les feuilles, les branches, les écorces des arbres, sur les herbes au fond des mares taries, dans le sable ou la vase desséchée. […] Les tendons forment les tissus par lesquels les muscles s’attachent aux os ; ils se présentent à l’état normal comme des cordons souples, élastiques, d’aspect nacré, ayant une grande ténacité. […] Les créateurs des théories dualistes ont considéré les deux facteurs de la vie, dans leur rapport avec le milieu cosmique, sans s’attacher autant que nous à l’identité de leur origine et à leur indissoluble unité.

2163. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Nulle sorte de poète n’est plus rare : il faut vivre à l’écart dans les vraies maisons de jadis, à la lisière des bois gardés par les seules ronces, au milieu des ormes noirs, des chênes ridés et des hêtres à la peau douce comme celle d’une amie très aimée ; l’herbe n’est pas un gazon vain tondu pour simuler le velours des sofas : on en fait du foin, que les bœufs mangent avec joie en cognant contre la crèche l’anneau qui attache leur licou ; et les plantes ont une vertu et un nom : Dans les bois vous trouverez la pulmonaire dont la fleur est violette et vin, la feuille vert- de-gris, tachée de blanc, poilue et très rugueuse ; il y a sur elle une légende pieuse ; la cardamine où va le papillon aurore, l’isopyre légère et le noir ellébore, la jacynthe qu’on écrase facilement et qui a, écrasée, de gluants brillements ; la jonquille puante, l’anémone et le narcisse qui fait penser aux neiges des berges de la Suisse ; puis le lierre-terrestre bon aux asthmatiques. […] C’est une entrée de ballet, et les Jeunes Filles s’avancent, fleurs en robes de mousseline : Fleurs au sol attachées Dans les gazons et les ruisseaux natals cachés Fleurs de tiges jamais tâchées, Nulle haleine que du soleil n’est sur nous jamais penchée ; Fleurs sur le sein maternel couchées Nous fleurissons dans les feuillées et les jonchées   ; Quelques-unes avant l’heure se sont séchées, Avant l’heure quelques-unes ont été tranchées   ; Nous avons des pitiés pour les fleurs que l’aurore a fauchées ; puisse le sol nourricier nous garder attachées !

2164. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Maman me présente à la princesse M… Je me plains de l’ennui, la princesse m’offre un attaché militaire russe qui est ici, et dont je ne sais pas le nom. […] on prend une créature qui est attachée à ses maîtres, qui a parfois une intelligence bien supérieure à celle de certains bipèdes, mais qui n’est pas en état de se défendre, voilà le sublime de la petitesse et de la méchanceté. […] Allusion au croquis de Marie Bashkirtseff représentant les deux amis attachés par le cou aux deux extrémités d’une même corde, au milieu de laquelle est pendu un cœur.

2165. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

j’avouerai mon faible : j’ai sans doute courtisé plus d’une de ces femmes illustres ; je m’en suis souvent approché, et de quelques-unes de celles-là mêmes que j’ai nommées et de beaucoup d’autres ; mais je ne leur ai fait en quelque sorte qu’un doigt de cour, je ne me suis point attaché à une seule, et me voilà puni de mon inconstance : j’ai été traité en passe-volant ; pas une ne m’est restée.

2166. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Il l’aurait fait naître dans toute sa force, dans le développement accompli de ses facultés physiques et morales, sans aucune de ces gradations de l’âge, sans aucune de ces impuissances, de ces faiblesses, de ces ignorances de l’enfant nouveau-né, qui condamne le nouveau-né à la société de la mère, ou à la mort, si la mère lui refuse la mamelle, si le père lui refuse la protection, la nourriture pour subsister ; et, quand la mamelle tarit pour l’enfant, la mère, elle-même, que deviendrait-elle avec son enfant sur les bras, sans la société du père, que l’amour conjugal et que l’amour paternel attachent par un double instinct de vertu désintéressée à ces deux mêmes êtres dépendants de lui ?

2167. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

» À son tour néanmoins, cédant à sa propre sensibilité, elle embrassa ses filles avec effusion ; puis les pressant de descendre l’échafaud, où toutes deux s’attachaient à sa robe, à ses mains qu’elles baignaient de larmes, elle leur adressa une tendre bénédiction et un dernier adieu.

2168. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

L’esprit de réhabilitation, qui est une des justices et peut-être une des faiblesses de ce temps-ci, a essayé de relever les adversaires d’Homère du ridicule qui s’attache à leurs noms.

2169. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Il en a une qui ordonne l’oubli des injures et une autre qui veut qu’on se venge, il en a une qui prescrit de ne point s’attacher aux biens de la terre, et une autre qui lui impose d’en acquérir le plus qu’il pourra.

2170. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Il faut donc renoncer à attacher des qualités et des hiérarchies comme des tuniques toutes faites à certains ordres, mais poursuivre parallèlement la recherche de ces qualités et de ces hiérarchies, comme elles sont, sans idée toute faite, comme elles sont données, à l’intérieur des différents ordres.

2171. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Un manteau de velours bleu attaché à ses épaules paraît encadrer dans l’azur du Ciel cette apparition de l’Innocence elle-même.

2172. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

En somme, on peut dire que les courants philosophiques qui prédominent aujourd’hui, courants qui s’attachent uniquement à poser des problèmes, révèlent par cela même non seulement un trait de folie, mais un trait de folie de suicide.

2173. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Il proteste que seule une attirance mystérieuse et invincible l’attache à elle.

2174. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Et quand la Législation ne lui attacha plus, comme un carcan, son étiquette, l’Opinion lui cloua la sienne, qui valait bien l’autre en cruauté.

2175. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Et non seulement ils sont vivants, Balzac et Walter Scott, mais ils sont impersonnels, et Hugo est toujours à l’attache de sa propre personnalité, comme la chèvre à son piquet.

2176. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Tandis que celle-ci se préoccupe de l’ordre universel au point d’y oublier plus ou moins l’homme et l’humanité, celle-là s’attache avant tout à l’ordre moral, restant indifférente ou étrangère aux questions de haute cosmologie qui intéressent la philosophie naturelle.

2177. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Cependant on attache encore une grande importance à ce qu’on appelle la déduction anatomique, c’est-à-dire à la possibilité de découvrir les fonctions d’un organe par la seule inspection directe, ou armée du microscope, des différentes parties qui composent sa texture anatomique ou cadavérique. […] Sylvius, Varole, et tant d’autres, ont disséqué le cerveau, y ont attaché leur nom, mais ont-ils connu pour cela les propriétés ou les usages des parties qu’ils décrivaient ? […] C’est seulement lorsque le tuyau œsophagien eût perdu sa tension par la section en travers, et qu’il fut privé de son point d’attache inférieurement, que les contractions péristaltiques furent gênées et ne purent plus faire cheminer les aliments d’un bout à l’autre du conduit. […] Le même chien porte également une bouteille attachée à un conduit salivaire, sans que l’auteur parle de la salive. […] J’attachai la petite vessie de caoutchouc au tube.

2178. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Oreste se découvre d’abord à Pammène, vieillard attaché à la famille d’Agamemnon. […] Par là, encore, il devance les romanciers de nos jours, qui s’attachent moins à la fable proprement dite qu’à la description complète des individus. […] Quand je songe que, pourtant, il n’y a guère plus d’un siècle, d’honnêtes gens comme vous et moi, des magistrats qui avaient le goût des « humanités », et qui peut-être avaient une réputation de bienfaisance et de de cœur, faisaient tranquillement attacher un malheureux sur un chevalet, et là, sous leurs yeux, le faisaient questionner par l’eau, le brodequin et le reste, et que cela leur était égal de voir les visages convulsés et les membres tordus, et d’entendre les cris, les rugissements des suppliciés, quelquefois le craquement des os… je ne comprends plus, je me dis que ces hommes, qui semblent encore si près de nous, sont loin très loin, qu’il y a entre eux et moi un abîme, et que j’ai une autre âme que ces gens-là. […] C’est la vieille aventure de la chair, l’aventure des pauvres amants liés par le désir, puis par l’habitude, et qui veulent rompre leur lien et qui ne peuvent pas ; de l’homme qui sent que sa dignité, son honneur, ses meilleurs sentiments, tout s’en va, tout fond dans la lâcheté de cette servitude charnelle ; et de la fille qui s’attache, qui s’accroche désespérément et qui ne veut pas être quittée, car c’est peut-être son dernier amour, — jusqu’au suivant : tout cela avec de la honte, de la colère, du dégoût et des larmes, et de la folie et de la mélancolie et de la pitié. […] Émile Moreau pouvait, dans une pièce qui n’aurait eu presque rien de commun avec le roman de Charles de Bernard, s’attacher uniquement à nous montrer ce que l’habitude de ce dédoublement, transportée involontairement par l’écrivain jusque dans les choses de la passion, peut avoir de cruel et de funeste, à quelle impuissance, à quelle stérilité de cœur elle peut le réduire, et comme elle peut tromper et faire souffrir les autres.

2179. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Le comte de la Roque, neveu de madame de Vercellis, attacha si peu d’importance à l’histoire que, quelques semaines après, il procura à Jean-Jacques une place excellente… Jean-Jacques aurait-il dramatisé ? […] Elle se donnait à ses amis pour leur faire plaisir et pour se les attacher, et elle n’était pas regardante sur leur condition sociale. […] Justement parce qu’il est, comme descriptif, un précurseur, il ne s’attache encore qu’aux objets simples : lacs, forêts, montagnes modérées, et n’a pas eu le temps de raffiner et de renchérir. […] Il fallait tout quitter pour la suivre, m’attacher à elle jusqu’à sa dernière heure, et partager son sort, quel qu’il fût. […] Enfant encore et livré à moi-même…, forcé par la nécessité, je me fis catholique, mais je demeurai toujours chrétien (épigramme suggérée par son résidu protestant) et bientôt, gagné par l’habitude, mon cœur s’attacha sincèrement à ma nouvelle religion… Les instructions, les exemples de madame de Warens m’affermirent dans cet attachement.

2180. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Pillez-moi sans conscience les sacrés trésors de ce temple Delphique ainsi que vous avez fait autrefois. » Et avec un redoublement de belle fureur lyrique, Joachim Du Bellay s’écrie : « Qu’il vous souvienne de votre ancienne Marseille et de votre Hercule gallique, tirant les peuples après lui par leurs oreilles, avec une chaîne attachée à sa langue. » Si éclatante et si ingénieusement conduite qu’elle soit, cette allégorie, quant à son sens intime, est absurde. […] Considérez de près les formes usitées par Pierre de Ronsard et les siens ; si vous laissez un instant de côté le sonnet, conseillé par la mode italienne, et quelques stances où le rythme s’amuse à imiter par la disposition typographique, plutôt que par le nombre, les strophes des lyriques latins et des tragiques grecs, vous serez étonné de voir que les poètes de notre Renaissance ne s’attachèrent à répudier tous les petits poèmes à formes fixes de la trop maniérée poésie précédente, que pour revenir, fréquemment, aux groupements de nombres et de mesures, qui distinguèrent nos chansons plus anciennes. […] Ils s’attachèrent minutieusement, par un appétit d’originalité, qu’ils auraient pu satisfaire sans tant de malice, à différer de Victor Hugo parle choix des sujets, par des évocations de légendes, de philosophies immémoriales ou exotiques, par la recherche de singularités sentimentales. […] Il y avait encore l’école utilitaire, pratique, qui méprisait la vaine harmonie des mots et ne s’attachait qu’au “fonds”, la forme étant une question secondaire. […] D’un air de n’attacher aucune importance aux choses tristes qu’il disait, il me conta qu’il avait assez longtemps vécu très malheureux, à Londres, pauvre professeur de français ; qu’il avait beaucoup souffert, dans l’énorme ville indifférente, de l’isolement et de la pénurie, et d’une maladie, comme de langueur, qui l’avait, pour un temps, rendu incapable d’application intellectuelle et de volonté littéraire.

2181. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

N’étant ni un professionnel, ni même un amateur au sens qui s’attache à ce mot depuis de récentes controverses, je n’ai jamais eu le souci de classer mes sympathies et d’étiqueter mes admirations. […] Attachons nous, en effet, à célébrer la splendeur de l’Homme.

2182. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Signalons encore tout un amoncellement de types plus ou moins accusés, hommes et femmes ; la juive Séphora de la rue Éginhard, son mari Tom Lévis « l’agent des étrangers », la princesse Colette de Rosen et son mari Herbert, attachés à la petite cour du roi et de la reine d’Illyrie, et surtout le précepteur Élysée Méraut, fervent royaliste et bohème insensé que toute une génération a connu et vu circuler et applaudir dans les tavernes du quartier, où il prêchait avec une éloquence admirable le principe d’hérédité et ses traditions. […] M. de la Calmette, son chef de cabinet, ses attachés fringants, et quelques directeurs du ministère, Dansaert, Béchut. […] J’approchai du berceau près duquel la mère se tenait immobile, attachée par toutes les puissances de son âme. […] Elle les attache par-dessus les souliers de bal, elle s’enveloppe dans le grand manteau. […] Je ne cacherai donc pas que, tout en faisant de mon mieux pour attirer ceux qui ne lisent pas, je ne néglige rien pour m’attacher ceux qui lisent ; et l’éloge que je reçois de celui qui a lu mon œuvre me touche beaucoup plus que le compliment de celui qui l’a vu représenter.

2183. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Baudelaire de très près : « Baudelaire écrit d’abord ses odes en prose, puis il met cette prose en vers. » Singulière façon de procéder, on l’avouera, et qui ne prouve guère chez l’auteur l’intelligence de ce que doit être la poésie : un entraînement, un enlèvement, un mouvement plus spontané de la pensée ou de l’imagination… Figurez-vous qu’on attache des ailes au docteur Véron, et qu’on lui dise ensuite de s’envoler ! […] « Ce n’est pas le non-savoir qui perd les peuples, c’est le mal-savoir. » Vous comprenez que M. d’Aurevilly, homme de tradition avant tout, qui voudrait modeler le présent sur le passé, ou, du moins, l’en dériver rigoureusement, attache une importance suprême à la véracité de l’histoire. […] Elle s’attache à lui, elle prétend reprendre « son bien ». […] ———— Celui qui veut se faire passer pour l’auteur est, d’ordinaire, un tout jeune homme attaché gratis à la rédaction de quelque petite feuille de théâtre. […] Rédigé par des écrivains d’attache officielle, sous les ordres d’un personnage officiel, on ne devait pas s’attendre à ce qu’il approfondît le sujet, à ce qu’il fît rendre aux questions offertes l’enseignement qu’elles contiennent.

2184. (1924) Critiques et romanciers

précises, non pas élargies au-delà de leurs limites premières, confinées au contraire, attachées à leur point d’origine et munies de tous les petits faits, hasardeux quelquefois, dont elles sont la prudente formule : les idées qui séduisaient Lemaître, cette année-là, ou ses impressions. […] Il y a là un « maît’ Poivret » qui descend de sa carriole, attache son cheval, entre à la boucherie, appelle : « Y a-t-y du monde ? […] Il les trouve égarés parmi les mères, gauches, flageolant sur leurs pattes raides ; quatre morceaux de bois d’une sculpture grossière. » Et peut-être se souvient-on d’un antre petit animal aux pattes grêles et fragiles, la gazelle du dernier Abencerage, couchée dans une corbeille, sur des feuilles de palmier : « Ses jambes fines étaient attachées et ployées sous elle, de peur qu’elles ne lussent brisées dans les mouvements du vaisseau ; elle portait un collier de grains d’aloès… » La manière n’est pas la même, ici et là. […] Et, sans doute, on y apercevra l’influence de la pensée littéraire qu’on nomme symboliste et à laquelle l’auteur était alors plus attaché qu’ensuite, je crois qu’ensuite les théories de littérature ou, plutôt, d’école l’ont importuné : les théories ne favorisent pas à merveille le plaisir de la littérature. […] L’auteur a su nous attacher à eux : lorsque le petit Deschantres va passer son baccalauréat, nous redoutons vivement son échec ; et nous accompagnons avec chagrin la bonne Dame qui, ayant tout donné à sa fille ingrate, se retire dans un asile de vieillards.

2185. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent un tout autre but, tendant à déduire, des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain mécanisme cérébral, soit une condition définie de l’ensemble social dans lequel elle est née, à expliquer par des lois historiques ou organiques les idées qu’elle exprime et les émotions qu’elle suscite. […] Si l’on conçoit la suite des sciences qui, prenant la matière organique à ses débuts, dans les cornues des chimistes ou l’abîme des mers, en conduisent l’étude à travers la série ascendante des plantes et des animaux jusqu’à l’homme, la décrivent et l’analysent dans son corps, ses os, ses muscles, ses humeurs, le dissèquent dans ses nerfs et son esprit ; si, abandonnant ici l’homme individu, on passe à la série des sciences qui étudient l’être social, de l’ethnographie à l’histoire, on verra que ces deux ordres de connaissances, les plus importantes, sans aucun doute et celles auxquelles s’attache l’intérêt le plus prochain, se terminent en un point où ils se joignent : dans la notion de l’individu social, dans la connaissance intégrale, biologique, psychologique de l’individu digne de marquer dans la société, constituant lui-même par ses adhérents et ses similaires, un groupe noble, propageant dans son ensemble particulier ou dans l’ensemble total, ces grandes séries d’admirations, d’entreprises, d’institutions communes, qui forment les États et agrègent l’humanité. » Et plus loin : « Dans l’ethnopsychologie des littérateurs, dans la physiologie biographique des héros, ces hommes sont mis debout, analysés et révélés par le dedans, décrits et montrés par le dehors, reproduits à la tête du mouvement social dont ils sont les chefs, érigés, avant leurs exemplaires, un et plusieurs, individus et foule, en des tableaux qui, basés sur une analyse scientifique nécessitant le recours à tout l’édifice des sciences vitales, et sur une synthèse qui suppose l’aide de toute la méthode historique et littéraire moderne, peuvent passer pour la condensation la plus haute de notions anthropologiques que l’on puisse accomplir aujourd’hui. » Voilà ce qu’Émile Hennequin eût fait pour notre temps. […] Il fallait entendre raconter les incidents de cette promenade triomphale, les honneurs amicaux qui lui avaient été rendus, les marques de déférence qui s’attachaient, partout, à sa pauvre personne, jusqu’alors et si durement sevré des caresses de la gloire, des douceurs mêmes de la louange. […] Et, pour compléter le tableau, non loin de la porte, familière et biblique, une chèvre, attachée à un piquet, toute blanche, paissait l’herbe haute.

2186. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

La preuve que cette loi du progrès continu n’existe pas pour les lettres, c’est que celles-ci changent de voie, et que le pis pour elles serait de s’attacher à une méthode toujours la même. […] Lors même que l’on veut en composer des recueils, la marque du jour y est trop attachée ; je ne sais quoi de passager y flétrit trop vite des trésors d’esprit et d’imagination. […] Un zèle, poussé jusqu’à la superstition, s’attache aux œuvres de nos grands écrivains, en recherche avec curiosité et tâche d’en reproduire fidèlement le texte authentique, l’augmente même, si c’est possible, de morceaux inédits qui trop souvent, hélas ! […] III Nous nous sommes attaché, dans cette étude, aux figures nouvelles, et nous leur avons donné une place importante, car c’était celles-là qu’il s’agissait avant tout de faire connaître.

2187. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il abandonne le symbole et il s’attache désormais à la réforme de la langue ; il mérite le nom de « poète grammairien », que Maurice Barrès lui décerne. […] S’il tenait à ses jolies phrases, il n’était pas moins attaché au plus vif anticléricalisme. […] Pareillement, l’auteur s’est abstenu de ces amples et périlleuses considérations auxquelles divers historiens attachent tant de prix, et qu’ils appellent philosophie de l’histoire, et qui les reposent un peu, et qui — si je reprends ma comparaison d’un architecte — leur servent, ici ou là, de trompe-l’œil. […] Détachées du tronc commun de la philosophie centrale et prétendant se nourrir seulement de la sève des sciences positives, les études particulières auxquelles s’attachent nos philosophes, nos pseudo-philosophes, mèneraient à « l’abolition complète de la philosophie ».

2188. (1921) Esquisses critiques. Première série

Au moment où par le fait de sa célébrité une attention redoublée s’attache sur l’œuvre du poète, il n’offre plus que des fruits appauvris. […] Claudel encore inconnu, eussent produit en leur temps une sorte de coup de théâtre, et ce grand nom mis par lui en lumière serait attaché au sien par le même lien qui unissait à celui de Mirbeau celui de M.  […] Montfort s’est de la sorte attaché à la peinture de cette passion, c’est qu’il a vu en elle, sommes-nous enclins à penser, l’expression la plus intense de la vie.

2189. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Le curare sert ainsi de moyen contentif au physiologiste, car les animaux, exactement comme s’ils étaient solidement attachés sur une table de laboratoire, sont véritablement enchaînés pendant plusieurs heures dans de telles expériences, qui offrent d’ailleurs de l’intérêt à beaucoup d’autres points de vue. […] Le docteur Beaumont, voulant étudier ce cas remarquable, s’attacha en qualité de domestique ce jeune homme, dont la santé et les facultés digestives en particulier s’étaient complètement rétablies. […] Haller attacha son nom à la découverte de cette faculté motrice en nous faisant connaître ses mémorables expériences sur l’irritabilité et la sensibilité des diverses parties du corps.

2190. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

) ce mot, en tant qu’il signifie une qualité de l’ame, est un de ces termes vagues, auxquels tous ceux qui les prononcent attachent presque toûjours des sens différens. […] Observez l’hémistiche, & redoutez l’ennui Qu’un repos uniforme attache auprès de lui. […] Il faut sur-tout s’attacher à l’histoire de sa patrie, l’étudier, la posséder, réserver pour elle les détails, & jetter une vue plus générale sur les autres nations.

2191. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

La religion ne reste pas en dehors et au-dessous de la culture publique ; les jeunes gens, les hommes instruits, l’élite de la nation, toute la haute classe et la classe moyenne y demeurent attachés.

2192. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Les provinces annexées aux États du prince nouveau, dit-il, ne peuvent y rester longtemps attachées tant que la race de leurs anciens souverains n’est pas éteinte.

2193. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

LVIII Je passe des heures délicieuses couché à l’ombre des Propylées, les yeux attachés sur le fronton croulant du Parthénon ; je sens l’antiquité tout entière dans ce qu’elle a produit de plus divin ; le reste ne vaut pas la parole qui le décrit !

2194. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Sur le seuil d’une auberge de campagne, deux petites filles, l’une de deux ans, l’autre de dix-huit mois, se balancent aux rayons du soleil couchant sur une escarpolette d’anneaux de fer placés sous une charrette ; l’aubergiste, assis sur sa porte, les berce avec une ficelle attachée à sa main, et les fait crier de joie à chaque gémissement métallique de l’escarpolette improvisée.

2195. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« J’examinerai d’abord les rapports que les lois ont avec la nature et avec le principe de chaque gouvernement ; et, comme ce principe a sur les lois une suprême influence, je m’attacherai à le bien connaître ; et si je puis une fois l’établir on en verra couler les lois comme de leur source.

2196. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Moi, qui ai toujours chéri la musique, sans inconstance et même sans infidélité, souvent aux pièces qui m’attachent le plus je me surprends à pousser de l’épaule, à dire tout bas avec humeur : « Va donc, musique !

2197. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

De plus, ajoute Spencer, la force de la passion affecte les muscles en raison inverse de leur grosseur et du poids des parties auxquelles ils sont attachés.

2198. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Elle range dans la catégorie des écrits misérables « Candide et les ouvrages de ce genre qui se jouent par une philosophie moqueuse de l’importance attachée aux intérêts les plus nobles de la vie9 ».

2199. (1914) Boulevard et coulisses

Il y avait aussi, pour ces circonstances solennelles, un médecin attaché à l’établissement ainsi qu’un magistrat.

2200. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Celui qui a quelque disposition naturelle à attacher plus de poids à des difficultés inexpliquées qu’à l’explication d’un certain nombre de faits, rejettera certainement ma théorie.

2201. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Sur cet étonnement vient se greffer un sentiment assez différent, qui a pourtant une parenté avec lui : le sentiment que l’avenir est clos, que la situation est détachée de tout mais que nous sommes attachés à elle.

2202. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Au sens, il n’attache aucune importance. […] Robert de Souza disait dans où nous en sommes. — la victoire du silence (p. 45) : rien ne peut être étranger au poète, si toutefois le magasin de sa raison reste, « dans l’instant qui le soulève », attaché comme un banc de coquilles obscures « au fond des eaux ingénues de son âme ». il m’est signalé encore que la préface de Paul Valéry aux poésies de M. 

2203. (1923) Paul Valéry

La Pythie nous rappelle par son dessin, son symbole, et les fureurs de son mouvement, les grandes odes romantiques où Lamartine et Victor Hugo ont pris pour sujet l’inspiration poétique, l’ont symbolisée le premier dans Ganymède enlevé aux cieux, le second dans Mazeppa, attaché sur un cheval sauvage, et qui, à la fin de sa course effroyable, se relève roi. […] Valéry reproche donc ici aux philosophes d’observer leur technique propre, pareil à un philosophe qui reprocherait aux poètes d’attacher une importance bizarre à ce que leurs pensées aient douze pieds.

2204. (1881) Le roman expérimental

Ne pas sortir du comment, ne pas s’attacher au pourquoi. […] On peut ne pas s’y attacher dévotement et s’en tenir aux faits, quitte à modifier le système, si les faits le veulent. […] Ainsi, ces jeunes filles si pures, ces jeunes hommes si loyaux de certains romans ne tiennent pas à la terre pour les y attacher, il faudrait tout dire. […] Ainsi, on trouve dans Voltaire ces lignes sur Mainard, un écrivain oublié, né en 1582 : « C’est un des auteurs qui s’est plaint le plus de la mauvaise fortune attachée aux talents. […] Il faut voir son indignation, quand il s’étonne qu’on puisse admirer l’attache d’un muscle, le jeu d’un organe, le mécanisme d’un corps !

2205. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Tantôt, dans leur pudeur, ils tenaient tous les deux leurs yeux attachés à la terre, tantôt ils les relevaient pour se voir, en s’envoyant de complaisants sourires de dessous leurs sourcils brillants.

2206. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Mme Du Plessis m’a donné une curiosité étrange de les voir, et c’est justement parce qu’elles sont honnêtes et raisonnables que j’en ai envie, et qu’elles me persuaderont que toutes les personnes de bon sens ne sont pas si persuadées de la corruption générale que l’est M. de La Rochefoucauld. » C’est cette idée de corruption générale qu’elle s’attacha à combattre en M. de La Rochefoucauld et qu’elle rectifia.

2207. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Ainsi en tout lieu, en toute rencontre, il était coutumier de faire, avec une attache à l’idée, avec un oubli de lui-même qui devenait merveille.

2208. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

De même en littérature, en poésie, les premières impressions, et souvent les plus vraies et les plus tendres, s’attachent à des œuvres de peu de renom et de contestable valeur, mais qui nous ont touché un matin par quelque coin pénétrant, comme le son d’une certaine cloche, comme un nid imprévu au rebord d’un buisson, comme le jeu d’un rayon de soleil sur la ferblanterie d’un petit toit solitaire.

2209. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

On lui attacha avec un lacet, et sans le prévenir, un poids d’un kilogramme au poignet ; il supposa qu’on lui tirait le bras.

2210. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Elle tâtonne et trébuche toujours ; elle est retenue sur la route de l’avenir par les liens mal rompus qui l’attachent au passé.

2211. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Elles étaient trop vives, trop délicates, aussi, pour s’attacher à une seule des apparences que son regard effleurait, effleurait avec une haine répulsive, et, plus tard, avec la méfiance de l’âme toujours insatisfaite.

2212. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Puis, le Verwandlungsmusik, une marche longuement graduée d’instruments et d’instruments et de voix, une progression mêlée de placidités et d’efforts souffrants, tantôt d’un calme, tantôt de mystérieuses répulsions prêtes à éclater, une progression tour à tour tranquille et douloureuse vers un auguste et terrible lieu ; et c’est la sérénité argentée des trompettes qui sonnent l’ouverture d’un rite, lorsqu’enfin libérés de contraintes retentissent des cris de renégations ; alors, l’âme souffrante, liée dans le temps et vers le futur sollicitée, l’âme gémit dans l’attache des charnalités vers le pur ciel ; et tandis que s’entraperçoit le ciel, elle gémit encore, sous l’inexpugnable charnalité ; âme religieuse et concupiscente !

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