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1710. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Pommier, dans cette vision du dernier jour et de l’Éternité, Jésus-Christ, qui, par sa double nature d’homme et de Dieu, est de plein droit l’arbitre agréable et agréé du genre humain entre son Père et nous, Jésus-Christ n’apparaît pas assez. […] L’auteur de ces Colifichets, qui a cravaté son recueil de cette fière et belle épigraphe : Tout est le droit du peintre et du poète !

1711. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

C’est le droit et l’usage de l’Académie de ne dire jamais que Monsieur, à pareil jour, au nouveau membre qu’elle a élu ; on a dit monsieur tout court au duc de Noailles, on a dit monsieur et non pas monseigneur à l’évêque d’Orléans.

1712. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Je suis presque avec vous tous, bientôt j’y serai mieux encore. » Et il m’écrivait le 7 mai 1829 : « Adieu, mon ami, si vous n’avez pas embrassé mon Victor sur les deux joues, j’irai vous chercher querelle. » Je n’ai nullement dessein de publier les lettres de M. de Vigny toutes remplies de compliments et d’éloges pour moi : mais, puisqu’il niait en 4 835 le droit et la légitimité de ma méthode critique, je me contenterai de lui opposer ce passage d’une de ses lettres, du 29 décembre  1829 (je venais d’écrire dans la Revue de Paris un premier article sur Racine) : « Je suis distrait, et outre cela il m’arrive presque toujours d’être en présence de mes amis ce qu’est un amant devant sa maîtresse, si aise de la voir qu’il oublie tout ce qu’il avait à lui dire.

1713. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Dans les premières années qui suivirent, il semblait que, sauf un peu plus de vivacité dans ce qui concernait les droits du poëte au théâtre, il fût resté dans cette même mesure.

1714. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Ce que nous voudrions, s’il y avait moyen de régler les points, c’est qu’on pût, même en littérature, se donner le droit de fredonner, avec le plus spirituel des mondains : Dans mon printemps j’ai hanté les vauriens, et qu’on se rangeât par degrés ensuite.

1715. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Vinet, que j’ai peut-être le droit de mettre ici une lettre de lui, la première que j’ai reçue et qui m’est si honorable.

1716. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

Ces conditions remplies par le traducteur, on a droit de proclamer son œuvre excellente, non pas qu’elle exprime jamais l’original, si l’original est d’un grand maître, non pas même qu’elle en approche de fort près, mais parce qu’elle en approche d’aussi près, parce qu’elle l’exprime aussi bien que le comportent la différence des procédés et celle des idiomes.

1717. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Quoique un vrai talent dramatique s’y marque jusqu’au bout, j’avoue que cette fin me plaît peu, et, sans me gâter le reste, ne l’achève pas, à mon sens, avec autant de vérité qu’on a droit d’attendre.

1718. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

Les liens domestiques sont cimentés par une liberté raisonnable ; l’homme n’a plus légalement aucun droit arbitraire sur son semblable.

1719. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Paul Bourget, Études et portraits. »

J’ai connu quelques Anglais ; j’en ai vu en voyage, où ils se conduisent en « hommes libres » qui usent de tous leurs droits et où leurs façons manquent un peu de grâce et de moelleux.

1720. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

« J’avais dix-neuf ans ; j’étais étudiant en droit, pas riche », etc… Donc il entre, la nuit de Noël, au bal Bullier.

1721. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

La comédie de l’art recouvra une partie de ses droits sous ce directeur, qui était un acteur excellent.

1722. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

On n’a le droit de s’enrichir des dépouilles d’autrui, d’être hardiment imitateur, qu’à la condition d’être de beaucoup au-dessus de ceux que l’on imite, et de les vivifier et grandir eux-mêmes, pour ainsi dire, en les dépouillant.

1723. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

Les poètes n’ont pas le droit de dire des mots d’hommes fatigués… « “Un journal” comme le vôtre, c’est de la France qui se répand.

1724. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Parce qu’on vieillit, a-t-on le droit de dire que les fleurs sont moins belles et les printemps moins radieux ?

1725. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Cependant, dans la position indépendante, désintéressée et laborieuse où l’auteur a voulu rester, dégagé de toute haine comme de toute reconnaissance politique, ne devant rien à aucun de ceux qui sont puissants aujourd’hui, prêt à se laisser reprendre tout ce qu’on aurait pu lui laisser par indifférence ou par oubli, il croit avoir le droit de dire d’avance que ses vers seront ceux d’un homme honnête, simple et sérieux, qui veut toute liberté, toute amélioration, tout progrès, et en même temps toute précaution, tout ménagement et toute mesure ; qui n’a plus, il est vrai, la même opinion qu’il y a dix ans sur ces choses variables qui constituent les questions politiques, mais qui, dans ses changements de conviction, s’est toujours laissé conseiller par sa conscience, jamais par son intérêt.

1726. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

(Et si l’auteur vient de prononcer ici ce mot de censure sans y joindre d’épithète, c’est qu’il l’a combattue assez publiquement et assez longtemps pendant qu’elle régnait, pour être en droit de ne pas l’insulter maintenant qu’elle est au rang des puissances tombées.

1727. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

Le peintre a voulu que son paralytique reçût un secours marqué de celui de qui il était le moins en droit de l’attendre.

1728. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment » pp. 341-353

Que de calculs, que de combinaisons à faire avant que d’être en droit de tirer la consequence, si l’on veut la tirer juste.

1729. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Il vous ennuie plus que de droit.

1730. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Ce sont des épouses quasi-légitimes de par la coutume, mais en France, pays de droit sens et de réalité, où les situations ambiguës sont antipathiques au génie même de la race, les maîtresses de roi, elles, n’ont jamais été que des maîtresses, — toujours désavouées et déshonorées par les mœurs.

1731. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Jules Levallois, qui n’est nullement un bouddhiste, s’il ne veut pas être un chrétien, et qui ne croit point du tout qu’un homme ait droit de se retirer dans sa forêt de bambous, ou de tout autre bois, et de s’y plonger comme les ermites indiens dans la contemplation de la nature, et d’y noyer sa pauvre volonté assoupie, comme un nénuphar dans le bleu des eaux !

1732. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Aux yeux du penseur qui nous donne aujourd’hui, dans un écrit fortement condensé, le droit public d’une quatrième race, la révolution française a deux côtés que l’on a toujours trop confondus.

1733. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Le rationalisme n’est qu’une tendance, une fausse tendance qu’on n’a point en vain, et qui, s’emparant d’un esprit constitué d’origine pour tout ce qui est large, droit et profond, devait nécessairement faire tort aux facultés que Louandre a surtout reçues pour écrire l’histoire.

1734. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Ce poète d’une race finie et d’une cause perdue, ce Redgauntlet poétique des Stuarts de la France, qui fait vivre sa muse au poste où il eût été digne de mourir, mais où le combat n’est même plus, à côté de beaucoup de sonnets tels que le suivant, — qui ressemble à ces écussons de marbre noir que soutiennent parfois des anges tumulaires aux coins silencieux des mausolées : Ce fut un vaillant cœur, simple, correct, austère ; Un homme des vieux jours, taillé dans le plein bloc, Sincère comme l’or et droit comme un estoc, Dont rien ne détrempa le mâle caractère.

1735. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

la Critique, qui reconnaît en lui de pareils dons et qui voudrait que l’homme qui les a en tirât parti davantage, comme une femme tire parti de sa beauté quand elle en a l’intelligence, la Critique, sympathique et pourtant sincère, n’a-t-elle pas le droit de regretter que l’incohérence des images, trop habituelle, vienne si souvent jeter son ombre heurtée sur des qualités faites pour être vues dans la lumière, et qui produiraient certainement l’effet imposant qu’on devrait en attendre si le poète savait les y placer et les y retenir ?

1736. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

En d’autres termes, sans être dans son genre un lord Byron, Erckmann-Chatrian a-t-il senti la vocation — cette tigresse qui dort parfois comme une marmotte — s’éveiller en lui sous le rude toucher de la Critique, et nous forcera-t-il à reconnaître qu’il a le génie fantastique, qui doit être le plus étonnant et le plus rare de tous les génies, puisque, ainsi que je l’ai avancé, il se permet tout, et que l’imagination, cette Rêveuse difficile, a toujours le droit de lui dire : Je m’y attendais ?

1737. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Des sophistes qui avaient l’orgueil d’être ses rivaux, sans en avoir le droit, et qui s’indignaient d’une réputation qu’ils n’avaient pas, lui faisaient un crime de ses succès.

1738. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

On ne peut douter que d’autres qui n’avaient pas le même droit, n’aient voulu donner le même exemple ; mais il y a apparence que Paul Jove ne plaçait pas tous ceux qui s’envoyaient eux-mêmes ; dans le choix de ses grands hommes, il s’en rapportait un peu moins à eux qu’à la renommée.

1739. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Gozlan, qui n’avoue pas sa collaboration complète, à ce livre, dit qu’il n’a écrit pour cet ouvrage que quelques chapitres ou articles, comme il fait dans les journaux, sans qu’on ait droit de dire que ces journaux sont de lui. […] Vous savez, mon cher Monsieur, que Paul de Kock est notre compatriote ; à ce titre, il avait droit à exciter ma curiosité. […] Pour 500 francs, ou pour mille francs, on peut acquérir le droit d’être consigné dans les lettres que je vous écris ; on a le droit d’être lu dans les cabinets de lecture ; et aussi celui de n’être pas lu. […] Notre pays vaut les autres, je crois, et je ne sais vraiment de quel droit un méchant écrivain viendrait y rire et en remporter de quoi faire rire les autres. […] On voit à ce dernier trait qu’il n’a en bonne conscience aucun droit d’appeler bêtes et méchants les comédiens parmi lesquels il a failli s’enrôler.

1740. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

De même, l’être a pu se trouver toujours là : le néant, qui est rempli et comme bouché par lui, ne lui en préexiste pas moins, sinon en fait, du moins en droit. […] Ainsi s’implante en nous l’idée que la réalité comble un vide, et que le néant, conçu comme une absence de tout, préexiste à toutes choses en droit, sinon en fait. […] De là on conclura qu’on a le droit de supposer le mouvement articulé comme on veut, et que c’est toujours le même mouvement. […] En droit, il ne devrait y avoir que des Idées immuables, immuablement emboîtées les unes dans les autres. […] Aucun d’eux n’a le droit de s’ériger en instant représentatif ou dominateur des autres.

1741. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Tout poète a le droit de créer sa prosodie. […] L’esprit souffle où il veut et nul n’a le droit de chicaner sur les conditions premières d’un poème. […] Personne n’a le droit de s’affranchir de soi. […] Dès l’instant qu’il tient fermement à son sol, l’Occidental n’a pas peur de porter sa tête droit dans le ciel. […] Cette bonne tête-là, pendant des siècles, ne sut rien penser qui ne fût droit et fier.

1742. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

S’il ne s’agissait que de nos chétives personnes, nous aurions le droit d’être imprévoyants, hasardeux, téméraires. […] … Ce jour qui tombe, ce chemin droit, tout droit, qui vient de là-bas et qui va là-bas, tout exprime avec une force et une simplicité merveilleuse l’idée de passage et de fuite. […] Et chacun aurait, bien entendu, le droit d’employer l’une ou l’autre, selon son goût ou ses prétentions, ou même selon les circonstances. […] — Mais il me semble que M. l’abbé avait bien le droit de te poser cette question-là. […] Car, si, rebelles à la France révolutionnaire, ils étaient également rebelles au roi, on ne voit plus de quel droit ou de quel principe supérieur ils pouvaient se réclamer.

1743. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Il se tient droit pendant quatre pas, au cinquième le pied lui glisse et il boîte. […] Ils trouvent bien plus d’intérêt à leur voisin qui marche droit, une fois qu’on leur a dit : examinez donc sa démarche, son vêtement, sa figure ; ne pensez-vous pas qu’il paraît avoir telle idée en tête, tel caractère, qu’il va à tel endroit, qu’il est de tel pays, etc. […] Fleury, qui a bien le droit de ne pas comprendre qu’il aura à compter, maintenant plus que jamais, avec la chose, et non avec le mot ; mais M.  […] Nous sommes les modernes, l’époque nous appartient, nous avons le droit d’apporter nos idées et de vouloir être nouveaux. […] « Je tends à représenter la nature avec l’émotion qui naît en moi de ses spectacles. » Peu de gens ont le droit de parler ainsi.

1744. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Les descendants de ce Poquelin s’établirent, les uns à Tournai, les autres à Cambrai, où ils ont joui longtemps des droits de la noblesse : les malheurs des temps leur firent une nécessité du commerce dans lequel quelques-uns d’entre eux vinrent faire oublier leurs privilèges à Paris ». […] Cependant rendons justice à qui de droit et sachons remonter aux sources. […] Il doit moins que Corneille, sans doute, aux Espagnols, mais Calderon et Lope auraient certainement encore le droit de réclamer leur dette. […] Il força les officiers de la maison du roi à respecter les droits des comédiens31. » Tout à l’heure nous allons le voir lutter contre les hypocrites de vertu et les faux dévots, avec Tartuffe et Don Juan. […] La lecture de ce pamphlet de Rochemont, qui mérita d’être appelé en 1665 le bras droit des Tartuffes , indigne et fait sourire à la fois.

1745. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Ce goût se déclare d’abord d’une manière singulière et presque bizarre par l’élan qui le porte tout droit vers le duc de Beauvilliers, le plus honnête homme de la Cour, pour lui aller demander une de ses filles en mariage, — ou l’aînée ou la cadette —, il n’en a vu aucune, peu lui importe laquelle ; peu lui importe la dot : ce qu’il veut épouser, c’est la famille ; c’est le duc et la duchesse de Beauvilliers dont il est épris. […] Le discours préliminaire qu’il a mis en tête nous témoigne de sa préoccupation de chrétien, qui cherche à se démontrer qu’on a droit historiquement de tout dire sur le compte du prochain, et qui voudrait bien concilier la charité avec la médisance. […] Et ici, dans ce cas particulier des Saint-Simon, comme nous avons affaire de plus et très essentiellement à un peintre, il faut aussi bien comprendre (et c’est sur quoi j’ai dû insister en commençant) quel est le genre de vérité qu’on est en droit surtout de lui demander et d’attendre de lui, sa nature et son tempérament d’observateur et d’écrivain étant connus.

1746. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

J’ai hâte de sortir de cette triste période et de cette critique ingrate pour retrouver le Parny que nous avons droit d’aimer. […] Ici, n’oublions pas que nous sommes dans les temps modernes, et tout de bon (n’en déplaise à Théocrite) dans le siècle de fer de la prose ; l’Hiéron ou le Mécène est un directeur général des droits réunis. […] La date de l’année doit être 1804, c’est-à-dire l’année de la formation des droits réunis.

1747. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Quand je ne connaîtrais de Machiavel que cette lettre, il serait pour moi un homme de bronze et un homme de chair, un grand exemplaire de l’humanité, un grand ludibrium de la fortune, un homme plus italien que toute l’Italie de son temps, un de ces hommes qui ont le droit de dire, avec le sourire du dédain de Marius à l’esclave : « Va dire à Rome que tu as vu Marius assis dans la boue des marais de Minturnes, mais toujours Marius. » III Or qu’était-ce jusque-là que Nicolas Machiavel ? […] Toutes les fois que Machiavel revenait à Florence, il présidait du droit de sa renommée et de son agrément à ces entretiens. […] Cette élection de l’empereur par le pontife devient un droit d’élection universel des empereurs d’Occident par les papes.

1748. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

IX Le lendemain, je me hâtai de prendre possession de mon droit de faveur, et de m’installer, comme un hôte respectueux, dans cette société de marbre. […] Ce n’est plus ainsi ; voilà pourquoi la démocratie, nécessaire en droit, semble impossible encore en fait dans les grandes populations modernes. […] LXV Si on entre sous le péristyle et sous les portiques, on peut se croire encore au moment où l’on achevait l’édifice : les murs intérieurs sont tellement conservés, la face des marbres si luisante et si polie, les colonnes si droites, les parties conservées de l’édifice si admirablement intactes, que tout semble sortir des mains de l’ouvrier ; seulement, le ciel étincelant de lumière est le seul toit du Parthénon, et, à travers les déchirures des pans de murailles, l’œil plonge sur l’immense et lumineux horizon de l’Attique.

1749. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Sa théorie du pouvoir royal est ce que l’on peut attendre d’un prêtre gallican, de famille parlementaire : les rois sont absolus, mais ils doivent respecter les lois, les droits des divers corps de la nation. Ce qu’ils font contre ces droits et ces lois est essentiellement nul. Mais personne, ni individu, ni corps, n’a droit de résister aux rois : ils ne sont responsables que devant Dieu, et Dieu leur demandera des comptes d’autant plus sévères qu’il est seul à pouvoir les leur demander.

1750. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Nous avons donc le droit de conclure que la psychologie des idées-forces roule sur le réel, et même sur le réel par excellence. […] Nous n’avons donc, ni psychologiquement, ni physiologiquement, le droit d’exclure la réaction du nombre des phénomènes psychologiques et physiologiques ; il n’est nullement démontré que toute détermination qualitative et quantitative de la conscience soit d’origine entièrement externe et périphérique, sans que les cellules actionnées du dehors aient à leur tour un mode propre d’actionner le système nerveux et, finalement, le système musculaire. […] Si donc le processus interne, tel qu’il se présente à l’observation intérieure, comprend trois moments, — sensation ou changement subi et discerné, plaisir et peine, enfin appétition, — nous avons le droit de les distinguer, sans prétendre pour cela ni les séparer l’un de l’autre, ni les soustraire aux communes lois du déterminisme.

1751. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

En beaucoup d’autres cas, et même entre les divers districts d’un même continent, le droit de premier occupant a probablement joué un rôle important en mettant obstacle au mélange des espèces proche-alliées sous les mêmes conditions de vie. […] Ainsi, la durée de chaque espèce et groupe d’espèce est continue dans la succession des âges : du moins, les exceptions à cette règle sont si rares, qu’elles peuvent, avec droit, être attribuées à ce que nous n’avons pas encore découvert en quelque dépôt intermédiaire les formes qui paraissent y manquer, bien qu’on les trouve dans les formations immédiatement inférieures ou supérieures. […] Il faudrait d’abord établir que ces deux ordres de faits sont nécessairement liés par quelque rapport pour conclure avec droit de l’un à l’autre.

1752. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Il a rendu contre le xviie  siècle, à la manière de Leibniz et de Maine de Biran, un droit aux perceptions obscures. […] Schiller, servi par les échos du théâtre, avait acquis toute la sienne, et plus que de droit. […] L’un d’eux, à la gauche de la forte Germaine, a droit au seul prénom. […] Il est douteux que la Restauration fournisse aux Français autant de motifs de grogner que le Moloch impérial, mais elle leur apporte le droit de grogner. Courier en use et comme d’un besoin permanent de l’être, et comme d’un droit (son droit) nouveau de l’homme, et comme d’un penchant naturel du Français, et comme d’une défense éternelle du propriétaire, et comme d’un privilège de celui qui a appris des Grecs à écrire, et comme d’un plaisir délicat d’humaniste érudit.

1753. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Si Sophocle, s’adressant à l’assemblée par l’entremise du chœur, eût vanté son propre mérite et dénigré ses compétiteurs, ou si, en vertu de son droit de citoyen d’Athènes, il eût fait des propositions sérieuses pour le bien public, assurément, toute impression tragique aurait été détruite par de semblables infractions aux règles de la scène. […] Mais il ne serait pas moins injuste, ou plutôt ce serait le renversement de toute critique philosophique, que de me nier le droit de mettre Aristophane au-dessus des poêles de la comédie nouvelle, puisqu’il a réalisé avec autant de génie que le plus excellent d’entre eux un plus bel idéal qu’eux tous. […] Les monstruosités morales appartiennent de droit à l’extravagance volontaire de la farce, et c’est pourquoi le personnage représenté par Harpagon est un des lieux communs de l’opéra buffa des Italiens. […] Plein de confiance dans la raison et de mépris pour les procédés empiriques, William-Auguste de Schlegel partait de certaines définitions a priori, et, sans se laisser distraire par les préjugés du sens commun, il allait tout droit devant lui, ne s’écartant pas d’un iota des règles qu’il avait une fois établies.

1754. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

« La façade de la pension donne sur un jardinet, en sorte que la maison tombe à angle droit sur la rue Neuve-Sainte-Geneviève, où vous la voyez coupée dans sa profondeur. […] Il s’était mal conduit envers elle, ne lui avait laissé que les yeux pour pleurer, cette maison pour vivre, et le droit de ne compatir à aucune infortune, parce que, disait-elle, elle avait souffert tout ce qu’il est possible de souffrir. […] Eugène avait subi cet apprentissage à son insu, quand il partit en vacances, après avoir été reçu bachelier ès lettres et bachelier en droit. […] Tout à coup le jeune ambitieux reconnut, dans les souvenirs dont sa tante l’avait si souvent bercé, les éléments de plusieurs conquêtes sociales, au moins aussi importantes que celles qu’il entreprenait à l’École de droit ; il la questionna sur les liens de parenté qui pouvaient encore se renouer.

1755. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Si elle hésite à se sacrifier pour son fils, c’est que l’épouse doute que la mère en ait le droit. […] Elle a reçu la foi de Pyrrhus, elle réclame ses droits ; elle a la noblesse, la fierté d’une femme trahie ; la vengeance lui est permise ; et, si elle commet un crime en frappant Pyrrhus, on n’en dit pas moins que Pyrrhus est justement puni. […] Il vit tout ce qu’il y avait de pressant, d’irrésistible dans ce contact de l’usurpation et du droit, de la religion et de l’idolâtrie, outre la volonté du Dieu des vengeances, qui joue le même rôle dans Athalie que le dieu Destin dans le théâtre grec. […] La mode a abdiqué tous ses droits sur ce chef-d’œuvre.

1756. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Chacun d’eux exprime un des côtés de la vie humaine, qui chez beaucoup d’êtres humains peut devenir dominant, presque exclusif, et qui a le droit d’animer aussi plus ou moins exclusivement certaines œuvres d’art. […] Mais comme, en somme, le lecteur d’un roman ou d’un drame, le contemplateur d’une œuvre d’art ne peut jamais être que pendant un instant très fugitif dans la situation d’un halluciné, que dans tout esprit bien pondéré le raisonnement reprend aussitôt ses droits, il s’ensuit que l’art moderne, pour produire la conviction durable, qui est la mesure même de la force des images, n’a pas de moyen meilleur que de prendre ses images dans la réalité même, de les organiser comme il les voit organisées dans la vie. […] Nous sentons s’enrichir notre cœur quand y pénètrent les souffrances ou les joies naïves, sérieuses pourtant, d’une humanité jusqu’alors inconnue, mais que nous reconnaissons avoir autant de droit que nous-mêmes, après tout, à tenir sa place dans cette sorte de conscience impersonnelle des peuples qui est la littérature. […] Tout était de niveau, hors les deux Douvres, debout et droites comme des colonnes noires.

1757. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Et ailleurs : Le mur était solide et droit comme un héros. […] Leurs plumets font venir les filles aux fenêtres ; Ils marchent droit, tendant la pointe de leurs guêtres ; Leur pas est si correct, sans tarder ni courir, Qu’on croit voir des ciseaux se fermer et s’ouvrir. […] Parfois, hors des fourrés, les oreilles ouvertes, L’œil au guet, le col droit, et la rosée au flanc, Un cabri voyageur, en quelques bonds alertes, Vient boire aux cavités pleines de feuilles vertes, Les quatre pieds posés sur un caillou tremblant257. […] La prose est le grand moyen de communication sociale, elle est l’âme même d’une société sous sa forme la plus immédiate et la plus sincère ; elle doit donc tout résumer en elle, la science comme les arts et, parmi les arts, celui qui, par excellence, est l’art de la sympathie et de l’émotion ; c’est pourquoi la prose revendique de plus en plus le droit à cette poésie qui avait semblé longtemps l’apanage exclusif du vers.

1758. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Nous avons de nombreuses preuves des grandes oscillations du niveau de nos continents, mais non pas de changements tels dans leur position ou leur étendue, que nous ayons droit d’admettre qu’à une époque encore récente ils aient tous été reliés les uns aux autres, ainsi qu’aux diverses îles des océans qui les séparent. […] Ces pierres sont cependant assez communes pour rapporter aux petits rois du pays un droit important. […] Nous pouvons supposer avec quelque droit que des formes tempérées ont traversé certaines contrées des tropiques qui ont pu avoir autrefois une altitude supérieure à celle qu’elles ont de nos jours157 ; mais, de telles conjectures ne reposant sur aucune preuve de fait, je suis forcé de croire que quelques productions tempérées ont pénétré même dans les plaines des tropiques et les ont traversées à l’époque où le froid était le plus intense, c’est-à-dire à l’époque où les formes arctiques, après avoir émigré sur une étendue d’environ vingt-cinq degrés de latitude au sud de leur contrée natale, couvrirent le sol jusqu’au pied des Pyrénées. […] Pour supposer avec quelque droit d’aussi grands effets et surtout des effets aussi généraux, il faut au moins en entrevoir les causes probables.

1759. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

À coup sûr, il ne sauvera ni une fille de la prostitution, ni une femme de l’adultère, ni un jeune homme du doute ou de pessimisme, et il n’a droit à aucune récompense d’aucune société philanthropique. […] Souvent sa fantaisie est ivre et ses phrases titubent un peu ; mais sa conscience marche droit. […] Il accepte la Bible, c’est vrai  en se réservant d’ailleurs le droit de l’interpréter à sa guise, et avec des restrictions qui en diminuent l’autorité de tout à rien : « Nous acceptons la Bible, n’est-ce pas ? […] Les hommes mariés n’ont pas le droit d’imposer cette meilleure vie à leurs femmes et à leurs enfants, et ils doivent continuer avec leur famille la vie qu’ils condamnent. […] C’est ensuite leur amour pour les petits, leur sentiment profond que l’œuvre essentielle des nations et de l’humanité est faite par le peuple, par les pauvres d’esprit qui marchent droit vers le royaume des cieux.

1760. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Sur l’un de ces arbres j’aperçus une fourmi chargée de butin et grimpant tout droit vers le sommet. […] L’égalité fut civile ; on s’en accommoda, parce qu’il s’agissait moins des individus que de leurs droits, et que cela évoluait aux frontières de l’abstraction. […] De quel droit l’Etat fera-t-il enseigner une orthographe particulière ? […] Car cette règle abuse de ce que toute règle a droit à des exceptions. […] Mais ce point de vue n’a droit à aucune place dans une esquisse d’ensemble.

1761. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Denne-Baron, distrait aux caprices, au laisser-aller d’une imagination réelle, mais vagabonde, n’eut point cette patience ardente qui donne au talent le droit de marcher à la suite des génies.

1762. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Ces jugements, tout favorables à l’ouvrage, et dans lesquels on s’appuyait de l’aversion non douteuse que devaient produire sur les cœurs droits et les esprits bien faits ces odieux personnages et leurs manèges honteux si fidèlement représentés, venaient se résumer dans un seul mot : “C’est une pièce a où l’on ne mènera certes pas sa fille, mais on pourra y conduire son fils.”

1763. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Il est bien difficile qu’il le relève aujourd’hui ; de quel droit va-t-il apostropher les vices politiques pour les stigmatiser ?

1764. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Il s’était, en quelque sorte, intercalé chez lui, entre le poëte aimable et jeune qu’on se figure et le poëte iambique et vengeur de la fin, un citoyen énergique, armé sur ses droits, gardant de la candeur, mais y joignant fierté, âpreté, de l’indignation, un Vauvenargues en colère.

1765. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Et de quel droit voudriez-vous donc en sevrer à jamais l’esprit des jeunes filles et l’immobiliser sur des articles de rhétorique surannée ?

1766. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Il semble que notre propre destinée se perde au milieu du monde qui se découvre à nos yeux ; que des réflexions, qui tendent à tout généraliser, nous portent à nous considérer nous-mêmes comme l’une des millièmes combinaisons de l’univers, et qu’estimant plus en nous la faculté de penser que celle de souffrir, nous donnons à l’une le droit de classer l’autre.

1767. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Toute sorte de plans politiques l’occupent, il envoie mémoires sur mémoires aux ministres, sans oublier les mémoires de ses services et de ses droits, se fâche des gratifications pécuniaires qu’on lui accorde, et les empoche après s’être fâché.

1768. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

C’est un lieu commun des fraîches écoles que de dénier au romancier le droit de penser avant que d’écrire.

1769. (1890) L’avenir de la science « XI »

Mais l’arabe, trop savant à son tour pour l’usage vulgaire d’étrangers, qui ne peuvent observer ses flexions délicates et variées, voit le solécisme devenir de droit commun, et ainsi, à côté de la langue littérale, qui devient le partage exclusif des écoles, l’arabe vulgaire vient d’un système plus simple et moins riche en formes grammaticales.

1770. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

Il n’est point cependant si épris d’algèbre qu’il ne cède aux entraînements de l’éloquence, quand c’est le lieu : et il a revendiqué les droits de la science, dans un langage si ferme et si élevé, qu’il faut traduire : « Quoi !

1771. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

On n’a pas le droit de remarquer leur mauvais goût, sans remarquer aussi qu’elles étaient une école de bonnes mœurs dans un temps de dépravation invétérée.

1772. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

Alexandre Dumas et Théophile Gautier sont, en effet, des rois littéraires de ce temps, sinon de droit divin, du moins de suffrage universel.

1773. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Voilà le crime, le vrai crime de cette révélation d’une femme qui peut braver l’ignominie pour son compte personnel, si elle a des démangeaisons d’ignominie, mais qui n’a pas le droit de la braver pour le compte d’autrui !

1774. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

L’application de cette théorie, — qui supprimait la famille chrétienne en faisant égaux en droit le père et le fils, renversait le foyer domestique et son crédit, donnait une prime aux turbulents, toujours prêts, contre les pacifiques, toujours promptement dégoûtés de ces orgies, et tout cela pour se terminer irrévocablement par des réactions que la force des choses veut et que le législateur devrait prévoir, ne fût-ce que pour organiser, — telle est, sans phrases, girondines ou autres, sans déclamation et sans haine, la Révolution française.

1775. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

même sans la foi religieuse qu’il n’a pas, l’historien n’a point le droit de n’en pas tenir compte dans la vie des hommes dont il écrit l’histoire ; car cette foi religieuse, même inconséquente, même violée et faussée par les passions qui entraînent hors de Dieu, fût-ce dans les voies les plus scélérates, cette foi religieuse, tombée et ravalée jusqu’au fanatisme de Philippe II, par exemple, est encore une grande chose, qui grandit l’homme par le Dieu qu’elle y ajoute, et qui, s’imposant au moraliste dans l’historien, doit le forcer à s’occuper d’elle.

1776. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

il ne s’agissait que d’être un homme simple et droit, que la Philosophie n’aurait pas gauchi à l’avance, pour recevoir pleinement dans son âme l’impression de ces faits énormes, sans analogues dans l’histoire, et avec lesquels on se croit quitte quand on a prononcé d’une certaine manière les mots bien vite dits de Barbarie et de Féodalité.

1777. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Seulement, c’est sur cette erreur, grosse comme une souris, que se tient tout droit le gros livre de Taine, avec des descriptions et des citations anatomiques, physiologiques et mathématiques à l’appui.

1778. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

C’était quelque chose plutôt comme la flèche avec la fameuse inscription : À l’œil droit de Philippe ! 

1779. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Pierre Dupont en avait beaucoup… en puissance ; mais, quoi qu’il lui en reste encore, la Critique est cependant en droit de lui demander ce qu’il en a t’ait.

1780. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Sans contester à la psychologie, non plus qu’à la métaphysique, le droit de s’ériger en science indépendante, nous estimons que chacune de ces deux sciences doit poser des problèmes à l’autre et peut, dans une certaine mesure, l’aider à les résoudre.

1781. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Il est triste pour les poètes d’avoir eu, dans tous les siècles, le privilège de flatter sans s’en apercevoir et sans même qu’on s’en étonne ; il faut espérer qu’un jour ils réclameront contre ce droit : mais ce privilège accordé aux vers ne s’est jamais étendu jusqu’à l’histoire.

1782. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

Il serait à souhaiter qu’on ne fût pas en droit de faire à Pline une partie de ces reproches ; peut-être en mérite-t-il à d’autres égards.

1783. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

» Rien, sinon marcher tout droit et tout seul à travers les coups et les éclaboussures. […] » Nul outrage ne vient à bout de sa soumission ; il lui a si fort serré le bras que ce bras est « tout noir et tout bleu » ; il a essayé pis : il s’est conduit comme un charretier et comme un coquin ; par surcroît, il la calomnie longuement devant les domestiques ; il l’insulte, et redouble, il la provoque à parler ; elle ne parle pas, elle ne veut pas manquer à son maître. « Monsieur, répond-elle doucement, vous avez le droit de dire ce qui vous plaît ; moi, mon devoir est de dire seulement : Dieu bénisse votre honneur1040 !  […] Son père « n’a jamais voulu être contrôlé ni même persuadé. » Jamais « il n’a cédé sur un point auquel il croyait avoir droit. » Il a brisé la volonté de sa femme et l’a réduite au rôle de servante silencieuse ; il veut briser la volonté de sa fille1048, et lui imposer pour mari un sot brutal et sans cœur. […] En trois ans, il a tout mangé ; mais le courage lui reste, il achève ses études de légiste, écrit deux in-folio sur les droits de la couronne, devient justice, détruit des bandes de voleurs, et gagne dans la plus insipide besogne du monde « le plus sale argent de la terre. » Les dégoûts ne l’atteignent pas, la lassitude non plus ; il est trop solidement bâti pour avoir des nerfs de femme. […] Son compagnon racontait qu’il avait voulu absolument arriver du pied droit, et que, n’ayant pas réussi, il avait recommencé avec une attention profonde, comptant un à un tous ses pas.

1784. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Littré, mon Dieu, tout en reconnaissant que l’évêque d’Orléans a fait son devoir, et qu’il était dans son droit, je n’aurais pas été aussi éloigné que mes amis de voter pour lui : c’est un homme austère, honorable, qui a fait de grands travaux. […] Sainte-Beuve, de son côté, raconte que lorsqu’il a été faire des cours à Liège, en 1849, à la suite de nombreuses écritures rapides, il a été attaqué de ce que les médecins appellent la crampe d’écrivain, qui lui a à peu près paralysé les muscles du bras droit, ce qui fait que depuis, il n’écrit plus que des billets et dicte ses lettres un peu longues. […] — À Matharel de Fiennes. » Tout semble bâti en billets d’auteurs, en droits d’auteurs, en critiques de théâtres, en refrains de vaudevilles. […] 30 septembre Ce soir, à Saint-Gratien, Girardin disait après dîner : « Maintenant qu’il n’y a plus ni bien ni mal, qu’on est vaguement fixé sur ce qui est droit, sur ce qui est honnête, qu’il n’est point de règle bien rigide pour tout cela, il n’y a qu’une chose : le Succès, et l’Empereur doit avoir un ministre qui porte ce nom. […] Entre les deux fenêtres donnant sur la Seine, se lève une gaine carrée, portant un buste de marbre blanc de Pradier, le buste de la sœur de Flaubert, morte toute jeune, et qui avec ses traits purs et droits, encadrés dans deux grandes anglaises, semble une Grecque retrouvée dans un keepsake.

1785. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

27 mars En sortant de cette salle à manger, à l’aspect antique, aux colonnes cannelées, enguirlandées de lierre, la vraie salle à manger d’une cousine d’Auguste, la conversation va à l’amour, et sur ce qu’il est dit, qu’à un certain âge on doit en faire son deuil ; les deux vieux de la bande, Sainte-Beuve, et Giraud de l’École de droit, s’insurgent. […] Puis c’est le violoniste hongrois Reminy avec sa tête glabre de prêtre et de diable, Reminy, flanqué de son accompagnateur, un petit bonhomme gras et féminin, à la tête d’Alsacienne, aux cheveux blonds en baguettes, tombant droit de la raie du milieu de sa tête, et en sa redingote de séminariste allemand, dans l’ouverture de laquelle se flétrit un peu de lilas blanc : un garçon gras, douteux, un peu inquiétant. […] L’Italienne est gracieusement sculpturale, et montre dans son droit profil et sa fine nuque de bronze florentin, une distinction de race, le style de ces campagnardes étrusques, où reste comme la marque d’un grand passé : femmes qui, tout peuple qu’elles sont, restent des reines de nature. […] Nous voyons le mort, un foulard noué en turban sur la tête, le drap remonté sous le menton et tombant droit avec une croix sur la poitrine, et dans son profil sculpté par la mort, un calme où il y a presque un souffle et un sourire… Des ballots noirs sont dans la salle à manger, des ballots au milieu desquels est une demoiselle de magasin de deuil, qui les déficelle, en faisant l’article : « Voulez-vous un châle carré pour les domestiques ? […] Dans je ne sais quel journal, je ne sais qui crie à la profanation de la Révolution, parce que nous avons comparé un vieux monsieur au cheval blanc de Lafayette… Fait énorme, en pleine Sorbonne, dans une leçon sur le droit de tester, le professeur Franck ayant assez pauvrement réussi auprès de son auditoire, par un compliment détourné à M. de Montalembert, s’est rejeté sur Henriette Maréchal, et l’a trépignée, au grand plaisir de tous les Pipe-en-Bois du cours.

1786. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

On commence à croire au droit du plus fort et à parler du doigt de Dieu. […] A ces titres, l’un comme l’autre ont droit à notre admiration et à notre reconnaissance. […] Balzac, destiné d’abord par son père au notariat, avait commencé par faire son droit et par passer les trois années de son cours chez l’avoué et chez le notaire, afin d’y apprendre les détails de la procédure, la forme et la teneur des actes. […] A ce moment, il luttait contre ses créanciers, et, pour mettre à l’abri ses droits d’auteur, j’ai été, en apparence, son cessionnaire des sommes qui lui étaient dues par ses éditeurs. […] Heureusement la vérité ne perd jamais ses droits et reparaît toujours.

1787. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Et pour donner toute son âme Regarde-t-on quel droit on a de vous charmer ? […] Il a été un peu féministe ; il a soutenu les droits de la jeune fille et de la jeune femme. […] Présenter les servantes de Molière comme défenseurs des droits de la nature, c’est dénaturer leur caractère. […] Il ne peut pas comprendre que les hommes ne soient pas scrupuleusement honnêtes, absolument droits et exactement sincères les uns à l’égard des autres. […] J’avais donc le droit de prendre dans la vie d’Harpagon un moment et un moment exceptionnel.

1788. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Le droit divin de l’avenir respire en lui. […] Et moi, s’il me manque deux dents au côté droit, je n’ai pas besoin de le dire : on le voit assez. […] Tu ne l’avais pas prévue, et tu es en droit de m’accuser. […] Guérassime s’entretenait avec eux par signes, il les comprenait, il exécutait fidèlement les ordres qui lui étaient transmis ; mais il connaissait ses droits, et personne n’aurait osé lui prendre sa place à table. […] Est-ce qu’il a le droit de te tuer ?

1789. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Cette fois l’homme est seul ; il n’a le droit de s’exprimer devant son ami ou son ennemi que par des mots comptés qui seront chargés de tout dire. […] En face des excès possibles du drame purement intérieur, il pose les droits acquis, les droits antiques, les droits naturels et traditionnels, traditionnellement français de l’action extérieure, manifestée par les gestes comme par les mots. […] Du moins, il faut marquer un point : l’action extérieure est réhabilitée ; elle a le droit de composer avec l’action intérieure comme dans Othello et le Roi Lear. […] Si l’art est la plus haute expression de l’homme, de quel droit en chasser les sentiments et les pensées par lesquels il s’élève à Dieu ?

1790. (1923) Paul Valéry

Assonance et allitération seraient, de droit, répandues sur tout le vers, comme les « yeux » du paon, peut-être héritiers des taches pigmentaires qui se sont localisées en organes de vision, le sont sur tout son plumage. […] En droit, et si l’écrou était complètement enlevé, (on reconnaîtra des images que j’emprunte à Matière et Mémoire) n’importe quoi deviendrait l’image de n’importe quoi, tout pourrait servir d’image à tout. […] Chances parce qu’en droit humain, utilitaire, elles ne devraient pas être et paraissent à chaque fois des hasards. […] Tel est le monde qui existerait de droit, le paradis terrestre. […] Vie intérieure pure et poésie pure sont mises immédiatement en contact, et ce contact ne donne, en droit, rien autre chose que des rythmes et des images.

1791. (1886) Le roman russe pp. -351

Derjavine eut la bonne fortune de vivre très vieux et d’être bien en cour sous plusieurs règnes ; avènements, victoires, anniversaires, tous les sujets de dithyrambes qui caressaient l’orgueil national lui revinrent de droit. […] La faute en est peut-être à la politique ; sous couleur de discussions esthétiques, on ne raisonne et l’on ne déraisonne que d’elle ; comme elle n’a pas le droit de se montrer à visage ouvert, elle s’insinue dans les thèses littéraires et les fait aussitôt dévier. […] « Personne ne doute qu’il existe une littérature russe, mais chacun a le droit d’exiger qu’on en fasse l’inventaire de sang-froid, qu’on l’apprécie à sa valeur vraie ; chacun a le droit de sourire, quand on la compare prétentieusement aux littératures étrangères. […] Ce devoir civil rempli, l’athéisme reprenait ses droits, à peu près avec les nuances qu’il offrait chez nous au dix-huitième siècle : doctrinal et insidieux chez les philosophes, déférent et discret dans la société polie. […] À mes yeux, cet ennemi avait une figure déterminée, il portait un nom connu : mon ennemi, c’était le droit de servage.

1792. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Une telle apologie, si elle n’était très courte, seulement indiquée, aurait quelque chose de désobligeant : on ne défend pas les droits de l’intelligence, puisqu’ils sont absolus. […] Il n’est pas un symboliste qui n’ait, au moins une fois, abandonné la page aux belles métaphores, pour aller, en quelque journal libertaire, défendre, à côté d’ouvriers surexcités, les droits, non plus politiques, mais humains (tout simplement), non plus du citoyen, mais de l’homme. […] Sa philosophie est une sorte de positivisme panthéiste et optimiste ; le monde évolue, du germe à la plénitude, de l’inconscience à l’intelligence, de l’instinct à la loi, du droit au devoir, ― vers le mieux. […] Ghil, s’il procède à un examen de conscience, ne conviendrait-il pas, à cette heure, du droit évident des railleurs ? […] Ils conquirent pour eux, ensuite pour tous les talents, le droit à la personnalité stricte, le droit à l’égoïsme artistique, le droit pour un écrivain de s’avouer tel quel, et rien qu’ainsi, sans s’inquiéter des modèles, des règles, de tout le pédantisme universitaire et cénaculaire, le droit de se mettre face à face avec la vie, avec la sensation, avec le rêve, avec l’idée, de créer sa phrase ― et même, dans les limites du génie de la langue, sa syntaxe.

1793. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

— Parce que c’est beau d’abord, et que le génie a ses droits partout ; ensuite parce qu’un homme, aux talents près, ressemble à un autre, et que c’est à la tragédie de notre propre nature que nous nous intéressons dans le monologue tragique de Chateaubriand. […] Lamartine eut le bras droit traversé par l’épée de son adversaire. […] Hugo, par le tour de sa sensibilité, comme par bien d’autres traits, est bien l’homme de la bonne moyenne, au gros de l’armée humaine, avec des sentiments francs et droits, et point trop raffinés. […] C’est « Justice, Amour, Foi, Raison, Beauté, Idéal, Liberté, Droit. » Voilà qui est bien ; mais il faudrait définir un peu tout cela, d’une indication rapide au moins, parce que ce sont choses qui ne vont point de soi ensemble, et que les hommes ont quelquefois opposé la raison à la foi, le droit à l’idéal, la beauté & la raison, et la justice à l’amour ; d’où il suit que de cette ode il reste le souvenir d’un bel élan lyrique, mais non pas d’une idée d’ensemble. […] Nous sommes parfaitement las, nous, à notre époque, des mots généraux, très vibrants et très décevants, Justice, Droit, Idéal, Liberté.

1794. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

*** Un matin, un de ses amis qui se rendait à son bureau, rencontre P… planté tout droit devant un bâtiment en construction dont les échafauds étaient remplis de maçons, que P… avait surnommés, à cause de leur agilité, les écureuils limousins. […] Chacun d’eux ayant épuisé la somme d’arguments que lui fournissait son droit, après un bruyant échange de propos, les gestes remplacèrent le discours, et les parties commencèrent un échange de projectiles : — Si tu ne te tais pas, disait une voix d’homme, je te lance le flambeau à la figure. […] Mais, en revanche, il possède le droit : De recevoir tous ses articles, et de ne pas les faire attendre sur le marbre. […] L’homme célèbre le fera grand d’Espagne littéraire, en lui accordant le droit de rester couvert devant lui. […] — Un prix de vingts-cinq cigares est offert à celui qui résoudra le difficile problème d’installer Nadar. — Les calculs scientifiques n’ayant pas abouti, — Nadar trouve un biais, — trois ou quatre de ses amis resteront debout dans le wagon ; — de celle manière il pourra s’allonger à son aise. — La proposition est repoussée par ces messieurs, qui accusent Nadar d’abuser des droits que donne l’amitié.

1795. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Au poète, on concédera parfois le droit de faire quelque chose avec rien ; mais il y a riens et riens. […] « Actuellement, pour exprimer les qualités que quelques droits conquis donnent à la femme, il n’y a pas de mots. […] « L’absence du féminin dans le dictionnaire a pour résultat l’absence, dans le Code, des droits féminins. […] L’instinct a sur la langue plus de droits que l’intelligence. […] Il est temps de réagir contre ce sans-gêne ; mais pour avoir le droit d’être sévère, il ne faut pas introduire dans la grammaire des prétextes à une prononciation arbitraire.

1796. (1924) Critiques et romanciers

Le vilain être, avec son habit arménien, sa sonde, sa Julie, sa Thérèse, ses pleurs, pose, son droit de cité dans Genève, sa noire et méchante folie !  […] On retrouve ici trace des opinions plébiscitaires qu’un partisan du régime impérial considère comme le droit et le salut. […] … Et Lemaître disait : « Changeants, nous contemplons un monde qui change… » Il n’abandonne pas ce droit au changement. […] Si la déclaration des droits de l’homme n’était qu’un code de contre-vérités ?  […] Je vous en conjure ; car je suis sûr d’aller au ciel tout droit ! 

1797. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Si la Déclaration des Droits de l’Homme n’était qu’un code de contre-vérités ? […] Le mot dépravation est pris là dans son sens étymologique : qualité de ce qui n’est pas droit. […] Vous arriviez au Chat-Noir, droit de l’École centrale. « On se demande où mènent les études classiques ?  […] N’a-t-il pas le droit, devant un groupe d’observations, d’énoncer telle ou telle hypothèse explicative ? […] Le droit des vivants sur les écrits des morts a ses légitimités et ses limites qu’il est malaisé de fixer.

1798. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Justice est rendue et au noble caractère du colonel Cavaignac, « droit et consciencieux, mais susceptible et impressionnable » (Saint-Arnaud jouit de ses qualités, qui sont nombreuses, en évitant de heurter ses défauts), et à Changarnier, « le Masséna africain », qui montre un moral de fer dans les dangers, et à Bedeau, « homme de vrai mérite qui, tandis que d’autres se jalousent, s’efface tant qu’il peut, ne médit de personne, juge tout le monde et gémit ». […] mais il m’a fait manquer un coup qui m’envoyait droit à la postérité. » Cette prise était réservée, quelques mois plus tard, à un jeune et hardi chasseur dont rien ne bridait l’audace. […] On croit qu’il n’y a qu’à marcher sur Silistrie pour le débloquer et jeter les Russes dans le Danube. — Pas du tout. — Il y a quatorze redoutes bien armées à enlever et 30000 Russes dans la Dobrutscha, sur mon flanc droit.

1799. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

L’Ariane de Catulle peut aisément s’apprécier et faire valoir ses droits ; mais il me semble qu’on n’a pas rendu assez justice à la Médée d’Apollonius, frappée d’une sorte de défaveur et d’oubli, et comme entourée d’une ombre funeste. […] Toujours inaperçu, il franchit rapidement le seuil, lançant des regards aigus, et, s’étant ramassé tout petit sous Jason lui-même, il mit le cran de sa flèche sur le milieu de la corde ; puis, écartant de toutes ses forces ses deux mains, il lâcha le trait tout droit sur Médée : une stupeur muette la saisit au cœur. […] Tandis que la Didon de Virgile est perpétuellement à la bouche et dans le cœur de tout ce qui a du sentiment et du goût, la Médée, qui lui a servi en partie de modèle, a-t-elle si peu de droits à un même honneur ?

1800. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Maintenant qu’on a recommencé à me consulter sur les affaires de l’État, tout mon temps, toutes mes pensées, tous mes soins, appartiennent à la république, et la philosophie n’a droit qu’aux instants que n’exigera pas l’accomplissement de mes devoirs envers mon pays. […] Tout à l’heure, dissertant sur le droit et la loi, vous rapportiez tout à la nature : eh bien ! […] « Ce n’est point par vanité que je parle ; je cède bien facilement la palme de la philosophie à beaucoup d’autres plus habiles que moi : mais, en ce qui touche les qualités de l’orateur, la clarté, la propriété, l’élégance du discours, comme j’en ai fait l’étude de toute ma vie, si je n’en réclame pas le privilège, il me semble que j’use d’un droit bien légitimement acquis.

1801. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Un soir que les deux époux devaient aller ensemble au théâtre, le prince était parti le premier et se croyait suivi dans une seconde voiture par sa femme, retardée sous un spécieux prétexte ; mais il l’attendit en vain dans sa loge ; il l’avait vue pour la dernière fois : un couvent inviolable avait reçu la comtesse et l’avait soustraite aux droits et aux recherches de son royal époux. […] » Ses compagnons épars, groupés sur le navire, Ne parlent point entre eux de foi ni de martyre, Ni des prodiges saints par la croix opérés, Ni des péchés remis dans les lieux consacrés, D’un plus fier évangile apôtres plus farouches, Des mots retentissants résonnent sur leurs bouches : Gloire, honneur, liberté, grandeur, droits des humains, Mort aux tyrans sacrés égorgés par leurs mains, Mépris des préjugés sous qui rampe la terre, Secours aux opprimés, vengeance, et surtout guerre ; Ils vont, suivant partout l’errante Liberté, Répondre en Orient au cri qu’elle a jeté ; Briser les fers usés que la Grèce assoupie Agite, en s’éveillant, sur une race impie ; Et voir dans ses sillons, inondés de leur sang, Sortir d’un peuple mort un peuple renaissant. […] Après deux reprises, le colonel me perça le bras droit d’un coup d’épée.

1802. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

ces quelques menus liards qui, une fois reçus, confèrent, — de l’assentiment de tous, — au bon prêteur, le droit d’en user sans façons avec celui qu’il ne rêvait d’obliger qu’à cette fin. […] — celui qui garde le droit, — qui protège le serment, — détourne le droit ?

1803. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

non, un site vide d’habitudes et de lois, une solitude de monts, de champs et de forêts, une hauteur au milieu d’étendues impeuplées, des campagnes profondes où nul langage ne soit de droit, un pays sans oriflamme ; s’il est un site dans le monde où plane l’exceptionnalité du sans-patrie, qu’en ce terroir auguste s’élève l’édifice très abstrait du moderne théâtre. […] Et voilà donc qu’ayant achevé la Babel de sa Gœtterdæmmerung, né à cette solide vieillesse qui n’est que la maturité des esprits géniaux, il avait passé la série entière des liminatoires épreuves ; car, si la création d’une œuvre d’ensemble est folie à tout jeune artiste, quelque grandiose soit-il, si le devoir à tout jeune artiste est de travailler en des études sensationnelles très restreintes, et si tout artiste, même expérimenté de science et de méditation, doit terriblement redouter toute institution générale, c’est pourtant le droit aux maîtres d’essayer à l’heure de la vieillesse, comme leur dernier et suprême monument, cette création gigantesque, une synthèse sensationnelle ; et Richard Wagner, debout en 1876 dans son Bayreuth inauguré, pouvait tenter l’œuvre synthétique de la sensation humaine qui fut le Parsifal. […] Et c’était, au moyen-âge, une splendeur de l’esprit humain en l’humilité du droit chemin, et c’est, aujourd’hui, les folles œuvres d’Antéchrist ; toute pensée antireligieuse étant devenue possible par le fait rebellieux de la Réforme au seizième siècle.

1804. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Nulle part le rayon éblouissant, qui parfois même blesse l’œil, droit et dur comme une flèche, ne la déchire, cette brume de la pensée flottante. […] La poésie philosophique et scientifique, pour avoir l’influence morale et sociale qui lui appartient de droit, et qu’un Victor Hugo eût pu lui donner, doit être aussi vivante, aussi voyante et sentante que la poésie religieuse. […] Edmond Clay, si elle n’est sanctifiée par la sagesse, est en effet chose vile ; et, si les parents n’avaient d’autre titre que celui-là au respect de leurs enfants, c’est au mépris de leurs enfants qu’ils auraient logiquement droit. » — Mais, répondrons-nous, les autres titres au respect et à l’affection ne manquent pas, sans qu’on ait besoin de les demander à « la sagesse » ; il n’y a rien de méprisable dans l’amour même qui unit deux êtres, et qui a en vue de perpétuer dans un autre être toutes les qualités supérieures de la race humaine.

1805. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

La cour où est introduit David Copperfield au début de ses études de droit, la salle triste où siègent immobiles des juges raides et chuchotants, est un lieu d’un calme languissant, et tous les traits du tableau servent à développer cette impression de somnolent repos. […] C’est le petit David envoyé en pension à Londres, dînant tout seul à l’auberge de Yarmouth, se laissant enlever par le garçon, d’une si amusante façon, le contenu de presque tous les plats, et passant ensuite aux yeux de l’hôtesse pour un petit misérable suspect de boulimie ; c’est encore, quand il devient étudiant en droit, l’épisode de la location de son premier appartement de garçon, ses rapports timorés avec sa trop sensible hôtesse, et le récit du mémorable dîner où M.  […] Il marchait dans la vie, droit devant lui, avec alacrité et décision, ne réfléchissant jamais longtemps, prêt à tout entreprendre, ne ménageant guère ses forces, n’usant ni de prudence, ni de patience, ni de longs calculs.

1806. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

En ces années où Bonstetten prend décidément son parti et où, faisant une bonne fois son deuil de tous les regrets, le rajeunissement pour lui commence, Genève offrait la réunion la plus complète d’esprits éclairés et distingués : Mme de Staël encore, qui allait trop tôt disparaître ; Dumont, l’interprète de Bentham, l’ancien ami de Mirabeau ; le médecin Butini ; l’illustre naturaliste de Candolle, « l’homme parfait, qui avait un aussi bon esprit pour les affaires du monde que pour les végétaux, et le cœur comme s’il n’avait que cela » ; les savants Pictet ; l’érudit Favre ; bientôt Rossi, dont l’esprit fin et l’habile carrière devaient aboutir à la grandeur ; Sismondi, droit, loyal, instruit, mais qui se trompait à coup sûr quand il croyait voir en Bonstetten « un débris de la secte de Voltaire » ; bien d’autres que j’omets, et jusqu’à cet aimable Diodati, qui m’a entretenu d’eux autrefois, et qui, le dernier de tous, vient tout récemment de mourir. […] Décidé à rester heureux, il se croyait en droit de repousser comme une ennemie toute réflexion trop amère, toute prévision surtout, qui lui aurait coûté des larmes ou des angoisses.

1807. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Les terres qu’ils habitent depuis des siècles leur appartiennent sans doute : personne ne leur refuse ce droit incontestable ; mais ces terres, après tout, ce sont des déserts incultes, des bois, des marais, pauvre propriété vraiment. […] Les Espagnols, en vrais brutaux, lâchent leurs chiens sur les Indiens comme sur des bêtes féroces ; ils tuent, brûlent, massacrent, pillent le Nouveau Monde comme une ville prise d’assaut, sans pitié comme sans discernement… Les Américains des États-Unis, plus humains, plus modérés, plus respectueux du droit et de la légalité, jamais sanguinaires, sont plus profondément destructeurs, et il est impossible de douter qu’avant cent ans il ne restera pas dans l’Amérique du Nord, non pas une seule nation, mais un seul homme appartenant à la plus remarquable des races indiennes… » L’exposition ainsi faite, le moral et l’esprit de la scène ainsi expliqués complètement, il la raconte si bien que cela finit par être une peinture navrante : « Six à sept mille Indiens ont déjà passé le grand fleuve, ceux qui arrivaient à Memphis y venaient dans le dessein de suivre leurs compatriotes.

1808. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Cantonnés les uns dans un coin de la grande île, les autres réfugiés dans la presqu’île armoricaine, ils s’attachaient à leurs traditions comme au plus saint titre de leur imprescriptible droit, comme au plus sûr gage de leur inévitable triomphe. […] Mais comme Tristan s’agite, impatient, sur son lit et demande si l’on aperçoit le vaisseau qu’il attend, sa femme, torturée de jalousie, lui annonce un navire aux noires voiles : et il meurt, au moment où débarque la seule, la toujours aimée Yseult, qui se précipite et prie pour lui : « Ami Tristan, quand vous vois mort, Je n’ai droit ni pouvoir de vivre ; Vous êtes mort pour mon amour, Et je meurs, ami, de tristesse, De n’avoir pu venir à temps. » Auprès de lui se va coucher ; Elle l’embrasse, et puis s’étend : Et aussitôt rendit l’esprit.

1809. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Le rôle du Christ appartenait comme de droit à un prêtre : c’est en cette qualité qu’à Metz (1437) le curé Nicole faillit mourir en l’arbre de la croix, pour y être resté pendu plusieurs heures de suite, récitant trois ou quatre cents vers dans son agonie. […] En possession du droit de jouer leurs mystères, d’interdire à tous autres d’en jouer à Paris ou dans sa banlieue, établis à l’Hôpital de l’Hôtel de la Trinité, plus tard à l’Hôtel de Flandre, ils lurent peut-être les premiers à représenter le drame de la Passion : ils furent sans doute les promoteurs des vastes compositions cycliques, dont la permanence de leur théâtre leur rendait facile, autant qu’avantageuse, la représentation.

1810. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Jusqu’à ce qu’elle se révèle, le Times de Londres aura le droit d’imprimer que la poésie française actuelle est très inférieure à la poésie anglaise ; car c’est écrit dans un numéro spécial que j’ai là, un numéro consacré, s’il vous plaît, à la gloire de la France. […] Il déclare tout uniment, reprenant un mot de son frère Remy, qu’il faut être créateur pour avoir le droit d’être un critique.

1811. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il y a des prescriptions, des conseils, car il faut bien que le temple du goût ait une enceinte sacrée ; mais quiconque sait n’être pas ennuyeux a le droit d’y entrer, fût-ce par la brèche. […] Il est vrai qu’il avait le droit de l’aimer dans le bon usage qu’il en a fait ; mais, à quelque chose qu’il l’emploie, il ne le hait pas.

1812. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

De tous les points du monde, on viendrait à Paris pour y briguer l’honneur d’être enterré à l’Elysée et d’y conquérir « les droits d’une bourgeoisie illustre et immortelle. » Cet Élysée serait en même temps un lieu d’asile. […] Il craignit pour son droit d’inventeur, et il eut la double faiblesse de désavouer ses disciples et d’imiter les imitateurs de ses défauts, au risque d’être à son tour désavoué comme téméraire par des jeunes gens.

1813. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Alors je ne vois pas pourquoi on la déclarerait rebelle à l’analyse et on me dénierait le droit d’en rechercher l’origine. […] — Mais bien entendu, répondra-t-on, il faut qu’on suppose que ces parois restent immobiles. — Oui, mais il est évident que moi, j’ai le droit de bouger ; et alors les parois que nous supposons en repos absolu seront en mouvement relatif par rapport à moi. — Oui, mais un pareil mouvement relatif ne peut pas être quelconque, quand des objets sont en repos, leur mouvement relatif par rapport à des axes quelconques est celui d’un corps solide invariable ; or, les mouvements apparents que vous imaginez ne sont pas conformes aux lois du mouvement d’un solide invariable. — Oui, mais c’est l’expérience qui nous a appris les lois du mouvement d’un solide invariable ; rien n’empêcherait d’imaginer qu’elles fussent différentes.

1814. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

En rentrant chez lui, le duc de Septmonts, usant d’un droit dont on va lui faire un crime effroyable, commence par intercepter une lettre de la duchesse adressée à Gérard. […] Il est dans son droit, sinon d’emportement, au moins de jalousie, ce… mari imaginaire.

1815. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

 » Vainement il essaie aujourd’hui l’apologie de cet écrit, De Buonaparte et des Bourbons ; on sourit de le voir se couvrir de toutes les autorités les plus libérales pour montrer qu’il était dans son droit en s’exprimant alors comme il le fit. […] Mais elle a droit, cette société, de demander au moins le sérieux de leur ambition à ceux qui veulent être ses guides et ses pilotes.

1816. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Assez circonspect pour ne point s’éblouir par les fausses beautés répandues en quelques endroits de la Philis de Scire, il s’est cru en droit de mettre des correctifs aux pensées qui lui ont paru trop forcées. […] Mais il a sur-tout un droit incontestable sur l’admiration universelle des hommes, lorsque de ce haut point où il s’est élevé, il descend à la description naturelle des choses humaines.

1817. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

« Elle n’est pas venue, dit-il : elle viendra. » Espérons-le avec lui : il est de ceux qui ont le plus droit de la promettre ; car il la sert, il en hâte le triomphe ; et certes, lorsqu’à la lecture de son livre nous voyons ce que nos pères ont souffert pour elle, et que nous sentons en nos cœurs ce que nous serions prêts à souffrir nous-mêmes, quand il nous semble qu’à travers les larmes, le sang et d’innombrables douleurs, tout a été préparé par une providence attentive pour son mystérieux enfantement, nous ne pouvons imaginer que tant de mal ait été dépensé en pure perte, que tant de souffrances aient été vainement offertes en sacrifice ; et dût-il nous en rester encore quelque part à subir, nous croyons plus fermement que jamais au salut de la France.

1818. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Ils cherchaient à me décrier la volupté et son ivresse, parce qu’elle est passagère et trompeuse ; et je brûlais de la trouver entre les bras de mon amie, parce qu’elle s’y renouvelle quand il lui plaît, et que son cœur est droit, et que ses caresses sont vraies.

1819. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

A Montesquieu, l’histoire renouvelée ; à Voltaire, la propagation du déisme, du bon sens et de la tolérance ; à Diderot, le résumé encyclopédique des connaissances humaines ; à Jean-Jacques, la restauration du sentiment religieux, des droits de l’homme, tant individuel que social, et le grand principe de la souveraineté démocratique ; tels sont les titres généraux, que leur reconnaît M. 

1820. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

Les moyens pour atteindre au but nous parurent loyaux autant qu’efficaces, pacifiques, persuasifs, tels enfin que le principe dominant de liberté n’avait ni droit ni pouvoir pour les restreindre ou les interdire.

1821. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Elle n’a jamais douté, d’abord, de sa puissance et de son droit de dogmatiser, de juger d’après des dogmes littéraires.

1822. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Jules Favre, en posant le fait, fait tomber la thèse de son adversaire et assied la base d’une autre thèse sur les droits de la critique.

1823. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Mousquetaire gris à dix-sept ans, mestre-de-camp de cavalerie, il est démissionnaire en 1702, de dépit de n’avoir pas passé brigadier : le roi, qui à cette date avait plus que jamais besoin d’officiers, et qui n’aimait pas les esprits si prompts à fixer leur droit, ne lui pardonna jamais d’avoir quitté l’armée.

1824. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Desmoulins (1760-1794). né à Guise, fit son droit, prit une part active aux mouvements populaires de la Révolution, se fit journaliste, fut élu député de Paris à la Convention, et devint secrétaire général de Danton, ministre de la justice.

1825. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Autrier est un bourgeois : et son théâtre exprime les idées d’un bourgeois de 1850, qui aurait l’âme saine, sens droit, volonté ferme, moralité intacte.

1826. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

Ce succès leur montrait que la Nature obéit à des lois ; il ne leur restait plus qu’à savoir à quelles lois ; pour cela, ils n’avaient besoin que de patience, et ils avaient le droit de demander que les sceptiques leur fissent crédit.

1827. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Il rétablit l’abbé dans tous ses droits, & laissa chacun libre de prononcer le Latin comme on voudroit.

1828. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « De Cormenin (Timon) » pp. 179-190

Philippiques ; Lettres sur la Liste civile ; Bilan du 15 mars 1831 ; Lettres sur la condamnation de la « Tribune » ; Pétition pour le droit électoral ; Rendez-moi mes lapins ; Questions scandaleuses d’un Jacobin au sujet d’une dotation (1840) ; Avis aux contribuables (1842) ; Ordre du jour sur la corruption électorale et parlementaire ; Défense de l’évêque d’Angers, de l’évêque de Périgueux, du cardinal de Bonald ; Feu !

1829. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

Devant ce public qu’elle n’oublie jamais et qui lui donnait sa tenue littéraire, elle est, après tout, un écrivain d’un certain ordre, qui a droit à un classement quelconque.

1830. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

Eh bien, c’est cette tendance à dissoudre les grands poètes dans leurs siècles, et en particulier dans le sien cette escarboucle de Dante, avec laquelle personne n’a le droit de se donner des airs de Cléopâtre, c’est cette tendance universelle et autorisée que je ne trouve pas dans le livre de M. 

1831. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Scott lui-même, le doux Scott, le grand bonhomme indulgent aux romanciers, pour lesquels il aurait le droit d’être sévère, s’il les jugeait du haut de sa supériorité, Scott le reconnaît dans la notice qu’il lui consacre.

1832. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Il a le droit du caprice qu’ont les hommes d’imagination et les jolies femmes.

1833. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Enfantin qui, s’il n’a pas été Dieu, en a été bien près, condamne la guerre, par amour et respect de la chair, avec ces lâchetés d’humanitaire, qui auraient fait reculer le droit humain de plus d’un siècle, si elles avaient eu dernièrement de l’action à Sébastopol.

1834. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Bouilhet, a le droit de les exiger.

1835. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

… C’est là, en effet, ce que nous sommes en droit d’attendre de tout livre de voyage, s’il ne se réduit pas à n’être que de la pituite de voyageur.

1836. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

Pendant ce temps-là, les peuples gémissaient, les barbares pillaient, les empereurs s’égorgeaient, et ceux qui restaient quelque temps sur le trône, la plupart voluptueux et fanatiques, superstitieux et féroces, controversistes aussi ardents que lâches guerriers, placés entre les hérétiques et les barbares, donnaient des édits au lieu de combattre ; et tandis que les Huns, les Goths, les Arabes, les Vandales, les Bulgares et les Perses ravageaient tout, du Tibre au Pont-Euxin, et du Danube au Nil, les empereurs de Byzance oubliaient l’empire pour usurper les droits des évêques et proscrire ou soutenir des erreurs qui ne devaient être jugées que par les pontifes ; on sent bien que des temps d’avilissement et de malheur ne sont pas favorables ni aux panégyriques, ni à l’éloquence.

1837. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Le droit à l’ironie a-t-il donc besoin d’être défendu ? […] On n’a pas le droit d’ignorer à ce point « un des poètes les plus absolument poètes de la littérature européenne » ! […] Il refuse de prêter le serment, car il n’a pas le droit de dire « toute la vérité ». […] Non, non, il y a des attitudes auxquelles un homme comme lui n’a pas le droit de se plier. […] Soit ; mais, enfin, elle avait le cœur droit, et elle a gardé un très haut sentiment du devoir.

1838. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Richepin a cessé d’avoir du talent dès l’instant où il a touché des droits d’auteur. […] Mais ils n’y ont pas songé… Dès lors, les pauvres ne sont-ils pas en droit de lever l’étendard de la révolte ? […] Il n’a pas le droit de les frustrer ; et Gaspard est l’esclave du devoir. […] Le spectacle de la nature lui fait prendre en pitié l’infirmité des jugements humains ; il comprend que tôt ou tard la vérité reconquiert ses droits et prend une éclatante revanche, et il prédit au pauvre Lesurques une glorieuse réparation. […] Et il parlait encore, lorsqu’il fut foudroyé, le bras droit arraché, le flanc gauche ouvert.

1839. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Mœurs et morale, règle au sens de constance et règle au sens d’impératif : l’universalité de fait et l’universalité de droit s’expriment à peu près de la même manière. […] Dans la Babylonie du Sud, le soleil qui voit tout est devenu le gardien du droit et de la justice ; il reçoit le titre de « juge ». Le Mitra indien est le champion de la vérité et du droit ; il donne la victoire à la bonne cause. […] Mais plus le groupement est important, plus il a droit à un dieu véritable. […] Sans doute ; mais s’il ne peut être question ici d’une reconstruction mécanique, nous sommes en droit de demander une explication psychologique.

1840. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Ce qui suffisait pour leur donner droit de présence à ce concours. […] J’en vis un grand nombre se mettre sur les rangs, & tous avaient droit de s’y présenter. […] Il démontra ses droits d’une maniere peu diserte, mais sensible. […] D’autres Emules, qui avaient droit d’entrer en lice, eurent aussi leurs succès. […] Ce n’est que par degrés que le goût perd insensiblement ses droits.

1841. (1903) La pensée et le mouvant

Il avait beau n’être pas encore formulé : il se posait lui-même en droit, avant d’être posé en fait. […] L’ordre aurait donc besoin d’être expliqué, tandis que le désordre, étant de droit, ne réclamerait pas d’explication. […] De quel droit met-on l’inerte d’abord ? […] Ayant quitté en effet la courbe de sa pensée pour suivre tout droit la tangente, il est devenu extérieur à lui-même. […] Mais vous n’avez pas le droit de la désarticuler selon une autre loi, ni de la supposer articulée d’une autre manière.

1842. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Il est dangereux pour un artiste d’être excellent théoricien ; l’esprit qui crée s’accommode mal avec l’esprit qui juge ; celui qui, tranquillement assis sur le bord, disserte et compare, n’est guère capable de se lancer droit et audacieusement dans la mer orageuse de l’invention. […] Par malheur, tous les poëtes n’ont pas le droit de tuer. […] Busby, son ancien maître, avec une gravité et une noblesse très-grandes, le priant sans s’humilier, le désapprouvant sans l’offenser, d’un style contenu et fier qui fait plaisir, lui redemandant ses bonnes grâces, sinon comme une dette envers le père, du moins comme un don pour l’enfant, et ajoutant à la fin : « Je mérite pourtant quelque chose, ne serait-ce que pour avoir vaincu mon cœur jusqu’à prier761. » On le trouve bon père avec ses enfants, libéral envers son fermier, généreux même. « On a écrit, dit-il, plus de libelles contre moi que contre presque aucun homme vivant, et j’aurais eu le droit de défendre mon innocence. […] On avait exclu le frère du roi de ses emplois, on voulait l’exclure de ses droits au trône. […] Il expose la tranquille vieillesse et le droit incontesté du roi David766, la grâce, l’humeur pliante, la popularité de son fils naturel Absalon767, le génie et la perfidie d’Achitophel768, qui soulève le fils contre le père, rassemble les ambitions froissées et ranime les factions vaincues.

1843. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Mais, au point de vue général de la philosophie, l’idée du sommeil n’est pas pour cela, comme le croit l’école de Paris, un simple « reflet » de mouvements organiques qui pourraient aussi bien exister sans aucun contenu mental ; il y a là deux parties d’un même tout également nécessaires, et on n’a pas le droit de déclarer que l’une ou l’autre est un reflet superflu. […] Je concentre ma pensée sur le bras droit de la malade, comme s’il était le mien ; je m’imagine son mouvement à plusieurs reprises, tout en voulant contraindre la malade par un ordre intérieurement parlé… Première minute : action nulle ; deuxième minute : agitation dans la main droite ; troisième minute : l’agitation augmente, la malade fronce les sourcils et lève la main droite, qui retombe quelques secondes après… Va à ton frère et embrasse-le. […] Mme B… tenait son bras droit au-dessus du poignet et se plaignait d’y souffrir beaucoup. […] Quand Mme B… fut éveillée, elle serrait encore son poignet droit et se plaignait d’y souffrir beaucoup « sans savoir pourquoi ».

1844. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

De ce qu’un petit nombre d’animaux appartenant à des ordres, en général, à respiration aquatique, tels que les crustacés et les mollusques, sont adaptés à la vie terrestre ; de ce que nous connaissons, outre les oiseaux, des mammifères volants et des insectes volants appartenant aux types les plus divers ; de ce qu’il a existé aussi autrefois des reptiles volants ; nous pouvons conclure avec quelque droit que les poissons volants, qui aujourd’hui se soutiennent seulement dans l’air, en ne s’élevant que fort peu et en tournant à l’aide des vibrations de leurs nageoires ou ailerons membraneux, auraient pu être modifiés jusqu’à devenir des animaux parfaitement ailés. […] Enfin, son bec est droit et fort, et quoiqu’un peu moins fort et moins droit que chez l’espèce européenne commune, il peut cependant lui permettre de perforer le bois. […] Quel droit avons-nous donc d’affirmer que le Créateur travaille à l’aide des mêmes facultés intellectuelles que l’Homme ?

1845. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Quelle modération (on a droit de le dire maintenant, après qu’on a lu les historiens ses successeurs) dans les jugements sur les hommes de la Convention, sur ces Montagnards qu’on l’accusait d’abord de trop favoriser !

1846. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

» On continuerait encore longtemps sur ces difficultés et ces épines de la critique, mais nous nous en tiendrons là, d’autant que ce dernier point nous mène assez droit à la récente publication de M. de Balzac… Les talents poétiques et littéraires d’aujourd’hui (sans parler des autres, politiques et philosophiques), sont soumis à de redoutables épreuves qui furent épargnées aux beaux génies du siècle de Louis XIV, et il est bien juste de tenir compte, en nous jugeant, de ces difficultés singulières qu’on a à subir.

1847. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

C’est un grand bonheur aujourd’hui ; mais ni l’un ni l’autre n’ont le droit d’en être fiers.

1848. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

En vérité, après le démenti donné le 29 juillet à tous ces prophètes du passé, nous concevons leur peu de foi en eux-mêmes et dans leurs recherches futures, et nous avons droit de leur demander pourquoi ils passent outre à la recherche timide de ce problème social, lorsque déjà se sont élevés des hommes qui proclament l’avoir résolu.

1849. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

La réflexion pourtant a droit de faire ses réserves.

1850. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Aristote est dans l’ignorance la plus complète sur toutes les questions générales que l’histoire de son temps n’a point éclaircies ; il ne suppose pas l’existence du droit naturel pour les esclaves.

1851. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Ils sont excellents pour la plupart, et l’on n’a point coutume de demander à son maître d’écriture par quelle déduction rationnelle et en vertu de quel principe a priori, il veut qu’on étende bien ses doigts, qu’on ne mette pas son cahier de travers, qu’on ramène sa plume vers sa poitrine, et qu’on se tienne droit comme un I.

1852. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Il étudia la théologie, puis le droit à Orléans avec Pierre de l’Etoile, à Bourges avec Alciat, le grec à Bourges aussi avec Wolmar.

1853. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Albert Mockel M. de Régnier est surtout un droit et pur artiste ; son vers a des lignes bien tracées, des couleurs transparentes et rares disposées avec justesse ; il démontre une grande probité d’écriture, un idéal d’art austère, la volonté d’un homme qui garde haut sa conscience.

1854. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Une foule extraordinaire de toutes sortes de personnes accompagna son corps jusques dans l’église de Saint-Eustache, où il fut inhumé avec une grande pompe, le huitième décembre 1694. » Arlequin enterré derrière le chœur, vis-à-vis la chapelle de la Vierge ; Scaramouche inhumé dans l’église Saint-Eustache en grande pompe ; on ne peut s’empêcher, en lisant ces mots, de songer au convoi de Molière, qui n’avait pas eu le temps de renoncer au théâtre, et qui fut conduit silencieusement, à neuf heures du soir, tout droit au petit cimetière de Saint-Joseph : contraste pénible et sujet d’immortel regret.

1855. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

J’y déplorai la mort d’un familier, d’un probe écrivain qui n’a pas eu le temps de donner sa mesure pleine, mais que j’aimais : Léon Dequillebec, ancien secrétaire de rédaction de la Plume, et mon éminent ami Laurent Tailhade avait dû subir une cruelle épreuve, l’ablation de l’œil droit.

1856. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

Va-t-il droit à son but ou use-t-il de paraboles, d’apologues, de symboles ?

1857. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

Ce travail l’a mis plus à portée que tout autre de juger de l’abus qu’on fait souvent des droits réels de l’usage.

1858. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Au sortir des Écoles de Droit il choisit la profession de Comédien, par l’invincible penchant qu’il se sentait pour la Comédie.

1859. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Rien d’ailleurs n’est plus déplacé que des injures dites au public : il est vrai que si quelqu’un s’est jamais pu acquérir ce droit-là, c’est Rousseau, puisqu’il a pour ainsi dire renoncé à la société ; mais du moins quand on veut insulter quelqu’un il faut être de bonne foi, et je crois qu’il n’y en a point dans cette préface.

1860. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

À l’heure où elle apparaît dans l’Histoire, Marie-Antoinette y représente toutes les femmes légitimes ; et quand la Révolution la frappe, ce n’est pas seulement une femme, mais c’est le Droit même de la Femme qui tombe frappé et décapité avec elle !

1861. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

À l’heure où elle apparaît dans l’histoire, Marie-Antoinette y représente toutes les femmes légitimes ; et quand la Révolution la frappe, ce n’est pas seulement une femme, mais c’est le Droit même de la Femme, qui tombe frappé et décapité avec elle !

1862. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Vaublanc, qui n’exerça jamais d’action supérieure et unitaire sur les hommes et les choses de son temps ; Vaublanc qui, en 1830, étant à Saint-Cloud, en disponibilité, au service de cette Restauration qui était aveugle quand elle n’était pas ingrate, vit Charles X, parla à Charles X et n’entendit pas un mot de ce qui se brassait alors au conseil, Vaublanc n’est en définitive qu’un grand homme et qu’un grand ministre du cimetière de Gray, mais le critique — qui n’a pas le droit de rêver comme le poète, — ne l’invente ni ne le suppose ; il le trouve dans ce que Vaublanc a laissé.

1863. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Certainement, nous le prenons comme il nous le donne, mais nous avons le droit de dire que, sans y rien changer, nous lui voudrions plus de sève, — plus de franchise et de chaleur !

1864. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Saisset, qui n’a jamais été une de ces supériorités qui ont, de génie, le droit de haute et basse justice sur les systèmes couverts du porte-respect des grands noms, M. 

1865. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Mais le xviiie  siècle, plus brutal, a traité Mahomet non comme un Turc, mais comme un Pape, et vraiment on a quelque droit de s’en étonner.

1866. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Et, comme il s’agissait de roi et de monarchie, l’auteur de la Reine Blanche, saint Louis et le comte de Chambord 44 a pris celui-là qui est roi par le droit héréditaire de sa naissance, et il s’est demandé s’il serait le roi de cette monarchie chrétienne qu’il faudrait ressusciter contre la révolution qui l’a tuée, et ressusciter assez forte pour ne pas permettre à cette révolution de la tuer une seconde fois.

1867. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Sur la question à feu, en ce moment, de l’égalité entre les deux sexes, — ce ridicule préjugé physiologique et psychologique des femmes-hommes et des hommes-femmes de ce temps, — l’auteur de l’Être social (page 162) reconnaît que le jour n’est pas venu où le droit des femmes à la virilité triomphera.

1868. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Et soyez sûr qu’il a conscience de ce privilège de jeunesse immortelle, qui ne révèle sa durée que par le temps qu’il faut aux choses humaines pour atteindre à leur perfection ; soyez-en sûr, car, aujourd’hui, dans le plein jour de ses Œuvres complètes, il a daté avec insouciance tous ses poèmes et s’est vanté très-haut de son droit d’aînesse dans la littérature du xixe  siècle.

1869. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

dans le groupe hiérarchique des poètes, mais qui a certainement droit d’entrée dans l’hémicycle sacré !

1870. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Il faut reconnaître qu’on est presque en droit de lui appliquer la jolie pièce des Pigeons qui ont fané, en volant bas, l’iris de leur plumage.

1871. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Champfleury qu’est sorti, de droit flanc, le romancier qui a écrit Le Malheur d’Henriette Gérard.

1872. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

Il est plus naturel de croire qu’il exista sur le rivage du Latium une cité grecque qui, vaincue par les Romains, fut détruite en vertu du droit héroïque des nations barbares, que les vaincus furent reçus à Rome dans la classe des plébéiens, et que, dans le langage poétique, on appela dans la suite Arcadiens ceux d’entre les vaincus qui avaient d’abord erré dans les forêts, Phrygiens ceux qui avaient erré sur mer.

1873. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Mme Aurel a dit à peu près que le métier littéraire appartient de droit aux femmes (comme tout le reste !) […] Les auteurs ont le droit de louer, non de condamner. […] À Talleyrand, qui invoquait à Vienne le droit public, on répondait avec humeur : « Que fait ici le droit public ? […] Chez les jésuites, dans le droit d’aînesse, dans la monarchie, c’est une énergétique qu’il admire. […] Mallarmé fut une de ces personnalités dont une ample Vie à l’anglaise, écrite par qui de droit, éclairerait patiemment le visage que j’ai laissé, par incompétence, dans une ombre presque impersonnelle.

1874. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Delille gagna à ce parti pris d’un exil tout volontaire des sentiments plus vifs que d’habitude, et le droit d’exhaler une inspiration plus profonde qu’il n’en avait marqué jusqu’alors. […] Bientôt la Décade cessant, le parti philosophique perdit son organe habituel en littérature et son droit public de contradiction : le champ libre resta aux éloges. […] I, p. 156), cite une requête en vers adressée à Bonaparte par le libraire de Delille, et il l’attribue sans hésiter à celui-ci ; mais les vers sont si mauvais qu’on a le droit d’en douter.

1875. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Sa taille est élevée ; sa stature est mince et souple ; ses membres, un peu longs comme dans toutes les natures nobles, sont rattachés au buste par des jointures presque sans saillie ; ses épaules, gracieusement abaissées, se confondent avec les bras et laissent s’élancer entre elles un cou svelte qui porte légèrement sa tête sans paraître en sentir le poids ; cette tête, veloutée de cheveux très fins, est d’un élégant ovale ; le front, siège de la pensée, la laisse transpercer à travers une peau féminine ; la voûte du front descend par une ligne presque perpendiculaire sur les yeux ; un léger sillon, signe de la puissance et de l’habitude de la réflexion, s’y creuse à peine entre les deux sourcils très relevés et très arqués, semblables à des sourcils de jeune fille grecque ; les yeux sont bleus, le regard doux, quoique un peu tendu par l’observation instinctive dans l’homme qui doit beaucoup peindre ; le nez droit, un peu renflé aux narines comme celui de l’Apollon antique : il jette une ombre sur la lèvre supérieure ; la bouche entière, parfaitement modelée, a l’expression d’un homme qui sourit intérieurement à des images toujours agréables ; le menton, cet organe de la force morale, a beaucoup de fermeté, sans roideur ; une fossette le divise en deux lobes pour en tempérer la sévérité. […] À ce moment elle se leva, vint s’asseoir au bout de la table, y appuya ses deux bras enlacés sur lesquels elle posa ses deux mains, attitude qui lui seyait admirablement, et qu’elle conservait quelquefois pendant plusieurs heures sans faire d’autre mouvement que quelques légers signes de tête provoqués par ce qu’elle voyait, entendait autour d’elle, ou par ce qu’elle pensait en elle-même. » XI Ces amours pures, tantôt contrariées, tantôt servies par des circonstances d’un intérêt touchant dans le récit de Goethe, finirent, comme toutes les fleurs folles de la vie, par un coup de vent qui en disperse les illusions et les parsème sur le sol : le jeune Goethe, réprimandé par ses parents et compromis par ses mauvaises relations avec les cousins de Gretchen, fut envoyé à Strasbourg pour y achever ses études de droit. […] me disais-je, il faut qu’il ait trouvé dans ton air quelque chose de bien hardi et de bien immodeste pour se croire en droit d’aborder ainsi sans inconvenance une jeune fille !

1876. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Cette correspondance du duc de Laval-Montmorency avec moi attestait un esprit droit et lucide, un caractère tempéré, un cœur d’honnête homme. […] Dans les questions de droit parlementaire celui qui attaque est vaincu ; l’esprit public se range contre l’agresseur. Quoi qu’on en dise, il y a une force dans le droit.

1877. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

C’étaient ensuite les affranchis, les prolétaires et les esclaves, rejetés par des lois jalouses en dehors des droits des citoyens, et toujours prêts à briser le cadre des lois qui ne s’élargissaient pas pour leur faire leur juste place. […] Sans doute personne n’eut plus que moi le droit de haïr Clodius ; mais c’était l’ennemi commun, et ma haine personnelle pouvait à peine égaler l’horreur qu’il inspirait à tous. […] Les lieux sacrés eux-mêmes semblent s’être émus en voyant tomber l’impie, et avoir ressaisi le droit d’une juste vengeance.

1878. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Il a déjà versé plus de sang pour donner des couronnes à ses frères, que notre grande Révolution pour gagner les Droits de l’homme. » Nous nous remettions à l’ouvrage, et les réflexions de M.  […] Avec notre billet de logement, nous avions le droit de nous asseoir au coin du feu ; mais les gens nous donnaient aussi place à leur table. […] Goulden, qui n’était pas trop content de voir revenir les anciens rois et les anciens nobles, pensait pourtant que ces gens avaient assez souffert dans les pays étrangers, pour comprendre qu’ils n’étaient pas seuls au monde et respecter nos droits ; il pensait aussi que l’empereur Napoléon aurait le bon sens de se tenir tranquille… mais il se trompait : — les Bourbons étaient revenus avec leurs vieilles idées, et l’empereur n’attendait que le moment de prendre sa revanche.

1879. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

En défendant Dorante contre sa mère, elle croit ne défendre que son droit d’avoir pour intendant qui bon lui semble, et la cause du bon sens contre le préjugé des grandes alliances. […] Mais quiconque voudra payer de l’ennui de les lire le droit de les juger, en fera le même cas que ces seigneurs de la cour de Naples, qui se permirent de « bâiller » au Père de famille, pendant que leur roi fondait en larmes63. […] D’habiles gens qui s’y sont fait applaudir l’ont si bien senti que, pour lui donner droit de cité littéraire par le style, ils l’ont mis en vers.

1880. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Mais de suite la musique reprend ses droits, et dans le troisième duo elle atteint la suprématie absolue. […] On n’a pas le droit de disséquer ainsi l’œuvre de Wagner. […] Et je crois avoir démontré clairement qu’on n’a nullement le droit d’en conclure que la parole est reléguée à une place inférieure.

1881. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Il est donc de toute évidence que le premier devoir de tous ceux qui veulent ce qu’a voulu Wagner et qui ont seuls le droit de se nommer Wagnériens. c’est de répandre la connaissance des écrits de Wagner, de sa vie, de ses idées, — c’est, de présenter tout ceci sous des points de vue fort divers, de façon à expliquer ce qui est resté à quelques-uns obscur, ou à frapper d’autres par de nouveaux arguments. — Et la seule autre chose qu’ils aient à faire, pour le moment, c’est de soutenir par tous les moyens possibles le théâtre de Bayreuth. […] Je pense aussi qu’il y eut des erreurs et quelques fautes, conscientes où non : je ne jetterai pas la première pierre, ne m’en sentant point le droit. […] Wagner a rendu au poème lyrique les droits qu’on avait presque entièrement méconnus.

1882. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Char sacré et inaccessible : aucun homme n’avait le droit d’y monter ; le cocher suivait à pied, tenant les rênes dans sa main. […] » Un homme se trouva pour redresser l’oracle boiteux et le faire marcher droit vers le salut. […] Ce grand combat a été celui de la vie contre la mort, de la liberté contre l’esclavage, du droit contre la violence, du progrès contre l’inertie.

1883. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Rien de plus mobile, sans doute, rien de plus relatif que les objets et les circonstances de nos plaisirs ou de nos peines : l’impression produite par le même objet sur la sensibilité « est tantôt agréable, tantôt désagréable, tantôt indifférente ; le même mets qui me plaisait tout à l’heure excite maintenant mon dégoût » ; mais, de ce que nos plaisirs et nos peines sont en relation avec une multiplicité de circonstances, a-t-on le droit de conclure qu’ils soient eux-mêmes de pures relations ? […] Or, c’est là une loi de guerre et de conquête, où le droit supérieur est le droit du plus fort, du plus apte à préserver et à imposer son existence.

1884. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Je lui écris aussitôt de n’en rien faire, en lui disant ce qui a été toujours notre pensée : qu’un homme de lettres a le droit de l’accepter, mais non celui de la demander. […] L’inégalité est le droit naturel, l’égalité la plus horrible des injustices. […] Lors de son droit, Edmond qui avait une pension de 1200 francs pour son entretien et ses menus plaisirs, achetait, 400 francs, le Télémaque sur peau de vélin, de la vente Boutourlin.

1885. (1894) Textes critiques

Une préface nous apprend que le présent recueil de vers a des droits à entrer dans le cercle symboliste ; et une seconde préface, que le « symbolisme fut hiératique, fut classique, est personnel. » C’est assez juste. […] La rampe éclaire l’acteur selon l’hypoténuse d’un triangle rectangle dont son corps est l’un des côtés de l’angle droit. […] N’avons-nous pas le droit de considérer au nôtre la foule — qui nous dit aliénés par surabondance, par ceci que des sens exacerbés nous donnent des sensations à son avis hallucinatoires — comme un aliéné par défaut (un idiot, disent les hommes de science), dont les sens sont restés si rudimentaires qu’elle ne perçoit que des impressions immédiates ?

1886. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

comme les vieux airs qu’on chantait à douze ans Frappent droit dans le cœur aux heures de souffrance ! […] — Non, je n’aurais eu le droit de t’accuser de rien dont je ne sois moi-même coupable ; mais j’aurais eu le droit de t’aimer, de te consoler, de te dire d’avance le goût de tes larmes, d’entendre le premier les confidences de tes chants, et, puisque tu devais mourir avant moi, d’en recueillir peut-être pieusement le difficile héritage, afin d’augmenter ta gloire en diminuant tes œuvres de tes fautes !

1887. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

II Le premier chant de l’Enfer commence par une allégorie et une allusion. « Au milieu de la route de la vie », chante le poète dans le premier tercet (strophe de trois vers), « ayant perdu le droit chemin, je me trouvai égaré dans une obscure forêt. » Ézéchias avait dit avant lui : « Au milieu de ma vie j’irai aux portes des enfers !  […] Virgile, touché des louanges filiales du poète toscan, le remet dans le droit chemin, en lui faisant éviter une foule d’autres bêtes féroces qui s’accouplent avec la louve (ténébreuses allusions à Rome et à ses alliés). […] « L’aspect de mon visage le soutint quelque temps », dit-elle aux âmes attentives, « et, en laissant briller sur lui mes jeunes yeux, je le guidai dans le droit chemin. — Mais si tôt que je fus au seuil de mon second âge et que j’eus changé de vie en ces lieux, — celui-ci », ajoute-t-elle avec un geste de reproche, « se détacha de moi pour se donner à d’autres. » — (Allusion poignante aux nombreux amours profanes que Boccace et les autres historiens reprochent au Dante après la mort de Béatrice.)

1888. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Les horripilés de la Saint-Barthélemy, qui ne parlent que des droits du peuple et de la sainteté des constitutions, oublient que le Peuple et la Royauté s’entendaient en 1572, et qu’il y avait encore de l’unité dans cette France que le protestantisme allait diviser. […] L’historien de la réforme en ce pays ne pouvait pas se détourner de l’état dans lequel l’anglicanisme commençait de tomber, quand il entreprenait d’en raconter l’origine, et, si le Luther et le Calvin avaient causé dans la patrie du réformateur allemand, où l’on est encore fier de lui, une impression que l’admirable candeur de l’Allemagne n’a pas cachée, que n’était-on pas en droit d’attendre d’un Henri VIII, peint tel qu’il fut, dans le pays qui en a honte, et dont l’établissement politique ne satisfait aucun sentiment religieux ? […] C’est dans le Léon X qu’une grande justice est rendue à Jules II, dont l’épée a sauvé la nationalité italique, et qui, comme prince temporel, avait le droit de la tirer.

1889. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Enfin le souvenir pur, indépendant sans doute en droit, ne se manifeste normalement que dans l’image colorée et vivante qui le révèle. […] D’où résulterait que cela seul lui appartient en droit qu’elle possède en fait, et que, dans le domaine de la conscience, tout réel est actuel. […] Dans la première hypothèse (qui n’a guère pour elle que son apparente simplicité et son analogie avec un atomisme mal compris), chaque souvenir constitue un être indépendant et figé, dont on ne peut dire ni pourquoi il vise à s’en agréger d’autres, ni comment il choisit, pour se les associer en vertu d’une contiguïté ou d’une ressemblance, entre mille souvenirs qui auraient des droits égaux.

1890. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

L’homme, qui a le droit de se servir des animaux pour ses usages domestiques et pour son alimentation, a également le droit de s’en servir pour s’instruire dans une science utile à l’humanité. […] Le cœur de l’homme, ainsi que celui des mammifères et des oiseaux, est donc un cœur anatomiquement double et composé de deux cœurs simples, appelés l’un le cœur droit, l’autre le cœur gauche. […] En un mot, le cœur gauche est le cœur qui préside à la distribution du liquide vital dans tous nos organes et dans tous nos tissus, et le cœur droit est le cœur qui préside à la revivification du sang dans les poumons, pour le restituer au cœur gauche, et ainsi de suite. […] Le système du cœur gauche apporte aux organes le sang qui les anime ; le système du cœur droit emporte le sang qui les a fait vivre un instant. […] D’autres malades ne pouvaient marcher que droit devant eux.

1891. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

La Bretagne n’a été réunie au royaume, que par un mariage ; la Bourgogne, par droit de mouvance, & par l’habileté de Louis XI. le Dauphiné, par une donation qui fut le fruit de la politique ; le comté de Toulouse, par un accord soûtenu d’une armée ; la Provence, par de l’argent : un traité de paix a donné l’Alsace ; un autre traité a donné la Lorraine. […] Quand l’empereur Frédéric Barberousse céda tant de droits au pape Alexandre III. dans le célebre congrès de Venise en 1177, l’empereur mit son sceau à l’instrument, que le pape & les cardinaux signerent. […] Habile, en Jurisprudence, signifie reconnu capable par la loi ; & alors capable veut dire ayant droit, ou pouvant avoir droit. […] Quelques anciens couvens ont conservé des chartres, des diplomes, qui contiennent des donations, dont l’autorité est quelquefois contestée ; ce n’est pas là un recueil où l’on puisse s’éclairer sur l’histoire politique, & sur le droit public de l’Europe. […] Les portraits montrent encore bien souvent plus d’envie de briller que d’instruire : des contemporains sont en droit de faire le portrait des hommes d’état avec lesquels ils ont négocié, des généraux sous qui ils ont fait la guerre.

1892. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Je ne puis que renvoyer au livre dont l’idée principale est l’amour d’un cœur simple, droit, qui se perd à vouloir comprendre les fantaisies d’un esprit en désarroi. […] Mais le ciel, une petite princesse russe et une charmante et intelligente jeune fille, bachelière doctoresse en droit, plus un chien, en ont décidé autrement ; ainsi va la vie ! […] Il était comte par droit de naissance. […] Il adorait « ses petits », comme il disait, mais il savait aimer et défendre ses amis dignement et sans que son esprit perdît ses droits. […] Nous avons pour nous le droit ; nous avons pour nous la justice, et le sentiment de la justice et du droit nous donnera cette force morale qui commande la victoire.

1893. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Mais a-t-on le droit de se servir de la familiarité où on a vécu avec un écrivain pour le livrer tout cru au public ? […] J’avais pourtant bien le droit d’émettre une opinion sur un poète français. […] Pierre Lièvre d’avoir dit courageusement son opinion, et d’avoir exercé, dans toute son indépendance, même à l’égard de Moréas, ce droit de critique que certains fanatiques ont la prétention de vouloir nous refuser. […] mais, dit Heredia, interloqué, c’est votre droit… Vous êtes libre ». — « Oui, sans doute, mais je voudrais savoir ce qu’on dira d’un pareil mariage… Parlez-moi franchement… » — « Diable ! […] Brunetière disait un jour  : « La critique, c’est un buisson le long d’une route ; chaque mouton qui passe y laisse un peu de sa toison ». « Oui, poursuivait Faguet ; mais quand c’est un critique comme vous, c’est un buisson qui marche droit au mouton.

1894. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Des nouvelles de Mérimée, nous avons le droit de dire qu’elles sont toutes nécessaires, tant l’auteur et l’homme ne font qu’un chez lui. […] Le romancier revendique le droit d’associer l’Évangile et l’épée, en vertu d’un texte qui prouve qu’il peut, qu’il doit y avoir une doctrine chrétienne de la guerre. […] Si nos résolutions ne sont qu’une sonnerie dernière de l’horloge mentale, de quel droit demanderons-nous à la sonnerie ce qui n’était pas dans les rouages ? […] Et cependant, si le Scientisme avait raison, cette tradition n’avait même pas le droit d’exister. […] Cette ardeur littéraire, ni les études de droit qui suivirent le collège, ni le stage chez l’avoué ne l’avaient refroidie.

1895. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Alexandre Dumas s’écrie : « Ce droit que je n’ai pas, selon vous, je le prends… Pourquoi ? […] « Quels droits je lui ai donnés sur ma personne !  […] Dumas a bien vu la force de cette objection et que son analyse du demi-monde et de l’adultère le menait tout droit à combattre l’amour lui-même. […] Si l’on est un psychologue, ne pas plus s’irriter des imperfections de la chair que l’on ne s’irrite que la somme des angles d’un triangle soit égale à deux droits. […] J’ajouterai tout de suite qu’il est gâté par un défaut, suffisant pour que le lecteur ait presque le droit de ne pas en apercevoir les qualités.

1896. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Et il avait autrement droit de se rendre ce témoignage, et de se dire ainsi l’adorateur domestique de Racine, que Silius pour Virgile. […] Songez, mon ami, que les années peuvent vous surprendre, « et qu’au lieu des tableaux immortels que la postérité « est en droit d’attendre de vous, vous ne laisserez peut-être « que quelques cartons. […] Il manquait des livres nécessaires, n’avait pour compagnon qu’un petit Virgile qu’il avait acheté près de la Bourse, à Amsterdam ; il lui arrivait de rencontrer chez d’honnêtes fermiers du Holstein les Contes moraux de Marmontel, mais il n’avait pu trouver un Plutarque dans toute la ville de Hambourg (que n’allait-il tout droit à Klopstock ?)  […] Il s’était trop redit cela de bonne heure à lui-même dans sa modestie pour ne pas avoir quelque droit, en finissant, de le redire sur d’autres dans son impatience. […] Mais il n’en est peut-être pas ainsi d’autres actes importants et mémorables d’alors, sous lesquels il y aurait lieu à meilleur droit, et sans avoir besoin d’apologie, d’entrevoir la plume de M. de Fontanes.

1897. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Et nous ne pouvons faire autrement ; le service est trop compliqué pour être exécute à l’improviste par le premier venu ; il faut que le prêtre ait passé par le séminaire, le magistrat par l’école de droit, l’officier par les écoles préparatoires, la caserne ou le navire, l’employé par les examens et les bureaux. — Au contraire, dans un petit Etat comme la cité grecque, l’homme ordinaire est au niveau de toutes les fonctions publiques ; la société ne se divise pas en fonctionnaires et en administrés : il n’y a pas de bourgeois retirés, il n’y a que des citoyens actifs. […] Un méridional, un Grec, est naturellement vif d’esprit, bon et beau parleur ; les lois ne se sont pas encore multipliées, enchevêtrées en un Code et en un fatras ; il les sait en gros ; les plaideurs les lui citent ; d’ailleurs, l’usage lui permet d’écouter son instinct, son bon sens, son émotion, ses passions, au moins autant que le droit strict et les arguments légaux. — S’il est riche, il est imprésario. […] Encore aujourd’hui la discorde subsiste ; il y a en nous et autour de nous deux morales, deux idées de la nature et de la vie, et leur conflit incessant nous fait sentir l’aisance harmonieuse du jeune monde où les instincts naturels se déployaient intacts et droits sous une religion qui favorisait leur pousse au lieu de la réprimer. […] S’il voyage, il peut user du cheval, de l’esclave, des provisions de son voisin ; entre camarades, les services sont de droit et la propriété n’est pas stricte. […] Les muscles avaient été tous fortifiés et assouplis ; on n’en avait point négligé ; les diverses parties du corps se faisaient équilibre ; l’arrière-bras, si maigre aujourd’hui, les omoplates mal garnies et droites, s’étaient remplies et faisaient un pendant proportionné aux hanches et aux cuisses ; les maîtres, en véritables artistes, exerçaient le corps pour lui donner non-seulement la vigueur, la résistance et la vitesse, mais encore la symétrie et l’élégance.

1898. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

J’y joindrai les deux passages suivants, tirés également des lettres à M. de Latour : ils seront désormais inséparables du nom de Mme Tastu ; le souvenir auquel elle a droit dans la série des femmes poètes et son médaillon définitif nous y sont donnés en quelques mots : « Lyon, 7 février 1837. […] n’est exempt ni pur de semblables calamités et n’a droit de jeter la pierre à l’autre.

1899. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Et d’abord, la somme allouée annuellement par l’État pour l’Académie et qui s’élève en tout à 85,500 francs, cette somme affectée en grande partie aux indemnités, droits de présence, etc., contient une réserve de 4,000 francs pour un prix d’Éloquence et un prix de Poésie. […] Il faut, à chaque instant, justifier de son droit et de son privilège en étendant sa vue, en découvrant ce qui se fait ou se tente de remarquable alentour, en ne s’enchaînant pas à des doctrines métaphysiques ou littéraires inflexibles, en s’associant, sans se faire trop prier, toute intelligence supérieure et ornée, toute imagination puissante et féconde, de quelque bord qu’elle vienne ; en n’étant point des derniers à reconnaître l’avènement des talents chers au public et applaudis, en témoignant à l’occasion de l’estime à ceux mêmes qui ne sont pas de l’ordre académique, et qui comptent pourtant dans la grande confrérie des Lettres ; en n’affectant pas absolument de les ignorer.

1900. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

L’honneur de leur suzeraineté, de leur coopération intelligente et gracieuse, resterait hors de cause ; seulement la part du métier reviendrait à qui de droit. […] Au reste, ce n’est pas nous qui refuserons à François Ier des traits d’emprunt ou de rencontre, des saillies heureuses, des maximes galantes et un peu subtiles, quand il suffit d’un petit nombre de vers pour les exprimer ; il n’y a rien là qui excède la portée de talent qu’on est en droit d’attendre d’un prince spirituel et qui avait eu de tristes loisirs pour s’exercer.

1901. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

La république, seule, était assez forte pour imprimer à la révolution cette halte après la victoire, qu’on appelle sang-froid, modération, droit de tous. […] Nous surtout, qui voulons supprimer la peine irréparable de mort en matière civile, et qui avons eu l’audace de la supprimer même en politique, nous n’aimons pas la peine corruptrice des bagnes, et nous avons, dans nos nombreux discours sur ce sujet, réclamé un pénitentiaire colonial avec une législation spéciale, et des prisons lointaines et graduées, pour donner la sécurité à la société innocente, contre les bêtes féroces de la ménagerie humaine ; mais, la prison pénitentiaire coloniale n’existant pas encore, il faut bien reconnaître à la société le droit sacré de se défendre en attendant et de se séparer de ce qui la menace en la souillant.

1902. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Mais les corps collectifs sont toujours poussés à prendre dans leurs antécédents les règles de leur avenir, M. de Lamennais fut nommé membre de la commission de Constitution: il se mit à l’ouvrage et chercha par la logique brutale du nombre à fonder sa société comme une troupe de sauvages sortis des bois ; il fonda les communes, puis il réunit toutes ces communes, et de leur réunion il fonda l’État, en sorte que l’État social matérialiste et se comptant par chiffre, et non par capacité ni par droits héréditaires et acquis, était l’expression seule du nombre et de l’impôt, abstraction faite de tout le reste, c’est-à-dire de la société tout entière. En entendant chez madame d’*** la lecture de ce rêve de démagogie, je ne doutai pas qu’il ne fût rejeté à l’unanimité par des hommes sortis d’un autre œuf que de celui de ce rêve ; je ne voulais pas en décourager trop vite l’auteur, et je me bornai à lui faire quelques critiques sommaires sur son système, en lui présentant le nombre innombrable d’exceptions que la société bien constituée pouvait opposer à cette comptabilité absurde des droits numériques de tous les hommes ; mais je n’insistai pas trop pour lui laisser l’illusion de son système.

1903. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Boileau n’eût pas compris que l’impersonnalité et l’objectivité eussent pour conséquences l’impassibilité ; et il est curieux que ce sévère pontife de la raison soit justement l’homme qui ait le plus fortement maintenu les droits de l’imagination et de la sensibilité au théâtre. […] Notre littérature, moins mondaine, ou notre monde, moins poli, ne s’effarouchent pas du débraillé : le public d’honnêtes gens auxquels s’adressaient nos classiques, maintenait dans les écrits une sorte de réserve aristocratique, d’une simplicité très raffinée, au moyen de laquelle on pouvait tout faire entendre, mais qu’on n’avait pas le droit de rejeter un seul instant.

1904. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Chateaubriand garde le droit de dire de son livre : « Il est venu juste et à son heure ». […] Il a indiqué des modèles, Dante, Milton, surtout la Bible, qui par lui a été classée définitivement comme un des « classiques » de la littérature universelle, qu’on n’a plus le droit d’ignorer.

1905. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Son front droit, bien construit, que les sourcils coupent d’une ligne horizontale, est couronné d’une chevelure blonde démesurée, frisée naturellement, et longue comme une perruque à la Louis XIV. […] Tenir une heure durant quelqu’un sous le charme d’une histoire rare et magnifique dite en paroles rythmées, voilà ce qui ne vous est pas étranger, et à quoi vous avez droit été, cela, avec l’incroyable talent que vous mettez partout, vous fait des aujourd’hui une place à part ; et, Les Poésies de Catulle Mendès, ce titre signifie parfaitement ce qu’il dit.

1906. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Le troisième livre parut en 1546, avec privilège du roi, conférant à l’auteur le droit de réimprimer les deux premiers, « corrompus et pervertis en plusieurs endroits, y est-il dit, au grand desplaisir et detriment du suppliant. » Ainsi Rabelais trouvait moyen de se faire connaître impunément pour l’auteur des deux premiers livres de Gargantua, par le même acte qui désavouait d’avance, comme ajouté et interpolé, tout ce qui pouvait ultérieurement paraître malsonnant aux censeurs de la Sorbonne. […] Rabelais ne se hâta pas d’user du droit que lui donnait le privilège de réimprimer les deux premiers livres.

1907. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

§ 3 En fait l’homme ne veut généralement pas sacrifier tout à fait ses droits et ses désirs, mais il ne veut pas non plus sacrifier les autres. […] Mais si nous voulions préciser les droits de l’individu et ceux de la société, nous ne saurions y parvenir.

1908. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Nous trouverons, en effet, en allant droit à la source, en examinant la genèse de Lohengrin, que cet ouvrage a été conçu et exécuté sous des conditions très particulières, uniques dans la vie du Maître. […] Si l’harmonie est une science fermée, c’est-à-dire une science où les règles, posées une fois pour toutes, ont la valeur d’axiomes et ne sauraient être transgressées, Wagner doit être regardé comme un pitoyable harmoniste ; si, au contraire, elle a le droit d’étendre son domaine, et, sans gâter pour cela le plaisir exigé par l’oreille, de s’enrichir de conquêtes nouvelles, Wagner offre en ses travaux une matière digne d’intérêt.

1909. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Or, en 1877, pressé de besoin d’argent, Wagner aurait vendu à l’Opéra Royal de Munich le droit de représenter Parsifal. Et la direction de l’Opéra de Munich, après de nombreux délais, pressée elle-même du besoin de recettes, aurait voulu user de son droit.

1910. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Après avoir payé ces droits d’entrés, l’œuvre de Wagner est enfin acceptée par le public parisien. […] » s’il les a jugés incapables de comprendre sa pensée, il n’en est pas moins vrai que ce cri de triomphe, qui s’est échappé de ses lèvres, est le seul qui émanât de sa pensée et le seul qu’il eût le droit de pousser.

1911. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

L’épuisement de Carthage, l’agitation des mercenaires réclamant en vain leur solde, les terreurs de la ville, l’insolence croissante des séditieux, cette effroyable mêlée d’Espagnols, de Gaulois, de Liguriens, de Grecs, d’Africains surtout, qui s’excitent sans se comprendre, et, jaloux les uns des autres, rivalisent de fureur contre l’ennemi commun, le rôle des généraux, la mission de Gescon, la violation du droit des gens, l’attentat des barbares contre les envoyés de la république, la guerre devenue inévitable, les premières défaites d’Hannon, administrateur actif, mais le plus inexpérimenté des capitaines, Hamilcar prenant le commandement des troupes, sa tactique, ses victoires, les péripéties de la lutte, les alternatives d’espoir et d’abattement chez les Carthaginois, le siège de la grande cité punique, l’anéantissement des révoltés, et au milieu de tant d’événements divers la hideuse férocité de deux partis, tout cela, dans le large tableau de Polybe, atteste le pinceau énergique et sobre d’un grand maître. […] Flaubert avait bien le droit de placer la peinture des passions humaines au milieu des horreurs d’une guerre sauvage ; mais non, une autre pensée l’occupait : au lieu d’accepter le large cadre de Polybe pour y déployer son roman, il n’inventait son roman que pour corriger l’œuvre de Polybe — je dis pour la corriger et la refaire.

1912. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Nous sommes donc en droit de rechercher par-delà son œuvre, l’idée maîtresse dont elle dépend. Si l’avenir, acceptant dans son ensemble l’historien des Rougon-Macquart, devait oublier ses erreurs et s’il ne devait que saluer en lui l’apôtre âpre et fervent de la nature et de la force, nous serions quand même en droit de formuler nos réserves et de rétablir les faits pour l’honneur de cette vérité dont il se réclame à bon droit.

1913. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

C’étoit un champ qu’ils n’acquéroient que dans l’intention de le rendre fertile ; & lorsque l’âge du possesseur s’opposoit à ses intentions patriotiques, il ne faisoit nulle difficulté de transmettre ses droits à quelque autre citoyen plus propre que lui à remplir le vœu national. […] Du haut de leurs forteresses, ils fondoient sur tout ce qui paroissoit dans la plaine, rançonnoient les voyageurs, pilloient les marchands, enlevoient les femmes si elles étoient jolies : on eût dit que le brigandage, le rapt & le viol étoient devenus des droits de Seigneur*”.

1914. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

Que de gens, dès qu’il est question du règne de Catherine II, vont tout droit, pour commencer, au corridor secret et à l’alcôve !

1915. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

La délicatesse du point d’honneur pouvait inspirer aux hommes quelque répugnance à se soumettre eux-mêmes à tous les genres de critique que la publicité doit attirer : à plus forte raison pouvait-il leur déplaire de voir les êtres qu’ils étaient chargés de protéger, leurs femmes, leurs sœurs ou leurs filles, courir les hasards des jugements du public, ou lui donner seulement le droit de parler d’elles habituellement.

1916. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

L’orgueil de la raison s’arrogeant un droit de décision universelle, et prétendant réduire l’univers à sa mesure, est un dangereux tentateur.

1917. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

1º Ils ont eu du mérite à leur heure, et ils ont le droit de continuer à voir et à peindre, comme à vingt-cinq ans.

1918. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Il est certain que cet idéal, ne fût-ce que par l’obligation du célibat et de la pauvreté, ne pouvait être de droit commun.

1919. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Le peuple, dont l’instinct est toujours droit, même quand il s’égare le plus fortement sur les questions de personnes, est très facilement trompé par les faux dévots.

1920. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Partant des principes admis d’emblée par toute l’ancienne politique, Hanan et Kaïapha étaient donc en droit de dire : « Mieux vaut la mort d’un homme que la ruine d’un peuple. » C’est là un raisonnement, selon nous, détestable.

1921. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

« Le respect qu’on lui porte n’est pas moins puissant que l’amour ; il l’est plus que le droit de vie et de mort.

1922. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

N’est-il pas étrange que les idéalistes nous refusent le droit de concevoir le négatif, l’autre, le différent, et d’appliquer ces notions à la conscience même prise en son tout ?

1923. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

La justice, pesant ce droit litigieux, Demande l’huitre, l’ouvre, et l’avale à leurs yeux ; Et par ce bel arrêt terminant la bataille : Tenez, voilà, dit-elle à chacun, une écaille.

1924. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

le droit est sauvé, l’honneur est sauvé !

1925. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Deux ou trois personnes tout au plus surent les misères de ce pauvre grand homme, qui s’est plaint heureusement dans ces lettres, mais comme jamais ne se plaignit un homme qui a droit de se plaindre.

1926. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Sous le Directoire et jusqu’au 18 Brumaire, le parti royaliste fut, par royalisme, le plus grand obstacle qu’il y eût à cette monarchie à trois pouvoirs que les hommes de milieu, les modérés de ce temps, voulaient déjà faire succéder à cette monarchie de droit divin, noyée dans le sang de Louis XVI.

1927. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

Il ne serait plus enfin cet aristocrate en toutes choses, qui voulait être comte, malgré sa naissance, dans un temps où un tel titre n’allait bientôt plus rapporter que les privilèges de la prison et de l’échafaud, et on serait terriblement en droit d’accuser de pitoyable inconséquence l’homme qui, croyant au bon sens des siècles, accorda si peu au bon sens du sien.

1928. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

On investit Paradol du droit d’écrire beaucoup d’articles, et ce sont ces articles qu’il a publiés.

1929. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Sans cette vie, sur laquelle la morale a bien le droit d’allonger ses moues, qui peut dire que le talent de Villon n’aurait pas péri ?

1930. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Ce reproche, qui s’applique sans nul doute à la guerre de la succession d’Espagne, montre combien la faculté politique est muette chez Weiss ; car c’est un fait maintenant acquis, et grâce à des travaux récents très complets, que sur cette question de la succession d’Espagne Louis XIV soutint la seule politique qui convînt à la nature des choses, au droit européen et à l’intérêt de la France.

1931. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Le chacun chez soi, chacun son droit, inventé par un bazochien de ces derniers temps, tenait déjà en échec ces âmes royales.

1932. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

Excepté le fatalisme, qui n’a pas le droit d’enseigner et qui n’en saurait avoir la prétention sans inconséquence, il n’y a que trois philosophies qui veulent se partager l’empire de la nature humaine en l’expliquant.

1933. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Assurément, des deux, c’était bien celui-ci qui semblait le plus avoir le droit de se plaindre, et ce fut pourtant le moins malheureux.

1934. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

Un historien qui n’a pas une de ses sources qui ne soit révolutionnaire, — qui ne soit plus ou moins parfumée (pour lui) mais empoisonnée (pour moi) de l’esprit révolutionnaire, — doit en avoir lui-même, de cet esprit, dans un degré quelconque ; et quand il ne conclut pas dans son livre et en son propre et privé nom, il vous donne le droit de conclure pour lui.

1935. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Doudan n’est pas le premier dans cette nuance… Joubert est son aîné, et ce n’est pas ici comme en politique : le droit d’aînesse est resté, en littérature, et je défie bien toutes les législations égalitaires de l’abolir !

1936. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Assurément, des deux, c’était bien celui-ci qui semblait le plus avoir le droit de se plaindre, et ce fut pourtant le moins malheureux.

1937. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

À travers les lignes droites ou les sinuosités de l’argumentation supérieure de M. 

1938. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Vidieu ou non, cette réponse est la nôtre ; et c’est mieux qu’une réponse : c’est la mise à l’écart d’une question impertinente posée contre l’Église, que tous ceux qui croient en elle n’ont pas le droit de discuter avec ceux-là qui n’y croient pas !

1939. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

» et ceux-là qui parlent du droit de la créature au bonheur.

1940. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Ce côté-là n’est pas le préféré par Rémusat, qui réserve, dit-il, en toutes choses, comme il convient, les droits de l’esprit humain, qui croit à l’efficacité des traités philosophiques de politique libérale, et qui ne veut pas faire à une nation qui pense l’affront de la croire gouvernée par le hasard ou l’habitude (pages 26 et 27 du premier volume).

1941. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

Il y a dans cette idée de faire une question de ce qui n’est pas une question, pour se croire le droit d’ajouter : « C’est moi qui ai découvert l’Alceste de Molière, jusqu’à moi ignoré », un genre de vanité encore plus persuasive que Cousin… Et il n’y a pas non plus que cette vanité d’être fort en explication de logogriphes comme on fut peut-être fort en thèmes ; il n’y a pas que la petite spéculation de piquer un nom obscur, comme un papillon de nuit, sur le mollet d’un grand homme : il y a plus grave que cela et pis que cela !

1942. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Nul, à quelque hauteur que son nom ait monté, Ne croit en soi s’il n’a chez toi droit de cité ; Quand la grande cité ne l’a pas faite sienne, Leur œuvre… (aux plus puissants artistes) Leur œuvre…… est dans la nuit.

1943. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Ils en avaient le droit… Seulement il faut porter dans les sujets bas des facultés d’autant plus hautes qu’ils sont plus bas, et que l’idéal dans le laid et dans le mauvais est aussi difficile à atteindre que dans le beau et dans le bon, et peut-être qu’il l’est beaucoup plus.

1944. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Je dis que, si on se permet de telles fins de non-recevoir dans l’examen des œuvres littéraires, nous n’avons plus le droit de rire du vers de Boileau : Attaquer Chapelain !

1945. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Les lecteurs de ce livre auraient le droit de me dire : « Pourquoi ne nous parlez-vous pas de ces Mémoires d’une femme de chambre dont on a tant parlé partout ?

1946. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Droits spécieux !

1947. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Grâce à la tombe refermée, nous avons le droit et même le devoir de choisir entre nos souvenirs. […] Les griffonneurs politiques, et surtout les tribuns de même nature, ont seuls le droit, enseignait Pierre-Charles, d’employer admonition pour conseil, objurgation pour reproche, époque pour siècle, contemporain pour moderne, etc., etc. […] Ne serait-ce pas acquérir de légitimes droits à la reconnaissance publique, et disons-le (pourquoi pas ?) […] D’où vient qu’elle semble tenir, Du seul droit de sa petitesse, Tant de place en mon souvenir ? […] De quel droit se fait-il arbitre dans ma cause, Puisqu’il n’a pas souffert du mal que tu m’as fait ?

1948. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Je m’étais imaginé que la cause qui avait fait supprimer cet ouvrage ferait un peu valoir mon bon droit ; je me trompai. […] Il annonça au monde ce que, selon lui, je devais devenir ; moi je dirai ce qu’il a été : ses droits auprès de la postérité seront plus sûrs que les miens. […] Mis à bord de force, obligé de servir malgré lui, cet homme si indépendant, tandis qu’il est laboureur, semble perdre tous ses droits à la liberté aussitôt qu’il devient matelot. […] Aussitôt que nous aurons des vaisseaux, nous reprendrons notre droit d’aînesse sur l’océan comme sur la terre. […] Pour moi qui n’ai pas le droit d’être difficile, et qui me contente d’admirer avec la foule, je ne suis point du tout frappé de cette prétendue stérilité de notre littérature.

1949. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Des hommes d’affaires, en correspondance directe avec Louis XIV, qui avaient pu jouir de la conversation de cet esprit si droit, si naturel, donnaient, comme Mascaron, dans le galant de Cyrus et de Clélie. […] En recevant les dons du roi, depuis que le roi était devenu l’État, il n’aliéna pas son droit de dire la vérité, même au roi111. […] Mais pour sentir les vices et avoir le droit de s’en indigner, il faut une raison passionnée, et une hauteur de cœur qu’il n’avait pas. […] Comme lecteur, il revendique son droit de blâmer les méchants vers, et de se choquer de ce qui choque le bon sens156 ; comme critique, il attaque les méchants poètes, à la seule condition de distinguer l’homme de l’auteur, et la vie de l’écrit157 ; comme poète, justiciable à son tour du lecteur et du critique, il s’impose, pour chaque droit qu’il a exercé, un devoir correspondant ; il se demande compte de ce qui le pousse à rimer, si c’est démangeaison ou inspiration véritable158; il se roidit contre toutes les difficultés de l’art159 ; scrupuleux jusqu’à la peur sur le choix des mots160, même alors qu’il plaît à tout le monde, il ne peut se plaire à lui-même161.

1950. (1925) Comment on devient écrivain

On ne parle plus que traités, droits d’auteurs, tirages. […] Vous n’avez plus le droit de faire du roman historique sans documentation archéologique.‌ […] La méthode est bonne, et on n’a pas le droit de supprimer l’effort, sous prétexte que la réalisation est difficile.‌ […] Tout le monde a le droit d’exprimer une opinion. […] Villemain a fait rentrer la Critique dans l’Histoire, comme Buffon et Montesquieu ont fait rentrer la Science et le Droit dans la Littérature.‌

1951. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Ils ne se déploient pas simplement au hasard et tout droit à la merci de la circonstance, parce qu’ils ne sont pas seulement féconds et faciles comme ces génies secondaires, les Ovide, les Dryden, les abbé Prévost. […] Il paraît que, dans les années qui suivirent, au lieu de continuer l’exercice de la charge paternelle, il alla étudier le droit à Orléans et s’y fit recevoir avocat. […] Lui, l’homme au masque ouvert et à l’allure naturelle, il avait à déblayer avant tout la scène de ces mesquins embarras pour s’y déployer à l’aise et y établir son droit de franc-parler. […] qu’il est bien peu vrai que ce qu’on doit aimer, Aussitôt qu’on le voit, prend droit de nous charmer, Et qu’un premier coup d’œil allume en nous les flammes Où le Ciel en naissant a destiné nos âmes !

1952. (1920) Action, n° 2, mars 1920

L’une des bouches de Dada articule : « Ce… de Moréasi » Ceux qui n’ont pas connu Moréas n’ont pas le droit, de proférer un tel outrage et ceux qui l’ont connu en perdent l’envie. […] Il l’a prouvé en fait ; il l’a aussi proclamé en droit. […] — Louis Bagnan ap (Savoir vivre). — Une fort jolie plaquette qui prouve le droit des auteurs à créer une firme d’édition d’art. […] Dans les Droits de l’homme, il participe en 1898 à la polémique sur la révision du premier procès Dreyfus, à laquelle il est favorable.

1953. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Etienne n’a donc pas toute l’exactitude qu’on a droit d’attendre d’un si grand homme ; c’est que les esprits les plus éclairés peuvent encore tomber dans l’erreur, mais ils ne doivent rien perdre pour cela de la considération qui est dûe aux talens. […] Les autres n’ont qu’une vérité hypothétique & dépendante de conventions libres & muables, & ne sont d’usage que chez les peuples qui les ont adoptés librement, sans perdre le droit de les changer ou de les abandonner, quand il plaira à l’usage de les modifier ou de les proscrire. […] Buffier en convient lui-même dans un autre en droit. […] L’anastrophe est donc une véritable inversion ; mais qui avoit droit en latin d’être réputée figure, parce qu’elle étoit contraire à l’usage commun de cette langue, où l’on avoit coutume de mettre la préposition avant son complément, conformément à ce qui est indiqué par le nom même de cette partie d’oraison. […] Les droits de l’inversion n’alloient pas jusqu’à autoriser cette insertion d’un mot entre les racines élémentaires d’un mot composé.

1954. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Chantez, ma muse, cette admirable France, héroïque, spirituelle, bonne et affectueuse, économe et libérale, un peu coquette et essentiellement aimante, un peu narquoise, mais toujours juste et impartiale, grande maîtresse du progrès indéfini qui entraîne dans son tourbillon jusqu’aux Cosaques et aux Hurons ; chantez cette mère, vous sa fille adoptive106, qui la comprenez si bien ; et permettez-moi de vous appeler ma muse, puisque mon prosaïque lot ne me donne aucun droit de vous appeler ma sœur ; et soyez sûre qu’en vous admirant, je vous aime. » Et maintenant on comprendra que quand Mme Valmore disparut, M.

1955. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Si nous en valons la peine, on nous nomme, on nous caractérise en deux mots, et voilà la page de notre vie dans un siècle. » Dans les temps d’orage, au contraire, « dans ces drames désordonnés et sanglants qui se remuent à la chute ou à la régénération des empires, quand l’ordre ancien s’est écroulé et que l’ordre nouveau n’est pas encore enfanté, dans ces sublimes et affreux interrègnes de la raison et du droit,… tout change ; la scène est envahie, les hommes ne sont plus des acteurs, ils sont des hommes… Tout a son règne, son influence, son jour ; l’un tombe, parce qu’il porte l’autre ; nul n’est à sa place, ou du moins nul n’y demeure ; le même homme, soulevé par l’instabilité du flot populaire, aborde tour à tour les situations les plus diverses, les emplois les plus opposés ; la fortune se joue des talents comme des caractères ; il faut des harangues pour la place publique, des plans pour le Conseil, des hymnes pour les triomphes… On cherche un homme !

1956. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul Or, ces vapeurs dont je vous parle, venant à passer du côté gauche où est le foie, au côté droit où est le cœur, il se trouve que le poumon, que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau, que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave que nous appelons en hébreu cubile, rencontre en son chemin lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l’omoplate ; et, parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité, qui est causée par l’âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… ossabandus, nequeis, nequer, potarinum, quipsa milus.

1957. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

pourquoi refuserait-on à ce Touranien apaisé le droit de nous conter une berquinade touchante, cordiale et mélancolique ?

1958. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Peut-être usaient-ils en cela d’un droit de corvée reconnu, les Romains ne pouvant se charger eux-mêmes du bois infâme.

1959. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Jamais la vertu n’emprunta, pour parler aux hommes, un langage plus enchanteur, & n’eut plus de droit à notre amour.

1960. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Quelles conséquences n’étoit-on pas en droit de tirer de ses Épigrammes infames, qu’il appeloit les Gloria patri de ses pseaumes, de la Moïsade, dont on le faisoit auteur, quoiqu’elle appartienne à un nommé Lourdet qui n’a jamais donné que cette pièce exécrable, de ses comédies sans décence, de ses contes libres, de ses petits vers scandaleux ?

1961. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Je répons que les remarques les plus subtiles des plus grands métaphysiciens ne feront pas décheoir nos poëtes d’un dégré de leur réputation, parce que ces remarques, quand bien même elles seroient justes, ne dépoüilleront pas nos poësies des agrémens et des charmes dont elles tiennent le droit de plaire à tous les lecteurs.

1962. (1757) Réflexions sur le goût

C’est ainsi qu’un littérateur philosophe conservera à l’oreille tous ses droits.

1963. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

comme il se serait enivré de cette frivolité ravissante, qui paraît ennuyeuse à des écrivains belges, lesquels ont, comme on sait, le droit d’exiger qu’on soit intéressant et grave, et quoiqu’il fût, lui, de race, moitié Belge et moitié Autrichien !

1964. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

a des prix de pitié pour elles, qui font concurrence à ses prix de vertu… Mais lorsque des femmes du monde, et du plus grand, investies de tous les avantages de la vie, de la naissance, de la richesse et quelquefois de la beauté, qui ont des salons pour y être charmantes, des familles pour y être vertueuses, se détournent assez d’elles-mêmes et de leur véritable destinée pour vouloir être littéraires comme des hommes et prétendent ajouter la gloriole de la ponte des livres à l’honneur d’avoir des enfants, la Critique n’est-elle pas en droit de les traiter comme les hommes qu’elles veulent être, sans crainte de passer pour brutale, ainsi que le fut un jour l’empereur Napoléon avec Mme de Staël ?

1965. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Ceux-là seuls, en effet, ont le droit de prier tout haut, parmi les peuples, qui ne mêlent pas d’erreurs à leur prière, et tel n’est point le cas ici.

1966. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Louis XVI et sa cour37 I Par un hasard qu’il a certainement le droit d’appeler heureux, Amédée Renée eut, dit-il, l’honneur inespéré d’être choisi pour finir, par un dernier volume, cette histoire de Sismondi que son auteur devait conduire jusqu’à la Révolution française, quand, arrivé au règne de Louis XVI, il fut emporté par la mort.

1967. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Et qui donc a le droit de juger les faits d’avance, si ce n’est Dieu ?

1968. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Cela n’est pas, comme vous voyez, très saisissant ni très original, mais, en revanche, c’est un peu grossier, non pas dans les mots, mais dans le fond des choses ; car la science, encore plus que le latin, brave l’honnêteté et s’en croit le droit.

1969. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

« Elle finit — dit-il, dans son langage explosif — quand les dompteurs du sans-culottisme furent eux-mêmes domptés et que le droit sacré d’insurrection fut emporté par la poudre. » En cette période, il y a les massacres de Septembre : Septembre à Paris et Septembre dans l’Argonne.

1970. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

À coup sûr, on ne rencontrait rien d’épique dans ce chef d’idées ou de parti, au front bas, à la tête presque crépue, chagrin, froncé, retors, vrai Chicaneau normand quand il s’agissait de questions de droit touchant son métier, comme il n’y avait rien non plus d’un grand artiste dans cet écrivain assez mâle de ton, — correct et brossé, — qui ne perdait de sa rigidité de tenue que dans la colère.

1971. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Caroline de Naples craignant de perdre le royaume de son mari et cherchant un publiciste imposant pour faire valoir ses droits devant les Souverains alliés, Madame Récamier avait nommé Benjamin Constant, et il était venu chez Madame Récamier pour cette grave affaire… Mais il y eut pour lui chose plus grave.

1972. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Doubler la question n’est pas la résoudre, et la Critique garde le droit de dire au philosophe : « Vous reculez toujours, mais quand sauterez-vous ? 

1973. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Exalter l’œuvre éternellement glorieuse de l’Église, un livre enfin dont la doctrine est pure et le sentiment très droit.

1974. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

À cette heure, il est évident que sans un coup de Providence qu’on n’a pas le droit d’espérer, la société chrétienne est morte.

1975. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

c’est de découvrir, à travers le bruit que font les sots, à qui le monde appartient, quelque noble esprit ignoré, dédaigné, obscur, et de réclamer pour lui l’attention et le respect auxquels il a droit.

1976. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

En touchant à ce sujet de saint Vincent de Paul, il s’est transformé de manière et de ton, et ce sublime sujet l’a enfanté à la vie du talent, et du talent le plus réel, le plus droit, le plus allant au cœur des choses.

1977. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Ainsi, Guizot, qui a écrit à la tête de son livre le mot Vie, — Vies de Quatre grands chrétiens français, — n’avait pas, en réalité, le droit de l’écrire, puisqu’il ne nous donne qu’une biographie dédoublée.

1978. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Entant que parti, les catholiques se trouvent assez pieux pour se croire le droit d’être des ingrats.

1979. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

« Je trouve le moment venu — dit ce jeune Spartacus de la prosodie — de se séparer de la routine, et c’est pourquoi j’ai modifié le nombre ordinaire de syllabes… Mon idée — ajoute-t-il — est même que le poète a le droit de compter les mots en variant, au besoin, selon le hasard du vers… » Au hasard du vers !

1980. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

Il contient des poésies publiées il y a un certain nombre d’années, mais on y trouve, à une date plus récente, d’autres poésies sur lesquelles la Critique, accoutumée à l’inspiration de M. de Banville, n’avait pas le droit de compter.

1981. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Quand on l’a lu, quand on l’a fermé, quand on est loin et qu’on ne s’en rappelle que l’idée première, on le méprise, si on n’a que l’esprit droit, mais on le hait, si on a l’âme ardente ; car si les choses étaient ce que Pichat, cet Aruspice de l’avenir, dit qu’elles sont maintenant ou qu’elles vont être, toute poésie en mourrait du coup, et Pichat, cessant d’être poète, ne serait plus que le plus vulgaire des rêveurs.

1982. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Croyez-vous qu’il eût seulement pour elle le mépris qu’il avait assurément le droit d’avoir ?

1983. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

L’auteur de La Chanson des gueux, qui se chauffe avec les ossements des tombes et des têtes de morts tant il est affamé de flamme et de tableaux d’un tragique effréné, l’écrivain moins puissant, mais non moins ardemment épris de choses physiques, qui a écrit Les Morts bizarres et Les Caresses, et qui couve, en ce moment, comme le Chaos et la Nuit couvèrent l’Amour dans une terrible mythologie, l’œuf monstrueux de ses Blasphèmes, vient de nous faire, en Madame André, le livre le plus retenu, le plus contenu, le plus rassis, le plus didactique, le plus sage de la sagesse humaine, et le plus en dissonance et en contraste avec ce qu’il nous avait donné le droit de croire ses incoercibles instincts.

1984. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

Tout cela est horrible et infect, d’un travail pourrissant sur les esprits et sur les âmes, et c’est contre cela que la Critique a le droit d’élever la voix, encore plus que contre les détails plus ou moins inventés d’une liaison qui, comme toutes les liaisons coupables, aboutit, sans nul doute, pour l’un des deux amants, à des crimes de cœur.

1985. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Tout cela est horrible et infect, d’un travail pourrissant sur les esprits et sur les âmes, et c’est contre cela que la Critique a le droit d’élever la voix, encore plus que contre les détails plus ou moins inventés d’une liaison qui, comme toutes les liaisons coupables, aboutit, sans nul doute, pour l’un des deux amants, à des crimes de cœur !

1986. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Cette grande Inconnue à nos pères a versé, en ces derniers temps, tant de notions dans la connaissance humaine, qu’elle est certainement une formidable acquisition et un magnifique enrichissement pour toutes les facultés de l’esprit ; et l’imagination, comme les autres, a le droit, et je dirais presque le devoir, de se servir de ces notions qui tantôt ont leur certitude et tantôt leur mystère pour arriver à des effets de pathétique absolument nouveaux.

1987. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Ma poétique est que le droit du romancier et du poëte est de tout peindre en s’y prenant bien.

1988. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

À Athènes et dans l’ancienne Rome, l’éloquence et les lettres eurent un grand éclat dans des temps orageux, quand la liberté disputait ses droits contre la tyrannie qui s’avançait.

1989. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

A ce titre elle a droit d’être comptée parmi les arts représentatifs. […] Quand elle ne serait qu’un jeu, l’art a droit au caprice. […] À quel titre, et j’allais dire de quel droit l’est-elle ? […] Il ne faudrait pourtant pas abuser de ce droit. […] — On n’a pas le droit de parler ainsi.

1990. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Rends-le meilleur, plus pur ; Ne détruis pas : corrige ; et, quand il sera mûr Pour des destins plus beaux et pour des droits plus larges, Sa raison le fera, ce bien dont tu te charges. […] Le vieux Karalyk, un bonhomme à lèvre rasée et à barbe de prophète, une barbe blanche qui n’ondoie pas, mais qui tombe et pend tout droit comme un maigre écheveau de chanvre, et sa femme, pâle et dure sous son serre-tête noir, attendent avec inquiétude leur fils, Piotr, qui n’a pas reparu depuis la veille. […] Ce drame est amusant ; il est, en quelques en droits, remarquable. […] Le bruit s’est répandu que Rémoussin est partisan du droit sur les blés. […] À l’heure qu’il est, la « gigolette » pure a droit de cité dans le drame et dans la comédie.

1991. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Mais il la retrouve, et il en revendique âprement les droits, lorsqu’il s’agit de savoir si les « cinq propositions » sont dans Jansénius ; et, contre le pape, contre la Sorbonne, contre les évêques de France, contre le roi, il soutient qu’elles n’y sont pas. […] Si l’on repasse ce peu d’endroits marqués, on en fera une belle pièce. » La plus considérable de ces remarques portait sur des Tritons que Racine avait logés dans la Seine, et qui, paraît-il, n’ont le droit d’habiter que dans la mer. […] Il se reconnaît tous les droits dans l’instant où il a besoin de les exercer. […] Quant aux grands desseins, aux larges vues de son héros, à ce qui peut nous faire tout au moins comprendre les droits exorbitants qu’il s’arroge et tant de vies humaines sacrifiées, le jeune Racine néglige parfaitement tout cela. […] Boileau, qui était un cœur droit et un ferme esprit, parle de la « douleur vertueuse » de Phèdre et la déclare « perfide et incestueuse malgré soi ».

1992. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

C’est droit. […] C’est droit. […] C’est droit. […] C’est droit. […] Il s’agit d’opérer droit et je dirai séparé.

1993. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Elles nous affranchissent de l’autorité que pourroient avoir les suffrages réunis, et nous font rentrer dans tous les droits de l’examen. […] Il étoit ébloüi lui-même de l’excès où il portoit la valeur d’Achille : il lui a paru beau qu’un homme fit valoir sans cesse sa supériorité sur les autres ; qu’il ne connût de raison ni de droit que son épée, et qu’il se vengeât aussi impitoyablement que les dieux se vengent. […] La pharsale et le lutrin sont aussi bien des poëmes épiques que l’iliade ; et supposant d’ailleurs toutes choses égales dans ces ouvrages, on aura droit de se plaire à l’un plus qu’à l’autre, pourvû qu’on ne s’abandonne pas à traiter le goût contraire d’ignorance et de mauvais sens. […] Sur-tout, Virgile ayant bien voulu imiter Homere, et avouer son imitation, sans faire valoir ce qu’il y ajoûtoit d’invention, de justesse et d’élégance, le préjugé en acquit encore plus d’empire, et la longue possession du premier rang, fut prise enfin pour un droit incontestable d’Homere. […] On dira que je suis un ignorant ; j’en demeure déja d’accord ; j’ai songé néanmoins à ne parler que de ce que j’entends ; il faudra faire voir en quoi je me suis trompé ; il ne suffira pas même de me convaincre de plusieurs fautes ; je serai toûjours en droit de tenir pour bien remarqué de ma part, tout ce qu’on passera sous silence.

1994. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Le mysticisme donc, tel que Bremond le conçoit, mènerait droit aux gouffres du matérialisme. […] Il y a là, venus de tous les coins du pays, de Lille à Béziers, de Coblence à Hasparren-de plus loin encore, d’Oxford, par exemple, une des capitales de l’esthétique-des poètes, naturellement, beaucoup de poètes, des officiers, des médecins-une des plus belles lettres a dû être écrite entre deux opérations : elle sent l’iodoforme-des étudiants, même en droit, des professeurs de philosophie, des phonétistes, des théologiens, des curés de campagne… répétons avec Pierre Mille : le beau pays que le nôtre ! […] Ce sont, par définition, des personnes cultivées ; ils occupent, de droit, les huit dixièmes des places dans les sociétés savantes. […] D’où ce composé paradoxal que tout poème nous présente, ce mélange de pur et d’impur, où la prose et la poésie ont également le droit de se reconnaître. […] Nos vrais savants reconnaissent à la poésie son droit à la vie, en certains cas à la victoire, par le fait même qu’ils croient découvrir les causes psycho-physiologiques précises dont ils veulent faire dépendre sa force et sa beauté-précisions qui ont ceci de particulier de n’être jamais limitatives.

1995. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

L’une de ces odes n’offre qu’une des milles variantes de l’Amour enchaîné de roses, l’autre est à la Lune ; cette dernière a droit de passer pour un fort gracieux pastiche et très-propre à faire illusion. […] Que si la créature humaine s’en détache au contraire et ne trouve pas de raison suffisante pour croire et pour espérer, comme à la rigueur elle en a peut-être le droit, car les preuves de raisonnement laissent à désirer, elle en est à l’instant punie par je ne sais quoi d’aride et de désolé. […] Leopardi les a légèrement façonnées en les traduisant, et leur a prêté un sens plus net et plus absolu qu’une critique philologique sévère n’est peut-être en droit de leur attribuer.

1996. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Le xvie  siècle (on avait droit de le croire à l’immensité de l’inventaire) avait et possédait tout,  — tout, hormis ce seul petit fruit assez capricieux, qui ne vient, on ne sait pourquoi, qu’à de certaines saisons et à de certaines expositions de soleil, je veux dire le bon goût, ce présent des Grâces225. […] Plus loin, il s’élève contre les préventions et les exclusions en fait de livres, « comme si ce n’étoit, dit-il, d’un homme sage et prudent de parler de toutes choses avec indifférence… » Et à la fin il parvient à nous glisser encore sa conclusion favorite, à savoir « le bon droit des Pyrrhoniens fondé sur l’ignorance de tous les hommes. » En étudiant beaucoup un érudit qui, certes, a du rapport avec Naudé, il m’a de plus en plus semblé que M.  […] Mais, puisque l’occasion s’en présente, j’userai du droit de simple moraliste pour énoncer ce que je crois vrai, dussé-je par là sembler contredire l’étalage vertueux et philanthropique des acteurs intéressés, ou la simplicité bienheureuse et perpétuellement adolescente de quelques optimistes de talent.

1997. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Il ne peut se lever ; c’est une femme qui l’habille ; on lui enfile trois paires de bas les unes par-dessus les autres, tant ses jambes sont grêles ; puis on lui lace la taille dans un corset de toile roide, afin qu’il puisse se tenir droit, et par-dessus on lui fait endosser un gilet de flanelle ; vient ensuite une sorte de pourpoint de fourrure, car il grelotte vite, et enfin une chemise de grosse toile très-chaude avec de belles manches. […] L’artifice n’y est point aussi choquant qu’ailleurs ; un poëme, je me trompe, un traité comme le sien sur la critique, sur l’homme et le gouvernement de la Providence, sur le ressort premier du caractère des hommes, a le droit d’être écrit avec réflexion ; c’est une étude, et presque un morceau de science ; on peut, on doit même en peser tous les mots, en vérifier toutes les liaisons ; l’art et l’attention n’y sont pas superflus, mais nécessaires ; il s’agit de préceptes exacts et de raisonnements serrés. […] Un plébéien génevois, protestant et solitaire, que sa religion, son éducation, sa pauvreté et son génie avaient mené plus vite et plus avant que les autres, vint dire tout haut le secret du public, et l’on jugea qu’il avait découvert ou retrouvé la campagne, la conscience, la religion, les droits de l’homme et les sentiments naturels.

1998. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Il avait pris pour type de son héros mythologique l’instant où Persée élève dans sa main la tête de Méduse qu’il vient de couper, et où il foule du pied droit le tronc sanglant qui palpite encore. […] Si Votre Excellence avait quelque connaissance de l’art, elle ne craindrait rien pour cette tête, mais pour le pied droit du Persée, qui est si éloigné de l’autre, et vers lequel la matière aura plus de peine à parvenir. […] Jacobo Guidi, secrétaire de Son Excellence, m’appela avec sa bouche de travers, et d’une voix assez haute, se tenant droit comme un pieu, me dit : Le duc veut savoir ce que vous demandez pour votre Persée.

1999. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Le beau, sous toutes ses formes, est une des idées qu’elle approfondit et qu’elle cultive légitimement, et elle a le droit de suivre cette idée jusqu’à un certain point dans ses applications. […] C’est l’élan de l’âme du peuple attaqué dans ses droits, qui jouit de les défendre, et qui chante d’avance cette jouissance et cette gloire, par une poésie intime qui lui dicte ses accents. […] La liberté d’ailleurs réserve toujours ses droits, plus imprescriptibles encore que ceux de la vérité.

2000. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Homère était plus grand et de meilleure mine qu’Aristote ; il se tenait très droit pour son âge, et ses yeux étaient les plus vifs et les plus perçants que j’eusse jamais vus. […] Pourquoi accrut-il par d’absurdes refus l’horreur de son agonie, et la laissa-t-il mourir désespérée, hors de la maison où elle avait le droit d’habiter, où elle lui demandait la grâce de mourir ? […] Le droit du gouvernement d’assurer l’exactitude d’un contrat fait selon la loi était parfaitement établi ; et cependant, avec une sagesse vraiment anglaise, le conseil privé, considérant que Wood n’avait encore frappé que 17,000 liv.

2001. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Mais, dans l’ordre psychique comme dans l’ordre physique, on a le droit de symboliser les forces et de les supposer agissant séparément, quoiqu’elles agissent simultanément et solidairement. […] Dans le prétendu espace sans qualités, il y a trois dimensions, il y a du haut ou du bas, du droit et du gauche, etc. […] On n’a donc pas le droit d’abstraire l’idée comme « inutile ».

2002. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

IV La révolution française, à peine finie, avait supprimé les substitutions et les droits d’aînesse, qui perpétuaient quelquefois utilement pour les familles, quelquefois iniquement pour les enfants, la transmission des terres de père en fils. […] Les chefs d’attelage s’asseyaient au bout le plus honorable, parce qu’il était le plus rapproché du grand fauteuil de bois où le cuisinier Joseph, pareil à un roi, présidait au festin, assis lui-même sous le vaste manteau de pierre de la cheminée ; puis les bouviers, puis les simples journaliers, puis les bergers, presque tous enfants en bas âge, à l’exception du berger en chef des moutons, vieillard respecté, pensif, jaseur et philosophe, qui s’asseyait en tête des bouviers par le droit de ses années et de sa profonde sagesse. […] Le droit de parler appartient à tous les hommes, et surtout à moi, car c’est à moi qu’appartient par ma naissance l’autorité dans cette maison ! 

2003. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Mais nous n’avons pas le même droit pour supposer que leur choix a été déterminé par la faculté que possèdent ces animaux de supporter de lointaines transportations. […] Ainsi, le côté droit et le côté gauche du corps varient de la même manière ; les membres antérieurs et postérieurs varient simultanément ; le même lien existe encore entre les membres et la mâchoire, et l’on considère en effet la mâchoire inférieure comme étant homologue avec les membres. […] C’est avec droit, je crois, que quelques auteurs considèrent les organes rudimentaires comme susceptibles de grandes variations.

2004. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Mais ce qui nous étonne bien plutôt et a le droit de nous étonner, c’est la ravissante comédie qui précède cette tragédie épouvantable, cette foudre qui tombe d’un ciel bleu ! […] C’est si rare, qu’on a toujours le droit d’être surpris, quand on est enchanté ! […] XVI Si, pour notre part, il nous est impossible d’admettre que le drame de Henri V, dont François-Victor Hugo tire par les cheveux — et des cheveux aussi courts que ceux d’une tête ronde — une théorie politique contre le droit divin ; s’il nous est impossible d’admettre que ce drame ait été pour Shakespeare ce qu’il est pour son traducteur, nous n’en voyons pas moins comme lui les beautés supérieures de cette œuvre, splendide et charmante… Charmante, en effet, car ce n’est point l’élément du terrible et du pathétique, si familiers l’un et l’autre au génie de Shakespeare, qui brille ici de sa flamme sombre et convulsive, mais l’élément du gracieux, de l’aimable et du bon, qui étaient autant dans Shakespeare que celui du terrible et du beau.

2005. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

… Demande que la Critique a bien le droit de lui adresser avec sympathie, mais derrière laquelle s’élève une autre question, bien plus générale et bien plus haute que la personnalité littéraire, quelle qu’elle soit, de Féval. […] Il se plaint, je le sais, et il a droit de se plaindre, du mutisme de la Critique à son égard, lui qui depuis vingt-cinq ans fait jet continu de production. […] l’éloquence ne nous étonne pas dans Féval, mais que lui, le romancier, le gai et pathétique conteur, l’improvisateur, le coureur, le Basque du feuilleton, soit devenu tout à coup antiquaire, architecte, chroniqueur, et surtout hagiographe, qui est une manière d’historien spécial dans l’histoire générale, voilà ce qui a droit d’étonner.

2006. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Villemain, dans ses appréciations des écrivains et des poëtes, remarque souvent, et il en a le droit plus que personne, l’importance durable de ces jeunes et antiques études, de ces études qu’avaient, en se jouant, Racine et Fénelon, qui eussent si bien contenu et affermi le beau génie de Lamartine, que M. de Chateaubriand se donna à force de vouloir, mais que si peu ont le courage ou la ressource de réparer, et que doivent regretter avec larmes ceux qui en chérissent le sentiment et à qui elles ont fait faute. […] Lui-même, son cours d’études étant terminé avec éclat, sans prix d’honneur pourtant (en quoi ses camarades disaient qu’on l’avait triché), il donna des leçons au Lycée impérial, tandis que d’ailleurs il entamait le Droit avec zèle et facilité, comme toutes choses.

2007. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Les œuvres de Louise Labé parurent pour la première fois en l’année 1555, c’est-à-dire au moment où toute la génération éveillée par Du Bellay et Ronsard prenait son essor, où la jeune école de droit de Poitiers, Vauquelin et ses amis, se produisaient dans leur ferveur de prosélytes, et où, sur toutes les rives du Clain et de la Loire, retentissaient, comme des chants d’oiseaux, des milliers de sonnets, quelques-uns charmants déjà, quelques autres un peu rauques encore. […] Les sonnets amoureux de Louise Labé mirent en veine bien des beaux esprits du temps, et ils commencèrent à lui parler en français, en latin, en grec, en toutes langues, de ses gracieusetés et de ses baisers (de Aloysiæ Labææ osculis), comme des gens qui avaient le droit d’exprimer un avis là-dessus.

2008. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

« Nous labourerons droit ! mes amis, droit et profond !

2009. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Ces vers semblaient avoir été pensés par Tacite et écrits par André Chénier ; quoique composés par elle dans une langue étrangère (le français), ils n’avaient ni l’embarras de construction d’une main novice à nos rythmes, ni la mollesse, ni la chair flasque des essais poétiques de l’enfance ou de l’imitation sous une jeune main ; ils étaient tout nerfs, tout émotion, tout concert de fibres humaines ; ils jaillissaient du cœur et des lèvres comme des flèches de l’arc intérieur allant au but d’un seul jet, et portant un coup droit au cœur sans se balancer sur un éther artificiellement sonore : Je sonne en tombant, non parce qu’on m’a mis une cloche aux ailes, mais parce que je suis d’or. […] Qui sait si demain j’aurai encore le droit de te laisser tondre l’herbe dans ce pré, où je t’ai donné l’hospitalité à vie à côté de l’âne et des vaches, et si un dur acquéreur de Saint-Point ne trouvera pas que ce cheval invalide est un luxe de cœur qui dîme l’herbe, et ne t’enverra pas à l’équarisseur du village voisin pour avoir ta peau et ta corne, toi qui fus pourtant un jour le signe de ralliement d’une nation !

2010. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Puis, élevant son fils dans ses bras tendus vers la foule, et le recommandant tantôt à chacun en particulier, tantôt à tous, et interrompu par ses propres sanglots, il détache son épée de sa ceinture et la remet au consul présent, Cécilius Simplex, en témoignage du droit de vie et de mort qu’il abdiquait sur les citoyens. […] Nul n’a le droit d’être libre s’il n’a pas été tolérant.

2011. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Taine a certes le droit de n’y pas prendre garde. […] A-t-on le droit de juger ainsi ceux que l’on sert, ou, les jugeant ainsi, de continuer à les servir, c’est-à-dire à vivre d’eux   Je ne sais ; les choses, dans la réalité, ne se présentent point aussi simplement.

2012. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Il a une si haute idée de la poésie, qu’il va jusqu’à demander l’institution d’une sorte de juge des vers, d’un Quintilius Varus, investi de la censure publique, et qui ne délivrerait le droit d’imprimer qu’au « poëte qui auroit enduré sa lime. » L’enthousiasme le plus naïf éclate dans l’exhortation que Du Bellay adresse, en finissant, aux poëtes et aux doctes de la Brigade : « Là donc, François, s’écrie-t-il, marchez courageusement vers cette superbe cité romaine, et de ses despouilles ornez vos temples et vos autels. […] Au reste, le droit à cet égard paraissait si clair, que, parmi ses critiques, quelques-uns trouvaient qu’il y avait mis trop de scrupule, et lui reprochaient de préférer trop souvent ses conceptions à celles des anciens.

2013. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

» Il dit encore : « Ce que les hommes et les femmes de race ont de supérieur aux autres et ce qui leur donne un droit indéniable à une estime plus haute, ce sont deux arts perfectionnés de siècle en siècle par héritage : l’art de savoir commander et l’art de l’obéissance fière. Or partout où le commandement devient une tâche quotidienne comme dans le monde commercial et industriel, il se produit quelque chose d’analogue à la race, mais il manque toujours le grand art de l’obéissance qui chez les autres est un héritage d’un état de choses féodal et que n’autorise plus le climat de notre civilisation. » Des droits sans devoirs, un orgueil bas devant les hommes, nullement atténué par cette modestie humaine que produit la religion ou la simple conscience du monde, Nietzsche a bien vu les plaies de la société moderne, mais il ne se doutait pas qu’il allait les agrandir.

2014. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Si par « Wagnérisme », au contraire, l’on entend désigner cette communauté de goûts et de sentiments qui rassemble une collectivité d’amateurs et de connaisseurs dans un même respect, sinon dans une égale admiration de ces œuvres, on peut affirmer que le Wagnérisme a droit de cité parmi nous, qu’il s’y est développé de bonne heure, qu’il y a son histoire. […] Une société se forme à Bruxelles pour ¿’achat de cartes patronales donnant droit d’assister aux trois séries de représentations de l’Anneau du Nibelung.

2015. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

L’entendement, qui intervient ensuite pour ajuster les moyens à la fin, n’est lui-même qu’un moyen et, pour ainsi dire, un anneau de la chaîne ; aussi n’a-t-on pas le droit de l’ériger en spontanéité primitive. […] De ce que tout jugement enveloppe ainsi du vouloir et de l’agir, a-t-on le droit de conclure qu’il soit, au moins en partie, l’œuvre du libre arbitre ?

2016. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Dans le fonds ténébreux, entre les flammes droites des deux bougies sur lesquelles montaient les fumées bleues des pipes, des crânes luisants, avec d’intelligentes virgules de lumière sur les tempes de gens ayant une idiote discussion, à propos d’une partie de dominos. […] Plus rien des galeries, des loges, des banquettes, que les six poteaux qu’on entourait de verdure, les jours de la grande représentation, et en place de ce qui a été brûlé, un établi où l’on menuise, et des plantes grasses sur des planches… Et Berthe est morte, et les autres petites demoiselles sont devenues des femmes, des épouses, des mères, et Léonce est garde des forêts, et Bazin est professeur de géographie et décoré de l’ordre du Pape, et Antonin est en train de se faire tuer à Sébastopol, et le père Pourrat a toujours sa tragédie des Celtes en portefeuille, et le bonhomme Ginette est établi teinturier, rue Sainte-Anne, et Louis est docteur en droit, et moi rien du tout.

2017. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Il y a cinq ou six cents mots en ure dans le dictionnaire ; de quel droit les grammairiens veulent-ils condamner pariure quand ils respectent reliure, sciure, pliure et même chiure de mouches ? […] Purge est d’ailleurs resté, comme terme de droit et nage vit dans une locution.

2018. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Ton âme qu’autrefois on prenait pour arbitre Du droit et du devoir, Est comme une taverne où chacun à la vitre Vient regarder le soir… Que l’on note dans cette pièce le double emploi des métaphores. […] Quatre-vingt-treize, celle du droit divin contre la Révolution, du principe girondin contre le %120principe Saint-Just, personnifiés en Lantenac, Cimourdain et Gauvain.

2019. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Il a, ce rhétoricien d’autrefois, toujours défendu son droit de faire des phrases… et c’est même la seule nouveauté et la seule portée du vieux livre composé avec des centons de dix ans, qu’il ne craignit pas de republier. […] En effet, à part les principes qu’il n’a point et en restant dans l’ordre abaissé des impressions personnelles, Villemain ne sait résoudre aucune des questions de critique qui se rencontrent sur son passage, et même sur celles-là qu’une érudition plus forte que la sienne a le plus discutées, l’existence d’Homère, par exemple, la moralité de Sapho, l’authenticité des Orphées, etc., etc., la décision de Villemain ne dépasse pas le doute, et il rappelle à l’esprit le mot de Goethe, que nous ne nous lasserons jamais de citer à ces sceptiques, qui devraient être les trappistes de la pensée, car qui doute n’a pas le droit d’enseigner et même de parler : « J’ai bien assez d’opinions douteuses en moi sans que vous y ajoutiez encore ! 

2020. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Par exemple, il y a des républicains démocrates et laïques, des adeptes de la philosophie des droits de l’homme, appuyés sur un principe d’ordre juridique et non d’ordre économique, révolutionnaires si on veut, mais qui se rattachent aux idées de la Constituante. […] Ces républicains « démocrates et laïques » trouvent leur principe d’action dans la Déclaration des Droits de l’homme : « Nous combattons, disent-ils, le militarisme allemand. » Pour eux, c’est une guerre d’indépendance plus que de « nationalité ».

2021. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Appendices de, la deuxième édition »

Si maintenant, allant me promener, je pense à Pierre comme à un homme de taille normale et à Paul comme à un nain, si je laisse Paul à l’état de nain quand je me le figure revenu auprès de Pierre et reprenant sa conversation avec Pierre, nécessairement j’aboutirai à des absurdités ou à des paradoxes : je n’ai pas le droit de mettre en rapport Pierre demeuré normal et Paul devenu nain, de supposer que celui-ci puisse causer avec celui-là, le voir, l’entendre, accomplir n’importe quel acte, car Paul, en tant que nain, n’est qu’une représentation, une image, un fantôme. […] Le physicien avait le droit d’effacer la différence.

2022. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Dans le présent épisode surtout, les Confessions ont retenti des deux parts, et ce serait le cas de dire avec Bossuet, si nous en avions le droit et si nous n’étions pas des leurs, qu’il y en a « qui passent leur vie à remplir l’univers des folies de leur jeunesse égarée. » L’univers, il faut en convenir aussi, c’est-à-dire la France, s’y est prêtée en toute bonne grâce ; elle a écouté et accueilli avec un intérêt prononcé, et d’une âme encore très littéraire en ce temps-là, tout ce qui du moins lui paraissait éloquent et sincère.

2023. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

Lorsque je parlais, il y a quelques mois, dans Le Moniteur (20 avril 1857), des mémoires et Souvenirs du général Pelleport, je cherchais un nom, un type qui résumât avec gloire, aux yeux de tous, cette race d’hommes simples, purs, intrépides, obéissants et intelligents, les premiers du second ordre, les premiers lieutenants du général en chef, ses principaux exécutants et ses bras droits un jour d’action, et qui, tout entiers à l’honneur et au devoir, ne sont appliqués qu’à verser utilement leur sang et à bien servir.

2024. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Il y a des prescriptions, des conseils, car il faut bien que le temple du goût ait une enceinte sacrée ; mais quiconque sait n’être pas ennuyeux a le droit d’y entrer, fût-ce par la brèche.

2025. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

J’ai eu beau me tâter, je n’ai pu me repentir ; mais, mon cher directeur, je suis pourtant resté un peu effrayé de voir à quel point la critique littéraire devient difficile, quand on n’y veut mettre ni morgue ni injure, quand on réclame pour elle une honnête liberté de jugement, le droit de faire une large part à l’éloge mérité, de garder une sorte de cordialité jusque dans les réserves, Depuis, en effet, que j’ai parlé des deux romans qui, dans ces dernières années, ont le plus piqué l’attention du public et auxquels je n’avais accordé, ce me semble, que des éloges motivés et tempérés, je n’ai cessé, en toute occasion, d’être dénoncé par des confrères vigilants comme un critique peu moral, presque un patron d’immoralité.

2026. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Thiers a le droit d’appeler une véritable « cécité morale » pour ne pas mieux entrer dans l’esprit de sa mission.

2027. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Cette critique-là sans doute a droit à nos respects ; elle est grave, savante, définitive ; elle explique, elle pénètre, elle fixe et consacre des admirations confuses, des beautés en partie voilées, des conceptions difficiles à atteindre, et aussi la lettre des textes quand il y a lieu.

2028. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Et, d’abord, on a droit de regarder comme non avenus, par rapport à La Fontaine et à son époque, les anciens poëmes français antérieurs à la découverte de l’imprimerie, si l’on excepte le Roman de la Rose, dont le souvenir s’était conservé, grâce à Marot, durant le xvie  siècle, et qu’on lisait quelquefois ou que l’on citait du moins.

2029. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

De celui-là, qui échappe pour le moment à l’appréciation littéraire, mais qu’une curiosité respectueuse ne saurait, même à ce seul titre, s’empêcher de suivre en silence et d’observer, il me suffira de dire qu’il a eu cela de particulier et d’original, que, trempé encore plus expressément par la nature pour les luttes et pour les triomphes de l’orateur, il y a de plus en plus aguerri et assoupli sa parole : cette netteté, ce nerf, cette décision de pensée et d’expression qu’il a sans relâche développés et qu’il porte si hautement dans les discussions publiques, toutes ces qualités ardentes et fortes, il semble que ce soit plutôt l’orateur encore qui, chez lui, les communique et les confère ensuite à l’écrivain ; et si l’on pouvait en telle matière traiter un contemporain si présent comme on ferait un grand orateur de l’antiquité, on aurait droit de dire à la lettre que c’est sur le marbre de la tribune, et en y songeant le moins, qu’il a poli, qu’il a aiguisé son style.

2030. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Il y a en ce temps-ci un certain nombre d’esprits ardents, studieux, intelligents, qui, jeunes, après avoir passé déjà par des phases diverses, et avoir joint à un enthousiasme non encore épuisé, une maturité commençante, savent assez de quoi il retourne dans ces mouvements douloureux de la société, ressentent l’enfantement d’un ordre nouveau, y aident de grand cœur, mais ne croient pas qu’il soit donné à une formule unique et souveraine de l’accomplir : car le temps de ces découvertes magiques est passé ; un fiat lux social n’est possible qu’à l’aurore ; et aujourd’hui le progrès humain se fait sous le soleil, avec force sueurs, par tous, moyennant, il est vrai, quelques guides de génie, dont aucun pourtant n’a le droit de se croire indispensable.

2031. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

Si le pouvoir militaire dominait seul dans un état, et dédaignait les lettres et la philosophie, il ferait rétrograder les lumières, à quelque degré d’influence qu’elles fussent parvenues ; il s’associerait quelques vils talents, chargés de commenter la force, quelques hommes qui se diraient penseurs pour s’arroger le droit de prostituer la pensée : mais la raison se changerait en sophisme, et les esprits deviendraient d’autant plus subtils, que les caractères seraient plus avilis ?

2032. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Au second, l’adjectif n’évoque que la silhouette, qui se découpe en noir et fantastiquement agrandie, le geste, le mouvement, la cognée qui se lève et s’abat, le groupe s’agitant entre les troncs sveltes et droits sous la haute futaie.

2033. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Puisque Justice cloche, et Droit penche et s’incline, Et Loyauté chancelle, et Vérité décline.

2034. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Arrive une députation des Aquicoles : il s’agit de donner une nouvelle constitution à leur cité. « Toutes les victimes nécessaires pour obtenir l’assistance des dieux, nous les fournirons  Consultez l’esprit des pères, répond Antistius ; pratiquez la justice et respectez les droits des hommes  Hé !

2035. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre V. L’Analyse et la Physique. »

Si ce problème ne s’était posé naturellement, on n’aurait jamais osé rendre au discontinu ses droits ; on aurait longtemps encore regardé les fonctions continues comme les seules fonctions véritables.

2036. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

Près de la scène, une estrade où se tient le président Léon Deschamps (une pipe et un sourire) assisté de Léon Maillard et de Louis Miot, ses deux bras droits, remarque spirituellement le futur sénateur Lucien Hubert.

2037. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

C’est aussi dans ces temps où les princes ne se montraient qu’à moitié, que le roi s’amusant à la campagne (à Clagny sans doute) à renverser à demi les fauteuils des dames, passa droit derrière celui de madame Scarron, en disant : Pour celle-là je n’oserais.

2038. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Les héros envahissent le royaume tragique, ils y revendiquent leur droit et leur place, lis ne détrônent pas le dieu qui le gouverne, mais, ce sont eux qui vont le remplir et l’agiter sous son nom.

2039. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Thyeste, aidé par Oerope, la femme d’Atrée, dont il est l’amant, dérobe dans les étables de son frère la bête merveilleuse : il la porte sur l’Agora de Mycènes, et prend le peuple à témoin de son droit au sceptre, puisqu’il possède l’agneau à la toison d’or.

2040. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

La littérature aurait droit déjà d’en revendiquer une bonne part ; il y a surtout de certaines pages sur le beau qui sont des plus mémorables entre les belles pages de notre langue.

2041. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Une grosse étoffe à fleurs et à fond vert, forte et moelleuse, descend en plis larges et droits, et couvre le chevet du lit.

2042. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Cependant la tyrannie érigée par le crime, appuyée sur la terreur publique, devenait de jour en jour plus cruelle ; on signifie brusquement à Chamfort qu’il faut retourner dans une maison d’arrêt ; il se souvient de son serment : sous prétexte de faire ses préparatifs, il se retire dans une pièce voisiné, s’y renferme, charge un pistolet, veut le tirer sur son front, se fracasse le haut du nez et s’enfonce l’œil droit.

2043. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Par Dieu, oui, elle est musicienne, et c’est parce qu’elle est musicienne qu’elle est allée droit, — ou de travers, — à l’homme qui fait le plus de bruit avec sa musique en Europe depuis quarante ans !

2044. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

L’analyse la plus attentive et la plus patiente se perdrait dans cet enchevêtrement d’incidents que rien n’explique, si ce n’est le train des choses, — ce hasard des circonstances, qui peuvent très bien exister — c’est vrai, — aussi bêtes ou aussi étranges que cela, dans la vie, mais qui, dans une œuvre littéraire, n’ont pas le droit de se montrer dans leur bêtise ou leur étrangeté natives, comme dans la vie, puisque l’art, c’est la vie arrangée, sublimée par l’intelligence, en vue d’obtenir un effet quelconque de puissance, de pathétique et de beauté !

2045. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Ces livres témoignent de beaucoup de connaissances, et les notes du bas des pages, de lectures nombreuses ; mais la glaneuse d’érudition, qui a ramassé tant de glanes, dans le champ de tout le monde, n’a pas eu la main assez ferme pour les relier et en faire la robuste gerbe, plantée fièrement droit, qu’il aurait fallu ; — et encore aurait-il fallu davantage.

2046. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

La Chine3 Nous ne contestons à la Médiocrité aucun de ses droits.

2047. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Il n’avait pas une idée allemande, il est vrai, et sur laquelle les Schlegel pussent faire un livre ou un système ; mais c’était un esprit droit, positif, sagace, tout-puissant d’habileté, de ce grand sens qui, s’élevant d’un degré de plus, serait le génie, et qui, comme la dit Bonald, doit en remplir les interrègnes… Eh bien, la Critique littéraire a toujours un peu traité les capacités militaires comme madame de Staël traitait Wellington !

2048. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Et ce signe de la bête est peut-être ce qu’il a de plus précieux aux yeux de Barot, qui doit à peu près croire, comme Darwin, que l’homme n’est qu’un singe qui présentement reprend ses droits… Selon lui, la gloire de lord Byron s’en va baissant ; la gloire de Shelley grandit au contraire, et, comme pour ces fiers penseurs de la démocratie, si comiquement optimistes, qui trouvent que l’humanité, composée de toutes les canailles, a toujours raison dans ce qu’elle pense et quoi qu’elle pense, Odysse Barot pense comme toute l’Angleterre actuelle sur Byron (en supposant qu’elle pense ce qu’il atteste), et sans façon il lui rogne sa gloire… C’est à Shelley qu’est l’avenir, dit-il.

2049. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Mais la tristesse a dû tomber sur ce cœur de soldat, droit et ferme, en le prévoyant !

2050. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Et voilà qu’avec une ardeur et une jeunesse d’esprit retrouvées, mais trop tard, car Guizot a bien conquis le droit au repos ( otium cum dignitate !

2051. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

La femme, si toutefois il y en a une parmi les concubines qu’on puisse appeler la femme légitime, la femme, l’épouse, que le droit romain avait grandie jusqu’à la Matrone et que le Christianisme seul pouvait grandir davantage, n’existe pas pour la Grèce.

2052. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Quand la France aura un Shakespeare, nous saurons alors les affres de ce temps… On sortait des guerres civiles d’Armagnac contre Bourgogne, de la folie de Charles VI, des déportements d’Isabeau, mais on était entré dans une période non moins funeste : la guerre étrangère, l’invasion par les Anglais, et tous ces désastres et toutes ces incomparables misères invétérées depuis tant d’années, et qui allaient durer trente ans encore, « Quand le roi Charles VII commença la guerre pour son droit, — nous dit un vieux historien avec une expression tragique, — il y avait soixante-dix ans que la France était dans le sang et dans la misère… Il n’y avait de toutes parts que déchirements, confusions, frayeurs, solitude… Le paysan, dénué de chair et de graisse, n’avait que les os… encore étaient-ils foulés !

2053. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Il était ce que nous avons tous le droit d’être quand nous avons la faculté de regarder et de comprendre.

2054. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Et c’est précisément pourquoi nous avons peut-être, en oncles prudents, le droit de regarder un peu dans l’intérieur de ce bonnet que M. 

2055. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Certes, quand les choses en sont là dans les esprits, on a le droit de conclure, ce semble, sans manquer de respect au xixe  siècle, que son originalité n’est pas sortie du limon qu’elle doit empreindre de son cachet, et qu’il n’est encore jusqu’ici qu’une variante prolongée du xviiie  siècle.

2056. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

II Il ne s’agit pas, d’ailleurs, aujourd’hui, dans ce chapitre, des romans de MM. de Goncourt, mais d’une de leurs biographies ; car ces historiens, qui ont bien le droit de s’appeler « les historiens du xviiie  siècle », n’ont écrit l’histoire qu’à coups de biographies, et, pour ma part, j’aime cette manière individuelle de l’écrire.

2057. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

nous aussi, nous disons — s’écrie-t-il — que personne n’est la propriété de personne, que l’amour n’est pas l’esclavage, et que tout homme et toute femme ont le droit de se reprendre à la femme et à l’homme qu’ils n’aiment plus.

2058. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Jean Reynaud, théologien agrandi par la philosophie, l’a réputée mesquine, enfantine et débordée par ce triomphant Esprit humain, qui a le droit d’exiger mieux.

2059. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

De la question philosophique, qu’il n’a pas touchée comme on eût été en droit de l’attendre d’un homme qui a conçu l’idée de son livre, il a glissé tout à coup dans l’histoire.

2060. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Assurément les prêtres ont le devoir et le droit d’écrire les annales de l’Église et la vie de leurs Saints, et le cardinal Pitra nous a montré comme ils s’y prennent quand ils se mêlent de les écrire ; mais de Maistre et de Bonald étaient des laïques, et quel prêtre de ce temps a plus mérité de l’Église que ces cardinaux… oubliés ?

2061. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

la critique a le droit d’ajouter ici une seconde condamnation à la première.

2062. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Lorsque ces qualités ne se voient plus là où se trouve l’inspiration, qui vaut mieux qu’elles, la Critique a le droit d’être impitoyable.

2063. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Il s’agit de jauger celle à laquelle Agrippa d’Aubigné a droit.

2064. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Et voilà pourquoi la Critique qui s’occupe de l’un a aussi droit de regard sur l’autre.

2065. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Quand on a, de par le fait de ses autres avantages, le droit d’être bizarre sans ridicule, cela est tout-puissant sur les femmes, parce que cela tourmente l’imagination par l’inexplicable, ce qui est la meilleure manière de la fixer.

2066. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

… III Balzac, en effet, avec ses défauts, avec, ses vices de composition, s’il en a, et qu’il fallait nettement déterminer ; avec toutes les fautes qu’on serait en droit de lui reprocher, avec tous les desiderata que le bon sens pouvait formuler aux pieds de son génie, Balzac reste tellement colossal encore, que la Critique en est accablée, que l’Imagination en sourit, et que diminué, oui, réellement diminué dans sa stature, il ne nous paraît pas moins grand !

2067. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

L’extase de cet imbécile est extrême ; aussi il ne voit pas les deux grosses jambes de sa chère épouse, qui dépassent l’eau et se tiennent droites, les pointes en l’air.

2068. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Il est vrai qu’il ne faut point abuser de ce droit. » On a dit, il y a longtemps, que Bossuet était inégal ; mais on n’a point dit assez combien il est long et froid, et vide d’idées dans quelques parties de ses discours.

2069. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Sur le sommet des mâts un nuage s’est arrêté tout droit, signe de la tempête ; puis vient la terreur qui suit un danger subit. » Quelquefois encore, ces restes brisés de la couronne du poëte grec ne sont que des traits rapides et simples, une parole délicate et passionnée, un coup de pinceau qui ne s’oublie pas52 : La jeune fille triomphait, tenant à la main une branche de myrte et une fleur de rosier ; et ses cheveux épars lui couvraient le visage et le col » ; ou bien encore, avec moins de simplicité, cette autre peinture qui rappelle celle de Sapho : « Semblable passion d’amour, pénétrant au cœur, répandit un nuage épais sur les yeux et déroba l’âme attendrie. » Horace, dans sa vive étude des Grecs, avait sans doute gardé bien d’autres souvenirs d’Archiloque ; et quelques-unes de ses odes, son dithyrambe à Bacchus et d’autres, ne doivent être qu’une étude d’art et de goût substituée au tumulte des anciennes orgies, où le poëte de Paros se mêlait, en chantant : « Le cerveau foudroyé par le vin, je sais combien il est beau d’entonner le dithyrambe, mélodie du roi Bacchus. » Archiloque, s’il faisait des hymnes, devait être, ce semble, le poëte lyrique des Furies et non des Dieux.

2070. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Pline le Jeune n’en parle dans ses lettres qu’avec la plus vive admiration, et se glorifie, sans beaucoup de droit, il est vrai, d’en être le constant imitateur. […] Il lui laissait discuter longuement les titres sur lesquels se fondait le droit d’asile réclamé pour les temples de quelques villes d’Ionie. […] À Rome on acquérait le même droit en se donnant la mort. […] Respectant tous les usages anciens, tous les droits des anciennes mœurs, il laissait même au sénat et au barreau une grande liberté d’opinion et de langage. […] Repoussé vers la liberté par l’injustice, il défendit avec chaleur tous les vrais principes, tous les droits populaires qu’avaient méconnus les Stuarts.

2071. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Un juge compétent, et qui a le droit d’être sévère87, me dit : « En littérature, comme en toutes choses, il faut du saisissable esprit ou corps ; mais que faire de spectres et de fantômes ? […] Cette négligence, qu’il m’a toujours été difficile de comprendre, je ne me la définis que trop : c’est, quand on a mis le pied sérieusement sur un terrain, qu’on y est le premier en date parmi nous, qu’on sent sa force, sa supériorité à bien des égards sur les critiques frondeurs, de ne pas tenir bon, de ne pas leur montrer les dents, sauf à profiter de ce qu’il y a de fondé dans leurs remarques, de ne pas se corriger, se perfectionner à chaque édition, de manière à obliger adversaires et envieux à rendre les armes ou à se taire ; en un mot, un grain d’irascibilité littéraire et de polémique ne nuit pas à l’homme de talent qui a à tracer sa voie et à maintenir ses droits et son rang. […] Au milieu de tous ces deuils, de toutes ces alarmes, l’étude avec lui ne perdait jamais ses droits. […] Aujourd’hui que le voilà dans la maturité de l’âge et du talent, ses amis désirent ardemment qu’il fasse enfin converger vers un but suprême toutes les forces d’un esprit duquel on a le droit d’attendre de grandes choses.

2072. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Mais on nous renseigna sur les cuisines, les magasins, les blanchisseries, les lavoirs, les casernes, les ateliers de couture et les maisons de tolérance : celles-ci plus particulièrement mises à l’épreuve, forcées et pénétrées à jour par les maîtres eux-mêmes, qui donnèrent des comptes, bâtirent des statistiques, et conclurent que les pensionnaires de ces établissements avaient des droits réels à l’estime publique. […] Et voyez l’ironie : quand, des cinq protestataires du Figaro, trois, les moins en droit justement de signer cette protestation, pour leur primitive complaisance à traiter des sujets médicaux ou simplement obscènes, MM.  […] Tristan Noël étudiait le droit à Caen. […] Il faut regretter ces temps lointains, où la nouvelle, en son raccourci savant, avait encore quelques droits à passer pour le fin mot de l’art. […] Il lui semble qu’il n’atteint jamais la vérité, qu’il ne fouille jamais assez profond, et la crainte qu’il a d’être banal et superficiel le conduit tout droit aux complexités bizarres.

2073. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

On sent la subtilité de l’auteur, mais pas assez son bon droit. […] D’où des vérités que nous ne nous sentons pas le droit de cacher, si bien qu’un athée moribond qui les a découvertes, assuré du néant, insoucieux de la gloire, use pourtant ses dernières heures à tâcher de les faire connaître 41. Mais vous remarquez déjà vous-même la modestie de l’expression : des vérités que nom ne nous sentons pas le droit de cacher . […] Et maintenant, simplement, c’est le seul hommage qu’il consente à la morale — il ne se sent pas le droit de les cacher. […] Il y a dans son œuvre des analyses de rêves, d’impressions de nature, d’émotions d’art et enfin de sentiments proprement dits, parmi lesquels l’amour occupe tout naturellement la place à laquelle il a droit, et qui est la première.

2074. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Et si, par malheur pour moi, j’acquiers le droit d’être jaloux ! […] Dans ce cas, on a coutume de faire du droit, quitte à voir après. […] Il y a pourtant cette différence que Flaubert ne comprend à peu près rien en droit et tombe malade de dégoût devant l’absurdité des lois, tandis que Fromentin, esprit aisé et précis, habitué au travail méthodique, s’en nourrit avec indifférence, et passe aisément ses examens. […] Il grave quelques eaux-fortes et obtient de son père la permission de faire, en même temps que son droit, de la peinture un peu sérieusement. […] C’est un mondain intelligent, décidé et souple, chez qui le goût du plaisir est excusé de tous comme un droit au plaisir.

2075. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Il va son chemin, bravement et tout droit, jusqu’à ce qu’il arrive. […] … Ils sont très heureux… Ils ont tout, de bons salaires, de bons logements, même le droit de se mettre en grève, quand cela leur plaît… Ils peuvent économiser et devenir capitalistes, comme tout le monde… Que pourraient-ils demander de plus ? […] Autrefois, quand j’étais pauvre, je ne pouvais admettre qu’il y eût des chasses privilégiées, et, sincèrement, je m’indignais que l’on n’accordât pas à tout le monde le droit de chasser sur les propriétés de l’État. […] Nul n’a plus le droit d’en sentir l’originelle odeur, et tous peuvent s’en barbouiller la face sans honte. […] Par surcroît, et pour bien attester l’ignominie de mon crime, je serai dépouillé, en cette libre Belgique, des droits civils que je n’ai point, ainsi que des droits électoraux que je n’ai pas davantage et qu’il m’a toujours répugné, électeur méfiant et modeste souverain, d’exercer en France, où je les possède encore dans leur intégrité.

2076. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

À Triponzo, « les trois ponts », on passe dans la vallée du Cornia, plus étroite et hérissée de rochers plus droits : elle a, comme tant d’autres, son « pont du diable » suspendu sur le gouffre. […] Le célèbre historien, jurisconsulte et moraliste Philippe de Novare, en terminant ce Livre de Forme de plaît qui est une des sources les plus importantes de notre connaissance du droit féodal, énumère les meilleurs jurisconsultes qu’il ait connus dans les royaumes de Jérusalem et de Chypre, où il exerça pendant plus de quarante ans sa brillante activité. […] Heureux cependant, vous dites vrai, les hommes qui marchent droit, regardant devant eux, sans traîner péniblement le fardeau toujours alourdi du passé, sans demander à l’avenir plus qu’il ne peut donner ! […] se jeté tenoie, tu ne m’eschaperoies huimais. — En non de moi », dit la masenge, « tu avroies droit, car j’ai en ma teste203 une pierre précieuse aussi grosse comme uns ues de geline204 qui bien vaut cent livres ». […] — Je n’ai plus le droit de te regarder ! 

2077. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

En attendant que les physiologistes et les moralistes aient achevé leur auguste besogne, la société a le droit et le devoir de vivre. […] En attendant que les Lombroso aient conclu, nos penseurs se dépêchent de refuser à la société le droit de tuer. […] Il représente les droits logiques du badinage, qui est au bout de la dialectique. […] L’orgueil et la mort, unis, revendiquent leurs droits au suprême silence. […] Triangles absolus, parallèles idéales et droites suprasensibles que nous contemplions dans le clair-obscur des entités vagues, M. de Freycinet les remplace par des triangles authentiques, des parallèles incontestables et des droites avérées.

2078. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Chacun de nous est bien comme il est ; il a le droit de continuer de l’être ; et quiconque prétend l’en empêcher n’est de son vrai nom qu’un pédant. […] Les précieuses ont exigé des hommes qu’ils leur rendissent les respects auxquels toute femme a droit, comme femme, dans une société civilisée ; et elles l’ont obtenu. […] Nous n’avons pas le droit d’en appeler des décisions de Rome en matière de foi, ni celui de rouvrir la querelle, ni celui de prétendre qu’à défaut du jansénisme une autre cause n’en eût pas opéré les effets ; mais nous avons le droit de lui rapporter ces effets, s’ils sont siens ; et d’affirmer que, dans l’histoire de notre littérature, la victoire de l’idée janséniste a été le triomphe de l’idée chrétienne. […] Il paraissait d’ailleurs au moment précis qu’il fallait pour interrompre les progrès possibles du cartésianisme, en rétablissant dans ses droits cette autorité de la « tradition » dont le Discours de la méthode eût risqué, sans cette contrepartie, d’affaiblir étrangement le pouvoir. […] Si donc Le Sage est assurément en français un des maîtres de l’art de conter, n’avons-nous pas le droit de croire qu’il doit bien quelque chose de sa supériorité dans cet art à ces habitudes nouvelles contre lesquelles cependant il proteste ?

2079. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Il reçut en naissant « un esprit juste, une imagination belle, mais réglée, un bon cœur, des inclinations droites » ; et comme l’a dit un autre de ses biographes, il reçut du ciel « ce naturel heureux que le sage met au rang des plus grands biens, et qui tient peu du funeste héritage de notre premier père. […] Il est difficile de s’assurer pour l’avenir de gens aussi corrompus et aussi furieux que l’étaient ceux-ci ; cependant ils paraissent apaisés ; ils ne tuent plus, ils ne brûlent plus, ils se remettent au travail… Ne cessez pas de prier le Seigneur pour nous… Ce n’est pas là tout à fait le ton de la relation des Grands Jours ; mais pour avoir le droit de parler ainsi, de même que pour exhorter dignement M. de Montausier à la mort, Fléchier n’avait eu qu’à laisser venir les années et à mûrir : il n’avait rien à rétracter du passé.

2080. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Il est arrivé ainsi, au grand regret et déplaisir déjà de Fénelon en son temps, que la langue française poétique s’est vue graduellement appauvrir, dessécher et gêner à l’excès, qu’elle n’a jamais osé procéder que suivant la méthode la plus scrupuleuse et la plus uniforme de la grammaire 118, que tout ce qui est droit, licence et gaieté concédée aux autres poésies, a été interdit à la nôtre, et qu’on n’a fait presque nul usage, en cette voie, des conformités naturelles premières qu’on se trouvait avoir par un singulier bonheur avec la plus belle et la plus riche des langues, conformités que, deux siècles et demi après Henri Estienne, Joseph de Maistre retrouvait, proclamait hautement à son tour119, et qui tiennent en bien des points à la conformité même du caractère et du génie social des deux nations. […] et qu’est-ce qui empêche d’entr’ouvrir de la sorte, non dans la forme savante et philologique qu’on laisse à qui de droit, mais à la vieille manière française, légèrement rajeunie, bien des coins jusqu’ici réservés ?

2081. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Quel cours de droit féodal nous en apprendrait davantage sur la sainteté du lien de vassal à seigneur lige ? […] Pellisson, qui s’était mis un jour à relire, disait qu’il ne s’en était point repenti, et « y ayant trouvé, ajoutait-il, une infinité de choses qui valent bien mieux, à mon avis, que la politesse stérile et rampante de ceux qui sont venus depuis. » Ronsard et ses amis ont droit en particulier à notre reconnaissance, à nous qui avons tenté une œuvre qui n’était pas sans quelque rapport avec la leur, et on ne dépassera pas d’un mot la stricte vérité lorsqu’on dira : « En échouant manifestement sur bien des points, ils avaient réussi sur d’autres, beaucoup plus qu’on n’a daigné s’en souvenir et le reconnaître depuis.

2082. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Appelez donc cela non pas la science, mais la moquerie de la création, commençant par se moquer de soi-même afin d’avoir le droit de se moquer de son Créateur ! […] Introduisez dans les mœurs votre abstention de la recherche des causes, et bientôt, des deux éléments prédestinés de tout acte humain, l’intention morale et l’action, le droit et le fait, il ne reste plus que le fait.

2083. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

ce qu’on ne songe pas à reprocher au commun des mortels, soit parce qu’ils se cachent mieux ou que ce qu’ils font n’importe guère, on en fait un crime aux grands hommes : comme s’ils n’avaient pas droit à plus d’indulgence peut-être que nous ; comme si le génie ne s’accompagnait pas souvent d’une exaspération de la sensibilité, laquelle nous fait faire tant de sottises ! […] Mais on aurait le droit de contester la justesse de quelques-uns des rapprochements que les vers des Plaideurs suggèrent à M. 

2084. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

De dix pages en dix pages on croit entendre les phrases de la douce Mme Delobelle ou de Désirée : Monsieur Delobelle ne renonce pas ; Monsieur Delobelle n’a pas le droit de renoncer ; ou : Monsieur Delobelle dit qu’il renonce, qu’on lui en a trop fait. » Le ton, l’accent est le même, à s’y tromper : « Mon mari, dit Marceline, est un homme tout entier, immobile dans ses aversions. […] Favre est un homme très droit et très simple ; son âme seule est exaltée, mais son imagination ne plane jamais qu’en dessous de sa raison. » — « Cet illustre prisonnier (le prince Louis) est, dit-on, très bon par le cœur ; il s’amuse à faire du bien pour se désennuyer des tristes barreaux qui sont élevés entre la vie et lui… » — « Hier mardi, M. 

2085. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Le libraire a le droit d’avoir ce souci à un beaucoup moindre degré. […] Et c’est de la littérature, si l’on veut ; mais chacun a le droit de lui mesurer son admiration.

2086. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

La théologie morale se compose d’une douzaine de traités, comprenant tout l’ensemble de la morale philosophique et du droit, complétés par la révélation et les décisions de l’Église. […] Le christianisme suffit à toutes mes facultés, excepté une seule, la plus exigeante de toutes, parce qu’elle est de droit juge de toutes les autres.

2087. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Elle proclame à sa manière le droit divin du despote indiscutable et irresponsable, — « Certes, sachez-le, mon fils, s’il réussit, sera le plus glorieux des héros ; vaincu, il n’aura nuls comptes à rendre. […] On peut se figurer la terreur produite par ce fantôme couronné, poussant du sceptre roidi dans sa main, la haute pierre de son mausolée, et se fixant droit sur le seuil.

2088. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Ce sont les coquillages de ces perles fausses ; elles y tiennent, elles y adhèrent, elles s’y cramponnent ; il en est qui ne se vendent que pour avoir le droit d’y rester ; il leur faut, pour respirer à l’aise, cette moite atmosphère de renfermé et de patchouli qui asphyxie les cerveaux qui pensent et les cœurs qui battent. […] C’est une figure toute neuve, au théâtre, que celle de ce comte de Lys, vrai Taciturne du mariage, ni sympathique ni odieux, ni attrayant ni blâmable, abstrait comme le droit, patient comme la force, inexorable comme la justice et tuant, comme elle, dans un cas prévu, à heure fixe, la montre en main, sans émotion et sans colère.

2089. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Oui, de la vérité rallumant le flambeau, J’enflammerai les cœurs de mon noble délire ; On verra l’imposteur trembler devant ma lyre ; L’opprimé, qu’oubliait la justice des lois, Viendra me réclamer pour défendre ses droits ; Le héros, me cherchant au jour de sa victoire, Si je ne l’ai chanté doutera de sa gloire ; Les autels retiendront mes cantiques sacrés, Et fiers, après ma mort, de mes chants inspirés, Les Français, me pleurant comme une sœur chérie, M’appelleront un jour Muse de la patrie !  […] Va, ce riche pays, à tant de droits célèbre, Est pour moi, jeune reine, un royaume funèbre… On vante ses palais, ses monuments si beaux ; Mais les plus merveilleux ne sont que des tombeaux.

2090. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

En substituant, dans l’étude des phénomènes, à l’action surnaturelle directrice une entité correspondante et inséparable, quoique celle-ci ne fût d’abord conçue que comme une émanation de la première, l’homme s’est habitué peu à peu à ne considérer que les faits eux-mêmes, les notions de ces agents métaphysiques ayant été graduellement subtilisées au point de n’être plus, aux yeux de tout esprit droit, que les noms abstraits des phénomènes. […] Les méthodes théologiques et métaphysiques qui, relativement à tous les autres genres de phénomènes, ne sont plus maintenant employées par personne, soit comme moyen d’investigation, soit même seulement comme moyen d’argumentation, sont encore, au contraire, exclusivement usitées, sous l’un et l’autre rapport, pour tout ce qui concerne les phénomènes sociaux, quoique leur insuffisance à cet égard soit déjà pleinement sentie par tous les bons esprits, lassés de ces vaines contestations interminables entre le droit divin et la souveraineté du peuple.

2091. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

« L’objet… (la chose extérieure) L’objet la frappe en un endroit ; Ce lieu frappé s’en va tout droit, Selon nous, au voisin, en porter la nouvelle ; Le sens de proche en proche aussitôt la reçoit. […] c’est incontestable, il a déformé la fable ésopique, et même la fable de Phèdre, il l’a désarticulée complètement, elle n’est plus le petit poème allant droit, comme un javelot à la cible, à sa moralité.

2092. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

; car tout homme qui écrit un livre d’histoire se croit le droit momentané d’enseigner. […] Liberté, égalité, droits de l’homme, avènement de la raison, toutes ces vagues et sublimes images flottent devant leurs yeux quand ils gravissent sous la mitraille l’escarpement de Jemmapes, ou quand ils hivernent, pieds nus, dans la neige des Vosges.

2093. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

On ne peut les chasser des Mémoires contemporains ; ils y sont partout, et c’est leur droit d’y être. […] D’un autre côté, ce ne sont point quelques plaisanteries de fabliau sur le mariage, lesquelles traînent dans les Gaules depuis qu’il y a des Gaules, et que toute la piété du Moyen Âge n’interdisait pas à l’esprit gaulois, qui peuvent faire un mal bien grand dans un temps où c’est l’institution même qui a été attaquée et où l’adultère a été glorifié philosophiquement comme un droit.

2094. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Lanjuinais : « Vous appartenez, et je me permets de dire, nous appartenons à une famille intellectuelle et morale qui disparaît. » Je reconnais le droit de le dire à celui qui parle ainsi, comme je le reconnaissais à M. 

2095. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Certes, s’il avait vécu, personne n’aurait eu plus de droits que lui à être duc de Rivoli.

2096. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Plus je tarde et plus il me vient à la pensée de noms qui se pressent et qui auraient droit de se plaindre de l’oubli.

2097. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

1836 De tous les jeunes poëtes qui sont en train de croître, de s’améliorer avec éclat, de se débarrasser avec franchise de l’accoutrement quelque peu bizarre ou scandaleux des débuts, il n’en est aucun de qui l’on ait droit de plus attendre que de M.

2098. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

J’oserai dire que mon père est le premier, et jusqu’à présent le plus parfait modèle de l’art d’écrire, pour les hommes publics, de ce talent d’en appeler à l’opinion, de s’aider de son secours pour soutenir le gouvernement, de ranimer dans le cœur des hommes les principes de la morale, puissance dont les magistrats doivent se regarder comme les représentai, puissance qui leur donne seule le droit de demander à la nation des sacrifices.

2099. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Elles imposent des formes fixes, rigides, immuables, à la matière dramatique ou poétique, et nul n’a droit de s’affranchir des procédés connus, de renoncer aux moules usés, aux répliques sans fin des mêmes modèles : le monde a adopté les règles et en fait une partie intégrante de ses convenances.

2100. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Ses premiers poèmes, publiés à Rennes (où il étudiait le droit) aux environs de l’année 1840, dans une revue littéraire aujourd’hui introuvable, s’intitulaient, exotiquement, Issa ben Marianna, et étaient dédiés à Lamennais… Le recueil publié par lui en 1853 et intitulé : Poèmes et poésies, contient un chant très beau et vraiment chrétien : La Passion.

2101. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Mais un âne vivant vaut mieux, non seulement qu’un lion mort, mais même qu’un lion à naître, éventuel et douteux… Et jusqu’à ce qu’un mien livre ait prouvé le contraire, je n’ai pas le droit de ne pas reconnaître qu’Oscar Méténier, par exemple, dont cependant l’écriture est hâtive et la pensée de court vol, vaut mieux que moi-même.

2102. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Bien que l’on commençât à s’occuper de lui dans les journaux, ses droits d’auteur ne lui rapportaient rien.

2103. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Héros de la vie désintéressée, saints, apôtres, mounis, solitaires, cénobites, ascètes de tous les siècles, poètes et philosophes sublimes qui aimâtes à n’avoir pas d’héritage ici-bas ; sages, qui avez traversé la vie ayant l’œil gauche pour la terre et l’œil droit pour le ciel, et toi surtout, divin Spinoza, qui restas pauvre et oublié pour le culte de ta pensée et pour mieux adorer l’infini, que vous avez mieux compris la vie que ceux qui la prennent comme un étroit calcul d’intérêt, comme une lutte insignifiante d’ambition ou de vanité !

2104. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Cependant la pièce, si soigneusement qu’on l’examine, ne nous dit rien de cette contrainte : la biographie seule nous permet de faire remonter à qui de droit la responsabilité.

2105. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Les choses de la matière, pour parler avec Molière, agissent souvent Sur les productions d’esprit et de lumière, et l’historien n’a pas le droit de dédaigner, comme faisaient les Femmes Savantes, la partie animale si intimement liée à la partie spirituelle.

2106. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Un théâtre offre aux yeux en même temps qu’aux oreilles quelque chose de vif, de sensible, d’immédiat ; il peut en résulter des conséquences telles, que les pouvoirs publics aient à y intervenir à chaque instant, comme on a le droit d’éteindre un incendie.

2107. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

On y montrait comment l’idée chrétienne, en prêchant le renoncement à la vie immédiate, le détachement des biens terrestres, la fraternité, l’égalité entre les hommes et le mépris du savoir, en modérant par cette doctrine absolue, sans la réduire toutefois, l’énergie excessive du monde, barbare, qui sans ce frein ne fût pas parvenue à se coordonner, a rendu possible l’organisation des sociétés modernes que l’on voit fondées sur le principe de hiérarchie, qui sanctionnent le droit de propriété, qui, par l’accroissement du savoir, tendent à l’accroissement du bien-être, qui, sur tous les points et dans toutes leurs conclusions, contredisent et renient le principe chrétien, ce principe chrétien qui aida à les fonder et qui, développé avec outrance, aboutirait à les supprimer.

2108. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Si nous circonscrivons dans l’ensemble des phénomènes matériels de l’univers cette portion limitée que nous appelons un corps, un cerveau, la pensée est-elle à ce cerveau ce que la forme ronde est à la sphère, ce que le mouvement est à la pierre qui tombe, ce que le droit ou le courbe est au mouvement ?

2109. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Nous conviendrons donc que le poète, s’il est vraiment poète, a le droit de se faire sa règle à soi-même.

2110. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

» Joseph embrassa aussi tous ses frères, et il pleura sur chacun d’eux118. » La voilà, cette histoire de Joseph, et ce n’est point dans l’ouvrage d’un sophiste qu’on la trouve (car rien de ce qui est fait avec le cœur et les larmes n’appartient à des sophistes) ; on la trouve, cette histoire, dans le livre qui sert de base à une religion dédaignée des esprits forts, et qui serait bien en droit de leur rendre mépris pour mépris.

2111. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Les contempteurs des anciens ne sont en droit de reclamer, comme des gens de leur secte, que ceux des critiques qui ont avancé que les anciens ne devoient qu’à de vieilles erreurs et à des préjugez grossiers une réputation dont leurs fautes les rendent indignes.

2112. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Chaque peuple a sa physionomie, sa constitution spéciale, son droit, sa morale, son organisation économique qui ne conviennent qu’à lui, et toute généralisation est à peu près impossible.

2113. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Ils n’ont plus le droit de se poser en grands hommes.

2114. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

En entrant dans sa bibliothèque, ce lecteur-là va tout droit à cet auteur-là et s’assied en se disant, de façon plus ou moins consciente : « Comme je vais avoir raison !

2115. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Chez lui la raison éclaire le sentiment ; le sentiment échauffe la raison, et de cet heureux accord se forme le goût que Voltaire définit justement « la suite d’un sens droit et le sentiment prompt d’un esprit bien fait ».

2116. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Ne vous plaignez pas de ce que votre oreille entend d’autres récits que ceux auxquels vous aviez peut-être quelque droit de vous attendre.

2117. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Mais dans ces mœurs de cristal, — non par la pureté, mais par la transparence, qui font à présent une espèce d’aquarium de Paris, — personne n’ignora que la main, — beaucoup trop et vainement gantée, — qui avait écrit ce livre sur Byron, était, puisque la main de Byron est glacée, celle de toutes les mains qui avait le plus le droit de récrire, pour être restée dans la sienne… Si les femmes que nous avons aimées deviennent une part de nous-mêmes, c’était une part de Byron, — encore vivante ici-bas, — qui allait continuer les Mémoires et dire leur vérité dernière.

2118. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Huc ne craint pas même d’exagérer la dignité, le sentiment humain de son droit, dans l’intérêt supérieur de l’idée chrétienne qu’il représente aux yeux des populations chinoises.

2119. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

après cela, Buloz pouvait tout ; il avait le droit de toutes les impertinences et de toutes les sottises.

2120. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Elles ne donnent pas rigoureusement et immanquablement toujours ce qu’on semblait en droit d’attendre d’elles.

2121. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Comme catholique, il était dans son droit, et tout catholique doit applaudir à cette manière d’écrire l’histoire ; mais, nous ne serions pas catholique de cœur et de tête, de réflexion et de foi, que nous applaudirions encore à l’inspiration résolue d’un esprit et d’un livre qui du moins sait prendre le taureau par les cornes, ne dût-il pas le renverser !

2122. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

il est honorable d’admirer le Génie, mais est-on en droit de lui faire, à si bon marché, des vertus ?

2123. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Malheureusement personne n’est en droit de compter sur cet heureux mystère.

2124. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Cet homme contenu, cet ajusteur, cet archer qui tirait toujours à l’œil droit de Philippe ou au talon d’Achille et qui ne les manquait jamais, ne se cambrait point en Apollon du Belvédère quand il avait lancé sa flèche.

2125. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

En critique, Dumas n’aurait pas même sur ce livre le droit du mépris ; car le mépris doit tomber de haut.

2126. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

J’en fais ce qu’il est, l’hébétement, la destruction et la mort… Je n’aperçois qu’un monde d’insectes de différentes espèces et de tailles diverses, armés de scies, de pinces, de tarières et d’autres instruments de ruine, attachés à jeter à terre mœurs, droits, lois, coutumes, ce que j’ai respecté, ce que j’ai aimé ; un monde qui brûle les villes, abat les cathédrales, ne veut plus de livres, ni de musique, ni de tableaux, et substitue à tout la pomme de terre, le bœuf saignant et le vin bleu.

2127. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Quand il se trouvait en face de Voltaire, lui grand, robuste, un colosse de verve et de gaîté, et qu’il avait devant lui ce corps maigre, chétif, tout esprit et vif-argent, mais armé à la légère, il se disait en lui-même, et il disait aux autres : « Je le roulerai quand je voudrai. » Dans cette espèce de duel qu’il engagea plus d’une fois, et où la riposte, bonne ou mauvaise, suffit si elle est roide et prompte, il avait ses avantages, et Voltaire le craignait avec raison ; hors de là, Voltaire méprisait, et il en avait bien un peu le droit, un esprit, un génie même, mais si confiné, si localisé, qui, pourvu qu’il eût ses coudées franches, se complaisait à demeure dans un assez bas étage et ne sentait pas le besoin d’en sortir. […] Il y va comme à l’assaut, il mónte tout droit à la brèche. […] J’ai eu, en m’y mettant, à surmonter mon préjugé à moi-même, et à vaincre une certaine répugnance intime ; mais, après tout, c’est une figure inévitable dans l’histoire de notre littérature ; il avait droit à l’étude.

2128. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

C’est son droit. […] Il reçoit la flatterie comme un tribut auquel il a droit, et aperçoit au-dessous de lui, à une distance immense, les hommes comme des êtres faits pour l’implorer et lui obéir. […] Personne n’a un sens moral plus droit et plus inflexible.

2129. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Il avait compris que tout ce qui est humain a droit au respect de l’homme, et que tout ce qui console est bon au malheureux. […] Quoiqu’il ne se soit jamais essayé qu’en des peintures d’analyse sentimentale et des paysages de petite dimension, Joseph a peut-être le droit d’être compté à la suite, loin, bien loin de ces noms célèbres. […] Bien jeune, vous avez marché droit, même dans la nuit ; le malheur ne vous a pas jeté de côté ; et, comme Isaac attendant la fille de Bathuel, vous vous promeniez solitaire dans le chemin qui mène au puits appelé Puits de Celui qui vit et qui voit, Viventis et Videntis.

2130. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Ce premier sacrifice me donne le droit de commander ici, et de disposer d’elle par une seconde immolation. […] Je les ai entrevus, et cela m’a peu réussi… Et mon seul vœu, c’est, après quelques années d’exil nécessaire, de reprendre ici cette vie pâle et douce, où j’avais la lâcheté de me croire malheureuse. » Bref, elle s’est ressaisie ; la foi, le courage et la paix lui sont revenus ; et elle a définitivement compris que ce fameux « droit au bonheur », dont de bouillants Norvégiens lui ont peut-être parlé, est un mot dépourvu de sens pour une chrétienne. […] » Quand j’aurais fait tout ce que vous dites, en quoi aurais-je excédé mon droit et manqué aux convenances littéraires ?

2131. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

La librairie Hachette m’avait envoyé, avant le siège, pour en rendre compte dans un journal, la traduction de ses Œuvres complètes, et, entre deux gardes, je les étudiais, revenant, pour les affermir ou pour les jeter bas en moi, à des opinions que j’avais déjà exprimées, çà et là, avec des formes trop rapides et trop brèves, sur cet homme qui vaut bien qu’on s’arrête pour lui porter des coups plus droits, 1 plus plongeants, plus à fond… Eh bien, le croirez-vous ? […] Il y suivait des cours : depuis les cours de droit jusqu’aux cours de danse, maniaque déjà de curiosité, baguenaudeur et pédant, préludant à ce grattage d’érudition en toutes choses qui est la marque de fabrique de son talent et de ses œuvres. […] Le seul chagrin de la vie de Gœthe, de cet insolent de bonheur, de ce Nabuchodonosor qui resta sur pied et à qui Dieu n’a pas fait manger l’herbe à laquelle il avait droit, a été le peu de succès de sa Critique de Newton et le mépris dans lequel elle est tombée.

2132. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Une moitié lui revenait de droit, comme ayant découvert la chose et dirigé l’entreprise. […] Le théâtre, on le sait, rapporte beaucoup plus que le livre ; la continuité des représentations, sur lesquelles un droit assez fort est prélevé, produit vite par l’accumulation des sommes considérables. […] Comptant sur l’avenir, et il en avait bien le droit, Philoxène Boyer, en sa candeur enfantine, voulut éblouir ses contemporains et entrer de plain-pied dans la célébrité. […] Il semblait avoir senti, à la minute suprême, qu’il n’avait pas le droit de s’en aller comme un autre, et qu’en mourant il commettait presque un fratricide. […] Dans la confusion générale, chaque race réclame les siens ; un aïeul inconnu revendique ses droits.

2133. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Dans la suite de La Vagabonde, L’Entrave, elle était sur le point de rentrer chez elle, tout droit, quittant Genève. […] … Marie-Dorothée lui a dit : « Vous prenez le plus droit chemin pour aller d’une pensée à l’autre ; j’aime cela !  […] « Demain, vous aurez le droit de m’appeler Marie, à la villa ; Marie d’Este ! […] Les deux lévriers, Marsyas et Marion, près d’elle, bondissent, très joyeux : elle ne les emmènera pas, elle va tout droit à l’église. Et lui, François, les chiens lui sautent aux épaules, plus joyeux encore : il ne les emmènera pas, il va tout droit à l’église.

2134. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Si la postérité n’a que faire des faiblesses de quelques grands noms, elle a droit de revendiquer les documents qui la conduiront sur la trace de certaines carrières étonnantes, qui lui dévoileront les vrais éléments dont s’est formé à la longue tel caractère historique controversé. » Au nombre de ces pièces que la curiosité publique est en droit de réclamer, on peut placer sans inconvénient (et sauf quelques endroits sujets à suppression) la correspondance de Benjamin Constant avec Mme de Charrière. […] En réduisant même ces accidents, ces légèretés de propos à leur moindre valeur, en reconnaissant tout ce qu’a d’éloquent et d’élevé le livre de la Religion dans la forme sous laquelle il nous est venu, on a droit de dénoncer le contraste et de déplorer le contre-coup. […] On se demande, on s’est demandé sans doute plus d’une fois comment, avec des talents si éminents, une si noble attitude de tribun, d’écrivain spiritualiste et religieux, de vengeur des droits civils et politiques de l’humanité, avec une plume si fine et une parole si éloquente, il manqua toujours à Benjamin Constant dans l’opinion une certaine considération établie, une certaine valeur et consistance morale, pourquoi il ne fut jamais pris au sérieux autant que des hommes bien moindres par l’esprit et par les services rendus. […] J’ai un bel habit, une épée, mon chapeau sous le bras, une main sur la poitrine, l’autre sur la hanche ; je me tiens bien droit, et je fais le grand garçon tant que je puis.

2135. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

j’ai bien le droit de t’aimer comme tu aimes ceux que tes yeux provoquent195 !  […] Shakspeare n’avait eu qu’une demi-éducation, savait « peu de latin, point de grec », à peu près le français et l’italien, rien d’autre ; il n’avait point voyagé, il n’avait lu que les livres de la littérature courante, il avait ramassé quelques mots de droit dans les greffes de sa petite ville ; comptez, si vous pouvez, tout ce qu’il savait de l’homme et de l’histoire. […] Il restait acteur au moins dix-sept ans, quoique dans les seconds rôles210 ; il s’ingéniait en même temps à remanier des pièces, avec tant d’activité, que Greene l’appelait « une corneille parée des plumes d’autrui, un factotum, un accapareur de la scène211. » Dès l’âge de trente-trois ans, il avait amassé assez d’économies pour acheter à Stradford une maison avec deux granges et deux jardins, et il avançait toujours plus droit dans la même voie. […] Est-il besoin d’aller si droit et si vite ? […] « N’ai-je pas le droit, quand j’aperçois la grosse face rieuse d’un valet bouffon, de m’arrêter auprès de lui, de le voir gesticuler, gambader, bavarder, faire cent gestes et cent mines, et me donner la comédie de sa verve et de sa gaieté ?

2136. (1886) Le naturalisme

L’édifice combattu par les tempêtes est découronné ici et là; les matériaux vils s’émiettent sur le sol, tandis que les colonnades de granit et de jaspe se dressent encore droites et belles. […] Il s’engagea à lui en livrer, chaque année, deux qu’il lui paierait par une solde de cinq cents francs par mois : la propriété du livre était pour dix années aliénée en faveur de l’éditeur, y compris les droits de traduction et de publication en feuilletons. […] Si le type de Zola présente quelques traits caractéristiques, c’est la force et l’équilibre intellectuel nettement indiqués par les dimensions et les proportions harmoniques du cerveau, que l’on devine à la forme de la voûte crânienne et à l’angle droit du front. […] Pour moi, il n’y a d’autre morale que la morale catholique, et ses préceptes me semblent seuls purs, droits, sains et parfaits. […] Non seulement il m’a paru le genre le plus compréhensif, le plus important actuellement, le plus approprié à notre siècle, celui qui remplace et remplit le vide produit par la disparition de l’épopée ; il m’a semblé aussi le genre dans lequel, par une très haute prérogative, les droits de la vérité s’imposent, dans lequel l’observation désintéressée règne, dans lequel l’histoire positive de notre époque doit être écrite en caractères d’or.

2137. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Tu donneras la meilleure à ma mère ; mon frère tout auprès d’elle ; moi un peu de côté, seulement pas trop loin, et le petit sur mon sein droit. […] Les cultes, selon lui, étaient un droit de l’imagination, qui divinisait à son gré les superstitions de l’ignorance ou les symboles les plus transcendants de la raison et de la piété humaine.

2138. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Pascal, après cela, a donc bien le droit de s’adresser dans la quatrième partie à la raison, et de lui proposer des preuves, qui fourniront une évidence rationnelle, pareille, et non supérieure, à celle que l’homme obtient par ses méthodes humaines dans toutes les parties de ses sciences. […] La raison, Pascal l’a dit dans sa 18 e Provinciale, a seule droit de décider sur les faits.

2139. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Catulle Mendès Auguste et doux, serein comme un dieu sans athée, Droit comme les Césars d’un vieil armorial, Il tient ce siècle, ainsi qu’en sa main d’or gantée Charlemagne portait le Globe impérial. […] Stéphane Mallarmé Hugo, dans sa tâche mystérieuse, rabattit toute la prose, philosophie, éloquence, histoire, au vers ; et comme il était le vers personnellement, il confisqua, chez qui pense, discourt ou narre, presque le droit à s’énoncer.

2140. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Le doute de Bayle ne s’impose pas, ne régente personne, honore dans les opinions la liberté de la pensée, dans les erreurs le droit de chercher la vérité, ne blâme que les persécuteurs, et prend plaisir à tout. […] La liberté civile, la liberté religieuse, l’égalité devant la loi, le droit donné à chacun, et désormais inaliénable, d’agir par son opinion ou son suffrage sur le gouvernement de son pays, se sont là autant de conquêtes où ces hardis esprits ont mené nos pères, avec des plumes acérées comme l’épée, quelques-uns au péril de leur liberté, tous au prix de leur repos.

2141. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

C’est la faute, la faute qui plane sur tout son règne, à ce roi certainement le plus profondément catholique par la Foi qui ait jamais existé, et cette faute-là, il n’y a qu’une main catholique, au nom même du Catholicisme, qui ait le droit et le devoir de la relever. […] même sans la foi religieuse qu’il n’a pas, l’historien n’a point le droit de n’en pas tenir compte dans la vie des hommes dont il écrit l’histoire.

2142. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Il avait, par cela même, le droit de se moquer du public, du bon sens, de toutes les choses jusque-là respectées pair les hommes. […] Ajoutons à ces torrents d’éloges deux ou trois égratignures, de parti pris aussi, faites en tremblant sur le marbre qu’elles ont cru rayer, mais, en réalité, rien d’appuyé, d’allant droit au cœur de l’œuvre, tout en respectant le poète et la langue dont on se sert pour lui parler ; rien que de la critique de bout d’ongles et d’ongles taillés trop fin pour ne pas casser.

2143. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Telle est la fin résignée, touchante, expiatrice, de cette fille amazone, nageuse et blagueuse, comme elle dirait elle-même dans le livre de MM. de Goncourt, et qui rentre dans la simplicité des filles qui ont été nos mères, de la jeune fille des sociétés droites, de la jeune fille éternelle que des temps corrompus veulent transformer en je ne sais quel horrible et insupportable androgyne ! […] — ne produit pas l’épouvantement dans les cœurs, et c’était sur cet épouvantement qu’on était en droit de compter.

2144. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

La France était lasse décidément et voulait en finir ; on s’aperçut comme soudainement alors que la raison était de son côté, « tant la justice et le droit ont de puissance sur les hommes, selon la remarque judicieuse de Villeroi, spécialement après que les maux les ont faits sages ».

2145. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Elles sont, si la comparaison est permise, comme les œuvres mêmes de la nature et de Dieu : c’est une matière infinie d’étude et de contemplation. » M. de Sacy, certes, a ses défauts, et je puis dire qu’ayant habituellement suivi une tout autre voie, une tout autre méthode que la sienne en critique littéraire, j’y suis sensible, à ces défauts, comme il doit l’être aux miens : il a ses redites, il a ses longueurs ; il a des excès de louange sans nuances à l’égard de certaines personnes ; il a des humilités soudaines par lesquelles il se dérobe et s’interdit presque le droit de juger en des cas où il serait sans doute très compétent : voilà les inconvénients de sa manière et qui sont presque des conséquences de ses vertus.

2146. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Propriétaire viager ou, si l’on veut, locataire à vie de la maison qu’il occupe, ayant ainsi le sentiment du chez-soi, l’ouvrier du Hartz, en sa qualité de membre de la corporation des mines, « possède sur les richesses minérales et forestières de ce district une sorte d’hypothèque légale qui le garantit, ainsi que sa famille, contre toutes les éventualités fâcheuses qui peuvent se présenter. » Il a non seulement l’habitation et le jardin qui y tient, il a le droit de récolter à titre gratuit dans les forêts domaniales le bois de chauffage ; le blé lui est assuré à un prix invariable et toujours au-dessous de celui du marché.

2147. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Ils ont eu droit de vivre.

2148. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

. — Habitus extérieur : « Grêle jeune homme de 30 ans, anémique et nerveux, aux joues caves, aux yeux d’un bleu froid d’acier, au nez éventé et pourtant droit, aux mains sèches et fluettes. » Signes généraux : Il entreprend assez facilement une œuvre, mais la fatigue vient vite avec des étourdissements, un besoin de s’appuyer ou de s’asseoir s’il est debout.

2149. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

La vanité des hommes supérieurs les fait prétendre aux succès auxquels ils ont le moins de droit ; cette petitesse des grands génies se retrouve sans cesse dans l’histoire ; on voit des écrivains célèbres ne mettre de prix qu’à leurs faibles succès dans les affaires publiques ; des guerriers, des ministres courageux et fermes, être avant tous flattés de la louange accordée à leurs médiocres écrits ; des hommes, qui ont de grandes qualités, ambitionner de petits avantages : enfin, comme il faut que l’imagination allume toutes les passions, la vanité est bien plus active sur les succès dont on doute, sur les facultés dont on ne se croit pas sûr ; l’émulation excite nos qualités véritables ; la vanité se place en avant de tout ce qui nous manque ; la vanité souvent ne détruit pas la fierté ; et comme rien n’est si esclave que la vanité, et si indépendant, au contraire, que la véritable fierté, il n’est pas de supplice plus cruel, que la réunion de ces deux sentiments dans le même caractère.

2150. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

Nous savons, avec une certitude entière, quelle est l’ouverture de chaque angle dans un myriagone régulier, et combien tous ses angles pris ensemble font d’angles droits.

2151. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Ce n’est pas qu’il n’y ait des répétitions qu’on n’a pas le droit de blâmer : mais pour être tolérables, il faut qu’elles soient indispensables ; et cette nécessité ne doit pas être le produit de la maladresse, qui ne peut sortir autrement d’embarras, elle doit venir du fond des choses et de la constitution naturelle du sujet.

2152. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Il ne donne en somme au poète qu’un droit de proposition.

2153. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

On a le droit de dire qu’il a fondé — sinon la critique d’art — du moins le journalisme d’art.

2154. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Par nous le mal essentiel Croît au sentier de l’œuvre pie Qui vous conduit tout droit au ciel.

2155. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Il dit que « la grande mission de la femme ici-bas étant d’enfanter, d’incarner la vie individuelle, elle prend tout par individu, rien collectivement et par masses », qu’elle sent à merveille l’amour, la sainteté, la chevalerie, et difficilement le droit ; enfin qu’elle est toujours plus haut ou plus bas que la justice.

2156. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

On pourrait toutefois trouver que leur destinée n’est point la même, puisque Epidicus gagne par son astuce la liberté, et que Chrisoforo, au contraire, engage la sienne ; ce qui, aux yeux de quelques-uns, pourrait rétablir les droits de la morale qu’on a tant accusé Plaute d’avoir méconnus.

2157. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

C’est que dans la préface de ses Portraits « d’aujourd’hui et de demain » il avait proclamé le droit à la haine.

2158. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Mais il suffit que la chose soit douteuse pour que je sois en droit de reconnaître et d’affirmer une divergence essentielle entre les deux sortes d’intuition ; elles n’ont pas le même objet et semblent mettre en jeu deux facultés différentes de notre âme ; on dirait de deux projecteurs braqués sur deux mondes étrangers l’un à l’autre.

2159. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

On avait le droit de faire des objections et des questions au lecteur ; de la sorte, la réunion dégénérait vite en une sorte d’assemblée libre.

2160. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Sur ce calvaire, où certainement Jésus souffrit plus qu’au Golgotha, ses jours s’écoulaient dans la dispute et l’aigreur, au milieu d’ennuyeuses controverses de droit canon et d’exégèse, pour lesquelles sa grande élévation morale lui donnait peu d’avantage, que dis-je ?

2161. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Il ne reste que le héros incomparable de la Passion, le fondateur des droits de la conscience libre, le modèle accompli que toutes les âmes souffrantes méditeront pour se fortifier et se consoler.

2162. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Le duc de Saint-Simon, dans sa juste animadversion pour l’injure que fit aux pairs, aux princes, à la nation entière, à son droit public, à ses mœurs, l’élévation du duc du Maine, fruit d’un double adultère, mais devenu digne d’une haute destinée par les soins de madame de Maintenon ; le duc de Saint-Simon, dis-je, comparant la naissance du duc du Maine avec les honneurs démesurés dont cet enfant fut comblé, se laissa aller au plus cruel et au plus injuste mépris pour madame de Maintenon, à qui le jeune prince devait le mérite précoce et distingué qui avait favorisé son élévation.

2163. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Cette assurance fléchit par degrés : Oreste n’est déjà plus si convaincu de son droit, car il le discute, il plaide l’action qu’il promulguait tout à l’heure.

2164. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

M. de Fezensac, nourri de souvenirs littéraires, a eu le droit de mettre en tête de son écrit ces vers touchants du plus pieux des poètes antiques, de Virgile faisant parler son héros : « Iliaci cineres, et flamma extrema meorum… », ce qu’il traduit ainsi, en l’appropriant à la situation : Ô cendres d’Ilion !

2165. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

Ainsi un même organe peut perdre tel de ses modes d’action sans qu’on ait le droit de mettre en doute son unité.

2166. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

On vous annonce M. le marquis de Castries ; et voilà le bonnet relevé, la robe de chambre croisée ; mon homme droit, tous ses membres bien composés ; se maniérant, se marcélisant, se rendant très agréable pour la visite qui lui arrive, très maussade pour l’artiste.

2167. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Madame Ange Bénigne, dont le nom véritable sera dit un jour (nous l’espérons bien) en plein théâtre et en plein succès, aura-t-elle à la scène la valeur de talent qu’elle a dans ce livre que nous avons le droit d’appeler aussi : Un spectacle dans un fauteuil ?

2168. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

La figure rigide reste composée de deux droites rectangulaires.

2169. (1915) La philosophie française « I »

Par l’appel qu’il a lancé au sentiment, à l’intuition, à la conscience profonde, il a encouragé une certaine manière de penser que l’on trouvait déjà chez Pascal (dirigée, il est vrai, dans un sens tout différent), mais qui n’avait pas encore droit de cité en philosophie.

2170. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Quant à l’invention du vers libre, je ne contredis pas aux droits de priorité que M. 

2171. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Celui qui, maître d’une idée et soutenu par ses talents, a exercé pendant plus d’un demi-siècle en France et en Europe une influence directe, forte et constante sur les arts qui dépendent de l’imagination, du goût et même de l’industrie, cet homme appartient de droit à l’histoire. […] Ces idées se compliquaient d’autant plus dans son esprit, que, dans le cours des fréquentes conversations qu’il avait eues avec Mme de Noailles il s’était bien aperçu, sans en être étonné, qu’elle était fort éloignée de juger avec indulgence la conduite politique de David, mais que le talent de l’artiste la faisait passer, ainsi que beaucoup d’autres, par-dessus ce qu’on était en droit de lui reprocher. […] dont le nom même était regardé comme d’un augure favorable pour lui, il n’a pas perdu la vie, grâce au ciel, mais il n’a pas tiré de son talent tout ce que l’on avait le droit d’en attendre. […] Étienne a sans doute le droit de penser que son amitié n’a pas été tout à fait stérile pour Lullin ; mais celle de Lullin a eu une influence si bienfaisante sur le caractère et la culture de l’esprit d’Étienne que celui-ci se reconnaît toujours l’obligé reconnaissant de son camarade. […] Jusque-là l’artiste était dans son droit, et on aurait pu lui passer cette boutade quoiqu’un peu vive, mais il résolut de se venger et de rendre sa vengeance publique.

2172. (1902) La poésie nouvelle

N’a-t-on pas le droit de considérer leur silence comme un aveu involontaire ? […]   Ces considérations suffisent pour restituer à la métaphysique ses droits. […] Mais la transformation perpétuelle n’est pas seulement, pour l’Art, un droit ; elle est une nécessité. […] Mais voici désormais que celles-ci reprennent leurs droits ; l’inconscient et l’instinct émergent de l’obscurité où on les reléguait et leur voix, souvent dominante, entre dans la symphonie totale de l’âme. […] s’irritant de voir les musées exhiber, comme en des lieux publics, la Beauté, il refuse de reconnaître à « tous les épiciers » le droit de contempler, dimanches et fêtes, la Vénus !

2173. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Il se lie, à Wetzlar, avec un jeune homme d’un caractère droit et positif, lequel était fiancé à une jeune personne du nom de Charlotte, restée après la mort de sa mère à la tête d’une nombreuse famille. […] On y voit mainte trace de ces tendances morbides que Gœthe caractérisait et blâmait à si bon droit, quoiqu’il eût contribué lui-même puissamment à les répandre. […] Mais non content de l’avenir auquel ces avantages lui donnaient le droit d’aspirer, il se croit appelé à des destinées supérieures, et se fait pour son usage un monde imaginaire dans lequel il se complaît. […] Il a donc droit doublement à nos égards. […] Il n’a pas vu qu’il n’était que le fait de la vanité blessée et de l’ambition impuissante, et qu’il n’avait pas droit aux honneurs d’une oraison funèbre.

2174. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

En droit, ce groupe serait supérieur au groupe dont il dérive, puisqu’il correspondrait à un stade plus avancé de l’évolution. […] Pour arriver à la différence essentielle, il faut, sans s’arrêter à la lumière plus ou moins vive qui éclaire ces deux formes de l’activité intérieure, aller tout droit aux deux objets, profondément distincts l’un de l’autre, qui en sont les points d’application. […] Si notre biologie en était encore à Aristote, si elle tenait la série des êtres vivants pour unilinéaire, si elle nous montrait la vie tout entière évoluant vers l’intelligence et passant, pour cela, par la sensibilité et l’instinct, nous aurions le droit, nous, êtres intelligents, de nous retourner vers les manifestations antérieures et par conséquent inférieures de la vie, et de prétendre les faire tenir, sans les déformer, dans les cadres de notre intelligence. […] On pourrait supposer que, même chez l’animal le plus rudimentaire, la conscience couvre, en droit, un champ énorme, mais qu’elle est comprimée, en fait, dans une espèce d’étau : chaque progrès des centres nerveux, en donnant à l’organisme le choix entre un plus grand nombre d’actions, lancerait un appel aux virtualités capables d’entourer le réel, desserrerait ainsi l’étau, et laisserait plus librement passer la conscience.

2175. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

XVII) les magistratures, les sacerdoces, le droit de bourgeoisie, la justice, l’injustice ; les favoris ligués exercent un monopole général. […] XLI) et les tribuns que la pitié intéresse à ce jeune prince spolié de ses droits à l’empire, sont écartés ou par l’exil, ou avancés à des postes plus honorables : on exclut ceux de ses affranchis qu’on ne peut corrompre. […] Que le sénat rentre dès ce moment dans ses anciens droits ; que les peuples de l’Italie et de ses provinces aient à se pourvoir aux tribunaux des consuls, et que les audiences du sénat soient sollicitées par ses magistrats. […] Je ne le pense pas. » Ce paragraphe de mon ouvrage a fait un grand bruit ; et j’espère qu’on me pardonnera de quitter un moment mon sujet pour me livrer à une justification qu’on se croit en droit de me demander. […] « On a le droit d’être sévère sur les mœurs de celui qui donne des leçons de sagesse. » Mais ce droit-là, qui est-ce qui l’a ?

2176. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

23 août Je rencontre ici un étudiant en droit, le type de la jeunesse libérale, républicaine, sérieuse, vieillotte, avec des appétits âpres d’avenir, et la conviction intime de tout conquérir. […] 2 septembre J’avais envie de lui dire : « De quel droit me reconnaissez-vous ? […] Je commence à répondre que c’est bien singulier, qu’à une table où on admet la discussion de toute chose au monde, je n’aie pas le droit de dire mon opinion sur Homère.

2177. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Et le grand et tranquille retroussement de draperie porté sur le bras droit, dont la main tient le sceptre du monde, — un manche à balai pour l’heure. — Apparition de grandeur et de majesté de l’humanité. […] C’est comme un droit à un parasitisme n’apportant pas trop de déconsidération. […] Puis changeant de sujet : « Moi je n’ai jamais fait mon chemin avec l’Empereur, parce que je vais tout droit… On ne m’a jamais prise dans des tripotages, jamais, jamais !

2178. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Quoique si inégal à moi de rang et d’années, il se fit mon ami pour avoir le droit d’être mon protecteur sans humilier ma fierté ; il se passionna pour mes vers. […] On voyait un grand homme exténué par sa flamme intérieure, le corps droit, le visage pâle, le front humide de moiteur, les deux mains amaigries immobiles sur la tribune, les bras collés au buste comme ceux d’un stoïcien, les lèvres tremblantes, réfléchir longtemps à ce qu’il allait dire, puis arracher avec effort de sa poitrine une voix profonde et palpitante d’émotion contenue, puis couler en phrases entrecoupées de silences, puis répandre à flots lents ou précipités, non de vains arguments ou de sonores périodes, mais une âme toute nue et toute chaude de grand homme sensible, de grand homme d’État, de grand homme de bien qui forçait d’abord l’auditoire au silence, bientôt à l’admiration, peu à peu aux acclamations, à la fin aux larmes, ce triomphe de la nature sur les factions. […] XXXIV C’est dans le cours de ces dernières années de la restauration et de ces premières années du règne illettré de 1830 que je fus ébloui ou attiré tour à tour par cette foule de noms éclatants où s’égarent les souvenirs, tant l’esprit, le talent, le génie, y font foule : Casimir Delavigne ; Augustin Thierry ; Michelet, le Shakespeare du récit, qui introduit la comédie dans l’histoire ; Rémusat ; Mignet ; Alexandre Soumet ; Aimé-Martin, qui aurait mérité la gloire par sa passion des lettres ; Henri Martin, qui change les chroniques en histoire ; les deux Deschamps ; Ozanam, qui traduisait la métaphysique du Dante ; Boulay-Paty, qui traduisait l’amour et le platonisme de Pétrarque ; Musset, le Corrège du coloris sur les dessins trop voluptueux de l’Albane ; Alphonse Karr, le Sterne du bon sens et du bon cœur ; Méry et Barthélemy, deux improvisateurs en bronze qui ont fait faire à la langue des miracles de prosodie ; Laprade, qui donne à la poésie religieuse et philosophique la sérénité splendide des marbres de Phidias ; Autran, qui chante la mer comme un Phocéen et la campagne comme Hésiode ; Lacretelle l’historien, qui devint poète avec les années sous les arbres de son jardin voisin du mien, comme le bois de l’instrument à corde qui devient plus sonore et plus harmonieux en vieillissant ; Ségur, le poète épique de la campagne de Russie ; Dargaud, le second Ronsard de Marie Stuart ; Barbier, dont l’ïambe vengeur, en 1830, dépasse en virilité l’ïambe d’André Chénier à l’échafaud ; Saint-Marc Girardin, un de ces esprits délicats qui se trempent au feu des révolutions et qui passent de plain-pied d’une chaire à une tribune, transportant l’homme de lettres dans l’homme politique et l’homme politique dans l’homme de lettres en les grandissant tous les deux ; une foule d’autres, dont je n’ai pas le droit de parler parce que je ne les ai connus que par leurs noms, ou que j’ai trop aimés pour que j’en parle sans partialité !

2179. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Quelque séduisante que soit cette hypothèse, elle doit être abandonnée aussitôt qu’émise, car la création d’une écriture, même idéographique, suppose un développement intellectuel bien supérieur à celui que l’on est en droit d’admettre pour les périodes primitives de la parole. […] Comme d’ailleurs l’attention a pour effet de prolonger la sensation, je suis en droit de conclure que mes états me paraissent miens dans la mesure où leur situation dans la durée, leur temporalité m’apparaît. […] Cardaillac paraît avoir en vue une sensation proprement dite, signe d’un véritable mouvement musculaire, et non une simple image ; mais je me crois en droit d’appliquer ses remarques à l’image : car, entre une sensation presque imperceptible et son image presque imperceptible, la différence ne peut guère être perceptible.

2180. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

La Bible assurément ne gêne pas les électriciens catholiques, puisque, comme c’était son droit, elle ignore l’électricité : on conçoit très bien que ses convictions religieuses n’aient aucunement empêché M.  […] Allons comme la nature droit au but, sans nous occuper de la peine ou du plaisir, sensations individuelles scientifiquement négligeables, et demandons-nous comment le cercéris, humble guêpe, a si bien appris l’anatomie ? […] Ferri, a écrit un livre où il démontre que le droit de punir n’a aucun fondement logique. Ce prétendu droit n’est qu’une prétention d’origine religieuse. […] On trouve le matriarcat, quand la totalité des enfants était attribuée à la mère ; de là aussi la couvade, l’homme étant amené à simuler l’enfantement pour avoir droit sur ses enfants, participer à l’autorité qui appartenait jadis seulement à la mère.

2181. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Au lieu de prendre la route de Châtillon et de tourner à angle droit par la Grande-Rue, pour aller à la messe, le dimanche, on prenait par là, quand on était en retard : le sentier qui coupait la prairie en biais, raccourcissait beaucoup le chemin. […] J’avais l’impression, très singulière, que ma personne intérieure, nul autre que moi n’avait le droit de la connaître et de la juger ; là, aucun grand-père, aucune tante ne pouvait gronder, ou raisonner, ni savoir surtout. […] — J’ai très mal, dis-je seulement en soutenant de mon bras droit, mon bras gauche complètement inerte. […] Elle en fut comme suffoquée ; elle jugea même la faute si grave, qu’elle ne se trouva pas le droit de décréter, seule, la punition, et réunit un conseil. […] Elles avaient lieu quelquefois, en hiver, ou quand il pleuvait, dans la seconde classe, grande salle, en contre-bas, qui longeait le préau et coupait à angle droit la première classe et la petite classe, situées sur la cour.

2182. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Les situations sociales font les situations politiques ; toujours les constitutions légales s’accommodent aux choses réelles, et la prépondérance acquise aboutit infailliblement aux droits écrits. […] Le lendemain du jour où j’arrivai à Londres, je vis marcher des hommes-affiches portant sur leur ventre et sur leur dos cet écriteau en grosses lettres : « Usurpation énorme, attentat des Lords dans le vote du budget contre les droits du peuple. » Il est vrai que l’affiche ajoutait : « Compatriotes, une pétition ! 

2183. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Si j’avais prévu alors les iniquités et les outrages dont cet enfant devenu homme et son parti devenu vieux reconnaîtraient (sauf de rares amis) cette fidélité et ce dévouement au droit et au malheur de sa race, j’aurais dû peut-être m’en venger d’avance en acceptant les faveurs et le pouvoir des mains de leurs ennemis ! […] « Je voudrais réunir tous les droits d’un père, d’un frère, d’un ami, obtenir votre amitié, votre confiance entière, pour une seule chose au monde, pour vous persuader votre propre bonheur et vous voir entrer dans la seule voie qui puisse vous y conduire, la seule digne de votre cœur, de votre esprit, de la sublime mission à laquelle vous êtes appelée, en un mot pour vous faire prendre une résolution forte ; car tout est là.

2184. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Esprit pratique, allant droit au but, si Villehardouin n’a pas la profondeur de vues que nous demanderons à l’historien d’une société plus avancée, il n’a pas non plus les illusions qu’on ne s’étonnerait pas de trouver dans un historien de son époque. […] Tracer d’une main impartiale les portraits des grands personnages, faire des réflexions sur les événements et les caractères des peuples, comparer leurs institutions, distinguer une bonne politique et une mauvaise, indiquer des progrès à faire, des réformes à réaliser, enfin regarder l’histoire comme un enseignement, voilà ce qui donnait à Comines le droit de prendre le titre d’historien, que Froissart s’attribue si naïvement.

2185. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Les faits ont pu être contestés ; l’esprit le plus droit, engagé dans un parti, peut-il échapper à des erreurs de fait ? […] La méthode des Provinciales y rend tout vraisemblable ; on sent que la bonne cause doit être du côté où sont les meilleures armes, et qu’il n’est pas possible qu’un esprit qui se sert de moyens si droits ne s’en serve pas pour la vérité.

2186. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Les bœufs, conduits par la main invisible de Ronan, marchèrent droit devant eux, au plus épais de la forêt. […] Je ne comprenais que vaguement, déjà cependant j’entrevoyais que la beauté est un don tellement supérieur, que le talent, le génie, la vertu même, ne sont rien auprès d’elle, en sorte que la femme vraiment belle a le droit de tout dédaigner, puisqu’elle rassemble, non dans une œuvre hors d’elle, mais dans sa personne même, comme en un vase myrrhin, tout ce que le génie esquisse péniblement en traits faibles, au moyen d’une fatigante réflexion.

2187. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

III Le troisième chant est rempli tout entier par cette lutte de dévouement entre le père, la mère et la fille, qui revendiquent tous le droit et le devoir de mourir pour sauver la famille. […] Le héros lui confesse alors qu’il a employé ce stratagème pour convaincre son peuple de la beauté, de la vertu, des droits de Sacountala à sa main, et pour se faire commander par les dieux et par les hommes son bonheur.

2188. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Demandez-le au soldat qui consume les plus belles années de sa jeunesse à passer la même arme de son bras droit à son bras gauche, à mesurer son pas en cadence sur le pas d’un autre automate pensant, à tuer sans haine, à être tué sans que la gloire même sache son nom, ou à traîner ses membres mutilés sur un champ de bataille pour une ration de pain trempée de son sang ! […] Non ; le tonnerre et toi, quand ton simoun y vole, Vous avez seuls le droit d’y prendre la parole, Et le lion, peut-être, aux narines de feu, Et Job, lion humain, quand il rugit à Dieu !

2189. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Nous avions donc bien le droit de dire que la comédie est mitoyenne entre l’art et la vie. […] On fera que le juge, le médecin, le soldat appliquent aux choses usuelles la langue du droit, de la stratégie ou de la médecine, comme s’ils étaient devenus incapables de parler comme tout le monde.

2190. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

C’est ainsi que, dans son Essai sur la voirie et les ponts et chaussées, il n’est pas absolument contre la corvée, contre le travail de réparation des chemins par les communautés : il croit seulement qu’il serait bon de régulariser ce service imposé au peuple des campagnes, établissant en principe que l’État a le droit de l’exiger comme tous les genres de services pour la grande cause de l’utilité publique.

2191. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Le coup d’œil qu’il a jeté du haut du pic du Midi sur les divers étages et les groupes des montagnes centrales, jusque-là mal démêlées dans leurs proportions respectives, a indiqué à Ramond les sommets inexplorés où il doit tendre, et c’est droit au Marboré d’abord qu’il va se diriger.

2192. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Au sortir de cette lecture presque ascétique et de ces maximes fermes, droites, uniformes, mais si sévères, de Mme de Maintenon, j’éprouve le besoin, l’avouerai-je ?

2193. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Au moment où le corps de la Dauphine est exposé dans sa chambre, avant l’autopsie, il s’est commis une irrégularité dont le narrateur ne manque pas de nous avertir : « Mme la Dauphine a été à visage découvert jusqu’à ce qu’on l’ait ouverte, et on a fait une faute : c’est que pendant ce temps-là, les dames qui n’ont pas droit d’être assises devant elle pendant sa vie, n’ont pas laissé d’être assises devant son corps à visage découvert. » Les choses se passent plus correctement en ce qui est des évêques : « Il a été réglé, nous dit Dangeau, que les évêques qui viennent garder le corps de Mme la Dauphine auront des chaises à dos, parce qu’ils en eurent à la reine ; l’ordre avait été donné d’abord qu’ils n’eussent que des tabourets. » L’acte de l’adoration de la croix, le jour du vendredi saint, est avant tout, chez Dangeau, l’occasion d’une querelle de rang, d’un grave problème de préséance : « Ce matin, les ducs ont été à l’adoration de la croix après les princes du sang.

2194. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Quelques-uns avaient marqué avec éclat dans la poésie même, et avaient bien droit d’avoir leurs préférences.

2195. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

D’ordinaire elle est dans celui qui a le droit de se croire trompé, dans le mari : ici elle est dans l’amant.

2196. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Sur le cérémonial de Louis XV, sur les questions de révérences, de tabourets, de pliants, de carreaux, qui reviennent à tous moments, — sur le droit que prétendent avoir les ducs d’avoir à l’église des carreaux, non pas devant le roi, mais derrière ; — sur tout cela, je passe.

2197. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Destitué lui-même par le Directoire peu après le rappel de Brune, et remplacé par Rivaud qui lui apportait l’ordre de sortir de l’Italie : Je n’en tins aucun compte, dit-il, persuadé que le Directoire n’avait pas le droit de m’empêcher de vivre en simple particulier à Milan.

2198. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Elle a le bon côté et le bon droit.

2199. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

» — « Belles, droites et longues. » — « Quelle robe a-t-il ?

2200. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

C’était son droit, et c’est son art à lui.

2201. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Maigre pourtant fut sa récompense, et elle ne lui ôta pas le droit d’écrire plus tard : « En Espagne, un soldat se bat sans être payé ; est-ce qu’on paye les soldats en Espagne ? 

2202. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

M. de Senfft se plaint en deux endroits, soit du grand maréchal du palais, Duroc, soit du premier chambellan, M. de Rémusat, pour de légers oublis ou des atteintes aux droits et prétentions de Mme de Senfft comme femme de ministre étranger.

2203. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

. — A propos du Droit romain, des lois romaines qui ont paru si sages et si saintes que leur majesté a survécu à la ruine même de l’Empire, Bossuet a ce beau mot, souvent cité : « C’est que le bon sens qui est le maître de la vie humaine « y règne partout. » La fin de cette troisième partie peut paraître brusquée.

2204. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

La nature étudiée, attaquée par tous les points, poursuivie dans ses détails, embrassée dans ses ensembles, décrite, dépeinte, admirée, connue ; — ce qui reste de barbarie cerné de toutes parts ; — les antiques civilisations rendues de jour en jour plus intelligibles, plus accessibles ; — le contact des religions considérables amenant l’estime, l’explication et jusqu’à un certain point la justification du passé, et tendant à amortir, à neutraliser dorénavant les fanatismes ; — une tolérance vraie, non plus la tolérance qui supporte en méprisant et qui se contente de ne plus condamner au feu, mais celle qui se rend compte véritablement, qui ménage et qui respecte ; — au dedans, au sein de notre civilisation européenne et française, un adoucissement sensible dans les rapports des classes entre elles, un désarmement des méfiances et des colères ; un souci, une entente croissante des questions économiques et des intérêts, ou, ce qui revient au même, des droits de chacun ; le prolétaire en voie de s’affranchir par degrés et sans trop de secousse, la femme trouvant d’éloquents avocats pour sa faiblesse comme pour sa capacité et ses mérites divers ; les sentiments affectueux, généreux, se réfléchissant et se traduisant dans des essais d’art populaire ou dans des chants d’une musique universelle : — tous ces grands et bons résultats en partie obtenus, en partie entrevus, les transportent ; ils croient pouvoir tirer de cet ordre actuel ou prochain, de cette conquête pacifique future, un idéal qui, pour ne pas ressembler à l’ancien, n’en sera ni moins inspirant, ni moins fécond.

2205. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Vuillart reprend la plume, et après avoir rapporté une nouvelle intéressante (l’arrivée de la Bulle condamnant le livre des Maximes de Fénelon) qu’il avait apprise de l’abbé Renaudot dans la chambre même de Racine, il continue ainsi : « Il (l’abbé Renaudot) me laissa chez le malade parce que je voulus voir lever le premier appareil d’une incision qu’on lui avait faite la veille au côté droit, un peu au-dessous de la mamelle.

2206. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Disgracié dès lors, jugé impropre au service militaire et à la vie active, sa famille le traita en cadet, le destitua formellement de son droit de primogéniture, et le condamna à l’état ecclésiastique.

2207. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Le défaut de force dans les membres, l’impossibilité de dire : « Je vivrai dans toutes les situations où un homme peut vivre ; » cet assujettissement joint à l’immense difficulté de soutenir une femme, des enfants, sans revenus fixes, sans autres moyens que des débris à recueillir à des époques inconnues, sans état (même très-longtemps sans papiers et sans droits de citoyen), sans dettes, sans aucune intrigue, surtout aussi avec le sort contre soi, avec ce qu’on appelle du malheur (excepté la faveur marquée du sort en 1798 et en quelques autres circonstances rares), tout cela a rendu ma vie morale laborieuse et triste.

2208. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Mais vous, dans cette armée, vous vous faites le commissaire ordonnateur des livres ; et de quel droit ?

2209. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Cet article a été donné au Journal des Débats (21 avril 1843), avec destination aux victimes du tremblement de terre de la Guadeloupe : l’humble obole marquée au nom de Léonard revenait de droit à ses infortunés compatriotes.

2210. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Beaucoup d’écrivains se croient alors le droit d’inventer sans cesse des mots nouveaux ; et ce qui semble de l’abondance, amène la confusion.

2211. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Il le fait tranquillement, n’esquivant rien, n’exagérant rien, avec un désintéressement, une impartialité, une indépendance de jugement telle, que cette sorte de sacrifice ou plutôt (car il n’avait point à la sacrifier) d’oubli provisoire de la piété filiale en face de la science qui prime tout, m’a rappelé, je ne sais comment, la hauteur d’âme des vieux Romains mettant tout naturellement l’intérêt de la patrie au-dessus des affections de famille… Puis, tout à coup, après ce long, tranquille et consciencieux exposé qui n’eût point été différent s’il se fût agi d’un étranger, la voix du professeur s’altère et laisse tomber ces mots : … Moi qui vous parle, moi qui seul sais le respect et la reconnaissance que je lui dois, j’ai dû m’abstenir de les exprimer comme je les sens, autant pour être fidèle à cette modération qu’il aimait à garder en toutes choses, autant pour ne rien rire ici qui ne dût être dit par tout autre à ma place, que pour ne pas m’exposer à être envahi par une émotion trop poignante qui ne m’aurait pas laissé la liberté et la force de rendre à cette mémoire si chère et encore si présente l’hommage public auquel elle a droit.

2212. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Le Dépit voudrait lui administrer une bonne dose d’antimoine, qui l’enverrait tout droit ad patres, mais les deux autres s’y opposent et décident que le moyen de procurer la guérison du malade, c’est de le distraire par une suite de divertissements et de mascarades récréatives.

2213. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Or la palme du poète serait à celui qui le plus juste sait dire les vers, au meilleur chantre ; qui le plus vrai sait traduire sa pensée, au meilleur artiste ; qui le plus droit sait mener son âme, au meilleur homme.

2214. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

« Quand un homme aimé de Dieu, se plaisait-il à dire à propos de lui-même, s’écarte du droit chemin, Dieu l’y ramène à grands coups de pied dans le cul. » Ce n’est pas non plus Louis Veuillot qui eût pu se concilier la faveur œcuménique, encore qu’il montât la garde aux portes de l’Église comme un suisse « pour empêcher les chiens d’entrer ».

2215. (1890) L’avenir de la science « XII »

On conçoit d’après cela un état où écrire ne formerait plus un droit à part, mais où des masses d’hommes ne songeraient qu’à faire entrer dans la circulation telles ou telles idées, sans songer à y mettre l’étiquette de leur personnalité.

2216. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

La découverte de la loi dernière de nos actes psychologiques aurait donc cela de commun avec bien d’autres découvertes, d’être venue tard et de paraître si simple qu’on ait le droit de s’en étonner.

2217. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Du moment que la pensée est obligée de s’arrêter sur des circonstances particulières aussi désagréables, on a droit de s’étonner lorsqu’on entend tout à coup cette femme matérialiste déclamer contre l’abjecte nature des sensations, et faire appel à une pureté surnaturelle : « … Vous trouveriez ce que vous appelez un bonheur, dit-elle à son amant ; mais ce bonheur serait une faute pour vous !

2218. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Quelques-uns à peine survivent, dispersés et inconsolés aujourd’hui ; et ceux qui n’ont fait que traverser un moment ce monde d’élite, ont le droit et presque le devoir d’en parler comme d’une chose qui intéresse désormais chacun et qui est devenue de l’histoire.

2219. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

M. de La Marck a très bien montré les inconvénients qu’il y eut pour la reine à se restreindre d’abord si exclusivement dans le cercle de la comtesse Jules de Polignac, à donner à celle-ci, avec la qualité d’une amie, l’attitude d’une favorite, et à tous les hommes de cette coterie (les Vaudreuil, les Besenval, les Adhémar), des prétentions et des droits dont ils abusèrent si vite, chacun dans le sens de son humeur et de son ambition.

2220. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Quelques curieux et quelques érudits continueront d’étudier à fond tout Pascal ; mais le résultat qui paraît aujourd’hui bon et utile pour les esprits simplement sérieux et pour les cœurs droits, le conseil que je viens leur donner d’après une lecture faite dans cette dernière édition des Pensées, c’est de ne pas prétendre trop pénétrer dans le Pascal particulier et janséniste, de se contenter de le deviner par ce côté et de l’entendre en quelques articles essentiels, mais de se tenir avec lui au spectacle de la lutte morale, de l’orage et de cette passion qu’il ressent pour le bien et pour un digne bonheur.

2221. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Cependant, il ne faut pas croire que cette modestie véritable dût en faire un prélat complaisant, indifférent à ses droits, prompt à sacrifier les intérêts commis à sa garde.

2222. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Ne parlez pas de l’esclavage, si vous voulez, c’est votre droit ; mais, si vous en parlez, ne venez pas dire qu’il vous est égal qu’on se serve de vos arguments en faveur de l’iniquité !

2223. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Ne peux-tu marcher droit ?

2224. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Un poëte le peut faire : il peut lui faire dire : je serois en droit de me plaindre d’une mort aussi prématurée que la mienne, quand bien même elle arriveroit par la faute de la nature ; mais je meurs empoisonné : poursuivez donc la vengeance de ma mort, et ne rougissez point de vous faire délateurs pour l’obtenir.

2225. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Pour un livre de science, d’histoire et de droit, le nom à chercher est le plus simple, et le plus souvent c’est celui-là qui s’impose.

2226. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Dès lors on a pu exiger d’eux l’impartialité ; ils avaient donné ce droit ; mais les poètes, qui furent les premiers historiens, n’avaient pas besoin de chercher l’impartialité ; ils avaient plus que cela ; ils avaient la vérité vue de haut, vue dans l’ensemble des choses.

2227. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Stapfer, qui y a regardé, prouve que le reproche de Byron n’a pas le moindre fondement, et que personne n’a le droit de l’articuler.

2228. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Elle soutient le sentiment religieux, elle seconde l’art véritable, la poésie digne de ce nom, la grande littérature ; elle est l’appui du droit ; elle repousse également la démagogie et la tyrannie ; elle apprend à tous les hommes à se respecter et à s’aimer. » Pour mieux prouver que la science m’est indifférente, et que je ne me soucie que de morale, je range avec moi sous le même drapeau des philosophies sans métaphysiques, des métaphysiques opposées entre elles et des religions ; il me suffit qu’en pratique elles tendent au même but, et contribuent à nourrir dans l’homme les mêmes sentiments.

2229. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Sans craindre le ridicule, et avec la roideur d’un spéculatif tout d’un coup heurté par la vie réelle, il écrivit des traités en faveur du divorce, les signa de son nom, les dédia au Parlement, se crut divorcé, de fait, puisque sa femme refusait de revenir, de droit, parce qu’il avait pour lui quatre passages de l’Écriture ; là-dessus il fit la cour à une jeune fille, et tout d’un coup, voyant sa femme à ses genoux et pleurante, il lui pardonna, la reprit, recommença son sec et triste mariage, sans se laisser rebuter par l’expérience, au contraire destiné à contracter deux autres unions encore, la dernière avec une femme plus jeune que lui de trente ans. […] Il raconta, avec un ton de juge, « comment ce roi persécuteur de la religion, oppresseur des lois, après une longue tyrannie, avait été vaincu les armes à la main par son peuple ; puis mené en prison, et, comme il n’offrait ni par ses actions ni par ses paroles aucune raison pour faire mieux espérer de sa conduite, condamné par le souverain conseil du royaume à la peine capitale ; enfin, frappé de la hache devant les portes mêmes de son palais… Jamais monarque assis sur le plus haut trône fit-il briller une majesté plus grande que celle dont éclata le peuple anglais, lorsque, secouant la superstition antique, il prit ce roi ou plutôt cet ennemi, qui, seul de tous les mortels, revendiquait pour lui, de droit divin, l’impunité, l’enlaça dans ses propres lois, l’accabla d’un jugement, et, le trouvant coupable, ne craignit point de le livrer au supplice auquel il eût livré les autres ? » Après avoir justifié l’exécution, il la sanctifia ; il la consacra par les décrets du ciel, après l’avoir autorisée par les lois de la terre ; de l’abri du Droit, il la porta sous l’abri de Dieu. […] Pourtant je ne murmure pas contre la main ou la volonté du ciel, et je ne rabats rien de mon courage ou de mon espérance ; debout et ferme je vogue droit en avant.

2230. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Le nez s’accusait droit et mince, aux ailes sans passions. […] Comme pour le Vers dont sont multipliés les hauteurs, les longueurs et les dessins d’ondes, pour la Strophe l’on doit s’arroger le droit d’interligner plus ou moins selon le plan des idées, et de rompre, les éloignant, les rapprochant, l’ordre des rimes, et de ne commencer les vers par l’ordinaire capitale. […] En des œuvres de logique unité dont le plan dès l’entrée en l’art est pensé et assuré en l’esprit, notre poésie donne à la Poésie le droit perpétuel d’exister… Ce programme qui en la suite des livraisons sera développé et commenté est uniquement et intégralement le Traité du verbe (édition dernière, 1888). […] A la tête de cette publication, que l’observateur du mouvement littéraire n’a pas le droit d’ignorer, se trouve M.  […] »  le voici replacé en évident réminiscence, en ces trois vers d’un pur délire : « Alors, m’éveillerai-je à la ferveur première, Droit et seul, sous un flot antique de lumière, Lys !

2231. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Seule immortalité réelle, c’est elle qui donne pleinement le droit aux croyants de prendre en pitié les poursuivants d’une ombre. […] La religion a le droit d’être jalouse, puisque la récompense qu’elle offre est incommensurable avec les sacrifices qu’elle exige. […] Loin donc que la curiosité ou la malice s’attarde à critiquer les productions inférieures du génie, la paresse humaine n’a en général que trop de pente à les négliger totalement pour aller tout droit et pour s’en tenir au chef-d’œuvre qu’une tradition acceptée sans contrôle signale comme supérieur au reste. […] Aucun succès, quelque éclatant qu’il soit, ne donne droit aux loisirs d’écrivain honoraire. […] C’est l’incontestable droit du critique.

2232. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

On y lit ces mots souvent cités :« Vous êtes en Provence, ma belle ; vos heures sont libres, et votre tête encore plus ; le goût d’écrire vous dure encore pour tout le monde ; il m’est passé pour tout le monde ; et si j’avois un amant qui voulût de mes lettres tous les matins, je romprois avec lui. » Mme de La Fayette était très-vraie et très-franche ; il fallait la croire sur parole 110 :« Elle n’auroit pas donné le moindre titre à qui que ce fût, si elle n’eût été persuadée qu’il le méritoit ; et c’est ce qui a fait dire à quelqu’un qu’elle étoit sèche, quoiqu’elle fût délicate111. » Mme de Maintenon, avec qui Mme de La Fayette avait eu liaison étroite, était d’un esprit aussi merveilleusement droit, mais d’un caractère moins franc ; aussi judicieuse, mais moins vraie ; et cette différence dut contribuer à leur refroidissement. […] Ceux qui attribuaient la critique au Père Bouhours avaient droit de trouver plaisant que le censeur reprochât à la première rencontre de M. de Clèves et de Mlle de Chartres d’avoir lieu dans une boutique de joaillier plutôt que dans une église.

2233. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Un citoyen romain s’afflige de voir sa patrie, qui est de droit reine du monde, devenir esclave des hommes les plus vils. […] Et si ces sensibilités profondes et délicates, comme celle de Pétrarque, ont été douées par la nature et par l’art du don d’exprimer avec force, grâce, naturel et harmonie leurs enthousiasmes, de chanter leurs soupirs, de moduler leurs larmes, de confondre leur passion profane pour une créature divinisée avec cette passion sainte pour l’éternelle beauté qui devient la sainteté de la passion, alors ces âmes s’emparent du monde par droit de consonance avec tout ce qui sent, souffre ou aime comme elles ont aimé ; car le cœur de l’homme a été fait, comme le bronze ou comme le cristal, sonore ; il vibre à l’unisson de tous les autres cœurs créés de la même argile et susceptibles des mêmes accords, dans le concert universel des sensations.

2234. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Mercredi 28 avril Oui, j’ai le dédain de l’humanité, que je côtoie chez les grands, et le laisse un peu trop voir, mais j’en ai le droit, ayant méprisé dans ma vie bien des choses, aux pieds desquelles, je l’ai vu agenouillée, cette humanité-là. […] C’est vraiment un nom, que j’ai quelque droit de porter en littérature.

2235. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Les êtres de ce milieu sont des âmes journalières et ordinaires, toute la moyenneté des fonctions sociales, le pharmacien, l’officier de santé, le notaire, le banquier, l’industriel d’art, le répétiteur de droit, l’habitué d’estaminets, et les femmes de ces gens. […] Et parmi ces architectures, entre l’embrasement des catastrophes, sous les yeux droits et mâles, d’étranges femmes passent.

2236. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Les filles des rois guerriers ont le droit de choisir leurs époux parmi les prétendants des familles royales, convoqués pour cette cérémonie à la cour du père. […] « Son corps était droit et ferme », dit ici le poète, « son sein de marbre, son visage plus resplendissant, d’une lueur plus douce que la lune ; ses sourcils formaient un arc majestueux au-dessus des yeux, ses paroles résonnaient comme une musique enivrante.

2237. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

La langue lui doit en précision sentie tout ce qu’il fait perdre de droits et de bon sens à la raison humaine. […] On dit : Mais ces fables lui appartiennent par droit de conquête et de naturalisation par son génie.

2238. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

On pourrait soutenir, sans exagération, que, déjà, les « droits de l’homme » sont inscrits dans la deuxième partie du Roman de la Rose, celle de Jean de Meung, et, ce qui est mieux, on pourrait le montrer. […] L’explication s’en trouve : en partie, dans la persistance et la continuité de la tradition latine ; en partie dans l’effort de nos légistes pour faire triompher sur l’esprit germanique ou féodal l’esprit du droit romain ; et enfin dans l’encouragement que nos rois donnent à un effort qui fait les affaires de leur plus noble ambition, puisque aussi bien il fait celles de l’unification des volontés et de la formation de la patrie française.

2239. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Tous les raisonnements qu’on fait soit en discourant, soit en écrivant, devraient finir par la même formule ; mais, tout étant égal d’ailleurs, celui qui ne l’a jamais employée à faux sera le vrai juge du droit qu’on a de s’en servir. […] « La géométrie ne redresse que les esprits droits », répondait l’abbé Terrasson à un qui l’avait faux et apprenait la géométrie pour apprendre à raisonner juste. » (Le même, Supplément à l’ouvrage de Pénélope.)

2240. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Eh bien, dans certaines anxiétés, dans certains désespoirs de Legrand quand il constate, Jupiter descendu de l’arbre, qu’il s’est trompé, qu’il a pris l’œil droit de la tête de mort pour l’œil gauche et que l’expérience d’où dépend son sort est à recommencer, dans certaines parties du dialogue, enfin, nous avons retrouvé l’accent d’angoisse mystérieuse qu’avait Darvell avant de mourir. […] Littérairement, je suis vraiment contristé de cette traduction, qui n’est peut-être pas une trahison dans le sens de l’expression italienne, mais qui n’en est pas moins une trahison, — la trahison d’une admiration indiscrète qui n’a pas ici le droit d’exister.

2241. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Il a le droit d’être toujours jeune, car il ne nous a pas trompés, lui, il ne nous a pas menti comme quelques idoles ingrates que nous avons portées dans nos panthéons. […] Sculptures Bartolini Nous avons le droit de nous défier à Paris des réputations étrangères. — Nos voisins nous ont si souvent pipé notre estime crédule avec des chefs-d’œuvre qu’ils ne montraient jamais, ou qui, s’ils consentaient enfin à les faire voir, étaient un objet de confusion pour eux et pour nous, que nous nous tenons toujours en garde contre de nouveaux pièges.

2242. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Quelle justice qu’un autre charme sa pensée du spectacle de mes souffrances, en montant lui-même au trône pontifical, qu’il occupe sans droit, et où j’avais été promu par Dieu et les vrais serviteurs de Dieu ! […] Enfin il avoue et retient les droits du mariage dans le ministère ecclésiastique ; et le deuil cruel qui plus tard désola sa vie, la mort prématurée des trois enfants issus de cette union, qu’au moment même de son inauguration épiscopale il rappelle avec amour, rien de ces malheurs et des plaintes qu’ils lui arrachent dans ses lettres ne fait supposer ni repentir ni doute sur la liberté qu’il avait gardée.

2243. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Le prieur et les religieux de Saint-Nicolas-d’Acy près Senlis, apprenant que l’abbé Prévost venait de succomber, et se souvenant qu’il avait été bénédictin, réclamèrent charitablement, et aussi sans doute pour constater leur droit, ses restes mortels ; il fut donc transporté et inhumé dans leur maison comme s’il n’avait pas cessé d’être des leurs.

2244. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Le doge, à cette époque, et quand ces députés d’outre-monts arrivèrent, pouvait beaucoup ; les Conseils qu’on lui avait déjà associés pouvaient beaucoup également et étaient devenus ses adjoints nécessaires : et enfin l’assemblée générale du peuple n’avait point encore été dépouillée de tout droit de sanction.

2245. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Sous Louis XIV (il ne s’agit pas des oraisons funèbres), on ne se serait cru en droit de parler avec détail du mérite de ces hommes éminents qu’en étant soi-même du métier.

2246. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Des membres de la Société royale, qui étaient à la fois docteurs de la Faculté, protestèrent aussitôt de l’attachement qu’ils avaient pour cette faculté, leur mère commune, et déclarèrent que si un seul de ses droits, une seule de ses prérogatives était en jeu, ils n’hésiteraient pas et renonceraient sur-le-champ à la Société.

2247. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Je ne les en blâmerai pas, c’est leur droit et presque leur devoir d’éditeurs.

2248. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Préface dont une moitié est charmante, et qui ressemble à une conversation vive, abondante, inattendue ; allant tout droit devant elle, et comme en a matin et soir cet esprit si fertile et si en train à toute heure.

2249. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

[NdA] Depuis que ceci est écrit, on m’a fait connaître une pièce qui prouve que la prétention de la ville de Moulins à revendiquer la naissance de Villars est un droit désormais authenlique.

2250. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Sa destinée est à faire envie à ceux (et ils sont nombreux) qu’un aiguillon incessant presse et déchire, qu’un fardeau inégal courbe et accable, pour qui l’antique corvée n’est point tout à fait abolie, et à qui il est dit, même dans ce champ libéral des études : « Tu produiras toujours, tu produiras à heure fixe, et, que tes goûts t’appellent ici ou là, tu iras où est la borne, et tu laboureras cet espace entre l’aurore et le couchant. » Heureux homme, a-t-on droit de s’écrier !

2251. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Il y gagne la force ; car il prend le droit d’aller jusqu’au bout de sa sensation. » Il s’est trop dit qu’à ce prix aussi est la science.

2252. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Cet être puéril et grossier ne cessa ainsi, durant des années, d’entretenir cette jeune fille, belle, fière, supérieure, et qui, de nom du moins, était sa femme, des sottes et grotesques amourettes qu’il entamait à droite et à gauche avec les femmes les plus laides et les plus indignes, lesquelles, de leur côté, le méprisaient encore, comme le firent, au reste, et comme en avaient apparemment le droit, toutes celles à qui il eut affaire dans sa vie.

2253. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Si c’est être romantique que d’écrire incorrectement, personne n’a plus droit à ce titre que lui.

2254. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Il n’y a que les choses humaines exposées dans leur vérité, c’est-à-dire avec leur grandeur, leur variété, leur inépuisable fécondité, qui aient le droit de retenir le lecteur et qui le retiennent en effet.

2255. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

C’est peut être la seule traduction dont on ait le droit de déclarer sans flatterie qu’elle est mieux que l’original et qu’elle le supplée avantageusement sans rien lui dérober.

2256. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

« Dans quelque condition qu’ils soient, tout le loisir dont ils disposent est employé à dévorer des livres et des journaux, à apprendre les langues. » Un domestique trouve moyen de ménager et d’excepter, en s’engageant, une parcelle de son temps, pour pouvoir faire son droit et prendre ses grades à l’Université.

2257. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Il demandait qu’on l’envoyât droit à Londres avec une armée.

2258. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Zeller, avec son bon et droit esprit, a résolu le problème assez délicat d’être court, substantiel toutefois et complet, de ne se perdre ni dans le détail ni non plus dans les généralités, de resserrer les faits, d’en composer un tissu intéressant, et de choisir chaque fois un ordre d’événements et d’actions personnifié dans une ou deux principales figures, un ensemble qui eût un sens et qui fût un tableau.

2259. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Au commencement de ma vie, je me trouvai, comme Dante au milieu de la sienne, dans une forêt obscure où mon droit chemin était perdu… « Cependant si dur qu’ait été pour moi l’enseignement de la vie, si lourde la nécessité qui m’a fait marcher par les plus âpres sentiers de l’expérience, je n’accuse pas les événements et les douleurs qui m’ont enfin rendu à moi-même.

2260. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Un des hommes qui ont droit d’avoir un avis sur la littérature et la poésie provençales et languedociennes, M. 

2261. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

La douleur du maréchal fut profonde : il perdait son bras droit, son conseil et une moitié de lui-même.

2262. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

» A-t-on droit de transfigurer ainsi à bout portant les hommes historiques en symbole ?

2263. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Je disais tout à l’heure que le rôle le plus indiqué de l’Académie en ce moment était de maintenir, au milieu de la ruine des procédés et à travers les violations courantes du droit des gens dans les lettres, une certaine politesse, une conciliation dans son sein, une douceur enfin de civilisation à l’aide de ce qui en a été toujours considéré comme l’expression et la fleur.

2264. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

On perdait des batailles en Flandre ; on donnait droit de préséance aux bâtards légitimés sur les ducs ; on applaudissait Campistron.

2265. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

J’appelle philosophie, l’investigation du principe de toutes les institutions politiques et religieuses, l’analyse des caractères et des événements historiques, enfin l’étude du cœur humain, et des droits naturels de l’homme.

2266. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Son rôle a donc été fort analogue à celui de Malherbe : en face de la strophe oratoire préparée par celui-ci, il a construit la période éloquente, et Boileau avait le droit d’écrire : « On peut dire que personne n’a jamais mieux su sa langue que lui, et n’a mieux entendu la propriété des mots et la juste mesure des périodes. » Et vraiment, quand on lit certaines pages de Balzac, dans le Socrate chrétien par exemple, on sent que la forme de Bossuet est trouvée.

2267. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Cet article, en effet, résout la question sociale par le droit politique et contre la démocratie.

2268. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Son jugement — chose énorme en France — donne aux gens le droit d’estimer ce dont ils s’amusent.

2269. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Des phrases ainsi mises en vedette, et auxquelles il attache visiblement tant de prix, n’ont pas le droit d’être insignifiantes ou banales.

2270. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Onuphre n’est pas dévot, mais il veut être cru tel… Aussi ne se joue-t-il pas à la ligne directe, et il ne s’insinue jamais dans une famille où se trouvent tout à la fois une fille à pourvoir et un fils à établir ; il y a là des droits trop forts et trop inviolables : on ne les traverse pas sans faire de l’éclat, et il l’appréhende… Il en veut à la ligne collatérale : on l’attaque plus impunément ; il est la terreur des cousins et des cousines, du neveu et de la nièce, le flatteur et l’ami déclaré de tous les oncles qui ont fait fortune… Etc., etc… » Oh !

2271. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

À noter aussi que par un échange de bons procédés, l’Académie a, de plus en plus, droit d’entrer dans la politique.

2272. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

La comédie française s’en montra plus d’une fois jalouse : les Italiens jouaient des pièces françaises ; les comédiens français prétendirent qu’ils n’en avaient pas le droit.

2273. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Si quelqu’un te fait un procès pour ta tunique, abandonne-lui ton manteau 231. » « Si ton œil droit te scandalise, arrache-le et jette-le loin de toi 232. » « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent ; priez pour ceux qui vous persécutent 233. » « Ne jugez pas, et vous ne serez point jugé 234.

2274. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Si l’Empereur avait montré au Pape, dans leur entrevue à Vienne, cette invitation du poëte italien, je ne vois pas ce que le pontife aurait pu répondre, car Dante connaissait fort bien les droits du Sacerdoce et de l’Empire, et on ne doute point à Rome qu’il n’y ait encore plus de théologie que de poésie dans la Divina Comedia.

2275. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Mais les bons et louables esprits sont ceux qui ont dans le passé un goût bien net, une préférence bien déclarée, et qui s’en iraient tout droit par exemple à Molière, même sans s’arrêter devant Bossuet ; ce sont ceux enfin qui osent avoir une passion, une admiration hautement placée, et qui la suivent.

2276. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

On aurait voulu qu’au lieu de décrire minutieusement les constitutions et le gouvernement d’Athènes et des anciennes républiques, Barthélemy fît mieux sentir les différences tranchées qu’elles ont avec la société moderne, l’esclavage qui en était le fondement, l’oppression des races vaincues, les droits de citoyen exclusivement réservés à un petit nombre d’habitants, là même où il semble que la multitude domine.

2277. (1903) Zola pp. 3-31

On croit sentir chez Zola une manière de rancune amère contre une société, contre un genre humain plutôt, qui ne lui a pas fait tout de suite la place de premier rang à laquelle il avait droit comme de plain-pied.

2278. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

dominera : et de même elle sera, synthétiquement savante et philosophique expérimentalement en une langue ailleurs inouïe, ou elle n’a plus droit d’exister.

2279. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Ils dépeignent la vie avec détachement, et il semble qu’ils ne tiennent à la montrer soit eu sa totalité, soit en sa misère, que pour obtenir le droit d’en dire le sens et d’en tirer un enseignement.

2280. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Dans l’état actuel de la science, nous ne savons véritablement pas ce que sont même les principales institutions sociales, comme l’État ou la famille, le droit de propriété ou le contrat, la peine et la responsabilité ; nous ignorons presque complètement les causes dont elles dépendent, les fonctions qu’elles remplissent, les lois de leur évolution ; c’est à peine si, sur certains points, nous commençons à entrevoir quelques lueurs.

2281. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Les Névroses avaient paru devant moi sous deux formes qu’elles ne pouvaient pas garder malheureusement, et qui devaient donner à ce livre une poussée formidable pour atteindre au succès qu’il a le droit d’ambitionner.

2282. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Ici, la Moquerie, si jolie qu’elle fût, n’avait le droit de siffler qu’après une preuve faite contre des preuves faites ; mais elle n’était plus la Moquerie, elle était devenue l’Injure.

2283. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

À présent que la hache et l’épée des guerres civiles ont abattu la noblesse indépendante, et que l’abolition du droit de maintenance a ruiné la petite royauté solitaire de chaque grand baron féodal, les seigneurs quittent leurs noirs châteaux, forteresses crénelées, entourées d’eaux stagnantes, percées d’étroites fenêtres, sortes de cuirasses de pierre qui n’étaient bonnes qu’à garder la vie de leurs maîtres. […] Voilà les sentiments que nous devinons encore aujourd’hui dans leurs peintures, dans ce regard droit qui s’enfonce comme une épée, dans cette force de l’échine qui se plie ou va se tordre, dans la sensualité, l’énergie, l’enthousiasme qui transpire à travers leurs gestes et leurs regards. […] Un nombre infini de courants incessamment sortaient — de cette fontaine, doux et beaux à voir. —  Ils tombaient dans un ample bassin — et arrivaient promptement en si grande abondance — qu’on eût cru voir un petit lac. —  Sa profondeur n’excédait pas trois coudées,  — si bien qu’à travers ses flots on pouvait voir le fond,  — tout pavé par-dessous de jaspe étincelant,  — et la fontaine voguait droit dans cette mer. […] Ce torrent d’érudition vient se distribuer en canaux géométriquement tracés qui divergent à angles droits sans dévier d’une seule ligne. […] Nul n’a produit au jour, par des expressions plus éclatantes et plus originales, la séve poétique qui coule dans tous les esprits du siècle. « L’injuste oubli, dit-il, secoue à l’aveugle ses pavots, et traite la mémoire des hommes sans distinguer, entre leurs droits à l’immortalité.

2284. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Avec quels soins compatissants Washington ne retarda-t-il pas un jugement que le droit de la guerre permettait de précipiter ! […] Il respecta toujours les usages des autres peuples, comme il avait voulu qu’on respectât les droits du peuple américain. […] Il posséda surtout, dans un degré supérieur, cette qualité qu’on croit vulgaire, et qui est si rare, cette qualité non moins utile au gouvernement des États qu’à la conduite de la vie, qui donne plus de tranquillité que de mouvement à l’âme, et plus de bonheur que de gloire à ceux qui la possèdent, ou à ceux qui en ressentent les effets : c’est le bon sens dont je veux parler ; le bon sens, dont l’orgueil a trop rejeté les anciennes règles, et qu’il est temps de réhabiliter dans tous ses droits. […] La discipline de l’église romaine ne permit guère qu’aux orateurs sacrés l’emploi des richesses poétiques du christianisme ; mais elles appartinrent de droit à tous les poètes de l’église nouvelle. […] Le naturel, la clarté, la souplesse, la variété, ne s’y montrent pas aussi souvent qu’on aurait droit de l’attendre d’un esprit qui jette tant d’éclairs dans la conversation ; cela prouve que l’art de parler et l’art d’écrire sont très différents.

2285. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Littré s’était marié, il était père : il entra dans les Droits réunis dès la fondation, grâce à une très belle écriture et à la bienveillance de Français de Nantes. […] Littré le droit de régler elle-même le compte de ses obligations essentielles et de ses dettes contractées dans le secret de la méditation.

2286. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Certes, s’ils se bornaient à railler ces esprits positifs et raisonneurs, qui, avec le calme sourire du bon sens triomphant, demandent à la poésie une fin pratique en dehors d’elle-même ou l’exposition logique d’une idée claire, renvoyant aux Petites-Maisons les Aristophane et les Shakespeare ; s’ils se bornaient comme Goethe à dire à ces sages : Vous oubliez que l’imagination a ses lois propres auxquelles la raison ne peut pas et ne doit pas toucher, que la fantaisie a la puissance et le droit d’enfanter des créations destinées à rester, pour la raison, des problèmes éternels, et qu’une production poétique est d’autant plus haute, plus large et plus profonde qu’elle échappe davantage à la mesure et à la portée de l’intelligence commune ; s’ils se bornaient à cela, certes il faudrait les remercier. […] Mais aux philosophes, à ce qu’il paraît, il faut un commentaire ; ils ont le droit de l’exiger, et Uranie ne doit pas se contenter de les renvoyer à la splendeur éclatante du texte.

2287. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Pareillement, pour que les muscles gauches de la face ou de la langue fassent leur effet normal, il faut que les muscles droits correspondants soient intacts ; ce contrepoids manquant, la face ou la langue sont tirées du côté gauche ; la paralysie des muscles d’un côté amène de l’autre une déformation, comme l’affaiblissement ou l’extinction des réducteurs de l’image amène une hallucination. […] Pareillement, dans une paralysie faciale, le visage déformé par la rétraction des muscles gauches reprend sa forme ordinaire, si l’application de l’électricité rend peu à peu leur force aux muscles droits.

2288. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

En effet, à quelque moment que je les constate, elles sont toutes ensemble, et il me suffit d’en constater une par un de mes sens, l’odeur par l’odorat, la couleur par la vue, pour avoir le droit d’affirmer la présence simultanée des autres que je n’ai point constatées. […] Ce sont là des indices, comme les gestes et les cris d’un animal, c’est-à-dire des dehors semblables aux nôtres, d’après lesquels nous affirmons un dedans semblable au nôtre ; nous sommes donc en droit d’attribuer à la balle un changement intrinsèque, analogue à la sensation musculaire de locomotion que par la conscience nous constatons dans nos membres.

2289. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

De quel droit fait-on dire à un homme ce qu’il n’a pas dit23? […] Sans compter que Voltaire s’est plus d’une fois trompé à la qualité des plats, par exemple, quand son sens voluptueux préfère le Tasse à Homère, et qu’il se soulève devant « la mesquinerie des draperies dans Raphaël. » D’Alembert, à son tour, du droit que s’était arrogé l’esprit philosophique d’analyser tous nos plaisirs, décidait vers le même temps que le goût est proprement « le talent de démêler dans les ouvrages de l’art ce qui doit plaire aux âmes sensibles et ce qui doit les blesser », comme si nous ne savions pas bien que les âmes sensibles d’alors ne sont que les auteurs et les lecteurs de l’Encyclopédie !

2290. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Telles étant les principales qualités qu’on a le droit d’exigence tout produit se donnant comme traduction d’un drame wagnérien, on peut se demander si une traduction est possible. […] Du côté droit, nous allons pénétrer dans le drame lui-même, formé des horreurs et des angoisses de ce monde obscur et fascinateur, souffrant et terrible qui attend son salut de Parsifal.

2291. (1909) De la poésie scientifique

Sociologiquement, le plus de science acquise, c’est-à-dire de conscience, donne le plus de Droit. […] « Si la critique se croit le droit d’admirer le talent d’Emile Verhaeren et parfois de Mallarmé, de G.

2292. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Et c’est une causerie tête à tête, simple, tranquille, bonhomme, allant sans se presser, mais tout droit, et sans surcharge de métaphores, et avec une grande suite dans l’enchaînement des idées et des mots, et, par-ci, par-là, laissant percer une mémoire étonnante, où le souvenir a la netteté d’un cliché photographique. […] » À la fin de la soirée, Saint-Victor, enterré au coin du feu dans un grand fauteuil, en une digestion de César replet, s’allume tout à coup, nous entendant causer de la Révolution et du vil prix des belles choses du xviiie  siècle en ces années, et s’écrie, soulevé tout droit : — Hein !

2293. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Un médaillon de Syracuse, une mignonne tête, le front étroit, l’arc des sourcils remontant, le petit nez droit, les yeux noirs comme des diamants noirs, la bouche vaguement entrouverte dans un sourire de statue. […] Quelle petite-maîtresse est-il donc, et quel droit a-t-il à ce que le roman lui mente toujours… lui voile éternellement tout le laid de la vie ?

2294. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Un genre littéraire ou s’illustrèrent des hommes comme Flaubert, Anatole France, Barrès et d’Annunzio, auquel nous devons des œuvres comme Bruges-la-Morte, le Passé Vivant et Domination — je cite au hasard celles qui ire viennent à la mémoire — me semble avoir droit d’entrée dans votre citée littéraire. […] Pierre Villetard, romancier personnel, nous donner l’œuvre que nous sommes en droit d’attendre et qui le classera parmi nos meilleurs écrivains.

2295. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Nous n’avons pas davantage le droit de supposer que toutes les mers de l’ancien monde ont toujours été ouvertes et libres du sud au nord, comme elles le sont actuellement. […] Mais avons-nous le droit de supposer qu’un pareil état de choses a toujours existé depuis le commencement du monde ?

2296. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Je n’ai pas la prétention ici d’ajouter à leurs raisons, ni même d’adhérer à une préférence si déclarée : pour en avoir le droit, il faudrait avoir fait les mêmes comparaisons et avoir exploré lentement les mêmes chemins.

2297. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Elle était blanche et blonde ; elle avait les cheveux blonds et d’or fin, relevés en masse ou mi-crêpés par les bords, le front beau, l’entrœil (comme on disait alors) large et noble, le nez droit et régulier, la bouche petite, souriante et pourprine, la physionomie engageante et tendre, un charme répandu sur les contours.

2298. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Quand on lui demandait plus tard où il avait pris cette connaissance approfondie du monde et des diverses passions, il avait le droit de répondre : « Dans mon propre cœur. » Pendant qu’il professait la théologie à Vienne, il fut ordonné prêtre en 1692 ; il s’y essayait dans la chaire ; il y prononça l’Oraison funèbre de Henri de Villars, archevêque du diocèse ; il alla prononcer à Lyon celle de l’archevêque M. de Villeroi, mort en 1693.

2299. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Si les princesses honnêtes femmes s’écrivaient de telles gaietés sans aucune vergogne, de quel droit reprenaient-elles les autres, celles qui cherchaient leur plaisir ailleurs et entendaient le carnaval autrement ?

2300. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Jamais on n’a exprimé la confiance moderne marchant droit devant elle en toute matière, avec plus de résolution et plus d’intrépidité que l’abbé Terrasson.

2301. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Qu’il nous suffise d’avoir reconnu et, en quelque sorte, surpris sa sincérité, là seulement où nous avons droit de l’interroger et de l’atteindre, — sa sincérité, je ne dis pas de fidèle (cet ordre supérieur et intime nous échappe), mais sa sincérité d’artiste et d’écrivain.

2302. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Le sénéchal siégeait de droit au premier rang parmi les conseillers de ville.

2303. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Un bras comme le vôtre n’est de trop dans la balance du bon droit ; hâtez donc de l’y venir mettre et de m’envoyer le plus de vos bons parents que vous pourrez.

2304. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Cousin a traité si sévèrement M. de La Rochefoucauld, il a été envers lui d’une partialité si exagérée et si plaisante, qu’il a donné le droit à ceux qui goûtent ce parfait honnête homme de la vie privée, ce modèle de l’homme comme il faut dans la société, de s’informer des qualités délicates de l’adversaire.

2305. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Arnauld plus que personne au monde, qu’il portait toujours sur lui, comme une relique, une lettre que cet incomparable docteur lui avait autrefois fait l’honneur de lui écrire » ; et la réponse allait non aux mains du digne curé de Saint-Jacques qui ne savait mot de ce manège, mais droit au collège Louis-le-Grand, où c’était la gaieté des récréations.

2306. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Quoi qu’il en soit, ce poète de Toulouse, qui végéta toute sa vie dans les fonctions de président au présidial d’Aurillac, est un digne représentant des poètes disgraciés par la fortune, et dont le mérite n’a pu triompher d’une mauvaise étoile ; il a droit de se citer lui-même en exemple au malheureux Acanthe, et, pour mieux le consoler encore, il lui retrace les malheurs de leur père commun et de leur maître, Apollon.

2307. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Il est le dernier grand homme qu’ait eu la Réforme en France, et c’est le droit des historiens de ce parti de l’étudier avec une complaisance et avec une admiration singulières.

2308. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

  Nos réserves ainsi faites contre les moyens et le but de Rohan, nous sommes en droit de faire remarquer sa fermeté singulière et sa constance.

2309. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

. — Oui, ennuyeux tant que vous voudrez ; ils parlaient de ce qu’ils ne savaient pas bien, ils entreprenaient un jeune homme qui y était peu propre, ils allaient comme sont allés si souvent nos théoriciens prêcheurs, tout droit devant eux et à tort et à travers ; mais l’idée pourtant, l’idée française d’une histoire suisse à faire, — du besoin qu’on avait d’une histoire suisse, — restait attachée à l’imagination et enfoncée dans l’esprit de Bonstetten ; il emportait sans y songer l’aiguillon ; et lorsque trois ans après, il rencontre Jean de Muller au seuil de sa magnanime entreprise, mais encore incertain sur la forme, sur l’étendue, sur la plénitude du dessein, Bonstetten se souvient à l’instant et se sert de l’aiguillon qu’il a reçu, et, devenu prêcheur à son tour, il pousse, excite et soutient son ami dans la grande carrière.

2310. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

n’est-ce pas avoir tiré sa naissance de soi-même et n’avoir eu que son bras droit pour son père ?

2311. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Quoi qu’il en soit, chaque ami qui a déchiffré sa série de petits papiers a eu droit à une dédicace d’une partie des œuvres : ce qui fait qu’en avançant dans le second volume, rempli des écrits de Mme Swetchine, on rencontre de temps en temps des dédicaces particulières à des amis intimes (du fait de l’éditeur et non de l’auteur) : on croirait marcher de petite chapelle en petite chapelle ; dans ces moindres arrangements, on sent le goût de l’église et du reposoir.

2312. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Dans le second discours, prononcé à Louis-le-Grand, s’inquiétant moins des attaques du dehors, il disait agréablement et en famille bien des vérités à la jeunesse : non pas qu’il fut décidé à louer le passé en tout aux dépens du présent : « Cette élégie sur la décadence perpétuelle du genre humain est d’ancienne date, disait-il ; elle a probablement précédé l’Iliade, et j’affirmerais volontiers que l’aïeul de Nestor lui a reproché plus d’une fois de n’être, en comparaison du vieux temps, qu’un parfait mauvais sujet. » Mais, tout en se gardant des banalités du lieu commun, il opposait, dans un parallèle ingénieux, l’éducation sévère ef terrible d’autrefois à celle d’aujourd’hui, si molle et si propre à faire de petits sybarites ; l’élève choyé de Louis-le-Grand était mis en présence de l’écolier si souvent fouetté et si affamé de Montaigu : « Et cependant, dans ces séjours terrifiés, on voyait accourir en foule une jeunesse prête à tout souffrir, la faim, le froid et les coups, pour avoir, le droit d’étudier.

2313. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Je sais qu’on a déjà opposé spirituellement à mes raisons que nous sommes suffisamment informés par rapport à notre objet ; que nous n’en sommes pas à découvrir un génie ni même un grand talent nouveau ; que la voix publique ne nous impose impérieusement aucun de ces choix dont la notoriété éclatante est comme en droit de faire violence à l’esprit naturellement conservateur et aux préventions mêmes des compagnies.

2314. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Le marquis de Villars, qui découvrit leur intention. parla haut, maintint son droit, et eut raison de leur procédé malhonnête ; il assista à la cérémonie : « Le roi arriva sur les onze heures du matin au village, composé de neuf ou dix maisons.

2315. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Thiers, en se servant d’un document publié dans un recueil de lettres et de dépêches authentiques, n’a donc fait qu’user du droit de l’historien.

2316. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Pour moi (et j’ai le droit, ayant souffert, à mon heure et vu ma faible voix étouffée, d’avoir un avis sur ces questions de la parole publique), il me semble que devant des générations vraiment libérales dans le sens le plus large et le plus civilisé, devant une jeunesse en qui le sentiment religieux, sincère ne serait pas redevenu un fanatisme, il ne devrait y avoir nulle difficulté après réflexion, et que le malentendu entre M. 

2317. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Racine fils ayant quitté les emplois de finance revint habiter Paris pendant ses dernières années ; il allait pouvoir jouir enfin de ses droits de titulaire à l’Académie des Inscriptions dont il était un membre depuis si longtemps absent, lorsqu’une intrigue l’obligea à prendre la vétérance.

2318. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Paulin Paris ; « mais de quel droit l’auraient-ils été moins que ceux de Virgile et de Théocrite ? 

2319. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Et pourtant, ajoute-t-il, il n’est pas mon fils, il est celui de mon frère… Mais je l’ai adopté enfant ; je l’ai élevé, il m’est aussi cher que s’il était mien : il est ma seule joie, ma seule tendresse, et je fais tout, absolument tout, pour qu’il me rende la pareille : je donne, je pardonne, je ne crois pas nécessaire d’user en chaque rencontre de mon droit.

2320. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Les croyants, à tous les degrés, et depuis le sommet de la hiérarchie jusqu’aux simples fidèles et aux volontaires, sont dans leur droit en combattant l’ennemi nouveau qui se présente et en cherchant à le pulvériser.

2321. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

« Mais on n’est pas seul au monde, on n’est pas le type et le modèle unique et universel ; il y a d’autres moules que celui que nous portons en nous, il y a d’autres formes de beauté en dehors de celle que nous adorons comme la plus parente de notre esprit, et elles ont le droit d’exister.

2322. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Ô vous qu’un noble orgueil anime, qui avez pris à votre tour possession de la vie et des splendeurs du soleil, qui vous sentez hautement de la race et de l’étoffe de ceux qui ont droit de se dire : « Et nous aussi, soyons les premiers et excellons ! 

2323. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Aucun âge n’a le droit d’imposer sa beauté aux âges qui succèdent ; aucun âge n’a le devoir d’emprunter sa beauté aux âges qui précèdent.

2324. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Et comme, avant ce poëme et avant Jocelyn, les volumes du Voyage en Orientavaient été déjà, malgré d’admirables pages, une négligence trop prolongée et trop avouée, comme la préface de Jocelyn même contenait quelques assertions littéraires très-peu justifiables, qui avaient pu s’éclipser devant une charmante lecture, mais que la pratique d’aujourd’hui revient éclairer ; comme, enfin, le volume en ce moment publié sous le nom de Recueillements affiche de plus en plus ces dissipations d’un beau génie, il est temps de le dire ; au troisième chant du coq, on a droit de s’écrier, et d’avertir le poëte le plus aimé qu’il renie sa gloire.

2325. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Aux purs chefs-d’œuvre du roman, auxquels, lorsqu’on y réussit à ce point, nul genre (il est bon de le maintenir) ne saurait être dit supérieur, il s’est mêlé des essais plus ambitieux dans des sphères moins définies, de ces recherches qu’une pensée ardente et immortelle n’a pas le droit non plus ni le pouvoir de s’interdire.

2326. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Pour rédiger la loi des douze tables, on envoya des Romains consulter les hommes les plus éclairés de la Grèce ; et cette loi des douze tables, qui traite de la religion, du droit public et particulier, est citée par Cicéron, comme supérieure à tout ce que les philosophes ont jamais écrit sur ce sujet.

2327. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Il fallait et parler et se taire comme les autres, connaître les usages pour ne rien inventer, ne rien hasarder ; et c’était en imitant longtemps les manières reçues qu’on acquérait enfin le droit de prétendre à une réputation à soi.

2328. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Si l’on a été si longtemps embarrassé de classer André Chénier, si l’on en a fait souvent un romantique en avance d’un quart de siècle sur le mouvement littéraire, c’est qu’on n’apercevait pas combien les prétendus classiques de 1780 à 1820 avaient peu le droit de se dire les héritiers ou les disciples du xviie  siècle, de celui de Boileau et de Racine.

2329. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Biographie : Alain-René Lesage, né à Sarzeau (Bretagne) en 1668, vint faire son droit à Paris, fut reçu avocat, se maria en 1694 ; rien jusqu’ici ne confirme la légende qui veut qu’il ait eu un emploi dans les fermes.

2330. (1890) L’avenir de la science « XVI »

C’est folie que d’y chercher de la législation et du droit public ; nos publicistes s’y entendent mieux et c’est peu dire.

2331. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Il s’enquiert de ceux qui l’ont retenu par force dans le premier moment, et les chasse tous de sa maison, moins par colère réelle que par feinte, et pour servir d’exemple à ceux qui seraient tentés dans la suite d’user de sa faiblesse pour empiéter en quoi que ce soit : « Car il étoit maître, dit Commynes, avec lequel il falloit charrier droit. » Avant même d’avoir retrouvé toute sa tête, il fait semblant de comprendre les dépêches qu’on lui apporte et qu’on lui lit ; il les prend en main, et fait mine de les lire à son tour, bien qu’il soit encore hors d’état d’y rien voir : c’est le roi qui se réveille en lui avant l’homme.

2332. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Imitez-moi, mon ami ; vous m’avez vu dans les mêmes sollicitudes que vous ; mais, en y songeant bien, j’ai substitué le droit au fait, et je me suis convaincu que les événements actuels tiennent comme effets nécessaires à des causes nécessaires, et que, s’ils ont lieu, c’est qu’ils devaient arriver comme cela et non autrement.

2333. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

En 1631, homme d’épée encore et le bras droit du Nonce, le Signor Giulio Mazarini (comme on l’appelait alors) arrêta devant Casal les deux armées espagnole et française prêtes à combattre.

2334. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Ainsi, dans ce premier retour de Louis XVIII, dans ce voyage de Calais à Compiègne, il montre le pays oubliant volontiers ses droits au milieu de l’attendrissement, et se donnant tout entier, tandis que les politiques à Paris stipulent et marchandent encore : Il (Louis XVIII) sentit, au tressaillement universel et spontané de sa patrie, qu’il était maître de ce peuple, et qu’on ne lui marchanderait pas sérieusement le règne à Paris.

2335. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Homme d’observation toutefois et de bon sens avant tout, absolument étranger par ses origines comme par ses habitudes d’esprit aux doctrines du droit divin, il est évident pour ceux qui le lisent que, s’il avait vécu, il ne se serait nullement considéré comme enchaîné à la Restauration, et qu’il eût fait mieux que consentir à l’essai de monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe : il aurait cru un moment y voir la réalisation tardive de ce qu’il avait longtemps désiré et de ce dont il avait désespéré tant de fois, l’établissement d’un gouvernement mixte, devenu enfin possible en France après ces trente ou quarante ans d’une éducation préliminaire si chèrement achetée.

2336. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

On avait presque le droit de les appeler, selon le langage des anciens Pères, les chrétiens primitifs ; c’était du moins comme autant de Mages qui étaient déjà plus ou moins directement en chemin vers le divin berceau.

2337. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Il n’est pas de ces esprits qui cherchent en toute étude autre chose qu’elle-même ; il est droit, il aime le vrai, il l’aime avant tout.

2338. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Mais, répliqua La Fontaine, si les rois sont maîtres de nos biens, de nos vies et de tout, il faut qu’ils aient droit de nous regarder comme des fourmis à leur égard, et je me rends si vous me faites voir que cela soit autorisé par l’Écriture. — Hé quoi !

2339. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Il y avait bien des choses dans ce coup de sonnette : un chagrin, une larme, un dépit colère et la modestie de carillon de l’amour qui n’a plus le droit de tapage.

2340. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Je ne dis pas que le cas soit si grave ; mais, à coup sûr, celui qui a fait cela n’est pas un esprit du commun : il a le droit de se ranger lui-même au nombre des esprits distingués qu’ont eu des pensées bizarres ; et son ouvrage ne serait pas un faible argument en faveur de son opinion.

2341. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Pour une place vacante, a-t-on dit, un gouvernement fait neuf mécontents et un ingrat : de même pour une faveur à accorder, pour un intérêt à régler, pour un droit à protéger.

2342. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Le lecteur qui n’aime que le roman réaliste est généralement un esprit juste, droit, pondéré, qui a de bons yeux, un bon raisonnement, qui ne se trompera guère, que l’on ne trompera pas souvent et qui se tirera bien de l’affaire de la vie.

2343. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Si c’est un moraliste, il est un homme, d’abord qui s’arroge le droit de se moquer de vous.

2344. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Je sais où sont ses instincts, qui souvent le mènent loin, droit et heureusement, jusqu’à ce qu’il se brise pourtant contre quelque brillante erreur qui l’a séduit et enivré.

2345. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Ni Richelieu, entre autres, ni le Père Joseph, le bras droit de Richelieu dans une manche de bure, n’étaient là ce qu’ils devaient être, ce qu’ils furent en réalité.

2346. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

On en rencontre jusqu’à cinq ou six, et, après quelques années de soins, si l’on aime véritablement la discussion abstraite, on acquiert le droit d’aller se chauffer, le soir au coin de leur feu.

2347. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

. — Portez-la dans la science : la science, privée de l’esprit scientifique et philosophique, réduite à des imitations, à des traductions, à des applications, n’est populaire que par la morale, corps de règles pratiques, étudiées pour un but pratique, avec les Grecs pour guides ; et sa seule invention originale est la jurisprudence, compilation de lois, qui reste un manuel de juges, tant que la philosophie grecque n’est pas venue l’organiser et le rapprocher du droit naturel.

2348. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Il semblait se regarder comme un être d’espèce supérieure, dispensé des égards, ayant droit aux hommages, ne tenant compte ni du sexe, ni du rang, ni de la gloire, occupé à protéger et à détruire, distribuant les faveurs, les blessures et les pardons. […] Le quatrième est presque tout employé à résoudre cette question : si le droit de fabriquer des mensonges politiques appartient uniquement au gouvernement ?  […] Pour récompense, leur maison devient église, et Philémon curé « sachant parler de dîmes et redevances, fumer sa pipe, lire la gazette, aigre contre les dissidents, ferme pour le droit divin989. » L’esprit abonde, incisif, par petits vers serrés, vigoureusement frappés, d’une netteté, d’une facilité, d’une précision extrêmes ; mais, comparé à notre La Fontaine, c’est du vin devenu vinaigre.

2349. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

La vraie nature a repris ses droits. […] Il faudrait ne rien concéder aux merveilleuses puissances de l’intuition, pour refuser à la femme, si peu douée fût-elle d’expression verbale, ce droit d’aveu, de confession, par où elle saura se révéler tout entière, à nous que d’irréductibles divergences de physiologie empêchent de sentir comme elles. […] … De quel droit le talent vient-il à talent égal opposer l’exemple du génie ?  […] j’entends assez ce que l’on peut objecter, et qui tient tout en ceci : les Droits de la passion.

2350. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

De même à Fontenay en Poitou : après une bonne défense, la ville se rend et capitule sans vouloir rien mettre par écrit, sans demander d’otages, mais en se fiant entièrement en la foi et en la parole de Henri qu’ils savent bien être inviolable : « De quoi ce brave courage se trouva tellement touché, qu’il accorda tant aux gens de guerre qu’aux habitants quasi tout ce qu’ils voulurent demander, et le leur fit observer loyaument, traitant ceux de la ville tout ainsi que si elle n’eût point été prise par siège. » Le soin que mettent les secrétaires de Sully à enregistrer ces actes de clémence et ce nouveau droit de la guerre, prouve à quel point il était nouveau en effet, et combien il tranchait sur les mœurs et les habitudes du temps.

2351. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

On l’y reconnaît génie droit et sensé, négligé et libre, irrégulier, inconséquent peut-être, véridique avant tout.

2352. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Pendant son séjour dans l’État romain, tout en faisant des fouilles et en déterrant des vases noirs « qui ont 2700 ans, à ce qu’ils disent » (je doute là, comme ailleurs, ajoutait-il), il avait mis ses économies à acheter le droit de faire des copies dans des archives de famille gardées avec une jalousie extrême, et d’autant plus grande que les possesseurs ne savaient pas lire : J’ai donc, disait-il, huit volumes in-folio (mais la page écrite d’un seul côté) parfaitement vrais, écrits par les contemporains en demi-jargon.

2353. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Ce travail est ce qu’on pouvait attendre d’un esprit droit, ferme, solide, qui ne se paie point de prestiges brillants, de feux d’artifice, mais qui n’est point fermé non plus aux inspirations élevées et éloquentes, fussent-elles nouvelles et imprévues.

2354. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Et c’est ici qu’on a droit de s’élever contre cette philosophie et cette théorie que La Fare avait voulu ériger d’après lui-même, et qu’on peut lui dire : Divin ou humain, il me faut un ressort dans la vie, sans quoi tout se relâche !

2355. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Bouillier, dans sa récente et excellente Histoire de la philosophie cartésienne, aurait eu le droit de faire un coin de chapitre ainsi intitulé8.

2356. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Littérairement, son goût était sain et sûr : Elle est si bon critique, non par théorie, mais par nature, disait Cowper, et elle a un sentiment si net de ce qui est bon ou mauvais dans une composition, que lorsque dans le doute je lui soumets (ce qu’en pareil cas je ne manque jamais de faire) deux sortes d’expression qui semblent avoir également droit à ma préférence, elle se décide, sans que je l’aie jamais vue se tromper, pour la plus droite et la meilleure.

2357. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Il n’est que juste, et c’est mon droit, presque mon orgueil, en terminant ces volumes, d’y rattacher ce qui en a été le remerciement public et la récompense. — J’avais choisi pour sujet du cours Virgile et l’Énéide.

2358. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Douée de la plus heureuse intelligence, d’un esprit plein de lumière et de saillies, d’une mémoire merveilleuse, de bons et droits sentiments, d’une belle âme faite pour la vertu, jolie dans sa jeunesse avant que le mal l’eût détruite, et ornée de grâces naturelles, elle fut pourtant dès l’enfance une des personnes les plus malheureuses, les plus cruellement maltraitées qui se puissent voir dans aucune classe de la société (je n’excepte pas la plus inférieure), et elle eut de tout temps une existence souffrante et tourmentée, avec bien peu de doux moments.

2359. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

est encore le mot qui revient le plus naturellement sur elle après cette lecture ; mais il faut ajouter aussitôt : jugement droit et net, excellent esprit, langue encore excellente.

2360. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Quand un romancier nous a donné une telle histoire que Psyché, on n’est guère en droit de lui faire de querelle ; on lui passe beaucoup et on le remercie, surtout quand il y a joint tout auprès tant d’historiettes familières et piquantes qui n’ont nullement besoin qu’on leur pardonne.

2361. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Une idée domine les différentes publications dont j’ai à parler : cette idée, c’est que la copie fidèle de la nature, sa reproduction exacte, sincère, convaincue, faite avec suite et menée à fin avec une entière bonne foi, fût-elle accompagnée de fautes, d’incorrections et de gaucheries, même visibles, a son prix inestimable, son attrait, je ne sais quel charme auprès des esprits et des cœurs droits et simples.

2362. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

On a le droit de se le demander quand on a vu de près les tourments et les défaillances de ce futur instituteur du genre humain.

2363. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

On revint de cette première méprise ; l’Université regagna peu à peu son rang, ses droits, son autonomie que de zélés et loyaux ministres94 lui maintiennent et s’efforcent chaque jour d’accroître et d’affermir.

2364. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Mais il ne cessa point d’être le général en chef, et un général intrépide, celui qui entrait dans les retranchements de Denain à cheval à la tête de ses troupes, et qui recevait en personne la soumission du duc d’Albemarle et des sept ou huit lieutenants généraux de l’empereur ; il avait le droit d’écrire au ministre, du camp de Denain, le soir même (24 juillet) : « Je n’ai pas le temps, Monsieur, de vous écrire une bien longue lettre ; je ne puis trop me louer des troupes.

2365. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

L’abbé d’Estrades, après avoir salué la duchesse mère, allant droit au marquis Dronero, lui signifia à brûle-pourpoint devant tous le mécontentement du roi, son maître.

2366. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Je ne demande que la faveur de lui parler un instant ; pour l’obtenir, je m’adresserais à sa femme elle-même. » Noirmont n’insiste plus : il comprend qu’il vaut mieux pour Herman, puisqu’il faut tôt ou tard la rencontrer, revoir cette fois Pompéa, et à l’instant même, et livrer résolument le grand combat ; car c’est bien de ce côté que se présente la bataille rangée et que va être le fort du péril ; le reste n’est rien ou servira plutôt de diversion et de secours ; la coquetterie avec la future belle-sœur n’est qu’une escarmouche plus vive qu’effrayante, entamée à peine ; mais revoir Pompéa belle, jeune, ayant les droits du passé, dans la plénitude de la vie, à l’âge de vingt-six ans, avec ce je ne sais quoi d’impérieux et de puissant qu’une première douleur ajoute à la passion et à la beauté… le danger est là, danger d’une reprise fatale ; et, en pareil cas, mieux vaut affronter une bonne fois, qu’éluder.

2367. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Il nous la montre « aimable dans ses reparties, ingénieuse dans le détail de ses réponses et de ses propos ; ayant le cœur droit, excellent », très aimée, populaire même ; digne fille d’un vertueux père « qui avait répandu en elle toute la bonté et la candeur d’un monarque honnête homme ; ennemie de la dépense, souffrant des tourments réels et des supplices quand elle apprenait quelque calamité publique » ; une vraie mère des Français ; adoptant et admirant tout des grandeurs de la nation ; ne se considérant d’ailleurs que comme la première sujette de son époux : « Véridique avec le cardinal Fleury, hardie même auprès de lui plutôt que fausse, elle sortait, mais rarement, de cet état d’indifférence où elle s’était mise, et lui reprochait avec esprit et doucement les petites tracasseries qu’il lui faisait auprès du roi ; elle souriait un peu malignement, le déconcertait quelquefois et prenait alors le ton de reine de France ; elle lui disait que c’était à lui qu’elle était redevable d’une telle parole du roi.

2368. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Il fait tout aussi bien de ne pas me consulter ; je suis plus embarrassée que lui, et je suis déterminée à suivre le conseil de notre bonne maman, c’est-à-dire d’aller tout droit devant mon chemin et de profiter de toutes les occasions de faire bien. » Ce que la reine disait là de son inaptitude aux affaires et de son peu de goût d’y entrer était très véritable.

2369. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

C’est par de telles inconséquences et tergiversations, on ne doit jamais l’oublier, que cette Cour imprudente et inconsistante se vit amenée à un conflit déclaré avec cette ingrate nation : ces deux imputations opposées, ingrate et inconsistante, appliquées chacune à qui de droit, s’appellent et se répondent ; il serait injuste de faire aller l’une sans l’autre.

2370. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

L’autre ne répugne à rien de ce qui prend et de ce qui mord, elle y va tout droit en curieuse et en aguerrie ; et « comme elle a toujours, dit-elle, envie de sauter où le troupeau ne saute pas », elle s’est amusée un jour à donner son avis motivé, et non pas du tout défavorable, sur Salammbô.

2371. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Le vrai sentiment religieux qu’on est en droit de réclamer ici au nom du goût consiste surtout dans le sérieux même de la contemplation et dans le recueillement qu’elle inspire.

2372. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

MM. de Goncourt sont des spécialistes trop distingués pour qu’on essaye (ce qui serait d’ailleurs bien superflu) de les détourner un seul instant de leur ligne et de leur voie ; elle est la leur, ils se la sont faite, et ils ont certes droit de la tenir et de la garder : je ne voudrais, si j’avais à leur donner conseil, que les conseiller dans leur sens même et avec l’intelligence de leur direction.

2373. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Qu’on nous excuse de nous être allé prendre tout droit à ces détails, mais ils sautent aux yeux.

2374. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Lorsqu’à la dernière scène, dans une de ces allées droites où l’on se voit de si loin, Mme d’Estouteville s’avance lentement, soutenue du bras d’Eugène, je sens tout se résumer pour moi dans cette image.

2375. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Comme, à propos d’une de ces saillies de premier mouvement, un ami lui faisait remarquer qu’elle avait bien droit d’être ainsi libérale, fille qu’elle était de M. de Kersaint : « Oh !

2376. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Il faut qu’il soit moraliste, sinon de cœur, au moins d’esprit : car, s’il caresse les perversités dont l’histoire est pleine, s’il donne toujours raison à la fortune, s’il exalte le vainqueur coupable et qu’il écrase le vaincu innocent, s’il foule aux pieds les victimes, s’il ajoute la sanction de sa propre immoralité et l’autorité de son amnistie à tous les scandales d’iniquité qui attristent les annales des peuples, l’historien n’est plus un juge ; c’est un complice abject ou intéressé de la fortune, qui montre sans cesse le droit violé par la force, et la vertu déjouée par le succès.

2377. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

La liberté de prendre ses métaphores dans la réalité familière, triviale même, a été reconquise avec le droit d’employer le mot propre, et nul ne s’étonne plus, quand V. 

2378. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

On croit entendre les clameurs d’un Isaïe ou d’un Ezéchiel : protestation du droit contre la force, affirmation de la justice contre la violence, espérance superbe de la conscience qui, blessée du présent, s’assure de l’éternité.

2379. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

L’étude solitaire et passionnée de la nature dans un philosophe moral devait en effet produire presque nécessairement une association d’idées qui menait tout droit au style symbolique : car quand ce philosophe veut exprimer une pensée morale, voilà qu’une image physique s’offre en même temps à son esprit, donne un corps à son idée abstraite, en devient la formule et l’emblème.

2380. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Il est bon et juste de revendiquer le droit de changer.

2381. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Je l’approuve aussi, malgré toutes les foudres de Tailhade, peut-être par un reste de romantisme, plutôt, je crois, par mépris pour les gens qui fréquentent les casinos : de quel droit ces grecs et ces mondains repoussent-ils leur sœur la courtisane, et quelle étrange présomption peut bien leur persuader qu’ils lui sont, en quoi que ce soit, supérieurs ?

2382. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Il convient d’avoir fait d’aussi grandes choses pour avoir le droit d’être aussi nu.

2383. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Ils étaient blonds ; ils avaient tout à fait bonne mine, de grands yeux bleus, les épaules bien avalées, le corps droit et bien planté.

2384. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

La vérité est que je trouve deux hommes en vous ; vous êtes double comme Sosie, sans aucune duplicité pour la finesse ; d’un côté, vous êtes mauvais pour vous-même ; de l’autre, vous êtes vrai, droit, noble, tout à vos amis.

2385. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Je vous avoue que je suis outrée… C’est là une plainte d’amante qui est dans son droit ; mais, au même moment, elle l’aime ; elle l’appelle « une créature si aimable de tout point » ; elle ne voit que lui dans l’univers, et le proclame sans trop de prévention « le plus bel ornement de la France ».

2386. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Je tâcherai de le faire à l’égard de M. de Balzac, avec un sentiment dégagé de tout ressouvenir personnel31, et dans une mesure où la critique seulement se réserve quelques droits.

2387. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Son esprit droit et ferme prête partout à l’imagination son burin, pour que rien d’essentiel dans le dessin ne soit omis.

2388. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

… Et il raconte à Dusaulx l’histoire des moineaux que Rousseau nourrissait chaque matin, auxquels il donnait du pain sur sa fenêtre, et qu’il se flattait d’avoir apprivoisés : J’avais bien le droit, ce me semble, dit Rousseau parlant par la bouche de Rulhière, de croire que nous fussions les meilleurs amis du monde ; point du tout, ils ne valaient pas mieux que les hommes.

2389. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Voltaire le plus souvent cédait et criait de sa place, en s’apercevant du changement : « Le petit a raison ; c’est mieux comme cela. » Tel il était jeune à Ferney près de Voltaire, tel près de Chateaubriand à la fin de sa carrière, quand il disait à l’auteur du Génie du christianisme : « Enfermez-vous avec moi pendant quelques matinées, et nous ôterons tous ces défauts qui les font crier, pour n’y laisser que les beautés qui les offensent. » Je tiens à bien marquer en La Harpe cette nature essentielle de critique qui, à travers tous ses écarts, est son titre respectable ; qui fait que Voltaire a pu l’appeler à un certain moment « un jeune homme plein de vertu » (ce que les Latins auraient appelé animosus infans), et qui fait aussi que Chateaubriand l’a défini, « somme toute, un esprit droit, éclairé, impartial au milieu de ses passions, capable de sentir le talent, de l’admirer, de pleurer à de beaux vers ou à une belle action ».

2390. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

La critique, à chaque renouvellement de régime, peut essayer et combiner des programmes qu’elle croit utiles ; elle peut proposer et recomposer ses plans d’une littérature studieuse et réparatrice, c’est son droit comme son devoir ; mais l’imagination, la fleur, l’inspiration de la passion et du sentiment, lui échappent ; cela naît et recommence comme il plaît à Dieu, et ne se conseille pas.

2391. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Mais il était hardi et quelque peu insolent, comme celui qui se sent des droits.

2392. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Au milieu des mille choses qu’une jeune femme, lancée dans le monde comme elle l’était, avait droit d’aimer à cette époque et à cet âge, il en était une que Mme Gay mit dès l’abord sans hésiter au premier rang, je veux dire l’esprit, les talents, la louange et le succès qui en découlent.

2393. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Il est impossible de découvrir en lui, à ce moment, celui qui bientôt dira au peuple qu’il est sensé et sage, et qu’un bon gouvernement n’est qu’un cocher à qui tout le monde a le droit de dire : Mène-moi là.

2394. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Dans mes dernières années, j’ai été plus hardi à l’égard des ouvrages relatifs à la critique et à l’antiquité ; j’avais, par de longs travaux, acquis des droits à ma confiance.

2395. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Le roman et le drame se sont mainte fois exercés, comme c’était leur droit, sur cette captivité de Madrid et sur ces entrevues de François Ier et de sa sœur qui prêtaient à l’imagination ; mais la lecture de ces simples lettres si dévouées montre les sentiments à nu et en dit plus que tout.

2396. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

C’est, en honneur, tout ce que la nature a droit de demander d’un bon citoyen… Jordan, tout en convenant que ce serait plus sage d’en agir ainsi, continue de s’affliger des maux qui frappent l’espèce en général, par la raison, dit-il, que « la société ne fait qu’un corps », et que tous les membres sont solidaires.

2397. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

* * * — Le vieux peintre Adolphe Leleux fume des cigarettes, qu’il allume encore avec des pierres à fusil, provenant d’un baril de ces pierres qu’il a reçu pour une prise d’armes, quand il faisait partie de la société des Droits de l’Homme.

2398. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Si le vers des séquentiaires fut légitime, le nôtre n’a pas des droits moindres, car sa valeur esthétique est très souvent supérieure.

2399. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

D’un autre côté, Verlaine et Rimbaud s’étaient avisés de briser le vers, de le disloquer, de donner droit de cité aux rythmes impairs.

2400. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Ce malheureux blessé à mort d’un coup d’épée à travers le corps est assis à terre, et il a encore la force de se soûtenir sur le bras droit.

2401. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Les distances et les positions des lieux qu’ils connoissoient, et qu’ils nous ont laissées, mettent en droit de faire cette supposition.

2402. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Il se venge cruellement de toute atteinte portée à ses droits.

2403. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

En effet, si jamais le critique n’aboutissait pas en Aubryet, comme après ses Jugements nouveaux nous avons le droit de nous y attendre, c’est que le poète l’aurait étouffé.

2404. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Quoiqu’en vertu de sa théorie Renan ait le droit de mentir et de faire mentir Jésus-Christ sans le dégrader, il ne s’y fie pas cependant, et il nous invente un Jésus-Christ visionnaire, constitué, dans les racines de son être, le Fils de Dieu, comme on est constitué mécanicien.

2405. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Avant toute critique de détail que l’on peut faire de sa poésie, voilà le reproche qu’on a droit d’adresser au poète, qu’il atteint et enveloppe dans l’intensité de son inspiration et l’ensemble de son talent.

2406. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Ne résiste pas à la volonté de tous deux ; avec ta dot, ils ont transmis leurs droits à ton époux.

2407. (1921) Esquisses critiques. Première série

Montfort Mon cher ami, Je vous offre ce recueil parce que vous avez un droit certain sur lui. […] Permettez-moi de remercier, en même temps, tous ceux qui sont venus à moi parce qu’ils m’avaient connu chez vous, et parmi lesquels s’en trouvent deux qui ont droit à ma particulière gratitude : M.  […] On a le droit de mépriser l’homme, de le bafouer, mais non pas d’être discourtois envers la personne avec qui l’on cause et par qui l’on est reçu ; or, être lu n’est-ce pas, en somme, être reçu par un étranger qui vous admet chez lui ? […] L’homme élégant, robuste et fort avait le droit D’être fier des beautés qui le nommaient leur roi. […] « La critique serait un métier morose… si l’on n’avait le droit de l’abdiquer… et de s’associer à l’unanimité d’un succès. » (Abel Hermant, à propos de l’Habit Vert.)

2408. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Un obus a enlevé le chapiteau ionien d’une des colonnes de l’École de Droit. […] J’entends, aujourd’hui, ce juste adoptant la criminelle formule de Bismarck : La force prime le droit ; je l’entends déclarer que les nations et les individus qui ne peuvent pas défendre leurs propriétés, ne sont pas dignes de les conserver. Comme je me révolte, il me répond que ça a été, tout le temps, la loi et le droit. […] C’est vraiment une déclaration de droits en faveur de l’inintelligence, un peu trop énorme. […] Enfin il le souleva, et le tenant droit contre sa poitrine, il l’emportait, quand une balle fit tournoyer, dans une hideuse pirouette, le mort et le blessé qui tombèrent l’un sur l’autre.

2409. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Cette forme oratoire, où Pope resserre sa pensée à la façon de La Bruyère, multiplie la force et l’élan des idées véhémentes ; comme un canal étroit et droit, elle les rassemble et les précipite sur leur pente ; il n’y a rien alors que leur assaut n’emporte, et c’est ainsi que lord Byron, du premier coup, à travers les critiques inquiètes, par-dessus les réputations jalouses, a percé jusqu’au public1265. […] On pense à cela comme à une maladie qui peut ou non vous frapper1277. » Il disait vrai : nul devant le danger ne s’est tenu plus droit et plus ferme. […] Mais nous avons le droit de concevoir pour autrui les espérances que nous n’avons plus pour nous-mêmes, et de préparer à nos descendants un bonheur dont nous ne jouirons jamais.

2410. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

J’ai pour moi tous les étudiants de l’École de médecine, et pour moi encore les étudiants de l’École de droit, — mais ceux qui ne sont pas assidus au théâtre, les étudiants pas chic, les étudiants peu fortunés. […] J’ai touché ces temps-ci 12 000 francs, pour droits théâtraux de Germinie Lacerteux, et je me suis souvenu que l’œuvre de ton père de Maherault, avait été acheté en vente publique par Roederer, 12 000 francs. […] Au sortir de l’école des Jésuites de Vannes, vers ses dix-sept ans, il tombe à Paris pour faire son droit, mais n’est occupé qu’à faire la noce.

2411. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

» Sir Dauphine choisit deux fripons qu’il déguise, l’un en ecclésiastique, l’autre en légiste, qui se lancent à la tête des termes latins de droit civil et de droit canonique, qui expliquent à Morose les douze cas de nullité, qui font tinter à ses oreilles, coup sur coup, les mots les plus rébarbatifs de leur grimoire, qui se querellent, et qui font à eux deux autant de bruit qu’une paire de cloches dans un clocher.

2412. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

« J’ai retrouvé ici », écrit-il, « toutes mes peines, mais non mes amis ; je n’ai pas même de quoi acquitter les droits de douane pour mes livres et mes hardes ; j’ai grand besoin de six écus, et je vous conjure de me les prêter. […] Son autre ami, le marquis Manso, de Naples, accouru à Rome pour pleurer sur le cercueil de son ami, revendiqua le droit de revêtir aussi sa cendre d’une pierre et d’une épitaphe.

2413. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Mais M. de Vigny n’avait certainement donné à personne le droit d’une vengeance, pas même d’une rancune. Je n’ai jamais su de quoi pouvait venir ce caprice d’acrimonie qui donnait le droit de douter de la bonté de cœur de ce vieillard. « Vous êtes un homme de bien que j’ai toujours voulu prendre pour un homme d’État, parce que la fortune, maîtresse des destinées, vous a fait naître illustre, riche et beau.

2414. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Il m’a dit en me tendant un papier : « Quand on a dépassé quatre-vingts ans, on a à peine le droit de vivre ; il faut être prêt chaque jour à être rappelé, et penser à ranger sa maison. […] Ceux qui se tuent n’ont pas le droit de vivre, car ils n’ont pas la force de supporter les grands assauts de la nature de l’homme, les passions meurtrières !

2415. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Hagene trouva à ses pieds une pique tombée à terre ; il la lança sur Irinc, le héros du Tenelant, avec tant de force, que le bois lui sortait tout droit de la tête ; Hagene, le chef hardi, lui avait fait subir une mort cruelle. […] L’élégance du costume, la richesse des étoffes, la magnificence des armes, or, argent, tissus, soie, à peine encore connue en Europe, la ponctualité des étiquettes du camp, de cour et d’ambassade, le droit des gens rigoureusement observé dans les négociations attestent aussi que cette prétendue barbarie des peuples germaniques était découlée de l’Inde et du Caucase depuis longtemps quand tout cela était à peine éclos dans nos contrées.

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