[Entretiens politiques et littéraires, 10 juin 1893.]
XII Voulant joindre tous les agréments, ce journal s’intitule politique et littéraire.
« Aux lectures décadentes, son vocabulaire se modifia et ses admirations littéraires se restreignirent.
. — Entretiens politiques et littéraires (Georges Vanor). — L’Ermitage (Henri Mazel).
C’est ce qui paroît sur-tout par ses Lettres Helviennes ou Provinciales philosophiques ; espece de correspondance littéraire & critique, entre un Chevalier bel-esprit, & une Baronne qui désire d’être initiée dans les mysteres de la Philosophie moderne.
Remarquez bien qu’il ne s’agit plus ici d’une simple composition littéraire où le lecteur, placé dans une sphère convenue d’idées et de sentiments, se prête à toutes les illusions qui lui sont prescrites, et s’émeut vivement d’une création dont il a adopté d’avance toutes les données.
Sans les partis vaincus, comme les a nommés la critique, avec cette sentimentalité bête qui n’a jamais manqué son effet sur le peuple français ; sans les cléricaux, qui sont le sujet de la courageuse comédie d’Émile Augier, et sans Veuillot-Déodat, le Fils de Giboyer ne serait un chef-d’œuvre qu’entre cabotins intéressés à la chose ; mais, entre gens littéraires, on n’en parlerait déjà plus !
Je ne crois pas qu’il y ait dans l’histoire littéraire un exemple de disciples différant de leur maître aussi fort que diffère de M.
La Bataille littéraire moderne ne commençant guère qu’à l’avènement des maîtres du Naturalisme, nous avons fixé à ce moment le point de départ de la reproduction de ces articles dont le succès a consacré la valeur. […] Tel qu’il est, ce premier volume sera, nous l’espérons, un livre d’intérêt d’autant plus grand qu’il permettra de juger par des exemples l’ensemble des quatre premières années de notre mouvement littéraire. […] Dans cette courte analyse des nouveautés littéraires, je ne puis donner idée à nos lecteurs que de l’une des anecdotes contenues dans ce volume, qui contient quatre récits. […] C’est au point de vue littéraire une curiosité que j’ai cru devoir signaler ; comme on le voit, le roman français tend à se modifier, et c’est à l’étranger qu’il va demander ses éléments de rénovation. […] Rien de plus indéchiffrable que ces sortes d’énigmes littéraires, et c’est justement là-dessus que la vanité humaine aime à spéculer.
L’art aussi bien lui est indifférent, et, sans doute, l’une des choses qui l’intéressent le moins au monde, c’est la valeur littéraire des œuvres. […] Alfred Michiels est seul, si je ne me trompe, à l’avoir signalé dans son Histoire des idées littéraires en France au xixe siècle. […] Perrault, en habile homme, se sentant soutenu par l’opinion des coteries littéraires, ouvrit sa voile au vent nouveau qui soufflait. […] Pour qu’il apparût clairement que la religion était contradictoire à ce besoin de nouveauté qui se faisait jour partout alors, il avait suffi qu’on voulût lui soumettre ou lui annexer le domaine littéraire. […] En la réduisant à ses principes, il a transformé, sans presque avoir l’air d’y toucher, une dispute jusque-là purement littéraire en une discussion de l’ordre philosophique.
La date de leur énonciation dans ce volume et dans les volumes suivants, prouvera que les variations de la politique ne m’ont pas fait dévier de la ligne philosophique et littéraire que je m’étais invariablement tracée. […] sur cette opinion que les vérités scientifiques sont les mêmes pour toutes les nations qui les entendent, et que les préceptes littéraires sont divers pour chacune d’elles. […] De pareilles erreurs, dans les principes du goût, suspendent les progrès du génie littéraire. […] Mais peuvent-ils se dissimuler que les plus grands siècles littéraires furent ceux qui produisirent les plus grands hommes, et qui contribuèrent le plus à la civilisation des empires ? […] Mais je ne fais point, je le répète, l’histoire des auteurs et des époques littéraires, je ne fais qu’une table des principes de l’art, et qu’un exposé de ses lois.
Si, par hasard, des esprits oisifs et mécontents étaient venus à cette séance académique, où la plus belle société s’était donné rendez-vous, avec l’intention de chercher et d’applaudir quelques-uns de ces traits plus politiques que littéraires, sur lesquels on a trop compté en d’autres temps, ils auraient été désappointés.
La grande nouvelle littéraire, l’unique nouvelle est la publication des trois volumes de l’Histoire du Consulat par M.
René a toutes les ambitions, toutes les velléités ou les extrémités d’ambition ; il les épuise : qu’il traverse les choses ou qu’il les effeure, il se dégoûte vite, il pénètre le néant de tout, il s’ennuie, et cet ennui n’est peut-être au fond, à le bien prendre, que l’amour de la gloire littéraire et poétique à laquelle il croit plus qu’à tout le reste et qui ne le satisfera pourtant pas, quand il l’aura obtenue.
De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire Un des plus grands obstacles à l’effort intellectuel est la croyance qu’il nuit à la sincérité du sentiment ; on s’applique à ne pas employer son esprit, afin que le cœur parle tout seul.
C’étaient presque toutes tragédies, tragi-comédies ou pastorales ; la comédie, malgré les traductions ou les imitations littéraires des Larivey et des Turnèbe, avait peu de place tant au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne qu’au théâtre de l’Hôtel d’Argent qui s’ouvrit vers 1600 rue de la Poterie au Marais.
Sur près de deux mille mots purement latins en sion et tion, il n’y en a pas vingt qui puissent entrer dans une belle page de prose littéraire ; il y en a moins encore qu’un poète osât insérer dans un vers.
Le reste n’est que curiosité littéraire, vanité de savant !
Ses lettres à Mme de Sablé, dans le temps de la confection des Maximes, nous le montrent plein de verve, mais de préoccupation littéraire aussi ; c’était une émulation entre elle et lui, et M. […] Le premier journal littéraire qui ait paru ne paraissait encore que depuis trois mois, et déjà on y arrangeait soi-même son article. […] La part que Mme de Sablé eut dans la composition et la publication des Maximes, ce rôle d’amie moraliste et un peu littéraire qu’elle remplit durant ces années essentielles auprès de l’auteur, donnerait ici le droit de parler d’elle plus à fond, si ce n’était du côté de Port-Royal qu’il nous convient surtout de l’étudier : esprit charmant, coquet, pourtant solide ; femme rare, malgré des ridicules, à qui Arnauld envoyait le Discours manuscrit de la Logique en lui disant : « Ce ne sont que des personnes comme vous que nous voulons en avoir pour juges ; » et à qui presque en même temps M. de La Rochefoucauld écrivait : « Vous savez que je ne crois que vous sur de certains chapitres, et surtout sur les replis du cœur. » Elle forme comme le vrai lien entre La Rochefoucauld et Nicole.
Et puisque j’en suis à cette question de l’introduction du sérieux dans les entretiens de société, j’en veux signaler, en passant, une conséquence, d’autant plus qu’elle est tout particulièrement littéraire. […] Au milieu des divers rôles, si bien remplis, de critiques, d’historiens littéraires et de biographes, il m’a semblé que c’en était encore un à prendre et à garder que celui qui aurait pour devise : introduire le plus possible et fixer pour la première fois dans la littérature ce qui n’en était pas tout à fait auparavant, c’est-à-dire ce qui se tenait surtout dans la société et qui y a vécu. […] On ne se doute pas de toutes les peines et de toutes les ruses à bonne fin qu’il nous a fallu avoir, nous autres critique qui tenions à accroître sur quantité de points délicats et neufs l’histoire littéraire contemporaine ; qui avions besoin d’être bien informé, et qui ne voulions écrire sous la dictée de personne.
Les études de vingt ans d’un de ces hommes studieux que l’enthousiasme attache aux grandes renommées avec une sorte de piété littéraire comme la curiosité attache certains érudits à la pierre sépulcrale des vieilles tombes pour déchiffrer des épitaphes, M. […] Ce jeune prince, que Torquato Tasso avait connu dans son adolescence à Rome, avait toutes les qualités de son frère, mais il y joignait de plus la constance dans ses amitiés, la modestie, la solidité et la grâce du caractère qui le faisaient adorer ; il reçut Torquato en ami plutôt qu’en maître, ne lui demandant pour tout service que d’illustrer sa cour et sa famille par l’éclat de renommée littéraire qui commençait à rayonner de son nom. […] Le Tasse suivit son prince à la cour de Charles IX, il s’y lia d’une amitié littéraire avec le poète français Ronsard.
Ni les hommes ni les œuvres ne manquent : mais, si la matière est riche pour l’historien ou pour le philologue, elle est pauvre pour le critique, qui s’arrête seulement aux œuvres littéraires, c’est-à-dire aux idées, sentiments, expériences, rêves que l’art a revêtus d’éternité. […] C’est l’aventure qui fait les preux, et met les « pauvres brigands » de pair avec les chevaliers : sentiment bizarre, mais bien français, et bien humain, puisqu’il donne la clef de l’universelle popularité des Mandrin, des Cartouche et des José Maria, puisqu’il explique le prestige littéraire des contrebandiers et flibustiers. […] Renan, Histoire littéraire de la France au xive siècle, 2 vol. in-8, 2e édit., Paris, 1865.
Certes on avait déjà vu des maladies littéraires : le « précieux » sous diverses formes (à la Renaissance, dans la première moitié du XVIIe siècle, au commencement du xviiie ), puis les « excès » du romantisme, de la poésie parnassienne et du naturalisme. […] Il y a une énorme lacune dans son éducation littéraire. […] Bref, la foi la plus naïve, la plus soumise ; nous sommes à cent lieues du christianisme littéraire, de la vague religiosité romantique.
Dès qu’un Français a pu se donner une culture, non plus seulement classique et nationale, mais européenne, c’est merveille comme il se détache, du même coup, de tout chauvinisme littéraire. […] Je laisse les maladifs Goncourt, chez qui la sensation littéraire semble déjà, elle-même, une souffrance, et qui, ne fussent-ils pas torturés comme hommes, le seraient déjà comme artistes ; je n’alléguerai pas le calvaire de leur Germinie, à la fois héroïque et infâme, qui, parmi les hontes et la folie de son corps, garde un si grand coeur et, dans ses « ténèbres », pour parler comme Tolstoï, la pure flamme d’un absolu dévouement. […] Que si nous les aimons précisément parce qu’elles sont très imparfaites, et parce qu’elles nous permettent de rêver autour d’elles et de créer ou d’achever nous-mêmes leur beauté à travers les traductions, sachons du moins que c’est à cause de cela que nous les aimons, et non pour une supériorité qu’elles n’eurent jamais… Je crois bien que je donne depuis quelques minutes dans le chauvinisme littéraire.
Ce tableau ne serait que ridicule, si l’auteur s’était borné à la prétention d’en faire une facétie littéraire. […] Mais comme c’est une vérité de l’art littéraire ou poétique observée par Voltaire, que ce qui fait rire au théâtre, ce sont les méprises des personnages, et que c’est une autre vérité recueillie par l’observation, que la méprise la plus risible et la plus ridicule consiste essentiellement dans la prétention manquée, il faut avoir plus d’esprit qu’il ne m’en appartient, pour reconnaître que Molière, ce grand maître de l’art dramatique, cet observateur profond, n’a exprimé ou sous-entendu ces vérités dans la préface des Précieuses que pour masquer un gros et plat mensonge sur ses intentions relativement à l’hôtel de Rambouillet. […] J’aurais voulu voir eu action, entre leurs mains, l’aiguille, la navette, le fuseau, la fusée, le dévidoir ; j’aurais désiré de voir ces femmes broder, faire de la tapisserie, des nœuds, des pelotons, en même temps qu’elles écoutaient une lecture, ou entendaient discourir sur quelque sujet moral ou littéraire.
L’académie française, qui honore les talens littéraires en les recevant dans son sein, a trouvé un moyen heureux et noble d’honorer aussi les talens d’un autre ordre, en leur décernant des éloges publics au nom de la postérité. […] Les compagnies littéraires des provinces ont imité celle de la capitale, et lui ont enlevé plus d’un éloge, que sans doute elle n’aurait pas oublié. […] J’en développerai les raisons et les preuves : je les trouverai dans l’amour-propre et les intérêts de la médiocrité ; dans cet esprit des sectes littéraires, qui, comme toutes les autres, ont leur politique et leur secret ; enfin dans le petit nombre des hommes doués de ce sens exquis qu’on appelle le goût.
En rattacherai-je la forme au souvenir de quelque forme littéraire ? […] Qui songe à relire, autrement que par curiosité littéraire, les lourds poèmes didactiques de Saint-Lambert, de Lemierre et de Delille, depuis que nous avons une Maison rustique, des dictionnaires, une littérature scientifique ? […] Mais, franchement, d’une nécessité commerciale, d’une condition d’abonnement, doit-on faire une question littéraire ?
Taine, après avoir flâné longtemps dans la philosophie, la critique littéraire et l’art, aborde maintenant l’histoire politique. […] Ce jour-là, il fut vraiment un artiste humain et littéraire. […] Il a pu, par le fait de sa volonté, éteindre le rayon de son opinion politique et le rayon de son talent littéraire, bien autrement difficile à éteindre quand on a le bonheur et la gloire d’être un écrivain, et M.
Une pièce sans date, mais qui doit être de cette époque environ, nous montre Mézeray en voie de fonder le premier journal littéraire et scientifique qui eût paru en France. […] (Journal littéraire général), ce qu’il ne saurait faire s’il n’a sur ce nos lettres qui lui en permettent l’impression.
J’ai promis une anecdote littéraire, ou plutôt c’est toute une scène à laquelle Dangeau et Saint-Simon nous permettent d’assister, et j’en vais donner un compte rendu fidèle comme si elle s’était passée de nos jours, sans rien inventer, sans rien ajouter. […] Le public, alors tout littéraire, et très occupé de ces sortes de querelles, s’était fait de La Harpe une idée très malicieuse, peu favorable, et qui ne répondait point aux mérites étendus qu’il a déployés depuis.
Des Essais de lui, « dans le goût de ceux de Montaigne », qui furent imprimés en 1785 (retouchés, il est vrai, par M. de Paulmy son fils), le firent connaître par des côtés plus variés et plus littéraires. […] Barbier, le volumineux recueil des manuscrits de d’Argenson, et en ayant étudié avec soin une partie, j’ai pu m’assurer que les ouvrages qui sont imprimés ne nous le présentent que d’une manière très incomplète ; qu’il n’existe aucune édition exacte et fidèle de l’ouvrage qu’on a intitulé : Considérations, et que l’auteur désignait lui-même sous un autre titre ; que les autres morceaux plus littéraires ou personnels qu’on a donnés au public ont été remaniés, arrangés, affaiblis toujours, soit par M. de Paulmy, soit par M.
Ce fut la belle époque et la plus littéraire du règne de Frédéric : c’est alors qu’il cherche à rassembler autour de lui l’élite des hommes distingués de son temps, et qu’il semble un instant près d’y réussir. […] Mais ce qu’on peut dire après cette lecture, c’est qu’il y justifie assez bien sa définition, et que, dans cette correspondance de frère à sœur, il se met tout entier par un côté de sa nature, par le côté littéraire, le côté artiste, virtuose et bel esprit.
le cachet est le même dans toutes ces pièces : il est royal et nullement littéraire ; il n’a pu être imprimé que par Louis XIV. […] Boileau (et je ne parle pas ici du poète louant en public, mais de l’homme de sens s’épanchant dans la familiarité), Boileau était d’un tout autre avis ; il entrait, nous assure-t-on, dans une espèce d’enthousiasme lorsqu’il parlait de Louis XIV, et l’on a recueilli de ses lèvres ces propres paroles, qui renferment un si bel éloge sous forme littéraire : « C’est, disait-il, un prince qui ne parle jamais sans avoir pensé ; il construit admirablement tout ce qu’il dit ; ses moindres reparties sentent le souverain ; et quand il est dans son domestique, il semble recevoir la loi plutôt que la donner. » Ce dernier trait se rapporte à la facilité de vivre du roi dans son intérieur et à son égalité d’humeur avec tout ce qui l’entourait.
. — D’autre part, je vois le courant du milieu, ce flot d’élèves sortant chaque année des écoles de l’Université, avec des idées toutes contraires, bien qu’eux-mêmes très-divers entre eux : idées politiques très-brouillées, très-mélangées, connaissances littéraires (si l’on excepte une élite) trop incomplètes au point de vue de l’Antiquité et trop peu consistantes, malgré tous les efforts et l’excellence des maîtres. Puissent ces études littéraires se rasseoir solidement et se fortifier, sous une impulsion tutélaire, et aussi (autre vœu non moins essentiel et nullement contradictoire) les études scientifiques, cette clef de la nature, gagner chaque jour, se répandre en plus de mains et se propager !
La femme de Carle, la mère d’Horace, était fille de Moreau, le dessinateur habile, fécond, universel ; l’illustrateur littéraire de toute son époque : pendant près de cinquante ans, l’annonce d’un livre avec figures de Moreau était la meilleure recommandation en librairie et un gage de succès. […] Par des illustrations d’un tout autre genre, destinées à des ouvrages littéraires, Horace Vernet reprend la trace de son grand-père Moreau, et il fait concurrence à Achille Dévériá : ainsi, illustrations de la Hehriade, dans le goût du temps ; illustrations de Mathilde et Malek-Adel, genre troubadour ; une Mort de Tancréde ; illustrations des poèmes de Byron, Manfred et le Chasseur, la Fiancée d’Abydos, le Naufrage de don Juan… C’est du métier, passons !
Le genre du Sermon, pris en dehors de son action présente, immédiate, et à l’état de branche littéraire, est, quoi qu’on fasse, un genre triste et presque nécessairement ennuyeux. […] Jacquinet est depuis des années directeur des études littéraires dans cette même École, dont les traditions vivent en lui.
Le notaire lui-même, pour peu (comme cela se rencontre de nos jours) qu’il soit animé et touché d’une étincelle littéraire, prend part à la satisfaction érudite et n’est pas insensible à l’honneur d’avoir du Molière dans ses archives. […] Soulié : elle sent moins l’antiquaire ; elle est surtout littéraire et critique.
Mais enfin abondance de preuves ne nuit pas, surtout quand elles sont d’un genre, nouveau, imprévu, et qu’elles se produisent en un langage que chacun comprend à l’égal au moins de celui du dessin et des images : je veux parler des preuves écrites et littéraires. Gavarni, on l’a vu, a eu dans un temps, à un moment de sa jeunesse, non pas des prétentions, mais des velléités ou de vagues projets littéraires ; au nombre de ces projets était un roman, non terminé, dont, je puis cependant donner une idée assez précise et citer quelques pages arrachées qui seront autant de jours ouverts sur sa manière de penser et de sentir.
Cousin, qui a poussé à fond l’application de sa doctrine à propos des papiers de Pascal et qui l’a proclamée sur tous les tons jusqu’à en faire une sorte d’article de foi littéraire, a-t-il trouvé mauvais, par exemple, que dans la publication du Journal intime de Maine de Biran, on ait retranché tous les passages où lui, M. […] Quelle singularité pourtant, dans l’ordre littéraire et moral, que ces sortes de pastiches si visiblement empruntés et si parfaitement sincères !
Flammarion a rendu justice sur ce point à son illustre devancier, bien qu’il n’ait pas choisi les meilleurs témoins littéraires à son sujet, et qu’il n’ait pas assez reconnu en lui sous les défauts saillants les qualités rares. […] Non, l’immortalité ne serait qu’une ombre sans l’activité… C’est la vie éternelle que nous voulons, et non la mort éternelle. » Nous apprécions certes, nous admirons même l’esprit ingénieux, inventif, le talent littéraire, la fertilité spéculative, qui ont fait trouver à M.
L’Égypte avait été le pont d’une seule arche qui avait uni intellectuellement la Chine et les Indes littéraires et religieuses à la Grèce ; mais ce pont s’est écroulé dans le Nil, et nous ne connaissons de cette intelligence disparue que ce qui en avait passé en Grèce ou à Rome. […] En sorte que le monde ancien, histoire, poésie, arts, métiers, civilisation, mœurs, religion, est tout entier dans Homère ; que le monde littéraire, même moderne, procède à moitié de lui, et que, devant ce premier et ce dernier des chantres inspirés, aucun homme, quel qu’il soit, ne pourrait, sans rougir, se donner à lui-même le nom de poète.
Je voudrais aujourd’hui concilier tout ce que je dois à ces souvenirs et aux sentiments de respect que je lui ai voués, avec l’indépendance du critique, — au moins du critique littéraire ; car ici, en parlant de ces hommes qu’il y aurait lieu d’étudier sous tant d’autres aspects, je ne suis et ne veux être que cela. […] Vous en faites un Balzac ridicule ; Érasme n’était qu’un Voltaire modéré, un Fontenelle au goût littéraire plus sain, le précurseur de Rabelais sans ivresse, un sage qui, venu trop tôt et placé entre des partis extrêmes dont il ne pouvait épouser aucun, demandait la permission de rester neutre.
Le sultan Mahmoud, de race turque, qui régnait dans le Kaboul, et dont les conquêtes s’étendirent jusqu’à l’Inde, fut un dessus ardents à se signaler en cette voie de renaissance littéraire qui venait en aide à ses projets politiques, ou qui du moins pouvait illustrer son règne. […] Les poètes de cour, les rivaux et ennemis littéraires de Ferdousi prétendirent que le succès de son ouvrage tenait à l’intérêt des sujets bien plutôt qu’au talent de l’auteur.
Mme Du Deffand en était là, aveugle, ayant un appartement dans le couvent de Saint-Joseph. rue Saint-Dominique (quelques chambres du même appartement qu’avait occupé autrefois Mme de Montespan, la fondatrice) ; elle avait soixante-huit ans ; elle vivait dans le très grand monde, comme si elle n’était pas affligée de la plus triste infirmité, l’oubliant tant qu’elle le pouvait, et tâchant de la faire oublier à tous à force d’adresse et d’agrément ; se levant tard, faisant de la nuit le jour ; donnant à souper chez elle ou allant souper en compagnie, ayant pour société intime le président Hénault, Pont-de-Veyle, le monde des Choiseul dont elle était parente, les maréchales de Luxembourg et de Mirepoix, et d’autres encore dont elle se souciait plus ou moins, lorsque arriva d’Angleterre à Paris, dans l’automne de 1765, un Anglais des plus distingués par l’esprit, Horace Walpole : ce fut le grand événement littéraire et romanesque (pour le coup, c’est bien le mot) de la vie de Mme Du Deffand, celui à qui nous devons sa principale correspondance et tout ce qui la fait mieux connaître. […] Le goût de son temps l’excédait : « Ce qu’on appelle aujourd’hui éloquence m’est devenu si odieux, que j’y préférerais le langage des halles ; à force de rechercher l’esprit, on l’étouffe. » Ses jugements littéraires, qui durent paraître d’une excessive sévérité dans le moment, se trouvent presque tous confirmés aujourd’hui.
Ne sentez-vous pas, en effet, la phrase littéraire et poétique qui essaie de feindre un accent ému ? […] » On voit percer, même dans cette scène qui vise et touche à l’émotion, cette double fatuité qui ne le quitte jamais, celle de l’homme à bonnes fortunes qui veut rester jeune, et celle du personnage littéraire qui ne peut s’empêcher d’être glorieux.
Ce furent les torts de Voltaire, et, si je puis dire, ses infidélités littéraires, qui la dégagèrent insensiblement. […] En 1738, par exemple, au moment où Mme de Graffigny tomba à Cirey, Voltaire était dans une de ces crises et de ces quintes littéraires qui « altéraient tout à fait la douceur charmante de ses mœurs ».
Ces temps-ci, après vingt-cinq ans de séparation, j’ai revu, mon cousin, le marquis de Villedeuil, le cousin avec lequel mon frère et moi, nous avons fait nos débuts littéraires, le cousin qui a mangé 800 000 francs en deux ans… Ah ! […] Vendredi 27 août Aujourd’hui, au milieu d’une forte migraine, La Faustin a fait tout à coup irruption dans ma cervelle, avec accompagnement de fièvre littéraire.
Les coureuses de bal masqué philosophique ou littéraire n’ont peut-être pas autant de pudeur à risquer, mais elles ont leur orgueil et elles l’exposent. […] Mme Stern est une de ces vieilles filles-là… C’est une bréhaigne littéraire.
Or, il y a une embryologie littéraire. […] L’intérêt premier qu’ils nous offrent n’est pas leur valeur littéraire, fort grande pourtant, et sur laquelle je vais revenir.
Renan parle de situation trop tendue, et prétend que la résurrection de l’âme est tout à fait différente de l’immortalité… Mais qu’importe la rédaction des devises, quand les bonbons qu’elles enveloppent sont empoisonnés, et quand on n’est, comme Renan, dans l’ordre moral et littéraire… qu’une Brinvilliers-Siraudin ! […] Mais ce qui aurait dû n’être jamais que de l’histoire littéraire faillit devenir presque de l’histoire ecclésiastique… Les chaires retentirent.
Mais enfin, de quoi s’agit-il, d’histoire ou de critique littéraire ? […] Si, d’autre part, il s’agit de critique littéraire, le danger serait d’accabler, d’étouffer l’œuvre sous la biographie. […] Ne pourrait-on supprimer, dans la critique littéraire, tout le commentaire biographique ? […] Au surplus, ce ne sont pas les doctrines littéraires on autres des romantiques qui détourneront M. […] Bourget n’a point abandonné le credo littéraire de ses débuts.
Sans méconnaître le côté sinistre et livide de ce caractère jaloux, sans contester non plus la médiocrité littéraire du rhéteur, l’historien croit découvrir sous son jargon sentimental une logique puissamment systématique, et l’intelligence des plus hautes vérités, des principes les plus fondamentaux qui doivent présider à toute renaissance sociale.
Dans cette première partie de sa vie littéraire, Scott ne fit pourtant que continuer et soutenir avec éclat le mouvement imprimé à la poésie anglaise à la fin du siècle par Beattie, Gowper, les ballades de Percy.
Mais je n’ai dû considérer ici la raison et le jugement que dans une de leurs applications particulières, lorsqu’on les emploie à la composition littéraire.
Je confesse, pour la vingtième fois, que Victor Hugo est un des cinq ou six grands génies littéraires de ce siècle.
Bilan des dernières divulgations littéraires.
[La Vie littéraire (1888-1889).]
Il semble pourtant préférer la dissertation métaphysique à la réalisation littéraire directe où il a trouvé la célébrité.
Georges Pioch Parce qu’il participe de la vie par cet amour qui souffre et jouit d’homme à femme, parce qu’il la surpasse en bonté et la domine par le pardon, ce livre (Les Quatre Saisons), qui nous vient avec le printemps, peut-il être admiré et chéri comme le commentaire généreux d’une année ; mieux même : de l’Année… Le goût littéraire y cueille des joies rares : celles qu’un art hautain et délicat procure et que fortifie le rayonnement d’une libre pensée ; celles, aussi, d’une surprise.
[L’Art littéraire (juin 1894).]
[La Vie littéraire (1892).]
Les ouvrages de Louis Riccoboni dit Lelio, dans la première moitié du dix-huitième siècle, l’Histoire de l’ancien théâtre italien, publiée par les frères Parfait en 1753, celle de Des Boulmiers en 1769, les Annales d’Antoine d’Origny en 1788, les études de Cailhava d’Estandoux, faites précisément au même point de vue que le mien, constituent toute une série de travaux d’histoire et de critique littéraire, qui témoignent que c’est déjà d’ancienne date que l’attention s’est portée en France sur cette sorte d’invasion comique que je vais décrire à mon tour.
Lucain, ne voulant pas avoir inutilement travaillé, préférant sa gloire littéraire à tout, ne tient aucun compte de la défense : il récite son poëme ; on en reçoit les vers avec acclamation.
Concluons que le défaut du jour est de séparer un peu trop les études abstraites des études littéraires.
Philéas Lebesgue est un de ceux qui se sont le plus indignés de cette prétention, et son animosité s’explique lorsqu’on connaît ses idées littéraires.
Je conçois le mot lâche de Voltaire, qui disait : « La vie des hommes littéraires n’est que dans leurs écrits. » Il voulait y cacher la sienne.
L’auteur du Blessé de Novare, qui croit à son héros, qui le choie, qui le berce sur son cœur et a pour lui toutes les tendresses de la maternité littéraire (la seule maternité qui ne soit pas touchante), n’a pas beaucoup remué les ornières du grand chemin de tout le monde dans lequel il a continué de marcher.
La carrière littéraire du mélancolique René a été une incroyable « réussite ». […] Le Génie du christianisme commanda toute son œuvre littéraire, et, pour commencer, le força de composer laborieusement quoi ? […] Tout de suite après avoir conté la mort d’Armand, il nous dit : « L’année 1811 fut une des plus remarquables de ma carrière littéraire. […] Et enfin, de 1836 à 1839, revenant en arrière, il dit ce qu’il a fait et ce qu’il a vu de 1800 à 1828, c’est-à-dire presque toute sa carrière littéraire et presque toute sa carrière politique. […] Il a écrit la quatrième partie, l’histoire de ses dernières années, avant d’écrire celle de sa carrière littéraire et politique… Pourquoi ?
Je connais peu de livres qui soient d’une plus haute probité littéraire et historique que la Jeanne d’Arc de M. […] Mais c’est précisément pour encourager qu’une Société littéraire ou scientifique est instituée, pour encourager et pour soutenir les premiers pas ! […] Cependant, elles précisent certains points d’histoire littéraire et même politique. […] La reconnaissance est une vertu, une vertu littéraire. […] Grâce à cela, il était levé à cinq heures du matin et pouvait travailler « pour lui », pour ses travaux littéraires, jusqu’à neuf heures.
Et Brunetto Latini a été le conseiller littéraire de Dante. […] Avant que sa vocation de peintre s’éveillât, il avait rêvé la gloire littéraire. […] L’influence allemande n’a pas été seulement littéraire et philosophique : elle a été politique. […] Notre admiration était purement littéraire. […] D’ailleurs la décadence littéraire et philosophique de l’Allemagne date de sa victoire.
C’est qu’elles ne sont parvenues jusqu’à nous qu’à l’état d’œuvres littéraires, de drames parlés. […] Car c’est la musique qui, des profondeurs de l’âme exaltée de l’artiste, s’efforce à revêtir d’une expression plastique et littéraire les merveilleux mystères qu’elle fait entrevoir. […] Wagner, en d’autres termes, est plus qu’un poète au sens banal du mot ; il n’est pas un cerveau littéraire, il n’est pas un savant et un combinateur ; il est un génie purement intuitif, il est un voyant. […] Le passage est à citer : « À quoi reconnaît-on toute décadence littéraire ? […] Il était un esprit trop compliqué, trop littéraire et dont le développement s’était produit d’une façon trop factice, pour goûter l’intense poésie, pour reconnaître exactement la valeur propre des créations du génie populaire.
L’on n’est pas encore tout à fait revenu de l’étonnement, et même de l’irritation que suscita cette nouveauté littéraire. […] Pour passer à l’état littéraire, il faut que l’idée s’habille ; et, son vêtement, c’est le symbole. […] Et, pas une fois, je ne l’ai vu prêter la moindre attention à ces manigances dont plusieurs hommes de lettres composent leur existence littéraire. […] … L’on se méfie, à cause du piteux résultat que d’autres obtinrent, pour avoir mis leur palette au service d’idées abstraites, ou littéraires, ou sociales. […] Jacques de Coussange, la Norvège littéraire (Paris, Michaud, s. d.).
Mon intention n’est pas d’analyser page à page ce livre qui, pour moi, renferme comme un spécimen de toutes les qualités littéraires de M. de Maupassant. […] » Et la critique littéraire et les jurés de Cour d’assises devront absoudre immédiatement les héros de romans coupables qui auront invoqué cette complaisante infirmité. […] Ferdinand Fabre est trop connu pour que je puisse penser faire une surprise à mes lecteurs de ces pages empreintes de l’amour de la simplicité littéraire et des beautés de la nature. […] Quesnay de Beaurepaire, qui a aussi écrit la préface du livre, comme protestation littéraire contre le naturalisme. […] Évidemment, le mouvement littéraire présent n’a rien apporté à la scène, bien au contraire.
Zola et de ses disciples en vidange littéraire est dépassée et ne peut plus désormais s’adresser qu’à des couches sociales et à des peuples arriérés. […] Un dégénéré proclame, sous l’effet d’une obsession, un dogme littéraire quelconque, le réalisme, la pornographie, le mysticisme, le symbolisme, le diabolisme. […] Nous rencontrerons ces qualifications dans la bouche de représentants autorisés de toutes les tendances littéraires. […] C’est du boulangisme littéraire ! […] C’est une sorte de revue du développement littéraire tout entier jusqu’à nos jours, une critique rapide des livres et des auteurs les plus récents, et une espèce de programme de la littérature de l’avenir.
Pierre Veber définit spécialement ici, et fort bien, le snobisme artistique et littéraire des gens du monde. […] La vie pastorale ou royale était pour eux « une transposition littéraire de la vie mondaine » (la formule est de M. […] Il n’est presque pas un théâtre « littéraire » qui n’ait de nouveau crucifié Jésus. […] et jouée sur notre premier tréteau « littéraire », ne se présentait évidemment ni comme un mélodrame du Château-d’Eau, ni comme une bouffonnerie faite exprès. […] » Si l’on recherche dans l’histoire littéraire les origines du romantisme, on ne sait plus du tout où il commence.
Jules Lemaître trouve ici un triomphe à titre de critique littéraire et de critique dramatique. […] C’est égal, la destinée littéraire de cette race est bien curieuse. […] Le Bidois est une excellente page de critique littéraire, de nature à faire penser, à faire réfléchir, à faire regarder les choses selon différents aspects, enfin, une page de critique littéraire qui remplit brillamment tout son office. […] quand à l’époque on avait contre soi la conscience littéraire du siècle ! […] Ils étaient, vers 1850, dans un salon à prétentions littéraires et la conversation était un peu lourde à supporter.
Il apporte dans l’histoire littéraire des habitudes d’auteur dramatique ; et dans ses ingénieux récits presque tout est mise en scène et invention. […] Rien n’était moins établi à cette époque que la propriété littéraire et les droits des théâtres. […] Mais un corsaire littéraire se préparait à prendre les devants, ainsi que plus tard, dans la même année, il fut fait pour Le Cocu imaginaire. […] Ces jugements et la bizarre répartition des sommes font de cette pièce un document curieux pour l’histoire littéraire. […] Ce morceau curieux, en même temps qu’il constate cette conversion littéraire, donne aussi la mesure du goût du parterre, qui n’était pas fait encore à des beautés aussi franches.
Sa vocation littéraire y trouva son jour. […] Je me perds dans ce vaste Tout si étonnant, je ne dirai pas si sage, je suis trop ignorante ; j’ignore les fins, je ne connais ni les moyens, ni le but, je ne sais pas pourquoi tant de moucherons sont donnés à manger à cette vorace araignée ; mais je regarde, et des heures se passent sans que j’aie pensé à moi, ni à mes puérils chagrins. » Depuis que le panthéisme est devenu chez nous un lieu commun, une thèse romanesque et littéraire, je doute qu’il ait produit quelque chose de plus senti que ces simples mots d’aperçu comme échappés à la rêverie d’une jeune femme227. […] Gaullieur, sur la jeunesse de Benjamin et ses relations avec Mme de Charrière (Voir Derniers Portraits ou au tome III des Portraits littéraires, édit. de 1864). — Enfin il faut lire encore (car la source une fois ouverte n’a plus tari) tout ce que le même M. […] Plus d’une question que nous posions ici trouve sa réponse dans l’article sur Benjamin Constant et madame de Charrière inséré dans les Derniers Portraits (1852) et, depuis, dans le tome III des Portraits littéraires, édit. de 1864.
Notre siècle, il y a moins de trente ans, a institué de grandes discussions littéraires, dont le retentissement n’a point encore tout à fait cessé. […] Leurs vers gracieux ou sensés en ont heureusement propagé les règles, en faisant comme des proverbes littéraires. […] Voilà deux mille ans et plus que ces pages ont été écrites ; et avec elles, c’est la critique littéraire qui est née, et qui, dès ce moment, a eu sa méthode, son objet, et quelques-uns de ses principes essentiels. […] Le zèle prodigieux avec lequel furent cultivées l’épopée, la poésie dramatique et l’éloquence, ajoute Herder, éleva nécessairement l’analyse littéraire à une perfection inconnue parmi nous.
Le drame littéraire a une même origine et une même destinée. […] Revue politique et littéraire (28 mars) : Léon Pillaut. […] Camille Benoit, ne veut pas, assurément, que le premier motif représente une bannière, le second Sachs ; la musique — étant, essentiellement, purement, sentimentale, — ne peut représenter un objet, et elle ne peut représenter qu’une émotion innommée ; il y a seulement correspondance entre l’idée littéraire et l’impression musicale. […] Monodat, publiée dans la Revue politique et littéraire du 17 février 1883, Wagner écrivait : « Quant à une vive agitation en Allemagne, je n’y crois pas. » Le célèbre professeur d’anatomie de l’université de Barcelone tâche de s’expliquer cette phrase du Maître.
Jusque-là il était abbé comme on l’était volontiers alors, ayant le titre et quelques bénéfices ; mais il n’était point lié à son état, il n’était prêtre à aucun degré ; et en 1755, à l’âge de quarante ans, on le voit hésiter beaucoup avant de franchir ce pas dont il sent le péril, et d’où sa délicatesse d’honnête homme l’avait tenu éloigné jusque-là : « Je me suis lié à mon état, écrit-il à Pâris-Duverney (le 19 avril 1755), et j’ai mis moi-même dans cette démarche tant de réflexions que j’espère ne m’en repentir jamais1. » Quant aux petits vers galants, ils sont de sa première jeunesse ; il cessa d’en faire à l’âge de trente-cinq ans : J’ai abandonné totalement la poésie depuis onze ans, écrit-il à Voltaire en décembre 1761 ; je savais que mon petit talent me nuisait dans mon état et à la Cour ; je cessai de l’exercer sans peine, parce que je n’en faisais pas un certain cas, et que je n’ai jamais aimé ce qui était médiocre ; je ne fais donc plus de vers et je n’en lis guère, à moins que, comme les vôtres, ils ne soient pleins d’âme, de force et d’harmonie ; j’aime l’histoire… Il y a donc, avant tout, quand on parle de Bernis, à bien marquer les époques, si l’on veut être juste envers un des esprits les plus gracieux et les plus polis du dernier siècle, envers un homme d’une capacité réelle, plus étendue qu’on ne pense, et qui sut corriger ses faiblesses littéraires ou ses complaisances politiques par une maturité décente et utile, et par une fin honorable. […] Ce goût littéraire prononcé, qui était comme une affiche de vie insouciante et mondaine, nuisait beaucoup à Bernis pour sa carrière.
Il s’était fait d’abord connaître dans le monde littéraire par des écrits d’une compilation utile et agréable ; mais ce ne fut que lorsqu’il eut choisi le vaste sujet de l’Histoire du commerce qu’il crut véritablement avoir rencontré sa veine et embrassé sa vocation. […] Jean de Muller qui le vit à Berne a dit de lui : « Il aime à parler, sa conversation est instructive, et c’est un honnête homme. » (Études sur l’histoire littéraire de la Saisie française, par E.
C’est une date peu honorable dans notre histoire littéraire et qu’il faudrait effacer, mais à la condition que pareil scandale ne se reproduisît jamais : « Nous avons à la Porte-Saint-Martin, écrivait Mme de Launay (6 août 1822), une troupe de comédiens anglais. […] Bien peu de familles auraient eu, comme vous, cette manière élevée et noble de penser et de sentir, qui met la plus grande gloire d’une personne si chère, dans l’expression la plus intime de la vérité. — Vous et votre excellent fils, vous êtes pour moi, à cet égard, des modèles, et tels que je n’en ai pas rencontré deux fois dans ma carrière de critique littéraire et de biographe.
Aussi, nous qui regrettons personnellement, et regretterons jusqu’au bout, comme y ayant le plus gagné à cet âge de notre meilleure jeunesse, les commencements lyriques où un groupe uni de poëtes se fit jour dans le siècle étonné, — pour nous, qui de l’illusion exagérée de ces orages littéraires, à défaut d’orages plus dévorants, emportions alors au fond du cœur quelque impression presque grandiose et solennelle, comme le jeune Riouffe de sa nuit passée avec les Girondins (car les sentiments réels que l’âme recueille sont moins en raison des choses elles-mêmes qu’en proportion de l’enthousiasme qu’elle y a semé) ; nous donc, qui avons eu surtout à souffrir de l’isolement qui s’est fait en poésie, nous reconnaissons volontiers combien l’entière diffusion d’aujourd’hui est plus favorable au développement ultérieur de chacun, et combien, à certains égards, cette sorte d’anarchie assez pacifique, qui a succédé au groupe militant, exprime avec plus de vérité l’état poétique de l’époque. […] On a demandé quelquefois si ce qu’on appelait romantisme en 1828 avait finalement triomphé, ou si, la tempête de Juillet survenant, il n’y avait eu de victoire littéraire pour personne ?
Dans cette voie si périlleuse de la biographie contemporaine, il a su éviter les écueils de plus d’un genre, et atteindre le but qu’il s’était proposé : de la loyauté, de l’indépendance, aucune passion dénigrante, de bonnes informations, la vie publique racontée avec intelligence et avec bon sens, la vie privée touchée avec tact, ce sont là des mérites dont il a eu l’occasion de faire preuve bien des fois en les appliquant à une si grande variété de noms célèbres tant en France qu’à l’étranger ; cela compense ce que sa manière laisse à désirer peut-être au point de vue purement littéraire, et ce qui doit manquer aussi à ses jugements en qualité originale, car l’étendue même de son cadre lui impose un éclectisme mitigé. […] Était-ce donc la peine, en débutant, de venir intenter un procès en forme contre un travail par lequel, M.Gaullieur certainement, et moi peut-être après lui (puisqu’on veut m’y mêler), nous pouvions croire avoir bien mérité de l’histoire littéraire contemporaine et des futurs biographes de Benjamin Constant en particulier ?
Il suffisait dans chaque ville de deux ou trois jeunes imaginations un peu vives pour donner l’éveil et sonner le tocsin littéraire. […] C’est un devoir à chaque groupe littéraire, comme à chaque bataillon en campagne, de retirer et d’enterrer ses morts.
Des ouvrages d’imagination Il est facile de signaler les défauts que le bon goût fait toujours une loi d’éviter dans les ouvrages littéraires ; mais il ne l’est pas également d’indiquer quelle est la route que l’imagination doit se tracer à l’avenir pour produire de nouveaux effets. […] Enfin, dans le siècle du monde le plus corrompu, en ne considérant les idées de morale que sous le rapport littéraire, il est vrai de dire qu’on ne peut produire aucun effet très remarquable par les ouvrages d’imagination, si ce n’est en les dirigeant dans le sens de l’exaltation de la vertu.
I J’ai besoin de rappeler ici que la perfection littéraire d’une oeuvre n’est pas, même pour un lecteur très lettré, l’unique mesure du plaisir qu’il y prend. […] C’est le moyen âge mis à la portée de tout le monde, un bric-à-brac littéraire assez semblable à celui que nous aimons dans nos mobiliers, où nous préférons parfois du faux vieux aux si jolis meubles soyeux et capitonnés qu’on nous fabrique aujourd’hui.
J’en suis charmé pour votre sexe, et même pour le mien ; car, quoiqu’en dise votre amie, sitôt qu’il y aura des Julie et des Claire, les Saint-Preux ne manqueront pas ; avertissez-la de cela, je vous supplie, afin qu’elle se tienne sur ses gardes… Puis tout à coup il s’enflamme à l’idée de retrouver quelque part une image des deux amies inséparables qu’il a rêvées ; l’apostrophe, cette figure favorite qui est son tic littéraire, lui échappe : « Charmantes amies ! […] Quelques phrases de lui, à elles adressées, dans les premiers billets, phrases toutes littéraires dont elle s’exagérait le sens, et qu’elle relisait sans cesse, lui avaient fait croire qu’elle avait pu, un instant, occuper dans son cœur je ne sais quelle place qui n’était plus vacante pour personne, depuis que Mme d’Houdetot y avait passé.
Byron, qui ne prodigue pas ses éloges et qui se plaisait à la lecture de Grimm, a dit dans son Journal : Grimm est un excellent critique et un bon historien littéraire. […] Quand il était obligé de quitter Paris, c’était elle qui tenait la plume à sa place, et qui, sous la direction de Diderot, continuait sa Correspondance littéraire avec les souverains du Nord.
Durant quelque temps elle lutta encore et essaya de se maintenir à l’état littéraire ; mais, tout centre politique étant détruit dans le Midi, cette langue, la première née ou du moins la première formée des modernes, tomba décidément en déchéance et passa à l’état de patois. […] Peyrottes m’a écrit pour réclamer contre cette bien légère épigramme ; il me dit que L’Écho du Midi, qui a imprimé sa lettre, a fait ici une bévue dont il n’est pas coupable, et qu’il avait mis ces autres mots : « J’ose dans ma timidité qui est bien près de l’audace… » Je lui donne acte de son Errata, sans que cela ôte rien au piquant de l’épisode où il figure, et à la moralité littéraire que j’en veux tirer.
Aucun nom littéraire de son siècle (si l’on excepte Montaigne) ne jouit d’une faveur aussi universelle. […] Il est curieux de voir, en lisant ce morceau, de combien de bévues, aux yeux des érudits de profession, se compose une gloire littéraire et populaire.
Charles Labitte, qui, le premier, lui a consacré une notice littéraire développée ; quoique ses travaux et son système philologiques aient été l’objet de plusieurs leçons de M. […] dans le péril de notre gloire littéraire, un seul cri s’élèverait, et ce cri, vous le prononcez avec moi : Corneille !
Quant aux Œuvres du grand Frédéric, il y entre tant de mélange qu’on ne saurait s’étonner que les belles parties historiques, qui en composent le fondl, aient été longtemps perdues dans le fatras littéraire qui les recouvrait à première vue et qui les compromettait. […] Et, puisqu’il est question cette fois de Louis XIV écrivain et l’un des modèles de la parole, je signalerai de lui en finissant un bienfait direct et qui embrasse tout l’ordre littéraire.
L’édition contient ensuite les Mélanges philosophiques et littéraires du roi ; ses Poésies qui sont pour nous son plus gros péché, mais qu’on ne pouvait omettre et qui ont leur valeur historiquement ; enfin l’on arrive à la Correspondance qui, avec les histoires, forme la partie la plus intéressante de cette grande publication. […] Je suis loin d’avoir épuisé l’ami en Frédéric : ses correspondances avec Jordan, avec La Motte-Fouqué, sont des témoignages non moins réels, non moins touchants peut-être que sa correspondance avec M. de Suhm ; mais celle-ci a cet avantage qu’elle est constamment élevée et pure, qu’elle ne contient ni plaisanteries littéraires ou morales d’un goût équivoque, ni mauvais vers.
Elles le méritent encore au point de vue littéraire. […] Ce sabir contient en puissance le patois futur de l’A.O.F. dont le français restera — nous y comptons — la langue officielle et littéraire.
Ces braves gens laissaient passer à côté d’eux la comédie de Robert Macaire sans y apercevoir de grands symptômes moraux et littéraires. […] Il y a entre ces deux rires, abstraction faite de la question d’utilité, la même différence qu’entre l’école littéraire intéressée et l’école de l’art pour l’art.
Mais, à part ces lacunes de l’histoire littéraire, comment ne lirait-on pas ailleurs que dans Suidas, quelques mois sur Pindare, auteur tragique ? […] C’est plus tard, c’est quand la poésie devient une science littéraire, que, dans le Musée d’Alexandrie, dans la cage des oiseaux chanteurs nourris par les Ptolémées, loin des religieux anniversaires qui ramenaient l’offrande sacrée de la muse tragique, loin des triomphes patriotiques qui inspiraient sa voix, Callimaque, Apollonius, Lycophron, maîtres experts au métier de la poésie, feront indifféremment des hymnes aux dieux, des cantates aux rois, des tragédies, des épigrammes, et ne craindront pas même de reprendre en sous-œuvre et de versifier de nouveau ces grands sujets que s’était appropriés le génie aux jours de sa jeunesse créatrice, les Pélopides, Œdipe, Agamemnon, toute une part du répertoire d’Eschyle et de Sophocle.
Ici, monsieur le ministre, la Commission a pu regretter que le second Théâtre-Français, dont l’objet est de concourir le plus possible avec la première scène française dans les mêmes genres à la fois dramatiques et littéraires, n’eût point obtenu, dans l’arrêté, un article à part qui permît de considérer en elles-mêmes les pièces qui y sont représentées, sans qu’on fût obligé de les comparer avec des ouvrages d’un genre et souvent d’un ordre tout différent.
Son roman entier est calculé comme une partie d’échecs : je n’en veux pour échantillon que cette soirée littéraire chez Marion Delorme, où, par une combinaison plus laborieuse encore qu’ingénieuse, il fait jouter ensemble Milton, Corneille, Descartes, Molière et les académiciens du temps.
Et dans la critique littéraire, quand on a comparé ses auteurs aux aigles, aux lions, aux papillons, aux abeilles, aux prairies émaillées de fleurs, aux montagnes abruptes, aux clairs ruisseaux, aux torrents furieux, quelle idée a-t-on donné aux lecteurs de leur talent et de leurs œuvres ?
Il paraît que j’ai commis d’énormes oublis, et que l’année littéraire a été bien meilleure et plus fertile en œuvres originales que je n’avais cru.
Mais, au reste, certaines particularités de la destinée littéraire de M.
[Entretiens politiques et littéraires (août 1891).]
Ainsi, le riche réglant plus ou moins la production littéraire et artistique par son goût suffisamment connu, et ce goût étant généralement (il y a de nobles exceptions) vers la littérature frivole et l’art indigne de ce nom, il devait fatalement arriver qu’un tel état de choses avilît la littérature, l’art et la science.
Tressan, [Louis-Elisabeth de Lavergne Comte de] Lieutenant-Général des Armées du Roi, de l’Académie Françoise, de celles des Sciences de Paris, de Londres, de Berlin, d’Edimbourg, & des Sociétés Royales & Littéraires de Montpellier, de Nancy, de Caen & de Rouen, né dans le Diocese de Montpellier en 1706.
Gide, de qui nous nous sommes éloignés par antipathie littéraire.
C’est une joie plein la poitrine, une de ces joies, de première communion littéraire, une de ces joies qu’on ne retrouve pas plus que les joies du premier amour.
Cet ouvrage fut alors très-vanté, parce qu’il venoit de quelques femmes, & qu’une femme auteur étoit presque un phénomène littéraire.
Or, si notre siècle littéraire est inférieur à celui de Louis XIV, n’en cherchons d’autre cause que notre irréligion.
Dessins du temps et des époques qui ont suivi, gravures noires, gravures coloriées, portraits, éclaircissements sur la géographie et le costume de la guerre en 1430, théâtre des événements, histoire littéraire où l’on passe en revue les livres et les poèmes inspirés par Jeanne d’Arc, tout est là de ce qui se rattache à sa gloire, depuis le mystère du siège d’Orléans jusqu’au drame de Jules Barbier et de Gounod.
Malheureusement, le marbre de l’oubli est plus dur à égratigner que le marbre d’un tombeau, et, il faut bien le dire, cette Histoire de Christophe Colomb par le comte Roselly de Lorgues, malgré tout le bien qu’on en dit, n’eut point, dans un temps où la publicité se prostitue aux plus basses œuvres littéraires, le succès retentissant que les hommes prennent pour de la gloire.
Grimm, le spirituel chargé d’affaires littéraires de huit souverains du Nord, avait beau écrire à ses patrons que l’ouvrage n’était qu’un long recueil d’églogues, d’hymnes et de madrigaux en l’honneur de la Providence, la vogue en cela se retrouvait d’accord avec la morale éternelle. […] Cette impuissance de la mesure serrée et du chant, en ces organisations si accomplies, marque bien la spécialité du don, et venge les poëtes, même les poëtes moindres, ceux dont il est dit : « Érinne a fait peu de vers, mais ils sont avoués par la Muse. » Bernardin de Saint-Pierre vécut assez pour assister à toute la grande moitié du développement littéraire et poétique de M. de Chateaubriand. […] Bernardin de Saint-Pierre, qui est l’un de mes auteurs favoris, s’est retrouvé sous ma plume au tome VI des Causeries du Lundi, et en plus d’une page du livre intitulé : Chateaubriand et son Groupe littéraire.
En beaucoup d’occasions, les titres littéraires avaient la préférence sur les titres de noblesse. […] Grimm, Correspondance littéraire, IV, 176. — Comte de Ségur, Mémoires. […] Correspondance littéraire par Grimm (septembre, octobre 1770).
Il rentra en Allemagne comme un triomphateur futur, capable à lui seul de restaurer ou de fonder un empire littéraire nouveau pour la Germanie. […] Les princes eux-mêmes, plus entraînés qu’alarmés par ce mouvement vertigineux des esprits en ébullition dans leurs contrées, participaient à ces enivrements de gloire littéraire. […] Mais le prince, tout en préparant ainsi le bien-être rural de son ami, s’était réservé d’employer plus utilement son rare génie et sa sagacité politique au bonheur de ses peuples et à l’éclat littéraire de sa cour.
Quoi qu’il en soit, les poèmes bretons commencent le cycle littéraire du Gral. […] En Belgique, comme en France, les revues ont tenu un rôle extrêmement important pour la vie littéraire et musicale, autant que pour la constitution du mouvement symboliste dont le wagnérisme est un élément fondateur. […] Elle devint en 1846 La Belgique musicale, artistique et littéraire.
— Employé volontiers par Gautier, Flaubert et Goncourt dans le sens de raffinement littéraire. […] C’est dans les Taches d’Encre de Maurice Barrès (Déc. 84) que décadent qualifia la première fois le groupe littéraire par lequel on désignait : Verlaine, Mallarmé, Huysmans, augmenté depuis de Moréas, Laforgue, Vignier, Adam, Fénéon, etc. […] L’origine du mouvement littéraire remonte à l’apparition des Poètes maudits de Paul Verlaine (fév. 84) où il est dit dans la préface : À bien y regarder pourtant, de même que les vers de ces chers Maudits sont très posément écrits, de même leurs traits sont calmes, comme de bronze un peu de décadence, mais qu’est-ce que décadence veut bien dire au fond ?
L’originalité de la pensée littéraire, philosophique, politique, elle va l’acquérir et la montrer. […] Ils mêlaient toujours une théorie métaphysique à leur rêverie littéraire. […] Elle corrige beaucoup des jugements littéraires de son livre de 1800. […] Sans que le fond général changeât beaucoup, les formes littéraires en ont été renouvelées. […] L’esprit littéraire était dans cette maison.
Je ne pense pas qu’il s’en dégage encore ni une doctrine littéraire, ni une philosophie, ni une vue d’ensemble sur la littérature contemporaine. […] Et elle pourrait apporter autre chose encore dans cette communauté littéraire. […] Elle l’aiderait à sauver du mercantilisme littéraire et des succès déshonorants la délicate fierté de son art. […] Là où ses croyances littéraires sont directement menacées, il frappe, non certes comme un aveugle, mais comme un sourd. […] Celle qui tâche à marquer la place des œuvres dans l’histoire littéraire et à en expliquer l’éclosion est souvent hâtive.
Gaucher a rendu compte des livres de la semaine et des pièces nouvelles aux lecteurs de la Revue politique et littéraire. […] Par deux fois il est refusé pour la partie littéraire. […] il faut y voir une touchante manifestation d’éclectisme littéraire. […] Puis c’est l’effondrement de la gloire académique et littéraire, la supercherie des faux manuscrits dévoilée en séance publique. — M. […] Gaucher ait fait paraître à la Revue politique et littéraire.
Il sait les deux langues comme pas un ; il a vécu ou voyagé dans les deux pays ; il n’est pas de document historique ou littéraire, d’œuvre plastique ou poétique qu’il ne connaisse et ne juge avec la compétence exercée d’un critique et l’émotion primesautière d’un artiste. […] Chose unique dans l’histoire littéraire, plusieurs de ces pastiches, l’Occasion, la Périchole, valent des originaux. — Nulle part la saillie des caractères n’est si nette et si forte que dans ses comédies. […] Elles font la substance des œuvres littéraires qui durent, et c’est ce que nous oublions trop aujourd’hui. […] En 1846, écrivant la biographie de M. de Salvandy, ministre de l’instruction publique, il n’avait pas ménagé les critiques ; les piqûres de tout genre, politiques et littéraires, y abondaient. […] Ajoutez aux lettres intimes les imprimés de toute dimension et de toute espèce, non seulement les œuvres littéraires, économiques et politiques, mais encore les papiers d’affaires, projets, comptes, mémoires à l’appui, requêtes, factums et autres documents judiciaires.
On parle de décadence littéraire : mais quel décadent que cet académicien ! […] L’aimable exercice littéraire se termine en scène d’abattoir ou de cirque romain. […] » et voici un morceau plus « littéraire » encore, une chanson du genre le plus noble, — noble comme la lune. […] Le Chat-Noir est, en outre, un centre littéraire. […] Rodolphe Salis dirige avec verve cet établissement composite qui est à la fois une brasserie, un restaurant, un cénacle littéraire, un atelier de peintre et un théâtre.
D’autres fois il consignait sur un journal les tirades littéraires qui lui venaient, et six mois après il les envoyait à ses correspondants comme des effusions du moment et des improvisations naturelles. […] Ce ne sont point les idées sociales qui se transforment, comme en France, ni les idées philosophiques comme en Allemagne, mais les idées littéraires ; la grande marée montante de l’esprit moderne, qui renverse ailleurs tout l’édifice des conditions et des spéculations humaines, ne parvient d’abord ici qu’à changer le style et le goût. […] Une à une on vit reparaître alors sur la scène littéraire les civilisations anéanties ou lointaines, le moyen âge d’abord et la Renaissance, puis l’Arabie, l’Hindoustan et la Perse, puis l’âge classique et le dix-huitième siècle lui-même, et le goût historique devint si vif que, de la littérature, la contagion gagna les autres arts. […] En vérité, il avait l’âme féodale. « Pendant toute sa vie, dit son gendre, son orgueil principal fut d’être reconnu membre d’une famille historique1209. » — « Sa première et sa dernière ambition mondaine fut d’être lui-même le fondateur d’une branche distincte. » La gloire littéraire ne venait qu’en second lieu ; son talent n’était pour lui qu’un instrument. […] On vient d’éprouver que, par-delà les conventions littéraires, il y a une poésie, et par contre-coup l’on est disposé à sentir que, par-delà les dogmes religieux, il peut y avoir une foi, et, par-delà les institutions sociales, une justice.
Il ne sait pas se tenir en place, n’occuper à la fois qu’une province littéraire. […] L’analyse méthodique jointe à la coordination des sciences positives, la critique française raffinée par le goût littéraire et l’observation mondaine, la critique anglaise appuyée sur le bon sens pratique et l’intuition positive ; enfin, dans un recoin écarté, l’imagination sympathique et poétique, ce sont là les quatre routes par lesquelles l’esprit humain chemine aujourd’hui pour reconquérir les hauteurs sublimes où il s’était cru porté et qu’il a perdues. […] V Sa critique des œuvres littéraires a la même chaleur et la même violence, la même portée et les mêmes limites, le même principe et les mêmes conclusions que sa critique des œuvres religieuses. […] Par un autre contre-coup des mêmes causes, il a fait de Jean-Paul, le bouffon affecté, l’humoriste extravagant, « un géant », une sorte de prophète ; il a comblé d’éloges Novalis et les rêveurs mystiques ; il a mis le démocrate Burns au-dessus de Byron ; il a exalté Johnson, ce brave pédant, le plus grotesque des taureaux littéraires. […] Il va jusqu’à excuser la rhétorique de Johnson, parce que Johnson fut loyal et sincère ; il ne distingue pas en lui l’homme littéraire de l’homme pratique ; il cesse de voir le déclamateur classique, étrange composé de Scaliger, de Boileau, et de La Harpe, enharnaché majestueusement dans la défroque cicéronienne, pour ne regarder que l’homme religieux et convaincu.
Il y avait des jours où, pressé d’émettre une idée qu’il croyait utile, il envoyait des articles au journal de Fréron : ainsi l’article qu’on lit dans L’Année littéraire, 1756, page 37, sur la « Noblesse commerçante » de l’abbé Coyer, est de lui. […] Ses jugements littéraires proprement dits ne sont pas toujours très fins.
Je ne crains pas les anecdotes avec cet homme de théorie et de tribune, mais aussi de conversation mordante et de dialogue, et dont les deux grands précédents philosophiques et littéraires, à le bien voir, sont Socrate et Despréaux. […] C’est la seule chose gaie qui soit échappée à ce triste écrivain, à ce triste et sec esprit ; c’est le seul souvenir littéraire qu’il mérite de laisser.
Il ajoutait même que, s’il s’était engagé dans une telle entreprise dont d’autres que lui auraient pu mieux s’acquitter pour la partie littéraire, c’était uniquement en raison de la connaissance particulière qu’il avait de ces matières d’art, à la différence des orateurs « qui font souvent, disait-il, de grandes incongruités quand ils en parlent, et presque toujours à proportion de leur éloquence et de leur grande habileté en autre chose. » La publication de Perrault, si conforme à l’esprit moderne, ne fit pas tomber d’un seul coup et comme par enchantement les barrières ; elle ne faisait que montrer la voie : si le divorce avait cessé, la séparation durait encore. […] Je reviens bien vite à ce qui est proprement notre gibier chez Gavarni, à ce qui est à demi littéraire.
Mais je crois, en effet, que les choses humaines sont emportées de plus en plus dans un courant qui les sépare à jamais, et par tout un abîme, du goût et de l’esprit littéraire de l’Antiquité, et qu’il n’y aura dans l’avenir qu’une rare élite à qui il sera donné de conserver la tradition intacte, de préserver le feu sacré et le flambeau. […] Inscription, c’est le sens même du mot Épigramme, l’acception littéraire et primitive ; et, en effet, les plus anciennes épigrammes connues sont précisément celles que nous ont transmises les marbres de la Grèce.
Après y avoir bien songé, il s’en tira par un détour et moyennant une fiction toute littéraire. […] Ce défaut si sensible au point de vue littéraire disparaissait pour Jomini auprès des avantages et des facilités que cette fiction lui procurait.
Mais elle ne voulait pas y revenir comme une simple mortelle, et puisqu’elle avait été forcée de le quitter au moment d’obtenir son succès littéraire, elle voulait que le retard servît du moins à rendre le retour plus éclatant. […] Revue des Deux Mondes, livraison du 15 juin 1849, page 919 ; et dans Chateaubriand et son Groupe littéraire, tome II, page 254.
De cette solitude sortirent des milliers de pages où respirent le génie littéraire de la plus pure antiquité et le génie moderne du christianisme, qui parlent de la divinité avec une admirable puissance d’esprit et de langage, souvent avec le plus tendre enthousiasme. […] Seize ans après que Télémaque, imprimé sous toutes les formes et traduit en toutes les langues, inondait l’Europe, les orateurs à l’Académie française, en parlant des œuvres littéraires du temps, se taisaient sur le livre en possession du siècle et de la postérité.
Il y a dans l’invention industrielle, comme dans l’invention littéraire, artistique ou philosophique, un élément proprement personnel : la cérébralité de l’individu, qui est irréductible aux influences sociales. […] On rend ainsi inexplicable et injustifiable la propriété artistique et littéraire. » (Tarde, Logique sociale, p. 350, F.
Ajoutez à cette page de Mme de Caylus une Conversation au siège devant Lille, que nous a rapportée Pellisson, et vous comprendrez le côté, si j’ose dire littéraire de Louis XIV, et comment la langue, par le sens et le tour, était excellente et encore royale quand il la parlait. […] Rémond dans la lettre qu’il a écrite sur Ninon (Mélanges littéraires), et il s’est armé contre lui de quelque plaisanterie de Ninon elle-même, de qui Rémond se prétendait l’élève.
Ses études littéraires et classiques paraissent avoir été excellentes, très variées, et il savait de l’Antiquité tout ce qu’un jeune homme instruit, un des bons élèves de l’Université, pouvait en savoir alors. […] Cette place est réservée aux œuvres saines, à celles qui sont pures de ces amalgames étranges et de ces indignités de pensée comme de langage, à celles où le patriotisme et l’humanité ne souffrent aucune composition avec les hommes de sang, et ne se permettent point, comme passeport et comme jeu, de ces goguettes de Régence et de Directoire ; aux œuvres dans lesquelles la conscience morale plus encore que le goût littéraire n’a pas à s’offenser et à rougir de voir Loustalot et Marat, par exemple, grotesquement, impudemment cités entre Tacite et Machiavel d’une part, et Thrasybule et Brutus de l’autre.
Qu’est-ce que ce savant bibliothécaire, à qui la reine parle du front du penseur, de l’indépendance et quasi de la royauté littéraire ? […] Partie des salons de la haute aristocratie sous la Restauration, de ces salons exclusifs où elle gardera toujours un pied et où elle aura ses entrées franches, Mme de Girardin se trouve, à un moment, jetée dans le monde tout artiste, tout littéraire et, à sa manière, artificiel aussi, du journalisme.
À ce titre, elle nous revient de droit, et il est juste de lui assigner la place et la date qu’elle doit occuper dans la série des modes et des variétés littéraires. […] Je ne la suivrai pas dans ses diverses compositions et rapsodies littéraires (portraits, romans de société), et j’arrive au grand événement de sa vie pour achever de la saisir.
Marmontel qu’il faut toujours citer quand il ne s’agit que de tableaux de société et de critique littéraire, et qui, dans cet ordre d’idées, nous offre le type excellent du talent secondaire le plus distingué, a jugé Mme Necker dans une page à laquelle il n’y a rien à ajouter ni à retrancher. […] L’autre grande amitié de Mme Necker fut pour Thomas, pour cet écrivain estimable et moral, qu’il est de mode de venir railler aujourd’hui, mais qui eut des talents littéraires distingués et des qualités de cœur touchantes : Nous fûmes unis dans notre jeunesse par tous les rapports honnêtes, lui écrivait Mme Necker (1778), et jamais une idée moins pure ne vint ternir votre amitié.
Au point de vue de la composition littéraire, cette convocation générale des peuples, où ne manquent ni le Lapon, ni le Samoyède, ni le Tongouze, désignés chacun par des épithètes qui veulent être homériques, est bizarre et sans goût : on plaide et l’on dispute devant je ne sais quel autel de l’union et de la paix ; il y a le groupe des amis de la vérité qui a son orateur, et un certain groupe des hommes simples et sauvages qui parle tout à la fois : c’est ce dernier groupe qui a les honneurs de la conclusion, et qui coupe court à la dispute universelle, en disant de ne croire qu’à ce qu’on voit et à ce qu’on sent par sensation directe. […] Ce respect et cette intelligence qu’il n’a point de la chose religieuse et sacrée, Volney ne l’aura pas davantage dans l’ordre littéraire : il est savant, il est érudit, mais de ce côté non plus il n’a pas le culte, il n’a pas le sentiment respectueux et délicat.
Henri Heine4 I Dans l’histoire littéraire de ce siècle, Henri Heine occupe une place singulièrement ambiguë. […] En critique littéraire, il distribua impartialement ses attaques entre les romantiques, les caudataires de Goethe, l’école de Ruckert, les partisans de l’ancienne littérature allemande, les hellénisans, les disciples de Victor Hugo et Victor Hugo lui-même.
C’est lui qui rédige la partie littéraire de la feuille gouvernementale de ***. […] Grassement appointé pour, distribuer la pâture littéraire aux trois mille abonnés du Courrier, fameux dans dix sous-préfectures environnantes, l’amour-propre doucement dorloté par la faveur locale, ce journaliste fortuné ne changerait pas sa position contre celle d’un chroniqueur parisien.
Après cela, après une appréciation si politique de l’Histoire des Causes, agiterai-je la question littéraire ? […] je ne veux point parler de l’Histoire des Causes en critique littéraire.
VI Mais ce qu’on ne voyait pas6, on doit le voir maintenant, car l’histoire littéraire, qui se fait chaque jour, doit se dégager des émotions contemporaines. […] Pour écrire dignement l’histoire de ces Barbares, nos ancêtres, que l’Église, la toute-puissante et irrésistible Église eut tant de peine à apprivoiser, il faudrait, dans l’ordre littéraire, quelque chose comme un Tintoret, doublé de quelque Delacroix !
La notion de l’enfer, telle que le Moyen Age l’admettait, dans sa simplicité terrifiante, n’a donc eu pour poètes que quelques mystiques chrétiens comme sainte Brigitte et sainte Thérèse, lesquelles nous ont donné, en peu de traits, des enfers bien autrement épouvantables que celui du Dante : mais, comme il ne s’agit pas ici de poètes surnaturels, mais de poètes littéraires, nous n’avons pas à en parler. Quand donc on se place en dehors des Mystiques et de la Légende, Dante est le seul poète littéraire de l’enfer, et nous sommes si loin, pour notre compte aussi, de la notion du Moyen Age, que nous admettons son poème comme chrétien, à ce franc-maçon des sociétés secrètes de son temps, à ce carbonaro anticipé, qui avait lu saint Thomas et qui ne pouvait s’en défendre, — et que nous lui faisons l’honneur de trembler deux fois devant lui, — devant ses inventions et devant son génie !
Grandville est un esprit maladivement littéraire, toujours en quête de moyens bâtards pour faire entrer sa pensée dans le domaine des arts plastiques ; aussi l’avons-nous vu souvent user du vieux procédé qui consiste à attacher aux bouches de ses personnages des banderoles parlantes. […] J’ai dit que Gavarni l’avait complétée ; et, en effet, entraîné par son imagination littéraire, il invente au moins autant qu’il voit, et, pour cette raison, il a beaucoup agi sur les mœurs.
Ces manques de justesse dans un panégyriste nous font souffrir plus qu’il ne faudrait, nous autres critiques littéraires qui y regardons de plus près.
Lorsqu’il revint en 1822, le monde littéraire avait changé de face ; en philosophie, en critique, en poésie, tout s’essayait au renouvellement.
Sir Walter Scott a tronqué et obscurci à plaisir ces beaux faits d’armes ; il s’est cru même obligé, en patriote fervent, d’égayer son récit par une critique littéraire des proclamations du jeune général, et d’y relever l’enflure et les sesquipedalia verba.
Leroux, sur l’influence philosophique des études orientales ; ce sont des pages, sinon vraies de tout point, du moins d’une verve hardie et d’un remarquable éclat littéraire.
Gerfaut, c’est comme un composé un peu idéalisé de M. de Balzac et de M. de Bernard lui-même ; véritable gentilhomme, qui, au faubourg Saint-Germain, se nomme le vicomte de Gerfaut, et qui, ailleurs, donne à corps perdu, en vrai lion, dans la moderne orgie littéraire.
Revenons aux observations générales, aux idées littéraires, à tout ce qui peut distraire des sentiments personnels ; ils sont trop forts, ils sont trop douloureux pour être développés.
[Entretiens politiques et littéraires (1893).]
L’habitude de l’application s’acquiert par les fortes disciplines, dont l’éducation scientifique et littéraire possède le secret.
Variétés littéraires.
Méditant ce petit traité littéraire et didactique, il était encore dans cette mystérieuse ivresse de la composition, instant bien court, où l’auteur, croyant saisir une idéale perfection qu’il n’atteindra pas, est intimement ravi de son ouvrage à faire ; il était, disons-nous, dans cette heure d’extase intérieure, où le travail est un délice, où la possession secrète de la muse semble bien plus douce que l’éclatante poursuite de la gloire, lorsqu’un de ses amis les plus sages est venu l’arracher brusquement à cette possession, à cette extase, à cette ivresse, en lui assurant que plusieurs hommes de lettres très hauts, très populaires et très puissants, trouvaient la dissertation qu’il préparait tout à fait méchante, insipide et fastidieuse ; que le douloureux apostolat de la critique dont ils se sont chargés dans diverses feuilles publiques, leur imposant le devoir pénible de poursuivre impitoyablement le monstre du romantisme et du mauvais goût, ils s’occupaient, dans le moment même, de rédiger pour certains journaux impartiaux et éclairés une critique consciencieuse, raisonnée et surtout piquante de la susdite dissertation future.
Il attend pour le publier un moment plus littéraire.
Même la forme littéraire sous laquelle il exprimait sa pensée ne lui permettait pas une élaboration très approfondie.
Aux termes de la nouvelle loi sur la propriété littéraire, mademoiselle Noëmi Trochu (c’est ainsi qu’elle se nomme) n’aurait-elle pas des droits à percevoir dans les tragédies de notre immortel poète ?
Et qu’on n’oublie pas qu’il ne peut y avoir ici qu’une question de forme littéraire !
Très apprécié de Guéroult, qui aima le talent comme les gens qui en ont, Jules Levallois fit régulièrement des articles ; mais le critique militant devint un jour un irrégulier et ce n’était pas étonnant : il se produisit en lui un grand changement, ou du moins une modification profonde… Il devenait ermite, et, au lieu de chercher les petites bêtes dans les œuvres littéraires où il y en a souvent beaucoup, il chercha dans les bois et il étudia les fourmis.
Les Pittoresques sont de hauts et puissants seigneurs littéraires.
Un livre qui a des défauts littéraires d’autant plus grands qu’il est le produit d’un système, mais qui a aussi une valeur absolue, un mérite qui ne passera pas, c’est-à-dire la vérité presque maladive d’une inspiration qui ressemble à un empoisonnement, les Poésies de Joseph Delorme, datèrent bien ce commencement d’une époque traversée par nous maintenant, mais Dieu sait à quel prix !
Barbey d’Aurevilly ne faisait la critique littéraire dans le Pays que depuis le 6 novembre 1852.
Comment un tel esprit, rond et éveillé, qui se tient entre deux vins (le nom d’un de ses contes joyeux), et qui ne boit ni d’éther comme Hoffmann, le grêle et le pointu, ni d’opium comme ce frénétique, sombre et froid d’Edgar Poe ; comment ce peintre de genre littéraire, attendri souvent malgré sa gaîté, et qui pleure au fond de son sourire, comme dans cette chose émouvante et charmante : Les Fiancés de Grinderwald ; comment ce moraliste, qui dans dix ans sera bonhomme, la qualité la plus enviable très certainement pour un conteur, a-t-il pu se croire ou voulu être un fantastique, c’est-à-dire le peintre du sinistre, du mystérieux, du morbide et de l’incompréhensible humain ?
L’immortalité littéraire tient à l’art bien plus qu’aux sujets dont il s’occupe.
Les salons littéraires. […] On peut juger du charme d’une telle société ; madame Récamier n’y cherchait que le mouvement doux de sa vie, elle y trouva bientôt l’importance de situation et la célébrité littéraire qu’elle n’y cherchait pas. […] Ennemi de tout ce qui l’entravait dans son ascension vers le pouvoir, son talent, plus politique que littéraire, le portait au sommet, ses boutades l’en précipitaient toujours ; la douleur de ses chutes lui causait des convulsions de mécontentement.
« Humboldt avait sans doute regardé les rechutes fréquentes qu’il éprouvait dans les derniers temps comme un avertissement de prendre quelques dispositions de sûreté concernant son héritage littéraire. […] « La composition d’un tel ouvrage, s’il aspire à réunir au mérite du fond scientifique celui de la forme littéraire, présente de grandes difficultés. […] Je demeure anéanti de la petitesse des considérations littéraires, après ces divagations éthérées et infinies ; c’était une vaste philosophie que j’attendais, je tombe dans des phrases sans fond et sans suite.
Les jésuites, en général, donnent plus dans les agréments littéraires et mondains : les oratoriens sont plus théologiens, et s’appliquent aux descriptions exactes des passions. […] L’unité de cette vie, c’est l’absolu désintéressement, c’est le dévouement sans défaillance au devoir, sous toutes les formes où successivement il se présente ; chacun des ouvrages de l’orateur ou de l’écrivain est venu à son heure, pour un besoin actuel et précis, sans nul désir de gloire littéraire. […] Le sermon est un spectacle, ou un exercice littéraire.
Ils ne me semblent pas se douter, qu’il y a dans ces pages une introduction toute neuve de poésie et de fantastique dans l’étude du vrai, et que j’ai tenté de faire faire un pas au réalisme, et de le doter de certaines qualités de demi-teinte et de clair-obscur littéraire, qu’il n’avait pas. […] Car cet ancien dîner littéraire de Magny, est devenu un dîner tout politique, et un dîner que les ministres, qu’on n’y voit presque jamais, honorent de leur présence, quand ils sont sous la remise. […] Au plafond et sur les murs un affreux et triste papier imitant — tout est imitation ici — un cuir naturel, gaufré de petits trèfles, et sur le mur chocolat, dans un cadre une affiche jaune des Enfants d’Édouard, pour la quarante-et-unième soirée littéraire, et à côté une grande et mélancolique aquarelle, représentant Fleuret dans le rôle de Marcasse, offert par le peintre à l’acteur.
Cette réaction psychologique, malgré l’autorité des noms qui la représentaient et le talent littéraire de l’école qui la soutint, n’arrêta point l’ardeur des recherches ni l’essor des ambitions physiologiques dans la question toujours agitée des rapports du physique et du moral. […] Alexandre Bain : leçon sur la corrélation des forces considérée dans son application à la pensée, dans la Revue des Cours littéraires, n° 46, 1869. […] Revue des Cours littéraires.
C’est un des plus anciens chefs-d’œuvre littéraires de la civilisation à laquelle nous appartenons. […] Vous n’ignorez pas que le théâtre est le dernier en date des genres littéraires. […] Chacun d’eux se confond avec tous les individus de sa catégorie littéraire. […] Henri III pourrait garder du moins l’intérêt d’un document littéraire. […] Dans les morceaux écrits, vous constaterez, entre la langue du faubourg et la langue littéraire, un compromis analogue à celui que George Sand avait cherché et trouvé entre la langue littéraire et le parler des paysans du Berry.
On sent qu’il en a l’amour, qu’il les scande avec volupté, qu’une belle césure le ravit, que toutes les délicatesses le touchent, que nulle nuance d’art ou d’émotion ne lui échappe, que son tact littéraire s’est raffiné et préparé pour goûter toutes les beautés de la pensée et des expressions. […] Ses chers poëtes latins le suivaient partout ; il les avait relus avant de partir ; il récitait leurs vers dans les lieux dont ils font mention. « Je dois avouer, dit-il, qu’un des principaux agréments que j’ai rencontrés dans mon voyage a été d’examiner les diverses descriptions en quelque sorte sur les lieux, de comparer la figure naturelle de la contrée avec les paysages que les poëtes nous en ont tracés896. » Ce sont les plaisirs d’un gourmet en littérature ; rien de plus littéraire et de moins pédant que le récit qu’il en écrivit au retour897. […] La simple éducation littéraire ne fait que de jolis causeurs, capables d’orner ou de publier des idées qu’ils n’ont pas et que les autres leur fournissent. […] Une telle faculté occupe tout l’homme, et si l’on redescend dans l’examen des agréments littéraires, on l’aperçoit ici-bas comme en haut.
S’il n’y a pas de génie littéraire dans la famille, on choisit un gradué d’Oxford, homme consciencieux, homme docte, qui traite le défunt comme un auteur grec, entasse une infinité de documents, les surcharge d’une infinité de commentaires, couronne le tout d’une infinité de dissertations, et vient dix ans après, un jour de Noël, avec une cravate blanche et un sourire serein, offrir à la famille assemblée trois in-quarto de huit cents pages, dont le style léger endormirait un Allemand de Berlin. […] Plantez ce talent dans une terre anglaise ; l’opinion littéraire du pays dirigera sa croissance et expliquera ses fruits. […] Si vous lui donnez le goût de l’eau-de-vie, ce sera gratuitement ; dans le tempérament que vous lui prêtez, rien ne l’exige : il est si enfoncé dans la tartuferie, dans la douceur, dans le beau style, dans les phrases littéraires, dans la moralité tendre, que le reste de sa nature a disparu : c’est un masque et ce n’est plus un homme. […] Vous n’écrirez que des vies, des aventures, des mémoires, des esquisses, des collections de scènes, et vous ne saurez pas composer une action. — Mais si le goût littéraire de votre nation, joint à la direction naturelle de votre génie, vous impose des intentions morales, vous interdit la grande peinture des caractères, vous défend la composition des ensembles, il offre à votre observation, à votre sensibilité et à votre satire, une suite de figures originales qui n’appartiennent qu’à l’Angleterre, qui, dessinées par votre main, formeront une galerie unique, et qui, avec l’image de votre génie, offriront celle de votre pays et de votre temps. » 3.
Je crois devoir publier, non en entier, mais en partie essentielle, ce commentaire des Girondins dans mes Entretiens littéraires, pour lui donner ainsi une publicité plus étendue, plus juste, plus méritoire et quelquefois plus sévère. […] XVI Bien jeune encore et lorsque mes premiers succès littéraires m’avaient donné le pressentiment d’une carrière aussi complète, que mes modestes facultés d’amateur plutôt que d’artiste me permettaient de former un plan de vie plus ou moins illustre, je m’étais dit et j’avais dit bien souvent à mes amis de jeunesse : « Si Dieu me seconde, j’emploierai les années qu’il daignera m’accorder à trois grandes choses qui sont, selon moi, les trois missions de l’homme d’élite ici-bas. » (J’aurais dû dire les trois vanités, maintenant que toutes ces vanités sont mortes en moi et que je les expie par autant d’humiliations sur la terre, afin qu’elles me soient pardonnées là-haut.) […] « Quand j’aurai écrit ce livre d’histoire, complément de ma célébrité littéraire de jeunesse, si j’ai le hasard de conquérir cette double célébrité du poète et de l’historien, je jetterai de nouveau la plume, la plume, après tout, hochet du talent, instrument trop insuffisant et trop spéculatif de la pensée ; la plume, qui n’est rien devant l’épée. […] La protection du prince et de sa sœur ne me fut néanmoins d’aucun secours, soit dans la carrière littéraire, où l’on n’est protégé que par son talent, si on en a ; soit dans la carrière militaire, où je servais, dans les gardes-nobles de Louis XVIII, une cause très opposée au parti politique déjà dessiné du duc d’Orléans ; soit dans la carrière diplomatique, où je servis fidèlement la politique de la légitimité jusqu’à sa chute.
— Un fait littéraire et social dont l’importance a été souvent signalée, c’est le développement du roman moderne ; or, c’est un genre essentiellement psychologique et sociologique. […] Ce qu’on reproche aux différentes écoles littéraires, ce n’est pas en soi la diversité de leurs points de vue, tous existent — mais les exagérations de ces points de vue mêmes. […] La valeur littéraire des événements est dans leurs conséquences psychologiques, morales, sociales, et ce sont ces conséquences qu’il s’agit de saisir. […] Faguet, Etudes littéraires sur le dix-neuvième siècle.
Raisons littéraires et sociales de cette évolution. […] Le caractère vraiment social du style littéraire et poétique consiste, selon nous, à stimuler les émotions selon les lois de l’induction sympathique, et à établir ainsi une communion sociale ayant pour but le sentiment commun du beau. […] Le style purement logique ne s’efforce que d’introduire la suite dans les idées ; le style poétique ou littéraire s’efforce d’y introduire l’organisation, l’équilibre et là proportion des êtres vivants. […] On voit que, dans le style, les lois logiques énoncées par Boileau et Buffon, et les lois dynamiques énoncées par Spencer ne sont pas tout, ne sont même pas les principales : les lois biologiques, psychologiques et sociologiques, — presque entièrement négligées par les critiques littéraires, — ont autrement d’importance.
Comme on le pense, il suit pas à pas le mouvement littéraire, s’inquiète de tout, bien qu’en produisant lui-même avec une activité, prodigieuse. […] Tantôt il aborde la question de la Propriété littéraire, et, en fécond producteur qu’il est, s’étonne de voir les poètes réclamer un salaire, alors que le printemps, les étoiles, les fleurs, l’amour, tout enfin de ce qui les inspire, n’en demandent pas. […] Georges Rodenbach, dont j’ai pu suivre, depuis ses débuts, toutes les étapes littéraires. […] Tel est le grand attrait de ce livre vraiment intéressant aussi bien au point de vue de la curiosité que doit inspirer un roman, qu’au point de vue purement littéraire. […] Leur correspondant littéraire La Harped y lut un message en vers en l’honneur du grand-duc.
Le plus modeste historien des lettres ou le plus irréconciliable adversaire de l’impérialisme ne saurait éviter ce rapprochement littéraire. […] Leurs exodes, leurs tournées, leurs croisières ont sauvé un genre littéraire qui semblait s’alanguir. […] Règle générale : il y a toujours, après chaque Exposition, une reprise d’exotisme littéraire. […] Les jolies inventions de l’exotisme littéraire vieillissent vite, parce que, Dieu merci ! […] Ce genre littéraire risque de devenir stérile s’il se réduit à une simple description de bibelots lointains.
Tout avait été dit sur André Chénier, tout ce que le goût et une vivacité délicate et passionnée peuvent inspirer à une simple lecture ; il restait un travail à faire et d’un détail infini, qui demandait une longue patience, un savoir ingénieux et sagace : c’était de traiter André Chénier comme un ancien, comme un classique qu’il est, de fixer son texte, d’éclaircir tout ce qui se passe de voilé ou de transparent dans ses poésies, de les rattacher avec précision aux diverses circonstances connues de sa vie, de rassembler autour de lui toutes ses sources et ses origines littéraires, d’indiquer toutes les fleurs où il est allé butiner, toutes les ruches ou il est allé piller son miel.
Il a mérité que le caractère d’individualisme, si fortement prononcé dans notre âge égoïste et littéraire, s’effaçât ici, en quelque sorte, sous la sanction sacerdotale, sous l’adoption solennelle qui fait de ces lettres, non pas un opuscule philosophique, non pas un legs posthume d’un jeune homme de belle espérance, mais une pierre désormais indestructible du temple qui s’élève, une parole mémorable de l’Évangile toujours vivant, un chapitre de plus destiné à illustrer la troisième période des saintes Écritures.
Les jouissances du pouvoir et des intérêts politiques remportent presque toujours sur les succès purement littéraires ; et quand la forme du gouvernement appelle les talents supérieurs à l’exercice des emplois publics, c’est vers l’éloquence, l’histoire et la philosophie, c’est vers la partie de la littérature qui tient le plus immédiatement à la connaissance des hommes et des événements, que se dirigent les travaux.
L’étude des ouvrages littéraires vérifie cette généralisation.
Bien des génies littéraires morts ou vivants ont évoqué, dans leurs œuvres, leur âme ou leur imagination devant nos yeux pendant des nuits de pensive insomnie sur leurs livres ; nous avons ressenti, en les lisant, des voluptés inénarrables, bien des fêtes solitaires de l’imagination.
Une observation qui a échappé aux Critiques, c’est que, dans tous les siecles littéraires, la marche de l’esprit humain a toujours été la même dans tous les genres.
Il a donné les Entretiens et il a publié le Civilisateur : « Déjà presque au terme de ma longue carrière, a-t-il écrit dans la préface de cet ouvrage, avant d’avoir perdu une seule note de ma voix, mon ambition serait de recevoir en bas, dans les rangs obscurs mais honorables du peuple, la naturalisation littéraire et poétique que j’ai reçue autrefois en haut, dans les rangs supérieurs et élégants de la société.
Il ne s’étoit jusques là fait connoître que par une critique du livre de la religion prouvée par les faits, & par une autre de la tragédie d’Inès de Castro, sous ce titre : Paradoxes littéraires.
Le temps des hérésies théologiques, si orageux et si humiliant tout à la fois pour l’espèce humaine, est heureusement passé ; celui des hérésies littéraires, moins dangereux et plus paisible, est peut-être venu : peut-être même, dans ces matières frivoles abandonnées à nos disputes, ce qui serait aujourd’hui hérésie scandaleuse sera-t-il un jour vérité respectable.
— Les Hirondelles, Les Dieux scandinaves, La Reine de Madagascar, voilà le bagage poétique de Louis Wihl, auquel il faut ajouter le poème intitulé Le Mendiant pour la Pologne 36, et quelques poésies comme celle, par exemple, adressée à Victor Hugo… Ce n’est pas là un bagage immense dans ce temps de ballots et de quintaux littéraires, où nous sommes tous plus ou moins les portefaix de nos œuvres.
Zola, le bouc du troupeau littéraire qui s’en va broutant, dans le roman, le serpolet des réalités les plus basses.
Girodet a traduit Anacréon, et son pinceau a toujours trempé aux sources les plus littéraires.
Que nous fait l’avenir, si nous vivons célèbres ; Si le siècle applaudit nos œuvres des ténèbres ; Si nos contemporains, sur la foi des journaux, Nous prennent bêtement pour des soleils nouveaux ; Si, courbés sous le poids des honneurs littéraires, Nous voyons, l’or en main, accourir les libraires ; Si, grâce à nos patrons, la cassette du roi Nous paie en bons louis nos vers de faux aloi ?
. — Ce sera une belle vie à raconter, honorée et heureuse, dévouée à de nobles idées et occupée par des entreprises viriles, littéraire par excellence, mais assez remplie d’action et assez mêlée aux affaires pour fournir la substance et la solidité à l’éloquence et au style, pour former l’observateur à côté de l’artiste, et le penseur à côté de l’écrivain. […] Vous le verrez porter ses nombres jusque dans les valeurs morales ou littéraires, assignera une action, à une vertu, à un livre, à un talent sa case et son rang dans l’échelle avec une telle netteté et un tel relief qu’on se croirait volontiers dans un muséum cadastré non pas de peaux empaillées, je vous prie de le croire, mais d’animaux sentants, souffrants et vivants. […] Mon but et mes efforts seront de faire l’histoire de la nation aussi bien que l’histoire du gouvernement, de marquer le progrès des beaux-arts et des arts utiles, de décrire la formation des sectes religieuses et les variations du goût littéraire, de peindre les mœurs des générations successives, et de ne point négliger même les révolutions qui ont changé les habits, les ameublements, les repas et les amusements publics. […] Ils mettent ici les affaires religieuses, un peu plus loin les événements politiques, ensuite des détails littéraires, à la fin des considérations générales sur les changements de la société et du gouvernement, croyant qu’une collection d’histoires est l’histoire, et que des membres attachés bout à bout sont un corps. […] S’il introduit un homme d’État, il l’annonce toujours par quelque grand mot : c’était « le plus insinuant », ou bien « le plus équitable », ou bien « le plus instruit », ou bien « le plus acharné et le plus débauché » de tous les politiques d’alors. — Mais ses grandes qualités le servent aussi bien là-dessus que ces machines littéraires un peu trop visibles, un peu trop nombreuses, un peu trop grossières.
« Me voici donc à l’aise, libre de rechercher toutes les causes qui ont pu former mon personnage et sa poésie » ;… Toutes les causes qui ont pu former son personnage et sa poésie, quelle prodigieuse audace métaphysique sous les modestes espèces d’un programme littéraire ; mais pour aujourd’hui passons. […] Ces vérités sont littéraires, c’est-à-dire vagues ; mais nous n’en avons pas d’autres à présent en cette matière, et il faut se contenter de celles-ci, telles quelles, en attendant les chiffres de la statistique, et la précision des expériences. […] Si je voulais chercher dans l’Avenir de la science tout cet orgueil, toute cette assurance et cette naïve certitude, il me faudrait citer tout l’Avenir de la science, et une aussi énorme citation m’attirerait encore des désagréments avec la maison Calmann Lévy ; ce livre n’est rien s’il n’est pas tout le lourd et le plein évangile de cette foi nouvelle, de cette foi la dernière en date, et provisoirement la définitive ; tout ce livre admirable et véritablement prodigieux, tout ce livre de jeunesse et de force est dans sa luxuriante plénitude comme gonflé de cette foi religieuse ; on me permettra de n’en point citer un mot, pour ne pas citer tout ; nous retrouverons ce livre d’ailleurs, ce livre bouddhique, ce livre immense, presque informe ; car j’ai toujours dit, et j’ai peut-être écrit que le jour où l’on voudra sérieusement étudier le monde moderne c’est à l’Avenir de la science qu’il faudra d’abord et surtout s’attaquer ; le vieux pourana de l’auteur, écrit au lendemain de l’agrégation de philosophie, comme elle était alors, passée en septembre, écrit dans les deux derniers mois de 1848 et dans les quatre ou cinq premiers mois de 1849, le gros volume, âpre, dogmatique, sectaire et dur, l’énorme paquet littéraire, le gros livre, avec sa pesanteur et ses allures médiocrement littéraires, le bagage, le gros volume, le vieux manuscrit, la première construction, les vieilles pages, l’essai de jeunesse, de forme naïve, touffue souvent abrupte, pleine d’innombrables incorrections, le vieil ouvrage, avec ses notes en tas, le mur aux pierres essentielles, demeure pour moi l’œuvre capitale de Renan, et celle qui nous donne vraiment le fond et l’origine de sa pensée tout entière, s’il est vrai qu’une grande vie ne soit malheureusement presque toujours qu’une maturité persévérante réalisée, brusquement révélée dans un éclair de jeunesse ; Renan lui-même en a beaucoup plus vécu, encore beaucoup plus qu’il ne l’a dit dans sa préface ; et le vieux Pourana de l’auteur est vraiment aussi le vieux Pourana du monde moderne ; combien de modernes, le disant, ne le disant pas, en ont vécu ; aujourd’hui encore, inconsciemment ou non, tous nous en vivons, sectaires et libertaires, et, comme le dit Hugo, mystiques et charnels. […] Si cet esprit est une forme littéraire et gouverne un âge entier, l’écrivain est un Racine.
12 janvier Je pense que la meilleure éducation littéraire d’un écrivain, serait, depuis sa sortie du collège jusqu’à 25 ou 30 ans, la rédaction sans convention de ce qu’il verrait, de ce qu’il sentirait… rédaction dans laquelle il s’efforcerait d’oublier le plus possible ses lectures. […] Les religions littéraires ressemblent aux religions. […] Il faut excepter pourtant Mme Plessy, elle seule a l’intelligence véritablement littéraire. […] » 23 décembre J’ai reçu, ces jours-ci, une lettre des quatre étudiants qui ont envoyé aux journaux le prodigieux manifeste littéraire auquel j’ai tenu à donner l’immortalité, dans ma préface. La lettre, beaucoup moins imagée, et un peu plus apaisée de ton, continue à affirmer que leur sifflets sont absolument littéraires ; et j’allais presque le croire, lorsque, à la dernière phrase précédant les quatre signatures, j’ai trouvé une superbe faute d’orthographe : une de ces fautes d’orthographe qui demandent quatre personnes pour la commettre.
Pour prospérer, elle suppose plus de culture que n’en demandent toutes les autres formes littéraires. […] Il y a un bon style de finances comme il y a un bon style littéraire. […] Il y a une vérité littéraire, ainsi qu’une vérité scientifique, et savez-vous le nom de la vérité littéraire ? […] Nous possédons un portrait littéraire de Sophie à dix-neuf ans. […] Tous les journaux ont publié le manifeste littéraire de MM.
Il aurait considéré comme une sorte de crime littéraire de décrire ce qu’il n’avait vu, de ses propres yeux vu. […] C’était avec une sorte de fureur qu’il exposait ses convictions littéraires. […] Les conditions de la naissance des œuvres littéraires nous sont encore à peu près inconnues. […] Ni la santé ni la maladie ne semblent avoir d’influence réelle bien marquée sur la qualité de la production littéraire. […] Il en apprend dix, bredouille quelques syllabes du reste : les dix c’est la gloire ; le reste, c’est l’histoire littéraire.
Je ne saurais pas manœuvrer les machines à battre dans lesquelles d’habiles gens mettent la moisson littéraire pour en séparer le grain de la balle. […] Il a étudié les travaux critiques auxquels les diverses écoles protestantes ont soumis les textes évangéliques et les monuments littéraires des premiers âges chrétiens. […] C’est le malheur de notre poésie d’être trop littéraire, trop écrite ; il ne faut pas exagérer cela. […] Il s’admire vivre, et c’est un bouddha littéraire et politique d’une incomparable distinction. […] Ils étaient très littéraires et croyaient de bonne foi qu’il n’y a pas d’occupation plus digne d’un honnête homme que de faire de longues phrases ou de petits vers.
Mais permettez-moi d’abord, pour bien vous faire comprendre dans quel esprit la France monarchique, religieuse et littéraire de 1819, assista à cette représentation unique, dont Talma était le grand intérêt après Racine, permettez-moi de vous raconter comment, et par quelles circonstances, et dans quelles dispositions poétiques il me fut donné à moi-même d’y assister ; et permettez-moi enfin de vous dire comment je garde, de cette représentation, une si longue et si vive mémoire. […] C’était, depuis les Grecs de l’antiquité et depuis les Italiens de la Renaissance, le peuple littéraire entre tous les peuples. […] Le règne de Louis XVI lui avait donné la politique littéraire et oratoire, dans cette foule d’écrivains dont Mirabeau avait été la dernière voix ; il lui avait donné enfin la Révolution, qui n’était au fond qu’une dernière explosion des lettres françaises.
J’ai joui, me voilà désarmé, disent les Épicuriens littéraires. […] … Et voilà pourquoi ici, — comme toujours et partout, — la question morale domine la question littéraire. […] Trop élevé, trop pratique, trop acte, en un mot, pour tomber sous le regard d’une critique purement littéraire, le livre du P.
M. de Saumaise, par exemple, est pour lui le type du grand homme littéraire contemporain, le demeurant des savants de la grande bande ; il l’appelle habituellement « ce grand héros des belles-lettres ». […] Une fois il regrette de n’avoir pas fait tout exprès le pèlerinage du Perche pour y connaître la fille de Fernel, qui y était morte il y avait peu d’années ; il aurait voulu se donner l’honneur de la voir et de lui baiser les mains : « On nous fait baiser bien des reliques qui ne valent pas celle-là. » Telle est la religion littéraire dans laquelle Gui Patin a été nourri et dans laquelle il persévère jusqu’à la fin, entouré d’amis qui la partagent plus ou moins, des Gassendi, des Gabriel Naudé et autres de cette race, de ce qu’il appelle les restes du siècle d’or.
C’est ce que je voudrais faire sentir et démontrer à tous par une analyse un peu complète et par une juste application de la critique littéraire. […] Si je tenais à être tant soit peu complet, j’aurais encore beaucoup à dire sur Froissart, même au seul point de vue littéraire et sans entrer dans la discussion du fond.
Il ne connaissait guère autre chose sur son héros que cette pièce de Guillem de Castro avec quelques romances ; et à la rigueur, dans un examen littéraire, on peut se borner, comme l’a très-bien fait M. […] Dozy a également traduit ces passages, mais d’une manière un peu moins littéraire et plus élégante, ce qu’il ne faut pas.
Le caractère de son commentaire en ce qui est des Bucoliques et des Géorgiques est une grande clarté, une part de grammaire, facilement et largement traitée, sans sécheresse aucune, l’indication rapide des variantes qui ont été proposées, et une certaine part aussi de critique littéraire et admirative que nos voisins d’outre-Rhin n’admettent pas d’ordinaire à ce degré. […] non, j’étudie Virgile et le latin. » Ce n’est donc pas un désaccord, c’est plutôt une harmonie, que son nom se rencontre dans un commentaire littéraire de Virgile.
Riche de savoir, rompu à l’étude, propre aux langues, regorgeant, en quelque sorte, de souvenirs et d’aventures éprouvées ou recueillies qui s’étaient amassées en lui dans le silence, il saisit sa plume facile et courante pour ne la plus abandonner ; et par ses romans, ses compilations, ses traductions, ses journaux, ses histoires, il s’ouvrit rapidement une large place dans le monde littéraire. […] Les ouvrages, alors récents, de Le Sage, de madame de Tencin, de Crébillon fils, de Marivaux, sont critiqués par leur rival, à mesure qu’ils paraissent, avec une sûreté de goût qui repose toujours sur un fonds de bienveillance ; on sent quelle préférence secrète il accordait aux anciens, à D’Urfé, même à mademoiselle de Scudéry, et quel regret il nourrissait de ces romans étendus, de ces composés enchanteurs ; mais il n’y a trace nulle part de susceptibilité littéraire ni de jalousie de métier.
Mais je vous demanderais, messieurs, si nous étions ici une Académie en même temps qu’un Sénat, si nous étions un corps littéraire, ayant qualité pour examiner de près ces choses, de quel droit vous empêcheriez de lire Mlle de la Quintinie, quand vous aurez permis de lire, même avec estampille, la Sibylle de M. […] Défenseurs de l’ordre social, laissez-moi, laissez quelqu’un qui a vécu longtemps en dehors de voire sphère vous le dire en toute franchise : c’est une étrange erreur, c’est une faute que de partager ainsi le monde politique ou littéraire en bons et en méchants, de ranger et d’aligner ainsi tous ses ennemis, ceux qu’on qualifie tels et qui souvent ne le sont pas ; qui réclament l’un une réforme, l’autre une autre ; qui n’attaquent pas tout indistinctement ; qui demandent souvent des choses justes au fond et légitimes, et qui seront admises dans un temps plus ou moins prochain.
De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis I Un des plus étranges phénomènes du monde politique, c’est cette monarchie spiritualiste fondée, sans le secours des armes, au centre de l’Italie, dans le quatorzième siècle, par la famille des Médicis. […] Comme il avait toujours vécu sous l’autorité de son père, son nom ne se montre que rarement dans les pages de l’histoire : mais les mémoires littéraires attestent que, par ses talents naturels et par ses connaissances acquises, il ne dérogeait pas à cette ardeur pour les études, à cet attachement pour les hommes d’un savoir éminent qui avaient été l’apanage constant de sa famille.
De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) I La découverte d’un beau buste grec de Platon fut un événement pour l’âme platonique de Laurent. […] La fréquentation des hommes littéraires, l’accueil fait aux étrangers illustres de la Grèce, l’hospitalité européenne, la protection des lettres antiques, la fondation des académies, la gloire de son immense commerce, la culture utile de ses domaines rustiques à Careggi et ailleurs le rendaient l’égal des paysans toscans comme des princes de l’Europe.
L’abus qu’il fait de ce temps, qui est, à Paris et dans tout le centre, un temps littéraire, contribue encore à donner aux discours de ses prêtres quelque chose de solennel et de tendu. […] Vous avez tous rencontré de ces abbés lauréats qui prennent tous les membres de l’Institut au sérieux, enclins à respecter, en littérature comme ailleurs, les jugements qui se formulent par voie d’autorité, d’un amour-propre littéraire très éveillé et à la fois très ingénu, et où se révèle un fond, sinon d’humilité, au moins de docilité chrétienne, de soumission aux puissances constituées toutes, et même celles que signalent les palmes vertes, émanant en quelque sorte de Dieu lui-même.
., est, pour l’historien de la littérature française, un schisme littéraire. […] Plus tard, d’autres grands esprits réuniront la logique de Calvin et l’onction de François de Sales, et, dans cette stérilité littéraire du calvinisme créé et épuisé par Calvin, le catholicisme produira, après François de Sales Bossuet ; après Bossuet Bourdaloue ; après Bourdaloue, Fénelon et Massillon.
La comparaison des deux écrivains n’est donc pas un hors-d’œuvre littéraire, c’est le sujet. […] Sa théorie du goût85 menait là un public tombé de cette hauteur d’attention ou les sévères méthodes littéraires du dix-septième siècle avaient élevé les contemporains.
Ces pièces, bien entendu, sont de celles qui n’ajoutent rien au scandale d’autrefois, qui peuvent se présenter à tous, et qui prêtent à des considérations littéraires ou morales ; c’est pour cela que l’honorable possesseur nous les a confiées et que nous nous en servons. […] Le marquis, homme supérieur, mais orgueilleux, féodal, antique à la fois et au coup d’œil prophétique, d’une de ces races sans mélange dont l’heure finale avait sonné, éprouvait pour ce fils, qui penchait vers les courants du siècle, vers ce qu’il appelait la canaille philosophique, encyclopédique, plumière, écrivassière et littéraire, une sorte d’étonnement, d’admiration même, antipathique et répulsive, et qui, par moments, ressemblait fort à de l’effroi et à du dégoût.
Il en est ainsi chez Flaubert et on compte peu d’œuvres littéraires où ce despotisme d’une conception unique s’exerce avec plus d’autorité que dans la suite de ses romans. […] Sous ce jour ils personnifient l’homme moderne : à celui-ci, la vulgarisation de l’enseignement, phénomène propre à notre temps, ouvre des perspectives illimitées sur l’infinité des idées philosophiques, morales, littéraires et scientifiques élaborées par l’effort des civilisations antérieures.
Décidément, hommes et choses, éditeurs et public, tout conspire à nous faire la carrière littéraire plus semée d’échecs, de défaites, d’amertumes, plus dure qu’à tout autre, et au bout de dix ans de travail, de luttes, de batailles, de beaucoup d’attaques et de quelques louanges par toute la presse, nous serons peut-être réduits à faire les frais de ce volume. […] Le pauvre garçon la gagne assez sa voiture, et par le travail et par l’humilité de sa modestie littéraire.
L’auteur aujourd’hui peut démasquer l’idée politique, l’idée sociale, qu’il avait voulu populariser sous cette innocente et candide forme littéraire. […] Son réquisitoire, c’est son œuvre littéraire, il le fleurit de métaphores, il le parfume de citations, il faut que cela soit beau à l’audience, que cela plaise aux dames.
Il est si doux, si beau, de s’être fait soi-même, De devoir tout à soi, tout aux beaux-arts qu’on aime, a dit André Chénier : mais encore faut-il que ce soit possible, et que l’organisation de la chose littéraire s’y prête. […] Le peuple prend ses ouvriers littéraires à la tâche : il paye chacun selon ses œuvres.
Si le centon n’est que d’un seul auteur, ce qui est pour le moins fort difficile, j’avoue que la bigarrure n’aura plus lieu ; mais, en ce cas, à quoi bon cette rapsodie, et que peuvent ajouter à nos richesses littéraires ces petits lambeaux d’un ancien, ainsi décousu et mis en pièces ? […] Nous nous contenterons donc d’exhorter les savants et les corps littéraires qui n’ont pas encore cessé d’écrire, en langue, latine, à ne point perdre cet utile usage.
Un des titres littéraires du maréchal de Villars à nos yeux, c’est assurément son amitié déclarée pour Voltaire.
Quand M. de Sénancour écrivait Oberman, il ne se considérait pas comme un homme de lettres ; ce n’était pas un ouvrage littéraire qu’il tâchait de produire dans le goût de ses contemporains.
Lacretelle, qui fut attaché au duc de Liancourt, comme secrétaire intime pendant les premières années de la Révolution, a raconté, dans un intéressant chapitre de ses Dix années d’épreuves, comment on vivait à Liancourt, en cette sorte de paradis terrestre, et quelles occupations rurales, bienfaisantes ou littéraires y variaient les heures : « Après de laborieuses recherches, écrit M.
La première idée, la conception du Globe, lorsqu’il fut fondé il y a près de sept ans (et celui qui parle ici est plus compétent que personne pour décider ce point), consistait à recueillir et à présenter au public français tous les travaux scientifiques, littéraires et philosophiques de quelque importance dans le grand mouvement pacifique qui commençait à emporter de concert les nations civilisées du monde.
Nous sommes donc en droit de conclure : Il est possible de découvrir scientifiquement un certain nombre des causes qui ont agi sur une œuvre littéraire par l’intermédiaire de son auteur.
Aujourd’hui la séparation des genres dans les écrits littéraires est devenue à peu près impossible ; elle ne peut plus être une règle de l’art d’écrire, au moins une régie aussi sévère qu’avant la révolution.
Pourtant la maison est inscrite parmi les quarante plus considérables de la place de Paris et le patron siège comme un autre au tribunal de commerce littéraire que nous appelons Académie française.
Le rival des Olivarès, des Buckingham, étoit bassement jaloux de tout mérite littéraire supérieur au sien.
Deux novateurs de cet ordre, deux créateurs de cette puissance ont pu imposer leurs œuvres, comme points de départ et premiers modèles d’une évolution littéraire dont l’origine et les conséquences sont ineffaçables.
Cette austère école de Port-Royal devait contribuer encore à diriger nos conceptions littéraires dans cette tendance, quoiqu’elle fût en effet hors des sentiments chrétiens.
Edmond Magnier sa fortune littéraire.
Saint-René Taillandier n’est pas le plus mauvais écrivain du groupe littéraire dont il fait partie, de ce groupe obscur, sans couleur, sans sonorité, de peu de nerf, qui s’en va laissant sa critique sur les écrits contemporains et qu’on pourrait appeler très bien « les colimaçons de la littérature », car ils portent aussi leur maison sur le dos et ils la traînent partout, comme les écrivains de la Revue des Deux-Mondes, qui ne sont jamais nulle part que des écrivains de la Revue des Deux-Mondes !
C’est un faux Richi, un faux Brahme, à travers lequel on reconnaît un jeune littérateur français, qui essaie de petites inventions ou de petits renouvellements littéraires, et provoque le succès comme il peut.
Mais ici, dans une histoire littéraire de toute une époque, on le signale, et c’est tout.
Autran et plus de correction littéraire.
Par sa nature, il doit répugner à cette forme essentiellement parnassienne du sonnet, à cette œuvre d’asthmatique qui, entre deux toux, place nettement son petit mot… Et puisque nous avons tous une famille littéraire quand nous sommes bien nés littérairement, et qu’alors nous ne nous mettons pas aux Enfants Trouvés des Écoles, l’auteur de La Vie inquiète s’apparente de loin à Henri Heine, et, de plus près, à lord Byron.
il est impossible de moins se surfaire et de mieux apprécier son livre tout en l’expliquant… Seulement, la Critique littéraire, qui voit les facultés où elles sont et qui lit les feuillets des livres qui n’ont jamais été écrits, regrette que des intelligences faites pour mieux se contentent de brûler le pavé et ne rapportent au logis, sur des peuples qu’on a regardés du dehors au dedans, au lieu de les regarder du dedans au dehors, rien de plus que des impressions personnelles, fussent-elles aussi vivantes que peuvent l’être ces impressions !
Il était au quatrième siècle ce qu’avait été Minutius Félix au second, un mondain néophyte servant de sa parole la foi de ses frères, et célébrant la Rome nouvelle avec la tradition littéraire d’un ancien Romain.
En d’autres termes, il a écrit là un chapitre excellent de philosophie de l’histoire littéraire. […] Et il y aura seize spectacles par saison, tous éminemment littéraires. […] Antoine considère le métier de directeur de théâtre comme une mission littéraire et sociale. […] Au reste, vous ne demandez pas mieux que ces pièces aient, par surcroît, quelque mérite littéraire. […] Il peint la manie littéraire et ses effets dans un esprit de bienveillance et d’optimisme.
A-t-elle été détournée du chemin littéraire que sa nature lui frayait ? […] Segrais, qui venait d’être mis à la porte par Mademoiselle, en même temps que le médecin Guilloire, entra dans la confidence des travaux littéraires de Mme de La Fayette. […] C’est alors qu’il publia son fameux pamphlet sur la Camaraderie littéraire. […] Plusieurs années après, à un dîner littéraire, nous nous trouvâmes côte à côte. […] On fait bonne chère chez ce romancier, et si je voulais m’enfoncer dans l’allégorie, je dirais, avec le vieux Guez de Balzac, que le sel, le poivre, l’ambre et le sucre entrent dans ses festins littéraires, et qu’on y peut savourer et les ortolans de Lucullus, et les bisques de Vitellius, et les sangliers de Mare-Antoine, et jusqu’aux perles fondues de Cléopâtre.
Que lui font nos querelles littéraires ? […] Les salons littéraires les plus qualifiés, les plus… distingués, les plus… « Revue des Deux-Mondes », se l’arrachaient. […] » Je ne comprenais le génie que sous la forme littéraire. […] Au point de vue littéraire (j’y arrive enfin), je reprocherai à M. […] Ce Renato est le type accompli de l’égoïsme et de la fatuité littéraire dans l’amour.
Il avait reçu une éducation gymnastique et aussi « musicale », c’est-à-dire littéraire et artistique. […] Il y a des genres littéraires qui, tout littéraires qu’ils soient et non plastiques ou mélodiques, ne visent pas et n’ont pas à viser aussi directement ce genre de beauté. […] Il sent si bien lui-même qu’on ne peut pas dire de l’art tout entier ce qu’il en affirme, qu’il ne parle en général que des arts littéraires pour assurer qu’ils doivent être des serviteurs de la morale et qu’ils sont des dépendances de la morale. Il ne prend ses exemples, d’ordinaire, que dans les arts littéraires, et c’est moi qui lui ai fait dire, conformément du reste à sa théorie, que le sculpteur, le peintre et l’architecte doivent être des moralistes. […] L’orateur est-il autre chose qu’un artiste littéraire, qu’un artiste en mots, en phrases, en périodes et en cadences ?
Dimanche 25 février Interrogé sur son ami Paul Adam, de Régnier nous dit que c’est un corpulent, un sanguin, dont même la rêverie n’est pas contemplatrice, mais est active, et tout en reconnaissant, en exaltant ses mérites littéraires, il déclare toutefois que chez lui, l’occultisme prime la littérature. […] Ce torche-cul, que je garde comme un spécimen de la polémique littéraire contre mes œuvres, en ce temps de voyoutisme, se trouve prendre sa place tout contre cet extrait de journal, qui est la réponse d’une femme à la demande du Journal, questionnant ses abonnés sur l’amour. […] Moi, je lui conte mon procédé de neutralisation de l’attaque littéraire : c’est de mettre les articles dans une enveloppe cachetée, et de les lire deux ou trois mois, après leur apparition. […] Jeudi 13 décembre Vraiment ils sont bien curieux dans la vie littéraire, les hauts et les bas du moral, et où le matin, c’est un découragement complet, et où le soir, c’est un bienheureux relèvement, produit par un petit fait comme celui-ci. […] Vendredi 14 décembre Aux curieux d’art et de littérature, qui dans le xxe siècle, s’intéresseront à la mémoire des deux frères, je voudrais laisser un inventaire littéraire de mon Grenier, destiné à disparaître après ma mort ; je voudrais leur faire revoir dans un croquis écrit, ce microcosme de choses de goût, d’objets d’élection, de jolités rarissimes, triés dans le dessus du panier de la curiosité.
28 août À l’enterrement de Roger de Beauvoir, ce qui me frappe : c’est la laideur morale de mes camarades littéraires. […] C’est une amitié qui nous pèse, et dans laquelle se débattent douloureusement des sympathies littéraires et le souvenir de services reçus, avec les blessures faites à notre affection par la butorderie et l’intolérance du lettré et de l’homme. […] Aujourd’hui elle ne lit pas plus, mais elle a des opinions littéraires, prises dans le bas des petits journaux. […] 10 décembre On étouffe dans la vie littéraire de ce qu’on ne peut dire ni écrire.
19 (Racine, Mithridate Enfin, si, dans le langage littéraire, le cœur parle si souvent, c’est sans doute qu’il suggère, qu’il inspire des pensées, comme une bouche étrangère et persuasive, mais c’est aussi que ses suggestions se traduisent immédiatement en parole intérieure ; il est donc implicitement question de la parole intérieure dans la locution : « si le cœur vous en dit », et dans les vers suivants164 : L’âge me conduisait où le cœur me disait. […] [Quant à la forme littéraire, cette réflexion sur la présence éventuelle de « formules de paix » à usage personnel dans la parole intérieure peut se prolonger par exemple, dans le leitmotiv shakespearien qui traverse le roman de V. […] C’est même un trait assez typique des personnages woolfiens que de chercher un rempart intérieur dans une formule éventuellement littéraire. […] Voir dans la deuxième partie de notre présentation le commentaire de l’intérêt de ce passage extrêmement riche p. 70-71 si on le met en rapport avec la nouveauté formelle future du monologue intérieur du point de vue littéraire.
Il a trouvé sa forme, qu’il n’emprunte à personne, dans ce genre sobre et fin de la notice littéraire.
Si en effet quelques traits de style et de pinceau, aux endroits particulièrement descriptifs et littéraires, dénotent plus de fermeté et d’habitude qu’il n’est naturel d’en accorder à une femme toute seule, dans un premier essai d’aussi longue haleine, une foule d’observations fines et profondes, de nuances intérieures, de sensations progressives ; l’analyse du cœur d’Indiana, de ses flétrissants ennuis, de son attente morne, fiévreuse et désespérée, pauvre esclave !
J’en demande bien pardon, mais il y a là une véritable question physiologique au fond de la question littéraire (anguis in herbis) et qui ne fait qu’un avec elle.
La perfection de quelques-unes de ces poésies prouve, sans doute, le génie de leurs auteurs ; mais il n’en est pas moins certain qu’en Italie les mêmes hommes n’auraient pas composé les mêmes écrits, quand ils auraient ressenti la même passion ; tant il est vrai que les ouvrages littéraires ayant le succès pour but, l’on y retrouve communément moins de traces du caractère personnel de l’écrivain, que de l’esprit général de sa nation et de son siècle.
« Dans les portraits littéraires que j’esquisse, dit un critique contemporain3, je ne cherche qu’à reproduire l’image que je me forme involontairement de chaque écrivain, en négligeant ce qui dans son œuvre ne se rapporte pas à cette vision. » Voilà précisément comme vous devez faire.
Il est plus à son aise dans l’épigramme littéraire.
Il seroit facile de donner plus d’étendue à ce tableau, mais tous les travers philosophiques & littéraires seront suffisamment mis au jour dans le cours de l’Ouvrage que nous publions.
Au point de vue uniquement littéraire, l’aspect de cette pensée telle quelle, intitulée Ruy Blas, changerait encore.
Il regarda cette rétractation, comme la marque d’une foiblesse, comme une atteinte à sa gloire littéraire.
Dictionnaire qu’il s’est attribué, & qui est l’ouvrage d’une société littéraire, suivant l’auteur de la Vie de M.
Comme les écrivains les plus admirés qu’il y ait dans l’Histoire littéraire, et j’oserais dire les plus immortels parmi les immortels, Hérodote écrivait à une époque où la langue avait ce degré d’accomplissement dans la jeunesse qui s’accordait le mieux avec son genre de génie.
C’est un Anglais inventé par un lettré ingénieux qui parle à des blasés, et qui a besoin d’une forme littéraire un peu neuve pour donner à ce qu’il va dire de l’inattendu et du piquant.
Quant à la valeur littéraire du livre de Crétineau-Joly, disons que c’est essentiellement un livre vivant.
Ainsi, la grandeur de Silvio Pellico n’est pas une grandeur de ce monde ; elle n’est ni littéraire, ni politique, ni même humaine.
Ci-devant jeune homme qui met du rouge, marquis de Bois-Sec qui, à soixante-dix ans, s’enflamme pour Madame d’Albany, et, comme dit ce dandy superbe de Taillandier, dans sa langue élégante… et prud’hommes que, comptant au premier rang de ses adorateurs, Bonstetten, espèce de dilettante littéraire, qui a fait un Voyage au pays du Latium, compte bien plus par ses camaraderies que par ses ouvrages.
La Bibliographie peut enregistrer une curiosité de plus, mais la Critique littéraire doit se taire et faire place à une autre Critique, — la Critique des mœurs.
Ainsi, la grandeur de Silvio Pellico n’est pas une grandeur de ce monde ; elle n’est ni littéraire, ni politique, ni même humaine.
Pendant que nous nous civilisons de plus en plus et que le Réalisme, cet excrément littéraire, devient l’expression de nos adorables progrès, un poète de nature, de solitude et de réalité idéalisée, nous donne un poème fait avec des choses primitives et des sentiments éternels.
Or, pour rester dans l’ordre littéraire, qui oserait dire que le dix-neuvième siècle n’est pas arrivé à l’heure de l’abaissement dans l’Idéal ?
On la trouve pour la première fois chez nous, en 1888, avec un caractère général est permanent, dans un traité avec l’Équateur… Le 9 juillet 1884, une Union était constituée entre onze États pour la protection de la propriété industrielle ; deux ans après à Berne, dix grands États d’Europe organisaient l’Union internationale pour la propriété littéraire et artistique, avec un bureau commun, chaque État assurant, par ses lois et ses tribunaux intérieurs, la répression des infractions.
C’est un sujet de thèse que je propose à d’autres : la passion littéraire et le goût de l’esprit chez les femmes dans l’Antiquité. […] Mais pour Montaigne, malgré ses taches légères et ses souillures, c’est bien différent : lui, il mérita de trouver sa fille d’alliance, une personne de mérite, une intelligence ferme, cette demoiselle de Gournay qui se voua à lui, fut sa digne héritière littéraire, son éditeur éclairé, mais qui elle-même, d’une trop forte complexion et d’une trop verte allure, finit par prendre du poil au menton en vieillissant et par devenir comme le gendarme rébarbatif et suranné de la vieille école et de toute la vieille littérature, — un grotesque, une antique. […] — Depuis lors, soit que l’élément féminin ou femmelin (comme l’a nommé un censeur austère) ait augmenté et redoublé chez les auteurs, soit que les femmes, de plus en plus appelées à l’initiation littéraire, aient répondu de plus en plus vivement, chaque écrivain célèbre a eu son cortège nombreux de femmes ; et si l’on retranche même ce qui est de la mode, de l’engouement, ce qui ne signifie rien en soi, puisque telle femme qui se jetait à la tête de lord Byron, de Chateaubriand ou de Lamartine, à leur moment, se serait jetée en d’autres temps à la tête d’un autre, il reste bien des physionomies particulières, distinctes, bien des figures non méconnaissables, dont l’entourage et l’accompagnement aideraient à définir le génie propre de l’écrivain et du poète ; car on aime si bien un auteur et on ne le préfère si décidément à tous, que parce qu’on s’apparente par quelque côté avec lui.
Autant m’est odieux l’architecte qui chercherait à élever une maison égale à la cime du mont Oromédon, autant je hais, tous tant qu’ils sont, ces oiseaux des Muses qui s’égosillent à croasser à rencontre du chantre de Chio. »— Ainsi la ligne littéraire de Théocrite, comme nous dirions aujourd’hui, est nettement dessinée : il vient à la suite des maîtres et n’a d’ambition que de se voir accueilli par eux ; il se sépare des criailleurs de son temps, c’est le mot qu’il emploie ; mais, d’autre part, il ne croit nullement que la barrière soit fermée, ni qu’il n’y ait plus rien à faire en poésie. […] L’estimable auteur des Soirées littéraires 5 raconte qu’il a eu entre les mains une traduction de Théocrite, en vers, laquelle avait appartenu à Louis XIV : cette idylle y était notée comme un modèle de galanterie honnête et délicate. […] Coupé, Soirées littéraires, tome XIII, pages 3 et 183.
III C’était ensuite Louis Bonaparte, roi volontairement descendu du trône de Hollande, homme né pour être le contraste avec le chef de sa maison, fait pour la vie privée, ambitieux de repos, de mérite littéraire, et non de puissance. […] Nous passions de longues soirées, tête à tête, dans des entretiens purement littéraires ou philosophiques qu’il avait la complaisance de rechercher. […] Et pourquoi n’aurais-je pas choisi, pour cette innovation, un des plus littéraires des peintres de ce temps, Léopold Robert ?
Le grand homme inconnu écrit ou pérore dans son coin du monde ; pendant qu’il vit on fait peu d’attention à lui ; on ne le regarde que comme une curiosité littéraire ; ses volumes s’entassent sans beaucoup de bruit les uns sur les autres ; quelques esprits éminents et cosmopolites s’aperçoivent seuls qu’il y a quelque part on ne sait quelle voix qui rend des oracles dans la solitude. […] Voilà un jeune homme et un vieillard qui se donnent la main en jouant du bout du pied avec les cailloux polis du torrent desséché de l’Aisse dans le bassin de Chambéry, et qui causent nonchalamment après dîner de choses et d’autres, comme deux voyageurs en attendant le départ sur le banc de l’hôtellerie ; et à trente-sept ans de là le vieillard sera devenu prophète, et le jeune homme, après avoir été arbitre momentané presque du monde, jugera le vieillard pour gagner sa vie, en intéressant ses lecteurs dans un entretien littéraire ! […] VI Le hasard me les a fait connaître familièrement l’un et l’autre ; mais, avant de parler de l’un et de l’autre, on ne peut s’empêcher de remarquer que, par un phénomène littéraire qui doit avoir sa raison cachée dans les choses, c’est la même petite vallée de Savoie qui a donné au dix-huitième et au dix-neuvième siècle les deux plus magnifiques écrivains de paradoxes du monde moderne : Jean-Jacques Rousseau et le comte de Maistre ; l’un, le paradoxe de la nature et de la liberté poussé jusqu’à l’abrutissement de l’esprit et à la malédiction de la société et de la civilisation ; l’autre, le paradoxe de l’autorité et de la foi sur parole, poussé jusqu’à l’anéantissement de la liberté personnelle, jusqu’à la glorification du bourreau, et jusqu’à l’invocation du glaive du souverain et des foudres de Dieu contre la faculté de penser.
Non, il lui fallait un tragique, un tragique digne d’elle, un tragique aussi riche d’imagination que Shakespeare, aussi grandiose et aussi forcené que Corneille, aussi surnaturel que Goethe, aussi tendre que Schiller, et de plus il fallait que toutes ces supériorités de poète se rencontrassent confondues avec une supériorité de caractère et de volonté, que cet homme à la fois littéraire et politique allumât la torche de ses actions à l’étincelle de son génie, et fît glorieusement agir l’Italie après l’avoir fascinée ! […] Cette circonstance me détermina heureusement à renoncer pour toujours à ma patrie, et je trouvai enfin dans des chaînes d’or, qui tout à coup me retinrent doucement, cette liberté littéraire sans laquelle jamais je n’eusse fait rien de bon, si tant est que j’aie fait quelque chose de bon. […] Ayant fini par m’apercevoir au bout de deux mois que c’était là la femme que je cherchais, puisque, loin de trouver chez elle, comme dans le vulgaire des femmes, un obstacle à la gloire littéraire, et de voir l’amour qu’elle m’inspirait me dégoûter des occupations utiles, et rapetisser, pour ainsi dire, mes pensées, j’y trouvais, au contraire, un aiguillon, un encouragement et un exemple pour tout ce qui était bien, j’appris à connaître, à apprécier un trésor si rare, et dès lors je me livrai éperdument à elle.
Pendant ces pèlerinages, la poétique fureur qui le possède va s’exaltant de plus en plus ; ivre d’admiration pour les quatre grands maîtres italiens et impatient de se placer auprès d’eux, s’il rencontre sur sa route un journal dans lequel ses premières tragédies sont librement appréciées, il traite la presse littéraire avec une violence où l’on sent à la fois l’orgueil du patricien et l’irritabilité d’une âme en peine. […] Les peines de cœur venant à s’y joindre, j’essayai vainement de reprendre mes occupations littéraires. […] Il s’amuse à créer pour lui-même un ordre de chevalerie littéraire : « J’inventai un collier où seraient gravés les noms de vingt poètes et auquel serait suspendu un camée avec le portrait d’Homère.
Critique n’est peut-être pas le mot juste ; spéculatif littéraire conviendrait mieux. […] Le sentiment est un excellent juge des beautés littéraires ; c’est même le meilleur, je le veux bien. […] Suffisait-il que Vauvenargues vécût quelques années de plus, pour que le dix-huitième siècle, ce temps des liaisons intéressées, et fragiles, où les amis ressemblent à des partisans enrôlés sous un chef, vît un exemple nouveau de ces amitiés littéraires dont la gloire aimable s’ajoute à toutes celles qui ont valu au dix-septième siècle son nom de grand ?
Puis, entre Flaubert et Feydeau, ce sont de petites recettes du métier, agitées avec de grands gestes et d’énormes éclats de voix, des procédés à la mécanique de talent littéraire, emphatiquement et sérieusement exposés, des théories puériles et graves et ridicules et solennelles, sur les façons d’écrire et les moyens de faire de la bonne prose ; enfin, tant d’importance donnée au vêtement de l’idée, à sa couleur, à sa trame, que l’idée n’est plus que comme une patère à accrocher des sonorités. […] Hippolyte Passy a dû dire en le quittant : « Garçon remarquable, il écoute avec une profondeur7… » 12 mai La curieuse et l’infiniment petite chose que la première idée d’une œuvre littéraire. […] Théophile Gautier, ce styliste à l’habit rouge pour le bourgeois, apporte dans les choses littéraires le plus étonnant bon sens, et le jugement le plus sain, et la plus terrible lucidité jaillissant en petites phrases toutes simples, d’une voix qui est comme une caresse.
Notre plaie au fond, c’est l’ambition littéraire insatiable et ulcérée, et ce sont toutes les amertumes de cette vanité des lettres, où le journal qui ne parle pas de vous, vous blesse, et celui qui parle des autres, vous désespère. […] Une espèce de réputation littéraire. […] Il finit par déclarer que se produire, vient de notre bassesse littéraire, et qu’il n’y a qu’une chose de vraie et d’estimable en ce monde : la sainteté.
» Le mot donne parfaitement le criterium littéraire de la femme en fait de romans. […] Excitation de la musique sur nous, excitation plus nerveuse qu’autrefois, et plus avivante du travail littéraire et plus éveilleuse d’idées. […] Il y a un recul qui remet les petites choses et les petites gens de la vie littéraire à leur place.
Tolstoï est au nombre des plus grands créateurs d’hommes littéraires, et par les dons mêmes d’observation véridique qui le font représenter la vie intérieure et extérieure de ses personnages avec une exactitude plus originale, plus minutieuse que ses devanciers, et par l’intuition peut-être inconsciente, mais profonde et marquée de deux des principaux caractères de toute vie organique et de toute existence : l’abondance des manifestations, le maintien d’un équilibre défini entre sa variabilité et sa permanence. […] Partir d’œuvres littéraires qui embrassent et montrent tout le merveilleux spectacle de la vie, s’en détacher peu à peu et s’en déprendre par une lente et sourde angoisse d’un idéal de vertu, hésiter, ne savoir que faire un temps et continuer à considérer le monde avec de soudaines reprises de tendresse, puis se buter contre le problème de sa fin et de sa cause, oublier son charme, sa grandeur, son radieux fleurissement de force pour lui demander compte de son sens en présence de son terme, et s’encercler peu à peu dans ce problème comme un sorcier dans son rhombe, dédaigner les véritables solutions par mépris et impuissance de l’intelligence et en venir comme le dernier des prédicants et comme le solitaire de Port-Royal à une doctrine de simplification, de retranchement de toutes les obligations sociales, de reniement de tous les appétits et de l’amour même de soi, de sa propre vie, avec l’idée folle d’exclure, en ce monde de guerre, la violence et le mal des actes des hommes, telles furent les phases de la transformation mentale de Tolstoï, déclin dont on peut mesurer la profondeur en comparant l’épopée grandiose et par bonheur acquise de La Guerre et la Paix, à des récits comme Le Tilleul, à des moralités puissantes encore mais puériles comme Le Premier Distillateur et La Puissance des Ténèbres. […] Que l’on grandisse ces facultés au point où leur manifestation devient impérieuse, que l’on y accole les qualités d’élocution et d’arrangement juste nécessaires pour composer des œuvres littéraires de forme médiocre, que l’on fasse prédominer la connaissance, le rappel, l’imagination des personnes, sur celles des actes purs, des drames, des histoires, l’on aura énuméré les causes générales dernières des œuvres de Tolstoï, de leur contenu réaliste, de leur étendue, de leur valeur plus psychologique que dramatique, et la force de ces dons sera mesurée à la grandeur de leur manifestation, à la puissance d’illusion de l’œuvre à la sympathie, au saisissement, à l’attraction qui s’en dégagent.
On tirerait des comédies du temps un volume de sentences ; elles sont pleines de morceaux littéraires qui annoncent déjà le Spectator 603. […] Vous reconnaissez les amusements littéraires de la vie mondaine. […] Par dégoût et par contraste, une révolution se préparait dans les inclinations littéraires et dans les habitudes morales en même temps que dans les croyances générales et dans la constitution politique. […] Désormais la comédie décline, et le talent littéraire se porte ailleurs. […] Comme Beaumarchais, c’est un aventurier heureux, habile, aimable et généreux, qui arrive au succès par le scandale, qui tout d’un coup petille, éblouit, monte d’un élan au plus haut de l’empyrée politique et littéraire, semble se fixer parmi les constellations, et, pareil à une fusée éclatante, aboutit vite à l’épuisement.
Un savant qui n’était pas inférieur à Bayle en érudition littéraire, et qui, certes, l’emportait sur lui dans la connaissance des langues anciennes, me semble avoir mieux caractérisé le style de Sénèque, lorsqu’il a dit de cet auteur qu’il avait de l’abondance avec brièveté, abundantiam in brevitate, et de la véhémence avec facilité. […] Je m’étais promis de ne plus rien publier de ce que j’écrirais : non que j’eusse pris en dédain la considération qu’on obtient par des succès littéraires ; mais nos critiques sont si amers, le public est si difficile, et l’on a reçu avec une indifférence si propre à décourager des ouvrages que je me glorifierais d’avoir faits, qu’il n’y avait guère qu’un sujet aussi intéressant pour une âme honnête et sensible, la défense d’un sage, qui pût me distraire de la sévérité de nos juges, de la satiété de nos lecteurs, de la médiocrité de mon talent et de la sagesse de mon projet357.
Le jeune écrivain fut entraîné, avec beaucoup d’autres de sa génération littéraire, dans les conciliabules présidés par Pétrachevsky. […] Il a vu comme tout le monde, mais il a retenu mieux que tout le monde, et comme la flânerie est son grand moyen d’observation, c’est par elle qu’il a pris une saveur littéraire toute particulière ; donc, parmi les nouveautés littéraires, il faut signaler le Store baissé, roman de Gustave Claudin. […] Nulle part on ne soupçonne le juge dans son œuvre littéraire, et le plus habile ne peut trouver dans le romancier qu’un poète ou un admirateur sincère de la nature. […] Succès de curiosité, de curiosité malsaine, comme on dit, mais non de curiosité artistique, littéraire, et c’est là qu’est le châtiment. […] Caro, il eût pu intituler son étude : « Les Confessions politiques, littéraires et philosophiques » de M.
Sayous est là, pour le dire sans l’offenser, un statisticien moral, un fureteur de génie épiant et découvrant le beau et le bon dans tous ces recoins de l’Europe où de petits cénacles littéraires, français de langue et d’esprit, depuis Copenhague, Pétersbourg, Berlin, Dresde, jusqu’à Lausanne, Coppet, Ferney, Genève (il aurait pu y ajouter Turin et Chambéry, colonie des deux frères de Maistre, l’un naturel et arcadien, l’autre emphatique et olympien), devaient bientôt appeler l’attention sur leur nom et sur leurs œuvres. […] Rousseau ; nous la donnons comme une de ces curiosités littéraires qui ont de la vraisemblance plus qu’elles n’ont de certitude.
Il n’était rien moins que partisan de l’Église gallicane à cette date de sa vie ; car, en 1820, quelques jours avant mon départ pour Naples, il me fit prier par M. de Genoude de me rendre à une conférence secrète qui devait avoir lieu chez M. de Bonald pour fonder une Revue littéraire. […] Un homme de beaucoup d’esprit, M. de Lourdoueix, qui avait commencé sa carrière littéraire en 1825 par une œuvre satirique contre les excès et les ridicules du royalisme, le soutenait dans une illusion de bonne foi et rédigeait sous son inspiration la Gazette de France.
Des progrès que Rabelais a fait faire à la langue littéraire. § IV. […] Des progrès que Rabelais a fait faire a la langue littéraire.
De même que pour l’art il ne cessait d’enseigner que c’est par les sens qu’elle doit être perçue, sans l’intermédiaire de la réflexion, de même qu’il était l’adversaire de tout art purement littéraire, qu’il datait la décadence humaine de l’invention de la machine à imprimer (X, 176), et qu’il regrettait le temps où l’on ne connaissait les poèmes qu’en les entendant réciter à haute voix, et les drames qu’en les voyant jouer sur la scène (III, 127), de même toute abstraction spéculative lui répugnait et lui semblait inutile. […] Le 259 la statue a été découverte au milieu d’une grande affluence, des corps d’état et des sociétés littéraires et artistiques.
Non seulement, au point de vue littéraire, la Valkyrie apparaît absolument une autre chose que La Walküre ; mais, au point de vue purement musical, — outre les changements de notes — que sont devenus ces chocs superbes de syllabes qui ne faisaient qu’un avec la musique ? […] Mais il existe une science, la critique des textes, qui détermine la provenance des œuvres littéraires, les conditions au milieu desquelles elles ont été produites : c’est le cas ou jamais de l’utiliser, et de ne pas se priver, par paresse, d’une source importante de renseignements.
* * * — L’homme qui s’enfonce et s’abîme dans la création littéraire, n’a pas besoin d’affection, de femmes, d’enfants. […] … Oui, quoi qu’on dise, je crois que mon talent a grandi dans le malheur, dans le chagrin… Et oui, mon frère et moi, avons mené, les premiers, un mouvement littéraire qui emportera tout, un mouvement, qui sera peut-être aussi grand que le mouvement romantique… et si je vis encore quelques années, et que des milieux bas, des sujets canailles, je puisse monter aux réalités distinguées, c’est alors que le vieux jeu sera enterré, et que ni ni, ce sera fini du conventionnel, de l’imbécile conventionnel.
Basnage le revendiqua, en se plaignant vivement de ce larcin littéraire, qui avoit diminué les profits de l’auteur sans perfectionner son ouvrage. […] L’auteur avoit plus de soixante & dix ans, quand il acheva cet ouvrage qui a terminé sa carriere littéraire.
Leurs écrivains ont une conscience littéraire qui leur donne presque autant le besoin de l’exactitude historique et de la vraisemblance morale que celui des applaudissements du public. […] Cette manière de voir se fait remarquer dans leurs institutions et dans leurs mœurs, comme dans leurs productions littéraires.
Il est, et surtout il veut être aussi un philosophe, et les derniers moments de sa carrière littéraire l’ont constaté. […] , la malheureuse campagne d’aventurier physiologique qu’il avait commencée, l’événement c’est qu’il l’ait continuée avec moins de talent qu’il ne l’a ouverte, et qu’au lieu d’une question d’idées et de philosophie, il n’y ait plus entre lui et la Critique qu’une unique question de valeur littéraire.
Mais une gloire renaissait pour elle, dans son malheur, et la trompait sur sa propre faiblesse : c’était la gloire des arts, l’inspiration et la science sortant de l’Église et des tombeaux, l’éclat prochain d’un âge tout littéraire. […] Rendu enfin à la lumière du jour et à sa chaire, devant un immense auditoire, il reprit ainsi son enseignement : « Je vous disais, à notre dernière séance… » Puis il rappela simplement quelque précepte littéraire, quelque vérité déjà connue, comme si tout autre souvenir de sa longue séquestration eût disparu de sa mémoire.
Necker, M. d’Alton-Shée n’a répondu qu’en faisant ces jours derniers une conférence toute littéraire, où il a retracé « l’histoire de la calomnie », en la prenant depuis Thersite jusqu’à Iago et à Basile : cette conférence, pleine d’intérêt et de talent, et à laquelle n’a cessé de présider un goût sévère, était traversée pourtant d’éclairs soudains et d’allusions vibrantes.
Et pour répondre d’abord aux timorés qui vous diront avec Boileau qu’ils fuient un effronté qui prêche la pudeur, nous maintenons qu’il est dans la société actuelle, et derrière le vernis fragile de nos mœurs, des vices, des désordres, une corruption radicale qu’on peut ignorer à toute force, et, par là même, éluder avec bon goût dans la satire littéraire, mais qui, du moment qu’on y pénètre et qu’on les remue, salissent inévitablement le vers comme la plaie hideuse qu’il sonde salit le doigt de l’opérateur.
Je m’attache à caractériser les principales différences que ces deux situations politiques doivent produire dans la destinée des femmes qui aspirent à la célébrité littéraire, et je considère ensuite d’une manière générale quel bonheur la gloire peut promettre aux femmes qui veulent y prétendre.
Quel peuple n’a pas ses préjugés littéraires ?
Rien de tragique au reste dans cette âme inquiète et dans cette vie orageuse : Bayle est une figure originale de savant à la vieille mode : paisible, doux, gai, sans ambition, indifférent à la gloire littéraire, il s’enferme dans son cabinet, et ne se croit jamais malheureux, dès qu’il peut lire, écrire, imprimer en liberté.
L’Arabe, qui n’a eu aucun maître, est souvent néanmoins très distingué ; car la tente est une sorte d’école toujours ouverte, où, de la rencontre des gens bien élevés, naît un grand mouvement intellectuel et même littéraire.
Dans tout ce que j’ai lu de histoire littéraire et morale du xviie siècle, je n’ai rencontré d’autres paroles attribuées à madame de Rambouillet que celles-ci : « Les esprits doux, et amateurs des belles lettres, ne trouvent jamais leur compte à la campagne26. » Aucune biographie, même la plus riche eu noms inconnus et dignes de l’être, n’a trouvé de quoi faire un article de qu’être lignes sur cette femme dont la maison fut si célèbre : preuve incontestable qu’elle n’a jamais fait parler d’elle.
Elle eut depuis, en 1674, un démêlé littéraire avec le poète satirique, en qui se décela, d’une manière peu honorable, le genus irritabile.
Réflexions philosophiques & littéraires sur le Poëme de la Religion naturelle, vol.
Inaliénable à son siècle et à sa mère qui firent d’elle, de cet être d’émotion et de vérité, un philosophe et un bas-bleu ; car, il faut bien l’avouer, et c’est mon désespoir, elle avait l’horrible teinte bleue littéraire qui est la gangrène, mortelle au sexe, chez les femmes.
… Je me disais : n’a-t-elle donc que du talent, de ce talent littéraire dont je ne suis pas fou et dont on fait métier et marchandise ?
Histoire, chronique ou roman taillé dans l’histoire, y a-t-il dans ce livre hybride une unité, une méthode, un artifice de composition, enfin une trace quelconque d’un procédé littéraire, instinctif ou réfléchi ?
Il n’y avait là, si on veut, qu’une poignée de jeunes filles, pauvres et nobles, à qui le roi payait le sang des pères morts pour lui, mais ces jeunes filles élevées par le roi, dirigées par madame de Maintenon, surveillées par Bossuet et par Fénelon, ces jeunes filles qui, dans leurs divertissements littéraires, avaient Racine pour répétiteur, devenaient un jour des mères par la chair ou l’esprit, — car celles qui ne se mariaient pas étaient dames de Saint-Cyr à leur tour : des mères spirituelles, — et, toutes, elles faisaient descendre dans la société, dans le sang social, par leurs enfants ou par leurs élèves, ce qu’elles avaient puisé au sein d’une éducation sensée et religieuse, où le grandiose touchait à la simplicité.
Hyacinthe Corne a du talent littéraire.
Il est même allé jusque-là d’opposer l’un à l’autre, comme des Ménechmes de la même corruption littéraire, « qui semblent se copier, tant ils se ressemblent !
et pour cette Héloïse, l’amoureuse littéraire de sa gloire.
et pour cette Héloïse, l’amoureuse littéraire de sa gloire.
Paul de Rémusat, qui a voulu grandir la mémoire de son père, sentiment honorable mais peu critique, pour que ce drame sortît du demi-jour des confidences et vint hardiment prendre rang d’œuvre littéraire au grand soleil, parfois cuisant, de la publicité.
Et je parle du cri littéraire, — car le cri qui ne s’écrit point, c’est le cri de l’humanité tout entière, qui n’a jamais, parce qu’elle souffre, été désespérée de vivre !
Et il y aurait aussi, de par le monde, de petits messieurs littéraires qui se tortilleraient l’entendement pour devenir les OEdipes de ce Sphinx, trop longtemps mystificateur ?
Malgré la sympathie et l’estime que nous avons pour les intentions morales et la conscience littéraire de M.
Eugène Sue, l’écrivain des Mystères du Peuple, plus bas de ton que les Mystères de Paris, Eugène Sue, qui, au début de sa vie littéraire, se vantait d’être anti-canaille, et qui a fini par effacer l’anti dans ce mot, a travaillé, en badigeon grossier, pour cette littérature.
Félicitons-nous maintenant d’une sécurité dont la durée dépend de sa prudence déjà reconnue, et profitons-en pour multiplier nos communications littéraires. […] Ses ennemis qui ne voulurent pas moins que le faire brûler vif, minèrent sa réputation littéraire, et ne purent ébranler sa fermeté. […] La Harpe reproche à La Motte, dont il relève très sensément les hérésies littéraires, de croire que tous les sujets sont également bons pour l’épopée. […] Mais ne voulant plus rien laisser de vague dans la doctrine littéraire, je dois prévenir attentivement jusqu’aux moindres objections à ma méthode analytique, et entrer avec scrupule dans tous les détails sans crainte d’être minutieux. […] Son talent ne fût pas tombé dans mille écarts qui le forcèrent à revenir en sens contraire sur tous ses pas, s’il eût appuyé sa marche d’un système exact et régulier, qui seul empêche de s’égarer dans les études littéraires.
L’étude littéraire même à l’étude morale, et l’étude morale ne serait ni sérieuse ni complète, si elle n’avait pour contre-épreuve l’étude physiologique. […] Au contraire, dans une œuvre d’art, et particulièrement dans une œuvre littéraire, le tour d’esprit de la personne, son caractère, sa complexion, son humeur, ses sentiments, ses passions, percent involontairement à travers les idées. […] On pourrait presque dire que chaque âge de la vie a tel ou tel genre littéraire qui lui convient ou qui l’exprime. […] Plus il choque nos idées et révolte nos sentiments, plus il ravit notre esprit littéraire par les splendides nouveautés du style le plus énergique et le plus simple, le plus grandiose et le plus familier. […] C’est tout ce que j’ai voulu indiquer, me contentant de donner un aperçu sommaire et rapide de l’application de la physiologie à la critique et à l’analyse des œuvres littéraires.
Tel était Saint-Évremond, cet épicurien très aimable dans un souper, très galant dans un cercle, capable de composer de fades madrigaux pour la belle Hortense Mancini, mais non pas de prononcer des oracles littéraires. […] Il est constant que Bérénice n’a point fait pleurer à cette représentation, mais qu’elle a fait bâiller : toutes les dissertations littéraires ne sauraient détruire un fait aussi notoire. […] Racine était persuadé que, même dans les ouvrages dramatiques, le bon sens et la raison doivent tenir le premier rang : Voltaire, en vingt endroits de ses discussions littéraires, prétend que c’est ce dont on se passe le mieux dans une tragédie : avec des principes si différents, ces deux auteurs ont dû composer des ouvrages qui ne se ressemblent guère. […] Boileau, en effet, désolé de voir l’Académie en proie à des novateurs, avait composé une épigramme assez vive contre cette compagnie, laquelle n’avait pas rougi d’accueillir des blasphèmes littéraires dont elle aurait dû faire justice : Où peut-on avoir dit une telle infamie ? […] Exemple mémorable qui doit nous apprendre qu’autant un corps littéraire est utile quand il se renferme dans les bornes de la décence et du devoir, autant il est nuisible quand il est animé d’un esprit de vertige.
Ce qu’il y a de plus exact dans la partie littéraire, est dû presque entièrement à la rhétorique de Blair, qui s’est montré plus juste et plus sage que d’autres critiques anglais, mais qui est encore très aveuglé par les préventions nationales. […] Ceux qui connaissent l’histoire littéraire n’ont pas été peu surpris de voir qu’on l’étudiât avec si peu d’application, quand on prétend l’approfondir. […] On remplira cet engagement lorsque les opinions littéraires les plus innocentes ne seront plus traitées comme des affaires d’État ; d’ailleurs, il faut se borner : Trop de critique entraîne trop d’ennui. […] Il reste à faire connaître la partie critique de l’ouvrage, où l’auteur oppose les chefs-d’œuvre littéraires des siècles chrétiens à ceux de l’antiquité païenne, et le génie des Grecs à celui des Hébreux. […] Une curiosité purement littéraire a réuni quelques gens de goût.
Ils font se succéder, en chaque journée de leur vie, des productions, inégales sans doute, mais dont quelques-unes sont le chef-d’œuvre de la combinaison humaine et de l’art ; ils savent l’art déjà, ils l’embrassent dans sa maturité et son étendue, et cela sans en raisonner comme on le fait autour d’eux ; ils le pratiquent nuit et jour avec une admirable absence de toute préoccupation et fatuité littéraire. […] L’élève de Gassendi, l’ami de Bernier, de Chapelle et de Hesnault se rattache assez directement au xvie siècle philosophique, littéraire ; il n’avait aucune antipathie contre ce siècle et ce qui en restait ; il n’entrait dans aucune réaction religieuse ou littéraire, ainsi que firent Pascal et Bossuet, Racine et Boileau à leur manière, et les trois quarts du siècle de Louis XIV ; il est, lui, de la postérité continue de Rabelais, de Montaigne, Larivey, Regnier, des auteurs de la Satyre Ménippée ; il n’a ou n’aurait nul effort à faire pour s’entendre avec Lamothe-le-Vayer, Naudé ou Guy Patin même, tout docteur en médecine qu’est ce mordant personnage. […] Le nom littéraire de Boileau n’aurait pas suffi pour la vulgariser à ce point ; on ne va pas remuer de la sorte des anecdotes sur Racine.
Il faut bien en venir pourtant aux hommages littéraires, à commencer par le plus magnifique et le plus royal de tous, celui de Lamartine.
S’il a voulu railler le jargon pittoresque à la mode et pousser à bout ce travers littéraire d’aujourd’hui qui paraîtra bientôt aussi inconcevable que le bel esprit de Mercutio, ou celui des Précieuses, ou celui encore de Crébillon fils, son pastiche a de quoi faire illusion, et il épuise le genre.
Il faut, pour être applaudi au théâtre, que l’auteur possède, indépendamment des qualités littéraires, un peu de ce qui constitue le mérite des actions politiques, la connaissance des hommes, de leurs habitudes et de leurs préjugés.
Laboulaye, de l’Administration française sous Louis XVI (Revue des Cours littéraires, IV, 743). — Albert Babeau, I, 111 (Doléances et vœux des corporations de Troyes).
Le Pilori est une parade vivement enlevée, et il y a une belle allure dans l’intermède philosophique intitulé : Propriété littéraire.
Ils parlaient pour la gloire plus grande d’un dogme religieux, politique ou littéraire, ils parlaient pour dire quelque chose et le fond de leur pensée leur importait plus que la forme, ils parlaient pour le plus grand nombre possible d’auditeurs à instruire, à entraîner ou à convertir.
La division vint troubler la douceur de ces rendez-vous littéraires & politiques.
Historique ou littéraire, je ne pense pas avoir laissé, sur ce sujet, une seule affirmation de nos adversaires sans réponse, et je suis persuadé que les conclusions que nous avons dégagées resteront acquises.
Un des avantages de la philosophie appliquée aux matières de goût, est de nous guérir ou de nous garantir de la superstition littéraire ; elle justifie notre estime pour les anciens en la rendant raisonnable ; elle nous empêche d’encenser leurs fautes ; elle nous fait voir nos égaux dans plusieurs de nos bons écrivains modernes, qui pour s’être formés sur eux, se croyaient par une inconséquence modeste fort inférieurs à leurs maîtres.
Madame Émile de Girardin, au faîte de ses succès, — du succès littéraire et du succès du monde, — eut le désir de l’incognito qui tourmente tout ce qui règne, ce caprice de reine ennuyée.
L’auteur de Louis XVI et sa Cour 38, qui fut aussi le traducteur de Chesterfield et de Cantu, est d’instinct, d’éducation et d’étude, un esprit vraiment littéraire, qu’on aime à retrouver présent dans l’historien alors qu’il manie avec le plus de préoccupation les choses de l’histoire, et dans un temps surtout où, comme dans le nôtre, la Spécialité est entrain d’assassiner, avec un si grand succès, la littérature !
Si on ajoute à cela qu’aucune époque n’affecta plus que la nôtre d’être éprise des travaux d’ensemble, qu’aucune ne rêva davantage l’unité, du moins dans ses œuvres philosophiques et littéraires, et ne se donna plus de peine stérile pour consommer le grand mariage de l’Analyse et de la Synthèse (ses mots favoris), on sera en droit de s’étonner que l’histoire du xviiie siècle soit encore à faire, et que nous, les fils du xixe , nous ayons échappé, en ne l’écrivant pas, aux deux plus puissantes tyrannies de notre pensée, — nos sympathies et nos prétentions !
Il a eu une manière à lui de la démontrer qui a sa vigueur et sa beauté particulières, — sa vigueur dans l’étude et le rapprochement des faits et des textes de son livre, et sa beauté — sa beauté littéraire — dans l’accent étrange qui y respire, d’un impassible désespoir.
… Et voilà pourquoi, ici, — comme toujours et partout, — la question morale domine la question littéraire.
Et la Critique littéraire n’a-t-elle pas le droit de s’opposer, du moins, à ce qu’on encombre ainsi l’histoire, de redites usées et inutiles ?
Ce n’est pas seulement un littérateur, c’est un savant ; mais c’est un savant dont l’esprit agile ne s’est point exclusivement cantonné dans les questions de critique ou d’histoire littéraire.
Armand Carrel était un journaliste politique et littéraire, comme dit le titre de ses œuvres.
Son Lord Byron, très en ronde-bosse, est resté incomplet, et l’historien de cette grandeur littéraire a toujours le droit d’arriver… Je ne dirai point que le voici, mais qui sait ?
Cet homme fameux, mais mal expliqué dans l’arcane de son texte, dont jusqu’ici on ne nous a donné que des déchirures, ce Vieux de la Montagne philosophique, compromis par les Cousins et les Proudhons et toute sa bande d’assassins littéraires ou politiques, M.
Quant au talent, au talent littéraire qui anime tout cela, il n’est pas énorme.
Il y a, du reste, une autre ressemblance entre ces messieurs que d’être l’un et l’autre inconnus au monde littéraire, — où d’être connu n’est pas une si grande gloire !
Or, je ne crains pas de le dire, malgré sa position, sa renommée, l’enseignement qu’il a fait peser sur toutes les Écoles de France pendant tant d’années, malgré, enfin, l’organisation d’un système dans lequel il a montré des facultés d’envahissement et de conservation qui n’ont rien de philosophique ou de littéraire, Cousin, le chef de la philosophie française, n’est pas un philosophe dans le sens créateur et imposant du mot.
mais rusé comme un maquignon quoique poète et qui essaierait de blesser à vif la Critique pour l’intéresser à parler de lui, — fût-ce en mal, — ou bien donc une vanité truculente, comme celles des Scudéry et des Cyrano de Bergerac, ces fameux Gascons littéraires.
Il lui faut, à ce peintre de masses, à ce maître de la fresque qui procède toujours par de magnifiques accumulations de détails, et qui, pour les entasser, a besoin d’espace, il lui faut, pour jouer dans sa force, le pourtour d’un peuple, l’hémicycle d’une société ou d’une époque, et je ne connais guères que Macaulay, dans plusieurs de ses beaux Essais historiques, publiés dans La Revue d’Edimbourg, qui ait cette étendue et cette largeur d’embrasse ; mais Macaulay, bien plus littéraire que plastique, n’a pas la couleur de José-Maria de Heredia, quoique Macaulay, comme Heredia, ait été un poète avant de devenir un prosateur !
Quelle que soit la manière dont elle doive le juger un jour, l’Histoire littéraire la lui conservera.
Le comte de Vigny, — que nous pouvons appeler maintenant simplement : Alfred de Vigny, puisqu’il n’est plus qu’un grand nom littéraire de la France du xixe siècle et que l’Immortalité ne dit : monsieur à personne, — le comte de Vigny a cela de rare et de merveilleux, qui fermera la bouche aux âmes communes toujours prêtes à jeter la pierre aux poètes, qu’on ne peut trouver une contradiction dans sa vie, et que ce qu’il fut comme poète, il le fut également comme homme.
Julien, dont nous n’examinons ici que les talents littéraires, fut en même temps philosophe, orateur, écrivain satirique et plaisant ; et il paraît tour à tour, dans ses ouvrages, l’élève de Platon, de Démosthène et de Lucien.
Cette puissance de création littéraire enfin, qui manque encore à l’Amérique, sera-t-elle longtemps attardée et comme étouffée sous le poids du progrès actif de tous et du mouvement de chaque jour, par un effet presque analogue à cette loi de la discipline et du grand nombre, qui, dans la masse des immenses armées modernes et leurs efforts savamment simultanés sous les feux qu’elles bravent, laisse moins entrevoir la part de l’héroïsme et de l’inspiration individuelle ?
Deux écoles littéraires ont été en présence aux plus beaux jours de votre talent et de votre crédit. […] J’y traitais de l’éloquence diplomatique, et le nombre croissant des auditeurs, attirés par la nouveauté du sujet, m’était une preuve de l’intérêt que prenait le public de la petite salle à cette belle partie de nos annales littéraires. […] C’est que, sur les vérités littéraires, l’accord des bon juges n’est ni universel, ni unanime. […] Exemple, toute l’Europe littéraire souffre-t-elle Molière à la hauteur où l’élève la nation française ? […] Mais ce moment de complaisance passé, le doute des juges de qualité lui revenant à l’esprit, il ne lui restera que le sentiment de ce qui manque à son œuvre pour avoir la durée, et en général, de ce qui manque d’évidence à la vérité littéraire.
Voltaire prêchant contre la cabale et les querelles littéraires ! […] D’abord il n’est jamais permis de calomnier les gens, ni même d’en médire, soit par écrit, soit en leur présence : quant à la censure littéraire, ce n’est point aux auteurs qu’elle s’adresse, mais au public. […] Je trouve d’abord un petit avis très important, à ce qu’on dit, pour ceux qui aiment l’histoire littéraire. […] La plus forte raison pour ne pas reproduire aujourd’hui cette infamie littéraire, c’est le respect pour le nom de Voltaire, qui s’est couvert d’un éternel opprobre par cette vengeance indigne d’un honnête homme. […] Une des hérésies littéraires les plus familières aux novateurs de ces derniers temps, c’est que les grands maîtres de notre scène tragique n’ont pas assez d’action et de spectacle.
Il y a plaisir à le voir marcher sous le poids de tant d’observations et de souvenirs, chargé de détails techniques et de réminiscences érudites, sans s’égarer ni se ralentir, véritable « Béhémoth littéraire », pareil à ces éléphants de guerre qui recevaient sur leur dos des tours, des hommes, des armures, des machines, et sous cet attirail couraient aussi vite qu’un cheval léger. […] En vain, dans ses tragédies latines, Séjan, Catilina, il s’enchaîne dans le culte des vieux modèles usés de la décadence romaine ; il a beau faire l’écolier, fabriquer des harangues de Cicéron, insérer des chœurs imités de Sénèque, déclamer à la façon de Lucain et des rhéteurs de l’empire, il atteint plus d’une fois l’accent vrai ; à travers la pédanterie, la lourdeur, l’adoration littéraire des anciens, la nature a fait éruption ; il retrouve du premier coup les crudités, les horreurs, la lubricité grandiose, la dépravation effrontée de la Rome impériale ; il manie et met en action les concupiscences et les férocités, les passions de courtisanes et de princesses, les audaces d’assassins et de grands hommes qui ont fait les Messaline, les Agrippine, les Catilina et les Tibère124. […] Le critique en lui nuit à l’artiste ; ses calculs littéraires lui ôtent l’invention spontanée ; il est trop écrivain et moraliste ; il n’est pas assez mime et acteur.
« Aujourd’hui (dans les Consolations) il sort de sa débauche et de son ennui ; son talent mieux connu, une vie littéraire qui ressemble à un combat, lui ont donné de l’importance et l’ont sauvé de l’affaissement. […] Il connut Virgile, il l’apprécia et le protégea ; la reconnaissance du poète a chanté, et le nom de Pollion est devenu immortel et l’un des beaux noms harmonieux qu’on est accoutumé à prononcer comme inséparables du plus poli des siècles littéraires. […] Mais, depuis ce beau travail sur l’Énéide, où je regrette que vous n’ayez pas assez développé cette pensée vraie, vous vous êtes lancé à pleine haleine dans la haute critique presque biographique, purement personnelle et littéraire.
Ossian fils de Fingal I Vers l’année 1762, un phénomène littéraire étrange apparut comme une comète dans le monde ; les imaginations en furent ébranlées, ainsi qu’elles avaient pu l’être à l’apparition des poëmes homériques en Grèce ; l’histoire en fut éclairée, les traditions, jusque-là verbales, se renouèrent, et la poésie servit de témoin aux récits des plus antiques légendes. L’Angleterre, où ces poëmes galliques venaient d’être découverts, recueillis, écrits et vraisemblablement retouchés et complétés par un gentilhomme écossais nommé Macpherson, ne fut pas la seule contrée vivement émue par ces chants ; ils se répandirent dans toutes les autres contrées littéraires de l’univers, France, Allemagne, Espagne, Italie, par les traductions, en prose et en vers ; Letourneur, en prose française, Baour-Lormian, en fragments poétiques, Césarotti, en magnifiques vers italiens, à Vérone et à Milan, les consacrèrent dans les différents idiomes ; le trésor des monuments écrits s’enrichit ainsi d’un monument de plus. […] Campbell, auteur d’un ouvrage savant et classique, regarde comme hors de doute que les poëmes attribués à Ossian existaient, et étaient généralement connus dans la haute Écosse avant que Macpherson essayât pour la première fois de les traduire ; qu’ils n’étaient de son invention ni dans leur entier ni dans leurs parties principales ; qu’ils n’étaient nullement le produit d’une fraude littéraire, mais que le traducteur, aidé de quelques coopérateurs, les avait recueillis et arrangés dans une forme systématique, et les avait ainsi traduits et offerts au public.
» Vendredi 1er août J’ai, de temps en temps, une fatigue à continuer ce journal, mais les jours lâches, où cette fatigue se produit, je me dis : « Il faut avoir l’énergie de ceux qui écrivent mourants dans les glaces ou sous les tropiques, car cette histoire de la vie littéraire de la fin du xixe siècle, sera vraiment curieuse pour les autres siècles. » Lundi 4 août En pensant aux choses magiques trouvées par ce siècle comme le phonographe, etc., etc., je me demande si les autres siècles ne trouveront pas encore des choses plus surnaturelles, et si à propos des livres perdus de l’antiquité, on ne trouvera pas le moyen, par une cuisine scientifique dans une boîte crânienne d’une momie d’Égypte ou d’un autre mort antique, de faire revivre la mémoire des livres lus par le possesseur de cette boîte crânienne. […] Je me rappelle un article d’un journaliste politique, affirmant que la prose de Flaubert déshonorait le règne de Napoléon III, je me rappelle encore un article d’un journal littéraire, où on lui reprochait un style épileptique, — vous savez maintenant, ce que cette épithète contenait d’empoisonnement pour l’homme auquel elle était adressée. Eh bien, sous ces attaques, et plus tard dans le silence un peu voulu qui a suivi, renfonçant en lui l’amertume de sa carrière, et n’en faisant rejaillir rien sur les autres, Flaubert est resté bon, sans fiel contre les heureux de la littérature, ayant gardé son gros rire affectueux d’enfant, et cherchant toujours chez les confrères ce qui était à louer, et apportant à nos heures de découragement littéraire, la parole qui remonte, qui soulève, qui relève, cette parole d’une intelligence amie dont nous avons si souvent besoin, dans les hauts et les bas de notre métier.
Le principal opuscule est la Réponse à un article du journal littéraire d’Italie. […] (traduits dans le même volume du Conservateur, ou dans les Archives philosophiques et littéraires, tome VIII). — Lessing. […] Réponse à un article du journal littéraire d’Italie où l’on attaquait le livre De antiquissimâ Italorum sapientiâ ex originibus linguæ latinæ cruendâ. 1711.
Quand on compose laborieusement le diadème littéraire de son siècle pour les princes de l’art en tout genre, il ne faut pas laisser de telles perles orientales éparses sur les rivages de notre mer du Midi, sans les ramasser et sans les enchâsser dans la mémoire. […] XXIV Et ce fut aussi un de mes beaux jours littéraires, les uns à Paris, les autres à Saint-Point.
Dans l’ordre matériel, comme dans l’ordre littéraire, tout ce qui est poli est froid. […] J’ai lu depuis ce Contrat social de Jean-Jacques Rousseau que je vantais alors sur parole ; j’en ai publié dernièrement l’analyse et la critique raisonnées (Entretiens littéraires, nº 65 à 67).
Que j’aime à voir, dans des écrits qui ont trois siècles, la tradition des grands principes littéraires exposée en termes si vifs par des esprits neufs à la découverte et à la possession de la vérité ! […] Ce sont quelques pages en prose, les premières où la critique littéraire ait été éloquente, qui donnent à ce poëte, appelé par ses contemporains l’Ovide français, une place durable dans l’histoire de notre littérature.
Un drame musical, donc une œuvre de musique dont la musique est motivée par les péripéties d’une aventure ; or, un scénario enseigne l’aventure aux auditeurs, les paroles que les interprètes chantent en français notent les moments de l’aventure ; comment alors ne pas suivre et saisir parfaitement le sens littéraire de la musique, la signification du développement émotionnel qu’est le drame musical ? […] Là où les savants ne voient que des débris littéraires stériles, il voit Siegfried, le plus pur type de l’Eternellement-Naturel ; et à côté de lui, lui apparaît Brünnhilde, la Walkyre, l’élément purement humain.
L’art plastique recrée les sensations ; l’art littéraire recrée les notions : j’ai montré que les procédés de ces deux arts pouvaient encore, par un détournement de leur destin premier, traduire certaines émotions d’origine sensuelle ou notionnelle. […] Comme le langage des arts plastiques, et comme celui des arts littéraires, le langage de la Musique fut d’institution purement humaine.
L’adjonction aux sons des paroles, ce n’était nullement une survenue de l’art littéraire dans la musique ; car les paroles, toutes destinées à être chantées, n’exprimaient point des notions précises, elles dirigeaient seulement l’émotion, indiquant sa nature exacte. […] Berlioz, incapable d’émotion, mais exemplaire dramaturge romantique, s’exténuait à traduire par la musique des emportements littéraires et verbaux.
Si un théoricien subtil disait ses règles générales, l’historien littéraire devrait encore distinguer les secrets prosodiques de chaque époque et par quel mystère le vers de la Pléiade n’est point le vers du xve siècle ni celui du xviie . […] La vraie sincérité, celle qui n’est pas une attitude vaine d’arriviste politique ou littéraire, celle qui est dans la vie et non dans les professions de foi, dans les mœurs et non dans les mœurs oratoires, celle qui est « l’horreur du servilisme, de la palinodie et des concessions hypocrites », loin de se montrer banale comme une préface de Saint-Georges de Bouhélier, « ne semble plus que la vertu des seuls prédestinés ».
D’aptitude spontanée et incontestable, l’auteur des Révolutions d’Italie était un homme de forte imagination et de pénétration littéraire, et il n’est pas permis d’en douter, quand on a lu son livre d’aujourd’hui, et qu’on en a comparé les meilleures pages historiques aux quelques fragments de littérature qu’il a introduits dans son travail, car l’histoire, telle que nous autres modernes la concevons, est une véritable encyclopédie. […] Elle n’est pas, comme le croient les chercheurs politiques ou littéraires de raison d’État, dans l’action de l’homme, de sa volonté et de son génie, sur l’événement, mais dans la prévision de l’événement qui se produira à peu près certaine dans les esprits de l’an 2000, et telle est la conclusion de M.
Pour l’instant, tout à ce travail de préparation, tout au scrupule d’une formation littéraire sérieuse, tout à la recherche du beau, et par la forme pure qui plaît, et par l’idée de vérité qui touche, je ne me laisserai pas emporter par le tourbillon du siècle, ni tenter par le désordre universel, cet orgueil de vouloir devancer les saisons que la Providence a fixées aux mondes, ce défaut dont vous savez bien que la société souffre, s’énerve et s’anémie. […] L’un d’eux, Pierre Gilbert, à la veille même du grand jour, dans la Revue Critique du 25 juillet 1914, publiait des pages brillantes sur le prince de Ligne, et souhaitant que ce « cœur de feu » fût rattaché de plus près à notre histoire littéraire, il demandait qu’on lui empruntât quelques lignes pour les inscrire en tête de nos règlements militaires.
C’est à regret et à mon corps défendant que je me suis vu forcé de toucher ce point littéraire et de goût, à la fin d’un récit où toute littérature s’oublie et cesse, où ce serait le triomphe de la peinture elle-même de ne point paraître une peinture, où l’histoire doit à peine laisser apercevoir l’historien, et où la page la plus belle, la plus digne du héros tombé et de la patrie vaincue avec lui, ne peut se payer que d’une larme silencieuse.
Jean Passerat, l’un des auteurs de la Satyre Ménippée, était encore le seul, avant Béranger, qui eût imprimé au couplet, au quatrain politique, une véritable perfection littéraire.
En effet, au second volume du Conservateur littéraire, journal que le jeune écrivain, aidé de ses frères et de quelques amis, rédigeait dès 1819, on trouve, comme faisant partie d’un ouvrage inédit intitulé les Contes sous la Tente, la première édition de cette nouvelle que l’auteur ne publia qu’en 1825, remaniée et récrite presque en entier.
Troplong s’attache avec une grande rigueur d’étude à présenter les faits dans un jour plus vrai pour l’homme d’État que conforme à la prévention littéraire : il montre d’une manière piquante la mode du pompéianisme survivant de beaucoup à Pompée et formant toute une école, dont Lucain est le poëte et dont les prosateurs sont un peu partout depuis Cicéron.
Toute grande oeuvre littéraire contient un traité de la nature et des hommes, et il y en a un dans ces petites fables.
Boileau qui n’avait que du bon sens, mais qui en avait beaucoup, érigeait cette difficulté en règle et mettait les « mystères terribles de la foi chrétienne » à l’abri des entreprises littéraires.
On verra, quand il nous donnera enfin ses Trophées, que ses vers sont aussi beaux que son nom, et l’on reconnaîtra dans ses sonnets le suprême épanouissement, sous la forme littéraire, d’un sang héroïque et aventureux.
Il n’est point de forme littéraire par où nous puissions exprimer avec autant de finesse et de grâce ce que nous avons d’important à dire.
Est-ce qu’une femme, même une spécialiste de dîners littéraires (et Thérèse n’est point cela), a jamais rencontré des paroles de cette moelle et de ce ton ?
Il y a des rivalités, des haines littéraires ou artistiques qui divisent les amis du beau autant et plus que les autres hommes.
Le chevalier de la Triste Figure est un héros naturel et sa folie, d’origine littéraire — romantique, si vous voulez — lui cache le prosaïsme de son époque, fait de lui un admirable et poétique anachronisme.
C’est, croyons-nous, le premier journal littéraire quotidien, depuis la fondation du monde.
Et tous les jours, à quatre heures, Armand tenait un cercle chez lui, où venaient quelques jeunes gens littéraires du quartier Latin qu’il habillait, et au milieu desquels Gaiffe tenait le haut bout, l’appelant familièrement Armandus, familiarité qui le grisait.
Mr. de Crebillon marchoit dans la même carriere que lui, & l’on sçait que la rivalité littéraire ne voit pas paisiblement les concurrens qui nous font ombrage.
* * * La Dordogne lettrée commence seulement à lire Fanny : ce qui prouve une fois de plus que la centralisation littéraire est une excellente chose.
Tu distinguas l’imposteur de l’homme religieux ; tu saurais séparer le faux philosophe du véritable ami de la sagesse ; le novateur factieux, du citoyen qui travaille à d’utiles découvertes ; le charlatan littéraire, de l’écrivain qui dédaigne les succès d’un jour, et qui n’aspire qu’aux suffrages de la postérité.
Robert Franz n’est pas, en pied, le blanchisseur de gros ou de fin de la Maison Lacroix et compagnie, mais simplement une invention, une forme littéraire, un procédé, employé pour faire mousser sans imprudence, ce livre-ci, je trouve, pour ma part, cette invention et ce procédé encore moins cosaques que le nom si tranquillement bourgeois et bon garçon de M.
Je n’ai, moi, qu’à dire ici la valeur historique et littéraire de ce livre, lequel, littérairement, est nul, et historiquement incomplet et sans précision.
Demandez pourtant au christianisme, demandez à l’Église, et à la conscience qu’elle pénètre de son esprit, si elle ne voit nul inconvénient à ces amusements artistiques et littéraires, si c’est simplement insignifiant et destiné à nous faire passer agréablement quelques heures que ces comédies de société, qui tuent la société, et que des mères jouent devant leurs filles, quand elles ne les jouent pas en camaraderie avec elles ?
Malheureusement, ce ne sont pas les portraits littéraires.
Nous avons dit ce que cette double biographie nous paraît être comme œuvre d’histoire et comme œuvre littéraire, c’est-à-dire, en somme, un livre excellent, intéressant, tout à la fois pensé et sensé.
Écrite exclusivement pour le nombre, par un homme du nombre qui n’est pas campé pour en sortir, ni même pour aspirer à cette glorieuse impopularité des grands artistes dont se vantait Goethe, quand il disait avec orgueil : « Raphaël et moi, nous n’avons jamais été populaires », placée sous le patronage et la protection d’un Aréopage littéraire qui a finances et qui est le seul pouvoir de la société ancienne qui soit resté… dans son fauteuil, quand tous les autres se sont écroulés, cette histoire de M.
Qu’importe le mérite plus ou moins visible d’une forme littéraire dans un livre qui est une munition de guerre ou une arme plus qu’un livre, et qui ressemble à la giberne d’un chasseur de Vincennes pour tuer toutes les révoltes de l’esprit voltairien… à huit cents pas !
Qu’importe qu’il soit inférieur par d’autres côtés ; que la composition y manque de rigueur ; que les chapitres, très savants, du reste, sur les organisations militaires, judiciaires, littéraires, économiques, du temps de Saint Louis, y soient trop séparés du récit avec lequel ils auraient pu s’assimiler !
Bien avant ce livre, du reste, et avant moi, en 1862, un écrivain catholique, que les hommes du monde appelleraient « un voyant » en matière humaine et littéraire, et les esprits religieux « un mystique » de surnaturelle pénétration, Ernest Hello, avait montré, dans un très beau et très touchant travail de critique, que Michelet était chrétien dans la racine même de son être, et comment le christianisme naturel qu’il avait tout fait pour s’arracher de l’âme aurait, s’il l’y avait laissé, donné à son talent toute la beauté de sa destinée.
Question humaine et littéraire maintenant résolue !
Dans une époque qui pousse cet amour des faits jusqu’à préférer les plus petits aux plus gros, uniquement parce qu’ils sont les plus petits, — qui a mis je ne dis pas l’Histoire, mais l’historiette à la place de tout, qui dernièrement, en ses journaux, pour se dispenser d’avoir du talent, a inventé la Chronique, cette chose amusante, la chronique, chère au dilettantisme littéraire de messieurs les portiers, — n’est-il pas tout simple qu’Alexandre de Humboldt, le chroniqueur de la science du xixe siècle, l’arpenteur du globe qui montre les mesures qu’il a prises, le voyageur qui a lu des voyages et qui en a fait, produise sur nous tous l’effet d’un Moïse, — d’un Moïse assez bon pour nous, qui ne descend pas de l’Horeb avec les Tables de la Loi, mais du Chimboraço avec un album dans sa poche !
Il n’a peut-être jamais aimé de femme que Madame de Sévigné, mais c’était d’un amour littéraire, avec un platonisme forcé puisqu’elle était morte, heureusement pour lui !
M. de Mouy a une telle peur de trouver sa Madame Geoffrin trop sensible, cette femme qu’il a besoin, comme son éditeur, d’estimer, qu’il voit de l’ampoulé littéraire partout où il y a de l’intensité de nature humaine ; et c’est ainsi que, rougissant pour elle, il fait, sinon à sa vertu, du moins à sa sagesse, de la grammaire un éventail !
Et nous ne parlons pas encore ici de la forme la plus extérieure de ce livre, de sa conformation littéraire !
Dans une époque qui pousse cet amour des faits jusqu’à préférer les plus petits aux plus gros, uniquement parce qu’ils sont les plus petits, — qui a mis je ne dis pas l’histoire, mais l’historiette à la place de tout, — qui dernièrement, en ses journaux, pour se dispenser d’avoir du talent, a inventé la Chronique, cette chose amusante ; la chronique, chère au dilettantisme littéraire de messieurs les portiers, n’est-il pas tout simple qu’Alexandre de Humboldt, le chroniqueur de la science du dix-neuvième siècle, l’arpenteur du globe, qui montre les mesures qu’il a prises, le voyageur, qui a lu des voyages et qui en a fait, produise sur nous tous l’effet d’un Moïse, — d’un Moïse, assez bon pour nous, qui ne descend pas de l’Horeb avec les Tables de la Loi, mais du Chimboraço, avec un album dans sa poche !
Son passé, son ancienne élévation ministérielle, ses relations de monde et d’école, son titre littéraire d’académicien, tout, jusqu’à sa position de vaincu politique, — car, en France, c’est parfois une assez belle position que celle-là, — facilite merveilleusement la diffusion actuelle de ses idées et de ses écrits.
Fils de l’Université qui n’a pas oublié Stanislas, c’est un normalien et un cousiniste, et, s’il est chrétien, comme je le crois, et comme quelques-uns de ses premiers écrits14 autorisent à le croire, c’est un chrétien qui derrière sa foi a sa métaphysique, comme derrière un salon dans lequel on vit peu, on a un cabinet de travail dans lequel on se tient toujours… À un homme de cette préoccupation philosophique, de cette culture, de ce goût affiné et sûr, Dieu sait l’effet que je dois produire avec mon sens littéraire ardent et violent plutôt que réglé, et mon catholicisme brutal, qui a tout avalé des philosophies qui me grignotaient l’esprit avant que Brucker m’eût ramené à cette religion de mon intelligence et de mon âme !
Roger de Beauvoir, qui est de ce temps, qui a le malheur peut-être d’être trop littéraire pour un poète, M.
Ce sont, à coup sûr, les plus belles horreurs littéraires qu’on ait écrites depuis Les Fleurs du mal de Baudelaire.
ce Boucher et ce Fragonard littéraire a des pages terribles, que je signalerai quand je m’occuperai de son œuvre entière… Quant aux femmes qui ne tombent pas, et qui semblent nées tombées, tant leur innocence dure peu et se perd dans les lointains !
Doué de facultés très-dramatiques, sachant s’effacer, cette chose difficile, car l’esprit est égoïste comme le cœur, et ne procédant nullement à la manière des romanciers contemporains, qui entassent les descriptions, les paysages et les portraits, dans une ivresse de plastique qui est une maladie littéraire du temps, M. de La Madelène ne fait guères de portraits qu’en quelques traits, quand il en fait, et chez lui, c’est l’action et le dialogue qui peignent le personnage, le dialogue surtout, que M. de La Madelène a élevé à un rare degré de perfection.
Vous allez entrer dans les Misérables littéraires.
Cet homme pour qui le monde intérieur existe n’a rien d’un daguerréotype littéraire à la Gautier, ni d’un touriste à la Stendhal. […] Et il y avait là peut-être une œuvre à accomplir, un milieu à féconder, une bataille littéraire et morale à mener, les pages blanches, large ouvertes, d’une saine activité. […] Que leur dialogue fût ou non platonicien, si Amiel eût été, dans son Journal, moins occupé de lui, et si, en vrai Genevois antithéâtral, le sens du dialogue littéraire ne lui eût manqué, il se fût employé à en conserver une trace précise et suivie. […] Mais regardons maintenant l’autre secteur du monde littéraire, la jeune Genève brillante et vive, point embarrassée de théologie, qui a pris plus ou moins la succession de Töpffer. […] Ainsi se recrutait le bataillon des Amiélines, où Céleste-Vitaline allait gagner des grades, puisque, sous le nom de Berthe Vadier, dont elle étiqueta dans la suite une méritante production littéraire, elle écrira, après la mort d’Amiel, sa première biographie.
Quoi qu’il en soit de ces réserves purement littéraires, par son moment, par ses prévisions et ses vœux si nettement exposés, par la justesse et la gravité des raisons produites, non moins que par la générosité de son inspiration, la brochure de Camille Jordan appartient tout à fait à l’histoire. […] Mon cœur en a tout à fait besoin. » Camille Jordan, un peu trop absorbé dans les joies et les soucis de la famille, trop loin du centre, n’ayant pas à Lyon ses vrais juges, même parmi ses confrères de l’Académie, un peu trop abondant dans les matières qu’il traitait devant eux, comme il arrive d’ordinaire quand on n’a pas en vue une publicité immédiate, Camille ne tint pas assez compte des judicieux conseils littéraires de Mme de Staël, et toute cette partie de sa vie qui se rapporte à la période de l’empire a pu paraître de loin non occupée : elle est restée comme enfouie dans les registres de l’Académie de Lyon. […] « Ce 20 août (1816), Coppet. » Le retour à Paris annoncé comme prochain fut retardé par l’état de santé de M. de Rocca, et c’est de Coppet encore que, sur la nouvelle de son élection, Mme de Staël écrivait à Camille en l’exhortant vivement de reprendre la vie politique comme elle l’avait précédemment convié à la gloire littéraire « Coppet, ce 12 septembre 1816. […] L’auteur y passe en revue presque tous les orateurs qui se sont fait un nom dans nos assemblées délibérantes : il a cherché à déterminer le genre et le degré de leur mérite littéraire.
Alors, bien en dehors de toutes ces préoccupations littéraires et ne s’y rattachant en rien, tout d’un coup un toit, un reflet de soleil sur une pierre, l’odeur d’un chemin me faisaient arrêter par un plaisir particulier qu’ils me donnaient, et aussi parce qu’ils avaient l’air de cacher au-delà de ce que je voyais, quelque chose qu’ils m’invitaient à venir prendre et que malgré mes efforts je n’arrivais pas à découvrir. […] Et ce souvenir, cette persuasion vont en se fortifiant en lui à mesure qu’il réussit à se donner à lui-même l’objectivité littéraire, à se changer en une œuvre, comme si d’être assuré au moins de cette réalité, ressemblante mais extérieure à lui-même, lui donnait de plus en plus de force pour regarder en face la grande illusion que sont êtres et gens. […] Tout l’art littéraire ne lui paraît qu’un moyen de l’en extraire. […] Le problème littéraire devient ainsi pour Proust étonnamment voisin de ce qu’est le problème psychologique pour Freud : il devient celui de reconstituer l’intégrité d’une vie psychique, de combler les lacunes de la mémoire, de rendre l’existence aux petites perceptions frappées d’oubli. […] Je maintiens par conséquent que son œuvre a non seulement une extraordinaire valeur en soi, mais qu’elle ouvre, comme celle de Freud d’ailleurs (dont c’est peut-être, il faut le dire, en même temps que le principal, le seul mérite), qu’elle ouvre une voie nouvelle, une direction nouvelle à la psychologie, j’entends à la psychologie romanesque et littéraire.
ittré ne rentre pas dans l’ordre d’idées plus expressément littéraires que nous recherchons), on peut se demander quelle œuvre s’est produite en France qui mette l’antiquité grecque de pair avec le mouvement moderne et qui la fasse circuler. […] Il y aurait eu moyen sans doute de tirer des cent vingt-neuf épigrammes ou petites pièces restantes de Méléagre d’autres gracieux détails et des considérations littéraires plus approfondies, plus sûres ; j’en ai dit assez du moins pour faire entrevoir l’espèce d’imagination et de sensibilité, de subtilité passionnée et de vif agrément encore, d’un poëte qui en représente pour nous beaucoup d’autres.
C’est un de ces mystères littéraires qu’il n’est pas moins curieux de sonder que le mystère de Laure pour Pétrarque ou de Béatrice pour Dante. […] L’homme de génie purement littéraire, qui n’a pour œuvre que de sentir, de penser et de reproduire ses sentiments et ses pensées par la parole, peut concentrer toute sa force intellectuelle dans le siége inconnu de l’intelligence, et n’offrir aux yeux, sur son visage, que le miroir lucide et presque immatériel de sa pensée, la force de son âme est souvent attestée par la délicatesse et par l’immatérialité de son corps, la matière n’est qu’un poids pour lui ; plus son intelligence s’en affranchit, plus elle est intellectuelle.
Rien du catholicisme littéraire de Chateaubriand ; très peu même de celui de Baudelaire ou de Barbey d’Aurevilly, purs artistes qui ne concluent point par des actes. […] Tel autre, dessinant à grands traits impérieux l’histoire des idées ou l’histoire des formes littéraires, semble toujours écrire contre quelqu’un ou quelque chose et, même avant d’être moraliste, est invinciblement orateur et « dialecticien. » Faguet est un « logicien », et de quelle puissance !
Il ne pouvait tolérer longtemps une forme littéraire restrictive de l’action et du fol instinct, et qui, en régularisant avec rigueur l’expression de l’idée, arrête l’élan du cœur pour le discipliner à de traditionnels mouvements. […] Mais il s’en faut que les poèmes fussent pour ce plaidoyer un argument convaincant, — du moins d’après ce qu’affirment les revues littéraires d’alors, car je n’ai pu me procurer ce petit volume.
Népomucène Lemercier essaya de retremper la tragédie dans l’étude de l’art grec, et de la rendre plus forte en la rendant plus savante et plus littéraire. […] Le succès de Roméo et Juliette, représenté en 1772, fut un des derniers chagrins littéraires de Voltaire.
Mais elle est plus dans le sens de sa propre nature et de son goût, lorsqu’à l’occasion du miracle ou prétendu miracle de la Sainte-Épine, dont Port-Royal était si glorieux, elle engage la même Mlle Pascal, devenue la sœur Euphémie, à le célébrer en vers : et elle fut grondée pour avoir pris sur elle de lui donner ce conseil à demi littéraire et profane.
En effet, à chaque époque littéraire, il y a, dans l’atmosphère spirituelle pour ainsi dire, des éléments subtils et comme dissous que chaque génération naissante respire avec l’air même, qu’elle s’incorpore, et que chacun ensuite exhale plus ou moins à la première production juvénile.
c’est un type romain, et vous avez beau le trouver charmant et ne pas vous lasser de l’aller entendre, de lui faire des compliments dans sa langue et de recevoir les siens, gardez-vous de lui dire que la critique littéraire est jusqu’à un certain point une branche de la philosophie et de la critique historique ; que le divin Dante tient quelquefois du barbare (sans en être moins étonnant et moins intéressant, tant s’en faut !)
Le même manque de tact littéraire (au milieu de tant d’éclat et de puissance !)
Mais l’histoire, mais les Vies de Plutarque, que Shakespeare paraît avoir lues avec le plus grand soin, ne sont point une étude purement littéraire ; on peut y observer l’homme presque comme vivant.
Ces vérités sont littéraires, c’est-à-dire vagues ; mais nous n’en avons pas d’autres à présent en cette matière, et il faut se contenter de celles-ci, telles quelles, en attendant les chiffres de la statistique et la précision des expériences.
III Au reste, ce n’est pas la première fois qu’une coalition d’inimitiés littéraires ou politiques ressasse ces griefs, et qu’elle me reproche tantôt mon opulence, tantôt ma médiocrité ; j’y suis accoutumé, je pourrais dire, j’y suis bronzé.
Tel est son mérite fondamental, plus grand, plus important qu’un mérite littéraire qui, dans le train des choses, importe toujours assez peu !
… Esprit léger chez une nation légère, il en était le type littéraire élevé à sa plus haute puissance.
Il est littéraire, et, quoique professeur, sa littérature n’est pas pédante.
Consultons l’histoire littéraire moderne.
Ce combat littéraire partagea Rome ; chacun prenait parti pour ou contre, et les vertus de Caton, le plus grand homme de son siècle, n’étaient plus qu’un vain sujet de conversation dans une ville corrompue et esclave.
à la vue de l’arc-en-ciel, ne croyez pas que cette exclamation soit autre chose qu’une exclamation littéraire. […] Ils approuvent ou condamnent les œuvres littéraires de la manière la plus arbitraire en vertu de ce mot, dont ils seraient souvent fort embarrassés de donner une définition. […] voilà ce que Goethe pensait réellement sur la nature de la poésie et de l’art ; bonne ou mauvaise, voilà sa doctrine littéraire. […] quelle absence complète de vanité littéraire et de rivalité de métier ! […] Je voudrais les transcrire sans aucune mise en scène littéraire, comme un naturaliste décrit une plante inconnue ou comme un médecin décrit une maladie, sèchement, avec méthode et précision.
On constate sa présence, et son succès à Rouen, ville très littéraire aîors, Lyon, Grenoble, Montpellier, Béziers, Pézenas. […] Il n’est pas très probable que le propos ait été tenu, qu’une petite pièce d’un auteur de peu d’autorité encore ait tout de suite été considérée comme une révolution littéraire. […] Du reste il n’est pas probable ; mais le rapprochement s’impose à un professeur de littérature et qui ne le ferait perdrait son titre de professeur d’histoire littéraire. […] Avant d’analyser, du mieux que nous pourrons faire, son génie dramatique, rendons-nous compte des idées littéraires générales qui présidaient en quelque sorte à son travail et de la façon dont il envisageait son art. […] Leur point lumineux, sur lequel elles s’hypnotisent, c’est l’Hôtel de Rambouillet et la société mondaine, élégante et littéraire, qui circule autour de lui.
L’Année littéraire, parlant d’Aïssé au sujet de cette publication, disait : « Elle se fit aimer de tout le monde ; malheureusement tout autour d’elle respirait la volupté. […] Lettres historiques, politiques, philosophiques et littéraires de lord Bolingbroke ; 3 vol. in-8°, 1808. […] Année littéraire, 1788, tome VI, page 209.
Dans les passages où Xénophon nous parle de l’oracle intérieur que s’attribuait son maître, il semble n’avoir rien ajouté à ce qu’il croyait la vérité ; mais le sérieux constant de cet esprit positif et borné permet de supposer qu’il n’a pas su distinguer dans les allusions de Socrate ce qu’il y avait de sincère et ce qu’il y avait de feint, la part du témoignage et celle de l’allégorie ; et cette distinction que Xénophon, d’ailleurs crédule et superstitieux, n’a pas su faire, Platon, idéaliste et poète, l’a volontairement dédaignée ; Platon, lui, a si bien compris l’ironie socratique qu’il l’a élevée à la hauteur d’un procédé littéraire ; il a renchéri sur Socrate ; il a greffé son ironie sur celle du maître, les mythes que lui dictait son imagination sur les mythes de l’enseignement socratique ; ce que Socrate avait, divinisé, Platon s’est gardé de le ramener à des proportions humaines ; il se serait privé par là de ressources précieuses pour la partie artistique et inspirée de ses dialogues ; tout prouve d’ailleurs qu’il professait pour la vérité historique un dédain presque absolu ; il était d’avance de l’avis d’Aristote, que « la poésie est plus philosophique que l’histoire183 » ; le fait sensible et particulier n’est pour lui qu’un fragment insignifiant du non-être ; la légende de Socrate était plus vraie, sans doute, à ses yeux, que la vie de Socrate. […] De même, l’éloignement de Socrate pour toute production littéraire est justifié dialectiquement dans le Phèdre, tandis qu’une phrase assez vague d’ailleurs, du Théétète 199, semble le rapporter à un empêchement divin. […] Les divers moments de ce processus ont été fréquemment décrits ou imités dans les œuvres littéraires ; c’est que l’observation dans la vie de chaque jour en est facile et presque toujours amusante.
Non, la critique n’a pas la prétention de tout voir, de tout savoir, de tout revoir, de tout arranger, de tout corriger, de carreler et de décarreler toutes les pièces de chaque maison Elle se contente à moins de frais ; elle se contente d’écraser, d’un mot, certaines hontes qui surgissent de temps à autre au milieu du labeur littéraire ; elle se contente d’éclairer de quelque lumière inespérée, certaines beautés très rares et très charmantes qui tout de suite attirent l’attention, la reconnaissance et les respects de ce petit nombre d’honnêtes gens que le poète appelle un public. […] Vingt ans, ce n’est pas assez pour accomplir une révolution littéraire, dans un pays comme la France, plus fidèle à ses poètes qu’à ses rois. […] Il découvrit, lui qui voyait tout, en tête d’une méchante comédie de Boursault, une dissertation littéraire et religieuse, signée d’un théatin nommé le P. […] Notez que dans la contrefaçon de Beaumarchais je n’ai pas relevé cet odieux personnage de Basile, qui n’a rien à faire dans cette intrigue d’amour, non plus que les prétentions littéraires, philosophiques et politiques de M. […] Le xviie siècle ne nous a pas laissé un plus excellent modèle de cette élégante et facile causerie, une supériorité plus que littéraire que nous avons perdue8 comme tant d’autres plaisirs de l’esprit.
Cousin a publiées récemment au complet dans ses Fragments littéraires (1843) ; j’en ai fait constamment usage dans ce portrait, mais je n’avais pas jugé que la mémoire de Mme de Longueville dût gagner à une publication complète. […] De ce qu’on cite Mme de Longueville dans des moments de pénitence, et de ce que l’on ne possède guère Mme de La Fayette que dans des écrits littéraires et romanesques, a-t-on le droit de juger de la qualité de leurs esprits par la différence des sujets ?
L’abbé Barthélemy devait étaler l’uniformité de son vernis littéraire sur la vérité des mœurs grecques. […] Il n’a pas de rôle à jouer, il n’est pas comédien. » — Sciences, beaux-arts, arts de luxe, philosophie, littérature, tout cela n’est bon qu’à efféminer et dissiper l’âme ; tout cela n’est fait que pour le petit troupeau d’insectes brillants ou bruyants qui bourdonnent au sommet de la société et sucent toute la substance publique En fait de sciences, une seule est nécessaire, celle de nos devoirs, et, sans tant de subtilité ou d’études, le sentiment intime suffit pour nous l’enseigner. — En fait d’arts, il n’y a de tolérables que ceux qui, fournissant à nos premiers besoins, nous donnent du pain pour nous nourrir, un toit pour nous abriter, un vêtement pour nous couvrir, des armes pour nous défendre En fait de vie, il n’en est qu’une saine, celle que l’on mène aux champs, sans apprêt, sans éclat, en famille, dans les occupations de la culture, sur les provisions que fournit la terre, parmi des voisins qu’on traite en égaux et des serviteurs qu’on traite en amis En fait de classes, il n’y en a qu’une respectable, celle des hommes qui travaillent, surtout celle des hommes qui travaillent de leurs mains, artisans, laboureurs, les seuls qui soient véritablement utiles, les seuls qui, rapprochés par leur condition de l’état naturel, gardent, sous une enveloppe rude, la chaleur, la bonté et la droiture des instincts primitifs Appelez donc de leur vrai nom cette élégance, ce luxe, cette urbanité, cette délicatesse littéraire, ce dévergondage philosophique que le préjugé admire comme la fleur de la vie humaine ; ils n’en sont que la moisissure.
Il résulte de tout cela des compromis bizarres, des amalgames étranges et incohérents et des déviations nouvelles, depuis le point d’honneur qui force à régler par les armes un différend littéraire ou politique, jusqu’à celui qui provoque le suicide de Vatel, jusqu’à celui qui pousse des gens naïfs à avaler, pendant que sonnent les douze coups de midi, un nombre indigeste d’œufs durs. […] Il n’y a pas bien longtemps, des auteurs de talents divers et d’une estimable conscience littéraire, trouvèrent, à nous les vanter, la réputation ou la célébrité.
Le 16 avril, le Figaro publiait dans son Supplément littéraire une série de lettres adressées par Wagner en 1864-65 à Mme Elise Wille, née Sloman. « Ces lettres, des plus caractéristiques, disait la rédaction du journal, éclairent d’un jour tout nouveau les rapports qui ont existé entre le roi Louis II et le musicien. » Il y avait dix lettres, formant en tout deux colonnes de journal. […] Analyse du mouvement artistique actuel, littéraire et pictural ; place de Wagner.
Éclairés comme nous le sommes aujourd’hui par les divers accidents et régimes que nous avons traversés, j’avoue que je goûte ses Mémoires d’État, si peu agréables qu’ils soient au point de vue littéraire ; je me contente d’y trouver des maximes de grand sens.
Nous avons vu également ce qu’est l’homme de lettres dans son mélange avec le prêtre, avec celui qui se glorifiait de ce caractère sacré et qui se flattait d’en toujours porter haut la marque ; nous avons vu tout ce que cet élément trop littéraire, cette trop grande activité et cette fièvre d’écrivain, a de périlleux et de dissolvant, surtout dans un siècle sans calme, au sein d’une atmosphère échauffée où tout excite et enflamme.
Il appartient à la toute jeune et toute nouvelle génération littéraire qui salue en lui une de ses espérances.
Il est bien vrai qu’on a reculé jusqu’à présent devant une traduction littéraire et toute fidèle de l’Iliade ; il faudrait y appliquer avec esprit la méthode dont M.
Sainte-Beuve a rappelé, en les citant, les dernières lignes de cet article : « Comme un pasteur solitaire, etc. » dans une nouvelle étude, qu’il écrivit sur Jouffroy en 1831 (Portraits littéraires, tome I, page 312.) — Lire aussi sur Jouffroy, dans les Causeries du Lundi, tome VIII, l’article de 1853, intitulé : De la dernière séance de l’Académie des Sciences morales et politiques et du Discours de M.
En fait d’œuvres littéraires modernes, l’état de l’âme croyante au moyen âge a été parfaitement peint par Henri Heine dans le Pèlerinage à Kevlaar, et par Tourguenef dans les Reliques vivantes.
La préface de Cromwell, les chapitres littéraires du Génie du christianisme, les critiques de Lessing, de Schlegel sur nos classiques, sont d’excellents appuis pour l’intelligence, qui en tirera des principes pour penser autrement, et qui, pour échapper à des conclusions blessantes, apprendra à raisonner.
Il y a, dans une composition littéraire, des idées qui n’ont rien par elles-mêmes de grand ou d’intéressant, et qui sont pourtant les ressorts et comme les nerfs de tout l’ouvrage.
Ses aïeux littéraires sont les poètes de la Pléiade, les précieux du XVIIesiècle et les concettistes italiens, Guarini ou le Tasse de l’Aminta.
Ce satanisme est, en somme, un divertissement assez misérable, et il ne prête qu’à un nombre d’effets littéraires extrêmement restreint.
ce siècle admirable, où se constitue définitivement l’esprit moderne, est le siècle de la lutte de tous contre tous : luttes religieuses, luttes politiques, luttes littéraires, luttes scientifiques.
La seule conséquence que je veuille tirer de cette date récente, est toute littéraire ; elle porte sur un défaut qui affecte désormais la manière de M. de Lamartine, même à ses meilleurs moments.
Je lis dans les Anecdotes littéraires de l’abbé de Voisenon, un mot sur Hamilton, qui aurait besoin d’éclaircissement : « Le comte de Caylus, qui le voyait souvent chez sa mère, dit cet abbé, m’a certifié plus d’une fois qu’il n’était point aimable. » Se peut-il qu’Hamilton n’ait point été aimable en société, et, malgré toutes les attestations du monde, le voudra-t-on croire ?
M. de Fezensac, nourri de souvenirs littéraires, a eu le droit de mettre en tête de son écrit ces vers touchants du plus pieux des poètes antiques, de Virgile faisant parler son héros : « Iliaci cineres, et flamma extrema meorum… », ce qu’il traduit ainsi, en l’appropriant à la situation : Ô cendres d’Ilion !
Quelle que fût la faible orthodoxie d’un tel écrivain et le peu de respect attaché à sa vie d’audace et de licence, son nom garda le rang le plus élevé dans la tradition littéraire de la Grèce.
Mélanges littéraires Académie Parmi les modernes, ce mot se prend ordinairement pour une société ou compagnie de gens de lettres, établie pour la culture et l’avancement des arts ou des sciences. […] Éloges académiques Ce sont ceux qu’on prononce dans les Académies et Sociétés littéraires, à l’honneur des membres qu’elles ont perdus. […] Ces réflexions, séparées des faits ou entremêlées avec eux, auront pour objet le caractère d’esprit de l’auteur, l’espèce et le degré de ses talents, de ses lumières et de ses connaissances, le contraste ou l’accord de ses écrits et de ses mœurs, de son cœur et de son esprit, et surtout le caractère de ses ouvrages, leur degré de mérite, ce qu’ils renferment de neuf ou de singulier, le point de perfection ou l’académicien avait trouvé la matière qu’il a traitée, et le point de perfection où il l’a laissée ; en un mot, l’analyse raisonnée des écrits ; car c’est aux ouvrages qu’il faut principalement s’attacher dans un éloge académique : se borner à peindre la personne, même avec les couleurs les plus avantageuses, ce serait faire une satire indirecte de l’auteur et de sa compagnie ; ce serait supposer que l’académicien était sans talents, et qu’il n’a été reçu qu’à titre d’honnête homme, titre très estimable pour la société, mais insuffisant pour une compagnie littéraire. […] Cette place est donc celle qu’il est le plus important de bien remplir, pour l’avantage et pour l’honneur d’un corps littéraire.
On a beaucoup écrit dernièrement contre la direction littéraire que l’auteur a suivie dans cet ouvrage. […] On doit encore à l’auteur quelques autres nouvelles et plusieurs pièces de théâtre qui ont été accueillies avec faveur ; mais les Récits d’un Chasseur sont toujours le plus beau fleuron de sa couronne littéraire, et jusqu’à présent, je le répète, aucun écrivain n’a dépeint le paysan russe avec plus de talent et de vérité. […] Un peuple littéraire qui commence par le naturel et qui sait se rendre intéressant est bien sûr d’arriver au sublime ; il ne lui faut que du temps.
19 mars Un garçon qui veut faire notre portrait littéraire, nous a écrit pour nous voir. […] Et involontairement, pendant qu’il parlait, nous pensions comme un seul article d’une plume amère et vraie, un coup d’épingle de sincère honnête homme dégonflerait ce ballon de blague d’un martyr à trente mille francs de traitement, — un article où l’on rappellerait que, seul parmi, les lettrés, ce Sainte-Beuve a été l’écrivain qui, en 1852, pendant la terreur blanche de l’écriture littéraire, lors de notre poursuite en police correctionnelle, lors de la poursuite de Flaubert, en ce temps du silence, de la servitude universelle, a été, on peut le dire, le souteneur autorisé du régime. […] 3 septembre Entre nous deux, il n’y a pas d’autre froissement, d’autre choc de nervosité agacée, que ceux produits par l’angoisse souvent désespérée de la carrière littéraire et de la production du livre.
Très apprécié et très aimé dans le petit monde des poètes, il n’était pas encore très connu du public, bien qu’il écrivît depuis un an, au Parti national, de très élégantes et pénétrantes chroniques sur les choses littéraires. […] Les vipères que j’ai comme tout le monde dans le cœur, vanité littéraire, ambition, jalousie, soucis, désirs et passions de toute sorte, s’étaient parfaitement assoupies. […] J’aime mieux vous le dire tout de suite, car enfin une paysanne exquise comme vous êtes, et qui n’a jamais tenu de salon littéraire, n’est vraiment pas obligée, à ce jeu-là, de deviner à tous coups. […] À propos d’Académie, je vais vous dire une découverte littéraire que j’ai faite tout dernièrement. […] Il serait bien difficile de nourrir ici un amour-propre littéraire démesuré.
Quatrièmement, il est intéressant de voir comment Fourcaud décrit les instruments de l’orchestre : « une épigramme des clarinettes, une médisance des bassons, une bouffonnerie des tubas, une facétie des cors en sourdine »… Le jeu des instruments, leurs caractéristiques expressives, la recherche des correspondances se manifeste ici dans des termes littéraires. […] Wilder entre dans le détail des sources littéraires et historiques utilisées par Wagner pour Les Maîtres chanteurs.
Cependant il nous demeure admirable, non moins que les dix volumes des écrits théoriques : car il nous donne les menues pensées intimes de Wagner, ouvertement, sans nulle préparation littéraire. […] Il s’adresse à la fois au poète et au critique, au public musical et au public littéraire.
La chronique de Villehardouin, à sa manière et dans sa rudesse, rouvrait donc une ère littéraire de l’histoire.
On lit même dans l’historien littéraire de la Bourgogne, Papillon, une anecdote presque gaillarde que je donne pour ce qu’elle vaut, mais qui concorde pour le fond avec le témoignage de Saumaise : Jeannin (selon un recueil manuscrit cité par Papillon) étant revenu à Bourges pour la seconde fois et étant allé avec ses anciens camarades voir le sieur Cujas incognito, Cujas ne laissa pas de le reconnaître, quelque soin qu’il prît de se déguiser, et, s’étant jeté à son cou, il commença à lui dire : « Est-ce toi, Romorantin ?
J’ai remarqué plus d’une jolie anecdote, une entre autres, toute littéraire, qui montre que ce n’est pas seulement de nos jours que l’ironie s’est glissée sous un air d’éloge dans le discours d’un directeur de l’Académie française recevant un nouveau confrère.
On vécut là-dessus, et les corrections littéraires du chevalier, ajoutées aux suppressions et aux retranchements que Mme de Simiane avait cru devoir faire en vue de la morale et de la société, eurent force de loi.
quand on sort de cette lecture, et qu’une larme involontaire due à toute émotion sublime mouille la paupière, que nos guerres de plume et nos zizanies littéraires nous semblent à bon droit petites, misérables ; qu’on les voudrait ennoblir ou plutôt effacer !
Il a besoin de clarté, d’idées rassérénantes, et il faut pour cela qu’il se tourne vers ces époques artistiques et littéraires, pendant lesquelles les hommes supérieurs, étant arrivés à un développement parfait, se sentaient bien avec eux-mêmes et pouvaient verser dans les âmes la félicité que leur donnait leur science. » Il fallut Walter Scott, son Ivanhoë et tant de délicieux romans, pour le réconcilier, un moment du moins, avec ces temps anciens et durs : nos essais français en ce genre n’y auraient réussi qu’imparfaitement.
On comprend, on peut mesurer par la scène de notre Mystère le progrès, non littéraire, tout moral, que l’humanité avait fait depuis lors dans la manière de concevoir la pitié chez un dieu.
Frédéric Baudry, à qui nous devons ce volume, est lui-même un érudit et un savant très-distingué en plus d’un genre, et cette application qu’il a mise, en fidèle Normand, à éditer ce Journal d’un ancien intendant de Normandie, ne doit être comptée dans sa carrière littéraire que pour un accident et presque un hors-d’œuvre.
Il a par lui-même une valeur d’écrivain et du mérite littéraire.
Ce sentiment ne prit point corps ni figure : Maurice, pauvre et n’ayant rien à offrir, alla à Paris suivre ses études, s’attacha à M. de Lamennais, le quitta, donna des leçons, essaya de la vie littéraire ; distrait et guéri, une jeune fille riche, une de ses élèves créole, se rencontra qui se prit de goût pour lui ; il se maria pour mourir presque aussitôt.
Après être remonté jusqu’à l’aïeul et bisaïeul du coté de père et de mère, il a suivi Racine pas à pas dès sa naissance, dès son enfance, l’a accompagné dans le cours de ses études, l’a épié et surpris dans ses premiers divertissements, a insisté (et même avec surcroît) sur ses moindres relations de cousinage, les premières occasions prochaines de sa dissipation, et n’a rien laissé passer de vague ni d’indécis, pas plus dans sa vie de famille que dans sa carrière poétique : il a tiré à clair les amours de théâtre et les querelles littéraires.
Pour lui son idéal de félicité publique était là, en deçà de 89, et non pas ailleurs, aussi bien que son idéal littéraire.
Il avait escamoté sa réception ; mais il avait manqué, après l’avoir recherchée, cette bonne fortune unique et cette occasion de « popularité littéraire ».
Marie-Joseph Chénier n’a pas craint d’appeler cet ouvrage a un monument de gloire littéraire où tous les charmes du style embellissent les idées philosophiques. » Il ne se pouvait de plus digne testament de cette féconde et illustre législature.
Les deux ou trois passages qui ont été donnés dans mon ouvrage de Chateaubriand et son Groupe littéraire, 14eleçon, tome I, pages 351-353, se retrouveront ici à leur place et avec plus d’exactitude : « Note commencée au printemps de 1810, continuée en 1817 ou 1818, etc.
Cette publication littéraire amena un petit incident diplomatique, un cas d’étiquette que je ne veux pas omettre ; et, puisque je suis aux sources officielles, voici in extenso la grave dépêche du ministre plénipotentiaire, Sabatier de Cabre, au comte de Vergennes (2 janvier 1782) : « M.
Fréron, rendant compte des Mémoires dans son Année littéraire 256, a très-bien remarqué qu’on peut lui appliquer à elle-même ce qu’elle a dit de la duchesse du Maine : « Son esprit n’emploie ni tours, ni figures, ni rien de tout ce qui s’appelle invention.
La Fontaine Si l’on veut se rendre compte des restrictions que comporte la théorie des milieux, de l’effrayant inconnu que nulle détermination scientifique des œuvres littéraires ne peut réduire, il ne faut que considérer les deux plus purs poètes de notre xviie siècle : La Fontaine et Racine.
En novembre 1882, tous deux viennent à Paris achever leurs études, sans rien abandonner de leurs ambitions littéraires.
Avocat à la cour d’appel, il poursuivit en même temps sa carrière littéraire.
Ces répétitions, peu justifiables dans une œuvre littéraire, me paraissent utiles ici ; elles permettent de mieux voir les aspects divers des questions.
Le succès de son Caprice a fait honneur, je ne crains pas de le dire, au public, et a montré qu’il y a encore de l’émotion littéraire délicate pour qui sait la réveiller.
Enfin le possesseur de cette curieuse intelligence, il faut le figurer jeté dès sa jeunesse, avec son frère et son semblable, dans les remous de la vie parisienne, promenant l’aigu de son observation, la délicate nervosité de son humeur, dans le monde des petits journaux, des cafés littéraires, des ateliers, dans les grands salons de l’empire, habitant aujourd’hui une maison constellée de kakémonos et rosée de sanguines, le cerveau nourri par une immense et diverse lecture : à la fois érudit, artiste et voyageur, au fait de l’esprit des boulevards, de celui de Heine et de celui de Rivarol, instruit des très hautes spéculations de la science, l’on aura ainsi la vision peut-être exacte, en ses parties et son tout, de cet artiste divers, fuyant exquis, spirituel, poignant, solide l’auteur des livres les plus excitants et les plus suggestifs de cette fin de siècle.
Elle est un chapitre des sciences historiques, comme l’histoire littéraire, l’histoire des beaux-arts, l’histoire des religions.
Il en est d’autres encore qu’on appelle stipendia ; car, en tout, on a cherché à décorer l’éducation publique et littéraire de termes militaires : ce sont des pensions plus ou moins fortes qu’on paye aux étudiants pendant les années de l’université, afin de les aider à subvenir aux frais de leur séjour et de leurs études.
Je crois bien qu’il est le seul aujourd’hui à représenter un type complet de critique esthétique, à qui sont familières chacune des trois branches de l’art, plastique, littéraire et musicale, et qui sait constamment les réunir par des lianes souples d’idées générales.
Il s’y trouve bien et y fait de passables études, purement littéraires, et à l’ancienne mode. […] Aujourd’hui, en effet, la critique est, le plus souvent, une muse un peu dédaigneuse, uniquement préoccupée d’idées générales, qui considère les livres de très haut et qui n’en retient que ce qui peut servir d’argument à telle théorie esthétique ou s’adapter à telle interprétation évolutionniste d’une période littéraire. […] Avant d’assigner aux œuvres leur place dans l’histoire du développement des idées ou des formes littéraires, il n’est peut-être pas superflu de s’assurer que ces œuvres « existent », d’en expliquer et d’en démontrer, s’il se peut, l’excellence ; et ainsi le bon professeur de rhétorique prépare modestement les voies au critique transcendant. […] Or, il est certain que Victor Hugo, par exemple comme Lucain, comme Juvénal, comme Claudien, encore qu’avec beaucoup plus de génie fatigue assez souvent et accable l’esprit par un éclat trop dur, par des saillies trop vigoureusement éclairées, par trop de perfection dans l’agencement du style, trop de justesse dans les jointures des phrases, trop d’exactitude dans les comparaisons, trop d’ordre et de symétrie dans la composition des morceaux, trop de « beautés » d’un caractère un peu étroitement « littéraire » et prévu par les Traités de rhétorique ; et qu’enfin, il y a trop de Boileau dans Victor Hugo, même dans le prodigieux versificateur des Contemplations et de la Légende des siècles. […] Car, de ramasser dans une seule formule les traits que j’ai notés chemin faisant, c’est à quoi je renonce ; soit que l’effort m’en paraisse trop grand ; soit crainte d’altérer ces traits par l’assemblage même que j’en essayerais ; soit peur de répéter encore des choses déjà dites plusieurs fois Et, quant à le « situer » dans notre histoire littéraire, à dire d’où il sort et ce qui procède de lui, la difficulté que j’y pressens m’avertit que je ferais là une besogne purement spécieuse et que, si peut-être tous les grands poètes sont « à part », Lamartine est lui-même à part d’eux tous.
mais toutes les sociétés humaines ont laissé des preuves de la même assiduité aux travaux littéraires, sans que leur zèle produisît des résultats aussi éclatants. […] Livrons-nous donc sans crainte au plaisir de ces conférences littéraires, qui, plus d’une fois aussi profitables aux maîtres qu’à leurs disciples, furent la source de l’instruction de ceux-ci et de la renommée de ceux-là. […] Les plus graves leçons cessent de leur peser lorsqu’on y mêle l’amusement, et la plupart des personnes qui viennent assister à nos séances littéraires témoignent en faveur de cette vérité par leur assiduité même. […] C’est ce même courage qui nous a conquis nos couronnes civiques et littéraires. […] Cette satire des prix littéraires est le fonds d’une comédie intitulée du nom de l’un de ses chœurs que forment les Grenouilles : grotesque parodie des clameurs et des murmures de tous les barbouilleurs de vers, qui sortaient de la fange et des marais de Permesse.
C’est alors aussi que la Russie prend sa place dans la famille littéraire de l’Europe, avec une saveur de l’Asie que le comte de Maistre avait respirée à Moscou et qui lui a valu en France une popularité biblique. […] On sent dans son attitude, un peu indolente, l’énergique enfant d’une race croissante, qui amuse son oisiveté à des jeux littéraires, en attendant que son pays l’appelle aux combats. […] V Il avait débuté à Pétersbourg, dans un journal littéraire, par des Essais qui firent une vive impression pendant quelque temps, qui ne furent point contrariés ni interdits par le gouvernement, mais que leur tendance plus libérale que le climat lui fit néanmoins suspendre au bout de quelques mois. […] IX Nous vous avons dit en commençant cet entretien que le jeune Tourgueneff, après avoir dépensé son adolescence en plein air et en pleins champs dans les terres de sa famille, était venu achever son éducation à Moscou, à Pétersbourg, à Berlin, et que, sollicité par une vocation puissante et naturelle, il avait publié de premiers Essais dans une revue littéraire russe, pendant qu’il faisait ses premières armes dans un corps de noblesse, à Pétersbourg.
C’est en quelque sorte l’époque littéraire de la vie de Bossuet. […] Quoique tous ses ouvrages soient composés d’après un type de perfection littéraire sur lequel il se modelait intérieurement, il y a plus de soin et de correction dans ceux qu’il écrivit de 1669 à 1687. […] C’est même un des charmes de cette lecture, qu’on ne songe guère à y faire des réserves littéraires, et qu’on est comme violemment débarrassé, dès l’abord, de ce droit si périlleux de juge que le lecteur a sur l’écrivain. […] Dès leurs premières années, le tour d’esprit de ces deux grands hommes et la direction de leurs travaux les avaient comme préparés à cette lutte qui tint pendant trois années toute la chrétienté attentive, et qui fut un des plus beaux spectacles littéraires du dix-septième siècle.
Si, dans le livre des Philosophes français, on écarte tous les accessoires, par exemple la peinture des personnages, les appréciations littéraires (souvent excellentes), les plaisanteries d’un goût équivoque, les descriptions pittoresques, toutes choses qui rendent l’ouvrage piquant et intéressant, mais qui ne touchent pas au fond des questions, on peut ramener toute la polémique de l’auteur à quatre objections principales, une par philosophe : vous avez ainsi les objections Royer-Collard, Maine de Biran, Cousin — et enfin l’objection Jouffroy. […] Taine nous passons à sa philosophie littéraire, il est impossible de ne pas voir à quel point cette philosophie est, comme on disait autrefois, sensualiste, et combien peu hégélienne. […] Taine avait d’abord proposé un critérium littéraire qu’il mettait à l’abri du nom de Spinoza : c’était ce qu’il appelait la faculté maîtresse. […] C’est dans la philosophie appliquée que l’un et l’autre écrivains ont déployé tout leur talent, l’un dans la critique littéraire, dont il essaie de faire une science, l’autre dans l’histoire religieuse.
Et enfin, en 1824 encore dans les Opinions littéraires, le système s’étend. […] Il faut reconnaître qu’il est précurseur, l’aristocratisme en moins, et par suite le respect de la propriété en moins, il deviendra le socialisme le plus répandu peut-être vers le milieu de ce siècle ; il sera le socialisme littéraire, qui a fleuri, ou sévi, comme on voudra, dans les environs de 1848. […] Il se dirigeait d’instinct vers les penseurs un peu abstraits, quelquefois excentriques, et se laissait peu aller aux engouements littéraires d’alentour. […] Elle fut plus qu’une mode littéraire. […] La seconde tendance était plus dangereuse ; mais un critique littéraire ne peut en vouloir à Ballanche d’avoir eu une certaine influence sur des hommes, qui, poètes autant qu’historiens, ont donné à l’histoire la grâce captivante, l’intérêt passionné et la grandeur mystérieuse des plus beaux poèmes.
L’éducation est notre sauve-garde & peut seule nous garantir de ce danger : or elle manquoit dans ces temps barbares ; il n’est donc pas surprenant que les fables & les contes les plus absurdes aient été préférés à la vérité, l’ignorance y conduisoit, le supposoit, l’exigeoit ; au lieu que chez les Grecs & les Romains, les Fables, ou plutôt les Apologues moraux, étoient le fruit d’une imagination brillante, de la politesse & de l’érudition, comme l’ont judicieusement remarqué les Auteurs de l’Histoire Littéraire de la France(*). […] Ce n’est donc point dans ces cotteries Littéraires, auxquelles l’envie, la malignité & la jalousie président tour-à-tour ; moins encore dans ces cercles brillans, que la curiosité, le désœuvrement & l’ennui rassemblent, dont le bel-esprit & la frivolité sont les Divinités tutélaires, où l’on parle beaucoup sans rien dire, & où l’on juge de tout sans rien savoir, où la fatuité daigne à peine écouter, où la prétention élève la voix, où la sottise s’extasie, & la minauderie décide en faisant des nœuds ; c’est dans le silence du cabinet, qu’un Auteur, jaloux de sa renommée, doit chercher un Aristarque. […] Rigoley de Juvigny avec des remarques critiques historiques & littéraires.
Plus tard, il lui présenta son ami le docte Huet, qui devint aussi pour elle un conseiller littéraire. […] Or, Mme de La Fayette était le conseil de Madame en toutes ces choses de l’esprit ; son influence littéraire, à ce moment décisif, dut être très-directe et des plus puissantes.
Sur ce point, mon cher enfant, je ne te crois pas forte ; ta tête est vive, ton caractère décidé : je ne te crois pas capable de te mordre les lèvres lorsque tu es tentée de faire une petite parade littéraire. […] C’était pour cette cour une décoration littéraire qu’elle ne pouvait négliger sans honte, mais ce n’était pas une force qu’elle pût employer sans défiance.
« Pour connaître l’eau », disent les Persans, « il faut remonter à la source. » Pour se rendre compte du génie littéraire et des sophismes sociaux de J. […] Il s’attache à la fortune et à la personne de cette charmante protectrice ; elle l’emmène avec elle à Chambéry dans la retraite délicieusement occupée des Charmettes ; elle y achève l’éducation littéraire de son protégé.
L’ordre des matières, qui est le fil dans le labyrinthe, n’en sera toutefois brisé qu’en apparence pour l’ouvrage tout entier ; car nous aurons soin de ne point entrecroiser, dans le même entretien, des sujets appartenant à des temps, à des nations, à des auteurs différents, ce qui jetterait la confusion dans l’ouvrage, mais de consacrer chaque entretien tout entier ou plusieurs entretiens à un seul et même sujet ; nous placerons en tête ou en marge de chacun des entretiens l’époque à laquelle il se rapporte, en sorte qu’à la fin du Cours chacun des lecteurs pourra, en faisant relier ensemble les livraisons, rétablir sans peine l’ordre chronologique, interverti un moment pour la liberté et pour l’agrément de la conversation littéraire. […] Quelle main assez minutieuse et assez sûre peut faire ce triage et cette répartition de genres, de manière à en faire la base absolue d’une classification méthodique des œuvres littéraires de l’esprit humain ?
On pourrait, à son exemple, indiquer aussi les caractères littéraires, politiques et religieux exclusivement propres aux nations du Nord. […] Tel fut l’état philosophique, religieux, littéraire et politique de cette seconde époque.
Nous supplions seulement qu’on ne l’imite pas, et qu’on n’aille pas faire un genre littéraire, une école, de ce qui, chez le libre amateur genevois, a été précisément l’absence d’école et une inspiration forte et combinée.
Il était atteint de ce mal particulier que nous avons vu à certains amours-propres pointilleux de notre temps82 et qu’on a appelé le rhumatisme littéraire : « Je n’ai vu de mes jours à cet égard, nous dit Collé, personne d’aussi chatouilleux que lui ; il fallait le louer et caresser continuellement comme une jolie femme. » Les portraits de Marivaux nous le représentent avec la physionomie fine, spirituelle, bienveillante, mais inquiète et travaillée.
Je rougis presque de hasarder ce doute littéraire à l’occasion d’une belle pensée morale.
Il aurait dû tenir bon quelques années encore, rentrer en France en 1814 ou peu auparavant, ne mourir comme Suard qu’en 1817, à quatre-vingt-un ans ; il aurait eu sa restauration avec Louis XVIII ; sa réputation littéraire, interrompue par la Révolution, aurait repris, lui présent, son rang et son cours ; il aurait été de l’Académie enfin, où sa place était marquée, et dont il ne fut que par son élève, le duc de Lévis.
Mais ce qui pour moi n’est pas moins sûr, c’est que l’illustre biographe traite ici l’histoire littéraire absolument comme on traite l’histoire dans un roman historique : on invente légèrement le personnage là où le renseignement fait défaut et où l’intérêt dramatique l’exige.
Je touche à un défaut littéraire grave dans la manière de Vicq d’Azyr : son goût n’est pas toujours très sévère, ni très sain ; il sacrifie à la fausse sensibilité.
Il eut les premiers penchants très littéraires ; il composa des tragédies qu’il montra au comédien Lanoue.
Ce besoin qu’il avait de l’entretien habituel d’un homme instruit, fait honneur à Dangeau et nous est un témoignage de plus de ses goûts littéraires.
Mesnard et en voyant un magistrat éminent et un homme politique aussi distingué profiter de quelques moments de loisir pour traduire Dante comme autrefois l’on traduisait Horace, ma première pensée a été de me dire qu’il avait dû se passer en France toute une révolution littéraire, et qu’un grand travail s’était fait dans les portions les plus sérieuses de la culture intellectuelle et du goût.
Thiers craint avant tout de pousser au tableau, à la couleur, au relief, à tout ce qui se détache et qui vise à un effet littéraire ou dramatique.
La vie de Guérin, qui fut tout entière dans les luttes et les orages du rêve intérieur, n’est marquée par aucun événement, même littéraire ; il ne pensa jamais à rien publier.
Steinlen, concentrant dans cette carrière littéraire toutes les forces de son esprit, il y aurait conquis une place bien autrement distinguée qu’il ne put le faire dans la suite » ; car il glissa dans la littérature plus qu’il n’y marqua.
Mais s’il devait s’affranchir par l’intelligence, il appartenait bien radicalement à ce monde de La Chênaie par la sensibilité, par les impressions profondes, par les premiers et sincères témoignages du talent : tellement que, dans la perspective littéraire du passé, il s’y vient placer comme une figure dans son cadre, en s’en détachant ; il en est et en demeurera dans l’avenir le paysagiste, le peintre, le véritable poète.
Après cela, je ne veux pas exagérer le mérite littéraire du morceau.
L’auteur y parle de sa jeunesse, de sa première éducation, de son entrée dans le monde, de ses débuts littéraires, sitôt suivis de ses débuts politiques en 1814 ; de ce voyage à Gand, qui lui fut tant reproché, et qui n’était pas un tort, mais qui devint un embarras ; de sa carrière durant la seconde Restauration, carrière de publiciste, d’historien, de professeur, toujours à côté et en vue de la politique.
., font les frais, il n’y avait en France aucune de ces suites mémorables comme celle que Fontenelle avait donnée sur la vie et les mœurs des Savants, et qui établissent un genre littéraire nouveau.
Les Évangélistes, pas plus que le grand apôtre saint Paul, ne sont le moins du monde des écrivains parfaits, précis, observant la liaison des idées et soucieux de ce qu’on peut appeler la clarté littéraire ; prenons-les tels quels, comme Jésus les a pris ; je ne m’attache qu’au souffle général dans ces paroles plus ou moins complètement recueillies : qui pourrait, en les lisant, ne pas le sentir circuler à travers ?
Ici, comme il arrive souvent dans les genres littéraires, c’est l’arrière-saison qui nous a laissé le fruit le plus savoureux.
C’est là qu’en 1777 le comte Victor Alfieri, âgé de vingt-huit ans et dans toute l’énergie d’une nature âpre et sauvage, rencontra celle dont le doux regard le dompta, et auprès de laquelle il trouva enfin, dit-il, « dans des chaînes d’or dont il se lia volontairement lui-même », cette liberté littéraire sans laquelle il n’aurait jamais rien fait qui pût illustrer son nom.
Viollet-Le-Duc qui ne sont pas trop spéciaux, j’ai pensé qu’il y avait lieu de profiter d’une circonstance qui le met tout d’un coup en vue et en contact avec le public pour expliquer à ceux qui le connaissent moins, quel il est, et l’ordre d’idées qu’il représente dans l’art, dans l’histoire et l’érudition littéraire.
Il n’est point, par goût, littéraire ni profane.
Mais, on le conçoit, et même chez un esprit que les succès littéraires ne préoccupaient point, même pour le seul penseur, il y eut, il dut y avoir des tristesses intimes et profondes, de grandes défaillances morales, de voir ainsi l’œuvre de sa vie compromise et découronnée, de se sentir arriver au public tout haché et morcelé, lui qui précisément avait la conception une et entière ; d’assister au développement et au plein succès d’une autre vue que la sienne, et que naturellement il estimait moins exacte et moins vraie, sur cette grande époque et sur l’homme étonnant qui la personnifie.
Nous nous bornerons à examiner le Napoléon, comme poëme, comme épopée littéraire.
. — C’est que, sans doute, dans la tragédie telle qu’il la concevait, Racine n’avait nullement besoin de ce franc et libre langage ; c’est que les Plaideurs ne furent jamais qu’une débauche de table, un accident de cabaret dans sa vie littéraire ; c’est que d’invincibles préjugés s’opposent toujours à ces fusions si simples que combine à son aise la critique après deux siècles.
La reine ne pouvait se passer d’un nécessaire de voyage, et il a fallu en fabriquer un énorme qui contient tous les meubles imaginables, depuis une bassinoire jusqu’à une écuelle d’argent ; outre cela, d’autres caisses et, comme s’il n’y avait pas de chemises à Bruxelles, un trousseau complet pour elle et ses enfants320 La dévotion étroite, l’humanité quand même, la frivolité du petit esprit littéraire, l’urbanité gracieuse, l’ignorance foncière321, la nullité ou la rigidité de l’intelligence et de la volonté sont encore plus grandes chez les princes que chez les nobles Contre l’émeute sauvage et grondante, tous sont impuissants.
. — Au point de vue de la perception extérieure, elles ont toutes pour condition l’intégrité et le renouvellement du système nerveux dont elles sont l’action propre, et les êtres plus ou moins étroitement associés qu’elles constituent, quels qu’ils soient au point de vue de la conscience, de quelque nom que l’illusion métaphysique ou littéraire les habille, sont assujettis à la même condition.
Nous pourrons alors entrer dans le récit, en tailler toutes les parties, émonder le luxe littéraire.
Mais comme le monde n’a souci d’éruditions et suit son plaisir, il ne remonte point aux temps antérieurs ; une tradition mondaine, en fait de jugements littéraires, ne commence à se former que dans les dernières années de Malherbe, et c’est à partir du xviie siècle seulement que se constitue et s’enrichit peu à peu dans l’opinion de la société polie le dépôt des chefs-d’œuvre de notre littérature classique.
Il prétend nous démontrer que ce genre littéraire a peut-être bien ses procédés, comme les autres : belle découverte !
La fortune littéraire de M.
On peut fort bien manquer d’assurance à définir un personnage de drame ou de roman, — et ne point manquer de décision à distinguer le bien du mal ; on peut être hésitant dans ses investigations et jugements littéraires, — et ferme sur ses principes de conduite.
Bérenger, que son caractère littéraire et philosophique ferait plutôt un conducteur.
Les logiciens, en fait, en traitant ce sujet, n’ont jamais considéré que le grec, le latin et les langues modernes littéraires de l’Europe.
Sortie d’une cour littéraire et artificielle, elle n’avait rien pour comprendre ces grands et sourds mouvements des peuples, et pour les retarder ou les détourner à son profit en s’y accommodant : Elle revenait, a dit M.
S’il manquait à ces lectures ce qui les eût vivifiées dans le sens mondain et littéraire, dans le sens politique et profane, si l’intelligence et le souffle du nouveau siècle ne pénétraient pas dans ces horizons tracés, peut-on s’en étonner, peut-on l’en plaindre ?
Un esprit bien fait, qui saura ces choses, et qui y joindra assez de latin pour goûter seulement Virgile, Horace et Tacite (je ne prends que ces trois-là), vaudra tout autant pour la société actuelle et prochaine que des esprits qui ne sauraient rien que par les livres, par les auteurs, et qui ne communiqueraient avec les choses réelles que par de belles citations littéraires.
Les amis littéraires parmi lesquels il acheva de vivre, et qui l’ont fait le plus royaliste et le plus bourbonien possible, ont dissimulé et recouvert de leur mieux cette période patriotique et républicaine de Ducis.
Franklin, que j’ai rapproché, pour la forme d’esprit littéraire et scientifique, de ses amis de l’école d’Édimbourg, avait un coin par lequel il en différait notablement : il était passionné et convaincu à ce point que le froid et sceptique David Hume lui trouvait un coin d’esprit de faction, touchant de près au fanatisme.
On propageait dans les journaux et dans les écrits les bonnes doctrines littéraires, qui tiennent de si près aux bonnes doctrines de la société.
C’en est la mousse, le pétillement, la surface, les petits vices, — viciolets — les élégances, et les élégances jusqu’aux extravagances, tout cela très animé d’esprit, très cinglant d’ironie, très indifférent — et même trop — à la morale, et j’allais presque dire à la littérature ; car les hommes de talent qui font ce journal ont le dandysme de ne pas se montrer littéraires… Ils ont l’hypocrisie charmante d’être des hommes du monde et des observateurs de salon.
Revue littéraire« La Banqueroute du Naturalisme » Il y a longtemps que nous n’avons parlé des romans de M.
Telle erreur métaphysique a son premier ressort dans telle disposition littéraire.
Cousin a naturellement l’accent oratoire, et dans ce tableau de mœurs élégantes, de galanteries aimables, de jolis péchés et d’amusements littéraires, le style simple de la narration aisée était le seul qui ne fût pas déplacé.
On sait que Gray, déjà classiquement érudit, et plein du spectacle et des souvenirs littéraires de la France et de l’Italie, avait passé six années dans la lecture assidue des écrivains grecs, projetant une édition critique de Platon, puis de Strabon, philologue, métaphysicien, historien, géographe, et alliant la patience continue des recherches aux rares saillies de l’enthousiasme.
Quelle époque plus remplie de lâchetés et de haines littéraires, et, quand vivait le roi Louis XIV, se pouvait-on douter de la quantité infinie de bas-bleus troués qui sillonnent nos rues, nos salons borgnes, et nos académies suspectes ? […] Ainsi, vous le voyez, toutes ces tentatives hardies, ces audaces littéraires, ces grandes promesses « je vais changer d’un trait de plume la face du théâtre et du monde ! […] Mais ce que commande la logique littéraire, l’inflexible chronologie le défend. […] Or vous devez savoir d’autant plus de gré à cet indigent bel esprit de cette attentive surveillance sur sa personne, que déjà dans ce xviiie siècle, dont l’effronterie égale le génie, le cynisme des esprits a passé dans les habitudes de la vie littéraire. […] Il a été bien malheureux, bien battu de l’orage, bien pauvre ; il n’appartient à aucune coterie littéraire ou philosophique ; nul ne le prône, car personne ne le craint ; à peine s’il peut aller une fois ou deux, chaque année, causer du théâtre au café Procope ; il ne va au café Procope que lorsqu’il peut payer son écot.
Mais puisqu’il voulait choisir parmi les quatre grands siècles de l’histoire moderne, le xviiie était en effet le plus propre à faire nettement ressortir ce que l’on peut appeler la solidarité littéraire de l’Europe. […] Hettner nous retrace aujourd’hui l’histoire, offre un exemple frappant de ces vicissitudes intellectuelles et de ce mélange des théories littéraires de tous les peuples que nous signalons au début de notre article. […] Meissner, eût été complet ou peu s’en faut, les exaspérations d’un amour-propre littéraire, devenu d’une délicatesse et d’une puérilité à peine imaginable ; la critique, de quelque plat gazetier qu’elle lui vînt, le mettait hors de lui. […] Le roman a cela de bon que, nouveau venu dans l’histoire des lettres, survivant seul à la ruine imminente des anciennes formes littéraires, il s’impose tel qu’il est, et fait la loi à la critique au lieu de la recevoir. […] Considéré comme œuvre littéraire, le roman anonyme a des taches nombreuses ; nous ne les avons point dissimulées.
Ce commentaire, à la fois musical et littéraire de Scudo, est une des clefs d’or qui ouvrent le mieux le sanctuaire du génie de la musique dans l’âme du plus éthéré des musiciens. […] Il part de Cénéda pour Londres, il y prospère un moment dans des spéculations de théâtre et de librairie ; il y succombe ensuite sous un déluge d’adversités domestiques et de dettes ; il se réfugie avec sa femme et ses enfants aux États-Unis, il y professe la littérature italienne à un peuple qui n’est pas encore parvenu à l’âge littéraire ; il y meurt donc de misère, mais toujours jeune à quatre-vingt-dix-sept ans !
IV Un de ces hommes d’élite littéraire, mais trop modestes, qui font pendant toute une vie d’études le travail pour ainsi dire souterrain de la pensée de leur siècle, hommes de silence qui ne demandent rien au bruit, tout au mérite, M. Blaze de Bury, écrivain de l’école ascétique, renfermé comme dans les cloîtres studieux de la religion littéraire, a publié, il y a douze ans, une complète étude sur le génie de Goethe et une incomparable traduction du drame de Faust ; nous nous en servirons, comme on se sert, dans les ténèbres d’une langue inconnue, d’une lumière empruntée qui fait rejaillir de tous les mots les couleurs mêmes de cette langue, ou comme on se sert, dans un souterrain, d’un écho qui répercute le bruit de tous les pas de ceux qui vous devancent dans sa nuit.
Malgré les théories plus chimériques que réelles de ce soi-disant progrès indéfini et continu, qui conduit les peuples, par des degrés toujours ascendants, à je ne sais quel apogée, indéfini aussi, de la nature humaine, l’histoire religieuse, l’histoire militaire, l’histoire politique, l’histoire littéraire, l’histoire artistique, ne nous montrent pas un seul peuple qui, après la perfection, ne soit tombé dans la décadence. […] Quand l’Italie commença à vieillir, elle produisit les poèmes facétieux du Morgante, du Roland amoureux, du Roland furieux ; quand l’Espagne toucha à sa sénilité, elle produisit le Don Quichotte ; quand la France sentit les atteintes de l’âge après son dix-septième siècle, elle produisit Voltaire et la Pucelle ; quand l’Angleterre eut passé son âge de raison pour arriver à son âge de désillusion littéraire, elle produisit le Don Juan de Byron, ce poème de l’ironie de toute chose, même de l’amour et de la poésie.
« Parmi les ombres mythologiques groupées autour d’Homère, vous avez nommé Orphée, et cité quelques lignes de mes Épisodes littéraires. […] Jules Janin, cet homme qui a autant d’esprit que Voltaire, autant d’érudition littéraire que Fontenelle, autant de bon sens que Boileau, autant de cœur qu’une jeune fille quand elle verse ses premières larmes dans le sein de sa mère sur la mort de son serin…, Jules Janin, ce véritable homme de lettres, en action perpétuelle depuis trente ans, qui a tout vu, tout su, tout retenu, tout raconté, et dont le sentiment est éternellement jeune parce qu’il est sans cesse renouvelé par la verve aimable de ce cœur qui ne s’est jamais racorni sous la mauvaise humeur.
Qu’il ait vécu et qu’il soit mort sous le nom et pour la gloire d’Ossian, et que cet homme religieux et probe ait laissé en expirant, par testament, des sommes considérables pour éditer et confirmer mensongèrement sa découverte littéraire ? […] XIX Et ce goût passionné pour les poésies d’Ossian ne fut pas seulement un goût littéraire, une fantaisie d’imagination propre à la jeunesse et passager comme elle.
D’habiles gens qui s’y sont fait applaudir l’ont si bien senti que, pour lui donner droit de cité littéraire par le style, ils l’ont mis en vers. […] Je vois des gens qui s’impatientent de ces noms de tragédie et de comédie, comme s’il s’agissait de catégories inventées par je ne sais quels tyrans littéraires contre les libertés de l’esprit humain.
Il me tâte, il me retourne, il m’ausculte, il me fait sonner le corps et la place de mes maux, y retrouvant l’arriéré de vingt années anti-hygiéniques de vie littéraire. […] Et il se met à nous prêcher d’écrire pour le public, de descendre nos œuvres à l’intelligence de tous, nous reprochant presque notre effort, l’ambition de notre conscience littéraire, le travail de nos livres, pour ainsi dire, sués de notre sang, enfin la passion, que nous mettons à nous satisfaire.
Il parle spirituellement de son impudeur à fourrer dans ses livres, tout ce qui lui fournit des observations littéraires, et se dit déjà presque brouillé avec une partie de sa famille. […] Renan, qu’on est sûr de voir opiner du bonnet, à tous les paradoxes littéraires qui se débitent, dodeline de la tête, en signe d’acquiescement : « C’est déplorable, cette réputation », laisse-t-il à la fin tomber de ses lèvres, et longtemps il répète dans le silence : « Ce n’est pas un penseur !
ce moment est court, le paradoxe littéraire, conséquence du paradoxe moral, l’emporte, et le poète retombe de l’amour dans l’ironie. […] Ce fut quelques années après, qu’étant seul et de loisir, un soir d’été, sous un chêne de ma retraite champêtre de Saint-Point, un petit berger qui me cherchait dans les bois, pour m’apporter le courrier de Paris, me remit dans la main un numéro de Revue littéraire.
C’est une œuvre nécessaire et qui ferait la réputation d’un littérateur, puisque aujourd’hui nous en sommes réduits à faire notre inventaire, dernière œuvre des siècles littéraires.
Les discours de Massillon ont cela de particulier, au point de vue littéraire, qu’ils ne furent jamais imprimés de son vivant ; le seul de ses discours qu’il publia lui-même, et pour lequel il se vit critiqué, fut son Oraison funèbre du prince de Conti en 1709.
Mais les mille pensées qu’éveille la comparaison de la société à ces deux époques, avec ce qu’il y a de ressemblances réelles et de dissemblances profondes, me mèneraient trop loin, et me tireraient surtout des cadres tout littéraires où j’aime à me renfermer, sauf à les agrandir le plus que je puis.
Comme particularité littéraire, il est à noter que dans ces sermons de Bossuet il y a de très beaux endroits qu’on rencontre répétés jusqu’à deux et trois fois d’un discours à l’autre.
Géruzez a consacré à d’Aubigné une notice intéressante dans ses élégants Essais d’histoire littéraire.
Son imagination peu littéraire et nullement artificielle ne lui disait rien.
La partie littéraire, sans y tenir plus de place qu’elle n’en avait réellement à cette Cour et dans ce monde de magnificence et de plaisirs, n’y est jamais oubliée.
Pourtant, par son jugement plein et sa ferme démarche d’esprit, par son style sain, grave et scrupuleux, et qui eut même son éclat d’emprunt, il mérite estime et souvenir comme tout ancien précepteur qui a été utile en son temps ; l’histoire littéraire lui doit de le placer toujours à la suite de Montaigne, comme à la suite de Pascal on met Nicole, — comme autrefois on mettait à côté de La Rochefoucauld M.
[NdA] Se rappeler sa conversation avec le chevalier de Méré ; je l’ai citée au long au tome CXI des Portraits littéraires (édit. de 1864), pages 119 et suiv.
Pour nous, et au seul point de vue littéraire, qui est le nôtre, sans accorder à Santeul plus qu’il ne mérite, en reconnaissant à ses vers les qualités qui y paraissent, la pompe, le feu, la largeur, le naturel et la clarté, mais aussi en y voyant le vide trop souvent et la bagatelle du fond, en nous disant combien sa personne avait besoin d’intervenir à tout instant pour y jeter un peu de cette originalité qui n’était qu’en elle, nous voudrions que tout ce démêlé où il est encore engagé finît par une transaction, qu’il ne fût pas tout entier sacrifié, qu’on ne lui fût point plus sévère que ne l’a été l’abbé de la Trappe, et que les honorables censeurs qui de nos jours l’ont remis en question ne le renvoyassent point hors du temple sans lui laisser au moins un fragment de couronne ; car il est bien de ceux, malgré tout, qui, à travers l’anachronisme de la forme, sont véritablement poètes de race et par nature, il est de ceux qui, comme le disait Juvénal, ont mordu le laurier.
II n’aurait pas été juste que la curiosité littéraire qui se reporte en tous sens vers le passé, et qui ne laisse aucun nom d’autrefois dans la négligence et dans l’oubli, n’arrivât point jusqu’à Voiture, cette renommée longtemps réputée la plus charmante ; son moment devait revenir, et il est venu.
Le traité de la Résignation, d’ailleurs, échappe à la critique proprement dite : il est entremêlé de prières, et, dès que la prière commence, la critique littéraire expire.
Elle a été donnée par M. le baron Rœderer, dans le tome VIII, page 659, des Œuvres qu’il a recueillies et fait imprimer pour les distribuer, du comte Rœderer, son père ; je l’ai citée moi-même au tome I, page 72, de Chateaubriand et son Groupe littéraire.
Je me rappelle que, sur la fin du règne de Louis-Philippe, en 1846, un ministre littéraire et bienveillant, mais enthousiaste à contretemps du principe et du prestige monarchique, s’opposait encore à ce qu’on publiât une Relation de la dernière maladie de Louis XV, laquelle était pourtant du grand-maître de la garde-robe, le duc de La Rochefoucauld-Liancourt.
L’histoire de son succès serait tout un chapitre littéraire à écrire, et des plus curieux.
L’idée que je voudrais développer ici sous forme historique et biographique est une idée plutôt morale que littéraire.
Ce que je fais en ce moment n’est pas de la politique, c’est de l’histoire morale et littéraire.
Et comme, avant ce poëme et avant Jocelyn, les volumes du Voyage en Orientavaient été déjà, malgré d’admirables pages, une négligence trop prolongée et trop avouée, comme la préface de Jocelyn même contenait quelques assertions littéraires très-peu justifiables, qui avaient pu s’éclipser devant une charmante lecture, mais que la pratique d’aujourd’hui revient éclairer ; comme, enfin, le volume en ce moment publié sous le nom de Recueillements affiche de plus en plus ces dissipations d’un beau génie, il est temps de le dire ; au troisième chant du coq, on a droit de s’écrier, et d’avertir le poëte le plus aimé qu’il renie sa gloire.
Les meilleurs d’entre eux demeurent des modèles de désintéressement et de probité littéraire.
Les émotions irascibles. « Au lieu d’un plaisir engendrant un plaisir comme dans le cas des « émotions tendres, nous avons ici une souffrance qui aboutit à une souffrance. » Les émotions qui résultent de l’action (pursuit), comme dans la chasse, la pêche, les combats d’athlètes, la recherche de la science, la lecture des oeuvres littéraires fondées sur l’intrigue.
La décence n’est pas seulement une vertu, c’est une vérité littéraire.
Des poètes, des romanciers en ont tiré des sujets ; mais ni le roman de Walter Scott, ni la chanson de Béranger, ne rendent la réalité dans toute sa justesse, et avec la parfaite mesure qu’elle nous offre sous cette plume de Commynes, curieuse, attentive, fidèle, et si étrangère à un but littéraire, à un effet dramatique.
Au point de vue littéraire et poétique, il ne faudrait voir Chaulieu que de cette manière, tout à fait vieux, et devenu dès lors aussi tout à fait honnête homme, assis sous ses arbres de Fontenay ou à l’ombre de ses marronniers du Temple.
Pourtant, il ne sera jamais indifférent à l’honneur d’un pouvoir établi d’avoir ou de n’avoir pas le sentiment de ce qui peut se rencontrer encore du côté de la littérature, et dans les âmes vraiment littéraires, de ressorts vifs et généreux.
Ce qu’il faut rappeler à l’honneur de la reine Marguerite, c’est son esprit, c’est son talent de bien dire, c’est ce qu’on lit à son sujet dans les Mémoires du cardinal de Richelieu : « Elle était le refuge des hommes de lettres, aimait à les entendre parler ; sa table en était toujours environnée, et elle apprit tant en leur conversation qu’elle parlait mieux que femme de son temps, et écrivit plus élégamment que la condition ordinaire de son sexe ne portait. » C’est par là, c’est par quelques pages exquises qui sont une date de la langue, qu’elle est entrée à son tour dans l’histoire littéraire, ce noble refuge de tant de naufrages, et qu’un rayon dernier et durable s’attache à son nom.
Beffara, cet honorable commissaire de police, qui, dans sa retraite, et par un reste d’habitude investigatrice utilement appliquée à l’histoire littéraire, se mit à la piste des naissances illustres, a fixé avec beaucoup de probabilité la naissance de Regnard au 7 février 1655.
Il y a une trentaine d’années, une école littéraire pleine d’imagination et de talent, mais dont on connaît les désordres et les écarts, répandit dans le public sur la nature et l’essence du génie, sur ses privilèges, ses attributs, ses conditions extérieures, une théorie qui scandalisa singulièrement les esprits paisibles et sensés.
La critique littéraire, qui s’adresse à tout le monde, ne sait, en vérité, par quel bout prendre toute cette physiologie sanguinolente, — car le livre de Michelet, qui est autre chose aussi, veut être, avant tout, de la physiologie.
Il a bien écrit, à propos d’une question de propriété littéraire, une chose charmante (une pitié encore !)
Au point de vue stylistique, les Romains étaient un peuple enfant et nous n’avons guère, à ce point de vue, fait de progrès sur nos ancêtres littéraires. […] Nulle langue n’a donné tout son pouvoir à l’écriture et nulle écriture n’a vu passer toutes ses richesses dans l’œuvre littéraire : ses réserves inviolées sont, dans toutes les civilisations, immenses. […] D’origine américaine, correspondant littéraire du Times ; cet excellent écrivain (car il écrit en français avec esprit et saveur) aime passionnément la France ancienne. […] Régismanset a donné dans son Tybert, chat, en même temps qu’une agréable œuvre littéraire, un bon exemple. […] Je prends Gautier comme type de cette opposition toute littéraire, mais il ne fut pas le seul, de son temps, à poser pour l’ennemi du rail.
On trouve, de temps à autre, dans ces Mémoires de La Fayette, de petites collections et de jolis résumés, en une demi-page, de ces inconséquences de tout le monde ; il va en dénicher, des inconséquences, jusque dans de petites Notices littéraires publiées par d’excellents et purs républicains, mais qui ne sont pas tout à fait de 89 : il eût été plus indulgent de les celer. […] Quand je dis belles, on entend bien qu’il ne peut être question de talent littéraire ; mais l’habitude du bon langage se retrouve naturellement sous cette plume simple ; les récits, les réflexions abondent en manières de dire heureuses, modérées, et qui portent. […] On pardonnera aux habitudes littéraires, si je rapporte ainsi les grandes choses aux petites, et les politiques aux rimeurs, qui me sont guère dans l’État que des joueurs de quille, comme disait Malherbe.
. — Conditions du pamphlet littéraire. — Conditions du pamphlet efficace. — Ces pamphlets sont spéciaux et pratiques. — L’Examiner. — Les Lettres du Drapier. — Le Portrait de lord Wharton. — Argument contre l’abolition du christianisme. […] C’est pourquoi leurs pamphlets, et notamment ceux de Swift, ne nous paraissent qu’à demi littéraires. Pour qu’un raisonnement soit littéraire, il faut qu’il ne s’adresse point à tel intérêt ou à telle faction, mais à l’esprit pur, qu’il soit fondé sur des vérités universelles, qu’il s’appuie sur la justice absolue, qu’il puisse toucher toutes les raisons humaines ; autrement, étant local, il n’est qu’utile : il n’y a de beau que ce qui est général.
Mais cette pauvre et jeune Norvège, qui a moins d’habitants que Paris tout seul, et dont j’ignorais même, à vrai dire, qu’elle eût une vie littéraire indépendante, comment se fait-il que ce soit elle qui m’envoie des œuvres dramatiques assez remarquables pour défrayer trois ou quatre feuilletons ? […] Mais j’ai repris quelque assurance en songeant que, si la France s’inquiète trop peu de ce qui se produit d’original en dehors d’elle, c’est qu’elle est restée une grande « inventrice », c’est qu’elle est elle-même absorbée par une production littéraire singulièrement active et abondante qui, depuis trois siècles, n’a presque point connu de trêve. […] Ce mélange de boursouflure littéraire, de candeur et de férocité, qui d’abord étonne, est pourtant la chose la plus naturelle du monde. […] Par exemple, comment montrer sur les planches le snobisme littéraire et artistique de cette poupée, snobisme qui sévit dans son monde depuis une quinzaine d’années, je pense, et qui lui fait choisir un poète pour amant de cœur quoiqu’elle n’entende en aucune façon ce que c’est que poésie ? […] Il a donc reconnu que les jugements littéraires n’ont rien d’absolu ; que, en matière d’art, c’est notre tempérament, notre sensibilité, notre goût personnel qui prononce en dernier ressort, et que nous n’aimons pas les œuvres de l’esprit parce qu’elles sont bonnes, mais qu’elles sont bonnes parce que nous les aimons.
Le Journal littéraire de Neuchâtel en raffolait ; l’honnête Lavater en était dupe. […] Vous êtes devant votre clavecin à chercher une modulation, ou devant votre table, couverte d’un chaos littéraire, à écrire une de vos feuilles149. […] Le ministre Chaillet, rédacteur du Journal littéraire de Neuchâtel, homme d’esprit, un peu trop admirateur de Rétif, ce qui ne l’a pas empêché de laisser cinq volumes d’édifiants sermons. […] C’est un de ses points de contact avec Mme de Staël d’avoir traité le même sujet ; mais cette concurrence littéraire entre ces deux dames fut précisément une des causes de leur brouillerie.
Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent Dans cette suite d’études sur Molière, ou dont Molière est le prétexte, je trouve, à cinq ans, à dix ans, à quinze ans de distance l’un de l’autre, trois chapitres à propos de Don Juan ; — c’est en vain que je me donne à moi-même d’excellentes et irrésistibles raisons pour ne pas publier, tout à la fois, ces trois chapitres, il s’élève dans mon esprit et dans ma passion littéraire plusieurs bons motifs qui me poussent à reproduire, en leur ensemble, ces trois chapitres, écrits à des époques si diverses, et parmi des événements si différents. […] En ce moment de la journée, on ne vous demande qu’un journal, c’est-à-dire une page écrite en courant, au courant de la plume, en dehors de toute ambition littéraire ; où en voulez-vous venir, avec tout votre style ? […] À quoi peuvent servir les Belles-Lettres et comment voulez-vous que nous fassions une œuvre littéraire à l’heure où nous cherchons encore, les uns et les autres, le nouveau souverain qu’il nous faudra aimer pendant quatre années ; au bout de ces quatre années : — Vous avez été un bon et sage prince, dira la France reconnaissante, et c’est pourquoi nous vous prions de céder la place à un autre ! […] En vain La Bruyère l’a replacée dans un des coins les plus vifs et les mieux éclairés de son immense comédie ; en vain, de temps à autre, par un soin littéraire qui se retrouve à toutes les époques, a-t-on voulu rétablir la scène du pauvre, j’ai presque dit la scène du monstre (pour parler comme l’affiche de l’Opéra), telle qu’elle fut jouée à la première représentation… La tentative était inutile ; Don Juan et Sganarelle furent respectés, le pauvre disparut pour toujours ; pour toujours, on le croyait, on le disait du moins, car le texte même de Molière, le texte du Don Juan original, avait été remplacé par l’improvisation du second Corneille ; qui se garda bien de nous ramener ce mendiant qui était le si mal venu dans ce drame de joie, de duels, de dettes non payées, d’enfants railleurs, de filles abusées, de pères conspués ; un drame où tout abonde de ce qui est le vice, l’ironie, la grâce, l’éloquence, l’art, la passion, le plaisir, la fête, le bon goût, la parodie des choses divines, le mépris de l’autorité humaine, jusqu’à ce qu’enfin, de péril en péril, de folies en paradoxes, de cruautés en trahisons, le héros merveilleux de cette fantaisie abominable et charmante tombe, la tête la première, dans son dernier abîme, dans le dernier de tous les abîmes, l’hypocrisie.
Mais avec cela, je le répète, jusqu’en 1749, ses ambitions sont purement musicales et littéraires. […] S’il avait pu s’entendre avec M. de Montaigu, si Rousseau, content d’être quelqu’un de classé et d’officiel avait pu poursuivre sa carrière diplomatique (et il est probable que ses puissantes amies de Paris l’eussent fait avancer rapidement), il eût pris goût de plus en plus à sa profession, il eût envoyé à son ministre des rapports d’un style admirable ; il se fût adonné à l’économie politique pour laquelle il avait du penchant, mais il n’y eût pas cassé les vitres ; il n’eût pas écrit l’Inégalité, l’Émile ni le Contrat, et nous y aurions perdu au point de vue littéraire, mais nous y aurions gagné à quelques autres égards, et il n’eût pas épousé Thérèse Levasseur. […] C’est bien à ce siècle que Rousseau doit sa formation littéraire. […] N’y eût-il pas eu entre eux rivalité littéraire, Voltaire représente justement ce que Rousseau déteste le plus : la vie sociale dans ce qu’elle a de plus artificiel et de plus corrupteur, l’ironie et l’impiété ; Voltaire, aimable et méchant, Rousseau, désagréable et bon ; Voltaire, riche et aristocrate, Rousseau pauvre et plébéien ; Voltaire spirituel et léger, Rousseau grave et même solennel ; Voltaire réaliste en politique, Rousseau chimérique ; Voltaire despotiste et qui se contenterait de réformes prudentes, Rousseau républicain du pays d’Utopie ; Voltaire impie, Rousseau religieux ; Voltaire ami de l’ordre avant tout, — mais voulant ruiner, du moins dans les hautes classes, la religion qui soutient l’ordre ; Rousseau menaçant cet ordre, — mais défendant le sentiment religieux : si bien que, chacun d’eux ne réussissant que dans la partie négative de sa tâche, l’un portera à la religion, et l’autre à l’ordre social nécessaire, des coups que, pour ma part, je déplore avec simplicité.
On a plus d’une fois puisé dans la collection de ses œuvres en trente-deux volumes, assez bizarrement intitulée Mélanges militaires, littéraires, sentimentaires (1795-1809), pour en faire des extraits soit en deux, soit en cinq volumes, sous le titre d’Œuvres choisies ou de Mémoires et mélanges.
Mais pendant ce séjour de près de cinq ans à Lausanne, il contracta des habitudes intellectuelles qui furent décisives pour sa carrière littéraire et qu’il ne perdra plus.
Froissart, l’historien littéraire de la chevalerie, s’amusera un jour à décrire ce choc des combats, ce luxe des couleurs, cet éclat éblouissant des casques et des hauberts au front des batailles : chez Joinville, ce n’est pas encore un jeu ni un art, ce n’est que l’éclair naturel et rapide du souvenir, le reflet retrouvé de cette heure d’allégresse et de soleil où l’on était jeune, brillant et victorieux.
Édouard Fournier dans son travail spirituel et très littéraire intitulé Paris démoli (1853).
Pourtant, dans ces suffrages des critiques, auxquels il n’était que médiocrement attentif et sensible, il en était un que le poète avait fort à cœur d’obtenir, c’était celui du Monthly Review, le plus répandu des recueils littéraires d’alors et qui tardait à se prononcer : Que dira de moi ce Rhadamanthe de la critique, écrivait Cowper à un ami (12 juin 1782), lorsque mon génie tout tremblant comparaîtra devant lui ?
Besenval était ami de Crébillon fils, et il le consultait sur ses essais littéraires, il fit même un roman dans le genre de l’auteur à la mode, qu’il admirait : ici il aurait pu lui donner des mémoires, et, pour marquer l’époque dans son plein, c’est assurément mieux qu’un roman de Crébillon que ces deux chapitres de Besenval.
Et il lui cite l’exemple de Voltaire ; ne croyez pas que ce soit comme une preuve éclatante et rare de la gloire littéraire ; il le lui cite pour lui montrer le néant de cette gloire contestée et troublée des grands écrivains : « Je songe quelquefois à Voltaire, dont le goût est si vif, si brillant, si étendu, et que je vois méprisé tous les jours par des hommes qui ne sont pas dignes de lire, je ne dis pas sa Henriade, mais les préfaces de ses tragédies. » Racine, Molière, « qui sont pourtant des hommes excellents », n’ont pas été plus heureux pendant leur vie ; ils n’ont pas joui plus paisiblement de la renommée due à leurs œuvres : « Et croyez-vous que la plupart des gens de lettres n’en eussent pas cherché une autre, si leur condition l’eût permis ?
[NdA] Dans le volume qui a pour titre : Le Triumvirat littéraire au xvie siècle.
Cependant, on se serait rapproché dans le détail, et on se serait entendu pour ce qui est de l’exécution littéraire ; car il est le premier à reconnaître que les idées les plus utiles, sans l’art qui les met en œuvre, sont comme non avenues : « La perfection du style doit être recherchée de tous ceux qui se croient appelés à répandre des idées utiles.
On a fait, dans un temps voisin du nôtre, presque un crime à Macpherson et surtout à Chatterton de quelques supercheries littéraires qui ne leur auraient valu que des compliments et des éloges en un autre temps.
Bon gré, mal gré, qu’on le veuille ou non, Guérin reste bien Ce sera son nom dans l’histoire littéraire de ce temps-ci, s’il y obtient un nom distinct, ce que nous espérons bien.
En paraissant sortir ainsi quelquefois de ce qui est réputé le domaine proprement littéraire, on n’a pas la prétention de devenir autre chose que ce qu’on est.
Sa plus grande ambition littéraire (et ce n’en est pas une petite en effet) eût été de s’exprimer à l’imitation de Tacite ; elle revient à cette idée à plus d’une reprise dans sa prison, et avec des alternatives de regret ou d’espérance : « Si j’échappe à la ruine universelle », écrit-elle à un ami, « j’aimerai à m’occuper de l’histoire du temps ; ramassez de votre côté les matériaux que vous pourrez.
Duveyrier a très bien commenté ce chant sauvage, au point de vue littéraire.
L’expression passer fleur n’est pas, je dois le dire, de la façon de l’écrivain. « Dans tout le centre de la France, m’écrit-on, dans l’Ouest, dans le Poitou, il n’y a pas un jardinier qui s’exprime autrement. » Mais la nouveauté consiste à introduire de ces sortes d’expressions naturelles dans la langue écrite ou littéraire, et c’es ce dont je loue l’écrivain.
Il conte le plus agréablement du monde. » Ce sont là des jugements acquis à la littérature, des vérités littéraires bien établies sur Louis XIV.
D’Alembert, dans l’article qu’il lui a consacré comme à un membre de l’Académie (article qu’il s’est bien gardé d’intituler Eloge), a raconté une singulière idée que le prince mita exécution quand il eut vingt ans : « Il avait formé une Société littéraire, aux assemblées de laquelle il assistait quelquefois, et qui avait pris le titre de Société des Arts.
Adèle de Sénange fut donc écrite sans aucun apprêt littéraire, dans un simple but de passe-temps intime.
Mais tous ces adjectifs ne le définissent pas ; ils indiquent seulement quelque analogie lointaine entre notre impression totale et des impressions d’une autre nature ; ils sont de simples étiquettes littéraires comme les noms que nous employons à l’endroit des odeurs, lorsque nous disons que l’odeur de l’héliotrope est fine, celle du lis pleine et riche, celle du musc pénétrante, etc.
Importance donnée à la santé de François Ier, de Louis XIV, pour l’explication de la politique française ; interprétation du sens historique des œuvres littéraires du xviie siècle (l’Amphitryon par exemple), etc.
Sa philosophie est plus parfaite que celle de l’artiste qui écrit — et qui trahit par là quelque ingénuité, car il se figure apparemment qu’il vaut la peine d’écrire et que la gloire littéraire est quelque chose.
c’est imbécile ; la philosophie n’y est plus, la science n’y est plus ; nous sommes des positivistes, des évolutionnistes, et nous garderions le mannequin littéraire des temps classiques, et nous continuerions à dévider les cheveux emmêlés de la raison pure !
Jamais le monde littéraire n’a compté plus de sectes différentes qu’aujourd’hui.
Mais il a toujours des prétentions littéraires et même, Dieu me pardonne !
Le journalisme, comme l’art dramatique, n’est-il pas une branche de la famille littéraire ?
Pour exposer sa vraie théorie littéraire, il ne faudrait d’ailleurs qu’emprunter ses paroles : si je prends, par exemple, Les Parents pauvres, son dernier roman et l’un des plus vigoureux, publié dans ce journal même33, j’y trouve, à propos de l’artiste polonais Wenceslas Steinbock, les idées favorites de l’auteur et tous ses secrets, s’il eut jamais des secrets.
Tant que vécut son père, ce désir purement littéraire de Frédéric prévalut sur ses autres pensées et l’engagea à des démarches, à des avances où le futur roi s’oubliait un peu.
Je sais, à l’heure qu’il est, tel érudit qui compare plus curieusement que jamais les diverses éditions premières de Rabelais, des éditions (notez-le bien) dont il ne reste qu’un exemplaire unique, et dont un second exemplaire serait introuvable : de cette collation attentive des textes jaillira quelque conséquence littéraire assurément, et philosophique peut-être, sur le génie de notre Lucien-Aristophane.
Il est naturel d’ailleurs que Monsieur ait eu de la prédilection pour Rulhière, qui aiguisait si bien l’épigramme salée et même au besoin le conte libertin, les deux genres littéraires favoris du futur monarque.
Nous arrivons au moment des grandes guerres littéraires qui ont rempli la fin du xviie siècle, et qui ont donné une célébrité équivoque au nom de Perrault.
Et d’abord, à travers ces guerres à mort et ces révolutions littéraires, qui semblaient ne vouloir rien laisser d’intact dans les traditions du passé, tous les anciens genres se poursuivent et trouvent encore des disciples et des continuateurs persistants.
La publication des pièces officielles et des dépêches des ambassadeurs de France, pendant la durée de l’influence de Mme des Ursins à Madrid (si cette publication se fait un jour), pourra seule achever de déterminer avec précision toute l’importance et la qualité de son action politique ; nous en savons déjà assez pour porter sur elle une appréciation morale ; et quant à son mérite littéraire, nous osons dire qu’il ne manque à ce qu’on a de Mme des Ursins que des éditeurs moins négligents pour qu’elle devienne un de nos classiques épistolaires.
Pour m’en tenir au point de vue littéraire et à celui du goût, je ne puis m’empêcher de remarquer à quel point l’argent prend d’importance dans sa manière de prouver et de raisonner.
En général, il ne faut prendre ces maximes, ces aphorismes littéraires de Courier que comme les saillies extrêmes d’un goût excellent ; c’est au jugement de chacun ensuite à les entendre sobrement et à les réduire.
. — Nous avons étudié la séquence avec quelque détail, mais surtout au point de vue littéraire, dans le Latin mystique, chapitres VII et VIII.
III Ainsi, un grand livre après un grand livre, sur une question inépuisable au génie lui-même, voilà ce qu’une Critique purement littéraire comme la nôtre était tenue à signaler.
Les effets se ressemblent beaucoup cependant, mais les hommes diffèrent… Monographe obstiné de l’ivresse, qui doit la peindre dramatiquement après l’avoir scientifiquement décrite, Baudelaire peut en devenir le Hogarth à sa manière ; mais un Hogarth littéraire, plus fort et plus fin que l’autre Hogarth.
Mais quand il voulut échanger l’humble et loyale monnaie contre le faux or littéraire de son temps, ce qu’il tint du siècle ne remplaça pas ce qu’il lui donna.
Et il ne leur semblait pas que les mystères de la foi pussent se tourner en un amusement littéraire. […] Le groupe Schaunard, c’est la bohème littéraire de ce temps-là. […] Vacquerie : j’ai d’autant plus hâte de le dire que lui-même, par affection, par piété filiale, a trop longtemps gardé des airs de disciple, et qu’il a peut-être payé d’une part de sa renommée littéraire sa vénération pour Victor Hugo. […] Et, sous une forme littéraire très différente, vous trouveriez un mélange analogue dans plus d’une pièce de MM. […] Si nous voulions… Et pendant ce temps-là, à travers la forme bizarre et dépourvue pour nous de beauté proprement littéraire, à travers la singularité et parfois l’obscurité de tournures et d’images probablement intraduisibles, subitement l’âme de Tolstoï m’ébranlait d’une secousse, s’emparait de moi et bientôt me possédait tout entier.
Lorsque certains romanciers mettent deux protagonistes l’un en face de l’autre, on devine que ce contact est le résultat d’intentions à très longue portée, que la rencontre doit se produire juste à ce moment-là et que peut-être elle ne se reproduira plus dans tout le cours du roman : la scène relève d’un art sévèrement architectural, elle est une des clefs de voûte d’un monument littéraire accompli. […] Peut-être faut-il voir ici la récompense de l’amour si désintéressé que Stendhal leur avait voué : parce qu’il a aimé « jouir des produits de ces arts et non les pratiquer gauchement11 », les impressions qu’il en a reçues, libres et comme désincarnées, volatiles et alertes, sont descendues en lui à une telle profondeur que dans les moments où tout son être est ébranlé, elles remontent à la surface sous la forme exquise et sublimée de Corrèges et de Mozarts littéraires. […] Pour nombre de grands artistes littéraires la pensée n’est que le marbre le plus rare de leur atelier, celui qu’ils choisissent pour en faire jaillir la statue parfaite, aux pures et harmonieuses proportions ; et avec quel soin ne lui ménagent-ils pas l’emplacement et la lumière favorables ! […] Une qualité de cette espèce trouve dans le poème en prose son débouché le plus naturel, et elle est certainement au nombre de celles qui parvinrent à l’imposer comme genre littéraire distinct. […] Pas plus que le roman en tant que genre littéraire, l’art en tant qu’activité unique ne pouvait suffire à Marcel Proust ; ou plutôt ayant compris et s’étant assimilé les formes d’art antérieures, il en inaugurait une toute nouvelle, la seule peut-être qui fût de tous points adaptée aux conditions, elles-mêmes si nouvelles, d’aujourd’hui.
Mercredi 29 mars L’atticisme d’Athènes et l’atticisme du grand siècle se révèlent, d’une manière bien ironique, en deux monuments littéraires contemporains, dans Aristophane et dans Molière. […] Mais la France est classique de telle sorte que les théories littéraires de cet homme de lettres font déjà plus de mal au nouveau gouvernement, que les théories sociales de ses confrères. […] Pour moi, le journal politique n’est qu’un instrument de mensonges et d’excitation ; pour moi, le journal littéraire, le petit journal, ainsi que j’ai cherché à le démontrer dans Les Hommes de lettres, n’est qu’un instrument d’abaissement intellectuel. […] Aujourd’hui je m’aperçois que cette méchanceté n’était qu’un plagiat, un plagiat littéraire, qui, avec l’aide de détestables instincts, est devenu à la fin un tempérament. […] Je me retrouve dans une vie d’étudiant, de clerc d’avoué sans le sou, condamné à de basses amours, mal à l’aise dans un milieu de camarades et d’amis, bas, vulgaires, bourgeois, ne comprenant rien aux aspirations artistiques et littéraires qui me tourmentaient, et m’en plaisantant avec la raison mûre de vieux parents.
La chirurgie, dégradée par cette association, tomba dans le mépris : elle fut dépouillée, en 1660, par un arrêt solemnel, de tous les honneurs littéraires. […] Il devoit être la gloire de la nation, le triomphe de l’esprit humain ; & jamais phénomène littéraire n’a causé plus de scandale. […] Une simple querelle littéraire devint alors un procès criminel. […] Il n’est personne qui n’ait entendu parler de l’accusation de ce vol littéraire ; mais on en ignore bien des circonstances. […] Une guerre très-vive alloit s’allumer entr’eux ; mais Desfontaines, trouvant trop dangereux d’entrer dans ces sortes de contestations, se renferma promptement dans le polémique littéraire, & ne voulut pas doubler le supplémenteur.
D’Olivet ensuite lui aurait consacré une de ses petites notices en deux ou trois pages d’un style si exact et si excellent, et qui l’aurait fixé à son rang littéraire. […] Je soumets ces observations à la critique attentive des deux excellents biographes MM. de Monmerqué et Walckenaer, qui ont dès longtemps comme la haute main sur ce beau domaine de notre histoire littéraire.
Le goût des écrivains allemands pour l’esprit de système se retrouve dans presque tous les rapports de la vie ; ils ne peuvent se résoudre à vouer toutes les forces de leur âme aux simples vérités déjà reconnues ; on dirait qu’ils veulent innover en fait de sentiment et de conduite comme dans une œuvre littéraire. […] L’énergie qui ne sait où s’employer inspire les résolutions les plus extravagantes ; mais quand on peut consacrer ses forces à l’indépendance de sa patrie, quand on peut renaître comme nation et faire revivre ainsi le cœur de l’Europe paralysé par la servitude, alors il ne doit plus être question de sentimentalité maladive, de Suicides littéraires, de commentaires abstraits sur ce qui révolte l’âme, il faut imiter ces peuples forts et sains de l’antiquité dont le caractère constant, direct, inébranlable ne commençait rien sans l’achever ; ils regardaient comme aussi lâche dans un citoyen de reculer devant une résolution patriotique, qu’il le serait pour un soldat de fuir un jour de bataille.
Son Misanthrope échoue dans sa farouche indépendance et sa révolte ouverte contre la Société, non seulement parce que sa brusque franchise et son mépris des devoirs sociaux lui suscitent des embarras, mais surtout parce qu’il ne peut réussir à s’affranchir tout à fait des bonnes manières d’un homme du monde ; il les retient en dépit de ses maximes, et la scène où il enveloppe dans les formules embarrassées de la politesse la plus correcte, une rude critique littéraire, qui, finalement, rompt ses liens et éclate dans toute sa grossière brutalité, cette scène-là est une des plus profondes et des plus morales de la pièce. […] L’Art, la Morale, l’Ordre social, la Religion, la Raison devaient rester dans leur ciel, et il ne fallait point les en faire descendre sous la forme prosaïque de Dorante, de Cléante, de Philinte, d’Ariste, de Clitandre, d’Henriette ou du bonhomme Chrysale, pour opposer leur caractère divin à l’impiété, au vice, à la vanité folle, au mauvais goût littéraire.
Les uns et les autres, ils se sont tous perdus, en mille papotages ingénieux, philosophiques, politiques et littéraires, et ils commençaient à comprendre le danger, lorsque la révolution française est venue interrompre brusquement cette aimable causerie. […] Est-ce vivre, en effet, que de passer à l’état d’une langue morte, d’un chef-d’œuvre oublié, d’une curiosité littéraire ?
La passion du peuple était si acerbe, à cette époque, contre les Bourbons, contre la noblesse, contre le clergé surtout, que cette passion aidait le cabaret et la caserne à comprendre les finesses trop littéraires de ce style ; même quand il ne les comprenait pas, le peuple y entendait malice de confiance. […] Il paraît, d’après ses chansons et ses notes, que tout tomba à cette époque autour de lui dans une pauvreté irrémédiable, et que le jeune poète chercha pour la première fois dans son esprit les ressources bien douteuses et bien précaires que le talent littéraire encore ignoré du public et de soi-même peut offrir à une famille écroulée.
Je ne sais pourquoi l’on a dit que ces Mémoires de Sully en eux-mêmes « n’avaient aucune valeur littéraire » ; il ne s’agit, pour en saisir les parties vives et qui peignent, que d’en écarter un peu l’attirail, le manteau des scribes et leurs génuflexions.
Le comte Roederer, dont le nom auprès des générations nouvelles ne réveillait guère que l’idée d’un personnage politique mêlé aux grands événements de la Révolution et du Consulat, s’est révélé tout d’un coup comme un écrivain très littéraire par son Mémoire sur la société polie et sur l’hôtel Rambouillet, imprimé en 1835.
Ce ne serait pas être juste, avant de quitter l’Histoire de ce dernier, que de n’y pas signaler encore quelques endroits tout littéraires et d’une heureuse richesse, où l’auteur est bien dans l’application de sa nature et dans l’emploi de son talent : par exemple, un passage soigné sur les écoles de philosophie grecque au moment où l’édit de Justinien les supprime ; et, tout à la fin de l’ouvrage, les considérations sur la Renaissance en Italie, sur l’arrivée des lettrés de Constantinople, sur les regrets de Pétrarque en recevant un Homère qu’il ne sait pas lire dans l’original, et sur le bonheur de Boccace, plus docte en ceci et plus favorisé.
Vers la fin de son livre, on dirait que Joinville, en le dictant98, s’accoutume peu à peu à être auteur ; parlant de saint Louis et des maisons religieuses de tout genre, des monastères de tout ordre qu’il fonda, il dit : « Et ainsi que l’écrivain qui a fait son livre et qui l’enlumine d’or et d’azuram, enlumina ledit roi son royaume de belles abbayes qu’il y fit. » Voilà une comparaison littéraire proprement dite ; et elle est encore vive et riante.
C’est du sein de cette habitude intérieure désolée qu’il se portait si vivement, pour se fuir lui-même, à ces occupations littéraires et poétiques où il a trouvé le charme et où il nous a rendu de si vives images du bonheur.
En un mot, par une certaine liberté de goût et un dégagement de pensée, le président Hénault tenait à quelques égards de l’école littéraire de Fontenelle plus que de celle de Voltaire et de Despréaux : il y avait des commencements de novateur dans cet amateur.
L’influence de M. de Chateaubriand (juge d’ailleurs assez équitable de Voltaire), celle de Mme de Staël, c’est-à-dire de Rousseau toujours, le réveil d’une philosophie spiritualiste et respectueuse pour la nature humaine, l’action aussi de la renaissance religieuse qui atteignait au moins les imaginations quand ce n’était pas les cœurs, l’influence littéraire enfin qui soufflait tantôt de la patrie de Goethe et de Schiller, tantôt de celle de Shakespeare, de Walter Scott et de Byron, ces diverses causes générales avaient fort agi sur plusieurs d’entre nous, jusque dans nos premières lectures de Voltaire.
Mais oui, vous pouvez aisément vous l’imaginer ; vous avez formé vous-même le même dessein ; vous étiez résolue, cet été, à renouer le Fil brisé de vos études et amusements littéraires.
Le nom de Mme de Boufflers est étroitement lié à un épisode célèbre de l’histoire littéraire de son temps, à une querelle qui fit grand bruit dans le XVIIIe siècle, celle de Hume et de Rousseau, et il est impossible d’exposer au complet ce démêlé bizarre, sans l’y rencontrer à l’origine comme la cause occasionnelle principale, et à la fin comme l’arbitre ou le juge le plus équitable entre les deux contendants.
Nous arrivons ainsi par degrés à tant de collecteurs et amateurs d’autographes qui, dès qu’ils ont réuni un certain nombre de pièces ou de bagatelles auxquelles ils s’amusent, ont hâte de les publier, et, qui, s’ils n’éclairent pas grand’chose, aident du moins à orner ou à égayer parfois des points de biographie littéraire.
Ce serait de la part de M. le maréchal ministre de la guerre un bienfait non moins littéraire qu’historique que de vouloir bien l’y autoriser ; ce serait vraiment donner en la personne de Tessé un épistolaire de plus et un écrivain de qualité à notre littérature.
La terre de La Chesnaie, à deux lieues de Dinan, leur étant échue à tous deux en héritage, ils s’y retirèrent vers la fin de 1805, et dans ce lieu sauvage, au milieu des bois, avec des landes, des champs à peine cultivés alentour, un étang encaissé entre des rochers et des arbres séculaires. dans une maison toute rustique, mais pourvue d’une bibliothèque nombreuse, la véritable éducation philosophique, théologique et littéraire de La Mennais commença.
Bien qu’un poëte ne soit pas nécessairement un critique, que mille éléments suspects animent les jugements littéraires qu’il laisse tomber d’un ton d’oracle, et qu’on ne doive pas lui en demander un compte trop scrupuleux, pourtant la préface en vers de M. de Musset renferme, entre autres opinions contestables, un rapprochement entre Mérimée et Calderon, qui m’a semblé dépasser toutes les bornes de la licence poétique en pareille matière : L’un, comme Calderon et comme Mérimée, Incruste un plomb brûlant sur la réalité, etc.
Et croyez que cet art est le plus grand de tous, bien supérieur à la petite habileté qui équilibre de bonnes phrases correctes, à la rhétorique qui enferme toutes les idées dans le même moule, aux recettes littéraires qui font la période de Rousseau et de Johnson, ou le vers de Pope et de Voltaire.
Il écrivait encore à l’empereur : « Assurons à ceux qui, par leurs qualités naturelles, leur naissance ou leur fortune, sont appelés à marcher au premier rang de la société… la culture de l’esprit la plus large… afin de fortifier l’aristocratie de l’intelligence au milieu d’un peuple qui n’en veut pas d’autre… » — Et c’est pourquoi il supprima la bifurcation en études scientifiques et littéraires, « qui sépare, disait-il, ce qu’on doit unir lorsqu’on veut arriver à la plus haute culture de l’intelligence » ; introduisit dans les lycées l’histoire contemporaine et quelques notions économiques ; restaura la classe de philosophie, si prospère aujourd’hui et suivie avec tant de passion par les mieux doués de nos enfants.
Alors la musique produit la symphonie à programme, les pièces à thèse encombrent les librairies tandis qu’en peinture sévissent les tableaux « littéraires »6.
Il entre beaucoup de hasard dans ses vues littéraires, et encore plus dans ses aperçus physiologiques ; il y a beaucoup de tâtonnements, même dans ses considérations politiques, lorsqu’il sort de ce qu’il sait le mieux, et qu’étendant son regard au-delà de l’horizon intérieur, il aborde, par exemple, les questions de relations étrangères.
Son goût littéraire était plus vif que sûr ; elle aimait, elle adorait Racine, comme le maître du cœur, mais elle n’aimait pas pour cela le trop fini, elle aurait préféré le rude et l’ébauché.
Pourtant rien n’approche de l’ouvrage qui, pour lui, n’en était pas un, de ces lettres, qu’il comptait bien que personne ne lirait, et qui sont aujourd’hui le fonds de sa richesse littéraire.
Sans sortir du cercle de l’horizon littéraire, que de retours soudains, que de mésaventures !
Théodore Leclercq est mort le 15 février dernier, et cette mort a aussitôt réveillé, chez ceux qui ne connaissaient ce spirituel auteur que par ses œuvres, le vif souvenir de tout un piquant chapitre littéraire, de tout un chapitre de mœurs sous la Restauration.
Ce peu de lettres qu’échangèrent Saint-Évremond et Ninon donnerait lieu à bien des remarques littéraires et morales.
Mlle Bertaut avait reçu une éducation très soignée et très littéraire.
À la manière dont il y jugeait Rousseau, Voltaire, Mably, Raynal, Helvétius et tutti quanti, on sentait un esprit singulièrement dégagé de toute superstition envers les grandes illustrations littéraires : « Heureux, disait-il en concluant, heureux ceux qui n’ont pas fermé les yeux sur les événements pour ne les ouvrir que sur les livres !
Lui, il arrive à Paris, après des études toutes littéraires, ayant lu Rousseau et Bernardin, épris de la nature, ayant fait son tour de Suisse et de Savoie, assez poète par l’esprit et par la sensibilité, sinon par le talent ; il penche naturellement du côté de la monarchie et de Louis XVI, mais avec bien du mélange.
[NdA] Voir le tome II, p. 301, des Archives littéraires de l’Europe (1804).
On a ajouté que Montesquieu, dès qu’il en eut connaissance, fut au désespoir, qu’il alla trouver Mme de Pompadour et qu’il obtint qu’on arrêtât l’édition : « Elle fût hachée tout entière, dit Chamfort, et on n’en sauva que cinq exemplaires. » Cette anecdote, qui ferait tort au caractère de Montesquieu, et dont Fréron avait déjà touché quelque chose dans L’Année littéraire, me paraît suspecte.
Franklin y retourne et, tout en restant ouvrier imprimeur, il continue de se former à l’étude, à la composition littéraire ; il se lie avec les jeunes gens de la ville qui aiment comme lui la lecture ; il fait un peu la cour à miss Read ; puis, tenté de nouveau par les promesses du gouverneur, qui lui parle sans cesse d’un établissement, il se décide à faire le voyage d’Angleterre pour y acheter le matériel d’une petite imprimerie.
Le docte Foncemagne, qui s’applique à le réfuter par toutes sortes de bonnes et démonstratives raisons, n’oublia que d’y joindre l’éclat du style et du talent littéraire, chose si essentielle en France !
C’est à la réunion de ces deux avantages qu’ils doivent leur importance dans l’histoire littéraire.
III Ce don d’intime et délicate pénétration qui a peut-être écarté Tourguénef des émotions littéraires tragiques ou violentes, lui a assuré, eu retour, de comprendre les âmes qu’il analyse, c’est-à-dire de les aimer.
Borné par d’autres dons à la carrière littéraire, retiré des batailles dans son ermitage de Médan, la sourde tension de ses centres moteurs s’est dépensée à douer d’énergie consciente des êtres et des éléments que son intelligence lui montrait faibles et sourds comme ils sont.
et dont la Critique littéraire est encore à chercher le mot !
Rarement l’épuisement littéraire fut plus sensible. […] Sidney, Wilson, Asham et Puttenham ont cherché les règles du style ; Hackluit et Purchas ont rassemblé l’encyclopédie des voyages et la description de tous les pays ; Holinshed, Speed, Raleigh, Stowe, Knolles, Daniel, Thomas More, lord Herbert fondent l’histoire ; Camden, Spelman, Cotton, Usher et Selden instituent l’érudition ; une légion de travailleurs patients, de collectionneurs obscurs, de pionniers littéraires amassent, rangent et trient les documents que sir Robert Cotton et sir Thomas Bodley emmagasinent dans leurs bibliothèques, tandis que des utopistes, des moralistes, des peintres de mœurs, Thomas More, Joseph Hall, John Earle, Owen Felltham, Burton, décrivent et jugent les caractères de la vie, poussent leur file par Fuller, sir Thomas Browne et Isaac Walton, jusqu’au milieu du siècle suivant, et s’accroissent encore des controversistes et des politiques qui, avec Hooker, Taylor, Chillingworth, Algernon Sidney, Harrington, étudient la religion, la société, l’Église et l’État. […] Dans ce cadre fourni par le moyen âge, il entasse tout, en homme de la Renaissance, la peinture littéraire des passions et la description médicale de l’aliénation mentale, les détails d’hôpital avec la satire des sottises humaines, les documents physiologiques à côté des confidences personnelles, les recettes d’apothicaire avec les conseils moraux, les remarques sur l’amour avec l’histoire des évacuations. […] Il y a tel état de l’intelligence publique qui exclût tel genre littéraire ; et il y a tel état de l’intelligence publique qui exclut telle conception scientifique. […] Dans les deux cas, c’est un âge littéraire qui finit. — Lisez comme spécimen le discours prononcé devant l’Université d’Oxford.
Quand, vers le milieu du xviiie siècle, Marmontel ou Le Brun (le poète), ou tout autre jeune littérateur pauvre, voulait créer quelque petite feuille de littérature et de critique, il ne le pouvait qu’en contrebande, faute d’avoir de quoi payer 300 francs au Journal des savants : c’était un tribut qui était dû à ce père et seigneur suzerain des journaux littéraires.
. — Ces humbles travaux d’histoire littéraire seraient sans cesse à retoucher et à remettre au courant : la vie n’y suffit pas.
Je ne croyais pas aujourd’hui que cette considération de Duclos historien dût me mener si loin : il me resterait à son sujet, en le suivant dans son rôle de meneur ou de censeur à demi républicain à l’Académie, dans ses relations avec Voltaire et avec le parti encyclopédique, à compléter un des principaux chapitres de l’histoire littéraire du xviiie siècle ; mais, si je dois l’écrire, je demande à l’ajourner, n’oubliant pas que nous sommes dans l’Avent et ayant à parler de Bourdaloue.
Arrêtons-nous un moment à l’écouter sur ce point, et recueillons ses doctrines littéraires qu’il sut mettre en parfait accord avec la nature et la saveur de ses productions.
Il fit ses études au collège de Pontlevoy et montra des goûts assez littéraires qui ne demandaient qu’à être cultivés.
Charles Labitte avait donné sur ce point tous les éclaircissements désirables (Études littéraires, tome ii, page 184).
Sur celle-ci en particulier, tout a été dit de ce qui pouvait l’être ; les défauts et les mérites du livre ont été mis en lumière avec une mesure parfaite, dans une suite d’opinions qu’il eût suffi de sténographier pour avoir un excellent modèle de discussion littéraire et historique : que d’instruction j’y ai recueillie moi-même sur un sujet que j’avais précédemment étudié !
Les dates littéraires y sont pour beaucoup.
Je ne sais pas, dans le moderne, de plus frappant désaccord entre la tradition ou, si l’on aime mieux, la légende littéraire et poétique et la vérité historique, de plus éclatant démenti donné par celle-ci à l’autre que l’histoire de don Carlos, fils de Philippe II.
Élevé, je l’ai dit, par un père de qui il a reçu une très bonne instruction littéraire, il a puisé de bonne heure auprès de son oncle Delécluze le goût des arts.
L’histoire littéraire ne marche pas comme l’histoire politique : ce n’est point par annales régulières qu’elle procède.
Arthur Dinaux, a pris toute cette affaire avec un surcroît de rigueur et de candeur qui marque bien la différence des époques : il faut lire son article dans les Archives historiques et littéraires du Nord de la France (année 1855, page 95) ; il s’est constitué le champion en titre de la « victime cloîtrée », soutenant même, d’après les dates et la distance des lieux, que dans cette lutte avec le maréchal l’innocence n’avait point dû succomber.
Il est bon et obligeant, mais, comme tous les hommes d’un grand talent littéraire, impossible à cultiver : il appartient à trop de monde, à tous les mondes. » Avec le seul Musset, il n’y avait jamais eu d’occasion, de rencontre, et partant de sympathie établie, pas le moindre petit fil tendu à travers l’air, et elle le supposait de loin plus avantageux certainement, plus plein de lui-même qu’il ne l’était, lui, l’indifférent passionné, éperdument livré au torrent de la vie ; elle avait à son sujet de la prévention, faute de l’avoir connu à une heure propice.
En essayant de les continuer, d’en faire entendre de semblables, non point parce qu’il sentait de même, mais parce qu’il visait à un genre littéraire, Jean-Baptiste égarait toute spiritualité dans les échos de ses rimes sonores : Racine fils, bien débile sans doute, était plus voisin de son noble père, plus vraiment touché d’un des pâles rayons.
Quoique les deux portraits qui suivent n’aient rien de littéraire, on s’est risqué à les glisser en ce volume ; et combien on serait heureux qu’ils n’y parussent pas trop déplacés, ni trop près de ces autres portraits de femmes, les auteurs de la Princesse de Clèves et de Valérie !
Depuis des siècles, ils vivaient dans la mémoire du peuple, et comme ils préexistaient aux formes littéraires qui en ont fixé ou transformé un certain nombre dans les poèmes de Renart, ils se sont transmis jusqu’à nos jours pur la même tradition orale dans beaucoup de pays ; les folkloristes ont retrouvé chez les Finnois et dans la Petite Russie de ces aventures comiques du loup et du renard, qui divertissaient nos vilains du xiie siècle.
« En vérité, disait Grimm après lecture des Honnêtetés littéraires, M. de Voltaire est bien bon de se chamailler avec un tas de polissons et de maroufles que personne ne connaît. » Le pis pour Voltaire, c’est que ces « polissons » et ces « maroufles » n’étaient pas les seuls objets de sa colérique humeur.
Quand ce groupe de bouffons fameux disparut, la farce française expira avec eux sur les planches de plus en plus littéraires de l’Hôtel de Bourgogne.
L’Heptaméron nous introduit dans l’histoire la prose littéraire.
En poésie, il substitua la composition artificielle à l’inspiration intime, qui sort du fond de la conscience, sans aucune arrière-pensée de composition littéraire.
À son arrivée à Château-l’Évêque, ce monsieur, qui est médecin, demande immédiatement des renseignements sur cette jeune fille qui l’a frappée, et, après qu’on lui a dit ce qu’elle est, ce qu’elle fait : — Mais cette jeune fille, dit-il, mérite le prix Montyon ; je la signalerai à l’Académie. » Je ne sais si la signature de cet admirateur d’Emmeline figure parmi les innombrables attestations qui montrent l’estimé que l’on professe pour elle à Chancelade et à Château-l’Évêque ; mais ce qui est bien honorable pour cette jeune fille, c’est la notice qu’a faite sur elle M. le curé de Château-l’Évêque, notice composée avec un sentiment des plus justes, un tact parfait, et une pleine inconscience littéraire.
Mais ce sentiment littéraire plus vif, ce mouvement net et prompt, cette impétuosité de jugement qui ressemble presque à une ardeur de cœur, Huet ne l’avait pas.
Au point de vue littéraire qui, de près ou de loin, est toujours le nôtre, l’inconvénient de ce train de vie tumultueux était au fond d’être incompatible avec le vrai goût.
De talent véritable, au sens littéraire du mot, n’en demandez point à Condorcet dans tous les écrits sortis de sa plume pendant la Révolution.
Souffrez que je voie le soleil, que je respire plus au large, que j’envisage des humains, que j’aie des ressources littéraires, depuis si longtemps unique soulagement à mes maux, que je sache si mon fils respire et ce qu’il fait… Telle est cette admirable et douloureuse page qu’il est impossible de lire sans émotion et sans larmes.
Au point de vue littéraire, les chants de M.
Dans un ordre plus important encore que l’ordre littéraire, M. de Maistre témoigne de ces humilités sincères qui deviennent touchantes de la part d’un esprit aussi hautement doué et aussi élevé : Je ne sais, écrivait-il peu d’années avant sa mort, ce que c’est que la vie d’un coquin, je ne l’ai jamais été ; mais celle d’un honnête homme est abominable.
Dans la relation d’un Voyage littéraire que fit en France, en 1733, un Français réfugié de Berlin, Jordan, il est parlé de Rollin en des termes qui nous le montrent assez au naturel et sans exagération : Je rendis visite à l’illustre M.
Sans entrer le moins du monde dans la question astronomique et théologique, à ne prendre le livre que par le côté littéraire et moral, nous en saisirons aisément le faux, et cela en vaut la peine.
Encore aujourd’hui, c’est toujours l’homme ou le côté humain de la nature qui nous touche dans toute description littéraire ou reproduction de l’art.
Pourquoi n’aurait-on pas des sergents de ville littéraires ?
Sans doute on cite quelques exemples de travail artistique, littéraire ou scientifique, exécuté au cours d’un songe.
Nous observâmes qu’il y avoit bien plus d’avantage à écrire il y a cent ans, par la raison que les auteurs n’étoient point multipliés, que les querelles littéraires n’existoient presque pas, & qu’on étoit récompensé pour un seul quatrain, au lieu qu’aujourd’hui mille & mille vers ne font pas sur les grands la plus légere impression. […] Cela nous conduisit à parler des querelles littéraires, qui nous parurent n’avoir point d’autre source que l’envie, & conséquemment l’orgueil ; mais il est sans doute étonnant que la France qu’on peut nommer le séjour de l’aménité, soit devenue relativement aux auteurs, le théâtre de la haine & de la jalousie. […] Quoi qu’il en soit, un auteur estimable, est celui qui respecte la religion, les mœurs, le gouvernement ; qui ne se mêle point des querelles littéraires, qui méprise les satyres, & qui n’y répond jamais. […] J’en vois six, le Mercure, l’Année Littéraire, le Journal Encyclopédique, ceux de France, de Paris & les petites affiches. […] Grande question à résoudre, & qui mériteroit bien un prix de la part des sociétés littéraires.
En écrivant ses polémiques, Becque s’exprime toujours dans l’amertume de son âme, malgré la certitude qu’il pouvait avoir d’être le premier de son temps dans le genre littéraire qui lui était échu. […] Je ne reviendrai pas sur cette affaire ; j’y chercherai seulement l’occasion de rappeler l’opinion littéraire de Sainte-Beuve sur Hugo. […] Après cela, je vous avouerai qu’il aimait quand même à prendre des petits verres chez les mastroquets de sa rue de la Roquette, et que j’en prenais aussi, tout en prêtant l’oreille aux fines anecdotes littéraires qu’il me racontait et aux belles strophes de Jadis et Naguère encore inédites, qu’il me récitait avec un art plein de nuances. […] Mais il a fait aussi l’impossible puisqu’il a été le seul critique possible en matière littéraire. […] Il fut longtemps obscur, mais il est, à cette heure, d’actualité, comme on dit, car la jeunesse littéraire d’Athènes vient de rappeler son ombre dédaignée pour la couronner de roses.
Une Amazone littéraire vint encore à l’appui de cette favorable décision. […] Deux de nos Héroïnes littéraires s’applaudissaient d’avoir épuré ce genre. […] Au surplus, tout dans le monde littéraire alla toujours comme auparavant, & la vision que je publie n’aura pas l’honneur d’y rien changer. […] Une héroïne littéraire(a) a fait passer dans notre Langue tout ce que Milton a d’intelligible &, surtout, de plus intéressant. […] Cet Ecrivain, qui a soutenu plus d’un paradoxe littéraire, en était un lui-même en littérature.
Thiers, c’est l’excès de nationalisme ; c’est une espèce de patriotisme littéraire qui compte la patrie pour tout et le monde pour peu ; c’est, en conséquence, un engouement irréfléchi de militarisme empanaché, qui, voyant toujours le droit où est la patrie, et la patrie à travers la fumée de tous les champs de bataille, à quelque distance qu’ils soient de nos frontières, s’enivre non comme un historien, mais comme un combattant, de poudre et de gloire, ne voit plus dans la nation qu’une armée, et dans le chef d’armée qu’un maître du monde par droit de discipline et de victoire. […] Ce beau récit n’a pas le mérite de la nouveauté, car il avait été déjà écrit par des historiens littéraires d’un grand talent, mais dans M.
Voyage historique, littéraire, religieux, à travers le monde alors connu des Grecs, ce serait le vrai nom de ce qu’on appelle son Histoire. […] Cette lutte littéraire entre les premiers historiens de la Grèce devant l’Académie d’Athènes est loin de l’espèce de barbarie que l’on attribue à ces temps.
21 mai Quand le passé, religieux et monarchique sera entièrement détruit, peut-être commencera-t-on à juger le passé littéraire, et peut-être arrivera-t-il qu’on trouvera qu’un Balzac vaut Molière, et que Victor Hugo est le plus grand de tous les poètes français. […] 13 juillet La peine, le supplice, la torture de la vie littéraire : c’est l’enfantement.
Afin de mieux marquer cette tendance nécessaire, une intime conviction, d’abord instinctive, puis systématique, m’a déterminé, depuis longtemps, à représenter toujours l’enseignement exposé dans ce Traité comme s’adressant surtout à la classe la plus nombreuse, que notre situation laisse dépourvue de toute instruction régulière, par suite de la désuétude croissante de l’instruction purement théologique, qui, provisoirement remplacée, pour les seuls lettrés, par une certaine instruction métaphysique et littéraire, n’a pu recevoir, surtout en France, aucun pareil équivalent pour la masse populaire. l’importance et la nouveauté d’une telle disposition constante, mon vif désir qu’elle soit convenablement appréciée, et même, si j’ose le dire, imitée, m’obligent à indiquer ici les principaux motifs de ce contact spirituel que doit ainsi spécialement instituer aujourd’hui avec les prolétaires la nouvelle école philosophique, sans toutefois que son enseignement doive jamais exclure aucune classe quelconque. […] Mais cette crainte naturelle, unique objection sérieuse qui, à ce sujet, méritât une vraie discussion, résulte aujourd’hui, dans. la plupart des cas de bonne foi, d’une irrationnelle confusion de l’instruction positive, à la fois esthétique et scientifique, avec l’instruction métaphysique et littéraire, seule maintenant organisée. […] L’une peut, chaque jour, dans ses mille tribunes sacrées, préconiser, à son gré, l’excellence absolue de son éternelle doctrine, et vouer tous ses adversaires quelconques à une irrévocable damnation ; l’autre, dans les nombreuses chaires que lui entretient la munificence nationale, peut journellement développer, devant d’immenses auditoires, l’universelle efficacité de ses conceptions ontologiques et la prééminence indéfinie de ses études littéraires.
Je crois que Mme Calamatta est aussi du parti des ennemis du soleil ; mais elle compose parfois ses tableaux assez heureusement, et ils ont un peu de cet air magistral que les femmes, même les plus littéraires et les plus artistes, empruntent aux hommes moins facilement que leurs ridicules. […] Leur façon rappelle l’école de Metz, école littéraire, mystique et allemande. […] et la prospérité littéraire a-t-elle de si funestes conséquences qu’elle contraigne le public à nous rappeler à l’ordre et à nous remettre sous les yeux nos anciens certificats de romantisme ?
Nous ferons successivement paraître, avec le même soin et la même fidélité, les autres volumes dont voici les titres : Récits moraux et tragiques ; Mélanges et propos littéraires ; Le VIIe Livre des Stances, déjà connu, mais qui n’a pas encore été réuni à ses œuvres complètes ; nous y ajouterons des fragments d’Ajax et quelques vers inédits. […] Il est donc probable qu’on se trompe en affirmant qu’il a connu et apprécié le mérite littéraire de Louise, qui était fort jeune au moment de sa mort. […] Que si le bon homme s’est laissé ainsi lourdement abuser en chose advenue de son temps à Lyon, où il estait tous les jours : à peine adjoustera on foy à ce qu’il a escrit des siecles passez. » On a attribué ces outrages envers la poétesse à un dépit amoureux ou à quelque jalousie littéraire.
J’ai rappelé, à propos des mimïambes d’Hérondas, les dialogues de la Vie parisienne et de nos journaux « littéraires. » Il va sans dire que, si le genre est le même, la matière et aussi l’art qui la façonne diffèrent étrangement. […] L’épine au cœur de Corneille s’appelle Jean Racine. — Les analogies abondent entre l’évolution littéraire du dix-septième siècle et l’évolution du nôtre. […] Seule, peut-être, l’anarchie littéraire de notre temps rendra possible, deux siècles après, des libertés et des « bonheurs » analogues, quoique, à vrai dire, la littérature d’aujourd’hui demeure peut-être moins folle, moins trouble, moins aventureuse, moins indisciplinée que celle de cette benoîte époque de Louis XIII. […] Quand je cherchai la gloire au fond d’un encrier, Qui donc prit en souci mon début littéraire ? […] Ç’a été l’une des plus grossières erreurs littéraires de ce temps, de confondre l’énumération des parties avec la peinture, de croire que la juxtaposition interminable de détails, même pittoresques, peut finalement « former tableau », nous rendre sensibles, les vastes spectacles de l’univers physique.
Nous apportons aussi à aimer Racine un sentiment qui est une sorte de nationalisme littéraire. […] Ce fut sûrement lui qui communiqua à l’enfant la flamme littéraire. […] Et c’était le vrai rêveur, celui qui, lorsqu’il vient à écrire, n’a même pas de vanité littéraire. […] Elles ne sont pas profondes, et il s’y trouve des lieux communs un peu modestes : mais elles sont amusantes, colorées et drues ; et une sensibilité littéraire passionnée les anime. […] Il fut, dans bien des circonstances, quelque chose comme sa conscience morale et sa conscience littéraire.
Quelque critique pour condamner ce genre, a osé dire qu’il étoit nouveau ; on l’en a cru sur sa parole, tant la legéreté & l’indifférence d’un certain public, sur les opinions littéraires, donne beau jeu à l’effronterie & à l’ignorance. […] Cependant les difficultés que présente la critique dans les Arts dont nous venons de parler, n’approchent pas de celles que réunit la critique littéraire. […] Cependant si les auteurs outragés sont trop au-dessus des insultes pour y être sensibles, s’ils conservent leur réputation dans l’opinion des vrais juges ; au milieu des nuages dont la basse envie s’efforce de l’obscurcir, la multitude n’en recevra pas moins l’impression du mépris qu’on aura voulu repandre sur les talens, & l’on verra peu-à-peu s’affoiblir dans les esprits cette considération universelle, la plus digne récompense des travaux littéraires, le germe & l’aliment de l’émulation. […] On se plaignoit que Bayle en imposoit à ses lecteurs, en rendant intéressant l’extrait d’un livre qui ne l’étoit pas : il faut avouer que la plûpart de ses successeurs ont bien fait ce qu’ils ont pû pour éviter ce reproche ; rien de plus sec que les extraits qu’ils nous donnent, non-seulement des livres scientifiques, mais des ouvrages littéraires. […] On ne peut donc s’interdire équitablement dans un extrait littéraire, les réflexions & les remarques inséparables de la bonne critique.
Les écrits dont j’ai parlé ne sont pas proprement de la littérature, ce sont des témoignages de société qui viennent en aide et en ornement aux jugements littéraires.
Je retourne à mes vieilles études philosophiques et littéraires.
Voilà près d’un demi-siècle, voilà quarante-quatre années du moins que M. de Chateaubriand a inauguré notre âge par Atala, par le Génie du Christianisme, et s’est placé du premier coup à la tête de la littérature de son temps : il n’a cessé d’y demeurer depuis ; les générations se sont succédé, et, se proclamant ses filles, sont venues se ranger sous sa gloire ; presque tout ce qui s’est tenté d’un peu grand dans le champ de l’imagination et de la poésie procède de lui, je veux dire de la veine littéraire qu’il a ouverte, de la source d’inspiration qu’il a remise en honneur ; ce qu’on a, dans l’intervalle, applaudi de plus harmonieux et de plus brillant est apparu comme pour tenir ses promesses et pour vérifier ses augures ; il a eu des héritiers, des continuateurs, à leur tour illustres, il n’a pas été surpassé ; et aujourd’hui, quand beaucoup sont las, quand les meilleurs se dissipent, se ralentissent ou se taisent, c’est encore lui qui vient apporter à la curiosité, à l’intérêt de tous, un volume impatiemment attendu, et qui n’a, si l’on peut dire, qu’à le vouloir pour être la fleur de mai, la primeur de la saison.
Paris, Histoire littéraire de la France, t.
Une des plus authentiques marques de bourgeoisie dans une œuvre littéraire, c’est l’effacement ou l’abaissement de la femme : Jean de Meung donne à la règle une éclatante confirmation.
Valeur littéraire des mystères.
Etude littéraire sur le xixe siècle, par Emile Faguet, un vol. in-18 jésus 5e édit.
Il est vrai que l’Amour est le thème éternel de toute poésie et qu’à l’inverse de sa pratique, immuable dès l’origine, son expression littéraire diffère et varie au cours des âges, au point de marquer la valeur du groupe social.