Cette maison jouit d’une certaine célébrité, et les jeunes femmes à la mode faisaient quelquefois (il y a une couple d’étés) la partie de plaisir d’aller voir le matin la maison de M.
Isolé par Richelieu des objets les plus légitimes de son affection, privé de sa mère, qui errait dans l’exil, et de son épouse, avec laquelle il fut brouillé toute sa vie, il contait mystérieusement ses peines à quelque favori en titre, qu’il ne conservait pourtant que sous le bon plaisir du cardinal.
Quand on entend les hommes renommés par l’étendue de leur savoir et de leur esprit épuiser les sophismes de la logique et mille fausses lueurs détournées de l’histoire, au service d’une négation cynique de tout progrès social, il y a plaisir à contempler un esprit ardent qui, l’œil sur un but magnifique et lointain, ne ménage aucune étude, aucune indication empruntée aux philosophies et aux révolutions du passé, pour diminuer l’intervalle qui reste à franchir, pour tenter d’ajouter une arche de plus à ce pont majestueux où l’humanité s’avance.
Personne ne sait à l’avance, combien peut être longue l’histoire de chaque journée, si l’on observe la variété des impressions qu’elle produit, et dans ce qu’on appelle avec raison, le ménage, il se rencontre à chaque instant de certaines difficultés qui peuvent détruire pour jamais ce qu’il y avait d’exalté dans le sentiment ; c’est donc de tous les liens celui où il est le moins probable d’obtenir le bonheur romanesque du cœur, il faut pour maintenir la paix dans cette relation une sorte d’empire sur soi-même, de force, de sacrifice, qui rapproche beaucoup plus cette existence des plaisirs de la vertu, que des jouissances de la passion.
Et, si Valmiki n’est pas encore un bon terrain de conciliation, si nous ne pouvons décidément pas communier dans le même beau, communions dans le même amour de la beauté, dans les plaisirs que cet amour donne et dans les vertus qu’il inspire.
Parmi les gens du monde : les moins inaptes aux plaisirs littéraires, les Parisiens allant fréquemment au théâtre.
Celui qui renie le Dieu de son pays est presque toujours un homme sans respect pour la mémoire de ses pères ; les tombeaux sont sans intérêt pour lui ; les institutions de ses aïeux ne lui semblent que des coutumes barbares ; il n’a aucun plaisir à se rappeler les sentences, la sagesse et les goûts de sa mère.
Si l’on n’entend que moi, on me reprochera d’être décousu, peut-être même obscur, surtout aux endroits où j’examine les ouvrages de Sénèque ; et l’on me lira, je ne dis pas avec autant de plaisir, comme on lit les Maximes de La Rochefoucauld, et un chapitre de La Bruyère : mais si l’on jette alternativement les yeux sur la page de Sénèque et sur la mienne, on remarquera dans celle-ci plus d’ordre, plus de clarté, selon qu’on se mettra plus fidèlement à ma place, qu’on aura plus ou moins d’analogie avec le philosophe et avec moi ; et l’on ne tardera pas à s’apercevoir que c’est autant mon âme que je peins, que celle des différents personnages qui s’offrent à mon récit.
Au lieu de me montrer le premier domicile de l’homme, vous me montrez celui du plaisir.
Le plaisir sensible que nous font des beautez renaissantes à chaque periode, nous empêche d’appercevoir une partie des défauts réels de la piece, et il nous fait excuser l’autre.
Il allegue qu’il ne sent aucun plaisir en regardant le tableau qu’il refuse d’estimer.
Chacun prend son plaisir où il le trouve. » Voilà le goût.
Sur la nécessité du travail dans le style, je constate avec plaisir que nous sommes d’accord.
Dans un âge où l’on a tous les appétits, pour rien, pour le plaisir d’avoir des appétits, M.
Ainsi partout l’intérêt public a dicté les éloges ; chaque nation a loué ce qui était utile à ses besoins ou à ses plaisirs ; on a loué la piraterie chez les Scandinaves, le brigandage chez les Huns, le fanatisme chez les Arabes, les vertus douces et les talents chez les peuples civilisés, la chasse ou la pêche chez les sauvages, la navigation chez les habitants des îles ; mais il y a une qualité qui partout a toujours été également louée, c’est celle qui a créé toutes les révolutions, qui bouleverse tout, qui assujettit tout, qui soutient les lois et qui les combat, qui fonde les empires et qui les détruit, à qui tout est soumis dans la nature, et devant qui l’univers et les panégyristes seront éternellement prosternés : la force.
Renée, pour une prochaine édition, de mieux marquer le contraste de l’une des figures, celle de la princesse de Conti, l’aînée des Martinozzi, avec ses brillantes sœurs et cousines qui aimaient tant le plaisir, le jeu, la folle et spirituelle orgie. […] Petit-fils de ce duc de Nevers dont j’ai parlé, et qui, au milieu de toutes sortes de rimes à l’aventure, a fait un bien joli vers, daté de Rome : Sans un peu de Coulange on mourrait en ces lieux, il était fils d’un autre duc de Nevers, qui fut longtemps sans avoir le droit de s’appeler de ce nom ; car, dans leur insouciance épicurienne, ces distraits et excentriques seigneurs avaient omis, en temps utile, de faire enregistrer leur titre au parlement ; ils n’aimaient ni la guerre ni la Cour, et ne suivaient que leur caprice, la paresse et le plaisir. […] [NdA] J’ai eu, depuis que ceci est écrit, le plaisir de trouver l’opinion que Frédéric avait du duc de Nivernais, exprimée aussi nettement qu’on peut le désirer. — Dans une lettre de Frédéric à Maupertuis du 12 mars 1756, on lit : « J’ai ici le duc de Nivernais qui me paraît d’un caractère bien estimable ; avec beaucoup d’esprit et de connaissances, il est sans prétentions.
Il ne leur faut qu’un seul mobile, le plus simple et le plus palpable, tout grossier, presque mécanique, tout physiologique, l’inclination naturelle qui porte l’animal à fuir la douleur et à chercher le plaisir. « La douleur et le plaisir, dit Helvétius, sont les seuls ressorts de l’univers moral, et le sentiment de l’amour de soi est la seule base sur laquelle on puisse jeter les fondements d’une morale utile… Quel autre motif que l’intérêt personnel pourrait déterminer un homme à des actions généreuses ? […] Tout y est factice, faux et malsain417, depuis le fard, la toilette et la beauté des femmes jusqu’à l’air des appartements et aux ragoûts des tables, le sentiment comme le plaisir, la littérature comme la musique, le gouvernement comme la religion.
Elle dormait à souhait pour nos plaisirs. […] « Je ne donne pas volontiers mon vieux linge », dit la femme de ménage au mari économe, « car on a mainte occasion de l’employer utilement, et, quand on en a besoin, on n’en trouve pas à prix d’argent ; mais aujourd’hui j’ai rassemblé avec plaisir ce que j’avais de meilleur en fait de chemises et de couvertures, car j’ai entendu dire qu’il y avait dans cette foule des enfants et des vieillards demi-nus. […] Le duc de Weimar lui avait donné, indépendamment du ministère de l’instruction publique dans ses États, la direction absolue des théâtres et des nobles plaisirs de sa cour.
« — Oui, Monsieur, reprit-elle, j’ai du plaisir à vous voir, et il faut que cela soit pour que je le dise ; car depuis longtemps mes compatriotes m’ont dégoûtée des voyageurs ; ils se croient en droit de tourmenter mon existence, et aucun Anglais ne viendrait en Syrie sans prétendre examiner ma vie et mes discours. […] « Lady Stanhope apprit avec plaisir que le voyage d’Ali-Bey avait un autre but que des découvertes astronomiques, et qu’il avait la mission de se rendre à Tombuctoo. […] Je vous ai vu avec plaisir, et c’est ce que je dis bien rarement des autres voyageurs.”
Quelquefois ce n’est que le plaisir puéril de faire voir par quoi l’on ne ressemble pas aux autres. […] Mais à qui s’applique moins l’idée du naturel par excellence qu’à Montaigne, à cet homme occupé à se peindre, et par conséquent à se farder ; à s’analyser, et par conséquent à se prêter ou à se retrancher certains traits, par la subtilité même de son esprit, et par cette curiosité qui se crée un spectacle ; penseur à la suite d’autrui, à propos d’une lecture qui le pique ; qu’une idée ingénieuse attache tout un jour, et qu’une citation fait changer de chemin ; qui suspecte la nature universelle et ne se plaît qu’en la nature variable ; qui pense plus pour le plaisir d’écrire, qu’il n’écrit pour éclaircir ses pensées ; auquel ses amis reprochent d’épaissir sa langue, comme on reprocherait à un peintre d’empâter ses couleurs, par trop d’attention donnée au détail ? […] Puis ce sont nombre de mots fins et charmants qui sentent fort leur cartésianisme : « Je vous aime trop pour que les petits esprits ne se communiquent pas de moi à vous, et de vous à moi. » Et ailleurs : « J’aimerais fort à vous parler sur certains chapitres ; mais ce plaisir n’est pas à portée d’être espéré.
La satisfaction morale est, en ce cas, un plaisir de plus qu’on ne paye pas trop cher. […] Seulement elle change ses rêves après en avoir tiré quelque plaisir d’imagination et sans doute aussi quelque profit pratique et réel. […] C’est un plaisir d’artistes qui se prennent pour des ingénieurs.
Dès lors nous avons été les esclaves du monde, et ce monde, où nous avons engagé nos intérêts, il nous a été sans plaisir. […] A l’origine, notre âme éprouve des sensations, phénomènes de plaisir ou de peine : et c’est les diverses couleurs, résistances, odeurs, ou sonorités, toutes choses que nous croyons des qualités externes, et qui sont, uniquement, des états intérieurs de l’esprit. […] Le chevalier est en un instant transporté du fond de ces retraites où les cassolettes et les lampes odorantes éclairent de leurs feux colorés une nuit de plaisirs sans fin, au milieu d’une fraîche et pure matinée de printemps.
Il s’agit d’aller en Allemagne, à Bayreuth, en traversant Strasbourg, — ce qui est déjà un plaisir enviable pour tout bon Français, — et de s’installer dans cette la Mecque du wagnérisme afin d’y entendre tous les jours Parsifal et Tristan et Iseult, et Tristan et Iseult et Parsifal. […] Après chaque représentation, si vous n’êtes pas trop fatigué, si vous êtes transportable, des trains de plaisir wagnériens vous conduisent dans toutes les directions. […] On a plaisir à relire le commentaire, d’une sincérité si touchante et en même temps d’une si charmante naïveté, écrit par le maître liégeois lui-même80, et qui commence ainsi : « on n’a peut-être pas remarqué combien de fois l’air de la romance est entendu dans le courant de la pièce, soit en entier ou en partie … » et finit par cette phrase : « il était aisé de fatiguer les spectateurs, en répétant si souvent le même air sans doute il fallait présenter cet air sous autant de formes différentes, pour oser le répéter si souvent ; cependant, je n’ai pas entendu dire qu’il fût trop répété, parce que le public a senti que cet air était le pivot sur lequel tournait toute la pièce. » En remarquant les différentes modifications de la Mélodie-mère, présentée tantôt en entier, tantôt en partie, tantôt derrière la scène, même sans accompagnement, et surtout les derniers mots de cette citation, vous seriez tenté de dire qu’il n’aurait fallu qu’un pas de plus (mais le pas décisif, définitif réservé à l’auteur de Lohengrin), pour que le véritable Leitmotiv, destiné à n’apparaître sur la scène qu’en 1865 (Tristan) fît déjà son entrée dans la musique dramatique en 1784.
L’Allemagne ne nous a pas assez envahis ; nous voulons être envahis, nous ; c’est notre plaisir. […] En attendant, je me fais un devoir et un plaisir de recommander aux wagnériens de France, de Belgique, et de Navarre, le livre de M. […] L’exécution des Maîtres chanteurs a remis en mémoire le plaisir intense que la représentation de cette œuvre enchanteresse nous causa il y a deux ans ; elle a réveillé plus que jamais le désir de la voir figurer d’une manière définitive et permanente au répertoire de la Monnaie.
Tout vivant n’a qu’un but : persévérer à vivre ; Même à travers ses maux, il y trouve plaisir ; Esclave de ce but qu’il n’eut point à choisir, Il voue entièrement sa force à le poursuivre. […] Le talent peut-il imaginer à plaisir de plus pénibles entraves et tenir contre lui-même une gageure plus singulière ? […] Car l’ordre nécessaire, ou le plaisir divin, Fait d’un même sépulcre un même réfectoire À d’innombrables corps, sans relâche et sans fin.
« Je vais goûter un plaisir d’art, le plus grand je crois de ma vie », dit-il avant de monter à l’Acropole. […] La pratique du tour est pour Binet un plaisir en soi qui suffit à lui donner une raison complète de vivre. […] Ou des fleurs au printemps, ou du fruit en automne, L’ombre l’été, l’hiver les plaisirs du foyer. […] Car la querelle n’est pas ici seulement entre deux professions, mais entre deux familles d’esprit : ceux qui prennent plaisir aux œuvres littéraires placées dans leur courant historique, et ceux dont ce courant gêne le plaisir, qui ne veulent aller devant l’œuvre qu’avec leur goût spontané. […] critique du plaisir ?
En vérité, je ne vois pas les avantages qu’on en attend, si d’ailleurs je conçois le plaisir inintelligent qu’on y trouve ! […] C’est avec ce bel argument que, sous prétexte de libéralisme ou de largeur d’esprit, on en arrive à faire, du plaisir personnel et actuel qu’un roman ou un tableau nous procure, le juge unique et souverain de sa valeur d’art. […] Sans essayer d’ailleurs de les comprendre, — et pour ne rien dire à ce propos de quelques critiques, — c’est un plaisir que n’ont cru devoir se refuser ni M. […] et qu’on n’en parle pas comme d’une partie de plaisir, car, selon le mot de Flaubert, vraiment, « ça ne se passe pas comme ça » ! […] J’ai du plaisir à proclamer bien haut ce que je dois au grand, au terrible vieillard qui, sans autre recommandation que celle de ma bonne volonté, m’ouvrit jadis l’accès de sa maison.
Il est à remarquer en effet combien furent libres d’humeur et indépendants tous ceux qui sortirent de cette école : et Chapelle le franc parleur, l’épicurien pratique et relâché ; et ce poëte Hesnault qui attaquait Colbert puissant, et traduisait à plaisir ce qu’il y a de plus hardi dans les chœurs des tragédies de Sénèque ; et Bernier qui courait le monde et revenait sachant combien sous les costumes divers l’homme est partout le même, répondant à Louis XIV, qui l’interrogeait sur le pays où la vie lui semblerait meilleure, que c’était la Suisse, et déduisant sur tout point ses conclusions philosophiques, en petit comité, entre mademoiselle de Lenclos et madame de La Sablière. […] Pour le roi, pour la cour et les fêtes de commande, pour le plaisir du gros public et les intérêts de sa troupe, pour sa propre gloire et la sérieuse postérité, Molière se multiplie et suffit à tout. […] Il semble, à vous ouïr parler, que ces règles de l’art soient les plus grands mystères du monde, et cependant ce ne sont que quelques observations aisées que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir que l’on prend à ces sortes de poëmes ; et le même bon sens, qui a fait autrefois ces observations, les fait aisément tous les jours sans le secours d’Horace et d’Aristote…. Laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnements pour nous empêcher d’avoir du plaisir. » Pour en finir avec cette négligence de littérateur que nous démontrons chez Molière, et qui contraste si fort avec son ardente prodigalité comme poëte et son zèle minutieux comme acteur et directeur, ajoutons qu’aucune édition complète de ses œuvres ne parut de son vivant ; ce fut La Grange, son camarade de troupe, qui recueillit et publia le tout en 1682, neuf ans après sa mort. […] Ce jour-là donc « Molière, se trouvant tourmenté de sa fluxion beaucoup plus qu’à l’ordinaire, fît appeler sa femme, à qui il dit, en présence de Baron : Tant que ma vie a été mêlée également de douleur et de plaisir, je me suis cru heureux ; mais aujourd’hui que je suis accablé de peines sans pouvoir compter sur aucuns moments de satisfaction et de douceur, je vois bien qu’il me faut quitter la partie ; je ne puis plus tenir contre les douleurs et les déplaisirs, qui ne me donnent pas un instant de relâche.
C’est pourquoi Hugo appelle l’ombre athée ; ce n’est pas pour le plaisir de faire une métaphore inattendue et étonnante qu’il a dit, dans les vers sublimes par où se terminent les Contemplations : « l’immense ombre athée. » Les allusions à cette conception des choses, à la fois imaginative et métaphysique, sont continuelles chez Hugo, mais passent naturellement incomprises pour la plupart des lecteurs. […] Un homme d’esprit s’est amusé à résumer comme il suit les pièces d’Hugo : — « On s’amuse et la mort arrive (Noces et festins) ; Nous allons tous à la tombe (Soirée en mer) ; Il faut être charitable pour gagner le ciel (Pour les pauvres) ; Le bonheur pour les jeunes filles est dans la vertu (Regard jeté dans une mansarde) ; L’amour n’a qu’un temps, mais on s’en souvient toujours avec plaisir (Tristesse d’Olympio), etc. […] Si la Tristesse d’Olympio se résume en cette vérité de la Palisse : « L’amour n’a qu’un temps, mais on s’en souvient toujours avec plaisir ; » on peut résulter de même le Lac de Lamartine : « Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute la vie. » — Même le Moïse de Vigny : « Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux. » Le Mont des Oliviers de Vigny, comme le Désespoir de Lamartine : Le mal et la douleur ne sont pas faciles à concilier avec la divine Providence. […] cela va me donner des semaines de salaires et de bonnes journées. — Non, il veut, lui aussi, non le travail, non le salaire, mais du loisir, du plaisir, des voitures, des chevaux, des laquais, des duchesses.
Ces plaisirs sans bonheur, si pleins d’un vide immense, As-tu rêvé cela, George, ou l’as-tu connu ? […] Cette explosion de plaisir est une explosion de soulagement. […] Ils ne déplaisent point, mais de quelque auteur qu’ils soient, ils sont toujours écoutés avec plus de respect que de plaisir. […] A coup sûr, c’est une pièce qui donne trois heures d’un plaisir qu’on se félicite et qu’on s’honore d’avoir ressenti. […] Le plaisir que j’aurais à lui donner la fessée, à cette oie blanche !
Chez lui comme chez eux, l’homme spirituel et intérieur se dégage de l’homme extérieur et charnel, démêle le devoir à travers les sollicitations du plaisir, découvre Dieu à travers les apparences de la nature, et, au-delà du monde et des instincts sensibles, aperçoit un monde et un instinct surnaturels. […] Malheureux pileur de mots et découpeur de motifs, qui, dans ton moulin logique, possèdes un mécanisme pour le divin lui-même et voudrais m’extraire la vertu des écorces du plaisir ; je te dis non1437 ! […] Il y a un état extraordinaire de l’âme par lequel elle sort de l’égoïsme, renonce au plaisir, ne se soucie plus d’elle-même, adore la douleur, comprend la sainteté1438. […] Car si une portion de nous-même nous soulève jusqu’à l’abnégation et à la vertu, une autre portion nous emmène vers la jouissance et le plaisir. […] L’ascétisme de la république a produit la débauche de la restauration ; les Harrisson ont amené les Rochester, les Bunyan ont suscité les Hobbes, et les sectaires, en instituant le despotisme de l’enthousiasme, ont établi par contre-coup l’autorité de l’esprit positif et le culte du plaisir grossier.
« Qui oserait, dit Bossuet2, penser à d’autres excès qui se déclarent d’une manière bien plus dangereuse dans un autre plaisir des sens ? […] Signaler au lecteur les mille incidents, les infinies variétés de cette vie nomade où chaque pas est un progrès, une découverte, où la plus spirituelle originalité se mêle à la plus austère constance, ce serait le priver du plaisir de les rechercher lui-même, et dénaturer cette intéressante histoire en voulant l’abréger. […] Il nous faut ici prévenir ceux de nos lecteurs qui trouvent que Jacquemont a payé un peu cher le plaisir de mystifier un misérable, que ces roupies données si libéralement ne lui coûtent absolument rien, que la peine de les recevoir ; encore est-ce l’office de son trésorier. […] Quelles délices de dîner tous les trois à notre petite table ronde, aux lumières ; de manger du potage et de boire du vin rouge de France, et de ne bouger de là que pour aller dans la chambre de notre père, laissant les autres chercher du plaisir hors de leur maison, et nous, restant dans la nôtre, autour du feu, à nous conter les accidents de notre séparation les uns des autres ! […] Capricieuse, fantasque, aujourd’hui philosophe, lisant du grec ou livrée à des méditations esthétiques, demain rieuse emportée, se roulant sur les tapis ; aimant « les beaux chiens, les beaux chevaux, les belles pipes, les beaux hommes » ; abandonnée à l’intimité d’une soubrette et d’un page libertin ; sans frein dans ses goûts, sans mesure dans ses plaisirs, ouvrant son salon à des femmes décriées, et la nuit, déguisée, se glissant sous le toit d’un étudiant allemand, qu’importe ?
Belin suivait son cours d’études à Paris en 1593 et 1594, années de la Ligue finissante : c’est de cette époque notamment que Patin n’a aucune thèse : Je vous les demande, écrit-il, à tel prix qu’il vous plaira, et m’offre de vous en faire satisfaction à votre plaisir, soit en argent, soit en livres, ou en toute autre chose qu’il vous semblera bon de choisir. […] Bayle, qui parle de lui en cent endroits, a dit dans une lettre à un ami, et corrigeant à l’avance le jugement de Voltaire : « J’ai pris assez de plaisir, moi qui aime ces sortes de personnalités, et qui travaille ex professo à ces recherches, à parcourir les lettres de Gui Patin qui nous sont venues de Genève. » C’est que Bayle était avant tout de cette famille des curieux.
Uniquement livré aux plaisirs, il était moins sensible à l’éclat du trône, qu’importuné des devoirs qu’il impose… Le connétable Arthus de Bretagne, comte de Richemont, Giac, Le Camus de Beaulieu, La Trémoille, le comte du Maine, gouvernèrent successivement l’esprit du roi. Charles, dit l’abbé Le Grand, était doux, facile, adonné à ses plaisirs et tellement livré à ses favoris et à ses maîtresses qu’il ne pouvait avoir d’autres passions ni d’autres sentiments que ceux qu’ils lui inspiraient.
Le maréchal de Richelieu, la marquise de Coislin, le duc de Bouillon, la duchesse de Bourbon, le duc d’Orléans (Égalité), quantité de princes russes, tout ce monde aristocratique aimait à connaître, à rencontrer M. de Saint-Martin, homme de qualité, ancien militaire et, vers la fin, chevalier de Saint-Louis, très protégé des Montbarrey ; et Saint-Martin, doux, poli, curieux, naïf, toujours digne pourtant, s’y prêtait, sans s’exagérer auprès d’eux son genre d’action et d’influence : « J’abhorre l’esprit du monde, disait-il, et cependant j’aime le monde et la société ; voilà où les trois quarts et demi de mes juges se sont trompés. » Il y a un très joli mot de lui sur les gens du monde qu’il faut prendre au vol pour les convertir : Les gens des grandes villes et surtout des villes de plaisir et de frivolité comme Paris, sont des êtres qu’il faudrait en quelque sorte tirer à la volée, si l’on voulait les atteindre. […] [NdA] Ainsi encore, il a lu dans un Discours sur les ordres sacrés, de Godeau, évêque de Vence, que la première division des temples, celle qui contenait l’autel, s’appelait βῆμα : « Ce nom Béma, dit-il aussitôt, sonne trop bien à mon oreille par ses rapports avec mon chérissime Boehm, pour que je ne m’expose pas au ridicule d’en faire la remarque. » Si ce n’est qu’une rencontre fortuite et une assonance qu’il prend plaisir à noter à la façon des poètes et rimeurs, il n’y a rien à dire, mais je crains qu’il n’y ait vu des sens profonds.
De là son âme est égale en tout temps ; s’il a peu de plaisirs sensibles, du moins ses peines sont légères, car il a les passions douces. […] Ce que nous avons aujourd’hui d’hommes d’esprit à la Cour ou à la ville ne le sont qu’avec une telle malignité, qu’ils ressemblent à des singes ou à des diables qui ne prennent leur plaisir qu’au mal d’autrui et à la confusion du genre humain ; et s’il leur reste quelque franchise, c’est pour ne pas cacher leurs grands défauts, de malice.
Cette belle heaulmière paraît avoir été chef d’école en son genre et celle qui les endoctrinait toutes au plaisir. […] Pour lui, je le crains fort, il but avec plaisir jusqu’à la fin le vin dont il s’enivrait.
Le Pacha est petit, la barbe blanche, le visage brun, la peau tannée, l’œil vif, les mouvements prompts, l’air spirituel et très-malin, la parole brève, et riant très franchement lorsqu’il a lâché un petit sarcasme ; plaisir qu’il s’est donné toutes les fois que la conversation tournait à la politique, et surtout lorsque le consul19 insistait pour le départ de la flotte : « Je ne reconnais pas les Français, qui savent si bien faire la guerre, et qui ne parlent plus que de la paix. […] L’ange Gabriel ne nous eût pas fait plus de plaisir avec ses formes divines que cette espèce de Sangrado quand il nous apparut.
Le très grand nombre des épigrammes amoureuses sont dans le sens épicurien, dans le sens d’Horace, pour rappeler que le plaisir est rapide et qu’il faut le cueillir dans sa fleur, tandis qu’il en est temps encore. […] Un voyageur altéré, Aristoclès, a bu avec plaisir de l’eau d’une source où se voyaient des statues de Nymphes, œuvre rustique des bergers ; reconnaissant, il offre aux Nymphes elles-mêmes la coupe dans laquelle il a bu, pour qu’elle serve aux autres passants qui auront soif comme lui : « Onde fraîche qui jaillis d’un double rocher ; salut !
Rodrigue, resté seul, exprime sa lutte douloureuse dans des Stances traduites ou imitées, qui font toujours plaisir à entendre, malgré les concetti dont elles sont semées : « Percé jusques au fond du cœur D’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle… » Les paroles ont beau être déliées et subtiles, elles sont insuffisantes. […] Racine a l’art ; il donne toujours des plaisirs purs, même dans ses faiblesses.
En nous tenant surtout ici au critique et à l’historien, nous avons à toucher plus d’un point délicat et compliqué, assez lointain déjà pour qu’il y ait plaisir et profit à y revenir. […] Toutes les fois qu’il a dû prendre la parole dans des solennités publiques (et il l’a fait récemment en plusieurs occasions), on a retrouvé avec plaisir son esprit ingénieux et grave ; l’idée morale, la disposition religieuse, qu’il a témoignée de tout temps, semble même prévaloir en lui avec les années, et rien n’altère cette sorte d’autorité légitime qu’on accorde volontiers, en l’écoutant, à l’écrivain éclairé, à l’homme de goût et à l’homme de bien.
Sa jeunesse dut être celle d’alors : « Mon âme habite un lieu par où les passions ont passé, et je les ai toutes connues », nous dit-il plus tard ; et encore : « Le temps que je perdais autrefois dans les plaisirs, je le perds aujourd’hui dans les souffrances. » Les idées philosophiques l’entraînèrent très-loin : à l’âge du retour, il disait : « Mes découvertes (et chacun a les siennes) m’ont ramené aux préjugés. » Ce qu’on appelle aujourd’hui le panthéisme était très-familier, on a lieu de le croire, à cette jeunesse de M. […] Ses idées en philosophie sociale ne se modifièrent que par un contre-coup assez éloigné de ce moment : au sortir du 9 thermidor, il paraît avoir cru encore aux ressources du gouvernement par (ou avec) le grand nombre : il écrivait à Fontanes, qui, caché durant quelques mois, reparaissait au grand jour : « Je vous vois où vous êtes avec grand plaisir.
Et les chansons de geste furent reléguées peu à peu à l’usage des classes inférieures, qui continuèrent d’y prendre plaisir, parce qu’elles continuaient d’y avoir foi, et ne lisaient pas les histoires. […] Et il faut voir, dans tout le récit, de quel intérêt le sage maréchal de Champagne et Romanie suit, avec quel plaisir il relate les « aventures » de quelques-uns de ses compagnons : non les imprudences du champ de bataille, qu’il blâme, mais les pointes hardies en terre étrangère, les sauts dans l’inconnu, si l’on peut dire, comme les étranges chevauchées de son neveu Geoffroy qui lia partie avec quelques barons de conquérir la Morée et s’en alla faire souche de prince.
Il faisait avec plaisir le seigneur de village ; il tenait aux privilèges, aux droits de ses fiefs. […] En un mot, il n’a pas l’imagination qui utilise les formes sensibles en vue du plaisir esthétique.
Anatole France me donnent ce plaisir ; et c’est en relisant le Crime de Sylvestre Bonnard et le Livre de mon ami que me sont venues ces réflexions — que je donne pour ce qu’elles valent, car elles sont justes sans l’être et je sens très bien tout ce que j’y néglige. […] Et peut-être aussi goûtons-nous le plaisir d’entendre ce livre singulier d’une façon hétérodoxe.
Pendant que Tebaldo était à Lyon où il demeura quelque temps pour les affaires de leur commerce, un jour étant, lui Pandolfo, en partie de plaisir avec Ricciardo son ami, ils vinrent sur le propos de sa femme qui était grosse. […] Ils confirment, dans une certaine mesure, ce qu’on sait de la faculté d’improvisation que possédait Molière et du plaisir qu’il prenait à l’exercer.
On sent que l’esprit de société, le goût des plaisirs de l’intelligence, ont pénétré dans les hautes classes en France, qu’on y réfléchit plus, qu’on se regarde et s’analyse davantage. […] « Jugeant, dit-il39, ses inventions trop basses pour un prince de hault esprit, il les a laissées reposer, et a jeté l’oeil sur les livres latins, dont la gravité des sentences, ajoute-t-il, et le plaisir de la lecture (si peu que je y comprins) m’ont espris mes esprits, mené ma main, et amusé ma muse. » Marot, comme on le voit, n’est pas guéri du goût des pointes ; mais il indique du doigt le genre de beauté que notre littérature allait puiser au trésor des littératures anciennes ; à savoir, cette gravité des sentences que nous appelons les vérités générales.
Plus heureux encore que l’auteur des Maximes, qui n’avait eu affaire qu’à de grandes passions et à de grands vices, La Bruyère avait surtout affaire aux travers qui sont ou le commencement ou la fin des vices ; et, le plaisir du ridicule tempérant chez lui l’indignation du mal, il devait être plus modéré et plus agréable, en même temps qu’il était plus varié. […] Quelques-unes nous trouvent si distraits et si occupés des soins de la vie, que leur présence nous donne un plaisir de surprise, ou si incapables d’en retenir l’impression dans nos faibles cerveaux que, comme un air de musique difficile et charmant, nous avons besoin de les rapprendre sans cesse.
Pourtant l’on n’était jamais sûr de rien ; c’était le bon plaisir avec toutes les sautes d’humeur dont il est coutumier. […] Si plus tard Montesquieu (et pour cause) épargne les Parlements, Voltaire bataille contre eux pour les forcer à réhabiliter Calas et Sirven, pour leur faire honte du sombre plaisir qu’ils trouvent à conserver la torture et les supplices raffinés.
Ninette Pourquoi ne puis-je voir sans plaisir et sans peine Les baisers du zéphyr trembler sur la fontaine, Et l’ombre des tilleuls passer sur mes bras nus ? […] C’était une idylle de la vie intime : ils en ont presque fait un drame ; c’était la fable du Savetier et du Financier, de la Fontaine, chantée sur la flûte de Werther : ils l’ont grossie et renforcée à plaisir.
Il m’a parlé en très peu de minutes de Chateaubriand, de Lamennais, pelotant à plaisir ces noms ; il m’a fait entendre qu’il était le conseiller de Lamennais. […] Moi aussi, j’ai jugé pour mon plaisir M. de Pontmartin comme j’avais jugé autrefois Béranger, et voici la note, depuis longtemps écrite, que je tire du même cahier familier d’où j’ai extrait quelques-unes de mes impressions de fond sur le poète national.
Un jour que, dans une de ses lutineries, elle était montée, au couchant du soleil, jusque dans les sculptures gothiques de la cathédrale de Cologne, elle se donnait le plaisir d’écrire à la mère de Goethe : « Madame la conseillère, que cela vous eût fait peur de me voir, du milieu du Rhin, assise dans une rose gothique ! […] Il est enchanté et ravi de voir un si grand individu que Beethoven venir augmenter sa collection et sa connaissance : « J’ai eu bien du plaisir, dit-il, à voir se refléter en moi cette image d’un génie original. » Ce grand miroir de l’intelligence de Goethe tressaille involontairement, quand un nouvel objet digne de lui s’y réfléchit.
On y trouve un aperçu des goûts littéraires de l’auteur, quand il nous montre son personnage dans la bibliothèque de son château de Lirias (un château en Espagne), prenant surtout plaisir aux livres de morale enjouée, et choisissant pour ses auteurs favoris Horace, Lucien, Érasme. […] » Il se replongeait avec plaisir dans la foule, y trouvant une matière toujours neuve à son observation.
On n’a plus, il est vrai, le plaisir d’y entendre Piron, Voltaire, etc. » Piron et Pindare ! […] Mais il n’a pas d’effort à faire pour s’y conformer ; sauf l’élévation qui, à un ou deux endroits, lui sort du cœur, et la verve qui, en trois ou quatre passages, est excellente, il est dans Le Vieux Cordelier ce qu’il était dans ses précédents écrits, incohérent, indécent, accouplant à satiété les images et les noms les plus disparates, accolant Moïse à Ronsin, profanant à plaisir des noms révérés, disant le sans-culotte Jésus en même temps qu’il a l’air de s’élever contre l’indigne mascarade de l’évêque apostat Gobel ; en un mot, il parle dans Le Vieux Cordelier l’argot du temps ; il a le style débraillé, sans dignité, sans ce respect de soi-même et des autres qui est le propre des époques régulières et la loi des âmes saines, même dans les extrémités morales où elles peuvent être jetées.
Ses amis d’alors, à cette époque si regrettable de sa jeunesse, au moment où il entrait si brillamment dans le monde (1770), nous l’ont peint sous cette première forme intéressante et expansive, se multipliant à plaisir, se distribuant volontiers à tous : M. de Condorcet est chez madame sa mère, écrivait Mlle de Lespinasse à M. de Guibert ; il travaille dix heures par jour. […] Biot, de plus intéressant, de plus digne, de plus noble, que ses éloges de Linné, d’Euler et de Haller. » L’extrême faveur dont jouissait alors la philosophie faisait qu’on passait volontiers à Condorcet quelques petits pamphlets anonymes et satiriques, dont il se donnait parfois le plaisir sous divers déguisements.
C’est ainsi qu’avec tant de qualités de l’observateur, elle s’est toujours circonscrit, comme à plaisir, ses horizons. […] Je ne sais si elle a des ennemis, ou du moins des ennemis qu’elle déteste, mais je crois qu’à un dîner qu’on lui ferait faire avec eux, s’ils l’écoutaient avec plaisir, et s’ils ne lui répliquaient pas trop sottement, elle cesserait de leur en vouloir.
Vieux et soi-disant converti, l’abbé de Choisy trouvait encore un indicible plaisir à raconter ces aventures de sa jeunesse à de graves amis, tels que d’Argenson, qui l’écoutaient avec étonnement, ou même à des dames philosophes, telles que Mme de Lambert, qui le questionnaient avec indulgence. […] J’en parle ici avec plaisir : j’ai passé mon enfance avec elle… Ici Choisy a vu et senti, il parle de source et n’a eu besoin de personne pour s’inspirer.
S’il embrassait la passion dans sa fureur et dans son plaisir, il en-acceptait aussi toutes les sérieuses conséquences. […] Dans le donjon de Vincennes, il écrivait pour lui seul, dans son cahier de notes et d’extraits, divers passages de Plaute, qu’il lisait beaucoup alors, et il en faisait l’application à sa félicité perdue ; tout ce joli passage du Pseudolus, par exemple, qui fait partie de la lettre d’une maîtresse à son ami : Nunc nostri amores, mores… « Voilà que nos plaisirs, nos désirs, nos entretiens, avec les ris, les jeux, la causerie, le suave baiser… tout est détruit ; plus de voluptés ; on nous sépare, on nous arrache l’un à l’autre, si nous ne trouvons, toi en moi, moi en toi, un appui salutaire. » Mais j’aime mieux cet autre passage, également emprunté de Plaute, où le sentiment domine : « Lorsque j’étais en Hollande , écrit Mirabeau, je pouvais dire : Sibi sua habeant regna reges, etc. », et tout ce qui suit, « Rois, gardez vos royaumes, et vous, riches, vos trésors ; gardez vos honneurs, votre puissance, vos combats, vos exploits.
Cependant il vivait trop de la vie brillante, dissipée, mondaine, de la vie de plaisirs, et, à peine âgé de vingt-huit ans8, il se disait lassé et vieilli : Quant à la vie que je mène, écrivait-il à un ami (janvier 1785), c’est un drame si ennuyeux, que je prétends toujours que c’est Mercier qui l’a fait. […] se demande Rivarol ; n’est-ce pas, au contraire, une ville de luxe et de plaisir ?
On prend un plaisir secret à trouver petits ces objets qu’on a vus si grands : on regarde avec complaisance la vallée couverte de nuées orageuses, et l’on sourit d’entendre sous ses pas ce tonnerre qui gronda si longtemps sur la tête ; on aime à voir à ses pieds ces sommets jadis menaçants, devenus dans leur abaissement semblables aux sillons d’un champ ou aux gradins d’un amphithéâtre ; on est flatté d’être devenu le point le plus élevé de tant de choses, et un sentiment d’orgueil les fait regarder avec plus de complaisance. […] pourquoi cette explication par l’amour-propre, et à la manière de Condillac ou d’Helvétius, du plaisir sublime qu’on y conçoit ?
Ma mère écoutait ces belles choses avec un plaisir infini et les croyait peut-être, lorsque la pythonisse lui dit : mademoiselle, approchez vos yeux ; voyez-vous bien ce petit trait ; là, celui qui coupe cet autre ? […] On lui voit de l’attention et du plaisir.
Les figures, sur la langue de terre bien dessinées et coloriées à plaisir. […] Fuyez, mes amis, fuyez… est-ce que les habitants des campagnes, au milieu des occupations qui leur sont propres, n’ont pas leurs peines, leurs plaisirs, leurs passions : l’amour, la jalousie, l’ambition ; leurs fléaux, la grêle qui détruit leurs moissons et qui les désole, l’impôt qui déménage et vend leurs ustensiles ; la corvée qui dispose de leurs bestiaux et les emmène ; l’indigence et la loi qui les conduisent dans les prisons ?
Le propre de l’éloquence est non seulement de remuer, mais d’élever l’âme ; c’est l’effet même de celle qui ne paraît destinée qu’à nous arracher des larmes ; le pathétique et le sublime se tiennent ; en se sentant attendri, on se trouve en même temps plus grand, parce qu’on se trouve meilleur ; la tristesse délicieuse et douce, que produisent en nous un discours, un tableau touchant, nous donne bonne opinion de nous-mêmes par le témoignage qu’elle nous rend de la sensibilité de notre âme ; ce témoignage est une des principales sources du plaisir qu’on goûte en aimant, et en général de celui que les sentiments tendres et profonds nous font éprouver. […] La difficulté vaincue est le grand mérite de la poésie, et la principale source du plaisir qu’elle nous cause.
Le monstre est vu de dos, et le plaisir de deviner son nom n’ajoutait pas peu de prix à l’estampe. […] Il est bon d’avertir les collectionneurs que, dans les caricatures relatives à Mayeux, les femmes qui, comme on sait, ont joué un grand rôle dans l’épopée de ce Ragotin galant et patriotique, ne sont pas de Traviès : elles sont de Philipon, qui avait l’idée excessivement comique et qui dessinait les femmes d’une manière séduisante, de sorte qu’il se réservait le plaisir de faire les femmes dans les Mayeux de Traviès, et qu’ainsi chaque dessin se trouvait doublé d’un style qui ne doublait vraiment pas l’intention comique.
Banville et Gautier permettent d’étudier, sans légitime irritation, les colifichets du romantisme, et de prendre plaisir à ses jeux syntaxiques. […] Il est à plaindre, non à imiter ; car l’œuvre d’art doit être un plaisir, une purgation de l’âme et du corps, et (même tragique) conçue dans la joie. […] Il se faisait, lui si sincère, sur un certain point, une certaine erreur conventionnelle, un paysage imaginatif, auquel il se reportait avec plaisir, et dont il ne voulait plus démordre. […] Il finit en général par épouser sa bonne, et à un âge où il n’a plus à attendre de celle-ci que les humeurs, sans le plaisir. […] Ils ne retiendront du mariage que le plaisir ou l’intérêt immédiat, sans reconnaître son but essentiel, qui est le foyer et la continuation familiale.
On a même comme une appréhension de gourmet, comme une peur de gâter son plaisir ! […] Moi, comme les autres (je ne m’en cacherai point), j’ai goûté, à scruter plusieurs pages de Salammbô, les plaisirs d’une curiosité dépravée. […] Tremble, malheureuse, du plaisir que tu m’as donné. […] En attendant que sa beauté donne le plaisir, sa froideur excite la vanité, cette gouvernante d’un dandy et d’un mondain tel que Maulévrier. […] … Et d’ailleurs, toute considération morale écartée, quel plaisir d’orgueil une décoration peut-elle donner à l’homme qui a déjà le « Nom » ?
Des morceaux qu’il a publiés sous les auspices de ces maîtres, et qu’ils ont couronnés, je préférerais l’Éloge de La Bruyère, qu’on relit avec plaisir et avec fruit : l’Éloge de Corneille, tant vanté, sent trop le rhétoricien encore ; l’Éloge de Montaigne accuse déjà un esprit fatigué, l’étouffement commence.
Qu’on imagine à plaisir tout ce qu’il y a de plus pur dans l’amour, de plus chaste dans l’hymen, de plus sacré dans l’union des âmes sous l’œil de Dieu ; qu’on rêve, en un mot, la volupté ravie au ciel sur l’aile de la prière, et l’on n’aura rien imaginé que ne réalise et n’efface encore M.
L’oratorien Dotteville refit l’œuvre de la Bletterie, et la diction de ce doux vieillard, pure, châtiée, coulante et tout à fait dans le goût de Rollin, a du moins l’avantage de se laisser lire avec un plaisir continu.
Sir Walter Scott a tronqué et obscurci à plaisir ces beaux faits d’armes ; il s’est cru même obligé, en patriote fervent, d’égayer son récit par une critique littéraire des proclamations du jeune général, et d’y relever l’enflure et les sesquipedalia verba.
Prenant comme un plaisir secret Aux piètres avortons d’idées.
Je voudrais seulement qu’il n’oublie pas d’ajouter quel plaisir j’eus à me trouver parmi vous, combien vos marques de sympathie m’allèrent au cœur, combien le contact de votre jeunesse me raviva et me réjouit.
Il ressent, en abandonnant ce livre inutile au flot populaire qui emporte tant d’autres choses meilleures, un peu de ce mélancolique plaisir qu’on éprouve à jeter une fleur dans un torrent, et à voir ce qu’elle devient.
Néanmoins les philosophes ont précisément la faiblesse d’aimer les questions qui sont encore à l’état de nébuleuses ; ils aiment ces problèmes où il y a du pour et du contre, comme donnant plus à faire à l’activité propre de l’esprit ; je soupçonne même qu’on les contrarierait, si des démonstrations irrésistibles les privaient du plaisir de la controverse et de la dispute.
Cela dut faire grand plaisir à ce Simonide, qui était fort avare.
L’acteur des atellanes joüoit donc son rolle d’imagination et il le brodoit à son plaisir.
Il est certain que depuis le regne d’Auguste jusques au renversement total de l’empire d’occident, les representations des pantomimes firent le plaisir le plus cher au peuple romain.
Il ne s’agit pas pour lui de se faire camper des douches de nature pour se faire du plaisir et du soulagement, mais de tripler sa force, de faire de soi un petit Hercule pour les luttes futures de la Liberté.
Les arts et les plaisirs d’Athènes, un peuple facile, un caractère brillant, les grâces jointes à la valeur, la volupté mêlée quelquefois à l’héroïsme, de grands hommes populaires, des lois qui dirigeaient plus la nature qu’elles ne la forçaient, enfin des vertus douces et des vices même tempérés par l’agrément, devaient plaire bien davantage à un genre d’esprit qui ordonnait tout, et préférait la grâce à la force.
En France, Godefroi de Bouillon, chef de la seule croisade qui ait réussi ; Charles VIII, qui conquit et perdit le royaume de Naples avec la même rapidité ; Louis XII, qui fut tour à tour dupe de ses amis et de ses ennemis, mais à qui on pardonna tout, parce qu’il était bon ; François Ier, qui, à beaucoup de défauts, mêla des qualités brillantes ; le maréchal de Trivulce, sur la tombe duquel on grava : Ici repose celui qui ne reposa jamais ; le maréchal de Lautrec, également opiniâtre et malheureux ; Gaston de Foix, si connu par son courage brillant et par la bataille de Ravenne qu’il gagna et où il perdit la vie ; enfin, ce connétable de Bourbon, si terrible à son maître, et dont l’âme altière eut à la fois le plaisir et le malheur d’être si bien vengé.
Il nous reste à suivre, avant cette époque, le jeu de la lyre dans les soins, les passions, les plaisirs familiers de la vie.
On les connaît vos écoles, vos lycées, vos lieux de plaisir et de souffrance. […] Et si, en attendant, est désirée, baisée, voire épousée quelque négresse de bordel, que ni honte, ni vanité ne soient tirées d’un commerce qui n’a besoin de visa, non plus que d’excuse, puisque s’en trouve au moins donné un plaisir épithélial à ne point dédaigner. […] Les tribus que leurs prédécesseurs ensoutanés frustrèrent du bienheureux état d’innocence, ils les examineront pour le plaisir de constater qu’elles n’ont pas eu le temps de fignoler des complexes, dignes des métropolitains. […] À telle tactique les anciennes aristocraties ont dû de connaître le plaisir de vivre, dont M. de Talleyrand disait que ceux qui n’avaient pas vécu avant 1789 ne pouvaient s’en faire idée. Plaisir de vivre à Versailles, misère de vivre par toute la France.
« Si je pouvais faire en sorte que ceux qui commandent augmentassent leurs connaissances sur ce qu’ils doivent prescrire, et que ceux qui obéissent trouvassent un nouveau plaisir à obéir, je me croirais le plus heureux des mortels. […] « Dans les pays froids, on aura peu de sensibilité pour les plaisirs ; elle sera plus grande dans les pays tempérés ; dans les pays chauds, elle sera extrême. […] Dans les pays du Nord, une machine saine et bien constituée, mais lourde, trouve ses plaisirs dans tout ce qui peut remettre les esprits en mouvement, la chasse, les voyages, la guerre, le vin.
Ils ont rappelé les mots à leur fonction de sons, et dans la qualité de ces sons ils ont cherché un caractère, une expression, un plaisir. […] Il n’y a rien en somme que de commun dans la vie de Musset : beaucoup de folie, beaucoup de plaisir, beaucoup de passion, à la fin le naufrage dans l’habitude insipide et tenace, avec l’amertume de la désillusion impuissante. […] Jusqu’à cette grande crise, c’est un enfant, et un enfant gâté, sensible, égoïste, prêt à aimer, et surtout avide d’être aimé, léger et fougueux, joyeux de vivre et insatiable de plaisir, vite déçu, jamais lassé, et recommençant toujours sa course au bonheur, sans se douter qu’il s’est trompé non pas d’objet, mais de méthode : entre vingt et vingt-cinq ans, il est tout pétillant, tout bouillant de vie et d’espérance.
On a parfois peur de se tromper en se laissant prendre à leurs chefs-d’œuvre décousus, et le plaisir qu’ils font manque de sérénité. […] Nous répondrons simplement : Ces fantaisies sont curieuses et font, plaisir à ceux qui les aiment. […] Les tons, les nuances, les lignes que le pinceau peut seul reproduire, ils font cette gageure de les rendre sensibles avec des phrases écrites ; et c’est alors un labeur, un effort désespéré des mots pour prendre forme et couleur, une lutte du dictionnaire contre la palette, des phrases qui ont des airs de glacis, des substantifs qui sont des frottis, des épithètes qui sont des touches piquées, des adverbes qui sont des empâtements, une transposition d’art enragée… Les classiques, quand ils veulent peindre, emploient des mots abstraits qui évoquent d’abord un sentiment, puis une image, mais indéterminée «… Un horizon fait à souhait pour le plaisir des yeux », ou des mots concrets qui évoquent une image précise, mais sommaire et rapide : L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours.
Ils ne s’aperçoivent pas que les artistes peignent continuellement, et comme à plaisir, des objets hideux, repoussants, horribles. […] Nous pouvons prendre un plaisir infini à leurs ouvrages, comme nous en prenons à la lecture d’un drame indien, de Sacontala, par exemple, et même ils ont avec nous un rapport de parenté que n’aurait pas le drame indien ; mais ils ne peuvent faire autorité dans la question qui nous occupe. […] La poésie que je sens encore dans sa réalité, c’est la poésie intime, la grande élégie de Joseph Delorme : un enfant de génie, qui a cru à cette égalité dont on a assourdi ses oreilles dès le berceau ; un homme qui se sent le cœur grand, les passions énergiques et la tête puissante ; qui rêve, dans une société équitable, la gloire et les plaisirs qui lui sont dus, et qui se trouve, lui poète, dans un hôpital, occupé à disséquer des cadavres ; qui se plonge dans l’athéisme obscur de Bichat et de Cabanis, se dessèche avec Locke et Condillac, jette un regard sur leurs successeurs parlant de liberté, de devoir et de vertu, et ne trouve en eux que des sophistes ; homme du peuple, plein de sympathie pour ce peuple qu’il voit traité comme un vil troupeau, plein de dégoût pour toutes ces distinctions de rangs fondées sur une absurdité et sur une iniquité ; cherchant avec enthousiasme la vertu pour l’honorer, et ne sachant à quel signe la découvrir ; à la fois emblème de la souffrance de l’artiste et de celle du peuple ; et qui finit par prendre en mépris le monde et l’Humanité, ne voit dans l’univers qu’un destin aveugle, et, relevant sa tête hors du tombeau où il est déjà couché, et où, brisé par la souffrance, il hésite devant le suicide, exhale ses derniers moments en sanglots étouffés, en plaintes arides, en ironie amère, entremêlés de chants sublimes et d’efforts qui touchent à la folie.
IV Si vous êtes dépourvus de parti pris, si vous cherchez dans les grands spectacles artistiques quelque chose de plus que le plaisir de l’oreille et des yeux, — si vous osez blâmer Rossini de ses paresses et Meyerbeer de ses concessions, si le drame lyrique, tel qu’il fut permis à Scribe de le concevoir, ne satisfait pas vos aspirations, si vous êtes pleins d’un enthousiasme sincère pour le vrai art dramatique qui a donné le Prométhée enchaîné à la Grèce, Macbeth à l’Angleterre, les Burgraves à la France : entrez résolument dans l’œuvre de Richard Wagner et, en vérité, d’admirables jouissances, accrues par le charme de la surprise, seront le prix de votre initiation. […] C’est la folie de plaisir qui s’empare du peuple aux apprêts des réjouissances. […] On se souvient qu’à la scène deuxième du premier acte des Meistersinger, David, l’apprenti d’Hans Sachs, énumère les tons et les modes qu’il faut connaître pour se faire recevoir dans la maîtrise de Nuremberg : « Le bref, le long, le traînard, la tortue, La plume d’or, l’écritoire d’argent, L’azuré, l’écarlate et le vert de laitue, L’aubépin parfumé, le plumage changeant, Le tendre, le badin et les roses fleuries, Le ton galant et le mode amoureux, Le romarin, la reine des prairies, Les arcs-en-ciel, le rossignol joyeux, Le mode anglais, la tige de canelle Les pommes d’or, la fleur de citrouille, La grenouille, le veau, le gai chardonneret, L’ivrogne qui chancelle, L’alouette des blés, le chien d’arrêt, Les plaintes de la tourterelle, La peau de l’ours, le pélican fidèle, Enfin le cordonnier modèle. » Ces appellations burlesques qu’on croirait inventées à plaisir par quelque parodiste en belle humeur, se retrouvent dans le livre de Wagenseil avec le nom de leurs ingénieux inventeurs.
Tous les esprits curieux et actifs seront sur ce point de l’avis de Lessing : « Il y a plus de plaisir à courir le lièvre qu’à le prendre. » La philosophie entretiendra leur activité par son magique et décevant mirage. […] Or, à moins d’admettre l’opinion cartésienne des bêtes machines, qui n’a plus de partisan que je sache, il faut bien reconnaître que les animaux ont leurs sensations, leurs sentiments, leurs désirs, leurs plaisirs et leurs douleurs, leur caractère, tout comme nous ; qu’il y a là un ensemble de faits psychologiques qu’on n’a aucun droit de retrancher de la science. […] Il est certain que l’anatomiste et le physiologiste pourraient passer des siècles à étudier le cerveau et les nerfs sans se douter de ce que c’est qu’un plaisir ou une douleur, s’ils ne les avaient point ressentis.
On ne peut pas oublier ce grouillement quand on l’a vu, ce besoin ardent de jouissance immédiate, ces frémissements de plaisir et cette insouciance du lendemain. […] Personne ne conteste cette situation, et il n’y a d’ailleurs qu’à traverser nos endroits de plaisir (je sais faire les exceptions qui conviennent). […] Mais la création d’une sorte de conseil de surveillance, qui aurait pour mission d’empêcher le plaisir de tomber trop bas et même d’en élever peu à peu la qualité.
Arrivent bientôt les bals masqués, les fêtes, les concerts, les pianos qui chantent, les voix qui roucoulent, la grippe, tous les plaisirs de l’hiver. […] » C’est le mot d’un philosophe ; en l’arrangeant un peu, on pourrait dire aux écrivains de mémoires posthumes : « J’entends, vous aspirez aux honneurs de la calomnie et aux plaisirs de la modération ! […] À peu de chagrins suffisent de modestes plaisirs ; le jeu même avait quelque chose de sérieux, et les nouvelles du monde extérieur, on les savait quelquefois, par les révélations tardives d’une gazette, à six semaines de date. […] Une distraction, une fête, un plaisir, une soirée, un désir d’ami, une belle voix qui chante au piano, une réunion de beaux esprits et de femmes ajustées à ravir, les discours, les causeries, l’ironie et la vie à cinq ou six amis qui, de temps à autre, s’abandonnent au plaisir de faire bonne chère et de boire à petits coups des vins choisis, ces heures légères durant lesquelles il est impossible de vieillir, M. […] Il aimait le village, il aimait principalement le village de Cély ; il en savait les mœurs, les habitudes, les fêtes, les travaux, les plaisirs.
C’était pour les spectateurs un plaisir de se soustraire un instant aux lois de la scène, à peu près comme dans un déguisement burlesque on s’amuse quelquefois à lever le masque28. […] On venait voir la petite comédie, et pour le plaisir de rire de bon cœur pendant quelques instants, on avalait d’un trait l’ennui du grand poème didactico-psychologico-dramatique, que l’on récite encore aujourd’hui tout d’une haleine, sans intermèdes, sans baisser la toile, sans marquer la séparation des actes que par un air d’orchestre interrompu, sans laisser aux spectateurs le temps de sortir pour prendre l’air un peu, acheter L’Entr’acte ou Le Vert-Vert et s’égayer au moins de ces bêtises. […] V Je ne me donnerai pas le plaisir facile d’écraser Molière de l’immense supériorité de Shakespeare. […] Je ne suis pas heureux tant que vous pourriez croire ; Quel diable de plaisir !
ça me fait grand plaisir, ce que vous me dites là… Je suis comme vous. […] Cela devrait monter tout le long de voûtes immenses et se perdre en haut dans la nuit, ainsi que toutes ces têtes se perdent dans l’anonymat… Puis l’agacement de ces Parisiens loustics, un vrai train de plaisir dans un ossuaire, et qui s’amuse à jeter des lazzis dans cette caverne du néant… En regardant tous ces restes, tout ce peuple d’os, je me demandais : Pourquoi ce mensonge d’immortalité, le squelette ? […] Il a ouvert un grand meuble à hauteur d’appui, où se trouve une curieuse collection de livres érotiques, admirablement reliés, et tout en me tendant un Méibomius, Utilité de la flagellation dans les plaisirs de l’amour et du mariage, relié par un des premiers relieurs de Paris avec des fers intérieurs représentant des phallus, des têtes de mort, des instruments de torture, dont il a donné les dessins, il nous dit : « Ah ! […] Physionomie de femme et parole d’homme : là seulement est mon plaisir, mon intérêt.
Vendredi 7 avril Je n’ai eu vraiment cette année qu’une seule satisfaction, qu’un seul plaisir : c’est l’élévation de ce treillage au fond de mon jardin, de ce treillage avec ses chapiteaux tout à fait réussis, et qui doit être dans quelque mois habillé, en son architecture à jour de roses, et de clématites du Japon. […] Il conte que ce dernier était très aimé du baron d’Ivry, qui avait été le compagnon de plaisir du marquis, et quand arriva la vente de ce dernier, avant la mise aux enchères de la collection, les filles du baron voulurent absolument lui offrir un objet, un objet important de la vente, dont elles lui donnèrent le choix. « Eh bien, puisque c’est votre désir, s’écria Wallace, je ne veux que ce petit tableau, et uniquement ce petit tableau…. […] Sa mère qui est à la porte, me dit : « De son lit, il vous a vu traverser la place… entrez donc quelques instants… vous lui ferez un vrai plaisir. » Et tout bas : « Ç’a été bien dur. » — Ah ! […] » Ce cri me fait plaisir, parce que je le vois prêt à n’être plus l’homme des bouquins, mais tourné à bouquiner de l’humanité.
L’éloquence nous donne, par l’improvisation, le plaisir particulier d’assister sympathiquement au travail même de la pensée, à l’élaboration parfois plus ou moins pénible de la phrase, à la naissance de l’idée pétrie dans les mots : c’est ce plaisir royal qu’éprouva Louis XIV à voir sortir du marbre sa propre figure taillée par Coysevox sans ébauche préalable. […] Toute la route semble marcher avec lui… Tout cela défile devant nous joyeusement et s’engouffre sous le portail, en piétinant avec un bruit d’averse. » Toute transposition de sensations cause d’habitude un certain plaisir par elle-même : c’est un moyen d’augmenter l’émotion que d’y faire collaborer à la fois plusieurs centres nerveux. […] Le plaisir que nous donne « ce mouvement des vers qui va en mesure, on peut l’attribuer, selon lui, à ce que, par comparaison, il nous est commode de reconnaître des mots disposés en mètres ».
Assurément, je ne prétends pas. placer Bertrand au-dessus d’Hugo, mais seulement dire que ni Bug-Jargal ni les Burgraves ne m’ont procuré un plaisir aussi complet que Gaspard de la Nuit. […] Mon choix personnel, dicté par mon plaisir et mes goûts, irait surtout à Baudelaire, souvent à Lamartine ou à Vigny ; mon vote est pour Victor Hugo. — Je lui en veux de son gongorisme, de sa brutalité quelquefois maladroite ; je me permets ds penser sa politique au-dessous de la sottise la plus consommée, et je déplore chez lui certains de ces côtés communs que Taine a seuls voulu envisager à l’exclusion des autres ; mais des poèmes comme Booz endormi, les Chevaliers Errants et le Satyre, comme l’Hymne à Pégase dans les Chansons des Rues et des Bois , comme l’Élégie funèbre de Gautier, de telles pièces — choisies entre mille — contiennent un souffle, une vision, une force poétiques dont aucun auteur du xixe siècle n’a doté les lettres françaises. — Hugo — le père Hugo — est un arbre immense, et les autres poètes sont autour de lui comme des fleurs. […] — Choisir un poète entre tous les autres serait se refuser à soi-même, des plaisirs différents, atténuer, de son gré, le bonheur de goûter à tout le lyrisme. […] — Je crois bien que Victor Hugo est, en France, le poète souverain du xixe siècle, et cela au moins autant par réflexion que par enthousiasme. — Mais il n’est pas « toute la poésie du siècle », il s’en faut de beaucoup. — Encore moins en est-il la pensée entière, et l’on ne saurait lui demander les mêmes plaisirs qu’à Ernest Renan où à M.
Que de plaisir pour les friands d’érudition de retrouver au bas des pages tous ces vers d’Homère, de Théocrite, de Mimnerme, de Méléagre, des poëtes anthologiques, tous ces reliefs et toutes ces miettes des antiques festins !
Chez les modernes, il s’est étendu à plaisir sur l’énergique et le parfois sublime d’Aubigné, mais il a sauté de lui jusqu’à Boileau, sans même essayer d’accoster Mathurin Régnier.
On y verra clairement jusqu’où peut aller, en aperçus ingénieux de l’avenir, la philosophie sans la foi, la sagesse sans la religion ; on se demandera quel bonheur il revient au genre humain d’une idée isolée, trouvée une fois lancée dans le monde pour le plus grand plaisir de quelques penseurs, et à laquelle toute une vie d’amour et de dévouement n’a pas été consacrée ; on admirera Lessing ; on saluera en passant, avec bienveillance et respect, la statue de marbre du sage, mais on se jettera en larmes dans les bras de Saint-Simon ; on se hâtera vers l’enceinte infinie où l’humanité nous convie par sa bouche, et où l’on conviera en lui l’humanité ; on courra aux pieds de l’autel aimant et vivant, dont il a posé, et dont il est lui-même la première pierre4.
Deux mois après les Nouvelles lettres de femmes, où j’ai plaisir à reconnaître que le libertinage grossier a disparu par quoi les premières étaient tachées, voilà qu’il nous donne Les Demi-Vierges. « Les Demi-Vierges, centième mille !
Dans le fait, le 4 de mars, dans le moment que l’Europe le croyait le plus occupé des plaisirs du carnaval, il se trouve à la tête des armées de Flandre, commandées par les maréchaux d’Humières et de Luxembourg.
Ni l’or, ni la grandeur ne nous rendent heureux ; Ces deux Divinités n’accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu tranquille ; Des soucis dévorans c’est l’éternel asile ; Véritable Vautour, que le fils de Japhet Représente enchaîné sur son triste sommet.
Que ces reproches soient fondés ou non, on ne pourra se dispenser d’avouer que l’amour, trop souvent introduit dans ses Tragédies, en fait languir l’intérêt aux yeux des Spectateurs, qui préferent le plaisir d’être émus par l’impétuosité des grandes passions, à celui d’être attendris par des passions plus douces.
Mais, à cette heure qu’il y en a pour le moins une petite bibliothèque, je suis presque bien aise qu’elle se grossisse, & prends plaisir à faire un mont-joie des pierres que l’envie m’a jettées sans me faire mal. » Si cet écrivain n’eût toujours refusé de se battre en règle, cette querelle eut été bien plus terrible.
Toutes les fois qu’il eut à parler de Mérope, d’Alzire, de Zaïre, pièces redemandées si souvent au théâtre & toujours nouvelles par le plaisir qu’elles causent, il se répandit en éloges.
Ainsi s’explique une de ces mystérieuses vérités cachées dans les Écritures : en condamnant la femme à enfanter avec douleur, Dieu lui a donné une très grande force contre la peine ; mais en même temps, et en punition de sa faute, il l’a laissée faible contre le plaisir.
Mais de nos jours combien d’hommes, tristes fanfarons de scepticisme, se font un jeu cruel d’ébranler toutes les convictions, « Ubi soliludinem faciunt sapientiam appellant. » Le mot terrible de Tacite suffit à les définir ces artisans de ruines qui ne s’arrêtant devant aucun objet de croyance se gardent bien de ménager le culte du génie : race éternelle des iconoclastes en qui je reconnais ces soldats d’Alarik qui, violents contemplateurs des Phidias et des Praxitèle, trouvaient leurs plus doux plaisirs à décapiter les marbres des dieux.
Ceux qui ont vû representer les opera de Lulli qui sont devenus le plaisir des nations, lorsque Lulli vivoit encore, et quand il enseignoit de vive voix à des acteurs dociles ces choses qui ne sçauroient s’écrire en notes, disent qu’ils y trouvoient une expression qu’ils n’y trouvent plus aujourd’hui.
Les vers qu’on retient avec facilité, qu’on se rappelle avec plaisir, sont ceux dont le mérite ne se borne pas à l’arrangement harmonieux des paroles.
ils cherchent le bonheur, et ils n’aperçoivent point la loi universelle qui, en les éclairant, les rendrait tout à la fois bons et heureux : mais tous s’écartant du beau et du juste, se précipitent chacun vers l’objet qui l’attire ; ils courent à la renommée, à de vils trésors, à des plaisirs qui, en les séduisant, les trompent.
Après cela, le panégyriste peint son héros qui vole sur les bords du Rhin pour combattre les Francs nos aïeux, et il le loue très sérieusement de ce que vainqueur, il a fait servir le carnage des vaincus aux amusements de Rome, de ce qu’il a embelli de leur sang la pompe des spectacles et donné le délicieux plaisir de voir dévorer par les bêtes une multitude innombrable de prisonniers ; de manière que ces malheureux en expirant, dit-il, souffraient encore plus des outrages de leurs vainqueurs, que des morsures des bêtes féroces et de la mort même. » Dans quels siècles de férocité et de bassesse de tels panégyriques ont-ils été écrits ?
Gide découvrira probablement par la suite que ce bohémianisme devient à la longue un peu monotone ; que la variété, comme le bonheur, est en nous ; que ce qui dure est moins décevant après tout que ce qui change et que le premier de ces éléments est nécessaire pour goûter toute la saveur du second : on n’a tout le plaisir du voyage que si au départ on quitte un foyer avec la perspective de le retrouver au retour. […] On a plaisir à savoir que Gide ne renie pas Flaubert, ni Mallarmé. […] On lira, on relira, avec plaisir, les deux volumes de morceaux choisis de M. […] Quoi qu’on en ait, on lit les cinq cents pages bien tassées de ces Faux monnayeurs sinon toujours avec plaisir, du moins avec un intérêt soutenu et même une espèce d’avidité. […] Il expose, en outre, qu’il a dissocié l’amour et le plaisir, dont l’union lui semble une erreur, et peu s’en faut qu’il ne dise une aberration romantique.
Tout ce monde danse pour s’amuser, et presque toutes les femmes sont jolies, et font un ensemble blanc et rose, où il y a des yeux qui brillent de plaisir, des Saint-Esprit sautant sur de rondes gorges, de délicates chevilles et de petites bottines vertes s’échappant de la gaze bouffante des jupes, des cheveux poudrés, légers comme des marabouts, des passequilles de danseuse espagnole, se mêlant dans la contredanse, aux rubans flottants d’une Folie. […] Peindre les souffrances morales, c’est autrement malaisé… Et voulez-vous que je vous dise : le moindre roman psychologique me touche plus que tout votre Homère… Oui, je lis avec plus de plaisir Adolphe que l’Iliade. […] Les grands plaisirs du peuple sont les joies collectives. À mesure que l’individu sort de la plèbe et s’en distingue, il a un plus grand besoin de plaisirs personnels et faits pour lui seul. […] Lundi 17 août Sortant de la solitude de Gretz, nous retombons avec un certain plaisir dans cette parlotte de Magny.
Si ma confession religieuse a intéressé quelques lecteurs, c’est parce qu’ils s’y sont reconnus ; et si ma confession littéraire, plus spéciale, trouve une personne ou deux qui y prennent plaisir, ce sera pour la même raison. […] Loin de ratifier en général leur prédilection pour tel ou tel de leurs écrits, elle semble prendre un plaisir méchant à contredire leur paternelle tendresse, à préférer quelquefois ceux qu’ils estimaient un peu moins, et très souvent à oublier celui sur lequel ils comptaient. […] Un des plaisirs les plus piquants qu’on puisse se donner est de faire ainsi patauger les esprits médiocres à propos d’œuvres qu’on leur a bien persuadé d’avance être belles52. […] Qui donc lit Pindare pour son plaisir, si ce n’est peut-être M. […] On peut multiplier à plaisir ces hypothèses, ces rêveries extraordinairement suggestives pour l’imagination ; seulement il faut prendre bien garde qu’il y en a de tout à fait impossibles, contradictoires et absurdes.
Il est trop volumineux ; mais on s’égare encore avec plaisir dans les détours de ce riant paysage. […] Pour les plaisirs seuls il combat. […] Il témoigna, toutefois, au fameux Arnaud qu’il l’entendrait avec plaisir sur toute autre matiere. […] On envisageait les travaux de l’un avec plaisir, on ne quittait qu’avec regret ceux de l’autre. […] Il nous ouvrit une nouvelle source de plaisirs avantage réservé à bien peu d’Ecrivains.
Le balcon, les loges étaient occupés par des dames en toilette de bal ; l’orchestre, le parterre, par des professeurs, des membres de l’Institut, des journalistes, des étudiants, des curieux, des hommes instruits qui prenaient à l’Athénée plus de plaisir qu’au théâtre. […] Le public suivait avec un vif plaisir et un réel intérêt ces jeunes savants dont la parole était si sûre, si élégante et parfois si indépendante. […] Prenez la préface des Précieuses, sa première pièce faite à Paris, vous y verrez le plaisir, la joie folle de se savoir devenu enfin quelque chose à Paris, Parisien ! […] Observant à la fois son âme, son esprit, son corps, son bonheur domestique détruit, sa situation dépendante, la mort imminente, proche et certaine, il est probable qu’il trouva à ridiculiser les médecins le même genre de plaisir âcre qu’il trouvait à jouer de sa personne les Dandin, les Sosie et les Sganarelle. […] Il s’y rencontre des engagements où le plaisir laisse des remords et la sagesse des regrets.
J’emploie ce mot afin de faire plaisir à M. […] Mais cet amour n’est que le plaisir, auquel nous sacrifions, avec le sérieux de la vie, fortune, santé, et jusqu’à l’espoir même de la famille. […] C’est dans ses vaudevilles et dans ses drames qu’il faut l’étudier, si l’on veut se donner le plaisir de le louer enfin sans réserves. […] Pourquoi se gâter son plaisir ? […] En tout cas, nulle part il n’eût été mieux placé que dans ce Paris, ville des intérêts matériels et du plaisir grossier, mais aussi ville mystique.
Cette atroce pitié d’avare, qui réveillait mille plaisirs au cœur du vieux tonnelier, était pour Nanon sa somme de bonheur. […] Elle eut enfin ce mouvement de plaisir vague, inexplicable, qui enveloppe l’être moral, comme un nuage envelopperait l’être physique. […] Ses traits, les contours de sa tête, que l’expression du plaisir n’avait jamais ni altérés ni fatigués, ressemblaient aux lignes d’horizon si doucement tranchées dans le lointain des lacs tranquilles.
Ce fut avec le visage le plus affable et qui témoignait vraiment la satisfaction de son cœur, qu’il me dit : “Cher Monsignor, vous savez que nous ne recevons jamais personne pour les remercîments, mais nous avons voulu vous recevoir contre l’habitude, malgré cette journée si occupée, et quoique notre dîner soit servi, afin d’avoir le plaisir de vous dire nous-même ceci : En ne vous comprenant pas dans la dernière promotion, parce que nous avons été contraint d’attribuer à un autre le poste qui vous était destiné, nous avons éprouvé autant de tristesse que nous goûtons de joie à nous trouver en état de vous offrir de suite la charge de votante di segnatura maintenant vacante. […] Je surmontai avec peine la crainte que me causait mon entrée dans un salon où je n’étais pas vu avec trop de plaisir et non sans motif, car les proches du Pape avaient désiré et sollicité l’auditorat de Rote pour Mgr Serlupi, leur parent. […] Le plaisir infini qu’il en ressentit n’égala pas son étonnement et en même temps sa crainte très fondée que les choses n’arrivassent pas à bon terme, tant lui semblaient insurmontables les obstacles extrinsèques contre Chiaramonti.
Dans le silence de dix ans, imposé par l’homme du Deux-Décembre aux écrivains indépendants, ce qui est encouragé par le nouveau souverain et par la société positive et affamée de plaisir, qu’il représente sur le trône, c’est la presse à commérages et à scandales, c’est le roman sensuel ou purement romanesque, ce sont les fantaisies frivoles ou pimentées d’un dilettantisme indifférent à tout, sauf au succès et aux questions de forme. […] C’est l’intrusion de l’argot des rues, du parler gras de l’atelier ou du cabaret là où ils n’ont que faire ; c’est le puéril plaisir pris par certains à choquer par bravade la bégueulerie des raffinés ; c’est la crudité des termes recherchée par esprit de contradiction ; c’est le mot propre apprécié surtout quand il a le mérite d’être malpropre. […] Il est trop évident que parfois elle a ressemblé à une invasion de la barbarie ; que certains écrivains ont peint de parti pris, sous couleur de mœurs populaires, des mœurs populacières, et entassé à plaisir les laideurs, les vulgarités, les brutalités.
L’extraordinaire sentiment qu’il avait de lui-même, se joignant à la superbe fierté de son caractère, lui donna, pour toujours, le désir de s’opposer aux frivoles dispositions musicales de ses contemporains, épris, surtout, des plaisirs. […] Il n’y avait plus même dans le monde aucun objet capable de lui donner cette illusion, volage, mais charmante, qui pouvait encore faire sortir Mozart de son univers intérieur, à la poursuite d’un plaisir externe. […] Voici que la surdité complète est venue : elle l’a privé même du plaisir qu’il éprouvait à écouter les exécutions musicales et cependant, nous n’entendons aucune plainte vive s’élever de lui.
Ce mouvement et cette instabilité produisent en nous une première impression de plaisir ou de terreur. — Émotion ! […] La difficulté vaincue, qui n’est plaisir que pour les esprits plus géomètres qu’enthousiastes, n’est pas plaisir pour l’ignorant.
» Quoi qu’il en soit, cette mélopée religieuse et populaire, qui remplaçait pour les affiliés du christianisme tant d’autres plaisirs de l’imagination, tant d’autres attraits des yeux et du cœur, dut avoir une grande puissance dans l’Église et dans la famille. […] « Il m’ennuie », dit le poëte, naguère amoureux des nobles plaisirs, « il m’ennuie de cette vie terrestre. […] Accorde-moi des ans fortunés, jusqu’aux derniers plaisirs de la vieillesse, en faisant croître en moi la prudence avec la santé.
Il y en a qui sont tout l’opposé ; un vrai philosophe de nos jours, Maine de Biran, qui avait vu la Révolution et l’Empire, n’avait de plaisir que quand il se tournait en dedans et qu’il regardait en lui-même comme dans un puits. […] — Dans l’âge suivant, au xve siècle, dit Gray à la suite du passage que j’ai précédemment cité, je vois que Froissart était lu avec grand plaisir par tous ceux qui savaient lire, et sur le même pied que le Roi Arthur, Sire Tristram et l’Archevêque Turpin ; non pas qu’on le prît pour un romancier auteur de fables, mais bien parce qu’on les prenait, eux tous, pour de vrais et authentiques historiens ; tant il était alors de peu de conséquence pour un homme, de se mettre en peine d’écrire la vérité !
Ceux qui étaient auprès du roi, ou pour faire plaisir au marquis de Villars, ou pour approcher de la vérité, estimaient que cette dépense pouvait monter à quarante ou cinquante mille livres. « Messieurs, leur dit-il, il ne m’en a pas coûté une pistole. » Le roi, surpris de la réponse, lui en demanda l’explication. « Sire, répondit Villars, pour être magnifique, il faut être économe et se servir de son esprit. » Le courtisan ne savait à quoi ce préliminaire allait conduire, lorsque Villars ajouta : « Sire, lorsque mon équipage est parti, la réforme de votre cavalerie se faisait. […] l’essentiel, pour eux, est de savoir si c’est bien Villars qui a gagné la bataille, si ce ne serait pas un autre, si on ne peut lui en ôter l’honneur ; et quel plaisir alors, quel triomphe de l’humilier !
Plus il sent le prix du bonheur, moins il croit que sa maîtresse puisse le lui facilement accorder ; d’ailleurs, peut-être se livre-t-il trop entièrement à son plaisir, et craint-il de n’en point donner. […] il n’était pas encore le grand homme que nous savons ; il vint un matin chez moi et me dit : “ Mon cher ami, il faut que vous me fassiez le plaisir d’accepter de moi quelque chose… ” Je m’excusais, il insista. — “ A la bonne heure, ” lui dis-je… — “ Il faut, ajouta-t-il, que vous acceptiez mon cheval arabe… ” — “ Un cheval arabe !
Crinet de la Coucaratcha, dans le Juge de Deleytar 55, il a poussé un peu loin la pointe, il a grossoyé et charbonné à plaisir la raillerie ; mais l’entretien certes n’y manque pas. […] L’intérieur politique du règne est là ; on y suit et on y admire cette constante application aux affaires, du sein des pompes et des plaisirs.
La critique d’un écrivain sous notre plume court toujours risque de devenir une légère dissection anatomique, et, à l’égard des vivants de notre connaissance, quand ce n’est pas avec un extrême plaisir que nous abordons le portrait, c’est certainement à regret que nous nous y mettons. […] Nisard donne tout l’avantage à Boileau, et parce que Perse oppose à l’Avarice qui pousse le marchand en Asie, Luxuria, la Volupté, ou plutôt ici l’amour du luxe et des aises et du bien-être, le critique chicane Perse sur cette Volupté qui empêche le marchand de partir : « Est-ce bien le plaisir, dit-il, qui fait hésiter le marchand anglais qui va s’embarquer pour Canton ?
Je n’ai donc point inventé à plaisir une personnalité : elle était dans les paroles de M. de Ségur. […] C’est un livre de morale, de satire austère, puritaine, presque farouche, contre les corruptions, contre les dépravations, contre les plaisirs ; mais dans ce livre, M.
Car il est justement l’œuvre de ce public nouveau que forment alors le nouveau régime et les nouvelles mœurs : je veux dire de l’aristocratie désœuvrée par la monarchie envahissante, des gens bien nés, bien élevés, qui, écartés de l’action, se rejettent vers la conversation et occupent leur loisir à goûter tous les plaisirs sérieux ou délicats de l’esprit348. […] Regardez dans Homère, puis dans Fénelon, l’île de Calypso : l’île rocheuse, sauvage, où nichent les mouettes et les autres oiseaux de mer aux longues ailes », devient dans la belle prose française un parc quelconque arrangé « pour le plaisir des yeux ».
Le plaisir qu’ils eurent d’abord à se rencontrer fut encore augmenté par l’arrivée de Leo Battista Alberti, qui, en revenant de Rome, avait rencontré Marsile Ficino, et l’avait engagé à passer avec lui le temps des chaleurs de l’automne dans la retraite délicieuse de Camaldoli. […] La cérémonie était commencée quand François Pazzi et Bandini, voyant que l’une des principales victimes, Julien, était en retard et manquait au sacrifice, allèrent au-devant de lui pour presser sa marche, et l’ayant trouvé en chemin, affectèrent l’enjouement et la familiarité d’anciens compagnons de plaisirs, pour le prier de se rendre à l’église et pour tâter, en l’embrassant, s’il n’avait point de cuirasse sous ses habits ; ils badinèrent même avec lui en entrant dans l’église, pour prévenir tout soupçon et l’empêcher de songer à revenir sur ses pas.
Le fondement du plaisir ; que procurent ces pièces, c’est qu’elles évoquent pour l’auditeur l’image des choses familières : elles utilisent la vie réelle en jouissances d’art, et portent vilains ou bourgeois à la contemplation désintéressée du monde vulgaire où leur existence de désirs et de peines est enclose. […] Mais il n’est pas de ces épicuriens qui poursuivent le plaisir, et bénissent toutes les sources dont il sort.
Mais aussi ceux qui les aiment y trouvent un plaisir d’autant plus grand qu’il leur paraît plus méritoire. […] Ce plaisir si rare et si noble, le plus pauvre desservant peut sans doute le goûter ; mais on connaît, d’autre part, l’état de sujétion absolue où les prêtres sont tenus par leurs évêques.
C’est d’une prouesse de style et d’un pittoresque qui font passer en moi de petits frissons de plaisir. […] Si miraculeusement versifié qu’il soit et quelque plaisir qu’il nous donne à la, lecture, ce n’est pas le théâtre de Victor Hugo qui peut justifier ces honneurs extraordinaires.
Le plaisir que m’a procuré celle-ci toutefois et mille fois, émise en conversation, résulte du haut-le-corps, chez des amis hommes de grande administration ou d’État, en conséquence, aguerris, qui s’impose comme immédiat acquiescement à une vérité évidente, dont le hasard fit que personne ne s’occupât encore. […] Incontinent écarter cependant, sous un prétexte, le leurre, accuserait notre inconséquence, niant le plaisir que nous voulons prendre : car cet au-delà en est l’agent, et le moteur dirais-je si je ne répugnais à opérer, en public, le démontage impie de la fiction et conséquemment du mécanisme littéraire, pour étaler la pièce principale ou rien.
Il suffit de mêler à la pensée religieuse quelque souvenir éloigné et comme épuré des plaisirs qui nous viennent par les sens, dans la contemplation ou dans l’usage des choses de la nature. […] Un nouveau style vient ajouter aux plaisirs qui nous viennent des choses de l’esprit.
« Tu es boiteux, s’écrie l’un, et Ernaut est manchot : l’un sera portier, l’autre guetteur. » L’ennemi tué, c’est pour eux un plaisir exquis de plonger leur épée dans sa cervelle. […] Corneille est le contemporain des jansénistes de la première heure qui sacrifient sans hésiter les plaisirs du monde et les affections les plus légitimes au désir de vivre en communion avec Dieu, qui prêchent et pratiquent les préceptes les plus sévères.
En tout, on le trouverait de la race des L’Hôpital, des Jérôme Bignon, des Vauban, des Catinat, ou même des Fénelon (c’est plaisir d’appareiller de tels noms au sien), plutôt que de celle des encyclopédistes novateurs. […] [NdA] Autre trait de nature : il aimait les enfants ; une personne aimable et distinguée, après avoir lu cet article dans Le Constitutionnel, me fait l’honneur de m’écrire quelques-uns des souvenirs que réveille en elle cette lecture : Je me rappelle qu’un jour ce noble vieillard tenant par la main une petite fille de cinq ans, et se promenant, avec elle dans les jardins de Malesherbes, lui proposa de jouer à la cachette, et que cette petite fille croyait que son vieil ami y prenait autant de plaisir qu’elle-même.
On croit voir aux murs, sur les meubles, l’ombre et la trace d’un enlèvement, d’un monsieur avec sa maîtresse : l’oreiller ne semble avoir gardé que le moule du plaisir. […] ” » Là-dessus il nous parle de Sœur Philomène, disant que seules ont de la valeur, les œuvres venant de l’étude de la nature, qu’il a un goût très médiocre pour la fantaisie pure, qu’il prend peu de plaisir aux jolis contes d’Hamilton ; qu’au reste, cet idéal dont on parle tant, il n’est pas bien sûr que les anciens s’en soient préoccupés, qu’il croit au contraire que leurs œuvres étaient des œuvres de réalité, — que peut-être seulement ils travaillaient d’après une réalité plus belle que la nôtre.
L’un aimait à se replier sur lui-même et à surprendre dans l’intimité de la conscience les différences les plus subtiles des faits intérieurs ; l’autre portait un regard non moins attentif sur les faits du dehors : il les démêlait avec le même plaisir, avec la même finesse, avec la même sincérité. Dans le plaisir de la recherche, ils oubliaient la passion qui les avait inspirés.
Cependant, La Fontaine admet, et semble admettre avec beaucoup de complaisance et de plaisir, la notion de la Providence. […] Très directement encore, comme dans les Souhaits, plus directement encore dans le prologue de Philémon et Baucis, il s’exprime ainsi : Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux : Ces deux divinités n’accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu tranquille ; Des soucis dévorants c’est l’éternel asile ; ………………………………………………… L’humble toit est exempt d’un tribut si funeste ; Le sage y vit en paix et méprise le reste : Content de ses douceurs, errant parmi les bois, Il regarde à ses pieds les favoris des rois ; Il lit au front de ceux qu’un vain luxe environne, Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne.
Nous travaillons pour que plus tard il n’y ait plus nulle part de ces empereurs ou de ces rois qui font tuer le monde pour leur plaisir. […] Mais qu’elle soit bénie, cette animosité, si elle donnait du plaisir et du réconfort, si elle servait de tonique au vaillant que je salue avec une parfaite amitié.
je préfère parler au nom du sentiment de la morale et du plaisir. […] Il croit que la nature doit être corrigée, amendée ; que la tricherie heureuse, agréable, faite en vue du plaisir des yeux, est non seulement un droit, mais un devoir.
N’est-ce pas les rapetisser, que d’en faire le bien de quelques privilégiés, un amusement de mandarins, un plaisir de raffinés ? […] L’orgue a-t-il été inventé pour l’unique plaisir des riches, ou n’est-il pas plutôt la preuve d’un effort de génie, pour assembler tous les instruments sous les doigts d’un seul homme et les faire entendre à des foules ignorantes, et, d’autre part, peut-on douter que l’âme de ces foules en ait été embellie et réjouie ?
Il n’offre pas seulement ces descriptions terrestres d’une autre vie, communes à la poésie grecque, ces plaisirs de l’Élysée semblables aux chasses, que se figure le sauvage dans le séjour des âmes. […] C’est la perfection de la béatitude spirituelle, dans la souveraine intelligence ; ce sont ces incomparables joies, dont le philosophe voyait, ose-t-il dire, comme une image ici-bas dans les ravissants plaisirs de la pensée savante16.
Un philosophe éloquent du dernier siècle a voulu surprendre et décrire l’entrée du premier homme dans la vie, son action instinctive, l’éveil de ses sensations, et ce qu’il nomme les plaisirs de sa grande et noble existence. Mais ces plaisirs, un peu longuement analysés par Buffon, sont tous de l’ordre physique : la perception de la lumière, le mouvement, le toucher, la satisfaction de l’odorat et du goût.
Je crois bien que si, à de certains moments, on avait été dire en pleine Memphis, en pleine Rome, en pleine Athènes, à la face de ces civilisations jusqu’alors incomparables : « Vous mourrez, et d’autres, en d’autres lieux, succéderont à votre gloire, à vos plaisirs, à vos lumières », je crois bien qu’on eût été mal venu, médiocrement écouté, et sifflé, sinon lapidé d’importance.
Je la regarde, je ne fais guère que la regarder, mais j’y prends plaisir, je l’avoue ; j’aime à la voir près de moi, à la promener un jour de soleil, et en la voyant là riante, qu’est-ce autre chose ?
Durant son long règne énervé, il a accumulé comme à plaisir, pour les léguer à sa race, tous les malheurs.
C’est un plaisir singulier de l’entendre librement discourir sur tout ce qu’il voit et ce qu’il sent, avec abandon, naïveté, complaisance, et quelquefois, s’il en a le temps, et si le caprice lui vient, avec art et curiosité.
dites que c’est là le trait distinctif de la littérature de ce temps, et plus d’un écrivain qu’on lit non sans plaisir et qui vous paraît facile, vous avouera, s’il l’ose, qu’il corrige, qu’il rature et qu’il recopie beaucoup.
Béranger, le poète, me disait un jour qu’une fois que les hommes, les grands hommes vivants, étaient faits types et statues (et il m’en citait quelques-uns), il fallait bien se garder de les briser, de les rabaisser pour le plaisir de les trouver plus ressemblants dans le détail ; car, même en ne ressemblant pas exactement à la personne réelle, ces statues consacrées et meilleures deviennent une noble image de plus offerte à l’admiration des hommes.
Quant à leur propre doctrine à eux, la voici : Laissons-nous aller, disent-ils avec Molière, laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnements pour nous empêcher d’avoir du plaisir.
Coignard tempère son scepticisme par un sens très vif des plaisirs que ce très bas monde nous donne, au jour la nuit, et par une foi irraisonnée à l’égard des dogmes de la religion catholique.
Il l’étendit même à toutes les vanités et à tous les plaisirs qui peuvent entrer dans l’existence d’une nation.
Mes arrière-neveux me devront cet ombrage : Hé bien, défendez-vous au sage De se donner des soins pour le plaisir d’autrui ?
Toutefois quand le temps, qui détrompe sans cesse, Pour moi des passions détruira les erreurs, Et leurs plaisirs trop courts souvent mêlés de pleurs, Quand mon cœur nourrira quelque peine secrète, Dans ces moments plus doux, et si chers au poète, Où, fatigué du monde, il veut, libre du moins, Et jouir de lui-même, et rêver sans témoins, Alors je reviendrai, solitude tranquille, Oublier dans ton sein les ennuis de la ville, Et retrouver encor, sous ces lambris déserts Les mêmes sentiments retracés dans ces vers.
Le peintre a très-bien conservé à chacun des assistans son caractere propre ; mais sur tout l’on voit avec plaisir le genre d’étonnement des suisses du pape, qui regardent le miracle du bas du tableau où Raphaël les a placez.
Les lecteurs retrouvent avec plaisir, sous une nouvelle forme, la pensée qui leur plût autrefois en latin.
chose capitale ès royaumes de France et de Navarre, où la noblesse devait danser pour le plaisir du roi, comme elle devait monter à cheval et se battre, et même mourir pour son service !
Vitu vient d’en ramasser, avec tant d’à-propos, quelques-uns, en ces pages tout à la fois corsées et légères, d’une érudition si peu attendue et si exacte, qu’il nous ferait grandement plaisir de les ramasser tous et d’entreprendre, à ce point de vue nouveau du ridicule, une histoire de la Révolution française.
Sa poésie donnerait peut-être un grand plaisir à M.
Ils font plaisir comme de vieux souvenirs.
À travers la fumée des usines et des locomotives, j’ai entrevu, pour les curiosités du savoir, quelques antiquités sur les bords de l’Ohio et sur le plateau mexicain ; pour les plaisirs de l’imagination, une poétique nature, la chute du Niagara, les palmiers des Tropiques. » Chateaubriand nous en avait donné quelque idée… N’importe !
On vit plus d’une fois ce genre de fermeté dans des âmes amollies par les plaisirs.
« C’est la loi donnée de Dieu à notre fragile nature, que ce plaisir qui guérit et tempère la souffrance.
Il a le plaisir de voyager en compagnie d’une autre, une belle Corfiote, dont il dit beaucoup de bien à ses oncle et tante, et qui ressemble tout à fait, paraît-il, à la Corinne du roman. […] Exiges-tu que sans me plaindre, Ignorant toujours le plaisir, Je laisse au fond du cœur s’éteindre L’ardeur folâtre du désir ? […] Restait une dame de Warens, une veuve, qui, par libre consentement, par affection, par attachement ou dévouement, ou par plaisir, m’octroyât le don d’amoureuse merci, et me délivrât du fantôme de la volupté sans m’avilir et sans m’humilier. […] je suis stupéfait de l’insignifiance relative de ce plaisir dont on fait tant de bruit. […] Le Journal d’Amiel nous dit son plaisir de vivre, une nuit, — l’une des rares qu’il passe à Paris, — où il sort de l’Opéra.
On le revoit toujours avec plaisir, ce type du fils vengeur, en bois ou en carton. […] Si l’on ne se jetait pas ses préférences à la tête, où serait le plaisir, pour les juges et pour les lecteurs ? […] Je me donne le simple plaisir de prévoir un mouvement, quitte à me tromper. […] Sur cette pente, d’ailleurs, on irait vite à l’exhibition, au plaisir grossier des yeux. […] Voilà ce que M. de Lapommeraye a établi, et il ne pouvait me faire un plus vif plaisir.
Mounet, ait fait vraiment plaisir est M. […] C’était un plaisir. […] Vous n’aurez pas souvent dans votre existence un plaisir pareil. […] Le plaisir de vous sacrifier, pour faire la stoïcienne, vaut bien que vous fassiez le sacrifice. […] Pour mon compte, j’y ai pris plus de plaisir que la première fois.
Que l’artiste imagine ce qui lui convient, tout en restant normal, selon sa fantaisie heureuse et pour le seul plaisir d’imaginer ! […] Plus de tourments que de plaisirs l’emportent. […] Et l’on ne détruit pas pour le plaisir de renverser les choses, de danser sur les ruines, comme on dansera bientôt aux flambeaux sur les décombres de la Bastille. […] Quelque plaisir, quelque poésie qu’éprouve l’esprit à posséder la vérité pour elle-même, nous ne pouvons accorder que ce soit là le but de nos recherches. […] Nous ne sommes pas libres d’aller là où nous inventons ; de disposer de nous-mêmes selon notre bon plaisir.
Parmi ces abbés du continent qui s’installent en Angleterre, tel établit une bibliothèque ; un autre, fondateur d’une école, fait représenter à ses écoliers « le jeu de sainte Catherine » ; un autre écrit en latin poli des épigrammes « aiguisées comme celles de Martial. » Ce sont là les plaisirs d’une race intelligente, avide d’idées, d’esprit dispos et flexible, dont la pensée nette n’est point offusquée comme celle des têtes saxonnes par les hallucinations de l’ivresse et par les fumées de l’estomac vorace et rempli. […] Le tournoi lui-même n’est qu’une cérémonie, un peu brutale, à la vérité, puisqu’il s’agit de casser des bras et des jambes, mais brillante et française ; faire parade d’adresse et de courage, étaler la magnificence de ses habits et de ses armes, être applaudi et plaire aux dames, de tels sentiments indiquent des hommes plus sociables, plus soumis à l’opinion, moins concentrés dans la passion personnelle, exempts de l’inspiration lyrique et de l’exaltation sauvage, doués d’un autre génie, puisqu’ils sont enclins à d’autres plaisirs. […] Ce plaisir ne ressemble en rien à la joie physique qui est méprisable parce qu’elle est grossière ; au contraire, il aiguise l’intelligence, et fait découvrir mainte idée fine pu scabreuse ; les fabliaux sont remplis de vérités sur l’homme et encore plus sur la femme, sur les basses conditions et encore plus sur les hautes ; c’est une manière de philosopher à la dérobée et hardiment, en dépit des conventions et contre les puissances. […] C’est à ce moment, comme aussi en France sous Louis d’Orléans et les ducs de Bourgogne, que s’épanouit la plus élégante fleur de cette civilisation romanesque, dépourvue de bon sens, livrée à la passion, tournée vers le plaisir, immorale et brillante, et qui, comme ses voisines d’Italie et de Provence, faute de sérieux, ne put durer. […] » Et les pourritures arrivent, les pustules, les pestes, les douleurs perçantes : la Mort accourt, « brisant tout en poussière, — rois et chevaliers, empereurs et papes. — Maint seigneur qui vivait pour le plaisir, cria haut, — mainte aimable dame, et maîtresse de chevaliers, — pâma et mourut dolente par les dents de la Mort166. » Ce sont là des entassements de misères pareils à ceux que Milton a étalés dans sa vision de la vie humaine167 ; ce sont là les tragiques peintures et les émotions dans lesquelles se complairont les réformateurs ; il y a tel discours de Knox aux dames galantes de Marie Stuart, qui arrache aussi brutalement la parure du cadavre humain pour en montrer l’ignominie.
À propos de ces rides, je disais que la figure était comme un calepin de nos chagrins, de nos excès, de nos plaisirs, et que chacun d’eux y laisse, comme écrite sa marque. […] Jeudi 4 avril J’ai toujours un plaisir, où il y a un peu d’émotion, à la réception des premières épreuves d’un livre. […] c’est un plaisir de trouver dans ce volume de Flaubert, ces colères, ces indignations qui se disent, qui se crient, qui se gueulent, selon son expression, dans la conversation, mais qui n’arrivent presque jamais au public par l’impression. […] C’était pour moi un plaisir d’entendre le bruissement de sa marche dans les bordures de lierre, puis de voir son déboulement joyeux et gaminant sur le sable des allées, sa promenade hésitante autour de moi, puis son en allée à l’assiette d’os, qu’il suçait avec le bruit d’un cure-dent dans les dents d’un gourmand asthmatique. […] Et malgré moi, je suis touché, et je sens qu’à travers l’abominable jalousie qu’il a eue de moi, toute sa vie, une vieille habitude, un restant tendre de notre acoquinement artistique dans le passé, enfin le plaisir de causer avec moi du Japon, triomphe de cette jalousie, et le fait, par les moments tristes de sa vie, presque aimant de ma personne.
Insensible à ces vers, le bourgeois doit être plaint : il est privé d’un plaisir d’art intense. […] Tous deux servent l’espèce ; et ils la servent sans s’en douter, pour se faire plaisir à eux-mêmes. […] J’éprouve d’autant plus de plaisir à signaler sa haute valeur que M. […] À le lire, on goûte un plaisir cérébral violent, une véritable griserie de pensée. […] J’ai eu plaisir à les transcrire parce que cela me fut une occasion de feuilleter une fois de plus le livre de M.
Fut un voisin commode, Et, modèle des potentats, Prit le plaisir pour code. […] Sans plus songer à la gloire, Dormons au sein des plaisirs. […] Mais le plaisir à ma philosophie Révèle assez des cieux intelligents. […] Ces dissertations étaient en général mêlées d’anecdotes qui les rendaient vivantes. « Voilà, me disait-il, ce que je conseillais à mon ami Laffitte ; voilà ce que je confiais à Manuel, l’homme que j’ai le plus aimé parce qu’il a été, selon moi, le plus désintéressé, le plus calomnié et le plus salarié d’ingratitude ; voilà ce que j’essayais de faire comprendre à Chateaubriand, que j’aimais par admiration littéraire et dont j’avais eu la niaiserie de prendre l’amitié au sérieux, lui qui n’aimait de moi que son plaisir et ma popularité ; voilà ce que je répétais vainement à ce grand enfant de Lamennais, qui voyait partout des trappes et des traîtres de mélodrame !
Félix Arvers, qui n’a pas toujours visé très-haut dans l’art, qui n’a pas réalisé toutes les espérances qu’avaient fait naître ses brillants débuts, ses succès universitaires, qui s’est un peu dispersé dans les petits théâtres et dans les plaisirs, a eu dans sa vie une bonne fortune ; il a éprouvé une fois un sentiment vrai, délicat, profond, et il l’a exprimé dans un sonnet adorable.
Nous autres, greffiers des plaisirs publics, disait Fiorentino… Or un greffier note tout, enregistre tout.
Les talents surtout sont jamais été plus nombreux ; c’est un devoir de la critique de ne pas se lasser à les compter, et d’en tirer avec soin et plaisir tout ce qui s’y distingue et qui s’en détache… Romantisme, humanitarisme, ce sont là des formes de passions et comme de maladies, que les jeunes talents doivent presque nécessairement traverser ; ils deviennent d’autant plus mûrs qu’ils s’en dégagent plus complétement.
La forme dans laquelle il a reproduit et comme enchâssé à plaisir ces images, ces comparaisons pastorales, est sans doute ravissante de douceur et d’harmonie, et c’est là ce qui a fait la fortune des Bucoliques.
Si l’âme ne faillit pas, on trouve dans un premier combat un plaisir qui va jusqu’à l’enivrement.
Jouffroy d’être sorti enfin de tout le passé dans lequel il se plongeait pour l’explorer, l’inventorier à plaisir, sans jamais rien en tirer de vivant pour l’avenir de l’humanité.
Athènes enfin n’est pas si anéantie qu’on s’en vante là-bas : elle existe, je ne dis pas à l’Académie tous les jours, ni dans le gros des journaux ; mais, bien qu’éparse, c’est un plaisir de plus de la savoir là et de la retrouver.
Peut-être aussi que la principale cause du grand plaisir attaché à cette lecture, c’est l’admiration qu’on éprouve pour la liberté d’un pays où l’on pouvait attaquer ainsi les ministres et le roi lui-même, sans que le repos et l’organisation sociale en souffrissent, sans que les dépositaires de la puissance publique eussent le droit de se soustraire à la plus véhémente expression de la censure individuelle.
On s’est trop accoutumé à penser que les hommes du peuple bornaient leur ambition à la possession des biens physiques ; on les a vus passionnément attachés à la révolution, parce qu’elle leur donnait le plaisir de connaître les affaires, d’influer sur elles, de s’occuper de leurs succès ; toutes ces passions des hommes oisifs ont été découvertes par ceux qui n’avaient connu que le besoin du travail et le prix de son salaire : mais lorsque l’établissement d’un gouvernement quelconque, fait rentrer nécessairement les trois quarts de la société dans les occupations qui chaque jour assurent la subsistance du lendemain, lorsque le bouleversement d’une révolution n’offrira plus à chaque homme la chance d’obtenir tous les biens que l’opinion et l’industrie ont entassé depuis des siècles dans un Empire de vingt-cinq millions d’hommes ; quel trésor pourra-t-on ouvrir à l’espérance, qui se proportionne, comme la foi religieuse, aux désirs de tous ceux qui veulent y puiser ?
Quand Goethe déclare que « Klopstock n’avait aucun goût, aucune disposition pour voir, saisir le monde sensible, et dessiner les caractères », quand il trouve ridicule cette ode où le poète suppose une course entre la Muse allemande et la Muse britannique, quand il ne peut supporter « l’image qu’offrent ces deux jeunes filles courant à l’envie à toutes jambes et les pieds dans la poussière » : à ce moment-là Goethe est moins content, moins heureux, il jouit moins du plaisir de vivre, du bonheur de sentir que madame de Staël, qui traduit avec enthousiasme cette même ode, et déclare fort heureux tout ce que Goethe trouve ridicule.
Chacun pouvait retrouver en ce spectacle les emblèmes de propres pensées secrètement enfouies, d’espoirs, de désillusions et de rêves, et tous ceux qui sont « affligés d’âme » écoutaient en silence cette étrange symphonie, évoquant, dans un décor presque quelconque, les symboles qui convenaient à leur bon plaisir.
Le roi parut prendre tant de plaisir à cette entrée, que Dominique la fit durer le plus longtemps qu’il lui fut possible, et il s’y échauffa tellement, que, n’ayant pu changer de linge au sortir du théâtre (parce qu’il lui fallut exécuter son rôle tout de suite), il lui survint un gros rhume qui se tourna en fluxion de poitrine.
Les accessoires de la vie y sont insignifiants auprès du plaisir de vivre.
Tel est le caractere général de ses Satires, où la simplicité, le naturel, la fécondité, l’imagination, la variété des pensées & des tours, prêtent un secours mutuel, & procurent à l’esprit de nouvelles lumieres & de nouveaux plaisirs.
avant ce jour qui perdit nos neveux, Tous les plaisirs couroient au devant de ses vœux.
La date de la fabrication de l’objet, 1683, si elle est juste, — l’exécution du prince d’Akô ayant eu lieu en 1690, — semblerait indiquer que la petite écritoire fut exécutée, avant que Otaka fût ronin et marchand d’objets de bambou, mais ainsi qu’au Japon, les gens, qui ne font pas profession d’être artistes, sculptent des netzkés pour leur plaisir.
Qui, plaisir, lieu, moment, tout est présent pour moi.
Outre ses livres d’histoire, qui sont entre les mains de tout le monde, & qui pourtant ne doivent pas le faire comparer, comme on a fait, à Thucydide, nous avons de lui des poësies qu’on lit avec plaisir.
Il avait le plus grand talent pour les négociations, comme on le voit dans les mémoires de Dalrimple imprimés de nos jours ; mais de son temps, il ne passait que pour un homme de beaucoup d’esprit et un homme de plaisir.
M. le Chevalier d’Arcq a publié ensuite Mes loisirs, qu’on a lus avec plaisir ; ce sont les loisirs d’un homme d’esprit & d’un philosophe aimable.
Et encore, Byron et nous, nous n’y avons perdu, lui, que du génie, dont il y a assez dans ses œuvres pour lui faire une gloire immortelle, et nous, que des plaisirs, chers à l’épicuréisme de nos esprits.
Seul, le malheureux Pierre Saliat, le savoureux traducteur d’Hérodote que ce friand de Montaigne lisait dans sa bibliothèque en se pourléchant de plaisir, n’avait rien eu.
Les mots de Ninon sont trop connus, ses lettres authentiques et les livres qui nous parlent d’elle ne sont point des manuscrits grecs, confiés à des savants qui meurent (peut-être du plaisir de les lire), et qui ne se retrouvent plus.
car si cette monarchie des adultères de Louis XIV et de Louis XV pouvait encore être sauvée, c’était par cette enfant qui faisait entrer le naturel à Versailles, et qui avait compris que pour être la maîtresse triomphante, comme elle était la femme légitime et la Reine, il fallait d’abord chasser l’étiquette et humaniser le plaisir !
Elles n’empêcheront pas le plaisir qu’on prendra à ce livre attachant, qu’on lira en wagon, et ailleurs.
car si cette monarchie des adultères de Louis XIV et de Louis XV pouvait encore être sauvée, c’était par cette enfant qui faisait entrer le naturel à Versailles, et qui avait compris que, pour être la maîtresse triomphante, comme elle était la femme légitime et la reine, il fallait d’abord chasser l’étiquette et humaniser le plaisir !
S’il y a des titres, en effet, qui peuvent pousser comme des fleurs d’esprit dans les plus pauvres cervelles, il y en a d’autres qui ne sont que les fausses fleurs de la Spéculation ou de la Vanité… Je puis très bien pardonner à l’auteur d’un mauvais livre, quel qu’il soit, de m’avoir pipé avec le sien et de m’avoir fait avaler un méchant ouvrage caché sous un titre alliciant et qui s’adressait à ma friandise intellectuelle, mais il m’est impossible de pardonner à un éditeur — et par là je n’entends point le libraire — qui publie des Correspondances inédites et trompeuses sous des noms qu’on aime et auxquels la plus sympathique curiosité s’attache, et cela uniquement pour l’égoïste plaisir de camper son nom sous ces noms célèbres et d’avoir tripoté un livre de plus !
Le Génie de la Comédie qui la visait déjà avant qu’elle fût née l’avait fait naître, en carnaval, dans une petite ville qui aimait le plaisir, et le baptême était si pressé que le curé, qui s’était déguisé en Arlequin et son vicaire en Gilles, baptisèrent l’enfant sans changer de costumes.
Gérard n’était pas, de sa nature, assez fort pour avoir le goût de cette volupté amère de la solitude, le plus fier plaisir des âmes fortes.
Ces jeunes gens qui ne croient, comme on dit, ni à Dieu ni à Diable, et qui font des vers dans le genre de ceux-ci, lesquels d’ailleurs, sont beaux, à deux taches près : Les dieux et les héros ne sont plus de ce temps ; Et, désormais fermés aux grandes espérances, Nous vivons trop nos deuils, nos plaisirs, nos souffrances, Pour sonder du regard les cieux inquiétants.
Je veux rapprocher deux hommes placés dans des milieux différents sur lesquels ils ont influé, chacun à sa manière, et qui ont même participé à la création de ce milieu ; je veux simplement mettre en regard deux organisations analogues, supérieures toutes deux par une délicatesse exquise et une très grande force, — une force qui donne d’autant plus de plaisir qu’elle est cachée sous la grâce et sous l’harmonie.
Tout cela cependant fait un plaisir extrême !
Il y en a d’effrayantes qui font des peurs, de touchantes qui font des larmes, mais toutes font plaisir, même les imparfaites.
Nous avons donc eu dans ces Contes, au prix d’un plaisir, deux leçons : la leçon morale que doit aux enfants tout conteur, et qui est le pain de la confiture, disait Bernardin de Saint-Pierre, et la leçon de langue que le conteur ne devait pas et qu’il nous a donnée, sans avoir l’air d’y toucher, — la seule chose, cette finesse (j’aurai la brutalité de le dire en finissant), qui sente la diplomatie et qui nous rappelle à quel diplomate nous avions affaire, puisque, dans tout ce carnaval de contes d’enfant et de grand-père, il s’est si parfaitement et si délicieusement déguisé.
C’est ainsi qu’il en vint à méditer les idées intelligibles et parfaites des esprits (idées distinctes de ces esprits, et qui ne peuvent se trouver qu’en Dieu même), et s’éleva jusqu’à la conception du héros de la philosophie, qui commande avec plaisir aux passions.
On se demande comment des allusions peu philosophiques, non pas même aux plaisirs de la médiocrité dorée,-mais aux excès du luxe, pouvaient se mêler à des chants accueillis dans cette société sobre et pauvre, d’où Lycurgue avait banni jusqu’aux métaux précieux.
C’est bien Alfred de Vigny dans un salon, à vingt-cinq ans ; le poète s’adresse en idée aux belles danseuses : Dansez, et couronnez de fleurs vos fronts d’albâtre Liez au blanc muguet l’hyacinthe bleuâtre, Et que vos pas moelleux, délices de l’amant, Sur le chêne poli glissent légèrement ; Dansez, car dès demain vos mères exigeantes A vos jeunes travaux vous diront négligentes ; L’aiguille détestée aura fui de vos doigts, Ou, de la mélodie interrompant les lois, Sur l’instrument mobile, harmonieux ivoire, Vos mains auront perdu la touche blanche et noire ; Demain, sous l’humble habit du jour laborieux, Un livre, sans plaisir, fatiguera vos yeux… Que ceux qui tiennent à étudier les nuances poétiques et les progressions fugitives du goût relisent tout le morceau ; ils y verront, dans le plus gracieux exemple, cette poésie choisie, élégante, mais de transition, qui cherchait à s’insinuer dans la vie, dans les sentiments et les mœurs du jour, en évitant toutefois le mot propre : poésie des Soumet, des Pichald, des Guiraud, de ceux qui louvoyaient encore. […] C’est le plaisir qu’elle aime ; L’Homme est rude et le prend sans savoir le donner. […] j’ai trouvé encore plus de plaisir à la lire.
Ballanche m’a fait grand plaisir : il vous avait vue ; il m’apportait quelque chose de vous. […] Comme le carnaval est long cette année, il est possible que le tout soit appris, monté et joué dans la saison de la foule et des plaisirs de l’hiver. » On voit qu’après avoir employé son amie à son ambition pendant qu’il était à Londres il l’utilise maintenant pour ses dernières tentatives de gloire pendant qu’il est à Rome. […] Je vois avec plaisir que je suis malade, que je me suis trouvé mal encore hier, que je ne reprends pas de force.
II « C’est Nausicaé aux bras blancs qui commande le jeu ; telle que Diane, dont les flèches font les délices, elle court à travers les montagnes, soit sur le Taygète escarpé, soit sur l’Érymanthe, à la poursuite des sangliers et des cerfs agiles qui l’amusent ; les nymphes des champs, nées de Jupiter porteur de l’égide, partagent ses plaisirs ; et le cœur de Latone palpite de joie, car sa fille les dépasse du visage et de la tête ; et, bien que toutes soient belles, on distingue aisément la déesse. […] « J’achève, mon cher ami, de lire l’idylle antique que vous avez intitulée Homère ; et je me hâte de vous remercier de tout le plaisir que j’ai eu à reporter avec vous mes pensées vers ce bel Orient, où l’image et les œuvres prétendues du chantre primitif ne m’ont jamais quitté. […] Ma visite ne finissait pas ; je n’ai guère le temps d’en faire d’inutiles, mais cela paraissait donner tant de plaisir à trois personnes, que j’attendis pour sortir qu’il fit presque nuit dans la cour.
Ces conventions une fois arrêtées, et le pape ayant autorisé la séparation a mensa et toro, Charles-Édouard signa la déclaration que voici : « Nous, Charles, roi légitime de la Grande-Bretagne, sur les représentations qui nous ont été faites par Louise-Caroline-Maximilienne-Emmanuel, princesse de Stolberg, que pour bien des raisons elle souhaitait demeurer dans un éloignement et séparation de notre personne, que les circonstances et nos malheurs communs rendaient nécessaires et utiles pour nous deux, et considérant toutes les raisons qu’elle nous a exposées, nous déclarons par la présente que nous donnons notre consentement libre et volontaire à cette séparation, et que nous lui permettons dores en avant de vivre à Rome, ou en telle autre ville qu’elle jugera le plus convenable, tel étant notre bon plaisir. […] Ne penser qu’à une seule et même chose, et n’avoir à se défendre ni des distractions du plaisir, ni de celles de la douleur, rien n’abrège autant les heures et ne les multiplie davantage. […] Le plaisir de me sentir libre et de fouler avec mon amie ces mêmes chemins que plusieurs fois j’avais parcourus pour aller la voir ; la satisfaction de pouvoir, à mon gré, jouir de sa sainte présence, et de reprendre sous son ombre mes études chéries, tout ce bonheur me remit tant de calme et de sérénité dans l’âme, que, d’Augsbourg à Florence, la source poétique s’ouvrit de nouveau, et les vers jaillirent en foule.
En aucune autre œuvre parmi celles qui poussent le plus loin l’admiration et l’avidité du vrai, l’on n’a conscience d’une plus vive adhésion à tout l’existant, à toutes les scènes du paysage, aux grands actes humains du dehors, aux événements plus discrets des maisons closes, aux agitations frémissantes exprimées en miettes, qui traversent les âmes et les forment par l’accumulation des détails vus de près, par la précision et le minutieux de l’observation personnelle, par cette originalité et ce pittoresque qui résultent tout naturellement du témoignage oculaire, Tolstoï est arrivé à renouveler la description des spectacles les plus communément connus, poussant pour la moindre scène jusqu’à une émotion de plaisir neuf, l’illusion de l’évocation. […] Il s’acquitte de sa tâche, sans plaisir et sans ardeur, avec de lents mouvements de ses puissantes et débiles mains, il assemble les matériaux de son œuvre, où la foule grise de ses âmes, dispose la terre où elles vivent, entrelace le cours des événements, et cette tâche de géant imparfaitement, lentement achevée, mais imposante de grandeur et de vérité, il s’assied et la contemple avec des yeux distraits, distants et songeurs, comme absent de ce monde et de l’image qu’il est parvenu à en donner, comme détaché déjà de tous deux et entrevoyant quelque réalité dernière plus auguste et plus vénérée. […] Or la réalité est aussi riche en corruption qu’en pureté, en douleur qu’en joie, en cruauté qu’en bonté ; les carnages et les débauches y côtoient les innocences et les continences ; l’amour de l’or, l’ambition, la perversité, la soif de jouissances, sont des mobiles plus puissants que les vertus qui les contredisent ; celui-là seul peut trouver plaisir à contempler la vie, qui considère sans horreur le mal dont elle est faite comme le bien, sinon la colère et les froissements sont continuels ; l’on s’en détourne, l’on s’en indigne ou l’on s’en contriste, mais l’on cesse d’en connaître.
La foule houleuse et de belle humeur témoignait bruyamment sa satisfaction du temps et du spectacle ; elle s’enquérait du nom des célébrités et des délégations de villes et de pays qui défilaient pour son plaisir ; elle admirait les monumentales couronnes de fleurs portées sur des chars ; elle applaudissait les fifres des sociétés de tir, déchirant les oreilles de leurs airs discordants ; elle saluait de rires ironiques Déroulède et son sérieux en redingote verte ; et pour mettre le comble à sa joie, il ne manquait que le blason des Benni-bouffe-toujours du cortège, — le lapin sauté et leur arme, — la colossale seringue de carton. […] Qui est-ce qui fournit à la richesse ce ruineux superflu ; cette recherche, ce colifichet dont se compose la mode et le plaisir ? […] Plus le salon aura de plaisir, plus l’atelier aura de bien-être.
Croyez-vous donc que je me plaigne pour le plaisir de me plaindre ? […] XVII Mais puisque cette seconde faculté, le sentiment, imprime à l’âme, par les passions, par le plaisir et par la douleur, une activité organique qu’elle n’aurait pas eue si elle n’eût été qu’intelligence, il lui fallait, pour diriger et juger cette activité, une troisième faculté d’une nature supérieure à l’intelligence et au sentiment. […] » Il y a un amer plaisir et un âpre orgueil à chanter ainsi son propre avilissement et sa propre honte.
Ce dernier roman nous rappelle seulement que, si nous relisions Alexandre Dumas, nous y goûterions quelque plaisir et que nous avons tort de négliger les romans historiques des éditeurs catholiques. […] Henri de Régnier de si riches épis et compose des gerbes lourdes de froment français sont situés Le Bon Plaisir, La Double Maîtresse, les Aventures de M. de Bréot, le xviiie siècle a trouvé dans M. […] Autrefois, les auteurs plus rares et d’ailleurs poussés par une vocation irrésistible qui rencontrait pour s’affirmer les obstacles les plus pénibles, tels que la faim, l’hôpital, le mépris public et la haine des sots, finissaient par grouper autour de leurs œuvres, dans l’ensemble du pays, une classe d’amateurs instruits et intelligents, qui savouraient dans la lecture un plaisir de dilettante et se contentaient d’avoir du goût.
Triste amitié, au demeurant, dont aucune larme, aucun sourire, aucun plaisir d’amour-propre (les seuls qui touchent) ne paiera les délicats services ! […] Ou encore, à côté du moi qui se garde, veut se connaître et s’affirmer, la fantaisie, le goût du plaisir, le vagabondage, si vif chez un être jeune et sensible ? […] Peau-d’Âne leur serait contée qu’il n’est pas sûr qu’elle leur causât un si extrême plaisir. […] Peut-être y touche-t-il, du bout des doigts, pour comparer la copie à l’original, mais il sait d’avance que cette fois encore l’original n’aura pas été rendu dans ses extrêmes délicatesses et ses infinies nuances, et il a plaisir à se sentir si impénétrable toujours. […] Marius André : « Scientifiquement, voici l’évidence de la théorie symboliste :“Comme il faut plus d’énergie pour retrouver un objet sous un signe indirect que sous un signe direct, on fournit à l’entendement l’occasion d’employer plus de force disponible et par conséquent d’éprouver plus de plaisir.”
Je ne puis résister au plaisir de laisser à M. […] On lira avec plaisir une historiette de pays, fournie par ces idées. […] Cela est donc vrai que le cœur trouve un secret plaisir à s’enivrer de la vue de nos chers amis quand ils nous échappent ? […] Je m’en étais presque fait un plaisir et une lâche. […] Elle se reconnaît au plaisir qu’ils trouvent à construire de longues périodes, lourdes, embrouillées.
C’est la débauche de Messaline, l’avidité ou les ombrages des affranchis, qui désignent les citoyens à la mort : la débauche de Messaline, les femmes dont elle est jalouse, les hommes qui se refusent à ses plaisirs ; l’avidité des affranchis, ceux qui sont opulents ; leurs ombrages, ceux qui ont du crédit. […] Je ne m’avise jamais de disputer contre le plaisir que je ressens à partager le nom d’homme avec celui qui l’a faite. […] Tous les deux agissaient de concert pour diriger plus facilement vers des plaisirs licites la jeunesse fougueuse de leur élève, s’il arrivait que la vertu fût pour lui sans attrait. […] Sa fortune était assortie à sa naissance, sa conversation aimable et polie, son esprit agréable et même juste ; elle cachait sous un front modeste le goût effréné du plaisir. […] Le roi de Prusse disait d’un de ses sujets, coupable de la même faute : « Cet homme voudrait bien que j’en fisse un martyr, mais il n’en aura pas le plaisir. » (N.) — Cette note n’est pas signée de Naigeon dans la première édition, mais il l’a revendiquée dans celle qu’il a donnée des Œuvres de Diderot.
Les auditeurs de ces conférences retrouveront, à la lecture, le plaisir qu’ils ont eu à les entendre ; les autres, en le goûtant pour la première fois, regretteront, nous en sommes sûrs, un bonheur manqué et voudront s’en consoler en se procurant les autres volumes de l’éminent critique. […] Mais le goût du plaisir, ce n’est pas l’amour. […] Paris, c’est tout à la fois le confluent de ce qu’il y a de plus frivole et de ce qu’il y a de plus sérieux ; de ceux qui cherchent à s’amuser et de ceux qui veulent travailler, des hommes qui vivent pour le plaisir et des hommes qui vivent pour la pensée. […] Car cet amour, auquel on demande tant de bonheur, pour qu’il remplisse la plénitude de bonheur que nous en attendons, il faut qu’il soit à base d’honnêteté, de confiance et de vertu ; mais l’amour tel que le conçoit Alfred de Musset est à base de plaisir. Le plaisir s’émousse ; il faut, pour le raviver, le renouveler à chacune de ses expériences nouvelles.
En jouir sans qu’elle y trouve du plaisir serait de plus une jouissance bien incomplète, et je ne me sens pas l’énergie d’aimer pour moi-même. […] Ceci n’est pas du drame fait à plaisir : c’est de l’histoire toute fraîche et toute saignante de vérité.
Cette dévotion éloquente, cette invocation au christianisme du sein d’une carrière d’honneurs, de combats politiques ou de plaisirs, cette rêverie sauvage, cette mélancolie éternelle de René se reproduisant au sortir des guirlandes et des pompes, ces cris fréquents de liberté, de jeunesse et d’avenir, dans la même bouche que la magnificence chevaleresque et le rituel antique des rois, c’en était plus qu’il ne fallait pour déconcerter d’honnêtes intelligences qui chercheraient difficilement en elles la solution d’un de ces problèmes, et qui prouveraient volontiers, d’après leur propre exemple, que l’esprit est matière, puisqu’il n’y tient jamais qu’une seule chose à la fois. […] Parmi ces figures de gens de lettres si vivement éclairées en quelques mots, on voit Parny, « poëte et créole, à qui il ne fallait que le ciel de l’Inde, une fontaine, un palmier, une femme, et dont la paresse n’était interrompue que par ses plaisirs qui se changeaient en gloire. » On y voit Delille de Sales, le philosophe de la nature, « qui (comme d’autres philosophes de nos jours) faisait en Allemagne ses remontes d’idées. » On y trouve La Harpe, arrivant chez une sœur de M. de Chateaubriand, avec trois gros volumes de ses œuvres sous ses petits bras.
On lit à la page 12 du présent Recueil : Ne nul plaisir que nature nous donne Ne nous est riens, si bientost ne retourne. […] Si cette espèce de blason du corps féminin était de François Ier, on devrait lui reconnaître une vigueur et une haleine dont il n’a fait preuve nulle part ailleurs ; mais tout y décèle une verve exercée qui se sera mise au service de ses plaisirs. — Cette pièce, au reste, n’est pas inédite ; elle a été insérée dans le Recueil des Blasons par Méon (Blason du corps) ; mais, sauf une ou deux corrections qui sont heureuses, le texte de Méon est peu correct, et même à la fin il y a de l’inintelligible.
Pour moi, membre alors de la Chambre des députés, je ne lui témoignai ni affection, ni plaisir ; ses tergiversations ne m’étonnaient plus. […] — Oui, lui dis-je, et si vous me chargez de lui demander quelque chose qui puisse favoriser votre mariage, je suis certain qu’il se fera un plaisir de vous l’obtenir, si cela lui est possible. — Eh bien, reprit-il, je regarderais mon mariage comme assuré, s’il pouvait me faire obtenir du roi des lettres de noblesse.
Rien n’est affreux comme de troubler l’innocence… » Ces paroles d’Eudore font sourire : c’est plutôt douceur que douleur qu’il veut dire ; il n’en est pas de comparable, pour ces grandes âmes de héros ou d’archange déchu, au plaisir de troubler un jeune cœur, et, mieux qu’une Ève encore, une Marguerite innocente. […] En attendant, poëte, cela lui fait plaisir ; il y rêve avec complaisance, et, s’il laisse tomber une larme, c’est pour la faire éclore en une adorable élégie, — ce qui serait pourtant plus adorable encore, si un accent très-sensible de fatuité ne la gâtait pas. » LXVIII Je n’accuse pas l’intention du critique, dont la bienveillance est évidente dans toutes ces comparaisons du poëte en prose avec le poëte en vers ; mais il se trompe bien en voyant dans cette élégie involontaire du Premier Regret l’ombre de fatuité.
Le doute du maître fait son plaisir ; le disciple a essayé de tromper le sien par la rigueur d’une méthode ; mais des deux parts, c’est le même doute. […] A peine est-il sévère pour ceux qui s’égarent ; pour les autres, il les laisse marcher de leur pas, trouvant bon qu’ils prennent quelques plaisirs honnêtes dans ce monde où Dieu les place pour quelques moments, à titre d’hôtes et de passagers.
Voici ma motion d’aujourd’hui, dont le succès vous aura fait plaisir. […] Des personnes qui l’ont approché dans ses dernières années (et le nombre en est petit) me le peignent immobile, renfermé, pratiquant plus que jamais cette opiniâtre passion de se taire : « Je ne vois plus, disait-il, je n’entends plus, je ne me souviens plus, je ne parle plus ; je suis devenu entièrement négatif. » Il s’arrêtait quelquefois au milieu d’une phrase commencée, et disait : « Je ne trouve plus le mot, il se cache dans quelque coin obscur. » Il revenait pourtant encore avec quelque plaisir sur ses anciens jours, et y rectifiait quelques points de récit qui appartiennent à l’histoire.
Bonsoir le plaisir de cette nuit, et, les nerfs montés, il nous vient des idées d’exil volontaire, et la tentation d’aller fonder en Belgique un journal, où nous montrerons aux gouvernants du moment, que nous avons certaines qualités de pamphlétaires. […] Là-dessus Saint-Victor se met à proclamer sa catholicité d’artiste et de lettré, à dire qu’il lit avec un plaisir énorme les débats de l’affaire Mortara, pris d’un intérêt passionné pour tout ce qui touche à la mythologie.
Il était, avec de l’attention et du plaisir, à ce qu’on disait, et comme à tout jamais échappé à son noir lui-même… Nous l’écoutions, nous le regardions, tous les deux stupéfaits… J’ai reconduit Édouard à la voiture. […] Au milieu de ces fleurs est une fleur de magnolia, dont il regardait grossir le bouton avec un certain plaisir curieux, et qui lui faisait rappeler le magnolia aimé de Chateaubriand, à la Vallée-aux-Loups.
On voit ce peuple armé, en proie à toutes les agitations populaires, entraîné par son enthousiasme, ébranlé par ses défiances, s’efforçant de raisonner, et n’y parvenant pas, faute d’habitude ; bravant l’autorité, et mettant pourtant son honneur à obéir à son chef ; insultant à la religion, et recueillant avec avidité toutes les traditions superstitieuses : mais toujours fier de sa force, toujours plein de mépris pour toute autre profession que celle des armes, ayant pour vertu le courage, et pour but, le plaisir du jour. […] Werner, connu, même en France, par le succès mérité de sa tragédie de Luther, et qui réunit au plus haut degré deux qualités inconciliables en apparence, l’observation spirituelle et souvent plaisante du cœur humain, et une mélancolie enthousiaste et rêveuse, Werner, dans son Attila, présente à nos regards la cour nombreuse de Valentinien, se livrant aux danses, aux concerts, à tous les plaisirs, tandis que le fléau de Dieu est aux portes de Rome.
Avec cette sensibilité qui ne fut pas toujours en lui une force saine et gouvernée, mais qui est une force puisqu’elle n’a pas péri dans son excès même, Sainte-Beuve, fatigué probablement de l’esprit raffiné des décadences, sybarite blessé par plus que le pli de ces monceaux de roses dans le calice desquelles nous avons écrasé tant de cantharides pour qu’elles pussent mieux nous enivrer, Sainte-Beuve, en un temps donné, devait par sensualité intellectuelle revenir aux suavités vraies, et, de cette plume qui a écrit Volupté, analyser aussi le plaisir divin que nous donne le premier des grands génies chastes. […] Il nous aurait fait sentir que ce génie-femme ne l’est pas seulement par les formes de sa beauté, par la placidité, par la tendresse, par la rêverie, par le rythme du sein sous le mouvement du cœur, mais qu’il l’est encore par son amour pour le vieil Homère et par tout ce qu’une longue intimité laisse après elle, par la pudeur discrète des plaisirs qu’il en a reçus.
Nous avons déjà tant de peine à rendre l’aspect extérieur d’une terre étrangère, à comprendre à moitié les usages de ses habitants, leurs plaisirs, leur politesse et le goût particulier qu’ils trouvent à la vie ! […] C’est que la race alliée à la fortune crée des êtres plus complexes, des êtres de sentiment et de plaisir et, par conséquent, de souffrance.
Que l’auteur de la Marquise, en reprenant une toile plus grande, demeure désormais aussi consciencieux et aussi sévère : il aura beaucoup fait pour nos plaisirs.
Barbier plusieurs personnes, qui pourtant les admirent, n’y cherchent guère qu’un plaisir étrange, un tour de force inouï jusqu’à présent, des exploits pour les yeux, l’intrépidité extraordinaire dans les plus périlleuses images que jamais poëte ait tentées.
Mais aujourd’hui qu’il est devenu un homme-géant, Ces plaisirs enfantins n’ont plus pour lui de charmes.
« Pour lui faire plaisir, on finit par ouvrir un sabord, bien que ce fût encore dangereux, la mer n’étant pas assez calmée.
Non seulement il nous donne à nous, ses contemporains, un plaisir dramatique que nous ne connaîtrions plus sans lui, mais il est certain que la postérité prêtera grande attention à la part de son œuvre oh ce parnassien a continué le mouvement romantique.
Vous voyez à quels salons je fais allusion, maisons assoiffées de plaisirs, de neuf, d’excentrique.
On dirait que, dans ces moments de guerre contre les besoins les plus légitimes du cœur, il avait oublié le plaisir de vivre, d’aimer, de voir, de sentir.
Au sortir de la ville, le mendiant Bartimée 1009 lui fit beaucoup de plaisir en l’appelant obstinément « fils de David », quoiqu’on lui enjoignit de se taire.
Le grand Alcandre, pour avoir le plaisir de voir madame de Montespan, allait plus souvent chez madame de La Vallière, et madame de La Vallière, se faisant l’application de ces nouvelles assiduités, en aimais davantage encore madame de Montespan… Mais enfin… elle s’aperçut bientôt de la vérité… elle se plaignit au grand Alexandre, qui lui dit qu’il était de trop bonne foi pour l’abuser davantage ; qu’il aimait madame de Montespan ; mais que cela n’empêchait pas qu’il ne l’aimait comme il devait, et qu’elle devait se contenter de ce qu’il faisait pour elle… Nouveaux pleurs, nouvelles plaintes… Mais le grand Alcandre n’en étant pas plus attendri, lui dit une seconde fois que si elle voulait qu’il continuât de l’aimer, elle ne devait rien exiger de lui au-delà de sa volonté ; qu’il désirait qu’elle vécût avec madame de Montespan comme par le passé, et que si elle témoignait la moindre chose de désobligeant à cette dame, elle l’obligerait à prendre des mesures.
Et qu’importe, disoit-on, aux ennemis des vers, qu’ils soient une beauté réelle ou de convention, un plaisir né de la chose même ou de l’effet du méchanisme, du moment qu’ils sont tant que de charmer ?
Ce talent de Joseph de Maistre, caractérisé tant de fois par nous et par d’autres, ajoute certainement, par ce qu’on en retrouve et ce qu’on en publie, à la somme de nos plaisirs intellectuels, mais embarrasse pour en parler après tout ce qu’on en a déjà dit.
Il mourut de ses travaux et de ses passions, jeune encore, mais exténué par les affaires et par les plaisirs, ce robuste, taillé pour tous les excès, « consumé d’une flamme qui brûlait sous sa peau amincie et pâle », dit un ambassadeur, frappé de la consomption d’un tel homme.
Vauvenargues fut un de ces favoris, qui n’ont d’autre raison pour exister que le bon plaisir de leur maître.
Et elle a été écrite en style Alexandre Dumas, ce conteur aimé des esprits qui conçoivent le plaisir littéraire comme une tasse de chocolat prise sur le bout d’une table de café !
Vous ne voyez plus, à la place de la sombre fatalité du cœur, maudite et pourtant toujours pardonnée, que deux orgueils philosophiques avec toutes les nuances de ces sortes d’orgueils, lesquels s’arrangent pour draper de pourpre une intrigue scandaleuse et en faire chatoyer vaniteusement tous les plaisirs et toutes les larmes.
Et elle a été écrite en style Alexandre Dumas, ce conteur aimé des esprits qui conçoivent le plaisir littéraire comme une tasse de chocolat prise sur le bout d’une table de café !
Sans amour-propre aucun, juste pour le plaisir d’être juste, désintéressé de lui-même, quand il se trompe, ce qui est très rare, sur le fond d’une chose ou d’un homme, il le dit et il ne s’épargne pas le mot meurtrissant.
S’il n’a pas su les mettre dans un livre que tous pussent lire avec plaisir, un autre les y mettra.
Vauvenargues fut un de ces favoris qui n’ont d’autre raison pour exister que le bon plaisir de leur maître.
Vous ne voyez plus, à la place de la sombre fatalité du cœur, maudite et pourtant toujours pardonnée, que deux orgueils philosophiques avec toutes les nuances de ces sortes d’orgueil, lesquels s’arrangent pour draper de pourpre une intrigue scandaleuse et en faire chatoyer vaniteusement tous les plaisirs et toutes les larmes.
Charles de Rémusat, le philosophe, — qui n’était pas seulement qu’un philosophe, mais un homme politique et un vaudevilliste, ce que j’estime infiniment plus (on a publié dernièrement quelques-unes de ses chansons), — Charles de Rémusat a voulu, par égard pour lui-même sans doute, que le mot de « philosophique » se retrouvât dans le titre d’un drame qu’il avait composé moins pour le théâtre et le grand public que pour se faire plaisir à lui-même, à sa famille et à ses amis.
à certaines places de son livre, un petit frémissement qui n’est pas tout à fait de plaisir… Il y fait du Pessimisme en Europe une assez effrayante statistique.
Il n’y avait plus de mœurs, ni publiques, ni privées ; ni enseignement, que celui du plaisir ; et la religion de la Vénus commode, en attendant le Néant commode.
III Ainsi, de l’histoire, non pour le noble plaisir désintéressé d’écrire de l’histoire et d’en faire briller les leçons, mais de l’histoire dans un but de comparaison malhonnête pour notre pays, voilà le sens de ce livre intitulé l’Angleterre au xviiie siècle !
Il y a celui qui fait rire et celui-là qui ne fait que sourire, et c’est celui qui ne fait que sourire qui est le comique supérieur, aussi humain, aussi réel que l’autre, mais idéalisé et donnant un plaisir plus noble et plus profond que le comique qui fait rire.
Un poète de ce temps — de ce temps « de cénacle », comme on disait, et d’apostolat littéraire, — écrivit alors un livre qu’on lit encore avec plaisir sur le grand poète du xvie siècle ; mais l’artiste intégral, en Ronsard, nous manquait.
Quelque Narcisse qu’on puisse être, et quelque plaisir orgueilleux qu’on prenne à se regarder dans les autres, devenus des miroirs flatteurs, on finit par se fatiguer et par s’inquiéter d’une répercussion si complète et si fidèle de son moi… On est moins soi-même à ses propres yeux.
Ils ne sont écrivains que pour le seul plaisir d’écrire et de décrire : pour la seule volupté de mettre une phrase qui brille, n’importe sur quoi… Eh bien !
La société qui lit avec plaisir des productions de cette espèce a certainement quelque infirmité… Ce n’est plus, cela, simple affaire de littérature.
De là, en pensant aux hommes d’état qui ont agité les nations, une sorte de respect qui se joint quelquefois à la haine, et une admiration pénible, mêlée de plaisir et de crainte.
« Vous avez goûté assez longtemps, lui dit-il, le plaisir de votre modestie, laissez-nous rompre le silence que votre austérité nous imposait.
Aveuglément braves, aimant d’une passion effrénée la lutte pour le plaisir de donner et de recevoir de beaux coups, épris de contes et de discours, ils sont éminemment dépourvus d’esprit organisateur et de sérieux. […] Il ne suffit pas de manifester son plaisir à la vue du Gaulois, hier fruste et sauvage, aujourd’hui métamorphosé en parfait civilisé : il faut conclure ! […] Il faudrait, en un mot, que vers ce centre vivant chacun se sentit au début attiré à la fois par son intérêt et par son plaisir, par une instinctive sympathie ensuite. […] Prend-il avec plaisir les médicaments ordonnés, parfois horribles, et subit-il sans angoisse les opérations que le chirurgien juge nécessaires, pour un mal dont souvent il ne peut avoir lui-même conscience ? […] Le monde vient communier chez nous, dans le plaisir comme dans le passé, que nous continuons de représenter.
Cette société du Temple, dont il a chanté les plaisirs avec tant de grâce et d’abandon, était l’héritière de la société des Tournelles. […] Faire le mal n’est un plaisir que lorsque la société vous en récompense ; et cela se passe assez souvent ainsi, pour que Gresset eût pu essayer de le représenter. […] Tandis que la religion était attaquée, ou délaissée, ses défenseurs, comme s’ils avaient pris plaisir à travailler pour ses ennemis, fomentaient des discordes et des persécutions dans son propre sein. […] Le plaisir de communiquer ses idées à mesure qu’elles naissent, de leur donner plus de rapidité, et de jouir plus vite et plus complètement de leur effet, avait propagé ce mode de communication. […] Les seules fables que l’on puisse lire avec plaisir, après celles de La Fontaine, furent aussi composées dans ce temps ; et leur auteur ne se distingua pas par ce seul ouvrage.
Nul ami du grand critique ne se refusera le plaisir de relire, ainsi rassemblées et mises dans l’ordre historique, ces pages célèbres, éparses dans la collection des nouveaux et anciens Lundis. […] Mais c’est un redoutable piège pour elle que d’avoir maille à partir avec un homme dont la principale joie est l’intelligence, avec un moraliste qui, plaçant la vérité avant tout autre souci, non par héroïsme, mais par plaisir, ne la recherche pas moins a son propre sujet qu’au sujet de ses grands confrères en littérature et en gloire. […] Mais s’appliquât-on honnêtement ces véhémences tombées de haut, qu’elles n’en feraient pas moins un certain plaisir. […] Moussorgsky est comparable à un écrivain de génie qui aurait lu et relu, pour le plaisir et sans étude appliquée, les meilleurs poètes et prosateurs, mais qui n’aurait jamais fait d’exercice de composition et n’en aurait fait que bien peu de grammaire. […] Mais c’était plaisir de l’entendre et de le suivre, tant le mouvement de son âme triomphait des gaucheries de sa main.
Il passe au même instant, armé de pelles et précédé de clairons, un bataillon de marine, qui, dans un instant, a pris possession de la caserne des douaniers, et j’ai le plaisir de voir, à toutes les fenêtres, les intrépides figures, à la gaîté grave, aux yeux de la couleur d’une vague dans du soleil. […] » Et nous sommes forcés de faire éteindre les lustres, dans les vociférations d’un populo, qui, sous le prétexte qu’il a vu une lorette dans un cabinet, prend un plaisir de basse envie et d’émeute jalouse, à empêcher les bourgeois de dîner, tandis que, lui, il garde ouverts, ses b… et ses guinguettes. […] Il y a aujourd’hui au cimetière, pour entrer, pour sortir, la queue qui se fait à la porte d’un endroit de plaisir. […] J’ai un âpre, presque un cruel plaisir, à me promener dans cette désolation, dans cette mort des choses, à travers une bise qui vous remplit les yeux de larmes. […] Mercredi 16 novembre Le plaisir chez les femmes maigres se traduit par un spasme nerveux ; chez les femmes grasses, par une espèce de convulsion.
Mallarmé juge un tableau, une fresque, une statue à la quantité de pensées que lui inspirent ces œuvres, à la somme d’idées discursives qu’elles éveillent, et que le plaisir émotionnel, l’ivresse esthétique le laissent indifférent. […] Mais, contrairement à son ancêtre Stendhal, le plaisir de l’analyse n’est pas, pour Maurice Barrès, une joie suffisante. […] Pour ce sceptique, le sourire est un signe de sagesse, et lui-même se confie à nous en de pareils termes : « À certains jours, nous sommes aussi capables de prendre plaisir à des plaisanteries faciles sur ce qu’il y a de plus profond et d’essentiel en nos âmes. […] Le plaisir littéraire disparaît devant une joie supérieure.
» Il nous entretient alors de son peu de besoin de sommeil, de son plaisir à veiller, qui lui permet de travailler, et le délivre de rêves affreux, de rêves atroces… « De rêves d’alcoolisé », lance Daudet en riant. « Oh ! […] Je n’éprouve plus de plaisir à manger : la vraie nourriture, la viande me répugne, et il faut que je me raisonne pour en mettre dans mon assiette. […] La cantinière le recevait avec plaisir, tout en répétant : « Ah ! […] Mercredi 9 décembre Desprez, cet enfant, cet écrivain de vingt-trois ans, vient de mourir de son enfermement avec des voleurs, des escarpes, de par le bon plaisir de ce gouvernement républicain, — lui, un condamné littéraire !
Il y prit tant de plaisir, qu’il en versa des larmes. […] Ceux dont l’imagination flegmatique a besoin d’être échauffée par un écrivain, liront avec plaisir ces cinq morceaux dont la narration est aisée & le style vif & léger. […] Cet ouvrage, où l’on a mis à contribution l’Histoire de France de l’Abbé Velli, les mœurs des François de le Gendre, la description de Paris de Piganiol de la Force, & beaucoup d’autres livres de ce genre, ne peut manquer d’être curieux ; & s’il n’instruit pas solidement ceux qui veulent recourir aux sources, il amuse agréablement ceux qui ne cherchent que le plaisir dans la lecture. […] Vous lirez encore avec plaisir l’histoire de Marie Stuard, par M.
Les êtres bornés s’en tiennent à leur propre plaisir et à ce qu’ils font volontiers : ils ne se sont pas encore élevés à la grâce. […] Personne n’a donc lu Han Ryner avec plaisir et avec soin pour qu’on ignore encore la possibilité d’en tirer un miraculeux florilège philosophique ? […] Par une gageure où n’entre, certes, aucune vanité, et qui vient, plutôt, du plaisir d’une recherche nouvelle, Max Jacob, s’est efforcé de découvrir la formule de son talent, lequel a, précisément, pour caractère, de se dérober à toute formule. […] L’on comprendra mieux ce qu’alors coûtait à l’homme le plaisir particulier de la lecture, d’autant plus que les moindres des manuscrits réclamaient la peine persévérante de plusieurs frères pendant des semaines, de longs mois et même des années.
Les Grecs étaient beaucoup moins susceptibles de malheur qu’aucun autre peuple de l’antiquité : on trouve parmi eux moins d’exemples de suicide que chez les Romains ; leurs institutions politiques, leur esprit national les disposaient davantage au plaisir comme au bonheur.
La régularité de la versification donne une sorte de plaisir auquel la prose ne peut atteindre ; c’est une sensation physique qui dispose à l’attendrissement ou à l’enthousiasme ; c’est une difficulté vaincue dont les connaisseurs jugent le mérite, et qui cause même aux ignorants une jouissance qu’ils ne peuvent analyser.
Nulle part cette inégalité, contre laquelle l’opinion publique se révolte, n’éclate en traits si forts : d’un côté, pour le petit nombre, l’autorité, les honneurs, l’argent, le loisir, la bonne chère, les plaisirs du monde, les comédies de société ; de l’autre, pour le grand nombre, l’assujettissement, l’abjection, la fatigue, l’enrôlement par contrainte ou surprise, nul espoir d’avancement, six sous par jour781, un lit étroit pour deux, du pain de chien, et, depuis quelques années, des coups comme à un chien782 ; d’un côté est la plus haute noblesse, de l’autre est la dernière populace.
Il faut en montrer l’unité, et tirer, pour ainsi dire, d’une seule source, tous les principaux événements qui en dépendent : par là il instruit utilement son lecteur, il lui donne le plaisir de prévoir, il l’intéresse, il lui met sous les yeux un système des affaires de chaque temps, il lui débrouille ce qui en doit résulter, il le fait raisonner sans lui faire aucun raisonnement, il lui épargne beaucoup de redites ; il ne le laisse jamais languir, il lui fait même une narration facile à retenir par la liaison des faits… « Un sec et triste faiseur d’annales ne connaît point d’autre ordre que celui de la chronologie : il répète un fait toutes les fois qu’il a besoin de raconter ce qui tient à ce fait ; il n’ose ni avancer ni reculer aucune narration.
Aux approches de la vieillesse surtout, j’ai pris plaisir, pendant le repos de l’été, à recueillir ces bruits lointains d’une Atlantide disparue.
Ces couplets furent la suite du plaisir innocent que prenoient quelques personnes de s’assembler dans un caffé.
Dans ce passage de la Ligne pour l’Histoire, qui va de 1572 à 1600, la métamorphose avait été complète : intérêts, institutions, préoccupations, franchises, beaux-arts, théâtres, architecture, langues, costumes, plaisirs, rien ne ressemblait au passé… Mais, plus tard, le dénoùment du faisceau devenait plus rapide.
Nous ne voulions pas nous pencher, pour le plaisir d’y regarder, sur le gouffre des mauvaises mœurs dont ils sont sortis.
Plaisirs ridicules emportés par une guerre ridicule !
Il faut être juste : la philosophie, qui se moque des hypocrites religieux et qui a les siens, les révolutions, qui ont détruit les grandes fortunes et rendu la vie si exiguë, ne devaient-elles pas arriver à ce résultat de nous pousser l’imagination, de toute la force de l’ennui enragé qu’elles ont créé pour les peuples modernes, vers le temps passé des grandes existences et des plaisirs largement conçus et splendidement réalisés ?
On y voit, en effet (page 36), que « la concupiscence de la femme est illimitée ; (page 49) que les plaisirs de l’amour, dès qu’ils ne sont plus légitimes, exposent l’homme et la femme à d’horribles maladies ; (page 36) que la femme infidèle à un homme, par sa nature même n’est plus fidèle à aucun autre homme », ce qui n’est que la moitié du vrai, par parenthèse, car le vrai tout entier c’est que la femme n’est, de nature, fidèle à aucun homme, et ne le peut si Dieu ne l’aide pas !
Ainsi formées, secrètes et profondes, impénétrables et invulnérables, elles apportent dans la galanterie, dans la vengeance, dans le plaisir, dans la haine, un cœur de sang-froid, un esprit toujours présent, un ton de liberté, un cynisme de grande dame, mêlé d’une hautaine élégance, une sorte de légèreté implacable.
Dangeau n’a donné de plaisir sérieux qu’aux ennemis de la vieille monarchie française qui l’ont vue, exactement reproduite, par ce sot compromettant, dans les dernières révérences qu’elle ait faites, dans les derniers menuets qu’elle ait dansés !
Et c’est même là le secret du vif plaisir qu’un esprit comme celui de la marquise de Créqui nous donne : Respirons les parfums même s’ils s’évaporent, Ils n’en paraissent que plus doux !
On n’est jamais compté par lui qu’à l’une ou l’autre de ces deux conditions : ou lui donner un plaisir ou du moins une émotion quelconque, ou lui apprendre quelque chose qu’il ne savait pas ; et c’est ce que ne feront point, je vous assure, ces Œuvres et Correspondances inédites !
Il n’y a point de murmure au fond de mon cœur, et si j’avais un moyen de vous causer un instant de plaisir, je serais consolé de toutes mes peines. » Voilà le langage et l’accent de ces lettres… J’en pourrais citer de plus enflammées, je me bornerai à celle-là, qui nous donne un Benjamin Constant humble à force d’amour, et qui fait précisément de sa nature une autre nature, qui est l’envers même de la sienne.
Dans la splendeur animée du monde catholique, où nous assistons à la vie, les philosophes nous semblent des ombres chinoises, des marionnettes noires qui s’agitent sur une toile blanche tamisée de lumière, et cela nous cause je ne sais quel frémissement de plaisir de les voir se livrer aux affreux amusements de la discorde et se briser des meubles sur leur majestueux angle facial.
Je me rappelle toujours avec plaisir son Saint Martin.
Entre son recueil du Roitelet, qui attira mon regard avec tant de magnétisme et de frémissement de plaisir, et la publication du livre que voici, il y a plus de dix ans !
Cette espèce de phénomène très rare, j’ai tardé, pour ma part, à le signaler, tant je le croyais impossible, tant je croyais à un engourdissement momentané de facultés en cette puissante nature qui m’avait donné de si mâles plaisirs, et tant je répugnais à montrer, dans ce Samson tondu par je ne sais quelle main invisible, non pas une faiblesse relative après une force absolue, mais une faiblesse absolue arrivant à l’anéantissement de toute faculté.
Cette incroyable, cette idolâtrique conception de madame André, qui va faire miauler de plaisir toutes les femmes dans leurs pâmoisons de vanité chatouillée, cette création d’une femme impossible de supériorité, devant laquelle l’homme s’aplatit et s’anéantit comme un nain chétif devant une géante toute-puissante, les femmes, flattées jusque sous la plante des pieds de leur orgueil, auraient-elles deviné qu’elles pussent la devoir jamais à M.
Charrière, qui a pour Gogol les bontés d’un homme d’esprit pour la personne qu’il a pris la peine de traduire, n’hésite pas à mettre les Ames mortes à côté de Gil Blas, et, si cela lui fait bien plaisir, nous ne dérangerons rien à cet arrangement de traducteur, car la réputation de Gil Blas, — ce livre écrit au café entre deux parties de dominos, — a dit le plus fin et le plus indulgent des connaisseurs, — n’est pas une de ces gloires solides qui aient tenu contre le temps.
Or, ces gens-là, que suppose Feydeau pour avoir le plaisir de leur répondre, sont évidemment des cuistres de moralité, faciles à découdre sans qu’on soit pour cela, en fait de raisonnements vainqueurs, un sanglier d’Érymanthe ; mais la question n’en reste pas moins tout entière de la moralité dans l’art, lequel n’atteint réellement son but idéal et suprême qu’à la condition d’étre moral dans l’effet ou l’émotion qu’il produit, — ce qui, par parenthèse, est précisément le contraire de l’effet produit par les livres de Feydeau.
C’est en bravant la mollesse, en s’abstenant des plaisirs, en dédaignant les trésors, en se livrant peu au sommeil, en fuyant l’inaction, qu’il prétend commander ; en effet, à quoi sert un prince dont la vie n’est qu’un sommeil ?
Faudrait-il supposer même que, métropole puissante de l’univers, le sillonnant de ses colonies, l’Europe lui ait envoyé avec son sang une vieillesse anticipée, et que, sur ces territoires de l’Amérique septentrionale qui s’étendent sans cesse, dans ces villes qui poussent si vite, notre civilisation n’ait jeté partout, avec son expérience de plusieurs siècles et ses plus récentes inventions, que le bon sens pratique, l’intelligente âpreté au gain, et cette active distribution du travail, cet emploi technique et pressé de la vie, qui laisse si peu de temps aux plaisirs délicats de l’âme et du goût ?
LE GENDARME. — Tu vas commencer toi, là-bas, par me faire le plaisir de descendre de d’là. […] Regarde donc chez l’accordeur d’en face ; cela fait plaisir à voir… et ils n’ont qu’une servante ! […] Sans doute elle erre à l’aventure, cette audacieuse main, et bientôt elle va s’arrêter confuse au milieu de l’inextricable chaos où elle s’emprisonne à plaisir. […] Mon oncle m’accueillit avec le même plaisir, se livra au même examen sur mon râble. […] Imaginez un peu le plaisir qu’il y a de recevoir des harangues et d’embrasser des demoiselles habillées de blanc qui vous offrent des bouquets par trente degrés au-dessus de zéro !
Je voudrais penser que vous trouverez à feuilleter ces Pages de Critique et de Doctrine, rédigées de même, un peu du plaisir que j’avais autrefois à rencontrer, dans quelque journal, vos Opinion et vos Billets du matin. […] Un gentilhomme de mœurs faciles à qui le plaisir a désappris toute croyance, sans ternir en lui le culte de l’honneur, épouse une jeune fille pieuse, élevée dans la pureté d’un milieu provincial, Mlle Aliette de Courteheuse. […] Est-il possible de nommer cette exquise comédie, sans que s’évoque aussitôt le chef-d’œuvre de Watteau, cet Embarquement pour Cythère, où ce triste et beau génie de peintre a su faire tenir toute l’enivrante et poignante mélancolie du plaisir ? […] Jamais anachorète chrétien des premiers siècles n’a sevré davantage son corps du plaisir. […] Que sont devenues ces feuilles, où le plus vindicatif des railleurs avait sans doute cédé au plaisir de traiter ses ennemis comme Apollon traita Marsyas ?
« Nous chevaucherons avec plaisir vers le pays des Hiunen, où la main des vaillants guerriers servira leurs rois, ainsi que nous le verrons à la fête de Kriemhilt. » Hagene conseilla le voyage. […] quel plaisir pour moi, dit Kriemhilt, mes parents apportent avec eux maints boucliers neufs et des hauberts éblouissants. […] De plaisir elle s’inclina devant le noble prince: « Sois donc toujours heureux en ton corps et en ton âme.
Si ce n’est que le plaisir qu’il poursuit, don Juan ne sera que proie d’opérette. […] Il importe assez peu, en définitive, que nous vivions quelques années de plus ou de moins, avec un peu plus ou un peu moins de plaisir ou de souffrance ; ce qui importe, c’est d’accomplir notre destinée, c’est d’aimer et de penser, c’est de rendre un grand témoignage de notre humanité. […] Mais elle rhythme sa pénitence harmonieusement comme elle rhythmait sa folie ; elle est aussi belle dans le désespoir que dans le plaisir : et même, elle ne saurait du tout se passer d’être belle.
Mais toute impression est une émotion, déjà ; c’est le plaisir ou la peine provoqués en nous. — Ou bien s’agit-il d’une illusion purement acoustique et physiologique comme celle, dit M. […] Comme je le disais à propos de Tristan avec tous les partisans de Richard Wagner, il faut subir ce nouveau genre et y goûter un plaisir extrême ou bien le repousser entièrement. […] Suisse. — Nous nous faisons un plaisir de signaler l’activité wagnérienne de MM.
Et si j’ai vertueusement occis, tout à l’heure, sur ma route, quelques méchants lions et un peu de brigands, était-ce par une autre raison que par le plaisir même d’exercer bien mes muscles ? […] L’âme crée ses idées : les idées résultent des volitions, et les volitions des motifs de plaisir qui dominent dans l’esprit. Stendhal a vu les hommes, autour de lui21, comme des conflits de motifs, poursuivant le plaisir.
Seulement, est-ce à une gloire de journal, c’est-à-dire de journée ; est-ce à cette fonction littéraire de conteur pour le plaisir de l’imagination du plus grand nombre, qui est toujours une imagination vulgaire ; est-ce au rôle de Perrault pour les grandes personnes que Féval, fait pour mieux que cela, a consacré définitivement ses facultés et sa vie ? […] Je ne dirai donc jamais assez le plaisir que ce livre m’a fait, la jouissance très piquante qu’il vient de me donner. […] Je le serais pour mon plaisir… Son sujet seul m’entre dans le cœur sans avoir besoin de la main puissante de l’écrivain qui l’y pousse… C’est, en effet, pour moi, le normand jusqu’aux ongles, une des plus belles histoires dont puisse être fier mon pays !
elle était née au plein milieu du dix-huitième siècle ; les descendants de l’Ordre Teutonique étaient devenus luthériens ; luthérienne donc, et puis femme d’ambassadeur, elle eut à essuyer d’abord toute cette vie de monde, de scepticisme et de plaisirs ; et lorsqu’elle y échappa, lorsque la flamme des événements publics vint éprendre cette âme si fervente sous une enveloppe si frêle, et lui fit croire à l’heure de prédire, de frapper tour à tour et de consoler, il se trouve que bien peu l’entendirent ; qu’elle fut comme la prophétesse stérile d’Ilion en cendres ; que ceux même que sa rapide éloquence de cœur avait un moment saisis, comme la poussière éparse que la nue électrique enlève, elle passée, retombèrent ; et qu’elle-même, sans ordre fixe, sans discipline, sans tradition, soulevée par le souffle ardent des catastrophes et n’ayant entrevu que des lueurs, perdit aussitôt la trace de l’avenir, et mourut dans une Crimée, sans rien laisser, sans rien servir, flocon de neige apporté et remporté par l’aquilon, un simple éclair et un cri de plus dans le vaste orage ! […] La haute noblesse du Nord était alors attirée par un attrait invincible vers Paris, vers cette Athènes des arts et des plaisirs.
« À dater de ce moment la vie me fut souverainement à charge, et il n’y eut plus de plaisir pour moi. […] « Rome, 30 septembre 1821. » VI Le duc d’Orléans, plus tard Louis-Philippe, lui écrit peu de temps après : « Éminence, « Le prince de Talleyrand, qui garde de vous le plus tendre souvenir, me disait dernièrement que votre seul plaisir était la culture des fleurs, et votre noble amie la duchesse de Devonshire a bien voulu me confirmer le fait.
Elle est diversifiée, agitée, charmée, ennuyée par une foule d’autres passions, parmi lesquelles l’amour est la plus impérieuse et la plus brûlante, l’amour qui est le premier et le dernier mot de la nature, l’amour, image terrestre de ce suprême amour qui aspire à créer, qui jouit de créer, et qui sans savoir ce qu’il veut éprouve, en créant, quelque chose d’analogue au plaisir que la création divine donne à celui qui crée, — l’attrait divin, le plaisir de Dieu en créant l’homme et les mondes ; — attrait tel que l’homme y sacrifierait mille fois sa courte vie.
Il s’émerveillait de ce que sept trous dans un roseau, ouverts ou fermés au caprice des doigts, faisaient tant de plaisir à l’oreille, disaient tant de choses au cœur, et il oubliait presque d’en toucher ses bœufs, qui marchaient d’eux-mêmes. […] » Les chevreaux en bondissaient de plaisir dans les bruyères ; ils s’arrêtaient de brouter, les pieds de devant contre les rochers et la tête tournée vers nous pour écouter (les pauvres bêtes !).
Dans leur noble entretien sitost allait calmans Ce feu qui du plaisir tient plus que du tourment. Ainz qu’est un vrai plaisir dont la trame est filée Comme ondins emperlés sont un vrai diamant.
Tous les plaisirs étaient délaissés pour le spectacle inoui, magnifique ; c’était fête, chaque fois que, sur l’affiche, resplendissait le nom des Maîtres chanteurs ! […] Autant dire que le poème ici présenté est bien sage en comparaison de certaines pages de son roman Lesbia Brandon qui décrivent le plaisir sauvage d’un adolescent qui se laisse violenter par les rouleaux d’une mer déchaînée et qui correspondent finalement plus à l’atmosphère de l’ouverture du Vaisseau fantôme.
Le professeur supérieur pourrait faire autre chose aussi bien ou aussi mal que ce qu’il fait, dire le contraire de ce qu’il dit, et il trouverait un égal plaisir à se plier aux règles d’un autre jeu. […] Ça fait toujours plaisir, ces choses-là.
En vain par le doute et ses désespoirs et de hautains appels à sonder le néant des Révélations, avait-on ainsi que rendu tressaillantes les sphères ouraniennes de l’Intellect : en vain, parce que le doute et la négation participent davantage de l’erreur ou du rêve d’où ils naissent, que de la vérité à laquelle ils aspirent sans pouvoir la produire… Et pourtant, au présent immédiat et là de nos poétiques Fastes, — alors que la science des Origines a environné nos têtes ainsi que de la tornade stellaire dont éternellement devient l’éternelle Fluence : voilà que, sans savoir que les apports de la sensation ne sont que les matériaux de l’Idée pour que de ses ondes intelligentes elle tente, en le plus d’unité-sciente, de reproduire en soi l’Univers et ses Rythmes, — la presque généralité des poètes n’est que la survie dégénérée des rapsodes du plaisir et de la douleur, et des philosophes qui ne peuvent se passer d’Eden ! […] De même qu’entre le geste muet et l’émotion l’analogie se dénonce, de même les sensations de douleur, de plaisir, de stupeur, de quiétude, se traduiront en la sorte de geste sonore qu’est, en première parole, le son guttural.
certes, il faut que nous soyons de bien bons enfants en littérature, si nous sommes en politique de mauvais garçons ; il faut que nos besoins d’originalité ne soient pas bien grands, à nous autres éreintés de l’époque actuelle, pour que nous soyons si aisément satisfaits de la répétition des mêmes idées, des mêmes sentiments, du même langage et presque des mêmes mots, des mêmes tableaux et de la même manière de peindre, et que nous en jouissions avec autant de pâmoison de plaisir et de furie d’enthousiasme que si tout cela était inconnu, inattendu, virginal, et tombé, pour la première fois, du ciel ou du génie d’un homme. […] Mais pour ceux-là, c’est vraiment un plaisir divin !
Que certaines affections résultent de l’association habituelle de tels phénomènes sensitifs ; qu’on puisse expliquer tels mouvements d’amour ou de haine, de sympathie ou d’antipathie par des sensations répétées de plaisir ou de peine, sans recourir à un principe spécial de la nature humaine : cela n’est guère douteux. […] Est-ce parce qu’il lui fait éprouver telle sensation de plaisir ?
La vérité, au lieu de s’imposer, se donne comme un plaisir d’esprit dont Voltaire nous invite à essayer.
La seule excuse que je puisse alléguer, c’est que le soin de les choisir est le seul plaisir qui m’ait dédommagé de l’ennui de les imprimer.
Suivent une quantité d’anecdotes d’enfance comme chacun peut en trouver à plaisir dans ses premiers souvenirs, et qui sont ici données comme d’héroïques présages ; c’est d’une enfance de Spartiate qu’il s’agit.
Si l’artiste a mal vécu, s’il a vécu au hasard, au seul gré de son caprice et de son plaisir, qu’arrive-t-il le plus souvent lorsqu’il a dépensé ce premier feu, cette première part toute gratuite de la nature ?
C’est plaisir de l’entendre lui-même raconter l’ordonnance et l’emploi de ses heures, son hygiène habituelle, et jusqu’à la dose de vin qu’il se permettait.
Un succès dramatique que nous enregistrons avec plaisir est celui des Malheurs d’un amant heureux, comédie-vaudeville qui rappelle le meilleur temps du Gymnase et la meilleure manière de M.
On s’est amusé follement au carnaval de 1833, parce qu’il y avait longtemps qu’on ne s’était amusé, parce qu’il faut toujours en France en revenir aux plaisirs, parce qu’au milieu des soucis qui assombrissent et des vertus sérieuses que, dit-on (et je le crois), nous acquérons, nous sommes l’éternelle nation de la Fronde et de la Régence, le Paris de Rabelais, de Manon Lescaut, du Mariage de Figaro et du Directoire.
Mais cette manière d’être affectée n’a que des rapports très indirects avec le plan général de mon ouvrage ; et celui qui aurait des opinions tout à fait contraires aux miennes sur les plaisirs de l’imagination, pourrait encore être entièrement de mon avis sur les rapprochements que j’ai faits entre l’état politique des peuples et leur littérature ; il pourrait être entièrement de mon avis sur les observations philosophiques et l’enchaînement des idées qui m’ont servi à tracer l’histoire des progrès de la pensée depuis Homère jusqu’à nos jours.
Que leur importe le monde, et ses plaisirs, et sa folie !
J’appelle superflu ce que vous donnez tous les jours à vos débauches, à vos plaisirs honteux ; renoncez à cette idole dont vous êtes adorateurs, et vous aurez du superflu.
Paris attirait les étrangers, qui ne venaient pas seulement en dévorer les beautés extérieures et les plaisirs publics : ils voulaient vivre de sa vie, être admis dans ces salons que toute l’Europe connaissait, et dont ils gardaient toute leur vie l’éblouissement.
Les valets imaginent de dire que ce sont des gens sortant du théâtre qui les ont dévalisés, et ils ajoutent philosophiquement que, si les comédies apportent de la distraction et du plaisir, elles sont aussi l’occasion de nombreux scandales.
Don Juan met l’épée à la main ; Arlequin se couche à terre sur le dos, tient sa flamberge pointe en l’air, de manière que son adversaire la rencontre toujours en ferraillant ; ce jeu de théâtre bien exécuté faisait le plus grand plaisir.
Gebhart, dont c’est le métier et sans nul doute le plaisir de revivre l’histoire d’Italie, surtout de l’Italie mystique, avoue s’être accordé une récréation : « celle de mêler un conte d’amour ingénu aux terreurs du règne de Grégoire VII et d’entourer d’une chanson d’abeille la tiare du trône de Canossa ».
Trois ou quatre galiléennes dévouées accompagnaient toujours le jeune maître et se disputaient le plaisir de l’écouter et de le soigner tour à tour 428.
Loin qu’il cherchât à adoucir les murmures que soulevait son dédain pour les susceptibilités sociales du temps, il semblait prendre plaisir à les exciter.
— Je fais le bien, parce qu’il est un grand seigneur qui me paye cela, — et ce grand seigneur, c’est le plaisir de bien faire.
La morale des chansons populaires est à la fois très légère et très sombre : le peuple y apparaît comme uniquement en quête du plaisir, et principalement de l’amour.
Il se dit qu’il fallait que dans ce palais lugubre, inexpugnable, joyeux et tout-puissant, peuplé d’hommes de guerre et d’hommes de plaisir, regorgeant de princes et de soldats, on vît errer, entre les orgies des jeunes gens et les sombres rêveries des vieillards, la grande figure de la servitude ; qu’il fallait que cette figure fut une femme, car la femme seule, flétrie dans sa chair comme dans son âme, peut représenter l’esclavage complet ; et qu’enfin il fallait que cette femme, que cette esclave, vieille, livide, enchaînée, sauvage comme la nature qu’elle contemple sans cesse, farouche comme la vengeance qu’elle médite nuit et jour, ayant dans le cœur la passion des ténèbres, c’est-à-dire la haine, et dans l’esprit la science des ténèbres, c’est-à-dire la magie, personnifiât la fatalité.
Frédéric eût dû se sauver des petitesses de Christine, qui entroit dans les tracasseries des sçavans qu’elle avoit à sa cour, qui se faisoit un plaisir malin de les brouiller, qui mettoit souvent de l’autorité lorsqu’il n’en falloit pas, qui prit avec chaleur la défense de Saumaise contre Isaac Vossius.
On lui répondit que la déclamation tragique, quoique chargée, ne détruisoit point l’illusion nécessaire au spectacle ; que l’imagination des spectateurs se prêtoit à ce langage comme à la mesure, à la rime & au chant de nos opéra ; que cette supposition, une fois admise, est une source de plaisir, pourvu que l’auteur ne la pousse pas trop loin, & qu’en conservant « la sublimité du ton de la tragédie, il suive, autant qu’il est possible, la nature, & ne fasse que l’élever sans la guinder, l’aggrandir sans l’enfler, l’ennoblir sans la détruire ».
qui pourrait croire que cela se passe ainsi dans la France policée, en plein Théâtre-Français, qui pourrait croire qu’une femme pareille, à qui nous devions tant de reconnaissance pour tant de belles heures du plus calme et du plus honnête plaisir qui soit au monde, serait exposée à des lâchetés de cette force ?
Si l’on répand sur son visage quelque vestige léger de plaisir, c’est de respirer la douceur de l’air, c’est de retrouver la lumière du jour.
» Si Mercier vivait encore, il me ferait un sensible plaisir de m’enseigner la manière de placer le boulevard Montmartre à côté de la Concorde.
et vous ne vous doutez pas du plaisir que j’ai à vous les décrire.
Il fut certainement l’esprit le plus aristocratiquement esthétique d’un siècle et d’une nation également voués au génie bas de l’utilité, Edgar Poe n’a jamais fait, toute sa vie, que de la poésie et de la littérature inutiles, — et c’est encore un de ceux-là que les Omar de la Démocratie qui marche sur nous brûleront un jour avec le plus de plaisir, et, pour parler leur langue abjecte, comme « un faignant !
Il ne s’en tient ni à la simple observation des choses humaines, si formidable qu’il puisse l’exercer, ni au sévère plaisir du penseur qui pénètre dans le fond de l’âme et lui arrache sa vérité, ni à l’art qui enchâsse cette vérité, arrachée de l’âme, dans des pages plus ou moins dignes d’être immortelles.
C’était l’asservissement à une âme impérieuse d’une âme faible, en proie à tous les ennuis du plaisir et du favoritisme ; c’était le croupissement des sens et du cœur, qu’il faut bien se garder de confondre avec cette facilité des âmes fortes et qu’on ne voudrait voir qu’aux âmes pures : la fidélité.
Ils se prennent à la magie de cette espièglerie française qui les enivre de plaisir, et, quand ils sont enivrés, leur fait écrire des phrases idolâtres, que l’auteur des Lettres satiriques appellerait des sottises s’il les trouvait sous une autre plume que la sienne, mais qui n’y seraient pas, du reste, de cette façon-là !
Voici peut-être ce qui s’est passé… Le dilettante littéraire rassasié, dégoûté de cette vieille histoire romaine racontée par des copistes et des professeurs, et de l’éternelle sensation théâtrale qu’elle nous cause, a voulu se donner un petit quart d’heure de plaisir en la descendant, sans cérémonie, de son socle, et en la racontant comme il la voyait dans les vaporeux souvenirs de ses lectures, dans les raisonnements et quelquefois les rayonnements de son cerveau ; car c’est là surtout qu’il l’a vue.
) auront certainement un grand plaisir à le revoir, et pardonneront à l’auteur de Ménage et Finances de Voltaire ce que l’esprit de parti, soit qu’il parle, soit qu’il se taise, ne pourra jamais lui pardonner.
Sans amitié, sans préférence, sans chaleur, sans passion, indifférent à tout, et ne faisant acte de pouvoir, et d’un pouvoir jaloux, que dans la liste des invités de ses soupers, Louis XV apparaissait, dans le fond des petits appartements de Versailles, comme un grand et maussade et triste enfant, avec quelque chose dans l’esprit de sec, de méchant, de sarcastique, qui était comme la vengeance des malaises de son humeur… Un sentiment de vide, de solitude, un grand embarras de la volonté et de la liberté, joint à des besoins physiques impérieux et dont l’emportementrappelait les premiers Bourbons, c’est là Louis XV à vingt ans, c’est là le souverain en lequel existait une vague aspiration au plaisir et le désir et l’attente inquiète de la domination d’une femme passionnée, ou intelligente, ou amusante… Il appelait, sans se l’avouer à lui-même une liaison qui l’enlevât à la persistance de ses tristesses, à la paresse de ses caprices, qui réveillât ou étourdît sa vie en lui apportant les violences de la passion ou le tapage de la gaieté.
Il est très fier et très heureux de n’être que par Victor Hugo, — non par son bon plaisir, mais par la force créatrice de son génie qui l’a produit, lui, Vacquerie, comme un volume de plus de ses œuvres complètes.
Il avait renoncé de bonne heure au plaisir de les rencontrer sur la terre plate de la politique, pour ne plus avoir affaire à eux que là où ils étaient moins dégoûtants et moins malpropres, — dans la tenue obligée de gens du monde et sur le parquet des salons.
Elle n’a ni le joli insolent, ni le joli intempérant, ni le joli extravagant de ce temps de plaisir et de renversement où les duchesses ressemblaient à des courtisanes et les courtisanes à des duchesses.
En vain, cette femme, plus jeune que son âge, parle-t-elle à chaque instant, dans toutes ses lettres, comme Mademoiselle de Lespinasse, bouillante de ses trente ans contenus et impatients, parlerait à M. de Guibert : « J’irai jusqu’à vous, tant que terre pourra me porter, et, là, je mourrai dans vos bras, de joie, de plaisir et d’amour !
Charrière, qui a pour Gogol les bontés d’un homme d’esprit pour la personne qu’il a pris la peine de traduire, n’hésite pas à mettre les Âmes mortes à côté de Gil Blas, et, si cela lui fait bien plaisir, nous ne dérangerons rien à cet arrangement de traducteur ; car la réputation de Gil Blas — ce livre écrit au café, entre deux parties de dominos, a dit le plus fin et le plus indulgent des connaisseurs, — n’est pas une de ces gloires solides qui aient tenu contre le temps.
Est-ce sa morale, sans Dieu, sans sanction, sans immortalité, sans espérance, et pour le plaisir d’être agréable à tout le monde ?
C’est lui qui prit plaisir longtemps à cet incognito de Dieu ou de Roi.
Seulement, pour être ému d’un très vif plaisir, je ne me croirai pas moins juste.
Mais Albéric Second n’a pas craint de jouter dans son livre avec cette difficulté qu’il s’est créée à plaisir et qu’il a vaincue, avec cette terrible première impression qui presque toujours décide de tout en amour.
Anatole France, qui est peut-être, plus qu’il ne croit, un démocrate littéraire de ce temps maudit, nous parle avec plaisir de l’effet que produisit Le Diable boiteux sur « le petit laquais de Boileau ».
Seulement, est-ce à une gloire de journal, c’est-à-dire de journée ; est-ce à cette fonction littéraire de Conteur pour le plaisir de l’imagination du plus grand nombre, qui est toujours une imagination vulgaire ; est-ce au rôle de Perrault pour les grandes personnes que M.
On dirait que, dans le plaisir qu’il éprouve à s’abandonner à sa prodigieuse verve, l’auteur oublie de douer ses personnages d’une vitalité suffisante.
Le voisinage du despotisme, l’influence même du ciel, la multitude des sensations douces et calmes, plus de sensibilité pour les plaisirs, moins de disposition à l’exercice violent et actif de la pensée, et le désir d’un certain repos de l’âme, tout cela ensemble, dans des climats plus chauds, a dû nuire à l’éloquence ; aussi les orateurs d’Europe ont eu sur les orateurs de l’Asie les mêmes avantages que les guerriers du nord eurent de tout temps sur ceux du midi.
Tel est un morceau sur la cour ; sur ce mélange éternel qu’on y voit des plaisirs et des affaires ; sur ces jalousies sourdes au-dedans, et cette brillante dissipation au-dehors ; sur les apparences de gaieté, qui cachent une ambition si ardente, des soins si profonds, et un sérieux, dit l’orateur, aussi triste qu’il est vain.
Après cela, tout est à croire et à espérer pour les mortels ; et personne de vous ne doit s’étonner, s’il voit les animaux féroces échanger avec les dauphins leurs forêts contre les profondes vallées de la mer, et les uns préférer les flots retentissants à la terre, tandis que les autres se plairaient désormais sur la montagne. » Ailleurs le poëte proteste, avec non moins de force, contre les mécomptes de la vie, et ne conseille pas, comme fait parfois Horace, d’y opposer l’insouciance et le plaisir, mais la fermeté d’âme.
Dans la prose, « les Anglais, comme le disait un jour Gœthe à Eckermann, écrivent en gens pratiques et tournés vers la réalité ; les Français ne démentent pas dans leurs écrits le caractère essentiel de leur race : ils sont sociables par nature, et, comme tels, ils n’oublient jamais le public auquel ils s’adressent ; ils s’efforcent d’être clairs, afin de convaincre le lecteur, et ornés, afin de lui plaire. » Gœthe semble sous-entendre que, comme l’habitude des Anglais n’est pas de se mettre en frais d’amabilité pour autrui, et comme la nature de leur esprit n’est pas aussi légère que vigoureuse, ils ne cherchent pas autant que les Français le plaisir du lecteur, ou bien ils se proposent tout au plus le plaisir du lecteur anglais. […] Il écrit à un lieutenant-général : « J’ai tout concerté avec eux, et je ne prendrais pas plaisir de me voir dédit. […] En votre propre moi, ne distinguez-vous pas l’homme du matin et l’homme du soir, l’homme de la raison et l’homme de la sensation, l’homme des affaires et l’homme des plaisirs, l’homme d’étude et l’homme du monde, l’homme de sang-froid et l’homme d’enthousiasme (après qu’il a pris un peu de café et entendu un peu de bonne musique), l’homme des livres et l’homme des théâtres, l’homme de la solitude et l’homme de la foule, l’homme en robe de chambre et l’homme en habit ? […] Si elles vous font plaisir, mes vœux seront remplis. […] Et qui pourrait dire quels nouveaux chefs-d’œuvre il n’eût pas accomplis encore si sa vie n’eut été rapidement consumée par l’excès du travail et du plaisir ?
Il n’est pas d’écrivain de valeur que, dans un badinage pervers et un accès d’étourderie froidement jouée, il n’ait bafoué pour le plaisir cruel de lui faire expier, par des pleurs de sang, un succès légitime et populaire. […] ses préférences avouées ont été moins fortes que le plaisir chatouilleux, auquel elle ne saurait résister, de faire une avance aux lettres ! […] Paul de Saint-Victor, enfourchant sa prose caparaçonnée d’écarlate, me fait l’effet d’un homme qui monterait à cheval, non dans l’intention d’aller quelque part, mais uniquement pour le plaisir de regarder le sabot de sa monture qui sonne sur le pavé et en fait jaillir des étincelles. […] Je veux reprendre aussi, sur ce masque où s’exagère la spirituelle mobilité de la physionomie, un tic qui le gâte à plaisir ; il consiste, lorsque l’actrice joue l’émotion, à écarquiller les yeux, la bouche et les narines, comme si tout cela était mis en jeu par trois ficelles tirées simultanément. […] vous ressemblez à ces buveurs qui, incapables de distinguer dans leur plaisir, jugent de la qualité du vin par le verre imprégné de sable, la vétusté du cachet et les toiles d’araignée qui tapissent les parois de la bouteille.
Il ne faut donc pas traiter l’esprit comme s’il était ce qu’il est « pour rien, pour le plaisir ». […] C’était évidemment un homme dont le plus grand plaisir était d’arracher des dents, et qui allait jusqu’à payer pour cela une somme de cinquante centimes. […] Pas l’ombre d’une peur ; simplement un plaisir extrême, avec souhaits de bienvenue. […] l’intelligence serait ce qu’elle est « pour rien, pour le plaisir ». […] Savants et philosophes sont trop portés à croire que la pensée s’exerce chez tous comme chez eux, pour le plaisir.
La terre, un peu sèche et pierreuse, ne leur donne guère que du pain et du vin ; encore ce vin est-il léger, si léger que les gens du Nord, pour y prendre plaisir, le chargent d’eau-de-vie. […] Il y a des états sociaux où le peuple jouit des plaisirs de ses nobles, se complaît en ses princes, dit : “nos princes”, fait de leur gloire sa gloire. […] En fait de vertu, chacun trouve la certitude en consultant son propre cœur. » On ne me pardonnera pas une aussi longue citation ; mais on m’en louera ; et on la portera sans doute à mon actif ; car c’est un plaisir toujours nouveau que de retrouver ces vieux textes pleins, et perpétuellement inquiétants de nouveauté ; et quand dans un cahier on met d’aussi importantes citations de Renan, on est toujours sûr au moins qu’il y aura des bons morceaux dans le cahier ; — je ne dis point cela pour Zangwill, qui supporte toute comparaison ; — je sais tous les reproches que l’on peut faire au texte que je viens de citer ; il est perpétuellement nouveau ; et il est vieux déjà ; il est dépassé ; phénomène particulièrement intéressant, il est surtout dépassé justement par les sciences sur lesquelles Renan croyait trouver son plus solide appui, par les sciences physiques, chimiques, particulièrement par les sciences naturelles ; — mais ici que dirions-nous de Taine qui faisait aux sciences mathématiques, physiques, chimiques, naturelles, une incessante référence ; — c’est justement par le progrès des sciences naturelles que nous sommes aujourd’hui reconduits à des conceptions plus humaines, et, le mot le dit, plus naturelles ; je n’ignore pas toutes les précautions qu’il y aurait à prendre si l’on voulait saisir, commenter et critiquer tout ce texte ; mais telle n’est pas aujourd’hui la tâche que nous nous sommes assignée ; je n’ignore pas qu’il y a dans cet énorme texte religieux des morceaux entiers qui aujourd’hui nous soulèvent d’indignation ; et des morceaux entiers qui aujourd’hui nous paraissent extraordinairement faibles ; je n’ignore pas qu’il y a dans ce monument énorme des corps de bâtiments entiers qu’un mot, un seul mot de Pascal, par la simple confrontation, anéantirait ; je connais les proportions à garder ; je sais mesurer un Pascal et un Renan ; et je n’offenserai personne en disant que je ne confonds point avec un grand historien celui qui est le penseur même ; si j’avais à saisir et à commenter et à critiquer le texte que nous avons reproduit, je sais qu’il faudrait commencer par distinguer dans le texte premièrement la pensée de Renan ; deuxièmement l’arrière-pensée de Renan ; troisièmement, et ceci est particulièrement regrettable à trouver, à constater, des fausses fenêtres, des fragments, à peine habillés, d’un cours de philosophie de l’enseignement secondaire, comme était l’enseignement secondaire de la philosophie au temps où Renan le recevait, des morceaux de cours, digérés à peine, sur Kant et les antinomies, sur le moi et le non-moi, tant d’autres morceaux qui surviennent inattendus pour faire l’appoint, pour jointurer, pour boucher un trou ; combien ces plates reproductions de vieux enseignements universitaires, ces morceaux de concours, de l’ancien concours, du concours de ce temps-là, combien ces réminiscences pédagogiques, survenant tout à coup, et au moment même que l’on s’y attendait le moins, au point culminant du dialogue, détonnent auprès du véritable Renan, auprès de sa pensée propre, et surtout de son arrière-pensée ; comme elles sont inférieures au véritable texte ; et dans le véritable texte comme la pensée même est inférieure à l’arrière-pensée, ou, si l’on veut, comme l’arrière-pensée est supérieure à la pensée, à la pensée de premier abord ; quel travail que de commencer par discerner ces trois plans ; mais comme on en serait récompensé ; comme la partie qui reste est pleine et lourde ; comme la domination de l’arrière-pensée est impérieuse. […] Si telle est vraiment l’atteinte obtenue par les théories particulières, quelle ne sera pas la totale atteinte obtenue par la conclusion, où se ramassent et culminent toutes les ambitions des théories particulières ; je ne puis citer les théories particulières ; il faudrait remonter de la fin du volume au commencement, il faudrait citer presque tout le volume ; je cite au long la conclusion ; pourquoi n’éprouvons-nous que de l’indifférence quand nous découpons notre exemplaire de Taine, et pourquoi ne pouvons-nous découper sans regret notre exemplaire de Renan ; ce n’est point, comme le dirait un historien des réalités économiques, parce que les Renan coûtent sept cinquante en librairie et parce que les Taine, chez Hachette, ne coûtent que trois francs cinquante ; et pourquoi, découpant du Renan, recevons-nous une impression de mutilation que nous ne recevons pas découpant du Taine ; c’est que, malgré tout, un livre de Taine est pour nous un volume, et qu’un livre de Renan est pour nous plus qu’un livre ; et pourquoi ne peut-on pas copier du Taine, et peut-on copier du Renan, en se trompant, il est vrai ; et pourquoi est-ce un bon plaisir que de corriger sur épreuves un texte de Renan, et se fait-on un devoir de [corriger sur épreuves un texte de Taine ; telle est la différence que je vois entre les héritages laissés par ces deux grands maîtres de la pensée moderne. « J’ai voulu montrer », dit Taine en forme de conclusion : « J’ai voulu montrer la formation complète d’une œuvre poétique et chercher par un exemple en quoi consiste le beau et comment il naît.
* * * — … Ces femmes enfarinées de poudre de riz, blanches comme un mal blanc, les lèvres peintes en rouge au pinceau, ces femmes maquillées d’un teint de morte, le sourire saignant dans une pâleur de goule, l’œil charbonné, avivé de fièvre, avec des cheveux, pareils à un morceau d’astrakan, frisottant et laineux, leur mangeant le front et la pensée, ces femmes avec leurs figures de folles et de malades, semblent des spectres et des bêtes du plaisir. […] Un médecin, qui se trouvait là, émit l’idée que la circoncision, en diminuant chez eux considérablement le plaisir, diminuait beaucoup la jouissance et l’occupation de la femme. […] Elle y entre, en jetant sur la porte, à ma cravate blanche qu’elle croit la cravate du marié, le sourire d’adieu du libre amour : c’est le Plaisir, la Beauté, la Grâce d’orgie, l’Élégance, le Désordre, la Dette. […] Dans je ne sais quel journal, je ne sais qui crie à la profanation de la Révolution, parce que nous avons comparé un vieux monsieur au cheval blanc de Lafayette… Fait énorme, en pleine Sorbonne, dans une leçon sur le droit de tester, le professeur Franck ayant assez pauvrement réussi auprès de son auditoire, par un compliment détourné à M. de Montalembert, s’est rejeté sur Henriette Maréchal, et l’a trépignée, au grand plaisir de tous les Pipe-en-Bois du cours.
Les Papes, — quelques papes du moins, — goûtèrent vivement le noble plaisir de faire de la capitale de la chrétienté la capitale de la Renaissance ; et, chez nous, François Ier, le « Père des Lettres », ou ne comprit pas la nature de la révolution qui s’opérait, ou ne s’attacha qu’aux profits qu’il en pouvait immédiatement tirer. […] « Si nous sentons un plaisir singulier à écouter ceux qui retournent de quelque lointain voyage, racontant les choses qu’ils ont vues en pays étranges, les mœurs des hommes, la nature des lieux et si nous sommes quelquefois si ravis d’aise et de joie que nous ne sentons point le cours des heures en oyant deviser un sage, disert et éloquent vieillard, quand il va récitant les aventures qu’il a eues en ses verts et jeunes ans combien plus devons-nous sentir d’aise et de ravissement de voir en une belle, riche et véritable peinture, les cas humains représentés au vif. » Ainsi s’exprime-t-il dans la préface de ses Vies parallèles ; et on ne saurait mieux indiquer ce que ses Vies contiennent d’enseignements, ou, comme nous dirions aujourd’hui, de « documents » sur l’homme. […] Pour quelques sacrifices qu’il nous en coûtera, nous en serons plus que payés par les plaisirs d’une douceur toute nouvelle de vivre. […] 2º Le Pamphlet ; — et qu’il n’en faut exagérer ni le mérite, qui est tout à fait secondaire, ni la hardiesse, ni les conséquences. — La Satire n’a point « donné la France à Henri IV », puisqu’elle a paru en 1594, et que la guerre civile n’a été pacifiée qu’en 1598 ; — il n’y a point de hardiesse : 1º à se mettre cinq pour écrire un livre, et nous savons assez que la division des risques est le principe même de l’assurance ; — il n’y en a pas non plus : 2º à garder l’anonyme ; — et 3º à avoir publié un pamphlet de cette nature neuf mois après la conversion, et trois mois après la rentrée d’Henri IV à Paris. — Toute la bravoure des auteurs ne consiste donc qu’à avoir royalement injurié des gens à terre et que d’ailleurs ils n’avaient pas eux-mêmes renversés. — Les auteurs de la Ménippée : Pierre le Roy, Gillot, Nicolas Rapin, Jean Passerat, Florent Crestien et Pierre Pithou : — et qu’ils n’ont pas fait preuve en se coalisant d’un talent qu’aucun d’eux ne possédait personnellement. — Il y a d’ailleurs dans quelques passages de la Satire une certaine verve de caricature ; — de satire même ; — et presque d’éloquence [Cf. la Harangue, souvent citée, du lieutenant civil Dreux d’Aubray]. — Mais on n’y trouve pas ombre d’élévation ni de noblesse ; — ce sont des bourgeois furieux d’être gênés dans leurs plaisirs ; — ce sont aussi de grands ennemis des Jésuites ; — et ils ont sans doute aimé leur patrie ; — mais la Satire Ménippée n’en est pas moins à rayer du nombre des « grands monuments de l’esprit français ».
Pasquier41, non seulement la jeunesse studieuse qui abonde dans le quartier des écoles, mais celle encore qui, plus adonnée aux plaisirs du monde, semblait résister davantage à un enseignement sérieux. […] Mille fois j’ai parlé à ta mère du plaisir que j’aurais de former ton esprit ; je n’ai pas de rêve plus charmant, et quoique je ne sépare point ta sœur de toi dans les châteaux en Espagne que je bâtis sans cesse, cependant il y a toujours quelque chose de particulier pour toi, par la raison que tu dis : parce que je ne te connais pas. […] Il cherchait la gloire, et il l’attendait au sein des plaisirs faciles ; on peut bien le dire, puisque lui-même a levé le huis clos de sa vie intime, en défendant la morale, plus qu’indulgente, d’une de ses chansons57. […] Il a de sublimes transports et d’ineffables mélancolies, non pas de ces mélancolies d’Horace qui, spiritualisant le matérialisme, pour ainsi dire, rappelait au milieu des joies des banquets la pensée de la mort, et chantait à Leucothoé les roses éphémères, afin de faire du néant des choses humaines une nouvelle volupté, et du terme de tous les plaisirs un plaisir de plus. […] Les Nouvelles Méditations poétiques continuèrent les premières ; seulement le sentiment qui y règne est plus passionné et souvent moins pur ; quelquefois même, mais rarement, il arrive jusqu’à l’expression de cet amour païen qui s’exhorte à profiter de la vie parce qu’elle est courte, et à saisir au passage les plaisirs qui fuient.
Nous n’avons même plus de jeunes gens ; ce sont les leurs qui se sont installés à leur place, partout, jusque dans les lieux de plaisir, où l’on ne rit plus d’ailleurs, car cette jeunesse est triste, mal élevée. […] Levé de grand matin, c’était un plaisir que de le voir arpenter la campagne, marcher le long de la rivière, l’air si heureux d’être là. […] Il y a toujours quelqu’un — quelque part — un esprit frère du mien à qui cela fait plaisir. […] Renan, un penseur de sa force, un académicien de son dictionnaire, a le droit de parler haut, si tel est son plaisir, et d’être injuste, un beau jour, par hasard, sans que cela nous indigne. […] En dépit des nombreuses atteintes qui ont terni son prestige, nous ne pouvons pas admettre facilement qu’elle torture quelqu’un, pour le plaisir, et qu’elle se fasse un jeu de la douleur des autres.
Monsieur, Voulez-vous permettre à un jeune Français de vous exprimer tout le plaisir que lui a causé Outamaro, mieux placé que tout autre pour le comprendre puisque je suis au milieu des Japonais… J’avais quinze ans quand j’ai lu Sœur Philomène et j’ai voulu être interne, et je suis médecin… La Maison d’un Artiste m’a fait venir au Japon. […] Et, non content du plaisir de la chasse dans les montagnes, de la pêche dans la mer, il s’amusait à faire nager les gens avec de lourdes pierres attachées à leurs corps, ou à les faire courir, pieds nus, sur la glace ; et le monde de son entourage, il voulait qu’il fût habillé de chaude ouate, en été, et de toile claire, en hiver. […] Mon seul plaisir c’est de devenir un habile artiste. […] Le sans-gêne de ces domestiques du palais valait leur renvoi mais, avant que quelqu’un de sa suite pût les punir, l’Empereur s’écria sur un ton de bonne humeur : « Quel plaisir de voir ces pauvres gens partager mon inspiration poétique ! […] Le tanzakou, placé au milieu, porte : « Le plaisir de la vie est d’admirer les vues des quatre saisons, avec la lune, la neige, les fleurs, la montagne verte, le bois à feuilles rouges, dont une partie tapisse la terre.
Point de concessions aux femmes : on ne les estimait faites, comme Mlle de Montaigne, que pour tenir le ménage de monsieur leur mari, lui donner des enfants, perpétuer sa race, ou — comme les Cassandre, les Marie de Ronsard, la Francine de Baïf, l’Hippolyte de Desportes — pour leur être un instrument de plaisir et un moyen de réputation littéraire. […] Dans son Sertorius, dans son Othon, dans son Attila, si Corneille compliquera, s’il embrouillera, s’il enchevêtrera ses intrigues à plaisir, ce ne sera pas tant pour obéir à sa propre inspiration que pour disputer aux Gomberville, aux La Calprenède, aux Scudéri, l’empire du romanesque ! […] Interrogez plutôt les témoins des débuts du règne : Mme de Motteville en ses Mémoires, Mme de La Fayette dans son Histoire de Madame Henriette, Montglat, Loret dans sa Gazette, Bussy dans son Histoire des Gaules, et Molière enfin, Molière lui-même, l’adroit Molière, dans sa relation des Plaisirs de l’Île enchantée. […] Enfermé, lui aussi, dans son « poële de Hollande », armé de son cartésianisme, ce que Bayle ose le premier soumettre à l’analyse de sa critique dissolvante, c’est la religion, c’est la morale ; et d’abord vous diriez qu’il ne critique et qu’il ne doute que pour le seul plaisir de douter ou de critiquer. […] De la préciosité comme conception littéraire. — Elle consiste à croire : — 1º que le plaisir littéraire, comme le plaisir musical, ou comme le plaisir pittoresque, a quelque chose de spécifique, ou d’unique en son genre, — ce qui est vrai ; — 2º que ce plaisir procède essentiellement de la forme, c’est-à-dire du tour ou de la façon que l’on donne aux choses que l’on dit, — ce qui est déjà moins vrai ; — et, 3º qu’il est en proportion de l’effort qu’on a fait ou des difficultés qu’on a dû surmonter pour trouver cette façon de dire, — ce qui n’est plus du tout vrai. — Analogies et différences de cette conception avec la conception de l’art pour l’art. — Que la principale en consiste en ceci qu’au lieu de la réalisation de la « beauté », c’est celle de la « mode » que la préciosité se propose pour objet. — Conséquences qui en résultent : — 1º On prend le pédantisme, et l’érudition, ou la tradition même en horreur ; — 2º on n’apprécie, dans les choses de l’esprit comme dans la conversation, comme dans le vêtement, que l’air de modernité ; — 3º on tend, par suite, à exagérer la distance qui sépare les « honnêtes gens » du vulgaire.
Le plaisir était neuf, grande fut la surprise. — Quoi ! […] Ampère, dans le Globe 98, y relevait ces vers simples, mélodieux, touchants, par lesquels le poëte, revoyant son vaisseau le Thémistocle à la tête de la flotte qui va combattre, se rappelle les impressions toutes pacifiques du premier départ : Et nos plaisirs rêveurs !
On dirait que le goût des anthologies animait, poursuivait Méléagre en toutes choses ; il combinait et tressait ses propres passions comme les muses de ses poëtes : il faut le voir, dans cette Tyr dissolue, le long de ces îles d’Éolie qu’il parcourt, composer et assortir en tous sens les bouquets, les grappes d’Amours comme des grappes d’abeilles, retourner et diversifier à plaisir ses groupes de Ganimèdes et de Cupidons : cela rappelle cette nichée d’Amours, grands et petits, qu’Anacréon portait toujours dans le cœur. […] » — Une autre fois, s’adressant suivant l’usage à la lampe, il la suppliait de s’éteindre plutôt que de favoriser de sa clarté les plaisirs d’un autre, et il souhaitait de plus que cet autre tombât tout d’un coup accablé de sommeil, comme ce beau dormeur Endymion, lequel, on le sait, ne sentait pas son bonheur.
C’est un point lumineux dans ce demi-jour des premières années où tout est confondu, plaisirs, espérances, regrets, et où les souvenirs sont brouillés et incertains, parce qu’aucune pensée ne les a gravés dans la mémoire ; amour charmant qui ne sait pas ce qu’il veut, qui se prend aux yeux bleus d’une fille comme le papillon aux roses du jardin par un instinct de nature, par une attraction dont il ne sait point les causes et dont il n’entrevoit pas la portée ; innocent besoin d’aimer, qui plus tard se changera en un désir intéressé de plaire et de se voir aimé ; passion douce et sans violence, rêve en l’air ; première épreuve d’une sensibilité qui se développera plus tard ou qui plutôt s’éteindra dans des passions plus sérieuses ; petite inquiétude de cœur qui tourmente souvent un jeune écolier, un de ces enfants aux joues roses que vous croyez si insouciant, mais qui déjà éprouve des agitations inconnues, qui étouffe, qui languit, qui se sent monter au front des rougeurs auxquelles la conscience n’a point part. » — La grâce facile où se jouera si souvent la plume de Charles Labitte se dessine déjà dans cette page délicate où je n’ai pas changé un mot. […] Quelle qu’en fût la cause, l’étude passionnée à laquelle se livrait Charles Labitte et d’où il tirait pour nous tant d’agréables productions, lui était à la fois un plaisir et une source de mort.
Quoi qu’il en soit de ces meilleures veines entremêlées et persistantes, et de quelques honorables exceptions qui retardent sur le siècle, telles que la Chronique rimée de Du Guesclin et le Combat des Trente, ce fragment épique du plus rude et du plus grand caractère, ce poème d’honneur qui nous rappelle le ton de la Chanson de Roland, la décadence durant tout le xiv e siècle se continue et, qui pis est, elle s’ignore, elle s’applaudit, elle foisonne et se diversifie à plaisir en toute sorte de subtilités et de fausses gentillesses. […] Comment ne prendrions-nous pas plaisir un moment au gracieux recueil de Charles d’Orléans, à ses vivacités de désir, à ses regrets d’une mélancolie encore riante, à ses plaintes doucement philosophiques ?
XI À cela près, il entra dans la science avec tous les heureux privilèges de son aristocratie, riche, libre, au niveau ou au-dessus de tout le monde, se consacrant exclusivement, non aux vains plaisirs de son âge, mais aux sérieuses études de la vie scientifique : véritable savant allemand transporté dans Paris. […] Tous deux, enchaînés si étroitement d’amitié, dans une vie de communs travaux, avaient, de tout temps, partagé peines et plaisir.
Il semblait que je voulusse me faire belle pour mon ange gardien, car, quand les pèlerins passaient par hasard près du châtaignier, et qu’ils regardaient, en se parlant entre eux, mon visage, cela me faisait honte au lieu de me faire plaisir ; ce n’était pas pour eux que je désirais voir mes cheveux reluire comme de l’or au soleil. […] J’y mêlais des soupirs et des paroles tout bas dans mon cœur, tout en jouant ; cela allait bien tant que l’air du couplet était sérieux, dévot et tendre comme mon idée ; mais à la fin du couplet, quand il fallut jouer la ritournelle, la ritournelle gaie, folle et sautillante comme les éclats de voix du pinson ivre de plaisir, au bord de son nid sur les branches, oh !
Il faut d’abord admettre que, dans le cours de ses immolations quotidiennes, Sonia n’éprouve jamais le plus petit plaisir. […] Et, de rencontrer chez eux des choses qui sont belles exactement de la même manière que les belles choses de chez nous, j’éprouve un plaisir que double la surprise et qu’attendrit la reconnaissance.
La théorie de l’œuvre d’art régie par le bon plaisir du trouveur est proche de celle-ci : la recherche du plaisir immédiat, qui déshonore encore presque toute la musique française27.
De là, cette indifférence du public pour le Théâtre-Français, qui fut si longtemps notre gloire et notre plus noble plaisir. […] De temps à autre de nouvelles combinaisons de plaisirs, de nouvelles conditions de succès deviennent nécessaires.
C’est le plus admirable lieutenant, le plus parfait élève qui vient de gagner l’estime, l’amitié du maître, et à qui Bonaparte, dès le lendemain (le 15), écrit : « Je vous apprends avec plaisir, mon cher général, que le général Augereau a attaqué hier l’ennemi, lui a pris quelques hommes, douze pièces de canon, lui a brûlé ses ponts, etc. » Joubert, enfin, chargé seul de poursuivre et d’achever Alvinzi dans cette journée du 15, écrit à Bonaparte, le soir même : J’ai parfaitement suivi vos dispositions pour l’attaque de la Corona ; le succès a été au-delà des espérances : trois pièces de canon, quatre ou cinq mille prisonniers ; Alvinzi lui-même, précipité dans les rochers et se sauvant comme un éclaireur sur l’Adige et sans soldats : tel est en abrégé le résultat de cette affaire.
La composition du café Procope est un peu arrangée à plaisir.
D’abord il est démontré que de certaines situations, seulement effrayantes, que les mauvais imitateurs de Shakespeare ont voulu représenter, ne produisent qu’une sensation physique désagréable, et aucun des plaisirs que la tragédie doit donner ; mais, de plus, il y a beaucoup de situations touchantes en elles-mêmes, et qui néanmoins exigent un jeu de théâtre, fait pour distraire l’attention, et par conséquent l’intérêt.
Mais l’art d’écrire en littérature est composé de tant de nuances, des idées fines et presque fugitives exercent une telle influence sur le plaisir que telle expression fait éprouver, sur l’éloignement que telle autre inspire, que pour bien écrire il faut étudier avec le soin le plus délicat tout ce qui peut agir sur l’imagination des hommes.
Quand sous le fer trompé César fut abattu, Antoine eut peur en lui d’un reste de vertu ; Fulvie aux triumvirs mendia cette tête ; Octave marchanda ; Lépide, un jour de fête, Ne pouvait refuser ce bouquet au festin ; La courtisane obtint ce plaisir clandestin ; La meute des soldats, qu’un délateur assiste, Sortit de Rome en arme et courut sur la piste.
Le public, d’abord étonné de voir ce jeune homme inconnu prendre plaisir à se mettre à dos toute la bande rancunière des écrivains, comprit insensiblement le sens et le but de ces attaques, en les voyant multiplier et redoubler.
Il est certain que ni les idées — et il y en a beaucoup — ni l’esprit — et il y en a plus encore — ni tous les dons du critique, de l’écrivain, de l’orateur même, ne suffisent à expliquer le plaisir complexe et complet que donne, à la foule comme aux délicats, M.
Je ne dis pas qu’il n’avait pas songé qu’il ferait plaisir à tel ou tel en les citant ; c’était comme des cartes de visite qu’il déposait chez les membres de la Presse, ses juges de demain, qui casseraient ou ratifieraient devant le grand public l’arrêt de la Faculté.
Jamais les difficultés, cherchées et multipliées à plaisir d’artiste, de la prosodie et du rythme n’ont été mieux déguisées par la simplicité mélodique du sentiment ; et jamais la banalité du sentiment éternel n’a été mieux relevée par la recherche, la complication adroite de l’art… Aujourd’hui, M. de Banville, après avoir publié deux livres de poésies remarquables, et répandu dans les journaux, dans les revues, de nombreuses pages d’une prose savante, correcte, pleine de nombre et de mouvement, est encore considéré par bien des gens comme un jeune écrivain dont le talent promet.
Assurément, chaque lecteur est juge du plaisir qu’il prend, et je crains que M.
Je ne sais s’ils y trouvaient plaisir, mais ils écoutaient dévotement et ils témoignaient beaucoup plus de déférence pour les Muses que ne font certains mondains, dans les salons.
J’ai pensé que quelques personnes liraient, non sans profit, ces pages ressuscitées, et surtout que la jeunesse, un peu incertaine de sa voie, verrait avec plaisir comment un jeune homme, très franc et très sincère, pensait seul avec lui-même il y a quarante ans.
Les deux faits fondamentaux sont le plaisir et la douleur.
Elle a trouvé un correctif dans l’esprit français lui-même, qui, tout en s’émancipant, s’est encore imposé de certaines règles et de certaines difficultés pour avoir le plaisir d’en jouer.
Ce n’est qu’à titre de reconnaissance qu’il a lieu maintenant de regretter la Chambre des pairs ; mais ces assemblées nouvelles, si diversement composées et si orageuses, lui vont à merveille ; il ne craint pas les interruptions, il les aime ; il y trouve grand honneur, dit-il, et grand plaisir.
Je me souviens d’avoir ressenti un plaisir violent en contemplant un mur de l’Acropole, un mur tout nu (celui qui est à gauche quand on monte aux Propylées).
Ces nobles cœurs font plaisir à voir, et on aime leurs écrits malgré la singularité de leurs pensées.
Bravée, menacée, elle prend sa revanche, mettant son plaisir âpre à torturer ceux qui s’approche d’elle.
se dit-il, chers gages… Voilà encore un de ces morceaux où il semble que le cœur de La Fontaine prenne plaisir à s’épancher.
La réputation d’un poëme s’établit par le plaisir qu’il fait à tous ceux qui le lisent.
Il ne s’agit nullement de faire aux femmes, qui aiment tant à être victimes, parce qu’elles savent que c’est la meilleure manière d’être bourreau, le plaisir de leur refuser tout ; mais simplement de reconnaître exactement, — en le déterminant, — ce qu’elles ont, et ce qu’on ne veut pas, certes !
il put se donner le plaisir d’éteindre, comme des quinquets, les écrivains de son recueil qui pouvaient avoir encore quelque étincelle, et de faire autour de lui le gris qu’il aime, ce hibou albinos !
Or, en la posant, cette question, on sort du vague des mots et des idées, on entre dans le vif des faits, on met la main sur la clef de l’Économique de l’époque, on ressuscite le peuple et tout va facilement s’expliquer… La Ligue, ce n’est plus un parti, c’est le peuple, c’est la défense jusqu’à la mort de son patrimoine menacé, de l’héritage de ses enfants, de ce patrimoine sans lequel il se sent spolié dans ses pratiques, ses salaires, ses achats, ses plaisirs, et déshonoré comme vassal industriel des falsificateurs qui, au nom d’un principe nouveau, viennent rompre les cadres de ses robustes catégories.
Les femmes elles-mêmes trouveraient du plaisir dans cette érudition élégante et fringante, qui, pour les hommes, n’en est pas moins substantielle, — et qui est laite de tant de choses, comme un parfum est fait de mille fleurs.
Évidemment il y a pour les philosophes, dans cette théocratie que M. l’abbé Mitraud appelle et qu’il justifie, je ne sais quoi qui n’est pas la théocratie du moyen âge et du cardinal Bellarmin, mais quelque chose qu’ils flairent avec plaisir et qui odore, comme la théocratie de Gioberti, par exemple, de Gioberti, cet autre abbé cher à cette Ogresse d’abbés, la Révolution !
Il a beau nous raconter la vie de cette fille, qu’il nous dit si jolie et si voluptueuse, il ne rose ni ne rougit son récit de la fraîcheur de sa jeunesse ou de l’émotion de son plaisir.
Je ne cite pas beaucoup d’ordinaire, mais je me fais un rude plaisir en vous citant cela : « Je voudrais — dit-il au commencement de son livre — qu’au lieu de cette scène de repos nous puissions voir ici à plein, des yeux du corps, les royaumes du monde et leurs magnificences.
J’entends par avance rugir d’indignation les moins subtils de nos esthètes, si quelqu’un affirme naïvement devant eux trouver un plaisir esthétique à contempler une machine en mouvement, découvrir une beauté singulière dans la vie fiévreuse et rythmique des volants, des pistons et des bielles.
Il dit à Constance : « L’athlète des jeux olympiques, jaloux de vaincre, et veillant sur lui-même, s’interdit tous les plaisirs qui pourraient l’énerver ; et le prince qui est, pour ainsi dire, l’athlète de l’univers, ira-t-il se livrer à de lâches voluptés ?
Chez une race mobile, enthousiaste, charmée des fêtes et des plaisirs comme de la gloire, ce génie prend part à tout : il commence où cesse le récit épique ; il donne à l’hexamètre majestueux l’accompagnement d’un second vers plus court, et, gravant ainsi la pensée, soutient le son poétique par l’accent musical.
Entraînés par le plaisir autant que par l’intérêt, ils s’écartent parfois de leur droit chemin, et prennent des sentiers agréables et fleuris qui les y ramènent : souvent curieux de s’instruire en marchant, ils s’arrêtent sur leur passage, ils observent les lieux et les mœurs ; ils écoutent les bruits qui les frappent ; et recueillent les récits des aventures avec attention : n’en est-il pas de même des lecteurs ? Le poète épique, jaloux de leur faire parcourir la vaste carrière qu’il leur ouvre, ne doit donc pas oublier de les tenir en haleine, par l’intérêt, le plaisir, et l’instruction. […] La pâleur d’un héros adolescent, la pitié qu’excite la vue de sa blessure, le récit de son acte magnanime, le plaisir de la bienfaisance animée par l’espoir de le guérir, ses regards et sa brûlante approche au moment de la convalescence, n’en voilà-t-il pas plus qu’il ne faut pour vaincre les dédains de la fille la plus sévère, et même pour tourner la tête à une femme plus chaste qu’une prude ? […] S’il est agréable de suivre un moment la démarche embarrassée de la faible Herminie, si l’on sourit de la peine qu’elle éprouve à porter la lourde armure sous laquelle son sein palpite de crainte, c’est qu’on reconnaît en elle une amante périlleusement déguisée : l’esprit, qui l’accompagne avec plaisir dans sa fuite, partage tellement son émotion, qu’à l’heure où, refugiée sous la chaumière des pasteurs, elle y détache sa cuirasse, on croit soi-même en déposer le poids. […] Il faut, en un mot, qu’un poème épique ressemble à la vie qui est pleine d’incidents et de sensations, par lesquels nous passons continuellement du plaisir à la douleur, et de l’agitation au repos.
Quoiqu’un instrument de musique dont les cordes sont touchées, ne reçoive en lui-même qu’une simple modification, lorsqu’il rend le son du ré ou celui du sol, nous parlons de ces sons comme si c’étoit autant d’êtres réels : & c’est ainsi que nous parlons de nos songes, de nos imaginations, de nos idées, de nos plaisirs, &c. […] Nous sommes émus, nous sommes affectés, nous sommes agités ; ainsi nous sentons, & de plus nous nous appercevons que nous sentons ; & c’est ce qui nous fait donner des noms aux différentes especes de sensations particulieres, & ensuite aux sensations générales de plaisir & de douleur. Mais il n’y a point un être réel qui soit le plaisir, ni un autre qui soit la douleur. […] Fille des plaisirs, triste goutte.
Un des premiers chapitres traite du plaisir et de la douleur. On y pose à l’élève une question telle que celle-ci : « Le plaisir est-il ou n’est-il pas le bonheur ? […] À la rigueur, la phrase pourrait signifier simplement : « Vu le sens habituel des termes plaisir et bonheur, doit-on dire que le bonheur soit une suite de plaisirs ? […] Mémoire, imagination, conception et perception, généralisation enfin, ne sont pas là « pour rien, pour le plaisir ». […] Ils ne perçoivent plus simplement en vue d’agir ; ils perçoivent pour percevoir, — pour rien, pour le plaisir.
Sainte-Beuve (1re partie) I Mon cher Sainte-Beuve, Je reçois et je relis, avec un plaisir égal à celui de ma jeunesse, ces deux charmants volumes que vous avez pensé à m’adresser à Saint-Point. […] Pour moi, quoique ma vie littéraire déjà si longue, et, pour ainsi dire, étendue sur un trop large espace, me laisse peu le plaisir des perspectives, il en a été cependant ainsi pendant un assez long temps ; et quand je m’arrêtais pour regarder en arrière, il me semblait que c’était en 1829, à la date où j’écrivais les Consolations, que j’aimais le plus à me retrouver, et qu’il m’eût été le plus agréable aussi qu’on cherchât de mes nouvelles. […] « Une chose cependant diminuerait le plaisir que j’ai à rêver avec les douces larmes que fait couler une bonne action : cette idée d’en être payé par une récompense, un paradis.
Avec son éparpillement de détails et son tourbillonnement de scènes qui se succèdent sans lien entre elles, et pour le seul plaisir des yeux, le Faust de Gœthe est bien plus un opéra qu’un drame. […] Chapitre VI : l’art et les voyages Avant de poursuivre cette étude sur Gœthe que je veux mener à bien, je hasarderai une observation, non pour me donner le courage de continuer, — je l’avais en commençant cette étude et quoi qu’il pût arriver, — mais pour redoubler en moi le plaisir d’un travail sincère, qui n’a pas encore rencontré, que je sache, de contradicteur4. […] Les imbécilles, qui s’usent la langue sur le granit d’un mot, lèchent celui-là sans que cela leur rapporte la moindre titillation de plaisir.
Issues de la fonction fabulatrice par nécessité, et non pas pour le simple plaisir, elles contrefont la réalité perçue au point de se prolonger en actions : les autres créations imaginatives ont cette tendance, mais elles n’exigent pas que nous nous y laissions aller ; elles peuvent rester à l’état d’idées ; celles-là, au contraire, sont idéo-motrices. […] En vain nous ferions observer que dans la série animale cette souffrance est loin d’être ce que l’on pense : sans aller jusqu’à la théorie cartésienne des bêtes-machines, on petit présumer que la douleur est singulièrement réduite chez des êtres qui n’ont pas une mémoire active, qui ne prolongent pas leur passé dans leur présent et qui ne sont pas complètement des personnes ; leur conscience est de nature somnambulique ; ni leurs plaisirs ni leurs douleurs n’ont les résonances profondes et durables des nôtres : comptons-nous comme des douleurs réelles celles que nous avons éprouvées en rêve ? […] Mais il y a un optimisme empirique, qui consiste simplement à constater deux faits : d’abord, que l’humanité juge la vie bonne dans son ensemble, puisqu’elle y tient ; ensuite qu’il existe une joie sans mélange, située par-delà le plaisir et la peine, qui est l’état d’âme définitif du mystique.
Mais la liberté est besoin de petit nombre ; l’égalité et le plaisir de se croire souverain est besoin de tous. […] Froid plaisir et triste succès ! […] Elle ne sait point transformer l’ennui en « sombres plaisirs », comme d’autres ; elle s’en fait une agonie. […] Ils ont eu au moins le plaisir de paraître davantage dans leurs écrits. […] — Non, j’ai plaisir à me sentir encore soutenue par vous. » Nous retombâmes dans le silence.
Comme ça doit lui faire plaisir quand il se compare à moi et considère le chemin qu’il a fait depuis qu’il m’a quitté ; il est certain qu’il doit me trouver bien loin de lui en arrière et qu’il a fait de la route (extérieure). […] Elle est faite pour aimer l’amour, aimer le plaisir, aimer la vie, beaucoup plus que pour aimer un homme, faite pour avoir des amants plus que pour avoir un amant. […] Trois phases : d’abord un sujet qui vit pour lui-même, puis un objet qu’on caresse pour son plaisir, enfin une chose qu’on jette quand on en a eu ce qu’on voulait. […] Mais Flaubert se fait un malin plaisir de bousculer le roman, historique ou autre, tel que le comprennent les critiques, tel qu’il faut qu’il soit pour les prendre. […] La littérature est un chemin qui marche et qui vous mène à des aspects variés du plaisir, ou des idées qu’on se fait sur le plaisir.
Mais cette façon d’envisager la nature, dont le discours du grand-prêtre Génius est demeuré l’expression la plus philosophique en notre littérature, a plutôt abouti à des conclusions relâchées de morale et à une poésie de plaisir ; il n’en est sorti aucune grande peinture naturelle. […] « Une seule épine me fait plus de mal que l’odeur de cent roses ne me fait de plaisir…..
J’ai été comme ébloui ; j’ai cru sentir la voûte du ciel s’écrouler sur moi, le plancher manquer sous mes pieds, le soleil et la nuit se confondre et entrer pêle-mêle, comme sous un coup de marteau, dans ma tête ; je n’ai pas eu le temps de respirer, j’étais essoufflé, ou plutôt il m’a semblé que j’étais poussé par une main puissante à travers des espaces incommensurables, tantôt répugnants, tantôt délicieux, tantôt par force, tantôt par plaisir ; ici affreuse stérilité, là fécondité prodigieuse, hurlements affreux d’un côté, musique caressante de l’autre ; allant où je ne voulais pas aller, m’arrêtant où je ne voulais pas m’arrêter, mais allant toujours, comme si la poigne du Juif errant m’eût déraciné de terre pour me contraindre à le suivre jusqu’en enfer ; en un mot, Monsieur, ce livre m’a souvent révolté, toujours entraîné, et je suis arrivé au bout en maudissant la route ; mais, comme la roue précipitée sur une pente d’abîmes où il lui est impossible de s’arrêter, j’étais moulu quand j’ai été au fond. […] Vous me ferez plaisir de me l’expliquer.
Une autre mare plus petite, Si l’on retourne vers le mont, Par l’ombre de son boys invite De passer sur un petit pont, Pour aller au lieu de délices, Au plus doux séjour du plaisir, Des mignardises, des blandices, Du doux repos et du loysir. […] Mais, pour l’exercice et le plaisir de ma pensée, je pris certainement la meilleure part.
Scherer lui-même avait peut-être besoin d’être signalé à la classe plus nombreuse de lecteurs auxquels je désire qu’il s’adresse dorénavant, et j’ai tenu à le faire sans retard ; c’était justice à la fois et plaisir ; j’aime assez à sonner le premier coup de cloche, comme on sait.
Mais le propre de cette aimable société de la caserne et de Feuillancour, c’est que la distinction, l’élégance, le goût de l’esprit surnageaient toujours jusque dans le vin et les plaisirs.
Dupanloup, homme d’éloquence et de zèle, mais d’un zèle qui n’est pas toujours sûr, il lui sembla tomber dans un monde tout nouveau : au sortir d’une nourriture chrétienne classique, sévère et sobre, il était mis à un régime bien différent ; il avait affaire pour la première fois à ce catholicisme parisien et mondain, d’une espèce assez singulière, que nous avons vu, dans ses diverses variétés, naître, croître chaque jour et embellir ; catholicisme agité et agitant, superficiel et matériel, fiévreux, ardent à profiter de tous les bruits, de toutes les vogues et de toutes les modes du siècle, de tous les trains de plaisir ou de guerre qui passent, qui vous met à tout propos le feu sous le ventre et vous allume des charbons dans la tête : il en est sorti la belle jeunesse qu’on sait et qu’on voit à l’œuvre.
Une médaille d’argent qui lui fut décernée, une fois, pour la culture de la pomme de terre, très encouragée alors, le rendait tout fier et lui causait un innocent plaisir.
Un gémissement si vrai n’a rien de l’élan des âmes tourmentées à plaisir et remuées, qui s’enfoncent elles-mêmes l’aiguillon63.
Qu’il y ait eu des épisodes intercalés, des scènes d’Olympe à tiroir, ménagées çà et là pour faire transition et relier entre elles quelques-unes des rhapsodies, c’est possible, et la sagacité conjecturale peut s’y exercer à plaisir et s’y confondre ; mais, sans prévention, on ne peut méconnaître non plus un grand ensemble et ne pas voir planer dans toute cette durée de l’action la haute figure du premier des héros, de celui qui agitait en songe et suscitait Alexandre.
Tout est fixé d’avance dans l’ambition ; ses chagrins et ses plaisirs sont soumis à des événements déterminés ; l’imagination a peu d’empire sur la pensée des ambitieux, car rien n’est plus réel que les avantages du pouvoir.
La complaisance qu’on a pour ses idées, la peine qu’on éprouve à se retrancher, à repousser un trait d’esprit ou une pensée originale, font qu’on manque sans cesse aux lois de la proportion, qu’on développe les parties au gré de sa fantaisie et de son plaisir, non pas selon leur importance, et qu’on produit des œuvres boiteuses, bossues, des monstres difformes qui ne se tiennent pas debout et qui ne sauraient vivre.
Jacquinet a composé là, avec un tact très sûr, pour les jeunes filles de nos lycées, un recueil délicieux que les hommes même liront avec plaisir et profit, qui prête à beaucoup de remarques et au sujet duquel se pose naturellement plus d’une question intéressante.
Mais notre siècle a inventé une forme nouvelle du péché de malice, quelque chose de bâtard et de contradictoire : le péché de malice sans la foi, le plaisir de la révolte par ressouvenir et par imagination.
Beaucoup regardent l’art comme un divertissement et un passe-temps et admettent que de même que chacun a le droit de prendre son plaisir où il le trouve, chaque artiste a le droit d’amuser et d’intéresser son public à sa façon. — Le blâme moral et social, le désir de réglementation, de répression et de limitation de la liberté de l’art ne s’expriment chez nous avec une certaine âpreté que chez des spécialistes ou des professionnels de la morale : sociologues, éducateurs, professeurs, pasteurs.
Plus d’une fois l’individu qui ne cherche dans ses attaques contre la société qu’une satisfaction de ses désirs antisociaux se persuade à lui-même qu’il obéit à une préoccupation de justice sociale, qu’il poursuit un idéal de sociabilité supérieure, et par contre, tel autre qui prétend ou qui croit même poursuivre un but social, un idéal politique et moral supérieur, ne recherche au fond qu’une occasion de renverser ce qui existe et jouit surtout du plaisir de la destruction.
« Tous les soirs, en me souvenant de la journée accomplie, en prévoyant la journée prochaine, je bénirai la sérénité harmonieuse de ma destinée, et sur les plaisirs tumultueux des autres femmes j’abaisserai un regard de pitié.
Selon une autre version 335, il aurait pris plaisir à écouter le prisonnier, et ces entretiens l’auraient jeté dans de grandes perplexités.
Jésus se le laissait donner avec plaisir, quoiqu’il lui causât quelque embarras, sa naissance étant toute populaire.
Il finit, ce semble, par y prendre plaisir, car il faisait de la meilleure grâce les miracles qu’on lui demandait en l’interpellant ainsi 679.
En 1706, madame de Maintenon écrivait à son frère, lettre CXVI de l’édition de Nancy : « Je n’ai pu voir sans plaisir une généalogie de 400 ans très bien prouvée par des contrats de mariage.
Au second plan, apparaît aussi une ancienne maîtresse d’André, mademoiselle Albertine de la Borde ; et c’est un type frappé comme par un balancier monétaire, à l’une des effigies courantes de l’époque, que celui de cette courtisane commerciale, qui tient son boudoir comme un comptoir, et prête le plaisir à la petite semaine.
Ce premier amour avec Lucy, sous l’invocation d’Ossian, est une jolie esquisse, d’un trait pur et simple ; c’est finement touché : il y a du sourire, un peu de malice ; en un mot, de ces qualités qu’excède aisément le talent de M. de Lamartine, mais qui font d’autant plus de plaisir à rencontrer chez lui.
L’affaire traînoit en longueur par des manœuvres secrettes, par les divisions éternelles des consultans, qui sont des moines & rarement des prélats, qui ne s’occupent que d’intrigues & de plaisirs.
Je ne puis pas avoir conscience du plaisir ou de la douleur d’un autre.
La maison du procureur, son intérieur, son mobilier, son jargon, ses plaisirs, le caquet de sa femme, et jusqu’au menu de ses repas et de ses festins, y sont pour la première fois décrits avec la fidélité et la minutie d’un procès-verbal ; les personnages s’y montrent non pas tels qu’il a plu au romancier de les faire, mais tels qu’ils ont dû être rigoureusement par rapport à leur époque et à leur fonction, et l’on sent parfaitement, à la façon dont ils se conduisent, que l’auteur se préoccupe bien moins de leur faire jouer un rôle que d’accuser scrupuleusement jusqu’aux moindres circonstances de leurs habitudes et jusqu’aux moindres détails de leur physionomie.
il ne faut pas qu’on l’oublie, et j’avoue que j’ai un fort plaisir à le répéter aux écrivailleuses endiablées de cette époque superbement plate, puisqu’elle accepte leurs extravagantes prétentions, c’est qu’il faut que Dieu s’en mêle, par voie extraordinaire et par grâce surnaturelle, pour qu’une femme, en génie, vaille un homme… Dans l’ordre humain, cela ne s’est jamais vu.
Tout en aimant d’un goût involontaire le plaisir intellectuel qu’il nous donne, nous n’en avons pas été abruti au point de ne pas voir tous les défauts et toutes les misères d’un écrivain qui en eut, pour sa part, autant que personne, si ce n’est peut-être davantage.
Tout en aimant d’un goût involontaire le plaisir intellectuel qu’il nous donne, nous n’en avons pas été abruti au point de ne pas voir tous les défauts et toutes les misères d’un écrivain qui en eut, pour sa part, autant que personne, si ce n’est peut-être davantage.
Tandis que ce fauteuil-ci est un instrument de plaisir, comme Tertullien, le grave Tertullien, dit des femmes… C’est le fauteuil doux, moelleux, reposant, commode, le fauteuil du chez soi, dans lequel Alfred de Musset établit un jour sa fantaisie éprise et tout à la fois déprise du théâtre ; car les poètes ont souvent de ces contradictions !
Sans doute, il s’y souvient encore et du penchant au plaisir, et des libres idées de sa première patrie ; mais il y mêle un sentiment moral, que relève l’accent de la poésie, pt qu’on n’attendrait pas d’un prétendu devancier du matérialisme moderne.
Cela fit surtout plaisir à Saint-Amanth, à La Fontaine, à Saint-Évremondi et à Mme de Sévigné. […] Que vous êtes à plaindre, vous tous qui tirez vanité du dénigrement, du bafouement, si faciles ; qui croyez prendre plaisir à la recherche de la tare dans le beau ou dans le bien, à la découverte de la plaie dans la santé, petits Américs-Vespuces de petits îlots de guano dans les Amériques d’azur, — hélas ! […] Inusitée, elle est une surprise, un plaisir subtil ; attendue, elle est une satisfaction. […] J’aurais voulu y prendre plus de plaisir et en garder plus d’admiration. […] Mais il a trop souvent combattu avec les Symbolistes pour que je ne lui donne pas le plaisir de le placer parmi eux.
Léon Crouslé, « que je comprends bien ces dégoûts, ce besoin de plaisir et d’émotions que nous n’aurons jamais, et qui sont pour les nobles et les riches ! […] Les pages de l’Enfant, qui commencent : Je suis las des douleurs que j’ai eues, et las aussi de plaisirs qu’on me donne. […] Une formule, « la Terre et les Morts », revient toujours sous sa plume, « Avec quel plaisir », s’écrit-il, « en quittant cette Athènes fameuse, je retrouverai mon origine lorraine ! […] Les premières expériences du plaisir ont laissé des traces partout dans ces poèmes. […] Les chutes dans les abîmes obscurs et troubles du plaisir alternent en lui avec des élans vers les délices du monde spirituel.
Voilà sans doute le motif pour lequel j’ai tant de plaisir à écrire aujourd’hui cette chronique. […] La majeure partie des jeunes hommes, d’ailleurs, ne prend que peu de plaisir à ces petits potins de cénacle ; ils ont d’autres façons de s’occuper. […] Or je suis sûr que ces jeunes hommes ne manqueront pas de lire avec plaisir le nouveau livre de M. […] Et encore que vous les connaissiez sans doute, on a toujours plaisir à relire de telles jolivetés.
Henri IV aimait son esprit ; il prenait un vif plaisir aux anecdotes que lui contait Perez sur Philippe II et sur sa cour ; il l’appelait un maître dans l’art de conter, maestro de cuentos. […] Les actes de la vie publique des souverains, leurs mariages, les naissances et les morts de leurs enfants, leurs fêtes, leurs plaisirs, et tout ce que la ville imitait des mœurs de la cour, telle en est la principale matière. […] Aujourd’hui, il est devenu amoureux de plus sévères plaisirs : J’aime mieux mon repos qu’un embarras illustre… Mes défauts désormais sont mes seuls ennemis. […] « L’esprit de l’homme, dit-il, est naturellement plein d’un nombre infini d’idées confuses du vrai, que souvent il n’entrevoit qu’à demi, et rien ne lui est plus agréable que lorsqu’on lui offre quelqu’une de ces idées bien éclaircie et mise dans un beau jour168. » Regnier, soit paresse, soit infirmité de sa langue, nous donne trop rarement ce plaisir.
« L’orgue des crapauds, des grenouilles, sans y souffler, toujours bruit, peuple qui coasse, patouille et qui, pourtant, fait grand plaisir. […] Quel plaisir se gratter du doigt la boîte osseuse, Et se dire tout bas : Bon ! […] … Je lui souhaite beaucoup de plaisir avec une femme qui a dix ans de plus que lui ! […] J’ai recueilli les pauvres naufragés auxquels mon relieur fait, en ce moment, une fraîche toilette digne d’eux : c’est à ceux qui sont capables, je ne dis pas de pareil dévouement, mais de pareil plaisir, que s’adresse surtout cette étude. […] FANETTE Là, il dort encore, — Lou Miarro, et tout le mas sommeille emparessé… Si la feuille palpite, c’est du plaisir — que lui fait notre amour.
Mais les aristocraties ont un penchant à s’isoler ; elles veulent se distinguer de la foule par leurs manières, leur plaisirs, leur langage : elles dépouillent, autant qu’elles le peuvent, la nature commune de l’homme. […] Allons les goûter, lorsque fatigués de nos luttes et de nos plaisirs, nous éprouvons le besoin de respirer un air plus pur et plus fortifiant que celui de nos capitales. […] Rien même n’est plus facile que de trouver le talon d’Achille de ce poète excessif qui semble abuser à plaisir des richesses de son imagination. […] Rolla est un Don Juan à la française, jeune homme qui s’est ruiné dans la débauche et qui veut se tuer dans une dernière nuit de plaisir. […] D’abord le public français écouta la pièce avec plaisir.
L’amant qui se plaint d’être séparé de son objet, et voudrait vivre toujours dans l’union et la jouissance, n’est pas véritable amant, puisqu’il ne se résigne pas au bon plaisir de ce qu’il aime. Le comble du plaisir est d’être uni à l’objet qu’on aime. […] Ils se défendirent de ce marché tant qu’ils purent ; mais on les sollicita et pressa si fort de faire ce plaisir à la mère du roi, qu’ils furent enfin contraints de se rendre.
« Alors, il se faisait que nous trouvions un plaisir hors nature à torturer nos poissons, à torturer nos propres poissons. […] il existe partout, le hard labour, aussi bien en Russie, le pays du bon plaisir sanglant, qu’en Allemagne, en France, en Italie. […] Non qu’il fût ce qu’on appelle un misogyne — il se plaisait infiniment dans la société des femmes, et il savait s’y montrer charmant, — mais il ne voulait pas sacrifier à un plaisir, quelque vif qu’il fût, ce qu’il considérait comme le devoir, si douloureux fût-il parfois. […] À mon tour, je la soumets à mes lecteurs qui pourront trouver quelque plaisir, en lui cherchant une solution. […] Je veux exprimer ici tout mon plaisir de rentrer dans le rang.
Si l’obligation morale ne s’affirme pas pour eux avec une force souveraine, si les plaisirs de l’intelligence dépassent ceux du devoir accompli, si les douceurs de la contemplation les attirent davantage que les activités libres, un abîme est devant eux dont personne n’a jamais touché le fond et qui menace de les engloutir. […] Ce déplacement est logique ; il correspond aux heures tardives des civilisations vieillissantes, aux heures où l’individualité, fatiguée d’exigences arbitraires et de vaines conventions, surmenée par toutes sortes de travaux et de plaisirs factices, aspire à s’effacer dans l’alternance paisible et le cours immuable des objets inanimés. […] Le droit et la justice dépendront, de ce fait, uniquement des majorités numériques, et les majorités numériques, conscientes du pouvoir illimité que leur donne le nombre, en useront selon leur bon plaisir. […] Mentionnons enfin, pour être complets, l’effet plus direct de la dépense cérébrale qu’une civilisation, effrénée dans ses travaux comme dans ses plaisirs, impose d’une manière croissante à ses esclaves. […] L’auteur se plaît à nous renseigner lui-même sur le travail d’analyse qui s’opère constamment en lui et sur le plaisir qu’il y prend : Je sens passer en moi le sifflement moqueur Du Méphistophélès que chacun porte au cœur.
Marie venait aussi, quelquefois, quand elle en avait le loisir, alors mon plaisir était complet, car, après la chérie, c’était elle que j’aimais le plus. […] Je me tins devant eux, muette et gauche sans effusion, sans plaisir ; essayant, par orgueil, de cacher ma rancune. […] Il est certain que, si elle venait avec moi, je ne sentirais plus les regrets et je danserais de plaisir, à l’idée de m’en aller. […] Nous ne dissimulions, ni l’une ni l’autre, le plaisir que nous avions de nous séparer. […] Et c’est ainsi que, pour faire plaisir à cette douce et sentimentale Alsacienne, j’ai lu, avant le temps, toute l’œuvre de la grande Française.
On répète un air, l’ayant entendu avec plaisir ; il y a dans le beau style une mélodie qui s’impose au souvenir. […] Si Verlaine, surtout comme poète sentimental, a laissé des héritiers qu’on n’écoute pas sans plaisir, Stéphane Mallarmé, lui, est mort sans postérité . […] L’art est ce qui donne une sensation de beau et de nouveau à la fois, de beau inédit : on peut ne pas bien comprendre et cependant être ému. « Absurde à plaisir », voilà le mot important de la phrase : il n’est guère d’artiste ou d’écrivain de ce temps, pour peu qu’il eût d’originalité, qui n’ait subi vingt fois la grande injure des imbéciles et des insensibles ; fumiste, disent-ils en leur langue, comme en la sienne, Renan ; absurde à plaisir. […] Aucun, sans doute, n’était « absurde à plaisir » ; il n’en était pas moins fort difficile de les comprendre ou de les sentir. […] N’y a-t-il pas du plaisir à se plier logiquement à une règle que l’on comprend bien ?
Je passe devant l’hôtel de la Princesse, à la grille ouverte, comme les jours où nos fiacres y venaient chercher du plaisir intelligent. […] Notre officier d’état-major, à nous, ne fait rien de cela, il va le soir à ses plaisirs, et le lendemain, en arrivant sur le terrain, demande si ses troupes sont arrivées, et où est l’endroit à attaquer. […] Tout, dans ces jours, semble arriver à plaisir pour montrer le néant de l’expérience humaine. […] Pauvres gens, quand on les lâche, c’est plaisir de les voir se redresser ; c’est plaisir d’entendre le pas allègre, avec lequel ils touchent, de leurs semelles usées, le pavé de Paris. […] Des coups de soleil, des courbatures, et un très médiocre plaisir.
à rester, — et du plaisir d’aller faire les visites que de droit à mes futurs collaborateurs du « Dictionnaire de l’Usage ». […] juste pour pressentir toute la verve susceptible d’éclater en une œuvre à ce destinée par ce poète surtout du plaisir tour à tour délicat à l’infini et amusant, même gros quand l’heure en sonne. […] J’acceptai la proposition avec plaisir et nous commençâmes à travailler le jour suivant. […] Dans le recueil que nous donne aujourd’hui le nouveau poète que j’ai le plaisir de vous présenter, vous trouverez l’émotion, la belle candeur, tour à tour forte et charmante de la jeunesse — la jeunesse ! […] La preuve en est dans mainte et mainte prière de ce recueil : pas besoin de citations, puisque le volume suit ce que vous allez lire, j’en suis sûr, avec le plaisir que j’y ai mis et que je mets à écrire cette très sincère et très cordiale préface.
Les quatre étudiants se jouent des quatre sultanes qu’ils ont séduites parmi les plus jolies filles du peuple, comme de quatre instruments de plaisir qu’ils brisent après les avoir corrompues et rendues mères, sans se soucier seulement de leur innocence passée et de leur malheur à venir. […] ces ruptures-là sont irrévocables, — elle se trouva absolument isolée, avec l’habitude du travail de moins et le goût du plaisir de plus.
Le plaisir naïf que fait éprouver la forme articulée de certains continents ou des mers intérieures sur les cartes géographiques, l’espoir de contempler ces belles constellations australes que n’offre jamais à nos yeux la voûte de notre ciel, les images des palmiers de la Palestine ou des cèdres du Liban que renferment les livres saints, peuvent faire germer au fond d’une âme d’enfant l’amour des expéditions lointaines. […] Voici comment il en parle : « Puisque nous sommes revenu aux prosateurs, nous nous arrêterons avec plaisir sur la création qui a valu à Bernardin de Saint-Pierre la meilleure partie de sa gloire.
Il a le premier parlé, dans notre pays, la langue de la mélancolie, cette passion dont le christianisme a enrichi la nature humaine, et qui est comme un certain détachement des joies et des plaisirs de la terre, par lequel nous sommes préparés doucement à la séparation irrévocable. […] J’entends par la fin comique l’art de tirer le ridicule de l’observation, plutôt que de certains contrastes inattendus d’où naît le plaisir fugitif de la surprise.
Nul ne s’aperçut qu’il se fût mis à la place de l’usage pour frapper ses contradicteurs, ni qu’en enregistrant quelque décision de l’usage qui leur était défavorable, il parût prendre plaisir à exécuter contre eux un arrêt public. […] J’ai d’autant plus de plaisir à reconnaître la part qu’il prit à un travail utile et durable, et à trouver quelque endroit où le nom de Chapelain ne soit pas ridicule, que j’aurai plus tard à louer Boileau de la guerre qu’il lui fit dans l’intérêt de la poésie.
§ 9 Quand un enfant, sur l’appel de son père, vient à lui, c’est par affection, s’il a du plaisir à se retrouver avec lui, c’est par intérêt s’il espère recevoir un jouet ou s’il interrompt une agréable partie de billes en évaluant instinctivement les inconvénients d’une apparente surdité. […] Ils interviennent dans nos plaisirs les plus égoïstes, puisque la vie sociale intervient plus ou moins dans toutes nos joies comme dans toutes nos souffrances, et que nous ne saurions avoir aucune idée ni aucune impression, ni même aucune perception qui n’ait été au moins préparée par elle.
Quand on entre au Louvre dans les salles du musée espagnol, il y a plaisir sans doute à admirer de près tel tableau de Murillo et de Ribéra. […] Dugald Stewart, dans sa Philosophie de l’esprit humain (1827), croit encore que le sanscrit est un mauvais jargon composé à plaisir de grec et de latin.
Une philosophie, perverse sans doute, m’a porté à croire que le bien et le mal, le plaisir et la douleur, le beau et le laid, la raison et la folie se transforment les uns dans les autres par des nuances aussi indiscernables que celles du cou de la colombe. […] Ils vivaient ensemble sur la barque, le plus souvent retirée dans une anse du Lédano ; ils naviguaient à leur plaisir et quand la fantaisie leur en prenait.
Elle s’habille misérablement, s’enlaidit à plaisir et sert les chevaliers du Graal, leur apporte des baumes dans son costume de sorcière sauvage. […] Aussi promptes à l’effroi qu’au plaisir, aussi vite fanées qu’écloses, elles cèdent le pas à la puissante magicienne. « Grand fou !
Il nous reste à faire un appel à l’opinion, à cette grande majorité de spectateurs qui a applaudi Henriette Maréchal, à tout ce monde d’hommes et de femmes du Paris intelligent et lettré qui ne veut pas que la tyrannie de la politique ou l’exagération de la morale touche à ses plaisirs, à ses goûts, à ses sympathies. […] Il était besoin, pour le tenter et peut-être réussir, de continuer à avoir pour collaborateur un poète doublé d’une oreille particulière, un original passant des heures entières, aux Tuileries, à entendre causer des bébés, pour le seul plaisir de surprendre la syntaxe de leurs phrases enfantines.
La perception présente attirerait alors à elle un souvenir similaire sans aucune arrière-pensée d’utilité, pour rien, pour le plaisir — pour le plaisir d’introduire dans le monde mental une loi d’attraction analogue à celle qui gouverne le monde des corps.
C’était plaisir et merveille d’en regarder la beauté.
C’est toujours la légende locale qui se forme à plaisir et s’arrange autour d’un nom.
A-t-il à parler (13 août 1779) d’un médecin et chirurgien irlandais, David Macbride, il insistera particulièrement sur les qualités que doit réunir un médecin des femmes et particulièrement un accoucheur : Nées, dit-il, pour la peine autant que pour le plaisir, dévouées en quelque sorte à l’éducation et au bonheur des hommes, destinées à leur fournir le premier aliment et à leur prodiguer les premiers soins, exposées à un grand nombre d’infirmités et de maladies dont cette noble fonction est la source, les femmes ont toujours eu l’intérêt le plus vif à s’occuper de leur santé et à choisir un médecin habile.
Il sied mal de dérober l’honneur d’autrui ; il n’y a rien qui décourage tant un bon cœur. » Dans les diverses guerres auxquelles il prend part et qu’il nous décrira, il est de certains faits qu’il aura ainsi trop de curiosité et de plaisir à raconter, à déduire au long et par le menu, pour qu’on n’y voie point se déceler et se déclarer le genre de talent militaire particulier et propre à Montluc : c’est ordinairement dans ce qu’il appelle une faction ou fait d’armes à part, dans un coup de main, un stratagème bien ourdi, une escarmouche bien menée, une attaque de place réputée imprenable, ou une défense déplacé réputée intenable, quelque entreprise soudaine et difficile, une expédition en un mot qui fasse un tout, à laquelle il commande, sans qu’il soit besoin d’avoir sous sa main autre chose qu’une élite, c’est là qu’il se complaît et où il excelle.
L’explication que lui donna Montluc, si elle se trouvait dans une histoire ancienne, serait célèbre, et nous la saurions dès l’enfance : Alors, je lui répondis (au roi) que c’était une chose que j’avais trouvée facile ; et comme je le vis affectionné à la vouloir entendre, connaissant qu’il prenait plaisir d’en ouïr conter, je lui dis que je m’en étais allé un samedi au marché, et qu’en présence de tout le monde j’avais acheté un sac et une petite corde pour lier la bouche d’icelui, ensemble un fagot, ayant pris et chargé tout cela sur le col à la vue d’un chacun ; et comme je fus à ma chambre, je demandai du feu pour allumer le fagot, et après je pris le sac, et là j’y mis dedans toute mon ambition, toute mon avarice, mes haines particulières, ma paillardise, ma gourmandise, ma paresse, ma partialité, mon envie et mes particularités, et toutes mes humeurs de Gascogne, bref tout ce que je pus penser qui me pourrait nuire, à considérer tout ce qu’il me fallait faire pour son service ; puis après je liai fort la bouche du sac avec la corde, afin que rien n’en sortît, et mis tout cela dans le feu ; et alors je me trouvai net de toutes choses qui me pouvaient empêcher en tout ce qu’il fallait que je fisse pour le service de Sa Majesté.
Le roi nous a dit qu’il n’avait jamais vu une si belle relation, et qu’il nous la ferait lire. » Les éditeurs ont eu l’heureuse idée de nous faire le même plaisir que Louis XIV à ses courtisans, c’est-à-dire de nous donner le texte même de la relation de M. de Luxembourg, conservée au Dépôt de la guerre, et de laquelle s’étaient amplement servis les historiens militaires du règne ; mais dans sa première forme et dans son tour direct, elle a quelque chose de vif, de spirituel, de brillant et de poli qui justifie bien l’éloge de Louis XIV, et qui en fait de tout point une page des plus françaises.
Il est amusant, quand on sait de quoi il retourne, de suivre de l’œil jour par jour le train de cette Cour et de ses plaisirs, ces continuelles parties à La Muette, à Madrid, à La Rivière, à Choisy, ces voyages intimes du roi et des quatre sœurs ainsi qu’on les appelle, c’est-à-dire des deux princesses du sang, Mlle de Charolais et Mlle de Clermont, et des deux sœurs, Mme de Mailly et Mme de Vintimille ; car Mme de Mailly, à un certain moment, s’était adjoint une de ses sœurs, avec laquelle elle paraît avoir vécu en parfaite intelligence, quoique celle-ci fût d’une humeur plus hardie et plus inégale.
Bonaparte lui écrivait le 30 mai : « Tous les renseignements qui me viennent sur la discipline de votre division, ainsi que sur la bonne conduite des officiers qui la commandent, lui sont favorables : cela vient de l’exemple que vous leur donnez et de la vigilance que vous y portez. » En faisant connaître à ses troupes cette lettre d’éloges, Joubert y joignait l’expression de ses sentiments en des termes qui, pour avoir été souvent répétés depuis et un peu usés par d’autres, ne cessent pas d’être les plus honorables et d’avoir tout leur prix dans sa bouche : Je fais connaître avec plaisir la lettre que je viens de recevoir du général Bonaparte, et je saisis cette occasion de témoigner mes sentiments à mes braves camarades.
il rétrécit à plaisir ses horizons.
C’est, au contraire, cet espiègle de Camille Desmoulins qui aurait pris plaisir à signer un autre feuilleton des plus régalants, celui du 1er février 1848, dans lequel le discours de début, le maiden-speech d’un chirurgien de Paris, opérateur aussi habile que député malencontreux (M.
Ces folies qui maintenant remplissent tout un poëme n’entreront dans les œuvres de l’avenir que comme assaisonnement utile, et même la noblesse, la pureté qui sont maintenant bannies, seront bientôt rappelées avec d’autant plus d’enthousiasme. » Et cela ainsi entendu, et toutes réserves faites, il revenait avec plaisir sur Mérimée de qui il disait : « C’est vraiment un rude gaillard » ; et sur Béranger qu’il ne sépare jamais de lui54, et dont il saisit, dont il analyse tout, jusqu’aux moindres finesses, sans en rien perdre.
C’est un plaisir pour nous de le rencontrer aujourd’hui sur un terrain si différent, et d’avoir le droit de le louer par un côté où il est accessible à tous.
en nous développant et en nous peignant à plaisir des personnages et des mœurs si étranges, si semblables de tout point à des monstruosités, à force de s’y enfermer et d’y vivre, il croira n’être que vrai, réel, et ne faire que reproduire une image exacte ou équivalente de ce qui se passait ou qui existait en effet.
Il avait un goût vif pour les lettres ; il prit grand plaisir de bonne heure à voir les représentations de celui qu’il appelait « le grand Lope de Rueda », batteur d’or de son métier, fameux acteur et auteur de pastorales qui se jouaient avec une extrême simplicité sur des tréteaux.
Et souvenez-vous de moi dorénavant, lorsqu’ici viendra, après bien des travers, quelqu’un des hôtes mortels, et qu’il vous démandera : « O jeunes filles, quel est pour vous le plus doux des chantres qui fréquentent ce lieu, et auquel de tous prenez-vous le plus de plaisir ?
Les Allemands écoutent encore avec plaisir les pensées les plus connues, quoique leur esprit en découvre chaque jour de nouvelles.
Gloire, ambition, fanatisme, votre enthousiasme a des intervalles, le sentiment seul enivre chaque instant, rien ne lasse de s’aimer ; rien ne fatigue dans cette inépuisable source d’idées et d’émotions heureuses ; et tant qu’on ne voit, qu’on n’éprouve rien que par un autre, l’univers entier est lui sous des formes différentes, le printemps, la nature, le ciel, ce sont les lieux qu’il a parcourus ; les plaisirs du monde, c’est ce qu’il a dit, ce qui lui a plu, les amusements qu’il a partagés, ses propres succès à soi-même, c’est la louange qu’il a entendue, et l’impression que le suffrage de tous, a pu produire sur le jugement d’un seul.
Sans doute le seul plaisir de l’enquête expliquerait en grande partie le courage de l’érudit ; mais il y a, je crois, autre chose.
Il est certain que ces burlesques sérénades faisaient grand plaisir à Leurs Majestés.
Cette avance aurait eu l’avantage de quelque plaisir pour le vénéré bibliothécaire du Sénat.
La fréquence des suicides au sein de la fortune et des plaisirs est une démonstration évidente de cette vérité.
Linguiste malicieux, il s’est accordé souvent le plaisir de montrer « comment un mot en arrive à ne plus avoir que le sens qu’on a intérêt à lui donner ».
[1re éd.] un nom brillant et de plaisir ; e.
Elle aimait, si l’on peut dire, à se donner le plaisir de cet oubli, et à ne se rappeler tout à coup ce qu’elle était que pour répandre les bonnes grâces autour d’elle.
Et il revient de nouveau au plaisir de prêcher l’amour de la retraite : et quelle force de sens dans ces vers-ci : V. 60.
Lucien se déclare lui-même zelé partisan de l’art des pantomimes, et l’on sent qu’il avoit du plaisir à raconter les faits qui pouvoient faire honneur à cet art.
Quelquefois des rassemblements, qui furent jadis des fêtes, et qui ne sont plus aujourd’hui que des marchés ou des réunions de plaisirs bruyants, ont un motif dont on suit la trace jusqu’au sein du paganisme, jusqu’au temps où le druide venait en grande pompe couper le gui sacré avec une faucille d’or.
un tel ouvrage eût été un événement en littérature et une bonne fortune pour ceux que les plaisirs de l’esprit trouvent sensibles encore.
C’est à elle que Louis XIV dut les principales qualités de son âme ; cette droiture, ennemie de la dissimulation, et qui ne sut presque jamais s’abaisser à un déguisement ; cet amour de la gloire qui, en élevant ses sentiments, lui donnait de la dignité à ses propres yeux, et lui faisait toujours sentir le besoin de s’estimer ; cette application qui, dans sa jeunesse même, fut toujours prête à immoler le plaisir au travail ; cette volonté qui savait donner une impulsion forte à toutes les volontés, et qui entraînait tout ; cette dignité du commandement qui, sans qu’on sache trop pourquoi, met tant de distance entre un homme et un homme, et au lieu d’une obéissance raisonnée, produit une obéissance d’instinct, vingt fois plus forte que celle de réflexion ; ce désir de supériorité qu’il étendait de lui à sa nation, parce qu’il regardait sa nation comme partie de lui-même, et qui le portait à tout perfectionner ; le goût des arts et des lettres, parce que les lettres et les arts servaient, pour ainsi dire, de décoration à tout cet édifice de grandeur ; enfin, la constance et la fermeté intrépide dans le malheur, qui, ne pouvant diriger les événements, en triomphait du moins, et prouva à l’Europe qu’il avait dans son âme une partie de la grandeur qu’on avait cru jusqu’alors n’être qu’autour de lui.
Nous écoutâmes avec beaucoup de curiosité, mais avec moins de plaisir, les deux élégants discoureurs ; M. […] J’avoue que cette concession me fit le plus grand plaisir, et je trouvai M. […] Paul de Saint-Victor, qui passait par là, se donna le plaisir de lui faire faire une effroyable culbute, et le rimeur malencontreux d’Une Madeleine rentra dans la foule des Jean de lettres, dont son impatient panégyriste avait trop tôt essayé de le tirer. […] Gaiffe, s’estimant avec raison « trop beau pour rien faire », ou pour conserver, du moins, cet ingrat emploi de feuilletoniste, il en a, — m’a-t-on dit, cherché un autre… Bref, tous deux sont morts aux lettres françaises ; et j’ai appris, non sans plaisir, — par la lecture des Esprits malades, — que M. […] Celui-ci cesse d’être un homme pour devenir un masque à l’usage de l’auteur. — Affublé de ce masque, élargi à plaisir comme ceux des acteurs de l’antiquité, M.
Je dis simplement qu’à les lire on voit que nous sommes passés, l’un ou l’autre lu et consulté par eux avec plaisir, et s’ils font autre chose que nous, c’est non seulement leur droit mais leur devoir ; tout de même nous avons compté dans leur évolution. […] Verlaine, d’abord, rompit les chiens, biaisa, me parla de Mallarmé dont il me savait le fidèle, me récita des vers de Mallarmé avec de curieuses intonations grandiloquentes, et nous esthétisâmes pour le plaisir d’esthétiser, et de se trouver des points communs. […] Puis, les cauchemars, les hantises, les sabbats, et la recherche d’Asmodaï, le plaisir antiphysique et stérile, l’inassouvissable recherche de la sensation quand même, l’à rebours des temps navrés, jusqu’à ce que s’émeuve l’Église, voulant justice de la mort du malheureux envoûté. […] Or, la cérébralité d’un savant ou d’un artiste n’occupant pas toute sa journée, le temps libre est donné soit à des plaisirs qui compromettent l’œuvre possible, soit à des nécessités financières ; l’écrivain y subvient avec de la copie, le savant avec de l’enseignement. Or, tout le monde sait et perçoit qu’il se fait un épouvantable gâchage de copie, que cette copie est en général dévolue aux pires écrivains, que le succès de certains, qui y trouvent leur pain et leur plaisir, dévoie vers la littérature un tas de gens dont la place serait derrière quelque appareil télégraphique ou quelque machine à écrire ou à tisser.
Pour ceux qui, au point de vue littéraire, lisent Joseph de Maistre avec autant de plaisir que Proudhon — ah ! […] C’est ce que reconnaît, généreusement, et même avec plaisir, M. […] Il faut lire ces œuvres parfaites qui se nomment La Pécheresse, La Double Maîtresse, L’Amour et le Plaisir. […] D’autres fois, il se cherche des excuses, des motifs — légitimes — d’artiste : « Dans les conversations qu’avaient à ce sujet (les généalogies et les préséances nobiliaires), M. de Guermantes et M. de Beauserfeuil, je ne cherchais qu’un plaisir poétique. […] Le plaisir que nous donne un artiste, c’est de nous faire connaître un univers de plus.
Burne Jones se destinait à la théologie, mais Rossetti, à qui il avait communiqué quelques esquisses, ne résista pas au plaisir de l’engager parmi ses prosélytes et le décida à changer ses projets d’avenir. […] Tout le monde ne peut se faire une âme quattrocentiste ; un petit nombre de personnes seules trouvent du plaisir à raisonner leurs sentiments ; un plus petit nombre encore parviennent, si je puis m’exprimer ainsi, à dégager leurs passions et leurs idées de leurs attaches matérielles pour les emporter dans une région où l’intelligence les transforme et les ennoblit. […] Si j’ai rapidement retracé les phases de cette évolution, c’est pour montrer qu’elle correspond parfaitement à celle du pays, dont Victor Hugo se trouve donc résumer jusqu’à un certain point l’existence politique, et nullement pour le vain plaisir de mettre le poète en contradiction avec lui-même. […] Là, en effet, il est libre, il peut choisir un thème selon son goût et le développer comme il lui convient ; sa manière même de comprendre l’art d’écrire, son habitude de chercher dans la littérature un plaisir immédiat, l’empêchent de réagir contre les suggestions de son tempérament ; aussi choisit-il presque toujours de tout petits sujets sur lesquels il exerce impitoyablement la minutie de son analyse. […] Si même il tombe de temps en temps, comme cela lui est arrivé avec ses Amis, dans de fâcheuses exagérations d’analyse, il restera pourtant, on peut l’affirmer, un écrivain aimable et agréable, qu’un public nombreux suivra toujours avec plaisir.
Samedi 4 février Parmi les écrivains, il n’y a jamais eu un brave, qui ait déclaré qu’il se foutait de la moralité ou de l’immoralité, qu’il n’était préoccupé que de faire une belle, une grande, une humaine chose, et que si l’immoralité apportait le moindre appoint d’art à son œuvre, il servirait de l’immoralité au public carrément, et sans mentir, et sans professer hypocritement qu’il faisait immoral dans un but moral, quelques criailleries que cela pût amener chez les vertueux journalistes, conservateurs ou républicains… Lundi 6 février F… vient déjeuner, et c’est pour moi un plaisir de revoir ce grand diable, que j’ai vu tout petit garçon. […] Et il fait vraiment plaisir à entendre, cet Antoine, avouant avec une certaine modestie, qu’il y a beaucoup d’engouement à son égard. […] Cette suppression des matinées d’une pièce, acceptée par la censure, n’est-ce pas de la part du Président de la République, du bon plaisir tout à fait monarchique ?
Il avait cédé, vendu un Ruysdael, trouvé en Hollande, à Adolphe Rothschild, et venait de lui livrer, quand le baron dans la joie de son acquisition, se laissa aller à lui dire, en forme de politesse : « Mais, la baronne vous verrait avec plaisir ! […] Enfin, c’est curieux : ma tante, je l’écoutais parler, formuler ses phrases, échappant à la banalité et au commun de la conversation de tout le monde ; — sans cependant qu’elles fussent teintées de bleu, — je l’écoutais avec le plaisir d’un enfant amoureux de musique, et qui en entend. […] Puis après un silence, il me dit : « Eh bien, je dîne avec ma maîtresse, je n’ose pas vous inviter, et cependant vous me feriez plaisir. » — Qu’à cela ne tienne, je ne suis pas si pudibond que cela !
. — 3º le roman par contre, méprisé par les théoriciens, délaissé par les artistes purs, se développe en dépit de tous les obstacles ; il produit non seulement, en quantité, des œuvres de valeur relative, mais aussi de celles qu’on relit aujourd’hui avec plaisir ; il est le grand succès du siècle, et je pourrais le prouver par des textes nombreux. […] Daudet n’est qu’un exemple ; je laisse au lecteur le plaisir d’en trouver d’autres […] J’ai lu avec plaisir ces lignes d’un homme très compétent : « Parce que des sources italiennes ont été découvertes à des œuvres qui n’étaient pas suspectes d’en avoir, de jeunes critiques ont fini par se persuader que nos poètes du xvie siècle n’ont jamais été capables d’écrire une ligne qui ne leur ait été dictée.
Il ne songe plus à quitter cette terre d’Afrique ; « plus il y réussit, plus il y est enchaîné » ; c’est une bonne école ; il se fait petit à petit général : « Je m’aperçois avec plaisir qu’en face des circonstances les plus difficiles je prends un calme et un sang-froid que je n’avais pas autrefois : je me sens commander, je m’écoute, je me trouve de l’aplomb, et tout marche. […] On le lira toujours avec plaisir, même après les grands écrivains militaires, les César, les Montluc, les Villars ; n’ayant pas écrit des mémoires, mais des lettres, il est même le premier des épistolaires de bivouac.
— Nous avons appris avec grand plaisir que vous venez vous établir à Paris auprès de ce cher fils ; et vous espérez, dites-vous, que l’occasion se présentera de venir jusqu’à nous. […] Le bon ami et la maman ne pourront nous faire de plus grand plaisir : et le plus souvent sera le mieux. — Nous avons reçu le petit panier ; ce qu’il contenait était excellent, je vous assure ; nous avons bu à votre santé. — La famille tout entière se joint à moi pour vous remercier, et votre respectable sœur en particulier, de toutes vos amitiés.
. — De plus, toutes nos sensations un peu étranges ou vives, notamment celles de plaisir ou de douleur, l’évoquent, et souvent nous oublions presque complètement et pendant un temps assez long le monde extérieur, pour nous rappeler un morceau agréable ou intéressant de notre vie, pour imaginer et espérer quelque grand bonheur, pour observer à distance, dans le passé ou dans l’avenir, une série de nos émotions. — Mais ce nous-mêmes, auquel, par un retour perpétuel, nous rattachons chacun de nos événements incessants, est beaucoup plus étendu que chacun d’eux. […] IV Considérons donc un de ces événements ou groupe d’événements présents, telle sensation de douleur ou de plaisir, de contact, de température, de saveur ou d’odeur, telle sensation tactile et musculaire, telle image prépondérante, tel mot mental prépondérant, telle émotion, désir, volition. — En ce moment, je souffre de la migraine, ou je goûte un bon fruit, ou je me délecte à chauffer mes membres au coin du feu ; j’imagine ou je me souviens, je suis contrarié ou égayé par une idée, je me décide à faire une démarche.
XXXI La maison de madame Bernard, mère de cette belle enfant, était ouverte au luxe, aux plaisirs, aux arts, aux hommes d’affaires, aux hommes de lettres, surtout à ceux qui tenaient par leur origine à la ville de Lyon. […] Séduisant de figure, aimant, aimable, léger, ami du luxe et de tous les plaisirs, il s’était attaché à madame Bernard comme un commensal de la maison ; la Révolution, dont il n’était ni partisan ni intimidé, n’avait été pour lui qu’un de ces mouvements accélérés de la vie politique dans lesquels les occasions de ruine ou de richesse se multiplient pour les hommes d’argent ; en 1793 il était déjà au premier rang des spéculateurs du temps.
Pour moi, je recueille déjà le fruit de mes travaux, puisque je vois des hommes d’un âge avancé, et en bien plus grand nombre que je ne l’espérais, prendre plaisir à lire mes ouvrages ; et c’est ainsi que leur empressement à les étudier redouble de jour en jour mon zèle à les composer. […] Mais, lorsque la mort vient à frapper les hommes vendus aux plaisirs, qui se sont faits les esclaves infâmes de leurs passions, et, poussés aveuglément par elles, ont violé toutes les lois divines et humaines, leurs âmes, dégagées du corps, errent misérablement autour de la terre, et ne reviennent dans ce séjour qu’après une expiation de plusieurs siècles.
Voilà un cynique qui prend, non pour épouse, mais pour instrument de plaisir brutal et pour esclave, une pauvre fille enchaînée à sa vie par le déshonneur, par la faim et par le dévouement de son sexe aux vicissitudes de la vie ! […] Voilà le maître d’une véritable esclave de ses plaisirs, qui ne laisse pas même à cette femme, victime de sa débauche comme maîtresse, victime de sa cruauté comme mère, l’illusion d’un amour exclusif, mais qui la rend, sans délicatesse, confidente ou témoin de ses infidélités avec des femmes vénales, ou de ses passions quintessenciées pour des femmes aristocratiques, qui lui permettaient les équivoques adorations de l’imagination pour leur beauté, ne voulant pas être amantes, mais consentant à être idoles !
Il faut remarquer que l’intuition transcendantaliste n’a rien à voir avec les conditions de l’œuvre d’art et du plaisir que nous cause celle-ci. […] L’ironie enveloppe un plaisir spécial : celui que nous goûtons à voir la pensée sociale prise en défaut par l’intuition individuelle.
La mort de cet homme de trente-huit ans, de ce garçon si aimable et si ingénieux à vous faire du plaisir et de la joie chez lui, de ce peintre, si peintre, a rencontré une sympathie bien naturelle, et c’est merveilleux et touchant, le luxe des fleurs déposées sur son cercueil. […] « Edmond, chère Nephtalie, travaille toujours avec courage chez l’avoué, ce qui me fait un extrême plaisir.
Le condor, après avoir attendu la venue de la nuit du haut d’un pic des Cordillères, Baigné d’une lueur qui saigne sur la neige, râle de plaisir quand arrive enfin cette mer de ténèbres qui le couvre en entier ; il « agite sa plume », s’enlève en fouettant la neige, monte où le vent n’atteint pas : Et, loin du globe noir, loin de l’astre vivant, Il dort dans l’air glacé, les ailes toutes grandes. […] Mais, aussitôt après ce trop cruel plaisir, Comme elle reprenait son travail au plus vite !
Plus tard, sur la fin de sa vie, l’art de Dickens, pour la composition des personnages, a varié comme son style descriptif, et il est parfois parvenu à dresser en pied quelques créatures complexes et humaines qui ne sont ni comiques ni effrayantes, ni nulles ; il en vint à user d’un procédé bizarre que le conteur américain Bret Harte a poussé à bout et qui consiste essentiellement en des indications disconnexes et réticentes de traits de caractère dissociés, de rares propos ambigus, d’actes inexpliqués, constitue en somme, une sorte de clair-obscur littéraire qui laisse au lecteur le soin et le plaisir de reconstituer en un tout une série de touches noyées d’ombre. […] Il ne réussit à provoquer chez ses lecteurs aucune part de l’admiration qu’il ressent pour ses vertueux héros et ses gracieuses héroïnes ; les personnages et les scènes où on le sent animé d’indulgence et de plaisir ne sont artistiquement efficaces que quand il met à les décrire quelque malice et quelque douceur, usant ainsi de ce mélange de gaîté et d’attendrissement qui est à proprement parler l’humour, tel que Stern et Lamb eu ont donné de célèbres exemples.
Quels sont donc vos plaisirs ? […] Les plaisirs près de moi vous chercheront en foule.
Le vilain lui aussi veut avoir ses plaisirs ; et il en trouve un très vif, d’abord, à faire faire son portrait, puis, un plus vif, bientôt, à charger celui des autres, à en faire la caricature. […] Clercs ou laïques, les auteurs de nos Mystères, que l’on en appellerait plus exactement les fournisseurs, ne se proposent seulement plus de nous conter le « drame de la Passion », ni d’apprendre à la foule des vérités nouvelles, ou de lui présenter sous une forme nouvelle des vérités anciennes, mais leur dessein ou plutôt leur fonction, tout ce qu’ils sont et ce qu’on leur demande, n’est que de tracer une espèce de scénario qui serve aux bourgeois de Tours ou d’Orléans de prétexte à monter sur les planches, vêtus d’oripeaux éclatants, — et à se procurer ainsi le même genre de plaisir que leur donne de nos jours une « cavalcade » soi-disant historique.
Lorsque de toutes parts il n’était question en France, en Angleterre, en Italie, que de plaisir, d’intérêt et de bonheur, une voix s’éleva de Kœnigsberg pour rappeler l’âme humaine au sentiment de sa dignité, et enseigner aux individus et aux nations qu’au-dessus des attraits du plaisir et des calculs de l’intérêt, il y a quelque chose encore, une règle, une loi, une loi immuable, obligatoire en tout temps et en tout lieu et dans toutes les conditions sociales ou privées : la loi du devoir.
La bourgeoisie de Paris ne fut pas insensible à son retour, et L’Estoile, qui en est l’écho dans son Journal, ne tarit pas en éloges du président : Nul, dit Salluste, ne saurait jamais se faire grand, et, mortel, atteindre aux choses immortelles, s’il ne méprise les richesses et les plaisirs du corps.
Voici de beaux vers, non pas tout à fait dans ce ton, mais d’un haut accent, que je viens d’avoir le plaisir de retrouver en refeuilletant une de ces épîtres peu avenantes au premier coup d’œil.
Simple, dépourvu d’extérieur, ne cherchant pas à montrer son esprit, qui était pourtant remarquable, négligent même lorsqu’il avait encore toute l’activité de la jeunesse, déjà très dégoûté de la guerre, sacrifiant beaucoup à ses plaisirs, il n’avait pas cette hauteur d’attitude, naturelle ou étudiée, qui impose aux hommes, qui est l’un des talents du commandement, que Napoléon lui-même négligeait quelquefois de se donner, mais qui était suppléée chez lui par le prestige d’un génie prodigieux, d’une gloire éblouissante, d’une fortune sans égale.
Sa lettre n’a pas été corrigée du tout, et elle est de moitié plus agréable que si elle était d’un Anglais. » Mais s’il donnait à Gray bien du plaisir par ses vivacités, Bonstetten lui donnait pour le moins autant d’inquiétude.
Nous avons le plaisir d’annoncer qu’elles vont paraître ; toutes les feuilles imprimées sont sous mes yeux ; des amis fidèles en ont trié et préparé la matière, et le savant et poétique antiquaire, M.
J’ai pu avoir alors mes impressions personnelles, mes passions même à un certain moment : je les avais étouffées ; j’ai su apprécier les douceurs de ce régime de dix-huit ans, ses facilités pour l’esprit et pour l’étude, pour tous les développements pacifiques, son humanité, les plaisirs d’amateur que causaient, même à ceux qui n’avaient pas l’honneur d’être censitaires, des luttes merveilleuses de talent et d’éloquents spectacles de tribune, et aussi les éclairs de satisfaction que donnaient à tous les cœurs restés français de brillants épisodes militaires.
« On a dit que je prenais plaisir à braver l’impopularité, écrit quelque part M.
Cet esprit supérieur, que la France n’apprécia pas assez de son vivant, que la jeunesse vers la fin insultait à plaisir, qui ne s’appliquait point en effet à plaire, et qui ne craignait point du tout de choquer ou même de braver son public et son temps ; espèce de Royer-Collard dans sa sphère, ennemi aussi de la démocratie dans l’art, mais non point respecté comme l’autre, et qui semblait même jouir de son impopularité, M.
Ville heureuse où l’on est dispensé d’avoir du bonheur, où il suffit d’être et de se sentir habiter ; qui fait plaisir, comme on le disait autrefois d’Athènes, rien qu’à regarder ; où l’on voit juste plus naturellement qu’ailleurs, où l’on ne s’exagère rien, où l’on ne se fait des monstres de rien ; où l’on respire, pour ainsi dire, avec l’air, même ce qu’on ne sait pas, où l’on n’est pas étranger même à ce qu’on ignore ; centre unique de ressources et de liberté, où la solitude est possible, où la société est commode et toujours voisine, où l’on est à cent lieues ou à deux pas ; où une seule matinée embrasse et satisfait toutes les curiosités, toutes les variétés de désirs ; où le plus sauvage, s’il est repris du besoin des hommes, n’a qu’à traverser les ponts, à parcourir cette zone brillante qui s’étend de la Madeleine au Gymnase ; et là, en quelques instants, il a tout retrouvé, il a tout vu, il s’est retrempé en plein courant, il a ressenti les plus vifs stimulants de la vie, il a compris la vraie philosophie parisienne, cette facilité, cette grâce à vivre, même au milieu du travail, cette sagesse rapide qui consiste à savoir profiter d’une heure de soleil !
Et d’abord le succès de la lecture fut compromis, et le plaisir gâté, dès le commencement.
Leonora, belle, éblouissante, avide de sensations, ardente dans ses fantaisies, froide de cœur, n’a pas de peine à enlever le jeune et fragile artiste : ce n’est rien de lui avoir jeté son bouquet sur la scène, et son mouchoir par mé-garde avec le bouquet, comme dans un vrai délire d’enthousiasme, il faut voir comme ensuite, dans la visite qu’il lui fait, elle le pique au jeu, lui bat froid, le mortifie, lui tient la dragée haute, le tourne et le retourne à plaisir, comme elle fait tout, en un mot, pour le chauffer, l’enflammer ; elle lui met au cœur un de ces amours furieux, dévorants, à la Musset, qui vous tuent sur place, ou qui vous laissent, pour le restant de vos jours, n’en valant guère mieux.
Un jour, Philippe III, du balcon de son palais, voyant un étudiant qui, sur les bords du Mançanarès, lisait un livre et interrompait souvent sa lecture en se frappant de la main le front et en faisant des mouvements extraordinaires de plaisir et de joie : « Cet étudiant est fou, dit le roi, ou il lit Don Quichotte. » Les courtisans qui étaient là coururent vérifier le fait, et c’était vrai.
On va faire plaisir à …, à M. …-…, et à M. de …-…, et à quelques autres subalternes qui y trouveront leur compte : je serais étonné que le gouvernement n’y perdit pas… Pour moi je sais bien une chose : c’est que mieux au fait que la plupart, de ces questions de presse et de Moniteur dès l’origine, personne n’a jamais daigné me demander un avis que j’eusse donné en homme honnête et de bon sens.
La douleur est superstitieuse ; l’âme, en ses moments extrêmes, a de singuliers retours ; elle semble, avant de quitter cette vie, s’y rattacher à plaisir par les fils les plus déliés et les plus fragiles.
Il sera lyrique aussi, bien qu’avec moins de grandeur et de gloire, celui qui, vivant dans les loisirs de l’abondance et à la cour des tyrans, chantera les délices gracieuses de la vie et les pensées tristes qui viendront parfois l’effleurer dans les plaisirs.
À la longue, le simple plaisir cesse de plaire, et, si agréable que soit la vie de salon, elle finit par sembler vide.
Pour qu’ils se changent en arguments, il faut qu’ils ne soient plus des êtres : un portrait vivant pourrait attirer l’attention, et le spectateur oublierait l’instruction pour le plaisir ; une peinture détaillée pourrait égarer l’interprétation, et le spectateur laisserait la bonne conclusion pour la mauvaise ; si le Renard a trop d’esprit, on ne songera qu’à lui, ou qui pis est, il sera le héros.
Mais comme le monde n’a souci d’éruditions et suit son plaisir, il ne remonte point aux temps antérieurs ; une tradition mondaine, en fait de jugements littéraires, ne commence à se former que dans les dernières années de Malherbe, et c’est à partir du xviie siècle seulement que se constitue et s’enrichit peu à peu dans l’opinion de la société polie le dépôt des chefs-d’œuvre de notre littérature classique.
Parmi les voluptés sensuelles, les plaisirs de la table sont ceux que l’Église interdit avec le moins de rigueur.
Nous passons outre, doublement satisfaits du plaisir de connaisseur que nous a donné la beauté de la forme, et de la réserve que nous avons faite sur le fond.
Quand après avoir semé l’or sur son passage, il quittait les gens en déclarant : « Je pense les avoir bien démoralisés », il ne faut pas voir dans cet aveu cynique le plaisir diabolique de corrompre.
Il s’est plu à remarquer qu’un an, jour pour jour, après cette avanie, le dimanche 29 janvier 1775, il reçut chez lui à Londres la visite de lord Chatham qui avait fait une motion à la Chambre des lords sur les affaires d’Amérique : La visite d’un si grand homme et pour un objet si important, dit-il, ne flatta pas peu ma vanité, et cet honneur me fit d’autant plus de plaisir que cette circonstance arriva, jour pour jour, un an après que le ministère s’était donné tant de peine pour me faire affront devant le Conseil privé.
Toutefois ceux qui, dans leur enfance, ont pris plaisir (et je suis de ceux-là) à la lecture d’Anacharsis, ont, par devoir et reconnaissance, quelques raisons favorables à présenter.
Richepin : « La pornographie cesse où le talent commence », dangereuse parce qu’elle n’est pas tout à fait fausse et parce qu’elle est enveloppée d’une jolie formule, sert de couverture à beaucoup de plaisirs secrets et peu avouables.
Après s’être remémoré le cours de notre histoire poétique, l’on arrive à cette conclusion fatale que de sensation, d’instinct et de sentiment ; fut la poésie, au gré omnipotent de l’heure de plaisir ou de douleur de poètes, enfants nuement géniaux : produisant, d’une certaine somme de notations passionnelles, des recueils de poèmes, au hasard, sans lien, sous un titre sans signification.
Ce caractère constant peut s’expliquer par le plaisir qu’il procurait à l’écrivain, par une disposition organique qui lui faisait ressentir vivement les émotions de grandeur et qui a influé sur toutes les parties de son œuvre.
Comme tous ceux que le froid plaisir de connaître les choses ne distrait pas de s’en émouvoir, incapable d’arriver à la paix philosophique des idées, il s’est troublé, il s’est désolé, et a produit des œuvres qui sont plus des traités d’éthique et d’humanité, que d’intéressants romans.
On embrouille à plaisir la question.
Il a dit au chien : « Tu garderas les troupeaux de l’homme, tu veilleras autour de sa demeure, tu le suivras dans ses voyages, tu trahiras ton propre instinct pour te faire l’ennemi des autres animaux lorsque ton maître voudra prendre les plaisirs de la chasse ; et, s’il devient pauvre, misérable, privé de la vue, tu dirigeras ses pas sur les bords du précipice pour le lui faire éviter, ou parmi les flots d’une multitude insouciante pour qu’il reçoive le pain de l’aumône que tu partageras avec lui. » Croyez-vous que cet instinct des animaux marqués pour la domesticité ne prouve pas l’intention du Créateur qui leur donna cet instinct, et qui, ainsi, l’ajouta en quelque sorte aux organes mêmes de l’homme ?
Elle n’est, si vous Técoatez, qu’une aimable rêveuse, vierge de tout ce qu’on lui reproche ; qui a commencé par pondre, sans rime ni raison, des romans pour ces vilains hommes, et qui berquinant sur le tard de la vie, pond pour ses enfants des comédies que ces vilains hommes incorrigibles trouvent charmantes ] Elle n’a jamais pensé qu’à l’Art et au plaisir de faire des contes, et ce n’en est pas un qu’elle nous fait là !
On a été injuste et ingrat envers un talent qui avait donné un plaisir de la plus étonnante électricité, et on est allé dans l’ingratitude jusqu’à nier au poète sa sincérité.
Lisez son Premier-Né, Le Jour de l’An en famille, les Vieux souvenirs, Les Petites Bottes, — qui rappellent, mais en vieux et en usé, le frais soulier de la Gudule dans Notre-Dame de Paris, — les Bébés et papas et la Première culotte, et voyez si dans tout cela l’enfant n’est pas toujours ajusté, toujours compris de la même manière, aimé pour le plaisir et la peine qu’il donne, — car il y a aussi l’épicurisme de la douleur, — et si la moitié du sentiment paternel, celle que Dieu élargit en la doublant du sentiment de son être, n’est pas restée, pure lumière, étouffée sous le boisseau de la chair !
Dans la Vraie Histoire comique de Francion, composée par Charles Sorel, sieur de Souvigny, vers 1622, on trouve ce passage caractérisant la lutte de Malherbe contre Ronsard et son école : « Un poète récita de ses vers et je pris beaucoup de plaisir à voir sa contenance… Or, les poètes présents émirent de grosses disputes pour beaucoup de choses de néant où ils s’attachoient et laissoient en arrière celles d’importance.
Rosny, Paul Margueritte, Lucien Descaves et Gustave Guiches, — faisons-leur le plaisir de mettre ici leurs noms, qu’on pourrait avoir oubliés, — ont publiquement protesté contre « l’exacerbation de la note ordurière » dans le roman de M.
Il n’aura pas à plaisir désordonné sa vie pour la rendre poétique, et tiré des nuits de Venise, des conciliabules de Ravenne ou des orages de l’Épire quelque rajeunissement pour l’imagination.
Et le plaisir se manifeste toutes les fois que la fonction, sans être devenue automatique, s’accomplit assez aisément, et tant que l’auteur n’est pas trop exigeant. […] Selon la nature de ce trouble et le degré de difficulté du travail, c’est la tristesse ou le plaisir qui se produit. […] Puis la vue de tel ou tel mets, aperçu à une devanture dans la rue, l’idée, le souvenir évoqué, on ne sait comment, d’un plat que nous avons déjà mangé avec plaisir vient fixer l’orientation de l’esprit et donner à la tendance une forme concrète, qu’elle n’acquiert parfois que lorsque nous voyons ce qui est servi sur notre table au moment du repas. […] C’est compliquer inutilement les choses et les rendre mystérieuses à plaisir que de faire trop intervenir l’« Inconscient » et d’y voir un principe essentiel et une sorte de cause. […] « Les deux gros volumes in-octavo de l’Histoire de la Société française pendant la Révolution et le Directoire, disent-ils, furent ceci dans notre pensée au premier jour : “L’histoire du plaisir sous la Terreur”, un petit volume in-32 à 50 centimes.
Quand nous somes vivement frapés de quelque pensée, nous nous exprimons rarement avec simplicité ; l’objet qui nous ocupe se présente à nous, avec les idées accessoires qui l’acompagnent, nous prononçons les noms de ces images qui nous frapent, ainsi nous avons naturèlement recours aux tropes, d’où il arrive que nous fesons mieux sentir aux autres ce que nous sentons nous-mêmes : delà viènent ces façons de parler, il est enflamé de colére, il est tombé dans une erreur grossiére, flêtrir la réputation, s’enivrer de plaisir, etc. […] Delà, par extension, par imitation, on s’est servi de (…) pour livrer quelqu’un, le trahir pour faire plaisir à un autre ; le livrer, le doner come on done la coupe à boire après avoir fait l’essai. […] La métaphore est très ordinaire : en voici encore quelques exemples : on dit dans le sens propre s’enivrer de quelque liqueur ; et l’on dit par métaphore s’enivrer de plaisirs : la bone fortune enivre les sots, c’est-à-dire, qu’elle leur fait perdre la raison, et leur fait oublier leur premier état. […] Quelquefois pour abréger, on se contente de faire une proposition de deux membres, dont l’un est négatif et l’autre afirmatif, et on les joint par une conjonction : cette sorte de construction n’est pas régulière, et fait souvent des équivoques ; par exemple : l’amour n’est qu’un plaisir, et l’honeur un devoir. L’academie a remarqué que Corneille devoit dire : l’amour n’est qu’un plaisir, l’honeur est un devoir.
Ses seules distractions ont été quelques voyages et les plaisirs de la causerie dans des dîners d’amis et dans quelques salons. […] Homais et Gavroche qui ont raison, et que peut-être l’homme de plaisir est celui qui comprend le mieux la vie, ses amis mêmes étaient froissés, moins dans leurs convictions personnelles que dans leur tendre admiration pour celui qui avait su parler de saint François d’Assise, de Spinoza et de Marc-Aurèle comme personne n’en avait parlé avant lui. […] Il éprouva jusqu’à l’enivrement le plaisir de sentir autour de soi « des esprits hardis, ouverts, jeunes, excités par des études et un contact perpétuels14 », et le plaisir de travailler, de penser et de discuter sans entrave et sans trêve. […] L’histoire de la civilisation de Guizot, les cours de Jouffroy m’ont donné la première grande sensation de plaisir littéraire, à cause des classifications progressives. […] Il prenait plaisir à connaître l’origine et le lieu de naissance des jeunes gens qu’il avait devant lui et en qui il voyait comme un abrégé de la France.
Une nouvelle aristocratie se forme, douteuse ou impure en sa source, ignorante à plaisir, cynique et débraillée dans ses mœurs, raffinée toutefois dans ses goûts, et qui sans doute ne saurait désormais reprocher aux gens de lettres l’humilité de leur extraction, puisqu’enfin, des frères Pâris ou du petit Arouet, c’est encore celui-ci « le mieux né ». […] « L’homme n’est point une énigme, comme vous vous le figurez pour avoir le plaisir de la deviner Il n’y a pas plus de contradiction apparente dans l’homme que dans le reste de la nature… Quel est l’homme sage qui sera plein de désespoir parce qu’il ne connaît que quelques attributs de la matière ? […] « On me fit accroire autrefois que j’avais du plaisir en lisant l’Iliade, — fait dire l’auteur de Candide au sénateur Pococurante, — mais cette répétition continuelle de combats… me causait le plus mortel ennui. […] Du côté de l’Asie était Vénus, c’est-à-dire les plaisirs, les folles amours et la mollesse : du côté de la Grèce était Junon, c’est-à-dire la gravité avec l’amour conjugal, Mercure avec l’éloquence, Jupiter et la sagesse politique. […] Le Caractère de Jean-Jacques Rousseau. — De l’entière conformité des écrits de Rousseau avec son caractère ; — et que son Émile ou sa Nouvelle Héloïse elle-même sont véritablement des mémoires et des confessions à peine « romancés » ; — origine de Rousseau ; — sa naissance et son éducation ; — sa jeunesse aventureuse ; — son expérience précoce, multiple, et amère de la vie. — Psychologie de Rousseau : — 1º Le Plébéien ; — et comment à ce premier trait de son caractère se rapportent : — la simplicité native de ses goûts ; — son affectation de grossièreté ; — la nature trouble et passionnée de son éloquence ; — la violence de ses haines ; — l’espèce de son orgueil, qui est l’orgueil de l’« autodidacte » ou du self made man ; — son dédain de l’esprit, qu’il considère comme chose aristocratique ; — son optimisme incorrigible ; — et enfin la profondeur de quelques-unes de ses vues. — 2º L’Homme sensible ; — et comment on peut ramener à ce second trait de son caractère : — sa facilité d’être impressionné par le moindre plaisir ou la moindre douleur ; — sa rapidité à passer tout entier dans son impression du moment ; — la vibration perpétuelle de son style ; — son impuissance habituelle à gouverner ses idées ; — les contradictions dont son œuvre fourmille ; — et la faiblesse d’abord, puis l’atrophie de sa volonté. — 3º Le Fou, c’est-à-dire « le neurasthénique et le lypémaniaque » [Cf.
Mais allons, et puisque la route nous est commune et aussi l’aurore, bucolisons à l’envi ; peut-être nous ferons-nous plaisir l’un à l’autre. […] Le poëte n’a pas résisté au plaisir du contraste, et ce jeu corrige par trop l’effet de la passion.
Pierre Les bonnes paroles font toujours plaisir. […] Pierre Quant aux simples amateurs, n’ont-ils pas le droit de suivre bonnement leur plaisir ?
La peinture, dans chacune de ces villes ou de ces nations, prit non seulement le caractère du chef d’école, mais elle prit le caractère de l’école et du peuple où elle fut cultivée par ces grands hommes du pinceau : Titanesque avec Michel-Ange, plus païen que chrétien dans ses œuvres, et qui semble avoir fait poser des Titans devant lui ; Tantôt mythologique, tantôt biblique, tantôt évangélique, toujours divine avec Raphaël, selon qu’il fait poser devant sa palette des Psychés, des saintes familles, des philosophes de l’école d’Athènes, le Dieu-homme se transfigurant dans les rayons de sa divinité devant ses disciples, des Vierges-mères adorant d’un double amour le Dieu de l’avenir dans l’enfant allaité par leur chaste sein ; Païenne avec les Carrache, décorateurs indifférents de l’Olympe ou du Paradis ; Pastorale et simple avec le Corrége, qui peint, dans les anges, l’enfance divinisée, et dont le pinceau a la mollesse et la grâce des bucoliques virgiliennes ; Souveraine et orientale avec Titien, qui règne à Venise pendant une vie de quatre-vingt-quinze ans sur la peinture comme sur son empire, roi de la couleur qu’il fond et nuance sur sa toile comme le soleil la fond et la nuance sur toute la nature ; Pensive et philosophique à Milan avec Léonard de Vinci, qui fait de la Cène de Jésus-Christ et de ses disciples un festin de Socrate discourant avec Platon des choses éternelles ; quelquefois voluptueux, mais avec le déboire et l’amertume de la coupe d’ivresse, comme dans Joconde, cette figure tant de fois répétée par lui du plaisir cuisant ; Monacale et mystique avec Vélasquez et Murillo en Espagne, faisant leurs tableaux, à l’image de leur pays, avec des chevaliers et des moines sur la terre et des houris célestes dans leur paradis chrétien ; Éblouissante avec Rubens, moins peintre que décorateur sublime, Michel-Ange flamand, romancier historique qui fait de l’histoire avec de la fable, et qui descend de l’Empyrée des dieux à la cour des princes et de la cour des princes au Calvaire de la descente de croix, avec la souplesse et l’indifférence d’un génie exubérant, mais universel ; Profonde et sobre avec Van-Dyck, qui peint la pensée à travers les traits ; Familière avec les mille peintres d’intérieur, ou de paysage, ou de marine, hollandais ; artistes bourgeois qui, pour une bourgeoisie riche et sédentaire, font de l’art un mobilier de la méditation ; Enfin mobile et capricieuse en France, comme le génie divers et fantastique de cette nation du mouvement : Pieuse avec Lesueur ; Grave et réfléchie avec Philippe de Champagne ; Rêveuse avec Poussin ; Lumineuse avec Claude Lorrain ; Fastueuse et vide avec Lebrun, ce décorateur de l’orgueil de Louis XIV ; Légère et licencieuse avec les Vanloo, les Wateau, les Boucher, sous Louis XV ; Correcte, romaine et guindée comme un squelette en attitude avec David, sous la République ; Militaire, triomphale, éclatante et monotone, alignée comme les uniformes d’une armée en revue, sous l’Empire ; Renaissante, luxuriante, variée comme la liberté, sous la Restauration ; tentant tous les genres, inventant des genres nouveaux, se pliant à tous les caprices de l’individualité, et non plus aux ordres d’un monarque ou d’un pontife ; Corrégienne avec Prud’hon ; Michelangelesque avec Géricault dans sa Méduse ; Raphaëlesque avec Ingres ; Flamande avec éclectisme et avec idéal dans Meyssonnier ; Sévère et poussinesque dans le paysage réfléchi avec Paul Huet ; Hollandaise avec le soleil d’Italie sous le pinceau trempé de rayons de Gudin ; Bolonaise avec Giroux, qui semble un fils des Carrache ; Idéale et expressive avec Ary Scheffer ; Italienne, espagnole, hollandaise, vénitienne, française de toutes les dates avec vingt autres maîtres d’écoles indépendantes, mais transcendantes ; Vaste manufacture de chefs-d’œuvre d’où le génie de la peinture moderne, émancipée de l’imitation, inonde la France et déborde sur l’Europe et sur l’Amérique ; magnifique époque où la liberté, conquise au moins par l’art, fait ce que n’a pu faire l’autorité ; république du génie qui se gouverne par son libre arbitre, qui se donne des lois par son propre goût, et qui se rémunère par son immense et glorieux travail. […] Comme il s’agit, pour ces auditeurs, d’un plaisir oisif d’imagination et de cœur, le peintre les a tous choisis dans l’âge de l’imagination ou de l’amour.
De grands beaux yeux bleus pleins de lumière, encadrés dans des sourcils encore noirs, un nez carré, des joues fermes, une bouche large et façonnée à plaisir par la nature pour l’éloquence, un menton solide, relevé, presque provoquant, une expression hardie, un demi-sourire moitié de bienveillance, moitié de sarcasme, complétaient cette figure. […] — Était-ce donc pour mon plaisir que je voulais aller à Paris ?
Lié avec Atticus, riche Romain, voluptueux d’esprit, qui n’estimait les choses que par le plaisir qu’elles donnent, Cicéron se proposait de recueillir son modique patrimoine en Grèce, et de s’établir à Athènes pour y passer obscurément sa vie dans l’étude du beau, dans la recherche du vrai, dans la jouissance de l’art. […] Parvenu à l’âge de quarante et un ans, possesseur par ses héritages personnels et par la dot de Térentia, sa femme, d’une fortune qui ne fut jamais splendide (car il ne plaida jamais que gratuitement, pour la justice ou pour la gloire, jugeant que la parole était de trop haut prix pour être vendue) ; lié d’amitié avec les plus grands, les plus lettrés et les plus vertueux citoyens de la république, Hortensius, Caton, Brutus, Atticus, Pompée ; père d’un fils dans lequel il espérait revivre, d’une fille qu’il adorait comme la divinité de son amour ; n’employant son superflu qu’à l’acquisition de livres rares, que son ami, le riche et savant Atticus, lui envoyait d’Athènes ; distribuant son temps, entre les affaires publiques de Rome et ses loisirs d’été dans ses maisons de campagne à Arpinum, dans les montagnes de ses pères ; à Cumes, sur le bord de la mer de Naples ; à Tusculum, au pied des collines d’Albe, séjour caché et délicieux ; mesurant ses heures dans ces retraites comme un avare mesure son or ; donnant les unes à l’éloquence, les autres à la poésie, celles-ci à la philosophie, celles-là à l’entretien avec ses amis ou à ses correspondances, quelques-unes à la promenade sous les arbres qu’il avait plantés et parmi les statues qu’il avait recueillies, d’autres au repas, peu au sommeil ; n’en perdant aucune pour le travail, le plaisir d’esprit, la santé ; se couchant avec le soleil, se levant avant l’aurore pour recueillir sa pensée avant le bruit du jour dans toute sa force, sa santé se rétablissait, son corps reprenait l’apparence de la vigueur, sa voix ces accents mâles et cette vibration nerveuse que Démosthène faisait lutter avec le bruit des vagues de la mer, et plus nécessaires aux hommes qui doivent lutter avec les tumultes des multitudes.
» Mais lorsqu’il les voyait prendre le chemin de la rue, en donnant des poignées de main à droite et à gauche aux gens qui les reconnaissaient, sa figure changeait ; il s’essuyait les yeux avec son gros mouchoir à carreaux en murmurant : « C’est la pauvre vieille Annette qui va avoir du plaisir ! […] Tout cela devait nous amener encore bien des misères, et je vous les raconterais avec plaisir, si cette histoire ne me paraissait assez longue pour une fois.
À entendre certains rationalistes, on serait tenté de croire que les religions sont venues du ciel se poser en face de la raison pour le plaisir de la contrecarrer ; comme si la nature humaine n’avait pas tout fait par des faces différentes d’elle-même ! […] Un des plaisirs les plus piquants qu’on puisse se donner est de faire ainsi patauger les esprits médiocres à propos d’œuvres qu’on leur a bien persuadé d’avance être belles.
Il suffira, pensons-nous, que les numéros des motifs renvoient aux pages de la grande partition pour piano, et que nous fassions un examen rapide de l’économie de notre tableau, laissant à nos lecteurs le plaisir de pénétrer plus intimement dans la vie de ce drame que nous ne pouvons disséquer plus finement ici. […] On a revu avec plaisir M.
N’est-ce point cependant un plaisir, qu’avoir d’énergie latente pénétré et réduit à parler mes propres paroles, même des négateurs32… Je retiendrai & seulement, sans insistance qui serait déplacée, cette constatation générale apportée en tête d’une Etude pénétrante et avertie, remarquée, de M. […] Aussi, est-ce plaisir de lire le petit livre récent de M.
Mais, de ce crime, tels étaient les mobiles intéressés que les moindres détails en avaient été fixés par contrat, de même que la récompense accordée à celui des deux criminels qui aidait l’autre à prendre son plaisir du petit cadavre. […] Toutes les tours d’ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et, ayant enfin bouleversé la réalité, l’homme n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que s’ouvrent les portes du merveilleux. »az Une fois pour toutes, condamnés en bloc les cadres agréables, divertissements et plaisirs destinés à celer ce que l’intelligence risquerait de découvrir de plus ou moins contraire à l’individu, si nous nous refusons à user, en vue de profit individuel, des faits ou dispositions favorables, il est dès lors non moins injuste d’aller chercher dans une apparence néfaste des raisons contre l’esprit.
Elle dérobe en partie des jambes et des cuisses qu’on auroit grand plaisir à voir. […] Voilà que vous commencez à vous calmer, et il y a plaisir à vous entendre.
Le sentiment national qui anime Mézeray s’exprime naïvement au début du règne de Charlemagne : « Que j’ai maintenant de plaisir, s’écrie-t-il, d’être né Français, lorsque je vois notre monarchie s’élever à une gloire où jamais aucun État chrétien n’a su monter !
Je trouve dans une lettre de lui à Mme de Montberon, alors qu’il approchait de la cinquantaine (1700), une peinture bien fine et bien circonstanciée de cet état insipide, aride, désabusé, où il se trouve : « Pour moi, je suis dans une paix sèche, obscure et languissante, sans ennui, sans plaisir, sans pensée d’en avoir jamais aucun ; sans aucune vue d’avenir en ce monde ; avec un présent insipide et souvent épineux… » Ces instants d’aridité et de dégoût, chez Fénelon, se peignent avec des traits qui font encore que son ennui ne ressemble pas à un ennui vulgaire.
Même lorsqu’il traite des dogmes et qu’il se livre à un enseignement théologique, ainsi qu’il l’a fait dans son traité des Trois Vérités (1594), et dans ses Discours chrétiens (1600), Charron est sceptique de méthode, c’est-à-dire qu’il insiste avec un certain plaisir et une assez grande force de logique sur les preuves de la faiblesse et de l’incapacité humaine : douter, balancer, surseoir, tant qu’on n’a pas reçu de lumières suffisantes, est l’état favori qu’il propose à quiconque veut devenir sage ; et néanmoins son avis se distingue, à ce qu’il prétend, de celui des purs pyrrhoniens, « bien qu’il en ait l’air et l’odeur », en ce qu’il admet qu’on se soumette en attendant et que l’on consente à ce qui paraît meilleur et plus vraisemblable.
Il avait cherché à le rassurer dès ses premières démarches, en lui disant « qu’il avait lu sa justification avec plaisir, et qu’il était fort aise de recevoir de ses lettres, parce qu’elles étaient pleines d’esprit et réjouissantes ».
Il l’assouplit en effet, et dans les nouvelles Amours qu’il ajouta aux premières, dans les odes ou chansons qu’il y entremêla aux sonnets, il eut des notes où le feu, la verve et la facilité se font encore aujourd’hui sentir : « Quand j’étois libre, ains qu’une amour nouvelle, etc. » ; « Or que l’hiver roidit la glace épaisse, etc. » ; « Quand ce beau printemps je voy, etc. » Il y a plaisir ici et profit à le parcourir ; on est vraiment avec un poète.
De ce que Voiture a logé dans la maison paternelle en passant à Amiens, il ne s’ensuit nullement que cela lui ait fait plaisir.
Quand elle s’éprend de caprice pour un poète agréable, il faut que celui-ci ait en lui quelque chose de plus, qu’il ait une flamme et des éclairs d’un Byron ; il faut qu’il donne à cette belle société au moins quelques accès de fièvre et qu’il la secoue : autrement elle passe et court à ses affaires ou à ses plaisirs, ce n’en est plus un pour elle que d’entendre des petits vers légers et bien tournés.
C’est ce qui, malgré mes autres chagrins, ne laisse pas de me faire un sensible plaisir, et ce qui était fort à désirer pour l’avantage de l’État, surtout pour celui des pauvres orphelins qui me sont confiés. » Il lui parle toujours alors comme à un tuteur naturel indiqué pour la chose publique et pour les siens, dans le cas où il disparaîtrait lui-même.
Toutes les circonstances, même les plus futiles, de cette mémorable et unique soirée, lui restent gravées dans le cœur et y travailleront sourdement : « Son voyage à la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, à la manière de ces grandes crevasses qu’un orage, en une seule nuit, creuse quelquefois dans les montagnes. » Quand le lendemain du bal, partis au matin de la Vaubyessard, et de retour chez eux à l’heure du dîner, M. et Mme Bovary se retrouvent dans leur petit ménage, devant leur table modeste où fume une soupe à l’oignon et un morceau de veau à l’oseille, Bovary est heureux, il se frotte les mains en disant : « Cela fait plaisir de se retrouver chez soi !
Il n’y avait pas de plus fou ni de plus lancé que lui dans les parties de plaisir de Chantilly.
« Encore dix mois, mon ami, écrit-il à Quenescourt en janvier 1812, et je m’embarquerai au milieu des écueils du goût, de la satire, de l’envie et du succès. » Cependant il chassait, comme on dit, deux lièvres à la fois ; il voit que ses chansons ont réussi devant desaristarques en renom, et dorénavant il s’y applique ; il sent lui-même qu’il s’y applique trop : « Je fais toujours des chansons, mais moins pour mon plaisir que par une sorte de calcul.
Et quand même, après examen et franche discussion, « il ne sortirait pas de résultat bien différent de celui qu’on peut attendre du monde d’aujourd’hui, ce serait du moins une satisfaction accordée à la minorité de l’Académie ; car voir surgir sans cesse des candidats imprévus, qui ne relèvent que de leur caprice et du bon plaisir d’une majorité qui les suscite ou qui les adopte sans jamais donner de raisons ni d’explication ; subir ces choix de confrères nouveaux, sans avoir eu soi-même voix au chapitre (car un vote muet n’est pas une voix), sans avoir été mis préalablement à même de parler et de répondre, de dire ce qu’on pense et de faire dire aux autres ce qu’ils pensent aussi, sans avoir été bien et dûment vaincu ou (qui sait ?)
Cette action fut d’une grande édification. » Enfin tout le monde y passe : Foucault, triomphe ; il en a appelé au près du roi en personne du mauvais vouloir de Le Tellier et de Louvois : « Le 1er juillet 1685, le Père de La Chaise m’a demandé que le roi prenait plaisir à lire mes Relations et mes lettres concernant les conversions du Béarn, et même que Sa Majesté les gardait. » Voilà le fin mot de tant de zèle.
Salammbô, en comparaison, n’est que bizarre, et si masquée, si affublée, si fardée, qu’on ne se la figure pas bien, même au physique ; et, au moral, si peu entraînée ou entraînante que, malgré la complicité naturelle au lecteur en pareil cas, on ne prend nul plaisir à lui voir faire ce qu’elle fait.
Il vient de parler des diverses hymnes et proses célèbres de la liturgie, le Dies iræ, le Vexilla, le Stabal, et il en a défini l’impression profonde avec largeur et vérité : « Je sais que beaucoup, dit-il, qui n’ont peut-être jamais mis le pied dans une église pour prier, qui n’ont jamais ressenti dans leur cœur la pieuse ferveur de la foi, riront de mon enthousiasme et de mon admiration ; mais je dois leur dire que depuis sept ans j’ai manqué peu de représentations au Théâtre-Italien, que j’ai suivi assidûment les concerts du Conservatoire, que Beethoven m’a donné la fièvre de plaisir, que Rossini m’a remué jusqu’au fond de l’âme, que Mme Malibran et Mlle Sontag ont été pour moi de bienfaisantes divinités ; que pendant près de deux ans je n’ai eu d’autre religion, d’autre espérance, d’autre bonheur, d’autre joie que la musique ; que, par conséquent, ils ne peuvent me regarder comme un trappiste qui ne connaît que ténèbres et matines ; mais il faut qu’ils sachent aussi que celui qui leur parle, et qui aujourd’hui est bien loin de la foi chrétienne, a été pendant cinq ans catholique fervent, qu’il s’est nourri de l’Évangile, de l’Imitation ; qu’élevé dans un séminaire, il y a entendu des chœurs de deux cents jeunes gens faire résonner sous une voûte retentissantel’In exitu.
A l’Académie, il se fait une loi et un plaisir de lire ces recueils nombreux qu’on y présente chaque année ; ce fut lui qui me dénonça avec instance les vers naturels et ingénument pittoresques de M.
Il est bon qu’il fasse retirer ces billets — là tout doucement des corps de garde sans faire de bruit. » (Et au sujet des visites dans les hôpitaux) : « Elle est fort louable de faire cela, et si elle y trouve quelque chose de mal, elle me fera plaisir de m’en avertir ; mais il ne faut voir que l’hôpital du roi et n’aller que rarement dans celui de la ville, à moins qu’elle ne sût qu’il y eût quelque catholique auquel on refusât de donner les assistances spirituelles, auquel cas il serait fort à propos d’en avertir. » Louvois, l’approbateur, sinon l’inventeur des dragonnades, qui, dans les années suivantes, allait être si dur et si impitoyable pour les Protestants du cœur du royaume, anciens et bons Français, se montrait ici prudent et politique à l’égard d’une cité luthérienne, nouvellement française.
Le talent, c’est-à-dire les idées exprimées d’une façon incisive et tranchante, le mordant, la verve, la précision, la propriété des termes dont il joue, qu’il entre-choque à plaisir et qu’il oppose, sont chez M. de Girardin publiciste des qualités incontestables.
Le roi marquait du dégoût pour tout autre plaisir que celui de la chasse ; on n’avait d’autre nouvelle piquante que de savoir qu’après une chute ; et la légère indisposition qui en était résultée, ou après quelque froideur, il s’était remis à vivre maritalement avec la reine.
Je prendrais grand plaisir à discuter avec vous ; mais je ne vous écris aujourd’hui que pour vous remercier.
J’ai le plaisir d’annoncer que les discussions de l’Académie sur les mots nouveaux ont commencé : dans la séance de jeudi dernier, le premier des mots importants qui se présentait marqué d’un astérisque, Absolutisme, a été débattu et admis.
Ce qui est vrai, c’est qu’il y a profit et plaisir à suivre Malouet dans ce voyage d’exploration en Guyane, dans ses visites chez les principaux colons, à les écouter, comme il fit lui-même, exposant chacun leurs observations pratiques. leurs expériences variées et concordantes sur ce sol trompeur qui rendait si vite, mais qui s’épuisait si promptement ; à le suivre encore dans ses courses à travers les forêts, à noter, chemin faisant avec lui, de curieux phénomènes d’histoire naturelle concernant les fourmis, les serpents, les singes, et en général sur les mœurs des animaux, qui, n’étant gênés par rien dans ces vastes solitudes, y forment librement des groupes et y atteignent atout le mode relatif de sociabilité dont ils sont capables.
Cette identité place entre les hommes de ces deux pays un caractère commun qui les fera toujours se prendre l’un à l’autre et se reconnaître ; ils se croiront mutuellement chez eux quand ils voyageront l’un chez l’autre ; ils échangeront avec un plaisir réciproque la plénitude de leurs pensées et toute la discussion de leurs intérêts, tandis qu’une barrière insurmontable est élevée entre les peuples de différent langage qui ne peuvent prononcer un mot sans s’avertir qu’ils n’appartiennent pas à la même patrie ; entre qui toute transmission de pensée est un travail pénible, et non une jouissance ; qui ne parviennent jamais à s’entendre parfaitement, et pour qui le résultat de la conversation, après s’être fatigués de leurs efforts impuissants, est de se trouver mutuellement ridicules.
Des existences ainsi ne se dissiperont pas, d’autres se régleront ; de nobles esprits retrouveront de ces emplois dont l’effet durable, après des années, se revoit aux moments de réflexion avec le plaisir du sage.
Les combats de gladiateurs avaient pour objet d’intéresser fortement le peuple romain par l’image de la guerre et le spectacle de la mort ; mais dans ces jeux sanglants, les Romains exigeaient encore que les esclaves sacrifiés à leurs barbares plaisirs, sussent triompher de la douleur, et n’en laissassent échapper aucun témoignage.
Il voit nombre de coquins, de fripons, de demi-coquins surtout et de fripons mitigés, parmi lesquels surnagent quelques honnêtes gens : il voit partout des instincts brutaux ou des vices raffinés, l’intérêt et le plaisir se disputant le monde, et ne laissant guère de place au désintéressement et à la vertu.
Mêlant Montesquieu, Voltaire et Rousseau, il rêvait une république aimable, qui donnât du bien-être et du plaisir, qui développât le luxe et les arts.
Soit faict tout à vostre ordonnance et plaisir. » Gerson a raison d’ajouter « Dévoies gens, s’il y a icy cueurs piteulx, et qui seust oncques que c’est d’aymer, par especial de mere un filz, pan ce à ceste douleur de la doulce mere de Jésus30 !
On s’est étonné de cette formule : la Science pour la Science ; et pourtant cela vaut bien la vie pour la vie, si la vie n’est que misère ; et même le bonheur pour le bonheur, si l’on ne croit pas que tous les plaisirs sont de même qualité, si l’on ne veut pas admettre que le but de la civilisation soit de fournir de l’alcool aux gens qui aiment à boire.
Stéphane Mallarmé, ce métaphysicien, cet abstracteur qui connut la beauté dans son aspect, je dirais invisible, faisait en même temps sourdre, par le sortilège qui était en lui, de tous les petits riens épars dans la vie contemporaine, une claire source de plaisir esthétique.
Les gens chez lesquels l’appétit de croire est très développé peuvent se donner le plaisir d’avaler tout cela.
Le chevalier normand allant conquérir l’Angleterre, écoutait avec autant de plaisir le trouvère Taillefer chanter les interminables exploits de Roland que les Grecs leurs aèdes ; une foule frémissait au spectacle des mystères de la Passion, comme une autre foule avait frémi jadis à celui des malheurs d’Œdipe ou de Prométhée ; le dévot s’extasiait devant la douloureuse figure d’un Christ en croix, comme jadis les Athéniens admiraient les chefs-d’œuvre du Parthénon.
En trois ans, deux trains de plaisir par lesquels il est allé au Havre, dans une chambre d’auberge, dévorer hâtivement le fruit défendu.
Je me suis donné un plaisir sérieux.
Il nous montre l’homme, le seul de tous les animaux, jeté nu sur la terre nue, signalant son entrée dans le monde par des pleurs, ignorant le rire avant le quarantième jour ; et il s’attache, en toute rencontre, à nous faire voir, par une sorte de privilège fatal, ce maître de la terre malheureux, débile, toujours en échec, et, jusque dans l’éclair du plaisir, toujours prêt à se repentir de la vie.
Il est homme à entreprendre, non pas pour réussir, mais pour se donner l’émotion et l’orgueil de l’entreprise, le plaisir du jeu plutôt que le profit et le gain, qui pour lui ne viendront jamais.
Pour moi, dans ces deux volumes que je viens de lire avec plaisir et entraînement, je sais bien que je n’ai jamais trouvé une seule date ni en marge ni dans le texte.
Le médecin anatomiste Pecquet avait été choisi par Fouquet pour être son médecin de plaisir, pour l’entretenir à ses heures perdues des plus jolies questions de la physique et de la physiologie ; Pecquet ne se consola jamais d’avoir été séparé de lui.
J’ai eu le plaisir d’entendre, sur sa vie errante et sur la suite de ses dangers à cette époque désastreuse, un récit touchant de la bouche même de son fils (M. le comte Portalis) qui l’accompagna partout, jusqu’au seuil de la prison, et qui, par une piété aussi dévouée qu’ingénieuse, réussit à retarder l’instant de son jugement et à le sauver.
On juge que, le champ une fois ouvert aux conjectures, la malignité, l’envie, ou ce simple plaisir si naturel à tout homme de prendre son prochain en faute, se mirent de la partie et s’y jouèrent en tous sens.
(Conférence donnée à la Maison des Étudiants) Messieurs les Étudiants, C’est avec plaisir que je viens au milieu de vous, avec joie que je vous entretiendrai d’un sujet qui me tient fort à cœur : le vers libre.
Ainsi l’excommunication admise par les traditions du clergé de France contre les spectacles paraît être en opposition avec les opinions actuelles, avec les progrès de la société : cependant elle est tellement dans nos habitudes de bienséance, que si elle tombe devant la force de l’opinion il restera toujours cette sorte d’excommunication civile dont les Romains, avant nous, avaient déjà frappé cette classe qui se dévoue aux plaisirs du public, cette profession où ceux qui l’exercent immolent leur personne même à la multitude.
Le portrait de femme par Burne-Jones, exposé au salon du Champ-de-Mars en 1896, celui auquel nous faisions allusion au début de cette étude, et qui présente tous les défauts de l’artiste poussés à leur plus haute puissance, fut l’objet, de la part d’un critique parisien37, d’un jugement cruel mais juste, que je prends plaisir a mentionner ici, en l’opposant aux louanges enthousiastes qui ont accablé l’artiste au cours de sa carrière : Hélas !
Ses raisonnements font plaisir à voir, tant le réseau en est serré, solide, soigneusement disposé pour ne laisser aucune issue à la vérité fuyante.
Il prend son plaisir où il le trouve, et prétend que les autres font comme lui.
Il a besoin d’apercevoir beaucoup d’objets d’un seul coup ; il en ressent comme un agrandissement subit ; et il a goûté tant de fois ce plaisir intense, qu’il n’y en a plus d’autres pour lui.
Et il dut passer bien des heures assez douces en effet, des heures désabusées, monotones, mais tranquilles, dans lesquelles il goûtait le plaisir philosophique et sévère d’appliquer indifféremment son esprit, de sentir son instrument exact et sûr fonctionner sur des objets bien déterminés. […] Il en est de l’érudit comme du moraliste : il sait une quantité de points dans le vaste champ de la littérature et de la critique, comme l’autre dans le champ de l’observation humaine ; il s’y attache, il s’y enfonce, il en tire lumière ou plaisir, il se les exagère parfois. […] Daunou.retrouvait, à de rares moments, des éclairs de gaieté qui faisaient plaisir à voir, et on a pu l’entendre, après certains dîners où les vieux souvenirs étaient en jeu, se mettant tout d’un coup à fredonner quelque chansonnette de son jeune temps.
Tous les plaisirs de ses sens l’intéressent, la nouveauté des spectacles, le luxe, l’amour et la gloire aussi. […] L’amant transi et sentimental de Charlotte est aussi insupportable aux esprits de cette heure qu’ils prennent d’ardent intérêt et de grave plaisir à se rendre maîtres, selon l’expression de Gœthe lui-même, de tout ce qu’il a mis de secrets dans le Second Faust. […] Ils sont gens qu’on aime, et des pays les plus lointains du leur — de la Pensée pure, de la Science, de la Poésie, de l’Action, — les rois et les capitaines viennent pour le plaisir de voir et d’entendre ces inconnus qui n’ont titres ni œuvres et qui ne sont rien, mais qui savent mieux que personne faire jaillir de chacun ce qu’il a de meilleur. […] Quoique le dilettante semble goûter de tous les plaisirs également, il souffre plus qu’un autre, ne pouvant choisir. […] Mais enfin c’est là tout ce qui nous reste et la notoriété conduit à la fortune, aux honneurs, à toutes sortes de plaisirs si elle vous accueille jeune encore, etc. — Or, qui était glorieux sous la Restauration ?
Tel il m’apparut, tandis qu’assis, le buste serré au veston d’appartement, en pose allongée et les pieds croisés légèrement, il me parlait de moi avec un plaisir évident. […] Elle publia de moi deux des six ou sept Sonnets qu’il m’amusa d’écrire à cette époque, un peu pour le plaisir de Mallarmé, de la manière de qui ils étaient d’ailleurs quelque peu tributaires. Les autres parurent au « Scapin »,35 cette même année, pour le plus ample plaisir de la Presse qui les reproduisait sans retard, et avec quels commentaires amènes ! […] Je lui avais écrit mon plaisir de la lecture de son délicat, naturiste et musical volume Les Cornes du faune qu’il m’avait adressé, et il prenait prétexte pour une lettre vraiment adorable. « Je vous soupçonnais (pourquoi ? […] Je vous avouerai même que c’est toujours un plaisir nouveau pour moi, quand j’ouvre une de leurs revues, de m’y voir traité de vieux crétin ou de triple idiot.
On conçoit qu’Antoine Arnault n’espère plus de plaisir, pas même de réelle distraction de sa Sultane-servante. […] Mais la critique, qui ne saurait tenir compte d’un tel point de vue, qui justement fut inventée pour donner aux œuvres de l’esprit leur véritable cote, non d’après leur succès, mais d’après leur valeur, se tient un autre raisonnement, en analysant le genre de plaisir que lui procure Esclave : Qu’y a-t-il de commun, songe-t-elle, entre cette Esclave et la multitude des ouvrages qu’on nous présente revêtus de la même estampille ? […] Apprends-nous les soupirs, l’implacable caresse Où pleure le plaisir, flétri parmi les fleurs ! […] Je vais faire une comparaison qui mettra mon idée en pleine lumière : lorsque le peintre d’expression a rencontré la figure qui le plus énergiquement parle à son âme, et suscité le plaisir de peindre en lui donnant ce petit coup au cœur qui ne saurait tromper, il attend pour la fixer que les mouvements spontanés de cette figure atteignent à leur plus intense qualité expressive.
Je goûte à votre insu des plaisirs clandestins. […] « Celui qui s’attache au plaisir, c’est-à-dire au présent, me fait reflet d’un homme roulant sur une pente, et qui, voulant se raccrocher aux arbustes, les arracherait et les emporterait. » Le monde moral implique invinciblement un haut et un bas. […] Peu à peu, je me pénétrai sans beaucoup de chaleur, mais avec un attendrissement continu, de ces réminiscences, le seul attrait presque vivant qui me restât d’elle, et moins de quinze jours après le départ de Madeleine, ce souvenir envahissant ne me quittait plus. » C’est en même temps que son ami Olivier entreprend de son côté une conquête amoureuse, avec sécheresse, cynisme, habileté, n’y cherchant que le plaisir et l’orgueil de la victoire. […] Cet oubli auquel il n’a pu arriver par le travail et l’ambition, Dominique le demande, comme on pouvait le prévoir, à une diversion amoureuse, et Olivier l’entraîne dans une petite aventure de plaisir. […] C’est un mondain intelligent, décidé et souple, chez qui le goût du plaisir est excusé de tous comme un droit au plaisir.
Les opérations révolutionnaires de confiscation et de transfert eurent aussi, naturellement, des conséquences très fâcheuses : outre que l’on détruisit alors par négligence, ou même pour le plaisir de détruire, on eut l’idée malheureuse de trier systématiquement, de ne conserver que les documents « intéressants » ou « utiles », et de se débarrasser des autres. […] C’est abuser des procédés de la critique de provenance que de les appliquer, comme on l’a fait, pour le plaisir, à tort et à travers. […] Collectionner est un plaisir sensible, non seulement pour les enfants, mais pour les grandes personnes, quels que soient d’ailleurs les objets recueillis, variantes ou timbres-poste. […] Ils procédèrent à des exécutions mémorables, non pas pour le plaisir, mais avec le ferme propos de créer une censure, et, par conséquent, une justice, par la terreur, dans le domaine des études historiques. […] La critique interne n’est pas, comme la critique externe, un instrument qu’on puisse manier pour le plaisir de le manier132 ; elle ne procure aucune jouissance directe, parce qu’elle ne résout définitivement aucun problème.
Il a, un jour, avec Henri IV une conversation très curieuse sur la culture des mûriers et les manufactures de soie, que Henri IV veut introduire en France : ces menus plaisirs du roi paraissent peu solides à Sully.
En un mot, il a eu tout le raffinement et tout l’art d’un grand poète blasé : il s’est donné le plaisir d’avoir deux Joinville à ses côtés, tout en faisant le Chateaubriand à son aise et avec un surcroît de verve et d’ivresse.
Il excelle d’ordinaire dans le choix de ses textes et dans le parti qu’il en tire pour la division morale de son sujet : mais mainte fois il est subtil ou il semble l’être dans l’interprétation qu’il donne, dans l’antithèse qu’il fait des divers mots de ce texte ; on dirait qu’il les oppose à plaisir et qu’il en joue (comme saint Augustin), et ce n’est qu’au développement qu’on s’aperçoit de la solidité du sens en même temps que de la finesse de l’analyse.
À travers cette sévérité apparente et en partie réelle, il s’attachait à reconnaître ceux qu’il appelait des esprits superbes, ceux « qui se regardaient et se faisaient un secret plaisir d’être regardés comme les justes, comme les parfaits, comme les irrépréhensibles ; … qui de là prétendaient avoir droit de mépriser tout le genre humain, ne trouvant que chez eux la sainteté et la perfection, et n’en pouvant goûter d’autre ; … qui, dans cette vue, ne rougissaient point, non seulement de l’insolente distinction, mais de l’extravagante singularité dont ils se flattaient, jusqu’à rendre des actions de grâces à Dieu de ce qu’ils n’étaient pas comme le reste des hommes : Gratias tibi ago, quia non sum sicut cœteri hominum ».
Il avait d’ailleurs le plaisir de trouver à qui parler, dans la familiarité de ce roi homme de lettres et quasi confrère.
Au contraire, le critique liseur, si je puis dire, celui qui, dans son fauteuil, reprenait pour la centième fois de vieux écrits et se mettait à penser tout haut en refermant le livre, c’est celui-là qu’il y avait plaisir à entendre et à faire causer : idées justes, idées fines ou hardies, boutades légères et inspirées, lui sortaient en foule à la fois.
. — Rien, disait-il encore en ouvrier amoureux de son ouvrage, rien n’est mieux conduit ni plus beau que toute cette maçonnerie ; l’on n’y voit pas le moindre défaut. » La maçonnerie était belle, mais on menait les maçons un peu rudement : « Pour empêcher la désertion des maçons, qui me faisait enrager, j’ai pris, sous votre bon plaisir, deux gardes de M. le maréchal (d’Humières), des plus honnêtes gens, qui auront leurs chevaux toujours sellés dans la citadelle, avec chacun un ordre en poche et un nerf de bœuf à la main ; les soirs, on verra ceux qui manqueront ; après quoi, dès le matin, ils les iront chercher au fond de leur village, et les amèneront par les oreilles sur l’ouvrage. » Est-il besoin d’avertir qu’il y a quelque plaisanterie dans cette rudesse un peu grossière ?
C’est plaisir de s’approcher de lui : il inspire l’amitié en même temps qu’il justifie sa gloire.
Terminant cette revue d’orateurs contemporains, dans laquelle on a pris assez de plaisir à l’accompagner : « Mais c’est assez parler, dit-il, des différents prédicateurs qu’on suivait le plus à Paris dans le temps que je commençai à tenir ma place parmi eux.
Soyez donc éditeur, si c’est votre plaisir et votre orgueil, mais soyez-le avec tous les soins qu’exige cette tâche épineuse ; et gare surtout si, auteur vous-même, vous laissez trop passer le bout de l’oreille !
Je crois vous faire plaisir de vous parler avec cette liberté.
» La pension, d’ailleurs, comme le fait remarquer Chapelain, était à titre onéreux, toute conditionnelle, « pour une chose longue et pénible à faire », qui était ce travail du Dictionnaire, et de plus elle dépendait du bon plaisir du surintendant, M. de Bullion.
Il persista et il vint à bout de son projet ; il apprit presque tout ainsi de lui-même, allant à son gré à travers les auteurs, se faisant tout seul sa grammaire, et son plaisir était de traduire en vers les plus beaux passages qu’il rencontrait chez les poètes grecs ou latins.
L’ordre et la paix dans tout ce qui m’environne, dans les objets qui me sont confiés, parmi les personnes à qui je tiens ; les intérêts de mon enfant toujours envisagés dans mes différentes sollicitudes, voilà mes affaires et mes plaisirs.
En un mot, il lui aurait fallu cette grande foire humaine et à marché ouvert qu’on appelle le Directoire ; toutes les ambitions, toutes les compétitions, toutes les cupidités à nu ; et les plaisirs à l’avenant : une Régence.
Mais vous concevez également le plaisir qu’eurent le duc de Bouillon et le duc de Richelieu à parler au roi de celui qu’on lui préparait dans l’intérieur du palais de la reine.
Bailly avait présenté au roi les clefs de la ville, en lui faisant un petit discours très respectueux, fort bon, auquel le roi répondit qu’il se verrait toujours avec plaisir et confiance dans sa bonne ville de Paris.
On voulait s’assurer du Piémont et, à cet effet, le brider et le tenir entre deux places fortes, d’un côté Pignerol, et Casal à l’autre bout, dans le Montferrat ; cette dernière place appartenait au duc de Mantoue, prince dépensier, endetté, homme de plaisir, et l’on crut en avoir bon marché moyennant finance.
n’avez-vous pas cédé, sans le vouloir tout à fait, au plaisir d’opposer la protestante un peu verte, un peu roide, bien, portante d’une bonne grosse santé morale, à la catholique pleine de grâce et de nonchaloir, touchante par sa timidité, discrète, effarouchée, souffreteuse peut-être, mais humble et toute pénétrée de charme ?
Elles sont cependant les mieux établies, parce qu’elles ont toujours cheminé par la souplesse, l’assiduité, la complaisance, l’utilité aux plaisirs et la dévotion, suivant l’âge de nos rois.
La Bruyère a célébré une femme charmante, et il l’a fait avec d’autant plus de plaisir et de goût qu’elle était plus maltraitée par l’opinion.
De ce plaisir, le souvenir encore m’exalte !
Nous autres critiques qui, à défaut d’ouvrages, nous faisons souvent des questions (car c’est notre devoir comme aussi notre plaisir), nous nous demandons, ou, pour parler plus simplement, Messieurs, je me suis demandé quelquefois : Que serait-il arrivé si un poëte dramatique éminent de cette école que vous m’accorderez la permission de ne pas définir, mais que j’appellerai franchement l’école classique, si, au moment du plus grand assaut contraire et jusqu’au plus fort d’un entraînement qu’on jugera comme on le voudra, mais qui certainement a eu lieu, si, dis-je, ce poëte dramatique, en possession jusque-là de la faveur publique, avait résisté plutôt que cédé, s’il n’en avait tiré occasion et motif que pour remonter davantage à ses sources à lui, et redoubler de netteté dans la couleur, de simplicité dans les moyens, d’unité dans l’action, attentif à creuser de plus en plus, pour nous les rendre grandioses, ennoblies et dans l’austère attitude tragique, les passions vraies de la nature humaine ; si ce poëte n’avait usé du changement d’alentour que pour se modifier, lui, en ce sens-là, en ce sens unique, de plus en plus classique (dans la franche acception du mot), je me le suis demandé souvent, que serait-il arrivé ?
Tant de malheur peut-il fondre à plaisir, Quand le matin rit dans la vapeur blanche, Quand le rayon qui mourait sur la branche Est en passant si tiède à ressaisir ?
Quel était-il, cet amour qui occupait tant le comte Hervé, qui l’avait arraché aux plaisirs d’une vie brillante, et le reléguait depuis près de six mois aux champs dans une unique pensée ?
« Suspectant l’inimitié de Claude contre lui, il se confina dans le fond de l’Asie, aussi près de l’exil qu’il le fut plus tard de l’empire ; mélange de luxure, d’intrigue, de popularité, d’insolence, de bonnes et de mauvaises habiletés ; excessif de plaisirs dans le loisir, d’activité dans l’action, sa vie publique méritait des éloges, sa vie privée de la honte.
On ne leur refuse pas chez nous, monsieur, en Italie, l’innocent plaisir d’écouter les airs de leurs montagnes, et de causer, tout le temps qu’ils ne travaillent pas, librement avec leurs parents, leur femme, leur fiancée, s’ils en ont, à travers les barreaux de fer de leurs cages qui prennent jour sur leurs cours, ni même de s’entrelacer leurs doigts dans les doigts de celles qu’ils aimaient pendant qu’ils étaient libres.
Étudiez l’incomparable style de Bossuet ; prenez le Sermon sur la mort, et tous ces conseils s’éclairciront ; vous y verrez la métaphore brusque ou préparée, suivie ou abandonnée, plongée au milieu des termes propres ou de métaphores dissemblables, lâchée dès qu’elle ne serait plus qu’une curiosité ou un obstacle, avec une souplesse et une fortune merveilleuses, sans autre règle apparente que l’universelle et l’infaillible règle de donner à la pensée l’expression adéquate, transparente, qui n’y ajoute rien et n’en retranche rien : Multipliez vos jours, comme les cerfs que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez, dans cet espace qui paraît immense, honneurs, richesse, plaisir : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe, avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ?
Ogier écrivait pour la tragi-comédie de Schelandre, Tyr et Sidon 312, la plus vigoureuse défense qu’on ait faite du théâtre irrégulier : au nom de la vérité, il maintient le mélange des genres, du tragique et du comique ; au nom du plaisir, il autorise la dispersion de l’action dans le temps et dans l’espace.
L’individu peut se refuser au mensonge de groupe par simple égoïsme antisocial ; pour donner satisfaction à ses instincts antisociaux ; pour le plaisir de se distinguer du troupeau docile et d’exercer sur des conventions hypocrites et gênantes sa clairvoyance ironique.
Il a repris son rôle indépendant, élevé, ses conférences, et on l’a vu avec plaisir familiariser encore son éloquence dans l’homélie, dans le prône dont il s’est chargé à la petite église des Carmes.
C’est Jeanne, c’est Consuelo ; au fond, tout au fond, c’est toujours cette nature de Lélia, fière et triste, qui se métamorphose, qui prend plaisir à se déguiser et à se faire agréer, sous ces déguisements, de ceux mêmes qui ont cru la maudire en face.
je ne voudrais pas redevenir jeune, à la condition d’être élevée comme je l’ai été, de ne vivre qu’avec les gens avec lesquels j’ai vécu, et d’avoir le genre d’esprit et de caractère que j’ai ; j’aurais tous les mêmes malheurs que j’ai eus : mais j’accepterais avec grand plaisir de revenir à quatre ans, d’avoir pour gouverneur un Horace… Et là-dessus elle se traçait l’idéal de tout un plan d’éducation sous un homme éclairé, instruit, tel que l’était son ami Horace Walpole.
Avec cela, il était dissipé, adonné aux plaisirs, à celui de la table, qui pour lui n’était pas le seul ; et l’on est obligé de convenir que le commerce qu’il eut avec Fénelon ne le convertit jamais bien à fond, puisque c’est lui qui passe pour être le père de d’Alembert, qu’il aurait eu de Mme de Tencin en 1717.
M. le chancelier s’en contriste : tous les autres y prennent plaisir (1561). » Il gémit de ce vertige presque universel ; il sent que le peuple et la classe moyenne n’ont rien à gagner à ces querelles d’ambitieux qui se servent des passions et des croyances de tous pour arriver à leurs propres fins et se supplanter l’un l’autre : « S’il m’étoit permis de juger des coups, écrit-il, je vous dirois que c’est le commencement d’une tragédie qui se jouera au milieu de nous, à nos dépens ; et Dieu veuille qu’il n’y aille que de nos bourses !
Quoique les leçons, en général, ne servent à rien, que l’art de la sagesse et surtout celui du bonheur ne s’apprennent pas, ne nous refusons pourtant point le plaisir d’écouter Montaigne, donnons-nous du moins le spectacle de cette sagesse et de ce bonheur en lui ; laissons-le parler des choses publiques, des révolutions et des troubles, et de sa manière de s’y conduire.
Pourtant, dans une lettre toute voisine de celle-là, la vérité perce, et je saisis un aveu qui prouve que la revanche n’est jamais complète, même aux yeux des héroïnes qui s’en donnent le plaisir.
Cependant, au siège de Luxembourg, pendant la campagne de 1684, le roi étant venu en personne commander l’armée, « Sa Majesté, dit-il, me fit manger une fois avec elle, quoique sous-lieutenant, ce qui me fit un plaisir sensible : c’étaient autant d’amorces qui m’attiraient dans le piège dans lequel je ne demandais pas mieux que de tomber ».
Autrefois, j’écrivais pour alimenter le plaisir ; et maintenant, après cinquante ans de travaux, j’écris pour disputer mon pain à ceux qui l’ont volé à ma famille.
La dispersion d’études chez le président de Brosses n’était donc pas celle d’un érudit ordinaire qui ne gouverne pas ses idées et que la poursuite même égare, mais plutôt le signe d’activité d’un amateur ardent et libre, qui travaillait selon l’occasion et la veine, pour son plaisir et non pour la gloire.
À la fin de ce portrait de Luynes, l’écrivain a, je ne sais comment, une fraîcheur et une légèreté d’expression qui ne lui est point ordinaire, et qui montre que cette âme n’était point destinée si absolument à la sécheresse et à l’austérité : Sa mort fut heureuse, dit-il, en ce qu’elle le prit au milieu de sa prospérité, contre laquelle se formaient de grands orages qui n’eussent pas été sans péril pour lui à l’avenir ; mais elle lui sembla d’autant plus rude, qu’outre qu’elle est amère, comme dit le Sage, à ceux qui sont dans la bonne fortune, il prenait plaisir à savourer les douceurs de la vie, et jouissait avec volupté de ses contentements.
Saint François de Sales énumère les diverses sources d’où proviennent les jugements téméraires, et il ajoute : Plusieurs s’adonnent au jugement téméraire pour le seul plaisir qu’ils prennent à philosopher et deviner des mœurs et humeurs des personnes par manière d’exercice d’esprit.
Mercredi 25 février De Nittis déjeune chez moi, et tout en mangeant, il sort de sa bouche un récit de sa vie : un de ces récits qu’on ne fait qu’une fois, dans de certaines conditions de bonheur, de plaisir, d’expansion.
Baudelaire connut l’œuvre wagnérienne, l’illustra de belles pages, et Mendès très longtemps orna le wagnérisme. » On répondra que Baudelaire en 1862 — date de sa connaissance du Tannhauser et de son étude critique — était âgé de quarante ans, fatigué de son bel effort, qu’il pouvait éprouver des plaisirs esthétiques nouveaux, et les traduire, admirablement, sans que cela l’induisît à modifier une formule de vers qui était déjà une conquête sur le passé ; et si la même raison ne peut valoir pour Mendès, quoi d’étonnant à ce que celui-ci soit, car son éducation poétique, quoique moins avancée, était déjà faite, resté fidèle à un idéal technique, dont il ne pouvait encore percevoir la caducité, puisqu’elle n’existait pas encore, et qui lui laissait toute la place pour ses réalisations encore neuves.
… Ce whigisme, qui infecte tout de son poison… innocent, est si insupportable dans Macaulay, que ceux-là — et nous sommes du nombre — qui aiment l’originalité partout et même en Histoire, quoiqu’elle y soit plus téméraire qu’ailleurs, n’ont aucun plaisir de surprise à voir Macaulay couper Pitt en deux, comme l’enfant de Salomon, et en faire deux Pitt très distincts, — l’un d’avant 1792, qui ressemblerait beaucoup à Fox, un Pitt philanthrope, négrophile, amoureux de liberté, presque un quaker, et l’autre d’après 1792, le détestable, celui-là, selon Macaulay, l’esprit brouillé et brouillon, l’emporté, le tory des coalitions !
Il était né armé de facultés soudaines, qu’il put aiguiser mais auxquelles il n’ajouta pas, et par conséquent, conclusion dernière, il a cet avantage, interdit à presque tous les autres hommes, même de génie, mais d’un génie inférieur au sien, que les livres de son âge mûr ne font pas rougir de honte les élucubrations de sa jeunesse, et qu’on peut le voir avec plaisir et le reconnaître dans ce miroir renversé.
La nation en l’admirant, aimait à se persuader qu’on peut mêler la galanterie à la grandeur et que le caractère d’un Français fut en tout temps d’allier la valeur et les plaisirs.
Si vous savez vaincre et vous arrondir, vous savez aussi vous moquer des gens mieux que personne. » Dans toute cette affaire de Pologne on croit sentir deux choses : d’abord que Voltaire n’aime pas les gens qui aiment leur pays et qui résistent à la force ; ensuite qu’il voit avec plaisir une augmentation de la Prusse, de la Russie et de l’Autriche, qui est une diminution de la France. […] il sera dans la nature de l’homme de revoir avec plaisir une maison où l’on est né, un village où l’on a été nourri par une femme mercenaire, et il ne serait pas dans notre cœur d’aimer ceux qui ont pris un soin généreux de nos premières années ? […] Il n’y aurait pas de travail s’il n’y avait pas des riches et des pauvres ; tout languirait ; et non seulement la pauvreté, ce que l’on peut considérer comme un bien, mais la misère, ne tarderait pas à être générale et la dépopulation en serait la conséquence immédiate : « Paris est peut-être la ville du monde la plus sensuelle et où l’on raffine le plus sur les plaisirs ; mais c’est peut être celle où l’on mène une vie plus dure. […] On a voulu en faire un crime à la Société, qui regarde le plaisir de commander comme le seul bien de la vie ; mais il sera toujours beau de commander aux hommes en les rendant heureux… Ceux qui voudront faire des institutions pareilles établiront la communauté des biens de la République de Platon, ce respect qu’il demandait pour les dieux, cette séparation d’avec les étrangers pour la conservation des mœurs, et la cité faisant le commerce et non pas les citoyens. […] Il le fit aussitôt, avec le plaisir de créer ainsi un précédent en sa faveur et de se laisser mettre en lieu et place des Etats généraux.
Du triomphe de la poésie, on pourrait conclure que la cadence joue le premier rôle parmi les préférences humaines et que le plaisir d’entendre un certain nombre de syllabes se succéder régulièrement en se terminant par des sons semblables amène les émotions les plus grandes. […] — ON attend avec impatience le jour où il sera donné aux Parisiens le plaisir de contempler M. […] Dumas fils, et cependant il y a une solidarité de médiocre entre ces auteurs. — Sans le public, il n’y a plus qu’un trouble immense dans les arts, chacun se proclame roi, personne ne peut juger ; le bon plaisir de chacun, quelle que soit sa bêtise ou son intelligence, pose le type de l’excellent. […] Le plus souvent, les gens qui ont été élevés selon toutes les règles de l’Université, sont presque des littérateurs et entretiennent en eux un dilettantisme de jugement sensible seulement aux subtilités, aux recherches, aux conditions de monture du style ; ils n’ont pas besoin d’émotions, pas besoin d’idées, cela ne les regarde pas ; il s’est accumulé depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, des trésors d’agencement de mots, des tailles de phrases hardies, singulières, des coups de plumes curieusement travaillés, qu’on peut examiner à la loupe, compter mathématiquement, voilà la source de leurs plaisirs. […] Ce qu’il pouvait montrer c’est une finesse de jugement générale, des mœurs après tout très simples, un grand laisser-aller dans la vie, beaucoup de facilités sur le chapitre du plaisir et alors le mauvais côté, le côté public, la revendication de toutes les vertus, de tous les cultes, de tous les respects, ce qui est toujours l’histoire du propriétaire allant à la messe à cause de ses paysans.
Tous ses traits, et surtout ses lèvres toujours immobiles, respiraient une tranquillité inaltérable ; les rares paroles qu’il laissait tomber s’accompagnaient d’un sourire retenu qui faisait plaisir à voir. […] Il ne trouvait un peu de plaisir que chez sa mère, passait des heures entières dans ses appartements, bas et petits, écoutant son bavardage naïf et sans apprêts, et se gorgeant de confitures. […] Il avait peu d’argent, mais il jouait heureusement, faisait des connaissances, prenait part à tous les plaisirs imaginables ; en un mot, il commençait à voguer toutes voiles dehors.
Le peuple est bien moins capable que les classes élevées ou éclairées de résister à la séduction des plaisirs faciles, qui ne sont sans inconvénients que quand on est blasé sur leur compte. Pour que le bien-être ne démoralise pas, il faut y être habitué ; l’homme sans éducation s’abîme vite dans le plaisir, le prend lourdement au sérieux, ne s’en dégoûte pas. […] Le plaisir de déployer son activité à toute vapeur lui suffit, même quand les chances de la loterie ne lui ont pas été favorables.
Son caractère timide & modéré, son indécision continuelle, l’accablement de son esprit au faîte des grandeurs & au milieu des plaisirs, son abandon aux volontés du roi & son indifférence pour tout le reste, le dégoût des affaires ou le danger de s’en trop mêler, une égale incapacité pour nuire ou pour servir avec ardeur, l’empêchèrent d’agir pour celui dont elle estimoit les vertus & chérissoit la personne. […] Les gens de lettres de cette ville se faisoient un plaisir, un honneur même de lui rendre de fréquentes visites. […] Il composa précipitamment un discours sous ce titre : Le Gonzague ou du plaisir honnête (*). […] Furetiere, cet écrivain ingénieux, agréable ; ce bel esprit en liaison intime avec tous les hommes à talent de son siècle ; ce philosophe Epicurien, fait uniquement pour le plaisir, se laissa prendre à l’appas d’un gain sordide. […] L’histoire suivante n’est-elle pas encore faite à plaisir ?
« Il a beau interdire tous plaisirs à ses guerriers, il n’en prétend pas moins que le devoir du législateur est de rendre heureux l’État tout entier ; mais l’État tout entier ne saurait être heureux, quand la plupart ou quelques-uns de ses membres, sinon tous, sont privés de bonheur. […] D’abord la propriété, quelque mince qu’elle soit, et l’habitude du travail, puis la tempérance ; et, enfin, pour celui qui veut trouver le bonheur en lui-même, le remède ne sera point à chercher ailleurs que dans la philosophie : car les plaisirs autres que les siens ne peuvent se passer de l’intermédiaire des hommes.
Cette action sur la durée n’est pas moins importante que l’action sur l’intensité, car l’idée maintenue dans la conscience (par exemple celle de tel plaisir ou, au contraire, de tel devoir) a par cela même le temps d’éveiller et les sentiments corrélatifs et les tendances corrélatives ; de plus elle suscite, par un phénomène d’induction, les autres idées qui ont des liaisons avec elle ; elle évoque donc tout un monde intellectuel et affectif dont elle est le centre de gravitation. […] Tantôt nous nous représentons un objet extérieur et la sensation qu’il nous cause, — par exemple la campagne et tout ce qu’on y voit, — tantôt nous nous représentons tels états de conscience, sentiments, plaisirs, douleurs, passions, volitions, et alors nous avons encore dans l’esprit des images d’objets auxquels ces sentiments ou volitions s’appliquent, des intuitions du sens intime, comme dit Kant, c’est-à-dire des représentations de choses éprouvées, de choses d’expérience.
Il dit, de la gloire, qu’elle expose ses amoureux à la calomnie, et des plaisirs, qu’ils donnent, trop de peine. […] C’en était fait des plus vifs plaisirs du théâtre pour les hommes qui aimaient, d’une foi sincère, le beau langage, les nobles traditions, les vivants souvenirs.
Désaugiers, son contemporain, délire plus sincèrement ; il est ivre lui-même de l’ivresse de verve qu’il répand à plein verre autour de lui ; le plaisir est la seule politique de cet Anacréon de Paris. […] « C’était un homme bien charmant et bien étourdi que mon père », me disait souvent Béranger. « Quoique je n’eusse que dix-huit ans, j’étais plus sensé et plus prudent que lui dans les affaires auxquelles il m’initiait, et qu’il avait fini par me remettre presque entièrement pour s’occuper plus librement de ses plaisirs et de ses machinations politiques.
Chacun de nous, chacun de vous n’a-t-il pas eu son Euryclée, cette seconde mère des enfants de la maison, par l’habitude de les avoir vus naître, par le lait ou les soins qu’elle leur a donnés tout petits, par le plaisir qu’elle a eu en les voyant grandir, par l’orgueil qu’elle a en les voyant grands et respectés dans la maison ? […] » Nous battions des mains de plaisir à ces ressemblances, et nous nous demandions comment on pouvait faire un livre divin avec le tableau fidèle d’une lessive à la campagne ?
Empereurs ou rois, qui n’ont plus rien à désirer du côté de la fortune, n’y trouvent rien aussi qui gêne leurs plaisirs, et nés, et destinés à mourir dans leur pourpre, rien ne traverse, ni ne partage, ni ne rompt leur passions, si ce n’est les obstacles qu’elles se créent à elles-mêmes en courant à leur satisfaction. […] Mais si le poète, flanqué d’un archéologue et d’un marchand de meubles, s’abaisse jusqu’au trompe-l’œil, non seulement il remplit son œuvre de chevilles et de clinquant, mais encore il coupe les ailes à l’imagination du spectateur et ne lui offre plus que le plaisir trompeur d’un cinématographe.
Il le fit avec un talent que les hommes spéciaux sont seuls autorisés à bien louer, et avec un plaisir évident qui est déjà un signe d’heureuse application et de succès aux yeux de tous.
Nous avons affaire en sa personne à un homme qui parle sincèrement de lui-même, et c’est pour cela que nous l’écoutons si à plaisir et que nous l’aimons.
On ne vous mandera pas que par ma contenance je donne lieu de croire que je le trouve tel ; mais on passe de mauvaises nuits. » Fénelon n’était pas dans le secret de ces mauvaises nuits, et il en restait sur l’air d’audace et de fête du personnage, sur ses allures de bal et de plaisir aux plus graves moments.
En attendant, il dresse pour son plaisir des listes ministérielles d’essai, dont il a soin d’exclure le plus qu’il peut M. son Frère, ou quand il l’admet, c’est bien à son corps défendant.
On avait passé, ce semble, par toutes les phases d’opinions à son sujet, on avait fait le tour : après avoir écouté les témoins directs, les contemporains les plus émus, les plus intéressés et les plus contraires, on avait vu venir avec plaisir les historiens indépendants, ayant encore la tradition, mais sachant aussi s’en détacher et envisager les hommes et les choses du point de vue de la postérité.
C’est plaisir de pouvoir se compléter ainsi.
il y a plaisir à les voir comme cela de dehors.
Dès qu’il s’agissait du Piémont et de la frontière d’Italie, le souvenir de ses anciens succès, de son expérience et de sa spécialité en pareil sujet, ramenait à lui ; on lui demandait des mémoires détaillés, et il se faisait un plaisir de les donner.
Vos belles-sœurs font tout autrement, et j’avoue, tous ces plaisirs bruyants, où le roi ne se trouve pas, ne sont pas convenables.
L’année dernière vous vous entreteniez avec plaisir de la Corse ; daignez donc jeter un coup d’œil sur cette esquisse de son histoire ; je vous présente ici les deux premières lettres : si vous les agréez, je vous en enverrai la fin… » (Voir Souvenirs diplomatiques de Lord Holland, à l’Appendice.)
Le silence protège les rêves de l’amour ; le mouvement des eaux pénètre de sa douce agitation ; la fureur des vagues inspire ses efforts orageux, et tout commandera ses plaisirs quand la nuit sera douce, quand la lune embellira la nuit, quand la volupté sera dans les ombres et la lumière, dans la solitude, dans les airs et les eaux et la nuit… Heureux délire !
Le vocabulaire habituel de son chant ne lui a plus suffi, et elle a trouvé plaisir et fraîcheur aux vieux mots rajeunis ou aux nouveaux hasardés : Une ceinture noire endeuille un jeune enfant.
En littérature seulement, c’est-à-dire roman, poëme et théâtre, on a pu trouver avec plus de fondement, en effet, que les promesses avaient quelque peu menti, que les saturnales duraient et s’étendaient avec insolence, que la boue des rues et l’ordure des bornes remontaient trop souvent jusqu’au balcon, que les grands talents à leur tour donnaient le pire signal et manquaient à leur vocation première, qu’ils s’égaraient, qu’ils gauchissaient à plaisir dans des systèmes monstrueux ou creux, en tout cas infertiles ; en un mot, qu’ils n’amusaient plus et qu’ils avaient cessé de charmer.
Indépendamment du petit roman que j’ai tâché d’y faire saillir et d’en extraire, on trouvera avec plaisir dans ces volumes bien des anecdotes et des traits qui peignent le siècle.
» L’argument leur semblait décisif ; rien ne put les en faire démordre Il se forge ainsi dans les bas-fonds de la société, à propos du pacte de famine, de la Bastille, des dépenses et des plaisirs de la cour, un roman immonde et horrible, où Louis XVI, la reine Marie-Antoinette, le comte d’Artois, Mme de Lamballe, les Polignac, les traitants, les seigneurs, les grandes dames, sont des vampires et des goules.
Cependant du plaisir la folâtre saison, Sous ses grelots légers, rit et voltige encore, Pendant que, soulevant les voiles de l’aurore.
Sa foi dans le bien fut absolue ; les mobiles inférieurs de la vie, l’intérêt, les jouissances, le plaisir, furent chez lui entièrement subordonnés à la poursuite que sa conviction lui marquait comme le devoir.
En effet, le plaisir ou le déplaisir que nous fait éprouver une chose dépend, non seulement de la nature de cette chose, mais encore de notre tempérament, de notre âge, de notre sexe, de notre humeur, de notre culture, de nos tendances, bref, de ce qui varie le plus d’un individu à l’autre et parfois même dans un seul individu.
D’un côté, le vieux mari enterré dans son cabinet, qui use sa plume de scribe à gagner les douze mille francs de revenu du ménage ; de l’autre, la jeune femme qui se dissipe au dehors en bals, en spectacles, en cavalcades, et rentre chez elle dans sa jupe bouffante d’amazone, la cravache en main, l’œil émerillonné, la joue ardente des rougeurs fébriles du plaisir.
A ce groupe qui vit en famille, ajoutez Valmoreau, un petit jeune homme qui suit les femmes jusqu’en chemin de fer, et dont la vie n’est qu’un train de plaisir entre l’amourette quittée et la bonne fortune poursuivie.
Elle brusquait la conclusion à plaisir, et substituait à une vraie solution politique un dénouement de théâtre.
Il y a des traits fort spirituels ; il fait surtout plaisir à ceux qui ont connu, non Émilie, comme écrit Mme Necker, mais Amélie, et il fait mal quand on pense que cette excellente femme, recommandée à un Ange pour ses derniers moments, a été livrée au bourreau.
Le Brun, comme le peintre David son ami, trempa son pinceau à plaisir dans les couleurs sanglantes et livides.
Par penchant et par habitude, il était encore plus homme de presse qu’il ne l’avait été de consultation et de cabinet : « Comme écrivain, disait-il, entre m’adresser au public ou à un souverain, fût-il dix fois plus élevé que la colonne de la place Vendôme, je n’hésiterai jamais à préférer le public ; c’est lui qui est notre véritable maître. » En laissant dans l’ombre les côtés faibles et ce qui n’est pas du domaine du souvenir, et à le considérer dans son ensemble et sa forme d’esprit, je le trouve ainsi défini par moi-même dans une note écrite il n’y a pas moins de quinze ans : Fiévée, publiciste, moraliste, observateur, écrivain froid, aiguisé et mordant, très distingué ; une Pauline de Meulan en homme (moins la valeur morale) ; sans fraîcheur d’imagination, mais avec une sorte de grâce quelquefois à force d’esprit fin ; — de ces hommes secondaires qui ont de l’influence, conseillers nés mêlés à bien des choses, à trop de choses, meilleurs que leur réputation, échappant au mal trop grand et à la corruption extrême par l’amour de l’indépendance, une certaine modération relative de désirs, et de la paresse ; — travaillant aux journaux plutôt par goût que par besoin, aimant à avoir action sur l’opinion, même sans qu’on le sache ; — Machiavels modérés, dignes de ce nom pourtant par leur vue froide, ferme et fine ; assez libéraux dans leurs résultats plutôt que généreux dans leurs principes ; — sentant à merveille la société moderne, l’éducation moderne par la société, non par les livres ; n’ayant rien des anciens, ni les études classiques, ni le goût de la forme, de la beauté dans le style, ni la morale grandiose, ni le souci de la gloire, rien de cela, mais l’entente des choses, la vue nette, précise, positive, l’observation sensée, utile et piquante, le tour d’idées spirituel et applicable ; non l’amour du vrai, mais une certaine justesse et un plaisir à voir les choses comme elles sont et à en faire part ; un coup d’œil prompt et sûr à saisir en toute conjoncture la mesure du possible ; une facilité désintéressée à entrer dans l’esprit d’une situation et à en indiquer les inconvénients et les ressources ; gens précieux, avec qui tout gouvernement devrait aimer causer ou correspondre pour entendre leur avis après ou avant chaque crise.
Le plaisir que j’en ai éprouvé, je ne puis vous l’exprimer, mais je puis vous peindre la douleur et l’affliction que j’ai ressentie en me reportant au temps présent, et voyant disparaître cette atmosphère lumineuse qui un moment avait apparu à mes yeux et venait de s’évanouir comme un songe.