Les deux amis réussirent aussitôt, chacun dans sa ligne parallèle et dans sa nuance. […] Thiers avait brillamment parlé ; Félix Bodin, qui l’avait écouté sans l’interrompre, s’approcha du lui lorsqu’il eut fini, et lui dit : « Mais savez-vous, mon cher ami, que vous serez ministre ? […] L’historien de la révolution française faisait déjà ses adieux à ses amis et allait s’embarquer, quand le ministère Martignac tomba. — « Ah ! […] Thiers : il fonde le National avec ses amis, Mignet, Carrel, Sautelet, et le premier numéro paraît le 3 janvier 1830. […] Thiers à ses amis plus exagérés ; soutenons que la monarchie représentative est le plus beau système possible (et M.
Comme c’était mon ami, il me promit de partager ses vivres avec moi. […] Pour rétablir mes forces, j’allais prendre l’air sur les chevaux du cardinal, accompagné de deux jeunes gens, dont l’un était mon élève, et l’autre mon ami. […] Ce secrétaire était grand ami du prévôt, à qui appartenait le Petit-Nesle. […] Il finit sa statue de Jupiter de grandeur naturelle, celle de Mars et une multitude de chefs-d’œuvre pour la duchesse d’Étampes et pour ses amis d’Italie. […] Mon ami, dit-il à Cellini en lui frappant sur l’épaule, je ne sais qui est le plus heureux, ou du prince qui trouve un homme, ou de l’homme qui trouve un prince !
Cependant s’il était question de régler la supériorité sur ce qui contribue le plus au bonheur, sur ce qui nous rend plus indépendants des autres, et les autres plus dépendants de nous, sur ce qui donne en un mot le plus d’amis apparents, et le moins d’envieux déclarés, la fortune devrait avoir la première place. […] Concluons de tout ce que nous venons de dire, que les seuls grands seigneurs dont un homme de lettres doive désirer le commerce, sont ceux qu’il peut traiter et regarder en toute sûreté comme ses égaux et ses amis, et qu’il doit sans exception fuir tous les autres. […] C’est à des amis éclairés et sévères qu’on en fait juges dans le secret, qui n’approuvent que quand ils ne sauraient faire autrement, et aux avis desquels on défère avec docilité. […] On sait l’histoire de ce philosophe, à qui ses ennemis reprochaient de ne mépriser les richesses que faute de talent pour en acquérir ; il se mit dans le commerce, s’y enrichit en un an, distribua son gain à ses amis, et se remit ensuite à philosopher. […] Lomellini, mettaient le nom de leurs amis à la tête de leurs ouvrages, parce qu’un ami leur était plus cher qu’un protecteur.
… Vieux ami des poëtes ! […] Son père, compositeur de musique et ami de Sacchini, de Gluck, a donné des opéras et d’autres morceaux lyriques appréciés des maîtres. […] L’ami de Chateaubriand et de Lamennais a su rendre la chanson digne de la familiarité et du tous-les-jours de ces hautes imaginations, de ces nobles intelligences. […] « Comme lorsqu’un riche, prenant à pleine main la coupe toute bouillante au dedans de la rosée de la vigne, après avoir bu à la santé de son gendre, la lui donne en cadeau pour l’emporter d’une maison à l’autre, — une coupe toute d’or, son bien le plus cher et la grâce du festin, — honorant par là son alliance, — et il rend le jeune époux enviable à tous les amis présents pour un si cordial hyménée ; « Et moi aussi, riche du nectar versé, présent des Muses, j’envoie ce doux fruit de mon génie aux héros chargés de couronnes, et j’en favorise à mon gré les vainqueurs d’Olympie et de Delphes… » 18. […] Dans une notice sur Désaugiers (Chants et Chansons populaires de la France, 39e livraison), M. du Mersan, qui l’a bien connu, a dit en effleurant cette époque : « Il voyage avec quelques amis, et, leur bourse légère étant épuisée, ils se font acteurs de circonstance.
« Il faut, dis-je à mes amis, confidents de ma pensée, il faut écrire pour ce peuple, dans une histoire impartiale, morale et pathétique à la fois, le commentaire vivant de sa première révolution, un Machiavel français, non dans l’esprit du Machiavel italien, mais dans l’esprit d’un Tacite moderne ; il faut prouver, par tous les faits de cette révolution, qu’en histoire, comme en morale, chaque crime, même heureux un jour, est suivi le lendemain d’une véritable expiation ; que les peuples, comme les individus, sont tenus de faire honnêtement les choses honnêtes ; que le but ne justifie pas les moyens, comme le prétendent les scélérats de théorie ou les fanatiques de liberté illimitée et de démagogie populacière ; que les plus justes principes périssent par l’iniquité des actes ; que la conscience ne subit pas d’interrègnes ; que la Providence est toujours là pour la venger, et que, si la Révolution de 1793 a noyé les plus belles pensées philosophiques dans le sang, c’est qu’elle est tombée des lèvres des philosophes dans les mains des tribuns, et des mains des tribuns dans les mains des Sylla et des César, lavant le sang dans le sang, et restaurant facilement la tyrannie, que les sociétés préfèrent justement aux crimes. […] J’avais entendu parler d’un ecclésiastique, nommé l’abbé Lambert, prêtre assermenté, ami de plusieurs Girondins, qui avait communiqué avec eux dans leur prison et assisté à leurs derniers moments jusqu’à l’heure du supplice. […] Je lui écrivis pour lui demander si les circonstances de sa participation aux événements du 31 mai étaient vraies, et si, dans le cas où ce bruit aurait quelque fondement, il voudrait bien consentir à me recevoir et à me donner sur la mort de ses amis les informations utiles à l’histoire. […] Si ces témoignages de la consciencieuse minutie de mes recherches sur les moindres circonstances historiques de mon Histoire des Girondins ne suffisaient pas pour édifier l’écrivain qui m’attribue l’invention de cette prétendue fable, voici à ce sujet une lettre d’un des principaux habitants de Bessancourt, qui m’arrive aujourd’hui, avec l’autorisation de la reproduire : « Monsieur, « Je n’ai pas besoin de remonter plus loin dans mes souvenirs pour attester que le vénérable abbé Lambert a été, pendant de longues années (depuis 1816 jusqu’en 1847, année de sa mort), curé de Bessancourt (Seine-et-Oise) ; que cet ecclésiastique a toujours passé dans la commune pour avoir été l’ami des Girondins et le pieux consolateur de quelques-uns d’entre eux la veille de leur supplice, en 1793 ; et que vous êtes venu, accompagné d’un de vos amis ou collègues dont le nom m’échappe, passer de longues heures chez M. le curé Lambert dans son presbytère de Bessancourt, pour recueillir personnellement, de la bouche de ce vieillard, tous les détails que vous rapportez dans votre Histoire des Girondins. […] Buchez et Roux, qui a été mon manuel historique, toujours ouvert sur ma table pendant les deux années consacrées par moi à écrire cette histoire, je n’ai pas négligé une seule information verbale possible à obtenir des parents ou des amis des personnages, même odieux, dont j’avais à sonder la vie publique ou la vie intime.
Une pensée cependant me rassure : c’est que les grands écrivains de l’antiquité et des temps modernes sont, pour la plupart d’entre vous, de ces vieilles connaissances, de ces anciens amis dont on aime toujours à entendre parler ; et que les autres me sauront gré de leur faire connaître ces hommes du passé qui deviendront bientôt leurs amis les plus chers. […] Quels amis valent ces livres qui sont là toujours prêts à répondre à notre appel, et qui ne nous abandonnent ni dans le malheur, ni dans la prospérité Nous n’avons qu’à tendre la main, et aussitôt Homère, Virgile, Horace, Corneille, Molière, Racine, nous enivrent tour à tour des parfums de leur poésie. […] Il est peu de personnes qui ne sachent pas, en présence d’un ami, s’exprimer sur un sujet qui les intéresse, avec la variété de tons, de physionomie et de gestes qu’il comporte. […] Il avait peine à gravir les degrés de l’estrade où sa présence était attendue ; mais à peine l’avait-on reconnu, qu’un tonnerre d’applaudissements proclamait son arrivée : il saluait en souriant le public qu’il interrogeait du regard, pour y chercher des visages amis ; puis il déroulait son manuscrit, car il se permettait rarement l’improvisation, disant que si le professeur y gagne, l’enseignement y perd, et qu’une leçon n’est pas une affaire de vanité, mais d’utilité. […] « Le grand art du débit est toujours d’être juste, « Molière était comique en déclamant Auguste ; « Et, n’étant pas Molière, il doit m’être permis « De craindre, qu’en prêtant à rire à vos amis, « Je ne rende à vos vers un dangereux service.
Mellin de Saint-Gelais, fils ou neveu d’Octavien79, évêque d’Angoulême et poète lui-même, avait reçu plus d’instruction que Marot, son ami et son maître80. […] Celui qui leva l’étendard de la révolte était un jeune homme de vingt-cinq ans, Joachim du Bellay, de cette illustre et docte famille dont un des membres, Guillaume de Langey, avait été l’ami et le protecteur de Rabelais. […] Ronsard couchait dans la même chambre que son ami Lazare de Baïf, non moins adonné que lui à leur commune étude. […] Mais là même il ne fut pas tellement accessible, qu’Antoine de Muret et Remy Belleau ses glossateurs et ses amis n’eussent à initier par des notes les lecteurs à bon nombre de ses mystères. […] Il l’apostrophe ainsi dans une pièce : Gloire et regret des poëtes de France, Clement Marot, ton ami Saint-Gelais, etc.
Je suis assuré qu’il ne faisait rien que par passion et volupté, si bien que tout sincère idéaliste qu’il se décelait, ses cinq sens étaient les plus grands amis de sa tête. […] Enfin là se trouva également un jeune homme qui devait ensuite devenir l’ami et le commentateur et propagateur illustre du Maître, Edouard Schuré : « C’est l’ineffaçable impression que j’en reçus, dit-il dans son livre du Drame musical, qui m’amena plus tard à une étude approfondie de Richard Wagner. » M. […] — Ce serait grand dommage de vouloir partir, dit Iseult ; le roi perdrait son plus brave champion et moi un ami fidèle. […] Et Brangien lui répondit : — C’est une damoiselle amie qui arrive d’Irlande. […] Iseult court où elle voit le corps ; elle se tourne vers l’orient, elle prie pour lui, en sanglotant : — Ami Tristan, quand je vous vois mort, je ne puis vivre plus longtemps : vous êtes mort d’amour pour moi ; je meurs aussi d’amour, ami, quand je n’ai pu venir à temps.
Dans l’après-midi on trouvait presque toujours, tenant compagnie à Valentin, le peintre Hafner, le naturiste coloriste, le maître des champs de choux violets, l’original artiste à l’aspect de caporal prussien, et déjà ivre depuis le déjeuner, et qui, le menton calé sur sa canne, en la pose que j’ai vue à l’oncle Shandy, dans une vieille illustration du roman de Sterne, regardait vaguement travailler son ami jusqu’à l’heure du dîner. […] Il vaguait, muet, au bras d’un ami. […] * * * — Je me rappelle de mon enfance des parties de charades chez Philippe de Courmont, rue du Bac, quand il était avec Bonne Amie (la femme qui l’a élevé) qui l’appelait Fifi. […] Et il récapitule tous ces morts de mérite, auxquels le xixe siècle n’a donné que l’hôpital ou la Morgue : son ami Gérard de Nerval qui s’est pendu, Tony Johannot qui, après avoir perdu dans le Paul et Virginie de Curmer, les 20 000 francs qu’il avait gagnés pendant toute sa vie, a été un peu enterré avec l’aide de ses amis, etc., « Oui, je sais bien, dit-il, si j’avais été raisonnable, j’aurais vécu dans une petite chambre, j’aurais dépensé quinze sous par jour, et maintenant, j’aurais quelque chose devant moi, c’est ma faute ! […] Un orateur de salon et de coin de cheminée, un charmant causeur, ami des paradoxes et des thèses sceptiques, mordant à droite, à gauche, niant les principes, rapetissant les hommes avec des anecdotes inédites, les gros faits avec de petits détails, plus jaloux de paraître ne pas ignorer que de savoir à fond, de charmer l’attention que de la subjuguer, de briller que de convaincre, et médisant de Dieu, des hommes et des choses pour la plus grande gloire de la conversation.
Où sont ces faux amis, ces vils adulateurs, ces parasites si empressés à faire leur cour, et à témoigner par leurs actions et leurs paroles un servile dévouement ? […] Saint Chrysostome avait un ami intime nommé Basyle, qui lui avait persuadé de quitter la maison de sa mère pour mener avec lui une vie solitaire et retirée. […] Quelque grand nombre d’amis que vous ayez, nul ne vous laissera vivre avec autant de liberté que je fais. Aussi n’y en a-t-il point qui ait la même passion que moi pour votre avancement et pour votre bien.” » Saint Chrysostome ne put résister à un discours si touchant ; et, quelque sollicitation que Basyle son ami continuât toujours à lui faire, il ne put se résoudre à quitter une mère si pleine de tendresse pour lui, et si digne d’être aimée. […] Seulement, quelquefois un cénobite en deuil Y vient de son ami visiter le cercueil ; C’est lui ; le souvenir vers ces lieux le ramène ; De tombeaux en tombeaux sa douleur se promène.
C’est une caresse d’ami. […] Gozlan surtout a ignoré le Balzac fils, frère ; il a connu l’ami, mais on ne se montre jamais tout entier à l’ami, même le plus intime, et, dois-je le dire ? […] Gozlan fût un ami véritablement intime. […] Gozlan qui n’était pas l’ami de Balzac. […] Gozlan était supérieur à son bizarre ami ?
Mon cher directeur, Vous me permettez de parler de Catherine d’Overmeire que vient de publier notre ami et ancien collaborateur Ernest Feydeau, et vous me dites de le faire sans crainte. […] Baudelaire est un des plus anciens parmi ceux que j’appelle mes jeunes amis : il sait le cas que je fais de son esprit fin, de son talent habile et curieux. […] Turgan, directeur du Moniteur, avait pour objet bien moins de louer tel ou tel roman d’un de nos amis que de replacer la question littéraire et d’art sur son véritable terrain.
Certains esprits amis de l’humanité, épouvantés de ses maux et de son délire, avaient eu recours aussi, comme le poète romain, à cette philosophie austère et sans larmes qui se pique de voir les choses comme elles sont, qui se console de la tristesse de ses résultats par l’idée de leur vérité, et qui, faisant l’homme si petit en face de la nature, et osant pourtant le maintenir dans tous ses droits, ne manque certes ni de générosité ni de grandeur. […] Mais du moment que les amis maladroits de M. de Pongerville l’ont ridiculement élevé pour l’opposer à des hommes d’originalité et d’invention, du moment qu’il s’est laissé mettre comme obstacle dans le chemin des autres, sa position a changé. […] Nouveaux Lundis, tome X, page 108. — Et à propos de cette même page, à un ami qui lui écrivait : « Cette fois je vous y prends, je crois que vous êtes spinoziste… », Sainte-Beuve répondit : « Je ne me doutais pas de mon spinozisme ; vous m’avez fait relire ma page ; mais savez-vous que le spinozisme est quelque chose de beaucoup trop beau pour moi et de beaucoup trop artificiellement compliqué ?
Martial, s’adressant à un de ses amis qui préférait les grands poëmes aux petites pièces, lui disait : « Non, crois-moi, Flaccus, tu ne sais pas bien ce que c’est que des épigrammes247, si tu penses que ce ne sont que jeux et badinages. […] En ce premier partage des rôles divers qui se fit entre amis, selon les vocations et les aptitudes, M. […] À son ami le poëte Guiraud qui faisait d’assez beaux vers, mais qui bredouillait en les récitant : « Prends garde, Guiraud, lui disait Soumet : tu es comme les dieux, tu te nourris d’ambroisie, tu manges la moitié de tes vers. » Au même qui, dans une discussion, en était venu à forcer le ton sans s’en apercevoir : « Guiraud, lui disait-il, tu parles si haut qu’on ne t’entend pas. » Il disait de son gendre, en le présentant comme un homme savant et qui parlait peu : « C’est un homme de mérite, il se tait en sept langues !
Après y avoir consacré plusieurs années, grâce à ses anciens professeurs, ou à quelques amis de collège, lancés dans le grand monde, il finissait par trouver un protecteur. […] « S’il ne réussissait pas, le jeune auteur, qui avait été trop répandu pour ne s’être pas fait quelques amis, trouvait, comme dédommagement à son infortune, une place dans l’administration ou dans les finances ; et, s’il était sage, il abandonnait pour jamais une carrière qui ne pouvait le conduire à la fortune. […] Lorsque la Révolution fut venue déranger quelque peu ces petites existences littéraires, au lieu des lectures dans les salons, on eut les Déjeuners dominicaux : c’est là que, durant quinze années au moins, les convives littérateurs se faisaient leurs confidences réciproques entre la poire et le fromage ; c’est là qu’on racontait à ses amis le sujet, le pian de son ouvrage, avant d’en avoir écrit une seule ligne ; à peine les premiers actes étaient-ils jetés sur le papier que l’on en faisait une lecture.
Les sociétés populaires, démocratiques, des Amis du peuple, des Droits de l’homme, etc., etc., qui, à ce qu’on assure, existent toujours, n’auraient rien de mieux à faire, au lieu des motions et harangues empruntées au portefeuille d’Anacharsis Clootz, que d’expédier dès demain, par les villages, quelques chanteurs ambulants, avec ordre de ne quitter chaque endroit que lorsque deux ou trois garçons des plus éveillés sauraient les quatre ou cinq chansons magiques : il sera mémorable, l’instant où la population de la France les redira en chœur. […] Mais connu, apprécié de ses amis et des personnes du métier, M. […] Nous souhaiterions qu’il comprît cela lui-même et que ses amis le comprissent dans l’intérêt des vérités partielles et positives qui peuvent ressortir, pour chacun, de cette doctrine.
Mais un spectateur ordinaire, dans l’instant le plus vif de son plaisir, au moment où il applaudit avec transport Talma-Manlius disant à son ami : « Connais-tu cet écrit ? […] L’Académicien. — Pardonnez-moi, mon ami ; mais ce que vous me dites là est un lieu commun. Le Romantique. — Pardonnez-moi, mon ami ; mais ce que vous me dites là est la défaite d’un homme qu’une longue habitude de se payer de phrases élégantes a rendu incapable de raisonner d’une manière serrée.
L’un d’eux, Jean Bodel, un talent universel, épique, lyrique, dramatique, fut atteint de la lèpre, et obligé, selon le règlement de police qui était en vigueur, d’aller s’enfermer dans une léproserie ; avant de partir, il fit ses adieux au monde, à sa ville d’Arras, à tous ses amis et voisins, en quarante et une strophes de douze vers, triste et le cœur dolent, comme on peut penser, mais trouvant encore la force de sourire, et faisant en somme belle contenance. […] Il n’est pas ami des moines et des nonnes, et il faut l’entendre dénombrer, avec une indignation qui s’échappe en mordantes épigrammes, tous les ordres que la protection royale a installés dans la bonne ville de Paris, dotés de privilèges et de riches revenus : Barrés, Béguines, Frères du sac, Quinze-Vingts, Filles-Dieu, la Trinité, le Val des Écoliers, Chartreux, Frères prêcheurs, Frères mineurs, Frères Guillemins, moines blancs, moines noirs, chaussés et deschanx, avec ou sans chemise, dont les uns assiègent les mourants, pour leur arracher des testaments, et les autres s’en vont criant par les rues : Donnez, pour Dieu, du pain aux frères ! […] Pour dire son triste mariage, le manque d’argent, le froid, la faim, les amis « que le vent emporte, et il ventait devant ma porte », il a des mots pénétrants, de mélancoliques ironies qui vont au cœur.
Le précieux, tempéré par la crainte du ridicule, le précieux mitigé se personnifie, aux deux époques, en deux hommes d’esprit dupes et intéressés tout ensemble, complaisants de la mode sans se brouiller tout à fait avec le bon sens, et, par un mélange de petites qualités et de travers prudents, sachant se faire des amis utiles et n’avoir que de tièdes ennemis ; tous deux enfin morts comme écrivains, encore vivants comme types, le père Bouhours et l’abbé Trublet. […] Aussi, ni Boileau ni Bossuet qu’il avait loués et qui le traitent en ami, ne s’y sont-ils trompés. […] Bossuet, dans quelques lignes sur la mort de Bouhours, relève « certaines expressions affectées et de mode, dont il s’est servi dans sa traduction de l’Évangile, et les déclare indignes, non seulement de l’Évangile, mais encore de tout ouvrage sérieux. » C’est la seule oraison funèbre que Bouhours obtienne de son ami.
Je ne suis pas deux jours de suite dans la même situation. » La lettre finit par des plaintes sur l’assujettissement, sur l’esclavage où elle est tenue, sur les obstacles qui s’opposent à ce qu’elle fasse rien pour ses parents et ses amis. […] Mes amis, vous savez quels amis, s’en sont déjà aperçus et m’ont fait des compliments sur ma disgrâce. » Cette apparence de disgrâce s’explique aisément.
Les gérants, à cent sous la signature, se succèdent : le premier, Pouthier, un peintre bohème, ami de collège d’Edmond, est remplacé par un nommé Cahu, un être aussi fantastique que son nom, et qui est libraire philologique dans le quartier de la Sorbonne et membre de l’Académie d’Avranches ; et Cahu cède la place à un ancien militaire, auquel un tic nerveux fait à tout moment regarder la place de ses épaulettes et cracher par-dessus ses deux épaules. […] Dans ce voyage où Gavarni était obligé de veiller à la propreté de son compagnon, un jour il ne pouvait s’empêcher de lui dire : — « Ah çà, Balzac, pourquoi n’avez-vous pas un ami… oui, un de ces bourgeois bêtes et affectueux, comme on en trouve… qui vous laverait les mains, mettrait votre cravate, enfin qui prendrait de vous le soin que vous n’avez pas le temps… » — « Oh ! s’écria Balzac, un ami comme ça, je le ferai passer à la postérité !
« O mon ami, viens, viens et nage vers moi ! […] Adieu, ô mes père et mère, adieu tous mes amis, je m’en vais au ciel. » Une telle ballade ne provient ni des latins, ni des grecs, ni des poètes d’académie, ni d’aucune littérature écrite ; l’art en est très spécial, si spécial que nul poète, même un poète allemand, n’en pourrait faire un pastiche acceptable . […] L’hiatus n’est jamais évité ; très souvent des liaisons inattendues le suppriment : Mon bon ami de cœur S’en va-t-aller en guerre… Le rejet est inconnu : la répétition le remplace, soit formée d’un mot, soit d’un vers entier : Beau pommier, beau pommier Aussi chargé de fleurs.
Ouvrez au contraire le livre ami, celui avec qui vous avez pris l’habitude de causer comme avec une personne, vous y découvrirez entre toutes les pensées des rapports harmonieux, qui les feront se compléter l’une par l’autre ; le sens de chaque ligne s’élargira pour vous. C’est que l’affection éclaire ; le livre ami est comme un œil ouvert que la mort même ne ferme pas, et où se fait toujours visible en un rayon de lumière la pensée la plus profonde d’un être humain. […] C’est, en bien des cas, un de ces « philanthropes » qui n’ont pas d’ami, un de ces « humanitaires » qui n’ont pas de patrie.
Un jour de 1849 (il avait alors vingt-trois ou vingt-quatre ans), Rodolphe Bresdin sortait de Paris par la barrière Saint-Jacques, fuyant la Bohême, dont il n’a gardé que de mauvais souvenirs — et pas un ami. […] Vainement ses rares amis s’évertuent à lui répéter qu’il peut demander à vivre, sans cesser d’être honorable ; rien n’y fait. […] D’abord, je ne passe pas auprès de mes amis pour un sacripant ; et puis… quand même je mériterais la corde, je ne me crois pas davantage exposé à la mésaventure du journaliste toulousain : où Rodolphe trouverait-il les quatre-vingts francs indispensables pour faire, avec son lapin, les deux cent-cinquante lieues qui séparent Toulouse de Paris ?
Ses amis et sa femme en surveillèrent quarante ans la fragilité. Ses amis, c’étaient Chateaubriand, qui n’a rien dit de son ami qu’après sa mort, l’excellent, homme !
Mais ses amis qui le publient aujourd’hui n’ont pas tort pourtant de le publier. […] Il n’est pas en mon pouvoir d’empêcher mes adversaires de le prononcer, mais je suis résolu à empêcher mes amis de le faire, et c’est le but de cette lettre. » Et lorsqu’il écrit cela, il est très vrai. […] Louis Veuillot qui, comme il nous l’apprend, fut l’ami du marquis de Valdegamas.
C’est par les qualités, jusqu’ici les moins soupçonnées, que ces poésies frapperont les esprits amis ou familiers du talent de l’auteur et qui croyaient bien le connaître. […] ……………………………………………… Ma vie a deux parts, amis, dans mes œuvres : Son printemps, doux nids de fleurs et d’oiseaux, Odorant jardin exempt de couleuvres, Luth caché dans l’ombre au sein des roseaux. […] Un homme de race germanique a morfondu un rare génie dans ce qui aurait dévoré la supériorité de Goethe lui-même, c’est Bysshe Shelley, l’ami de Byron, le gendre de Godwin, l’auteur d’Alastor, et il est enseveli sous son œuvre comme un philosophe allemand sous son système.
Il avait un ami qu’il aimait tendrement, il lui fait élever une statue, et grave au bas une imprécation contre ceux qui abattraient la statue de son ami. […] On remarque que Trajan fut l’ami de Plutarque, de Tacite, de Pline et de Dion : cela devait être ; on ne hait que ceux dont on redoute le mépris ; et Trajan n’avait à rougir aux yeux ni de la raison, ni de la vertu.
Ses amis lui ont entendu faire à ce propos les plus extraordinaires professions de foi : « L’histoire, l’aventure d’un roman, ça m’est bien égal. […] L’auteur reçoit les félicitations de quelques amis : mais, eux exceptés, nul dans le public ne paraît avoir le soupçon qu’un nouveau maître vient de se révéler à la France. […] Ses écrits ses professions de foi littéraires, le témoignage de ses amis semblent l’affirmer à l’unanimité. […] Quand il reprend le vieux thème des amours du poète avec la Muse, et quand il félicite son ami, M. […] Mais qu’une occasion se présente de visiter les contrées orientales avec son ami M.
Il était plus un ami qu’un éditeur. […] Chaque fois que quelqu’un de ses jeunes amis se mariait, elle était désespérée. […] Elle n’a été un monstre que dans l’imagination ampoulée des poètes amis d’Auguste. […] Jean Moréas et ses amis prennent en outre avec la rime quelques libertés qu’on peut aussi défendre. […] Tel il apparaissait lui-même à ses amis.
Feuillet de Conches, son ami, la maison de son père, où il naquit, est en dehors du village sur le chemin qui conduit au Locle. […] Il entra comme élève dessinateur et graveur chez les Girardet du Locle, voisins et amis de l’horloger de la Chaux-de-Fonds. […] Plus pieux que Léon X, mais aussi fervent qu’un Médicis pour l’illustration de sa capitale par les arts, il laissait administrer sous lui son ministre et son ami, le cardinal Consalvi, d’aimable mémoire. […] C’était une évocation perpétuelle de l’ombre de madame de Staël dans le cœur des amis qui lui survivaient. […] Il ne peut concevoir cette sibylle de salon, drapée par la marchande de modes et donnant rendez-vous à ses amis sur un écueil lavé par l’écume, pour écouter une déclamation à froid, puisée dans des rhétoriques de demoiselles.
Il nous montre une tête de La Tour achetée, un sou, à un étalage par terre, et nous parle avec désespoir d’une esquisse de Watteau, donnée de la main à la main, à l’ami Saint pour lui faire plaisir, vendue depuis, 25 000 francs en Angleterre. […] Il reste jusqu’au dîner, feuilletant nos cartons, regardant nos dessins, et entremêlant son inspection de causeries sur Gavarni, dont il parle comme d’un ami qu’il n’aimerait pas, appuyant sur sa dureté avec ses anciennes maîtresses, et laissant percer le dépit jaloux, qu’il éprouve à les voir encore attachées au souvenir de cet homme. […] Un misérable qui prenait tout ce qu’il savait de vous, pour le mettre dans les gazettes… qui a déchiré tous ses amis. — Pardon, lui dit tranquillement Gautier, moi j’ai été son ami intime, et j’ai toujours eu à m’en louer. […] En passant dans la rue, elle a hélé une de ses amies, assise à une fenêtre du rez-de-chaussée, et lui a demandé une épingle, en disant, tout bas : « C’est gênant de montrer sa peau dans la rue !
… Tenez j’aurais voulu que vous fussiez mort, l’année dernière, vous m’auriez laissé au moins la mémoire et le souvenir d’un ami ! […] Au fond, il est pris d’une inquiétude jalouse de l’acceptation de l’œuvre par le public présent ou futur, et alors il mêle les coups de boutoir aux reproches aigus, et sort de ses habitudes de politesse… Puis tout à coup, dans ses paroles, nous sentons percer la visite d’un ami qui ne nous aime pas. […] Il meurt d’une maladie de cœur, et son ami prétend, à l’encontre du jugement de tous, que cette maladie vient de la sensibilité rentrée de l’écrivain, qui était très tendre, sous le masque de l’égoïsme et du cynisme. […] Il nous répondait dans une lettre, où il remplaçait le chers amis par chers messieurs, lettre entortillée, et où il semblait dire, à mots couverts, que sa position actuelle vis-à-vis de la princesse, l’empêchait de faire les articles promis. […] Je dois déclarer, qu’une fois la juste colère de la princesse, dépensée dans deux ou trois sorties de ce genre avec nous et d’autres amis, la princesse oublia ses griefs contre l’ancien familier de sa maison, et ne se rappela que le charme de sa causerie, de son esprit, de sa sociabilité, et redevenue tout à fait amie de sa mémoire, quand il fut mort, défendit chaleureusement cette mémoire contre tous, contre moi-même.
Quatre fois par semaine, j’ai mes jours de courrier : le lundi, en Savoie ; le mercredi, à Modène ; le jeudi et le dimanche j’écris de très longues lettres à ma tante à Hanovre ; de six à huit heures, je me promène en voiture avec Monsieur et avec nos dames ; trois fois par semaine, je vais à Paris, et tous les jours j’écris à mes amies qui y demeurent ; je chasse une ou deux fois par semaine ; c’est ainsi que je passe mon temps. […] Elle eut du regret d’être obligée de renvoyer ses filles d’honneur, dont la jeunesse et la gaieté la divertissaient ; elle se donna un dédommagement selon son cœur en prenant près d’elle et en s’attachant sans titre officiel deux amies, la maréchale de Clérambault et la comtesse de Beuvron, toutes deux veuves, que Monsieur avait éloignées avec aversion de la cour du Palais-Royal, et auxquelles Madame était restée fidèle dans l’absence ; c’étaient ces amies de Paris à qui elle écrivait continuellement. […] Madame, âgée de soixante-dix ans, mourut à Saint-Cloud, le 8 décembre 1722, dix jours après sa fidèle amie la maréchale de Clérambault, et un an seulement avant son fils.
Il la perdit après peu d’années de mariage, et tomba dans un abattement et un désespoir qu’il crut éternel ; on lui doit cette justice qu’il fit tout son effort pour conserver et consacrer cette disposition d’âme, et il eût volontiers écrit alors à M. de Tréville, ou à tel autre de ses amis avancé dans la pénitence, cette belle parole qui résume toute la piété d’un deuil vertueux : « Priez Dieu d’accroître mon courage et de me laisser ma douleur. » On a dans plusieurs lettres de lui, et dans des réflexions écrites en ce temps-là, l’expression très naturelle et très vive de ses sentiments ; il s’écriait : Dieu a rompu la seule chaîne qui m’attachait au monde ; je n’ai plus rien à y faire qu’à mourir ; je regarde la mort comme un moment heureux… Que je me trouve jeune ! […] Ce renoncement suprême en vue de Marianne ne lui paraissait pas même mériter le nom de sacrifice : « Je ne sens que de la joie, disait-il, en songeant que je vais, en attendant la mort, mener une vie plus triste qu’elle, et j’aime si fort ma douleur qu’il me semble que c’est encore un moindre malheur de la souffrir que de la perdre ; si ma chère Marianne la peut voir, elle lui fait plaisir. » Il haïssait les biens, les grandeurs, tout ce qu’il ne pouvait plus partager ; il n’aimait que cette douleur, la seule chose qui lui restât de son amie ; il en parlait, d’ailleurs, comme d’une peine poignante, qui le tenait cruellement éveillé durant les nuits et qui prolongeait ses insomnies jusqu’au matin, où il ne s’assoupissait qu’à la fin et par excès de fatigue : « Mais j’ai beau faire, je ne saurais perdre de vue l’objet de mon tourment. […] Dès l’abord, M. de Tréville, cet homme d’esprit, cet ancien ami de Madame Henriette d’Angleterre, devenu l’un des amis de Port-Royal, ce pénitent sincère, mais qui avait lui-même ses variations, avait averti Lassay en essayant de le consoler ; et ce dernier lui répondait : Je sais que vous me faites l’honneur de me dire que le temps adoucit les douleurs les plus vives ; mais les grandes afflictions font le même effet sur l’âme que les grandes maladies font sur le corps : quoique l’on en guérisse, le tempérament est attaqué ; on vit, mais on ne jouit plus d’une santé parfaite : il en est de même de l’âme, elle ne peut plus jamais sentir une joie pure.
Plus tard, dans ses loisirs occupés sous la Restauration, il fera de même : indépendamment de ses grands travaux d’histoire, de ses devoirs comme pair de France, de son assiduité aux commissions et aux sociétés dont il était membre, des rapports et discours académiques qu’on aimait à lui voir faire et dont il s’acquittait volontiers, il trouvait encore moyen de se donner des tâches surérogatoires : il écrivait en détail des remarques, des cahiers d’observations sur les ouvrages que des amis lui soumettaient ; il y a telle tragédie qu’il examinait plume en main, acte par acte, scène par scène, comme il eût fait aux premiers temps de sa jeunesse dans sa petite académie de Montpellier. […] C’est alors qu’il écrivait à l’un de ses amis : « On ne nous prendra peut-être pas tout, on nous laissera peut-être bien quelque chose. […] Il n’en était plus à ce moment où, son ami le noble général Drouot quittant l’armée de la Loire et prenant congé de lui pour venir se constituer prisonnier à Paris, il lui offrait de l’accompagner et de le défendre devant le conseil de guerre : ce que Drouot refusait délicatement, mais dont il garda toujours le souvenir. […] Un poème de l’ordre didactique le plus élevé, L’Astronomie, occupa ses derniers loisirs104 : il l’entreprit sur le conseil même de l’illustre Laplace, et s’appliqua à confier au rythme ami de la mémoire les principales vérités de la mécanique céleste, et même l’histoire de la science et des divers systèmes en vogue avant que l’explication newtonienne eût fixé le centre du monde.
Montaigne se présente volontiers à nous, donnant la main à son ami Étienne de La Boétie, suivi de sa fille d’alliance Mlle de Gournay, et accompagné de son second et disciple Charron. […] En cette même année 1588, si enflammée pour tous, et où il paraît qu’il avait lui-même sa fièvre et ses ardeurs, il fut près d’entrer dans la Ligue, comme il en convint quelques mois après, en écrivant à un docteur de Sorbonne de ses amis : Un temps a été, disait-il, que je marchandais d’être de la Ligue et y ai mis un pied dedans : car, en vérité je n’en fus jamais du tout, ni résolûment ; voire leurs actions m’ont outrément offensé. […] Charron ne s’en tint pas aux armes de noblesse, il prit la devise morale de son maître et de son ami ; et dans la maison qu’il fit bâtir à Condom, l’an 1600, il fit graver ces mots : « Je ne sais. » Montaigne disait : « Que sais-je ? […] Mais en ce cas Charron n’aurait guère profité du commerce de son sage ami, puisqu’il était resté jusqu’en 1589 un prédicateur plein de passion.
Il doit cependant au commerce de son maître et ami, et à son propre sens, bien de bonnes pensées qu’il exprime heureusement : dès le début de son second livre, où il en vient à exposer les instructions et règles générales de sagesse, il remarque combien, telle qu’il l’entend et qu’il la conçoit, elle est chose rare dans le monde, et il le dit avec bien de la vivacité (je suppose que l’expression dans ce qui suit est de lui et non de Montaigne, car je n’ai pas tout vérifié, et l’on a toujours à prendre garde, quand on loue Charron, d’avoir affaire à Montaigne lui-même) : Chacun, dit-il donc, se sent de l’air qu’il haleine et où il vit, suit le train de vivre suivi de tous : comment voulez-vous qu’il s’en avise d’un autre ? […] Mais l’humanité va, incessamment, apprenant et oubliant tour à tour : et vous avez vu que l’éloquence aussi et le souffle n’avaient pas manqué dans le conseil donné par un philosophe et un sage gaulois parlant en grec à un Romain de ses amis, par Favorin, né à Arles, l’une des lumières du siècle des Antonins. […] Ce témoignage moins connu que d’autres a cela de particulier qu’il porte précisément sur le charme de la manière de Montaigne, en ce qu’elle a de plus opposé à la méthode de Charron : « Dans mon innocente et fortunée solitude, écrivait Jean de Muller (1784-1785), je travaille dix ou onze heures par jour à mon livre (sa grande histoire helvétique) ; vient ensuite une heure donnée à la correspondance, le reste à la société ; ma société du matin, c’est Moïse ou Paul, celle du soir Cicéron, Métastase et Montaigne ; parfois, quand l’horizon se trouble, vient un certain ami bien cher qui ne me quitte guère, nommé Horace ; il me dit : « Deme supercilio nubem… » Et à son frère, dans une lettre du 4 décembre 1788 : « Je te conseille de composer souvent ; cela est indispensable à un esprit comme le tien ; écris tes pensées sur les choses, les livres, les hommes ; qu’il sorte de là une collection à la Montaigne. Ne t’inquiète de rien que de la vérité ; que ce ne soit pas un système dont le poids et les chaînes accablent l’esprit, mais des enfants de l’amour nés dans des heures pastorales, pour toi, pour nous, pour tes amis, pour le monde. » Et encore : « Après cela, précisément dans l’intérêt de ma santé, je relis le sage Montaigne, comme on prend un calmant ; il est si serein, si spirituel, si conlent !
Quand nous voyons dans la série des lettres missives de Henri IV son voyage en Limousin, dans l’automne de 1605, pour y étouffer quelque rébellion, sa lettre écrite de Bellac au landgrave de Hesse, où il se plaint des menées du duc de Bouillon, ce chef astucieux d’une intrigante famille laquelle a eu grand besoin de Turenne pour se faire pardonner de la France tous ses méfaitsq ; quand on lit ces pièces instructives, on n’a pas encore l’impression soudaine que faisait éprouver aux hommes de sens et aux amis de leur pays le réveil de ces remuements funestes, chers à quelques ambitieux mécontents ; et c’est ce que Malherbe, si sensé quoique poète69, a rendu dans une strophe admirable de son ode, ou plutôt de sa prière à Dieu pour le roi allant en Limousin : Un malheur inconnu glisse parmi les hommes, Qui les rend ennemis du repos où nous sommes : La plupart de leurs vœux tendent au changement ; Et comme s’ils vivaient des misères publiques, Pour les renouveler ils font tant de pratiques, Que qui n’a point de peur, n’a point de jugement. […] Il est fort heureux qu’il ait lu Plutarque dans son enfance et par les soins de sa mère, car il ne l’aurait sans doute pas lu plus tard ; il n’en aurait eu ni le temps ni la patience, et nous n’aurions pas cette charmante lettre, la plus jolie de celles qu’il adresse à Marie de Médicis, et qui est des premiers temps de son mariage (3 septembre 1601) : M’amie, j’attendais d’heure à heure votre lettre ; je l’ai baisée en la lisant. […] Et aux capitaines et soldats, touchant d’abord cette même corde de l’intérêt et du profit dans l’honneur, il disait : Mes amis, voici une curée qui se présente bien autre que vos butins passés : c’est un nouveau marié qui a encore l’argent de son mariage en ses coffres ; toute l’élite des courtisans est avec lui. […] Votre plus assuré ami, Henri.
Amis de l’ancien régime et partisans du droit divin, qui en étiez venus, en désespoir de cause, à préconiser le suffrage universel ; à qui (j’aime à le croire) la conviction était née à la longue, à force de vous répéter, et qui vous montrez encore tout prêts, dites-vous, mais moyennant, j’imagine, certaine condition secrète, à embrasser presque toutes les modernes libertés ; — partisans fermes et convaincus de la démocratie et des principes républicains, polémistes serrés et ardents, logiciens retors et inflexibles, qui, à l’extrémité de votre aile droite, trouvez moyen cependant de donner la main parfois à quelques-uns des champions les plus aigris de la légitimité ; — amis du régime parlementaire pur, et qui le tenez fort sincèrement, nonobstant tous encombres, pour l’instrument le plus sûr, le plus propre à garantir la stabilité et à procurer l’avancement graduel de la société ; — partisans de la liberté franche et entière, qui ne vous dissimulez aucun des périls, aucune des chances auxquelles elle peut conduire, mais qui virilement préférez l’orage même à la stagnation, la lutte à la possession, et qui, en vertu d’une philosophie méditée de longue main dans sa hardiesse, croyez en tout au triomphe du mieux dans l’humanité ; — amis ordinaires et moins élevés du bon sens et des opinions régnantes dans les classes laborieuses et industrielles du jour, et qui continuez avec vivacité, clarté, souvent avec esprit, les traditions d’un libéralisme, « nullement méprisable, quoique en apparence un peu vulgaire ; — beaux messieurs, écrivains de tour élégant, de parole harmonieuse et un peu vague, dont la prétention est d’embrasser de haut et d’unir dans un souple nœud bien des choses qui, pour être saisies, demanderaient pourtant à être serrées d’un peu plus près ; qui représentez bien plus un ton et une couleur de société, des influences et des opinions comme il faut, qu’un principe ; — vous tous, et j’en omets encore, et nous-mêmes, défenseurs dévoués d’un gouvernement que nous aimons et qui, déjà bon en soi et assez glorieux dans ses résultats, nous paraît compatible avec les perfectionnements désirables ; — nous tous donc, tous tant que nous sommes, il y a, nous pouvons le reconnaître, une place qui resterait encore vide entre nous et qui appellerait, un occupant, si M. […] La question sociale et l’humanitarisme ne lui font pas oublier la patrie ; il a parmi ses proches amis et rédacteurs un reste vivant de ces patriotes de 1815, animés d’un vieux souffle ardent, et qui, tout républicains qu’ils étaient de cœur, se sont ralliés au Napoléon des Cent-Jours, défendant le sol français21.
La consternation était générale et profonde ; aucun parent, aucun ami n’avait eu le courage d’assister les victimes. […] Michaud dans un coin, lui parle longuement à l’oreille, et puis sort : il se ravise et rentre un moment après, en lui disant, le doigt sur les lèvres : « Au moins je vous recommande bien le secret, mon cher ami. » — « Soyez tranquille, répondit Michaud, je cacherai ce secret-là dans les Œuvres complètes de Lacretelle. » Il faisait ainsi d’une pierre deux coups et se moquait de deux amis diversement ridicules. — Une autre fois encore, rencontrant M. de Marcellus : « Eh bien, lui dit-il, vous devez être content de la Quotidienne, il y a de l’esprit. » — « Oui, répond le benoit Marcellus en faisant la grimace, mais voyez-vous, mon cher ami, il y a toujours quelque chose de satanique dans l’esprit. » Michaud racontait cela sans avoir l’air d’y toucher et en se moquant. — Puisque j’y suis, j’achève de rassembler les traits qui le peignent.
Ainsi l’on a, à l’origine, les Constituants, et, sans tenir compte des nuances, je comprends sous ce nom tous ceux qui ont voulu sincèrement, à un certain jour, l’alliance de la royauté et de la liberté : Malouet tout le premier et ses amis, beaucoup de leurs adversaires au début, adversaires déclarés en apparence et qui ne l’étaient au fond qu’à demi, depuis Mirabeau lui-même jusqu’au Barnave de la fin. — Sont venus ensuite les Girondins, et j’appelle ainsi tous les hommes du second moment, ceux d’après la fuite de Varennes, la plupart provinciaux, s’échauffant et s’enflammant à mEsure que les premiers se refroidissaient, et qui sont entrés dans l’arène politique avec des pensées républicaines honnêtes, avec la conviction arrêtée de l’incompatibilité de Louis xvi et de la Révolution, apportant d’ailleurs dans la discussion et la conduite des affaires plus d’ardeur et de générosité ou d’utopie que de réflexion et de prudence, depuis Brissot, Roland et sa noble femme, jusqu’à Condorcet. — Puis les Montagnards : ceux-ci violents, exaspérés, partant d’un principe extrême, s’inspirant d’une passion outrée, mais bon nombre également sincères, patriotes, d’une intégrité exemplaire, ne songeant dans l’établissement de leur terrible dictature temporaire qu’à la défense du territoire et au salut de la Révolution : Carnot, Cambon, Robert Lindet, Jean-Bon Saint-André, d’autres moins en vue comme Levasseur, Baudot… Pour les juger avec équité, il faut faire la part du feu, la part de la fièvre, et sacrifier sans doute beaucoup des idées applicables aux temps ordinaires ; mais, historiquement, à leur égard, ce n’est que justice. — Puis, la Terreur passée, il y a eu les hommes fermes, modérés, honorables, qui ont essayé de fonder l’ordre et le régime républicain en dépit des réactions, les hommes de l’an iii, Thibaudeau, Daunou, La Revellière-Lépeaux… — Je compterai ensuite une autre génération d’hommes politiques, ceux de 1797, de la veille de Fructidor, très honnêtes gens d’intention, un peu prématurés d’action et d’initiative, qui voulaient bien peut-être du régime légalement institué, mais qui le voulaient avec une justice de plus en plus étendue et sans les lois d’exception : les Barbé-Marbois, les Portalis, les Camille Jordan. — Enfin il y eut, à la dernière heure du Directoire, les hommes qui en étaient las avec toute la France, qui avaient soif d’en sortir et qui entrèrent avec patriotisme dans la pensée et l’accomplissement du 18 brumaire : Rœderer, Volney, Cabanis… Je crois que je n’ai rien omis, que tous les moments essentiels de la Révolution sont représentés, et que chacun de ces principaux courants d’opinion vient, en effet, livrer à son tour au jugement de l’histoire des chefs de file en renom, des hommes sui generis qui ont le droit d’être jugés selon leurs convictions, selon leur formule, et eu égard aux graves et périlleuses circonstances où ils intervinrent. […] Malouet, qui passe pour un des politiques français les plus amis de la Constitution anglaise, différait donc profondément des Anglais à l’origine et par l’éducation même. […] La paix de 1763 ayant fait cesser le prétexte du traitement dont jouissait Malouet, ses amis lui firent obtenir une autre manière non pas de sinécure, mais de place superflue ou parasite de création nouvelle, celle d’inspecteur des embarquements pour les colonies. […] Et, par exemple, il n’était pas pour l’affranchissement des noirs, à l’exemple des philosophes, et en même temps il demandait assez d’adoucissements à cet odieux état de l’esclavage pour paraître aux yeux des colons un ami des noirs, un négrophile : il ne contentait personne.
Le volume actuel est précédé d’une lettre-préface, dans laquelle le poëte, écrivant familièrement à l’un de ses amis, lui explique sa manière de travailler durant les courtes heures des rares saisons qu’il accorde désormais à la poésie. […] Il accorde tant à l’humanité en général et à je ne sais quelle apothéose de l’espèce ; dans le particulier, il a l’air de croire si aisément à l’esprit horatien de ses amis, qu’il pourrait croire par là-dessus à l’immortalité des beaux vers. […] Le public ami du poëte en a souffert amèrement. […] Guillemardet, … Jeune ami dont la lèvre, Que le fiel a touché, de sourire se sêvre, ce vers me choque encore moins par la faute grammaticale du premier hémistiche que par le rauque et le contourné du second.
Le départ du mauvais s’est fait de lui-même : les excès se sont tirés sur chaque ligne et jusqu’à leurs dernières et révoltantes conséquences : l’industrialisme, la cupidité, l’orgueil, ont atteint d’extravagantes limites qui font un camp à part et bien large à tous les esprits modérés, revenus des aventures, amis des justes et bienfaisantes lumières. […] s’adresse encore plus particulièrement dans notre pensée à ces anciens amis qui, longtemps groupés au Globe, ne se sont plus retrouvés depuis en littérature, ou ne s’y sont rencontrés qu’un peu au hasard et pour se montrer la brèche déserte, pour regretter les lacunes des absents. […] Et certes, un sentiment moral et patriotique, ami des lettres, ami du pays qui a été si offensé dans cette chère portion de lui-même, est bien fait aussi pour devenir une inspiration à l’égal de quelque conviction plus jeune et plus absolue.
Il publia, en 1654, une traduction en vers de l’Eunuque de Térence ; et l’un des parents de sa femme, Jannart, ami et substitut de Fouquet, emmena le poëte à Paris pour le présenter au surintendant. […] Un célèbre poëte de nos jours, qu’on a souvent comparé à La Fontaine pour sa bonhomie aiguisée de malice, et qui a, comme lui, la gloire d’être créateur inimitable dans un genre qu’on croyait usé, le même poëte populaire qui, dans ce moment d’émotion politique, est rendu, après une trop longue captivité, a ses amis et à la France, Béranger, n’a commencé aussi que vers quarante ans à concevoir et à composer ses immortelles chansons. […] Ami de la retraite, de la solitude, et peintre des champs, La Fontaine a encore sur ses devanciers du xvie siècle l’avantage d’avoir donné à ses tableaux des couleurs fidèles qui sentent, pour ainsi dire, le pays et le terroir. […] Maucroix, Racine et ses vrais amis s’affligeaient de ces déréglements sans excuse ; l’austère Boileau avait cessé de le voir.
Quand il écrivait ses mémoires dans sa retraite, il les adressait à un de ses amis, archevêque de Vienne, et il a l’air d’espérer que cet ami, ancien aumônier de Louis XI, et, de plus, savant médecin et astrologue, ne les lui a demandés que pour les mettre ensuite en latin et en composer quelque œuvre considérable. […] Il étoit naturellement ami des gens de moyen état et ennemi de tous grands qui se pouvoient passer de lui. […] Il la prise peu dans sa gloire, il la déteste dans son tous les jours ; il a en horreur les avanies, habituelles aux gens de guerre d’alors, même en pays ami, et il comprend déjà les intérêts positifs modernes en digne serviteur de son prudent maître.
Après les journées des 2 et 3 septembre, un de ses compatriotes, sauvé du massacre de l’Abbaye par un des massacreurs, crut devoir inviter à dîner ce sauveur tout étonné de l’être ; et Droz, que son ami avait appelé à son aide pour faire les honneurs du repas, dîna entre deux septembriseurs, dont l’un n’avait pas encore quitté son sabre. […] Ainsi, en attendant le signal de s’entrégorger, les gardes vivaient en paix, et faisaient des échanges semblables à ceux que font entre elles des peuplades amies. […] Droz a été surtout séduit par le côté riant, familier, humain et affectueux de l’auteur des Essais ; il a reconnu en lui sinon un excellent instituteur, du moins un bon ami ; il a fait avec Montaigne comme tout à l’heure avec Cabanis ; il s’est mis en communication avec lui par la qualité sympathique qui unissait leurs deux natures. […] Droz d’exposer, dans un récit fidèle et lumineux, la marche des événements et d’apprécier exactement les hommes : Il avait d’abord eu le dessein de terminer son travail au moment où le projet de Constitution, présenté par Mounier et ses amis, est rejeté, et où les principaux membres de ce parti abdiquent et se retirent (20 septembre 1789).
Un parent de Mme de La Fontaine, Jannart, qui était substitut de Fouquet dans la charge de procureur général au parlement de Paris, eut occasion de recommander le poète à ce surintendant spirituel et ami généreux des lettres. […] Ses Deux Amis sont le chef-d’œuvre en ce genre ; mais, toutes les autres fois qu’il a eu à parler de l’amitié, son cœur s’entrouvre, son observation railleuse expire ; il a des mots sentis, des accents ou tendres ou généreux, comme lorsqu’il célèbre dans une de ses dernières fables, en Mme Harvey, Une noblesse d’âme, un talent pour conduire Et les affaires et les gens, Une humeur franche et libre, et le don d’être amie Malgré Jupiter même et les temps orageux. […] Il mourut le 13 avril 1695, à l’âge de près de soixante-quatorze ans, dans l’hôtel de son ami M. d’Hervart, et assisté des soins pieux de Racine.
Beaucoup moins riche que son ami, il fut obligé longtemps de donner des leçons pour vivre. […] Il a acheté deux fauteuils et un tapis pour recevoir son ami ; quant à lui, il ne voit pas les choses extérieures, et se trouverait bien dans un mobilier d’étudiant. […] Il accorda les deux points que son ami avait expliqués : ramener les mots aux faits qui les suscitent et multiplier les faits. […] Au même instant cet esprit se relève ; il oublie sa mortalité et sa petitesse ; il jouit par sympathie de cette infinité qu’il pense, et participe à sa grandeur. » Il était tard ; mes deux amis me renvoyèrent, et j’allai dormir.
Vous me vîntes aussi à la mémoire, vous, mes amis de vingt ans, compagnons de mes premiers essais dans la vie. […] Me dites-vous encore adieu, ou me saluez-vous comme un ami au retour ? […] Saute, ami Ephrem, saute, alerte pie, avant qu’on ne t’ait arraché la queue. » Et, poussant un sifflement aigu, il disparut dans les broussailles. […] Il est ami et parent de la maison ; c’est Lavretzky. […] « Bonjour, bonjour, mon ami, dit Lavretzky.
) Son rédacteur et ami, empoigné. […] Voilà ses amis en campagne. […] Fiorentino, — d’accord sur tous les points avec mon ami Adolphe Adam, — trouve que la scène de la conjuration au bal est manquée tout à fait. […] Desnoyers est l’ami de M. de Fiennes, ce qui donne la clé de cette substitution. […] About était modeste, — heureusement, ses amis assurent qu’il ne l’est pas !
Quelques amis conseillèrent à l’avocat de dater, dans sa déclaration, la naissance de son fils du 1er janvier. […] Puisse-t-elle faire sentir à vos lecteurs de quelle vénération il convient d’entourer le souvenir du grand écrivain dont je m’honore d’avoir été l’élève et l’ami ! […] Leurs fantômes s’encadrent pathétiquement dans ce décor, l’un dont le cadavre devait être brûlé par son ami sur une place toute voisine après sa fin tragique dans les flots, l’autre, cet ami, réservé à la mort dans ce Missolonghi que son yacht eût rencontré en suivant longtemps la côte. […] Vraiment, les mots que j’ai entendu mon cher ami Henry James prononcer souvent : « l’inépuisable Italie » sont très exacts. […] Le voilà dans le voisinage de cette allée des philosophes où il aimait à cheminer avec ses amis.
Esquier, notre ami à tous deux, amortit les chocs. […] Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas. […] passe vite, ami, ne pèse point sur elle. […] Rousseau l’aurait avoué lui-même dans ses Confessions, d’où l’épisode aurait été retranché par ses amis. […] Les amis de Socrate seront désormais mes seuls amis. » Cette parole passa comme une gelée sur un champ de fleurs.
Cependant, lorsqu’un des amis de Ronsard, Remi Belleau, essaya de traduire Anacréon d’un bout à l’autre, il ne fut guère plus heureux que ne l’ont été, depuis, ses nombreux successeurs. […] Ronsard prétendait que son ami était trop sobre pour se mesurer avec l’ivrogne de Téos.
C’est la perpétuelle revanche des grands idéalistes, ignorés de la foule — et de plus d’un de leurs amis — qu’en réalité ils habitent un autre monde, un monde créé par eux-mêmes, simplement évoqué par de simples paroles, car « tout verbe, dans le cercle de son action, crée ce qu’il exprime ». Grâce à ce sortilège, Villiers dompta les mauvaises aventures où d’autres auraient sombré, et il lui fut accordé d’écrire ces drames et ces contes, ces ironies et ces lyrismes par lesquels il demeure pour nous, amis de la première ou de la dernière heure, le maître inoubliable et absolu.
Dès l’âge le plus tendre, j’y passais mes vacances d’écolier, chez le brave Morineau, chef des gardes, ami de mon père, dans son logement de Trianon-sous-bois. […] Il se fit arracher plusieurs dents, visita les “maisons”, tenta d’y emmener des amis très jeunes, goûta le vice et y trouva des charmes.
Cependant Monsieur Despreaux avoüoit que très-souvent il étoit arrivé que les jugemens qu’ils portoient après une discussion methodique son ami et lui, sur les divers succès que devoient avoir differentes scénes des tragédies de cet ami, avoient été démentis par l’évenement, et qu’ils avoient même reconnu toujours après l’expérience, que le public avoit eu raison de juger autrement qu’eux.
Il avait retrouvé une amie sincère, véritable et tendre, dans une personne bien plus jeune que lui, dans Mme de Bouzols, fille de M. […] Après des années d’un fidèle attachement, il eut encore la douleur de la perdre, et, à soixante-douze ans, il put se dire une dernière fois avec amertume : Je n’ai plus personne qui m’aime par préférence à tout ce qu’il y a dans le monde et que j’aime de même, à qui je puisse dire tout ce que je pense et les jugements que je fais des personnes et des choses qui se présentent à mes yeux et à mon esprit ; je perds une amie avec qui je passais ma vie. […] Le fondateur et législateur de ce nouveau royaume de Salente n’est autre que l’antique et doux Lélius, l’ami de Scipion, ou plutôt Lassay, qui avait toujours son arrière-pensée d’être roi, s’est fait là un royaume comme pour lui, et s’est donné le plaisir de régner tout à son aise sans trop gouverner. […] Mignet, en compagnie de son ami Thiers, était allé entendre à la Sorbonne le cours d’un des plus illustres professeurs d’alors (Villemain), et, en sortant, au milieu de tous les éloges que lui paraissait mériter une si belle littérature, il ajoutait : « C’est singulier ! […] — Gourville allait plus loin que Lassay lorsqu’il disait dans sa fuite et son exil : « Garantissez-moi de mes amis, je saurai bien me défendre de mes ennemis. » 55.
Les deux amis visaient à la capitale, et ils s’étaient dit que le premier qui y mettrait le pied tirerait à lui l’autre. […] Cette opinion chez eux, non pas de pur instinct et de passion comme chez plusieurs, mais très-raisonnée, très-suivie76 et beaucoup plus arrêtée que chez leurs jeunes amis libéraux du monde, donna du premier jour à leur attaque toute sa portée et imprima à l’ensemble de leur direction intellectuelle une singulière précision. […] Il n’avait pas publié à cette époque son tableau de la Révolution française ; il n’était connu que par son prix récent à l’Institut et par les témoignages enthousiastes de quelques amis. […] Il avait poussé assez avant ce grand travail, lorsque les événements politiques de 1829-1830 le vinrent distraire et appliquer tout entier avec ses amis à l’entreprise du National. […] Et puisque nous sommes en train d’oser, il ne serait pas juste, en quittant l’un des écrivains les plus respectés et les plus considérables de notre temps, de ne pas toucher à l’homme, et de ne pas au moins nommer en lui quelques-uns de ces traits si rares et qui accompagnent si bien le talent, sa simplicité, un caractère aimable, resté fidèle à ses goûts et à ses affections, quelque chose de gracieux qui, ainsi que nous l’avons noté chez son ami M.Thiers, se rattache à la patrie du Midi et aux dons premiers de cette nature heureuse.
Il se perdit faute de se résoudre à confesser simplement, devant trois amis, une erreur. […] Tout le monde l’a abandonné, hors le petit troupeau de ses amis. Le roi lui interdit d’aller à Rome se détendre, l’exile dans son diocèse, chasse ses amis de la cour. […] Sa disgrâce éloigna ses espérances sans les détruire : ruiné dans l’esprit de Louis XIV, il continua de gouverner de loin son élève par l’intermédiaire de ses amis, et, au bout de quelques années, le roi autorisa de nouveau leur commerce. […] Sous une grande douceur extérieure, sous la tendresse épanchée, sous la coquetterie attirante, s’exerce une âme impérieuse, qui n’hésite pas à violer les plus intimes secrets de la personnalité : Fénelon veut tout savoir pour tout régler ; il veut être le principe unique des pensées, des actions de ses amis ; il veut être le guide, l’oracle de tous les instants.
Du côté du roi, un goût très vif pour les lettres, une admiration vraie pour Voltaire, le besoin d’une main à la fois exercée et discrète pour corriger ses vers ; du côté de Voltaire, la vanité chatouillée par un commerce d’esprit avec un roi et un grand homme : tels étaient les attraits, non les liens, qui firent de ces deux hommes deux amis de tête, et de Voltaire le commensal de Frédéric à Berlin. […] De tels amis n’ont pas pu se faire de bien ; ils se sont plutôt entre-gâtés. […] Ce n’est plus la Religion, mais la Loi naturelle, et encore Voltaire en réduit-il les prescriptions à être bon père, bon ami et bon voisin. […] Cicéron, tendre père d’une fille charmante, père désespéré quand il la perdit, en est meilleur citoyen, plus attaché à ses amis, plus épris de la vérité, laquelle devient plus chère à l’homme chez qui la tendresse de cœur se communique à l’esprit, et qui aime la vérité à la fois comme une lumière et comme un sentiment. […] Enfin, ses amis sont-ils autre chose que les hommes d’affaires de son esprit ?
Il est fâcheux que sa correspondance, publiée après sa mort, ait montré sous le sage un homme trop ami de son repos, sous le philosophe qui proteste de son respect pour le christianisme, l’incrédule qui fait assaut de plaisanteries antichrétiennes avec Voltaire et Frédéric II, et qui, pour comble de disgrâce, y est l’instigateur de Voltaire122. […] On les exerce, en septembre, au maniement des armes à feu et aux manœuvres de la tactique des Grecs ; on les fait dormir sur l’herbe, « à l’ombre des forêts. » Les maîtres des Écoles de la patrie ne prennent pas la qualification de maîtres ni de docteurs, comme dure et orgueilleuse ; leurs noms, tirés du grec, signifient les amis de l’enfance, les pères de la patrie. […] Voici un rocher nommé la Découverte de l’amitié, « parce que c’est de là qu’on voit venir l’Ami de la maison. » Cet ami de la maison est ce solitaire par qui Bernardin de Saint-Pierre se fait conter l’aventure de Paul et Virginie. […] Ce livre, où il n’y a d’épargnés que les oubliés, fait penser avec effroi que l’on courait le même péril à être des amis de l’auteur que de ses ennemis.
Au troisième acte, nous retrouvons Jean de Thommeray, avec ses nouveaux amis, dans son hôtel, battant neuf, de parvenu financier. […] Ceci dit, je reviens à Jean de Thommeray, prêt à s’enrôler dans les francs-fileurs, et qui fait part à un sien ami de ce beau projet, avec un cynisme ironique. […] Il faut noter pourtant encore, au passage, deux très jolies scènes : une querelle attendrie du jeune Reynold avec son père, résistant d’abord, bientôt désarmé par la camaraderie affectueuse et les saillies cordiales de son fils ; et l’aveu déguisé que madame Merson a fait à sa fille de sa situation, en la mettant sur le compte d’une amie fictive. […] Pour le coup, l’armateur se redresse : prêter de l’argent, passe encore ; mais donner son temps à un étranger, compromettre peut-être sa situation pour relever celle d’un homme qui est à peine son ami, l’exigence est vraiment trop forte, la sollicitude trop étrange. […] Tout ce morceau est d’une grâce exquise : on y voit une jeune âme recouvrer la vue sous les mains amies qui l’opèrent et qui la guérissent.
On dirait que le soleil du 10 août, qui se lève déjà à l’horizon, lui donne sur la tête et lui embrase le cerveau : Je vous prie, mon cher ami (écrit-il à un M. […] Toutes les fois que Robespierre a besoin d’un rapporteur impassible, sophistique, aux lèvres d’airain et au front de marbre, pour épurer la Convention et envoyer à l’échafaud, sous couleur de bien public, d’anciens amis et complices, il met en avant Saint-Just, qui s’acquitte de cette tâche comme d’un sacerdoce. […] On a dit, et lui-même annonçait à ses amis, qu’ encore un dernier coup de collier, la clémence allait être mise à l’ordre du jour . […] Quand on avait causé avec la respectable Mme Lebas, on était tenté de croire que l’homme dont elle ne parlait que les larmes aux yeux et avec cet accent attendri, avait été, en effet, moins un bourreau qu’une victime ; et ainsi de l’ami Saint-Just, de l’ami Maximilien.
La vérité, c’est que tous ses amis ont beaucoup aimé ce paquet de nerfs. […] Arrive Paula, qui a rendez-vous avec son amie Aurore. […] Car, en vérité, cela devenait pénible pour les admirateurs et les amis de M. […] Amenez-moi mon amie… » — « … L’Amour m’a délié au combat. […] Vous racontez une histoire à un de vos amis, — une histoire curieuse, bien entendu, et non point, par exemple, que votre cuisinière a brûlé son rôti ; l’ami vous dit : Pas possible !
Celle-ci renvoie l’épître à son amie, en l’agrémentant de commentaires sur ses propres aventures. […] Il habite chez des parents, chez des amis. […] Il fut un républicain de l’avant-veille ; il fut le compatriote et l’ami de Gambetta. […] De ses amis il fait volontiers des bouffons et des valets. […] Elle périssait, si Etienne ne l’avait sauvée en cassant la tête à son ami Martin.
Non, Émile n’est pas ingrat ; mais l’ami Busnach le trouble et le gêne. […] Ne vous y trompez pas, réalistes et naturalistes, mes amis ! […] Remarquez-le bien et que vos amis le remarquent de même, aucun. […] Pour le vieil ami plus clairvoyant, il faut inaugurer l’ère du mensonge. […] il est parti, il s’est engagé ; les anciens amis ?
Dépassant le vœu de Socrate, madame Sophie Gay avait, su remplir d’amis une grande maison. […] Quelques amis manquaient cependant : les uns étaient morts, les autres en exil ! […] J’ai meublé la maison pour un ami qu’on attend. —. […] Nous allions faire un voyage en Italie, et avant de partir nous voulûmes dire adieu à notre illustre ami. […] Abd-el-Kader, Bou-Maza, le bey de Constantine étaient ses amis.
Notre ami abordait avec des performances de galion. […] Il demandait notre concours avec une face rayonnante, et il eût été criminel d’adresser des objections à un ami aussi heureux. […] Jules Grévy inconnu, farci de latin et ami de poètes. […] intelligences déchues ; ses amis ? […] Sa précocité est plus grande que toute autre connue : c’est à l’école qu’il fait ses premiers bons vers ; il les envoie à des amis à Paris ; on lui fait fête, on l’appelle.
Tissot, son éditeur (1827) et son ami, laissent peu à désirer ; nous y puiserons et aussi nous y renverrons pour plus d’un détail, en y ajoutant seulement en deux ou trois points. […] que Parny n’est-il mort comme son ami Bertin au sortir de la jeunesse, à la veille des tempêtes sociales qui allaient soulever tant de limon ! […] Les détails de cette dernière relation sont touchants et honorent les deux amis. […] Tissot, qui venaient de traduire avec feu les Baisers de Jean Second ; aux compliments gracieux qu’expriment ces petits billets rimés, il savait mêler en simple prose et dans la conversation des conseils d’ami et de maître191. […] Un de nos amis (M.
Le soir, lassé par de vaines et humiliantes démarches, « il s’arrêtait sur les ponts pour voir se coucher le soleil et il songeait que sous tant de toits, il n’avait pas un ami », et pas un protecteur. […] « Levez-vous, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie. » Se croyant abandonné de sa sœur, son unique amie, il songea au suicide. […] Oscar aime Malvina, la femme de son ami, qui meurt au deuxième acte, ressuscite au quatrième, juste à temps pour empêcher le mariage d’Oscar et de Malvina. Oscar devient fou, tue son ami, revient à la raison et se tue. […] Les jeunes filles françaises ont peu de souci de leur capital, que sont obligées de garder, ainsi que des dragons, les mères, tantes, amies et connaissances : les misses anglaises se chargent elles-mêmes de monter la garde autour de leur capital.