L’immortel honneur de La Boétie est de nous représenter Montaigne en cette époque de stoïcisme moral et avant le scepticisme, Montaigne enthousiaste du bien ; et toutes les fois qu’il lui arrivera plus tard de resonger à son ami et d’en parler, Montaigne redeviendra ce qu’il était en ces années où il le connut et où ils s’unirent. […] [NdA] Des hommes bien distingués en ont jugé pareillement de nos jours : « Notre époque manque de grands hommes », a dit M. de Rémusat
L’astre de Mme de Staël décida absolument du parti qu’il prit à l’époque du Consulat et dans les années suivantes : il vivait dans son cercle et se mouvait dans son tourbillon. […] L’homme qui pourrait nous parler de M. de Constant, comme il l’appelle, en toute connaissance de cause, avec une entière fidélité et une bienveillance suffisante de souvenirs, et en le replaçant dans son cadre à l’époque de sa meilleure verve de salon, serait M. de Barante.
Il est et il restera une des productions les plus à part, et les plus compliquées comme les plus brillantes, de cette époque d’art qui a tant donné. […] Ils ont pipé les niais de leur époque avec du sucre ; ceux de maintenant aiment le poivre : va pour le poivre !
L’époque, en tant que nouvelle et que moderne, n’avait rien produit encore de grand et de vraiment beau ; je parle de ce beau et de ce nouveau qui est propre à chaque époque et qui la marque d’un cachet à elle.
Chacun d’eux avait ses demi-confidents, ses agents, ses négociateurs, qui ne pouvaient se concerter sur rien et devaient se contrarier souvent ; mais ce qui est tout à fait inconcevable quand on connaît bien tout ce qu’il y avait de raison, d’instruction et de bons sentiments dans ces trois augustes personnes, c’est qu’à aucune époque de la Révolution ils n’aient demandé ni accepté un plan de conduite raisonnable, et pas même un plan de défense dans le dernier moment de péril ; ou qu’ils aient laissé ignorer à ceux dont ils recherchaient et dont ils négligeaient les avis ce qu’ils voulaient substituer à telle ou telle proposition.. » Cependant les événements de l’intérieur se précipitaient, et le 10 août éclata. […] M. do La Tour du Pin peut lui dire que, si nous rentrons en France, véritablement il ne peut pas y rester ; mais je lui garantis un sauf-conduit pour aller vivre en tel pays étranger qui lui conviendra le mieux. » « Voilà quels étaient, même en 1800 (car c’est l’époque de cette conversation), l’esprit, les projets, les combinaisons de ces messieurs. » Et ces messieurs, s’ils vivaient, seraient toujours les mêmes.
Guttinguer avait publié vers 1828, Amour et Opinion, les mœurs de l’époque impériale, celles de 1815, étaient déjà bien exprimées : élégie de fin d’Empire, écrite par un ex-garde d’honneur, où les personnages sont de beaux colonels et des généraux de vingt-neuf ans, de jeunes et belles comtesses de vingt-cinq ; où la scène se passe dans des châteaux, et le long des parcs bordés d’arbres de Judée et de Sainte-Lucie : en tout très-peu de Waterloo. — Mais Arthur est le vrai, le seul roman de M. […] Elles rappellent assez bien celles qui devaient s’échanger à toutes les époques dans les folles parties de jeunesse, du temps de Théophile comme du temps de Bussy, dans les après-midi sous la tonnelle, à la butte Saint-Roch, entre Chaulieu, La Fare et le chevalier de Bouillon.
Sans remonter jusqu’au moyen âge, jusqu’à l’époque chevaleresque où fleurissait bien brillamment, sous une suite de vaillants comtes, la tige de l’antique maison souveraine de ce pays, mais où, sauf plus ample information, la trace littéraire est moins évidente ; sans se reporter tout à fait jusqu’au temps du bon Froissart, qui se louait très-fort pourtant de leur munificence : Amé, le comte de Savoie27, ………….. […] Tandis que le comte Joseph, dans de fortes études qui semblaient tenir tout d’une pièce à l’époque d’Antoine Favre et du xvie siècle, suivait en magistrat gentilhomme la carrière parlementaire et sénatoriale, le comte Xavier entra au service militaire ; sa jeunesse se passa un peu au hasard dans diverses garnisons du Piémont.
Mais Corneille s’est arrêté avec prédilection à l’histoire romaine, où il n’y a guère d’époque qu’il n’ait représentée ; les rois dans Horace ; la conquête du monde dans Sophonisbe et dans Nicomède ; les guerres civiles dans Serîorius et dans Pompée ; l’empire dans Cinna, Othon, Tite et Bérénice, Pulchérie ; le christianisme et l’empire dans Polyeucte et Théodore : les barbares et l’empire dans Attila, l’empire byzantin dans Héraclius. […] Brunetière, les Époques du théâtre français, 1ere et 2e Conférences, in-12, Paris, 1892.
M. le duc d’Aumale nous donne quelques-unes des lettres latines qu’il écrivait à son père à cette époque. […] L’ingénieur du roi, M. de Beaulieu, qui nous a laissé sur les batailles de cette époque une série de gravures presque toujours fort exactes, représenta le combat au moment même où Gassion exécute son mouvement tournant.
S’il fallait avoir une opinion sur les élégiaques des deux époques, je préférerais au naturel de Parny et de Bertin même, le galant de Fontenelle ; et combien plus celui dont s’est moqué Boileau ! Dans le galant des deux époques, il y a, outre de l’esprit, du respect pour la femme et pour le rêve de l’amour ; dans les confidences bourgeoises des élégiaques du dix-huitième siècle, il n’y a que les malhonnêtes indiscrétions du plaisir qui se donne l’air de la passion.
Cette pure et sobre Attique était, à l’époque tertiaire, la région des énormités. […] Ces tragédies et ces comédies mortes errent et reviennent à l’état spectral, dans les écrits de la basse époque, évoquées par la citation d’un scholiaste ou d’un grammairien.
Augier a placé sa comédie au dix-huitièmesiècle, sous Louis XVI, à cette époque de politesse raffinée et de mœurs exquises, ou la galanterie française mettait l’encens en bonbonnière et l’offrait aux dames, avec des grâces infinies. […] Augier, et nous y reviendrons tout à l’heure, de méconnaître, à chaque instant, les convenances de l’époque qu’elle a choisie, du cadre dans lequel elle s’est placée, du rang et de la figure des personnages qu’elle met en scène ; il introduit les mœurs de la tonnelle et de la taverne dans ce château aristocratique : Immitit liquidis fontibus aprum… Ce qu’on pourrait traduire : il lâche le… sanglier de Rabelais dans le boudoir de porcelaines du dix-huitième siècle.
Voilà bien des genres, et il semble que tout soit épuisé : on assure pourtant que Béranger garde encore en portefeuille une dernière forme de chanson plus élevée, presque épique : ce sont des pièces en octave sur Napoléon, sur les diverses époques de l’Empire. […] Mais, à une époque d’effort, de lutte et de calcul, il a su trouver sa veine, il a fait jaillir sa poésie, une poésie savante et vive, sensible, élevée, malicieuse, originale, et il a excellé assez pour être sûr de vivre, lors même que quelques-unes des passions qu’il a servies, et qui ne sont pas immortelles, seront expirées.
Louis XIV est peint par des traits justes et nets qui le montrent sans exagération et avec tous ses avantages dans la vie habituelle : on y sent bien le roi digne de cette grande époque où l’on pensait et où l’on parlait si bien. […] Cette aînée de Saint-Cyr, cette sœur d’Esther, et qui ne se tint pas à ce rôle si doux, est comme la dernière fleur qu’ait produite l’époque finissante de Louis XIV, et elle ne s’est ressentie en rien de l’âge suivant.
Il enjambe les époques, il accouple les noms les plus étonnés de se rencontrer, Louis XVI et le grand Théodose, M. […] Mais il n’a pas d’effort à faire pour s’y conformer ; sauf l’élévation qui, à un ou deux endroits, lui sort du cœur, et la verve qui, en trois ou quatre passages, est excellente, il est dans Le Vieux Cordelier ce qu’il était dans ses précédents écrits, incohérent, indécent, accouplant à satiété les images et les noms les plus disparates, accolant Moïse à Ronsin, profanant à plaisir des noms révérés, disant le sans-culotte Jésus en même temps qu’il a l’air de s’élever contre l’indigne mascarade de l’évêque apostat Gobel ; en un mot, il parle dans Le Vieux Cordelier l’argot du temps ; il a le style débraillé, sans dignité, sans ce respect de soi-même et des autres qui est le propre des époques régulières et la loi des âmes saines, même dans les extrémités morales où elles peuvent être jetées.
J’ai sous les yeux quelques pièces de vers manuscrites adressées, vers cette époque, par le jeune homme à M. […] Moreau vint à cette époque à Paris, et, toujours par les conseils de M.
Ce n’était pas la moindre singularité de l’époque que cette sorte d’autel au bon et pudique mariage dressé en plein Paris et au milieu de la secte des philosophes. […] Mais ces défauts se rachètent ici plus aisément qu’ailleurs : le sujet l’inspire ; c’est élevé, c’est ingénieux ; et quand elle en vient à la considération du mariage dans la vieillesse, à ce dernier but de consolation et quelquefois encore de bonheur dans cet âge déshérité, elle a de belles et fortes paroles : « Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n’est souvent que l’extrait de notre vie passée. » Et montrant, d’après son expérience de cœur et son idéal, le dernier bonheur de deux époux Qui s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans, elle nous trace l’image et nous livre le secret de sa propre destinée ; il faut lire toute cette page vraiment charmante : Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent.
Sa conduite à l’époque de la Révolution, et dans les circonstances difficiles où tant d’autres de ses confrères (et La Harpe tout le premier) se couvrirent de ridicule et de honte, fut digne, prudente, généreuse même. […] Pour nous, à parler franchement, dans un genre aussi faux que l’était la tragédie à cette époque, il nous serait impossible, si nous n’étions guidé par le résultat, d’exprimer aucune préférence pour l’une ou pour l’autre de ces cinq ou six tragédies ; nous ne pouvons nous former un avis qui les différencie et les distingue, tant l’insipidité et l’ennui, en les lisant, paralysent tout d’abord notre attention.
Lorsqu’à l’époque de la Révolution, trente ans après, la dissolution du mariage fut devenue possible, La Harpe demanda le divorce pour incompatibilité d’humeur, et l’obtint le 29 mars 1793. […] » On conclut que la Révolution ne tardera pas à se consommer ; qu’il faut absolument que la superstition et le fanatisme fassent place à la philosophie, et l’on en est à calculer la probabilité de l’époque et quels seront ceux de la société qui verront le règne de la raison… Un seul des convives n’avait point pris de part à toute la joie de cette conversation, et avait même laissé tomber tout doucement quelques plaisanteries sur notre bel enthousiasme.
Carrel sentait si vivement l’esprit et la grandeur de cette époque et de l’homme qui la personnifiait, il en parlait sans cesse avec tant d’intérêt et d’éloquence, que ses amis Sautelet et Paulin l’avaient engagé à écrire une Histoire de l’Empire. […] Je me rappelle, à cette époque, une correspondance qui eut lieu entre lui et M.
La partie de Jérusalem et de la Palestine est singulièrement écourtée chez Volney, qui ne voulait point, à l’époque où parut son Voyage, se faire de querelles, et qui se contentait de laisser percer ses opinions méprisantes. […] Bonaparte, simple officier d’artillerie, visita la Corse et sa famille à l’époque où Volney était près d’Ajaccio.
Que l’on conçoive un travail psychologique, historique, littéraire de cette sorte, accompli parfaitement pour l’art, les artistes et les admirateurs dans une époque, dans un peuple ; que l’on sache celui-ci divisé par un procédé approximatif, en une série de types intellectuels et de similaires, à constitution déterminée par termes scientifiques précis : que ces types soient connus et posés comme des hommes vivants et en chair, ces foules comme des agrégats tumultueux, vivants, animés, logés, vêtus, gesticulant, ayant une conduite, une religion, une politique, des intérêts, des entreprises, une patrie, — qu’à ces groupes ainsi déterminés et montrés, on associe, si l’histoire en porte trace, cette tourbe inférieure ne participant ni à l’art ni à la vie luxueuse ou politique communeee, et dont on peut vaguement soupçonner l’être, par le défaut même des aptitudes reconnues aux autres classes ; que l’on condense enfin cette immense masse d’intelligence, de cerveaux, de corps, qu’on la range sous ses chefs et ses types, on aura atteint d’une époque ou d’un peuple la connaissance la plus parfaite que nous puissions concevoir dans l’état actuel de la science, la plus profonde pénétration dans les limbes du passé, la plus saisissante évocation des légions d’ombres évanouies.
Mais le poète avait traversé dans son enfance l’époque de l’invasion française ; des souvenirs de l’épopée napoléonienne lui restèrent toute sa vie ; les sympathies de sa race et de sa famille durent le porter du côté de la nation qui la première traita les Juifs humainement. […] Ce sont les fleurs traditionnelles, la rose, la violette ou le souci ; le rossignol et l’alouette de Roméo ; l’époque et le costume sont indécis, les incidents si simples qu’un jeune Persan vivant à Bagdad sous les Abassides, en eût pu composer l’histoire de sa passion pour quelque belle Arménienne, aussi bien qu’un étudiant de Bonn pour une fille de brasserie.
Quelquefois, à un moment donné, le type sort tout fait d’on ne sait quelle collaboration du peuple en masse avec un grand comédien naïf, réalisateur involontaire et puissant ; la foule est sage-femme ; d’une époque qui porte à l’une de ses extrémités Talleyrand et à l’autre Chodruc-Duclos, jaillit tout à coup, dans un éclair, sous la mystérieuse incubation du théâtre, ce spectre, Robert Macaire. […] Toute la terre était alors mystérieuse ; représentez-vous cette époque : le temple de Jérusalem est encore tout neuf, les jardins de Sémiramis, bâtis depuis neuf cents ans, commencent à crouler, les premières monnaies d’or paraissent à Égine, la première balance est faite par Phydon, tyran d’Argos, la première éclipse de soleil est calculée par les chinois, il y a trois cent douze ans qu’Oreste, accusé par les Euménides devant l’Aréopage, a été absous.
À quoi bon apporter ma pelletée à ce tas de descriptions qu’ont amoncelées — dans notre époque d’Études de mœurs — les romanciers qui énumèrent un individu bouton par bouton, ridicule par ridicule ? […] « C’est étrange, mais il me semble que vous, — le vieux, — vous m’avez offert des couteaux à Châtellerault, il n’y a pas bien longtemps. » Et en effet, après avoir provoqué l’expansion du chef de bande par l’achat d’un poignard que j’avais marchandé jadis au buffet de Châtellerault, j’appris : Que ces Espagnols n’étaient que des Espagnols en strass ; Que ces Castillans étaient nés natifs de la Vienne ; Qu’au lieu de guérilleros sans emploi faisant trafic de bonnes lames de Tolède, j’avais levé trois Français en rupture — de nationalité ; Que le chef Pedro Bobinardino avait été, dans une existence antérieure, coutelier à Châtellerault — et s’appelait Pierre Bobinard ; Que ledit Bobinard avait vu sombrer son industrie à l’époque de la grande débâcle des diligences Laffitte et Gaillard ; Que, sur le point de se jeter sous les roues de la locomotive qui le ruinait, une idée lumineuse lui avait représenté le suicide comme un acte profondément immoral ; Que cette idée consistait à courir les Pyrénées en costume espagnol, pour écouler, sous prétexte de Vieille-Castille, le fonds de Châtellerault ; Que l’idée était une Californie : le touriste se faisant une joie de posséder un couteau espagnol qui ferait, l’hiver prochain, l’admiration et la jalousie de Castelnaudary ; Que les adolescents de dix-huit ans, en bonne fortune à Luchon avec quelque baronne de hasard, donnaient particulièrement dans le couteau espagnol : vu qu’on ne peut, décemment, aux heures des grandes colères passionnées, menacer sa folle maîtresse du couteau français, qui n’a rien de dramatique ; Que le matin même M.
Lettres italiennes Futurisme et néoprimitifsai Tokineaj « L’art c’est la mode… La mode c’est l’atmosphère dans laquelle se meuvent, vivent et respirent les artistes véritablement créateurs d’une époque » écrit A. […] Notre époque abonde en essais de tous genres, économiques, philosophiques et artistiques.
Déjà Alfred Maury et, vers la même époque, le marquis d’Hervey de Saint-Denis avaient remarqué que ces taches colorées aux formes mouvantes peuvent se consolider au moment où l’on s’assoupit, dessinant ainsi les contours des objets qui vont composer le rêve. […] À l’époque où fut faite la présente conférence, l’ouvrage de Freud sur les rêves avait paru, mais la « psychanalyse » était très loin de ton développement actuel.
À l’époque où nous sommes (1663-1664), il écrit ses premières satires et en fait des lectures privées. […] Et, justement, c’est le conquérant et le héros par excellence, et qui plaît d’autant plus au jeune Racine, que le jeune Racine, à cette époque, est, lui aussi, un conquérant, un homme affamé de gloire. […] Je considère Jean Racine à cette époque (je vous l’ai déjà dit) comme un charmant « arriviste », très ardent et très avisé. […] Racine, à cette époque, est si content d’être au monde, qu’il s’amuse à écrire les Plaideurs. […] Elle est de toutes les époques à la fois ; elle est éternelle, entendez contemporaine de notre race à toutes les périodes de son développement.
Sardou, en lui dédiant son dernier roman : Puyjoli ; traitant comme lui la même époque, il a ainsi éviter les réflexions sur les rencontres de sujets. […] … Je me rappelle à quel point je désirais voir un cadavre, et combien cette envie que j’avais, contre laquelle je n’essayais même pas de lutter, me faisait trembler Si, à cette époque, on m’en avait montré un, qu’eussé-je dit ? […] « Nous sommes à une telle distance de la Terre, lui dit Uranie, que la lumière emploie pour arriver de là jusqu’ici tout le temps qui nous sépare de l’époque de Jules César. Nous recevons seulement maintenant, ici, les rayons lumineux partis de la Terre à cette époque. […] Je me rappelle qu’un jour, pour plaire à je ne sais qui, il s’était fait raser complètement la tête ; c’était une mode qui avait été adoptée par les jeunes beaux de l’époque, sous prétexte que les cheveux repoussaient plus dru et que cela préservait de la calvitie.
Quand il conversait, ses souvenirs se reportaient involontairement à l’époque brillante à laquelle l’aiguille de sa montre, en quelque sorte, s’était arrêtée ; même en s’adressant au jeune homme d’hier, il lui échappait de dire, comme entrée en matière, avec un clin d’œil d’allusion : « C’était en 1811 ; M.
Douloureuse parole, qui ouvre à l’âme des abîmes de pensées, et nous reporte malgré nous vers ces époques fatales des Symmaque et des Synésius !
Elle n’a rien à faire avec le passé, ni l’avenir ; une suite d’instants présents composent sa vie ; et son âme, constamment en équilibre, ne se porte jamais avec violence sur une époque, ni sur une idée ; ses vœux et ses efforts se répandent également sur chacun de ses jours, parce qu’ils appartiennent à un sentiment toujours le même, et toujours facile à exercer.
Homme d’une époque tardive et raffinée où s’amalgamaient en une civilisation hybride et Rome et la Grèce et l’Orient, moraliste plus attentif au fonds humain qu’à la particularité historique, et, quand il cherche la variation et la singularité, plus curieux de l’individu que des sociétés, Plutarque offrait déjà les temps anciens dans l’image la plus capable de ressembler aux temps modernes.
Cette nécessité d’employer des sujets & des noms de pure invention, fut l’époque de la belle comédie, de celle de Ménandre & de Philémon, appellée la nouvelle comédie, par opposition à l’ancienne, dont le stile bouffon & cynique se ressentoit de la charrette de Thespis, & à la moyenne, qui, quoique plus régulière dans son plan, n’en étoit ni plus réservée, ni plus innocente.
Quelques personnes assignent, pour époque de cette persécution, le célèbre Avis aux réfugiés ; livre qui parut en 1690, & qui n’est que la satyre de la conduite des prétendus réformés.
Sans doute Haller, Sœmmering, et avant eux Willis, avaient abordé déjà ces difficiles recherches ; mais Gall, par ses sérieuses découvertes aussi bien que par son aventureux système, leur a donné un puissant élan, et depuis cette époque un très-grand nombre de recherches importantes ont été faites dans cette voie.
Si l’on considère qu’il n’y a pas un mot de trop, pas un terme impropre, pas une négligence ; que dans l’espace de trente vers, La Fontaine, en ne faisant que se livrer au courant de sa narration, a pris tous les tons, celui de la poésie la plus gracieuse, la plus élevée : on ne craindra pas d’affirmer qu’à l’époque où cette fable parut, il n’y avait rien de ce qu’on a dans notre langue.
L’auteur de la Comédie humaine, qui vivait à une époque où les écrivains se plaisaient à jeter de la poudre aux yeux du public, fut assez satisfait de cet article d’Ourliac, paru primitivement dans Le Figaro, pour le donner tout entier en appendice dans la première édition de César Birotteau.
Jamais, en somme, l’originalité du style ne fut plus nette qu’à cette époque. » Rien de plus vrai, et c’est en propres termes ce que nous disons, et c’est précisément ce qui prouve que l’originalité se forme par l’imitation ou, tout au moins, que l’imitation ne nuit pas à l’originalité.
Henri, que les gravures du temps représentent sous la figure d’un bouc, Henri, le Faune couronné, n’était pas seulement le libertin affolé qui courait après toutes les femmes, au dire de toutes les chroniques de l’époque, de tous les mémoires, de toutes les chansons.
Si l’on en doutait, il faudrait prendre toutes les publications d’une époque, et l’on verrait combien il y a de bons livres, voire de livres excellents, dans tous les genres où la Pensée et l’Expression demeurent sérieuses, avant d’arriver à quelque chose qui ressemble ou qui soit analogue, par exemple, aux Mémoires du chevalier de Grammont.
Bernardin de Saint-Pierre, qui a fait Paul et Virginie — un nid dans la mousse — et La Chaumière indienne, avait en lui comme la philosophie des brahmes, et il la portait dans ses écrits et dans ses mœurs à une époque où le monde n’était pas beaucoup aux philosophies calmantes et douces, et l’ermite Levallois est, comme lui, un ermite de cette philosophie assagissante, et qui croit que la nature ne fait qu’un avec la sagesse.
Né en 1760, Hebel vit sa célébrité commencer vers 1802, et depuis cette époque, elle n’a pas cessé de se projeter et de s’étendre.
S’il n’y avait pas une littérature en Italie, Leopardi ne la commencerait pas… C’est un lettré de la Renaissance attardé dans l’époque moderne, rêvant pour l’Italie des réveils comme on en rêvait dans ce temps-là, païen, mythologue, athée, comme on l’était alors.
Les quatre ans du règne de Napoléon III, rappelés en quelques pages, ne sont là que comme un prétexte pour parler d’un autre règne au Constitutionnel, la grande époque de Véron, quand cette forte tête gouvernementale passait des jours sans repos et des nuits sans sommeil : … On ne dort pas quand on a tant d’esprit !
Mon esprit, nourri hors des temps et des milieux, demeurera, dans mes livres, tout au service de l’humanité non conditionnée ; mon corps, au service du pays et de l’époque auxquels j’ai dû les bonheurs de l’amitié et la sécurité du travail.
Admirons en tout ceci la Providence divine qui, nous ayant donné comme pour la garde de notre corps des sens, à la vérité bien inférieurs à ceux des brutes, voulut qu’à l’époque où l’homme était tombé dans un état de brutalité, il eût pour sa conservation les sens les plus actifs et les plus subtils, et qu’ensuite ces sens s’affaiblissent, lorsque viendrait l’âge de la réflexion, et que cette faculté prévoyante protégerait le corps à son tour.
Je ne dois remonter qu’à l’époque où les idiomes étant inventés, on en composa les premiers ouvrages. […] Ce malheur arrive dans les siècles où domine l’érudition scolastique et dissertatrice ; âges vicieux, qui furent toujours les époques des décadences. […] Aux époques des mascarades, époques où tout se travestit, où la joie désordonnée confond les sexes et tous les rangs, et qu’on peut nommer les saturnales de l’esprit, la célèbre farce, intitulée le Roi de Cocagne, parut le plus risible exemple de ce genre. […] Boileau décrit ces deux époques en vers si bien faits, que chacun les sait, et que personne ne se lasse de les entendre relire. […] Aussi les héros des époques anciennes nous frappent-ils plus vivement que les héros des époques modernes.
C’est de cette époque, en effet, que date sa facétie de la Mandragore. […] L’Italie de cette époque était le balancier du pendule marquant alternativement l’heure des papes, l’heure des empereurs, jamais l’heure de l’Italie. […] Mais enfin voilà l’Italie depuis sa mort, l’Italie posthume, si on veut savoir à cette époque son vrai nom ; voilà l’Italie exhumée et renaissant de ses cendres jusqu’à Machiavel.
Les harangues du Parlement, prononcées à l’époque de la Fronde, celles par exemple de l’avocat général Talon, ont la marche et le style des plaidoyers ; on sent que ceux qui parlent ont pour principale et ordinaire fonction l’administration de la justice. […] Après Calvin, Bèze et Viret, les protestants ont continué d’avoir de bons, d’utiles prédicateurs445 : dans la première partie du siècle, Dumoulin, Le Faucheur, Mestrezat, Daillé, Dalincourt ; à l’époque de la Révocation, Claude, Du Bosc, Superville. […] I : Munier-Jolain, les Époques de l’éloquence judiciaire en France, Paris, Perrin, 1888, in-12.
L’École d’Athènes, à l’époque où il en faisait partie, n’était elle-même encore qu’au berceau pour les recherches et les découvertes archéologiques. […] Parler aujourd’hui des œuvres d’un grand poète, c’est parler de son époque, de ses contemporains, de ses sources et de ses dérivés, non seulement de tout ce qu’il est, mais de ce qu’il a pu être et de ce qu’il représente. […] Jacquinet, directeur des études littéraires à l’École normale : « Cet enseignement de nos conférences tout intérieur et familier, après la Faculté de Caen d’où il sortait, était assez nouveau pour lui : ce qu’il gardait, au commencement surtout, de solennité de débit, ce qu’il avait encore à cette époque d’enveloppé et de trop orné fut facilement excusé par les élèves en faveur de son savoir et de son ardeur : il fut, en somme, très estimé à l’École. » Les élèves, juges très fins et qui savent fort bien concilier malice et justice, avaient un mot pour rendre ridée de ce mérite solide, un peu grave d’aspect et de ton : « Gandar parle d’or, mais il pèse son poids. » Il se serait assoupli en continuant. […] Gandar, qui avait étudié de près la question, qui avait eu recours aux manuscrits et les avait longuement tenus entre les mains, qui de plus et avant tout avait une dévotion toute particulière à cette grande prose du maître de la chaire sacrée, à toutes les époques de sa carrière, s’attacha dans un premier ouvrage171, après l’abbé Vaillant et après M.
Mais quoique ce soit un poète, chez nous, qui ait eu ce pouvoir, quoique ce doive être un autre poète aussi, Boileau, qui, pour la seconde moitié du siècle, achèvera et confirmera l’œuvre de Malherbe, il ne faudrait pas conclure, de cette espèce de préséance et de priorité de la poésie sur la prose, qui se rencontre également à des époques tout autrement primitives, que le caractère poétique, un caractère d’imagination et de fantaisie, dominera et s’imprimera à l’ensemble de la littérature. […] Malherbe, déjà mûr, eut son jour, et ce jour a fait époque. […] Rousseau, chez Le Brun, lequel pourtant s’en est un peu affranchi en une ou deux occasions : quelques odes de lui, rencontrant le sentiment patriotique de l’époque, y ont fait écho directement et ont pu être chantées, réellement chantées, sur le théâtre, dans les cérémonies, comme la Marseillaise, ou le Chant du départ de M. […] On n’en demandait pas tant à l’époque où vint Malherbe.
À l’époque la moins poétique et la moins idéale du monde, sous la Régence et dans les années qui ont suivi, Mlle Aïssé offre l’image inattendue d’un sentiment fidèle, délicat, naïf et discret, d’un repentir sincère et d’une innocence en quelque sorte retrouvée. […] La mer ne lui a causé qu’un peu de tourment de tête ; mais pour sa compagne de voyage, elle a rendu son dîner aux poissons. » On conjecture que ce fut à cette époque même qu’Aïssé, retirée dans un faubourg de Paris, entourée des soins du chevalier et assistée de la fidèle Sophie, sa femme de chambre, donna le jour à une fille, qui fut baptisée sous le nom de Célénie Leblond. […] Mme d’Abzac, sa sœur aînée, morte à quarante ans dans notre petit Saint-Yrieix, vers l’époque, je crois, du Consulat, était d’une si prodigieuse beauté, que bien peu de temps avant sa mort, alors qu’elle était hydropique, on s’arrêtait pour l’admirer lorsqu’on pouvait l’apercevoir. […] D’une part, elle est trop courte pour qu’à cette époque M. de Ferriol pût se rendre, dans cet intervalle, de Constantinople en France ; d’autre part, elle est suffisamment expliquée par l’extrait suivant d’une lettre du Roi à M. de Ferriol : « Extrait d’une lettre de Louis XIV à M. de Ferriol.
« Lorsque tous les peuples soumis par Crésus eurent été ajoutés à l’empire de Lydie, on vit arriver successivement dans la ville de Sardes, alors florissante et comblée de richesses, presque tout ce que la Grèce avait, à cette époque, d’hommes célèbres par leurs connaissances et leur sagesse. […] Ces soixante-dix années donnent vingt-cinq mille deux cents jours, sans compter les mois intercalaires ; et, si nous faisons une année sur deux plus longue d’un mois pour ramener les saisons aux époques convenables, nous aurons, pour soixante-dix années, trente-cinq mois intercalaires, et ces trente-cinq mois donneront mille cinquante jours. […] Le sentier de la montagne avait été jadis découvert par les naturels du pays, les Méliens, et ils y avaient fait passer les Thessaliens, marchant contre les Phocidiens à l’époque où ces derniers, menacés de l’invasion des Thessaliens, élevèrent le mur qui fermait l’entrée de leur pays. […] Il est le père du bon sens dans l’histoire ; mais de l’histoire, non ; il faut aller aux Indes, il faut aller à Moïse, pour trouver les historiens sans critique, les historiens primitifs et miraculeux, miraculeux de style comme de traditions ; l’époque critique naît longtemps après ; la raison éclaire, mais elle n’impressionne pas.
Pour qu’un écrivain parvienne à nous donner l’image vivante d’une époque, il faut que lui-même l’aperçoive d’ensemble, dans un plein relief, avec l’enchaînement des causes et des conséquences : comment le pourra-t-il, si l’époque n’est pas achevée, s’il s’y trouve personnellement mêlé, s’il est condamné à ne l’observer qu’au travers de ses sentiments, de ses intérêts particuliers ? […] Ajoutons que, parmi les époques de l’histoire, il en est qui se prêtent mieux que d’autres à de telles restitutions psychologiques. […] De là, pour l’audacieux qui reviendrait au roman historique, une sorte de choix à faire entre les époques. […] C’est Vraiment la résurrection d’une époque, et M. […] Le succès de ses livres, d’ailleurs, ne paraît pas, à cette époque, l’avoir préoccupé beaucoup.
C’était l’époque (1813) où ce genre de traductions en vers était fort en honneur.
Aujourd’hui que, selon une expression mémorable, la pyramide a été retournée et replacée dans son vrai sens, quand la société est remise sur sa large base et dans son stable équilibre, ne serait-il pas plus simple, dans cet ordre aussi de récompenses dramatiques, de rendre aux choses leur vrai nom, d’encourager ce qui a toujours été la gloire de l’esprit aux grandes époques, ce qui est à la fois la morale et l’art, c’est-à-dire l’Art même dans sa plus haute expression, l’Art élevé, sous ses diverses formes, la tragédie ou le drame en vers, la haute comédie dans toute sa mâle vigueur et sa franchise ?
En un mot, on peut soutenir, sans crainte de calomnier son temps, qu’il y a un rapport assez exact entre l’état des mœurs littéraires et le taux des profits qu’on tire des lettres ; les plus grandes fortunes correspondent à des époques de décadence.
Mais ici, autour de l’idée principale, venaient naturellement se grouper une foule de questions accessoires que l’auteur a négligées et que provoquait l’esprit de l’époque : jusqu’à quel point est légitime et approuvé par le goût cet emprunt d’images étrangères ; en quoi il peut réellement consister ; si c’est en bravant l’harmonie par une foule de mots barbares tirés d’idiomes encore grossiers, ou en reproduisant simplement une pensée naïve, une coutume touchante d’un jeune peuple, si c’est en s’emparant sans discernement des êtres créés dans des mythologies étrangères, ou en ne s’enrichissant que des allégories ingénieuses et faites pour plaire en tous lieux, que le poète imitateur méritera dignement de la littérature nationale ; ou encore, s’il n’y a pas l’abus à craindre dans ce recours trop fréquent à des descriptions de phénomènes ; si Delille, Castel, que l’auteur cite souvent, et les écrivains de cette école qu’il paraît affectionner, s’en sont toujours gardés ; si enfin il n’y a pas souvent cet autre danger non moins grave à éviter, de parler à la nation d’une nature qu’elle ne comprend pas, d’en appeler à des souvenirs qui n’existent que pour l’écrivain, et réduire l’homme médiocrement éclairé à consulter Buffon ou Cuvier pour entendre un vers.
Et encore on doit observer que ces types sont tous rejetés dans une époque antique, sous la tente du patriarche, sous les portiques corinthiens de la Grèce, dans le château castillan du Moyen-Âge.
À vrai dire, certains climats sont meilleurs que d’autres pour certaines productions, soit physiques, soit intellectuelles ; à vrai dire aussi, il y a des époques de recul, où les circonstances (guerres, etc.) étouffent les semences naturelles du génie : il naît une foule de Cicérons qui ne viennent pas à maturité.
Et pourtant j’ai aujourd’hui cette impression qu’à aucune époque de notre littérature il ne s’est trouvé, dans les livres d’écrivains encore jeunes, tant de sérieux, d’intelligence, de sagesse, d’observation curieuse, une science déjà si avancée de la vie et des hommes, et tant de compassion, une vue si sereine et si indulgente de la destinée6.
Sainte-Beuve M. de Vigny n’a pas été seulement dans Stello et dans Chatterton le plus fin, le plus délié, le plus émouvant monographe et peintre de cette incurable maladie de l’artiste aux époques comme la nôtre, il a été et il est poète ; il a commencé par être poète pur, enthousiaste, confiant, poète d’une poésie blonde et ingénue.
Est-ce que je pose pour le Goncourt de mon époque ?
Sur quoi le roi dit, en parlant de madame Scarron : Elle sait bien aimer ; il y aurait du plaisir à être aimé d’elle 92. » L’aversion des érudits pour les conjectures, et celle des esprits sages pour le romanesque, ne peuvent aller jusqu’à méconnaître que cette parole du roi fait époque dans l’histoire de ses relations avec madame de Maintenon.
Lorsqu’aux époques plus récentes des civilisations romaine ou grecque, Fustel de Coulange nous montre la réalité sociale du moment en contradiction avec celle qui s’était modelée sur l’ancienne croyance et qui persistait encore dans les lois religieuses et civiles, gardons-nous donc de penser que cette réalité présente, et qui entrait en guerre avec l’ancienne, fût par comparaison meilleure et plus proche de la vérité objective.
Nous serons ramenés à cette époque glorieuse où de véritables écoliers qui se nommaient Amyot, Ronsard, Montaigne et de moins illustres autour d’eux semblaient ne vivre que parmi les maîtres évoqués et ne respirer à pleine poitrine que l’air natal de l’antiquité !
Ce fut une époque exécrable.
Ainsi, par exemple, au xviiie siècle, le roman sans couleur, sans profondeur et sans idéal, de l’abbé Prévost, dont le héros est un escroc et l’héroïne une fille de joie, n’a-t-il pas été vanté comme un modèle littéraire par l’immoralité reconnaissante d’une époque abominablement dégradée ?
La conception de l’aphasie qui était alors classique, universellement admise et tenue pour intangible, est fort battue en brèche depuis quelques années, surtout pour des raisons d’ordre anatomique, mais en partie aussi pour des raisons psychologiques du même genre que celles que nous exposions dès cette époque 2.
Cette grosse nourrice de madame de Staël nous avait fait assez téter de ce biberon-là… A cette époque, Diderot fut vanté à outrance. […] Tête de feu plus que de lumière, il avait, jointes à ses passions, les passions d’une époque enflammée de haine contre toute spiritualité, et, de tout cela, mêlé, confus et bouillonnant dans la cuve fumante de son cerveau, il ne devait guères sortir cette chose équilibrée, combinée, organisée, calme et redoutable qu’on nomme une philosophie. […] Les écrivains de cette époque affolée de destruction et de changements font le sinistre effet d’aveugles qui balaient la place où vont s’élever tout à l’heure les échafauds qu’ils ne prévoyaient pas, — car le récit de la prédiction de Cazotte est un conte inventé par La Harpe, et M. […] C’est à partir de cette époque qu’il a décrit le cintre immense qui part de Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand et madame de Staël, pour aboutir à Balzac et à Stendhal… Les écrivains du xviiie siècle étaient trop animés et trop esclaves des passions de leur temps pour avoir l’impartialité de l’observation et la profondeur dans l’étude de la nature humaine, ces deux conditions nécessaires à ce genre de composition. […] A cette époque, le Romantisme, qui s’était affolé de Diderot et qui le proclamait presque le premier homme du xviiie siècle, car le Romantisme n’a jamais eu grand goût pour Voltaire, lui donna, en le faisant jouer, cette marque de considération dernière ; mais depuis il ne vint à personne l’idée de ressusciter Diderot à la scène.
Jusqu’à l’époque où Bossuet fut appelé à l’évêché de Condom, sa vie n’a été qu’une longue retraite. […] C’est en quelque sorte l’époque littéraire de la vie de Bossuet. […] A cette époque de sa vie appartiennent les Oraisons funèbres 124. […] Voilà pourquoi la liberté spéculative, qui paraît être un droit naturel, y a toujours été contenue, quelquefois opprimée, aux époques mêmes où les gouvernements y toléraient d’autres libertés en apparence aussi considérables. […] C’est pour ce grand combat que la Providence met au monde, à certaines époques, des hommes supérieurs en qui se personnifient les deux principes, et c’est parce que ce combat est nécessaire et inévitable que tout combattant de bonne foi y est innocent.
Enfin l’accent même de la critique, à chaque époque où elle se doit renouveler, se renouvelle au juger et au toucher de ces belles œuvres, qui sont restées l’honneur et le respect de l’esprit humain. […] Certes, j’imagine qu’il y avait de quoi attendre impatiemment le dénouement d’un pareil drame, à une époque où l’on n’avait encore abusé de rien dans l’art poétique. […] Chaque saison de la littérature a son genre de critique ; pour chaque époque il existe une langue que cette époque comprend à merveille ; plus le chef-d’œuvre dont vous parlez est accepté, plus c’est pour vous une nécessité de ne copier personne, quand vous en parlez, et d’obéir tout simplement à votre goût particulier, à votre impression personnelle. […] Si vous lisez les critiques du temps et surtout les correspondances qui étaient tout le journal de son époque, vous trouvez avec étonnement que Marivaux a été estimé par ses contemporains bien au-dessous de sa juste valeur. […] Il n’a imité ni l’ingénieux, ni le fini, ni le noble d’aucun auteur ancien ou moderne ; il comprenait que chaque époque a sa finesse, son génie et sa noblesse qui lui sont propres.
Ce sont à ces époques de l’année de véritables ruées animales. […] Reculée d’année en année, elle se fixa à l’époque où nous célébrons la Noël, qui n’en est que la continuation sous un nom nouveau. […] Lamarck vint et supprima cette idée d’époques, de cataclysmes, de déluges, pour la remplacer par l’idée de continuité des actions naturelles. […] Quant à la préhistoire, elle n’apporte rien qui puisse signaler bien clairement l’état des religions à ces époques. […] C’est ainsi qu’il ne nous dit pas à quelle époque l’idée de bonheur entra, chez les Grecs, dans l’idée de vie future.
Cette époque de sentiment et de poésie fut complète pour le jeune Ampère. […] Les idées religieuses avaient été vives chez le jeune Ampère à l’époque de sa première communion ; nous ne voyons pas qu’elles aient cessé complètement dans les années qui suivirent ; mais elles s’étaient certainement affaiblies. […] Ampère en vint aux quatre points de vue et aux deux époques principales qui les embrassent, tels qu’il les a exposés dans la préface de son Essai sur la Philosophie des Sciences.
Mille fois plus éloquent que Platon, mille fois plus passionné que Fénelon, aussi poétique que le sophiste grec, aussi religieux que l’archevêque français, né à une époque où le vieux monde féodal mourait, où la France sentait déjà remuer dans ses flancs l’embryon d’une révolution radicale, l’enfant de Genève, J. […] Il m’était prouvé qu’elle ne pouvait plus être heureuse ici-bas ; quant à Thérèse, je n’ai jamais senti la moindre étincelle d’amour pour elle ; les besoins sensuels satisfaits près d’elle n’ont jamais eu rien de spécial à sa personne. » Ce fut à cette époque, le milieu de la vie déjà passé, que Rousseau chercha dans sa seule imagination le fantôme de cet amour que son cœur ne lui avait jamais fait éprouver. […] C’était un singulier contraste dans Rousseau qu’un homme écrivant un traité d’éducation pour le genre humain de la même main qui venait de jeter et qui jetait encore à cette époque ses enfants à l’hôpital des enfants trouvés pour y recevoir l’éducation de la misère, du hasard, et peut-être du vice et du crime.
Que l’on consulte non les anciens dessinateurs anglais de ce genre, Hogarth, Krukshank, le gracieux et licencieux Newton, chez lesquels un élément marqué de sensualité ordurière obscurcit la ressemblance, mais plus près de nous, à une époque plus pudibonde, les croquis amusants et incorrects que Leech a prodigués au Punch de 1810 à 1860 ; mieux encore que l’on consulte une bonne collection de ce grand artiste, notre Daumier on encore, plus près de nous, les toiles souvent amères et comiques d’un peintre, M. […] Les livres de Dickens, quelque peine qu’on ait à le comprendre à notre époque de littérature morose, sont amusants et sont faits pour amuser. […] Il fut libéral, presque radical dans ses opinions politiques, à une époque où cela était moins commun et moins avantageux qu’aujourd’hui ; il témoigna à plusieurs reprises dans ses discours de peu de vénération pour les institutions monarchiques, de peu de respect pour les classes dirigeantes et le régime parlementaire.
L’auteur raconte qu’à une certaine époque de sa vie, il avait pour ami un homme qui vivait, dans un coin solitaire de l’Amérique, des débris sauvés d’une fortune qui avait été splendide autrefois. […] D’un autre côté, dans les Contes tirés de ces faits magnétiques dont l’époque actuelle est comme ivre, le panthéisme joue un rôle nouveau et offre des aspects qui avaient échappé à l’Allemagne, mais c’est toujours le panthéisme, la vieille monstruosité éventrée et connue jusque dans le fond des entrailles. […] Tel est le double caractère du talent, de l’homme et de l’œuvre que la traduction française, qui est très bien faite, nous a mis à même de juger : la peur et ses transes, la curiosité et ses soifs ; la peur et la curiosité du surnaturel dont on doute, et, pour l’expliquer, toutes les folies d’une époque et d’un pays matérialiste qui effraye autant qu’il attire.
II, p. 175) ; il examine les droits de Chénier à l’exercice de la censure, ce que pourrait être la satire en des temps de calamité générale, et ce qui fait qu’à de pareilles époques l’arme de l’épigramme et du ridicule est fort émoussée : il n’y parle pas le moins du monde en auteur irrité, mais en homme public qui, sans se défendre l’amertume, s’attache à dire avant tout des choses graves et justes. […] Il faudrait voir, en bien d’autres détails, comme il était réellement épris et enthousiaste de la gloire, de la vertu du premier consul à cette époque, comme il luttait de toutes ses forces et avec passion contre l’influence de Fouché en laquelle il dénonçait un danger, et, qui pis est, une souillure pour la réputation immaculée du jeune chef d’empire.
Pendant ses années de mission dans le Tessin (1795-1797), qui se rapportaient précisément à l’époque de la première campagne d’Italie, il avait fait plusieurs voyages à Milan ; il y avait même été présenté au glorieux général, qui lui avait témoigné de la bienveillance. […] Le ton du diapason, dans l’éloge et dans la critique, comme dans la musique, a fort monté depuis lors, mais il paraissait déjà fort monté, et aussi haut que possible, à cette date ; chaque époque renchérit ainsi sur la précédente et a peine à concevoir qu’on puisse aller au-delà : C’est un singulier spectacle pour un observateur, écrivait Bonstetten, que celui de l’opinion publique.
Messieurs, L’idée de couronner, de récompenser et de proclamer publiquement la vertu est une idée toute particulière au xviiie siècle et à l’époque philanthropique de Louis XVI. […] Ceux-là, ils ressemblent à de sages diplomates qui savent concéder ce qui convient à l’esprit d’une époque, ce que l’opinion réclame, et qui estiment après tout qu’une trêve à très longue échéance équivaut à une bonne paix.
Comment, par un retour de réflexion en arrière, ne lui arriva-t-il jamais de se dire que si la société et l’époque lui avaient paru si gâtées et si mauvaises, contemplées d’un premier point de vue, celui du catholicisme et de l’autorité, elles ne pouvaient être également mauvaises et gâtées au même degré, envisagées et reprises du point de vue opposé, celui du libre examen individuel et de la démocratie ? […] Écris-moi donc pour cette époque chez M.
La publication des Provinciales, par exemple, est une de ces dates, de ces époques mémorables (1656, 1657). On avait eu précédemment l’époque du Cid, celle du Discours de la Méthode (1636, 1637).
» Ainsi à ces époques, plus heureuses par là que les nôtres, et jusqu’en ces âmes dissipées, même au fort du libertinage, on croyait ; quelle que fût la surface et le soulèvement des orages, le fond était de la foi : on revenait à temps, et les grandes âmes allaient haut. […] Nous ne croyons en général à ce venin qu’après y avoir regardé de très-près ; mais, dans le cas présent, il n’y a pas lieu même au doute : M. d’Aleth, à l’époque où Rancé le consulta, n’avait pas encore pris parti dans les querelles du temps ; il conseilla à Rancé la soumission pure et simple : celui-ci n’eut pas de peine à obéir.
On peut dire que si le rondeau, à cette époque, est mort sous Benserade181, le sonnet a fini avec Saint-Pavin. […] Mais puisque nous en sommes à ce qui est fini, il est une femme poëte, plutôt nommée que lue, qui me paraît à certains égards de l’école dont j’ai parlé, et en reproduire qualités et défauts, avec la différence des époques, Mme Dufrénoy.
L’Italie, à cette époque, était (ce qu’elle est encore aujourd’hui) une contrée en formation, un recueil vivant de municipalités tendant à se constituer en nation : républiques maritimes, comme à Venise et à Gênes ; républiques militaires, comme à Pise, Lucques, Sienne, etc. ; monarchies féodales, comme à Ferrare, Ravenne, Bologne ; théocraties, comme à Rome ; royautés ou vice-royautés, comme à Naples et en Sicile ; tyrannies, enfin, comme en Lombardie et en Piémont. […] Il la signala à cette époque par un poëme sur le vrai bonheur, sous la forme d’un entretien champêtre entre un pasteur de Toscane et un philosophe.
Mais nos âmes vont se modifiant et, par suite, l’idée que nous nous formons des grands écrivains et des grands artistes et l’émotion qu’ils nous donnent ne sont point les mêmes aux diverses époques de notre vie : faut-il rappeler une vérité si simple ? […] La preuve, c’est que Toute la Lyre se compose de pièces écrites par le poète aux diverses époques de sa vie, et que cependant l’unitéd’impression est parfaite, va presque jusqu’à l’ennui.
C’est vers sa morne région que s’achemine le mélancolique voyageur, interrogé par un poète de l’époque des Thang : « Je descendis de cheval, je lui offris le vin de l’adieu, et je lui demandai le but de son voyage. […] Mais le dénouement, si vraisemblable aujourd’hui, de ce duel chimérique de la canne de M. de Pienne et de l’épée de M. de Parnajon, est faux au point de vue des mœurs de l’époque et du milieu du drame.
S’il fût mort à cette époque, il eût laissé la réputation d’un des hommes les plus vertueux et les plus éclairés de son temps. […] Voyageant en Suisse dans l’été de l’année 1792, à l’époque, je crois, du 20 juin, il entra un matin à Lausanne chez une de ses parentes (la marquise d’Aguesseau) qui s’y trouvait alors et qu’il visitait tous les jours : « Je pars pour Paris », dit-il
À cette première époque de sa vie, le jeune écrivain, bien qu’émigré, n’avait épousé de cœur aucune cause politique ; on se rappelle son mot sur Chamfort : « Je me suis toujours étonné qu’un homme qui avait tant de connaissance des hommes, eût pu épouser si chaudement une cause quelconque. » Un tel mot donne la mesure des convictions de M. de Chateaubriand au moment où il l’écrivait. […] Considérant que la collection de ces papiers et de ces lettres renferme toute ma correspondance confidentielle, qui remonte à 1812 ; que, pendant une portion considérable de cette période de temps, j’ai été employé au service de la Couronne, et que, quand je n’ai pas occupé de fonctions publiques, j’ai pris une part active aux affaires du Parlement ; qu’il est très probable que cette correspondance offrira de l’intérêt et sera de nature à apporter quelque lumière sur la conduite et le caractère des hommes aussi bien que des événements de cette époque, je donne à mes exécuteurs testamentaires tout pouvoir de choisir dans cette correspondance ce qui leur paraîtra devoir être publié ; je les laisse juges de l’opportunité de cette publication, ayant la conviction complète qu’ils y mettront une discrétion sans égale ; que toute confidence que j’aurais reçue et qui ne serait pas honorable, ne sera pas trahie, qu’aucuns sentiments privés ne seront froissés sans nécessité, et qu’aucun intérêt public ne sera compromis par une publicité indiscrète ou prématurée.
Certes, il n’a donné à personne d’humain le désir de savoir quelle eût été la suite, et ce qu’il aurait pu faire hors de sevrage et dans sa juste maturité ; mais, physiologiquement, je maintiens qu’à aucune époque Saint-Just ne fut mûr. […] Cuvillier-Fleury, dans les articles qu’il a donnés sur Saint-Just, a très bien relevé ces traces persistantes de l’écolier de rhétorique en lui ; elles se retrouvent chez presque tous les révolutionnaires de l’époque.
Ils nous montrent cette disproportion aggravée encore à notre époque sous l’influence du développement soudain de l’instruction, du machinisme des formules, d’une façon générale, et pour emprunter à Carlyle une remarque excellente, des moyens innombrables mis à la disposition de l’individu pour obtenir des résultats qu’il n’a pas eu la peine d’inventer, et qui peuvent être efficaces entre ses mains sans qu’il lui soit nécessaire d’en comprendre le mécanisme intime. Une aussi flagrante disproportion a vulgarisé à notre époque et tiré à une infinité d’exemplaires le type du parvenu, du Bourgeois scientifique, dont on a vu que Flaubert avait donné avec Homais une première ébauche, et dont Bouvard et Pécuchet sont une représentation plus typique, plus bienveillante aussi, car aucun sentiment mauvais ou bas ne leur est attribué et, si extraordinairement comiques qu’ils apparaissent, leur bonhomie pourtant commande la sympathie.
Leur conduite est constamment conforme aux lois de la probité, à la conception que l’idéal de l’époque a formée de l’honnête homme, et à vivre de la sorte, ils rencontrent à la fois la fortune et l’estime publique. […] Or à considérer dans son détail le jeu de cette illusion qui réussit à se faire agréer, il apparaît que l’homme de toutes les époques se montre préoccupé à la fois d’améliorer sa vie immédiate, son bien-être terrestre et de s’assurer, par-delà cette première existence, un bonheur plus parfait et plus durable en une seconde existence qu’il imagine.
« De ces deux explications, le lecteur choisira celle qu’il voudra. » Comme on le voit, à l’époque où ce livre fut publié, l’auteur ne jugea pas à propos de dire dès lors toute sa pensée. […] Au dix-septième siècle, à l’époque de barbarie du code criminel, sous Richelieu, sous Christophe Fouquet, quand M. de Chalais fut mis à mort devant le Bouffay de Nantes par un soldat maladroit qui, au lieu d’un coup d’épée, lui donna trente-quatre coups6 d’une doloire de tonnelier, du moins cela parut-il irrégulier au parlement de Paris : il y eut enquête et procès, et si Richelieu ne fut pas puni, si Christophe Fouquet ne fut pas puni, le soldat le fut.
C’est en se plaçant au même point de vue qu’il attaque la doctrine du fatalisme historique, trop répandue à cette époque, et défend contre elle l’idée de la responsabilité des nations. « Une pareille doctrine, dit-il, est particulièrement dangereuse à l’époque où nous sommes : nos contemporains ne sont que trop enclins à douter du libre arbitre, parce que chacun d’eux se sent borné de tous côtés par sa faiblesse ; mais ils accordent encore volontiers de la force et de l’indépendance aux hommes réunis en corps social.
Je vous dirai même qu’il y a, non pas de la gêne mais un peu d’effort, que l’on sent, à faire, en effet, quelque chose de tout à fait en dehors de ce que l’on fait à cette époque. […] Je vous citerai encore, dans le même genre, mais seulement au point de vue d’une sentimentalité, d’une sensibilité qui paraît un peu nouvelle, et véritablement nouvelle à cette époque, la Courtisane amoureuse.
C’est la gloire de notre époque d’avoir pu amener tant de millions de gens à se sacrifier complètement à une idée et, pour elle, à se soumettre à l’esclavage le plus rude et le plus exclusif qui soit ; mais la vraie liberté consiste à se soumettre et à se résigner à ce que l’on a jugé inévitable, et à consentir à n’être qu’une pièce du mécanisme dont on aurait pu être l’ingénieur… (Lettre communiquée.) […] Mais les ouvriers, à toutes les époques, ont connu le sabotage et, pour finir, l’ont toujours rejeté ; le socialisme déclare que ce n’est pas par la corruption des méthodes de travail que le salut de la classe ouvrière peut être assuré.
Non seulement l’érudition de cette époque affirmait, par des raisons qui subsistent toujours, l’antiquité comme la sublimité de nos livres saints ; mais elle y voyait l’origine presque unique et le type primordial des lettres profanes et du génie grec. […] Comme toutes les grandes choses se touchent dans le monde, comme une même ardeur de dévouement et de courage s’éveille, à certaines époques, chez les peuples le plus séparés d’origine et d’histoire, ne semble-t-il pas que la lyre patriotique et guerrière va trouver, presque à la même heure, le même office à remplir dans Athènes que dans la Judée ?
C’était l’époque des cafés et de leur première vogue ; ils étaient hantés par ce qu’il y avait de mieux parmi les gens d’esprit.
Tous vivent aujourd’hui, excepté Sautelet, qui est mort de sa main ; bien peu se souviennent encore de ces années, ou du moins s’y reportent avec regret et amour, excepté Lydia, qui est demeurée, me dit-on, fidèle aux pensées de cette époque, et les a gardées présentes et vives dans son cœur.
L’époque devient grossière, elle n’estime que le gros qu’elle prend pour le grand ; elle se prend à l’étiquette, à la montre, à ce qui peut faire du bruit ou être utile positivement : l’esprit littéraire véritable est tout le contraire de cela.
Voilà le témoin, un des plus vertueux citoyens, un homme de 89, tel qu’il s’en préparait à cette époque dans tous les rangs, et particulièrement au sein de la jeune noblesse éclairée et généreuse.
Le plus actif, le plus nécessaire et le plus méritant des cinq membres, vers cette époque du 18 fructidor et durant les vingt mois qui suivirent, celui qui représente du gouvernement directorial toute la partie bonne et honnête, de même que Barras en représente toute la partie cupide et honteuse, est La Révellière, au nom duquel se rattache, comme un ridicule, le souvenir des théophilanthropes, et dont jusqu’ici on s’est plu à nous faire une espèce d’abbé de Saint-Pierre, tour à tour occupé de sa botanique et de ses hymnes à l’Être suprême.
En 1823, octogénaire, écrivant au général La Fayette avec un poignet perclus, il lui exprime cette forte pensée : « Des alliances saintes ou infernales, dit-il, peuvent se former et retarder l’époque de la délivrance ; elles peuvent gonfler les ruisseaux de sang qui doivent encore couler ; mais leur chute doit terminer ce drame, et laisser au genre humain le droit de se gouverner lui-même. » Comme nous ne voulons rien céler de l’opinion de l’illustre vieillard, et que son autorité ne saurait jamais avoir d’effet accablant pour nous, nous transcrirons ce qu’il ajoute : « Je doutais, vous le savez, dans le temps où je vivais avec vous, si l’état de la société en Europe comportait un gouvernement républicain, et j’en doute encore.
L’écrivain allemand, qui résidait presque officiellement chez nous durant la Restauration (car à toutes les époques nous avons eu en France un écrivain allemand qui a résidé), M. le baron d’Eckstein, homme de grand savoir et d’une véritable étendue d’esprit, tenait tout à fait par ses études et ses liaisons au parti des Stolberg, des Frédéric Schlegel, des artistes et philosophes catholiques de son pays.
Si vous dites, pour citer une théorie qui jouit aujourd’hui d’une faveur incroyable, non seulement parmi les pauvres sols tout éplorés qu’Alfred de Musset traîne à ses talons, mais auprès des esprits les plus graves de notre époque, si vous dites que le vrai poète doit être une espèce de don Juan fatal, victime prédestinée de cet insatiable besoin d’aimer qu’on appelle le génie, et semblable au pélican qui donne à ses petits son propre cœur en pâture, s’il vous plaît de répéter cette déclamation, nous vous laisserons faire, et, quand vous aurez fini, nous vous rappellerons simplement l’admirable possession de soi d’un Cervantes et surtout d’un Shakespeare, qui dans la force de l’âge et du talent, cesse tout à coup d’écrire et se met à cultiver son jardin, comme Candide, après avoir eu la tête traversée par un effroyable torrent d’idées et d’images, dont quelques flots auraient suffi pour faire perdre l’équilibre à la plus ferme de nos cervelles.
Je ne sais toutefois s’il n’en est pas des fables comme de l’épopée : l’invention n’en appartient pas aux siècles polis, aux époques de réflexion et de science.
Quand il eut annoté Dangeau, il se sentit seulement en haleine : il éprouva le besoin de rédiger, lui aussi, ses Mémoires ; il reprit les notes que, depuis l’âge de dix-huit ans, il avait entassées, et, gardant toujours une copie de Dangeau devant les yeux, pour lui donner le fil de l’exacte chronologie, il composa507 cette œuvre volumineuse qui embrasse les vingt dernières années de Louis XIV, avec toute sorte de digressions sur les parties antérieures du règne, et l’époque de la Régence.
Le cinéma fait son apparition et puis il y a le cirque, le cirque avec ses clowns, ses gymnasiarques, ses animaux savants et ses jongleurs ; le cirque, toujours sûr de retrouver son prestige accru aux époques de décadence.
La ville, comme à cette époque toutes les bourgades juives, était un amas de cases bâties sans style, et devait présenter cet aspect sec et pauvre qu’offrent les villages dans les pays sémitiques.
Et pourtant des observateurs à déductions précipitées 23, remarquant que des écrivains d’une même époque ont laissé des œuvres très différentes d’idées, de formes, de caractères, en ont conclu que l’influence de ce milieu-là était capricieuse et fugace, qu’elle n’existait pas pour un grand nombre de talents notables et pour la plupart des génies suprêmes.
Le Cid est l’époque du plus haut point d’élévation de notre théâtre.
Vous vous habituerez — transportons-nous à une autre époque pour ne blesser personne — vous vous habituerez à lire Delille qui assurément n’offre aucune difficulté ; vous en viendrez peu à peu, fuyant l’effort et le redoutant, à ne lire que les romans de Mme Cottin, et vous ne pourrez jamais aborder le Second Faust, ce qui vraiment sera dommage.
Mais les écrivains de cette époque en ont vraiment abusé.
En plaçant l’examen de la doctrine de saint Thomas d’Aquin parmi les examens de son programme, l’Académie a obéi, volontairement ou involontairement, à cet esprit historique qui est la force de cette époque sans invention et livrée à tous les rabâchages de la vieillesse !
I Dans une époque sans convictions profondes et sans vérité, doit-on beaucoup s’étonner que la chose du monde la plus intime, — la poésie, — ne soit pas sincère ?
Deltuf ne l’empâte pas, cette faculté, dans les grandes prétentions de notre époque, car ce qu’il laisserait là et prendrait pour elle, à coup sûr, ne la vaudrait pas.
Historiquement, à quelles époques et dans quelles régions avons-nous pu constater ces mêmes progrès ?
Il y a des époques où le plus lâche orateur rougirait de louer et où cette espèce de mensonges serait ridicule, même dans les cours : celle de Byzance ne pouvait alors espérer que le silence et la honte.
Ce sentiment de l’honneur littéraire, Mallarmé le posséda intact, il atteignit sa notoriété spéciale à l’époque où les journaux recherchaient et payaient cher les chroniques jugées élégantes et fines. […] A une époque où ceux qui l’approchent ne gardent que l’impression de discipline intérieure, de délicatesse et de conscience, il baisse d’un doigt léger la lampe qui file, éteint autour de lui les couleurs crues. […] A la même époque il écrivait les Mots Anglais et bâtissait sur l’analogie la plus bizarre linguistique. […] Il prétendit, à une époque de raffinement et d’érudition, rendre au poète son nom et sa fonction de créateur114. […] A la même époque Villiers donnait à la science souveraine la tâche contraire de construire l’Eve Future.
Il est peu d’époque où l’on ait plus improvisé ; il en est peu où l’on ait inventé plus de vieilleries avec tout le plaisir de l’audace et tout le ragoût du scandale. […] C’est la marque même de cet homme, et ce sera longtemps la marque de cette époque. […] Figurez-vous des chroniques comme nos journaux en publient à notre époque. […] Or dans l’époque dont il est, il y a surtout deux goûts dominants en littérature d’imagination : c’est à savoir la vertu et le dévergondage. […] C’est l’époque où les femmes ont commencé à faire faire des bêtises aux hommes. » Le commencement du xviiie siècle est l’époque où les salons commencent à faire dire des sottises aux écrivains.
Un moment avec Zola je cause de notre vie donnée aux lettres, donnée peut-être comme elle n’a été donnée par personne, à aucune époque, et nous nous avouons que nous avons été de vrais martyrs de la littérature, peut-être des foutues bêtes. […] Et cette société d’admiration, je la cherchais à la première de Germinie Lacerteux, où la salle ne voulait pas laisser prononcer mon nom, à la première de La Patrie en danger, cette reconstitution d’une époque historique, je puis l’affirmer, comme il n’y en a aucune dans une pièce française, et que la salle, par ses mépris, ses égayements, l’affectation de son ennui, déclarait inférieure à tout. […] Puis, il y a dans la présente jeunesse, ce côté curieux qui la différencie des jeunesses des autres époques ; elle ne veut pas reconnaître de pères, de générateurs, et se considère, dès l’âge de vingt ans, et dans le balbutiement du talent, comme les trouveurs de tout. […] C’est alors l’époque de cette grande passion qui l’improvise boursier, un boursier s’il vous plaît, gagnant douze mille francs par mois pour la femme qu’il aime, puis bientôt la cruelle déception, qui lui fait acheter, avec l’argent de sa dernière liquidation, un bateau de pêche en Bretagne, sur lequel, il mène pendant dix-huit mois la vie d’un matelot, dans l’horreur du contact avec les gens chic. […] Daudet est rentré, et assis, à demi couché sur une petite table, pendant qu’il prend à de lentes avalées, une tasse de café, interrompant soudain nos doléances sur la société moderne et sa veulerie, il se met à parler éloquemment sur la ressemblance de la génération actuelle avec Hamlet, de cette génération chez laquelle, selon une expression de Baudelaire, l’action ne correspond pas avec le rêve, prétendant que l’époque ne comporte pas l’action.
Le culte de la rime riche s’est maintenu jusqu’à l’époque classique ; les poetae minores du xviie siècle ; les Théophile, les Saint-Amant, les Le Moine, les Saint-Louis (tous et d’autres excellents poètes et de métier) aimaient la rime, aimant le manuel de leur art ; Corneille, Racine, Molière, La Fontaine riment comme d’honnêtes rentiers ; au xviiie siècle, les poètes — les menuisiers qui déshonoraient ce nom — riment comme des pauvres ; Victor Hugo enfin restaura la rime, tout simplement en enrichissant le dictionnaire poétique d’un nombre infini de mots méprisés. […] nous sommes à une époque de transition, on est las de suivre toujours la même voie, on veut du nouveau ; peut-être de cette juvénile fermentation sortira-t-il quelque chose de bon… Malheureusement, il est trop de mode de s’occuper des étrangers et non de nous ; je ne dis pas cela pour Mistral que j’aime beaucoup, qui est vraiment un grand et noble fils de France et dont la langue est le trait d’union entre le latin et la nôtre. […] Aussi se prêta-t-il de la meilleure grâce du monde à une conversation que lui-même, en sa haute probité d’art, voulut longue ; il nous reste un regret, celui de ne pouvoir donner telle qu’il l’essaima cette conversation du puriste par excellence de notre époque. […] Mallarmé, Mistral est le plus noble poète, le plus populaire, le plus « vrai » de notre époque ; ce qu’il fera, sûrement sera grand et beau, noble et bon. […] Il n’y a guère qu’un point de repère : c’est le sentiment de la vie, ou, en d’autres termes, l’amour d’un Idéal Humain, harmonique avec notre époque et point trop sacrifié à elle, pourtant.
Généralités sur la Comédie, et sur ses différents caractères à toutes les époques. […] Ce rapprochement entre des époques si distantes prouve sur quelles bases durables Aristophane a fondé ses satires qu’on accuse d’être locales et éphémères. […] Première, seconde, et troisième époque de l’ancienne comédie. […] qui le lui a ravi depuis cette époque jusqu’à nous ? […] Il faut que ce ridicule ait des racines bien profondes, puisque son origine remonte plus loin que l’époque de notre art théâtral.
Il est probable que, malgré la différence des âges, il aurait fini par épouser sa cousine : car elle était devenue une charmante jeune fille, et par la mort de ce frère aîné, qu’environnait une injuste préférence, sir Ralph était devenu un riche héritier ; mais, durant un voyage lointain qu’il fit à cette époque, la soumise Indiana fut mariée par son père à un ancien colonel français, le baron Delmare, alors négociant très-riche de Bourbon.
À toutes les époques, sans doute, des personnes du sexe, nées la plupart dans des conditions de loisir où la culture de l’esprit est facile, avaient attiré l’attention par des romans, des lettres, des poésies, des livres d’éducation.
XIII (Après avoir lu les Époques de la Nature de Buffon :) Tout est changement et mobilité : la danseuse Cerrito détrône Taglioni, Verdi fait taire Donizetti ; chacun a le cri à son tour, il grido , comme disait Dante ; c’est ainsi que l’antique Ninive n’est plus que ruine et bas-reliefs indéchiffrables ; c’est ainsi que quand l’amiral Wrangel visite la haute Sibérie, il trouve le silence de la mort dans ces contrées qui furent, selon Buffon, les premières florissantes du globe et le berceau touffu des antiques colosses.
« A l’époque de la vie où on n’est plus un enfant, où on ne sait pas encore positivement si on est un homme, le plus grand bonheur qu’on puisse éprouver est de rencontrer une occasion de tâter son courage.
Rostand, d’ailleurs, ne semble pas très bien savoir à quelle époque vécut Cyrano : Cyrano, mort en 1655, a toujours ignoré, sans doute, l’emprunt que, dans les Fourberies de Scapin, jouées en 1671, Molière fit au Pédant joué ; et il est peu probable qu’il ait dédaigné d’être Dans les petits papiers du Mercure François, fondé en 1672.
Si je laisse de côté les premiers vers, balbutiements incertains et légers de l’âme qui sourit à elle-même et salue en chantant son éclosion dans la vie, cette occasion me paraît être, pour plusieurs poètes lyriques de cette époque, le sentiment d’une vision nouvelle des choses.
Elles marquent une époque curieuse dans l’histoire des lettres depuis le moment où tout Saint-Denis, révolutionné, se mettait aux fenêtres pour voir passer les « décadents » jusqu’au moment où le vagabond Verlaine recevait, dans un galetas du quartier Saint-Jacques, au milieu de l’élite de la Jeunesse, par l’organe du comte Robert de Montesquiou-Fézensac, les hommages de la Noblesse de France.
— À quelle époque l’humanité ou chaque race est-elle apparue sur la terre Cette question devrait se résoudre par le balancement de deux moyens : d’une part, les données géologiques ; de l’autre, les données fournies par les chronologies antiques et surtout par les monuments.
À l’époque de Jésus, le ciel n’était pas fermé, ni la terre refroidie.
Après Balzac, après Stendhal, après Gozlan, après Mérimée, je dois dire même après Mme George Sand, sur laquelle je n’épouse pas cependant les admirations à quatre pattes de mon époque, on saura s’il est possible de lire, sans mourir d’ennui, Mme Sophie Gay !
Comme les de Goncourt nous donnent les misères de l’âme et des sens, dans cette époque sans âme et sensuelle, Monselet nous donne les misères de l’intelligence.
Et cependant le livre dont il est question traverse une époque délicate.
De Portraits intimes en portraits intimes de cette époque dont ils ont le goût, qui est déjà une corruption, ils sont arrivés à cette grande figure de Marie-Antoinette, plus grande que le cadre du siècle dans lequel elle est renfermée ; et, le croira-t-on ?
De Portraits intimes en portraits intimes de cette époque dont ils ont le goût, qui est déjà une corruption, ils sont arrivés à cette grande figure de Marie-Antoinette, plus grande que le cadre du siècle dans lequel elle est renfermée ; et, le croira-t-on ?
Dernièrement un journal, en rendant compte des Mémoires nouveaux qu’on publie, a raconté vingt traits de courage de Vaublanc qui ne voulait pas mourir, à une époque où l’héroïsme était de se laisser égorger comme des moutons et de se coucher sous la guillotine ; mais il a oublié le bon sens qui, chez Vaublanc, doublait le courage, et en l’oubliant il a, à son tour, mutilé l’homme de ces intéressants mémoires, mutilés !
Nous laisserons donc là notre appréciation historique, et, acceptant tout entier Léopold Ranke pour ce qu’il est sous une forme vainement désintéressée, nous dirons que, littéralement et au point de vue du talent, nous préférons de beaucoup vingt pages d’Agrippa d’Aubigné sur les événements de son époque, à toute cette histoire inanimée de Ranke.
Le poète Longfellow, venu dans ces dernières années à Paris, a été fêté par les poètes parisiens avec enthousiasme, et eût été le lion de la saison si, dans cette époque de biches et de platitudes, il y avait eu des lions encore.
… » Je ne sais pas si M. de Riancey s’est ravisé depuis cette époque, mais telle fut sa première pensée et sa première résolution.
» Je sais bien, c’est la vérité, qu’à l’époque où, fringant et émoustillé comme un page, Camille Desmoulins sortait du collège, il n’était guères possible à ce Chérubin de la démocratie d’être autre chose qu’un journaliste.
Risqué déjà à une autre époque, ce noble aveu — on se le rappelle — rapporta un orage de sifflets à l’une des tragédies du poète, mais maintenant que cet aveu est affermi et courageusement répété, tous ceux qui avaient drapé Silvio Pellico en martyr contre l’Autriche reprendront leur pitié… et leurs sifflets, et ce n’est plus une tragédie qu’ils siffleront.
Enfin elle n’enchaîne pas de trop court cette follette chevrette de liberté, la petite bête la plus aimée de cette vieille fille que nous appelons « notre époque » avec tant d’orgueil !
La femme, écrit-il, doit jouer un rôle égal à celui de l’homme dans une civilisation bien faite, « mais ce jour semble ajourné à l’époque où ne domineront plus l’audace, la valeur guerrière, incompatibles avec sa nature douce et résignée… seulement, soyons tranquilles, ce jour arrivera… » Dites-vous-le bien, messieurs les officiers de spahis !
Risqué déjà à une autre époque, ce noble aveu, — on se le rappelle, — rapporta un orage de sifflets à l’une des tragédies du poëte, mais aujourd’hui que cet aveu est affermi et courageusement répété, tous ceux qui avaient drapé Silvio Pellico, en martyr contre l’Autriche, reprendront leur pitié… et leurs sifflets, et ce n’est plus une tragédie qu’ils siffleront !
Didier veut être tout cela, — l’auteur des Amours d’Italie n’est donc pas sorti de ce qui fut à toute époque sa voie de préoccupation et d’étude.
affecta et contamina, dans sa meilleure époque, de je ne sais quoi d’inférieur et de bourgeois, les conceptions d’hommes qui avaient pourtant du génie, à présent qu’en tarissant il s’est mêlé aux autres grossièretés d’une vie qui se matérialise chaque jour davantage et que, sous cette théorie et sous ce nom de réalisme, il aspire à gouverner une littérature décadente, ne doit-il pas abaisser plus que jamais des talents moins faits pour résister à ses influences et nuire à leurs inspirations ?
L’époque de ce malheur fut la bataille de Chéronée.
Le drame religieux est de toutes les époques, de toutes celles du moins où le drame a été une préoccupation populaire, intimement mêlée à la vie morale de la nation. […] Corneille était parfaitement de son temps en cela ; mais sa conception particulière de la grandeur morale l’a amené à dépasser son époque. […] Vadius est le pur homme de collège, farci de latin, et surtout de grec, ce qui, à cette époque, est une rareté. […] On riait pour bien moins, à cette époque aussi bien qu’à la nôtre. […] Les plaidoiries déclamatoires et ridicules sont une excellente et très exacte parodie des habitudes du barreau à cette époque.
Hennequin remplit quatre pages de noms mis en regard qui représentent, comme ceux-là, mêmes nations et mêmes époques et qui s’opposent aussi nettement. […] Fond et forme, il sent son époque. […] Aussi bien le sentiment qui inspire leurs prédilections à travers les époques de notre art national n’indique-t-il nul penchant pour l’harmonie sévère de l’ordonnance. […] Une époque de réflexion et d’analyse devait creuser un tel problème. […] Nul laïque, en effet, mieux que ce religieux, ne connaît son époque.
Le sentiment de la diversité des lieux est inséparable du sentiment de la diversité des époques ; et tous les deux, en s’unissant, constituent la couleur locale. […] Les auteurs et les œuvres Première Époque. […] Deuxième Époque. […] Troisième Époque. […] 2º À la même époque, paraît en Angleterre le livre célèbre de Ch.
Il faut entendre à ce sujet les héros de l’époque, leur ton leste, dégagé, est inimitable, et les peint aussi bien que leurs actions. « J’étais, dit le duc de Lauzun, d’une manière fort honnête et même recherchée avec Mme de Lauzun ; j’avais très publiquement Mme de Cambis, dont je me souciais fort peu ; j’entretenais la petite Eugénie, que j’aimais beaucoup ; je jouais gros jeu, je faisais ma cour au roi, et je chassais très exactement avec lui251. » Du reste, il avait pour autrui l’indulgence dont il avait besoin lui-même. « On lui demandait ce qu’il répondrait à sa femme (qu’il n’avait pas vue depuis dix ans), si elle lui écrivait : Je viens de découvrir que je suis grosse. […] Vers ce temps-là on prend soin d’elle, mais d’une façon qui peint bien l’époque. […] Hier matin, époque à jamais mémorable dans l’histoire des œufs, on apporte tous les instruments nécessaires à cette grande opération, un réchaud, du bouillon, du sel, du poivre, des œufs ; et voilà Mme de Lauzun qui d’abord tremble et rougit, et qui ensuite, avec un courage intrépide, casse les œufs, les écrase dans la casserole, les tourne à droite, à gauche, dessus, dessous, avec une précision et un succès dont il n’y a pas d’exemple ; on n’a jamais rien mangé de si excellent. » Que de rires aimables et légers autour de cette seule petite scène !
» XIV Voilà ce que l’école véritablement savante des premiers grands missionnaires jésuites, compagnons du père Amyot, et le père Amyot lui-même, pensaient des premiers livres chinois à l’époque où ces Argonautes de la science faisaient, pour ainsi dire, partie du collège des lettrés, cohabitaient avec les lettrés dans le palais des empereurs, vivaient, mouraient en Chine, et écrivaient ces recueils de Mémoires et ces traductions où toute la civilisation chinoise est pour ainsi dire reproduite en mappemonde d’idées et d’institutions sous nos yeux. […] Selon l’usage du pays à cette époque, il se démit de toutes ses dignités pour revêtir un deuil extérieur moins lugubre encore que celui de son âme. […] C’est à cette époque de sa vie active que se rapportent ses plus belles maximes et ses plus belles institutions.
À l’époque qui ramène ces oiseaux en Pennsylvanie, j’eus la satisfaction de revoir ceux de l’année précédente, dans ma caverne et aux environs ; et là, toujours dans le même nid, deux nouvelles couvées s’élevèrent. […] La ville, à cette époque, pouvait contenir une centaine de maisons, et la plupart de ces oiseaux étaient alors en route vers le sud, ne s’arrêtant simplement que pour la nuit. […] Toute la nuit, je ne fis que rêver d’hirondelles, tant j’étais impatient de constater leur nombre, avant que l’époque de leur départ fût arrivée.
Racine fit cette jolie épigramme, dans laquelle il rapporte, à cette pièce, l’époque de l’origine des sifflets du parterre. […] Homère avoit habilement saisi celles du siège de Troie, & Virgile fait également usage de tout ce qu’on disoit sur l’arrivée & l’établissement d’Énée en Italie : car cette époque, cet établissement est le véritable objet du poëte. […] Au milieu de toutes ces contestations sur l’époque des romans, ainsi appellés parce qu’ils étoient écrits en langue romance, remarquons combien les anciens différent de ceux de nos jours.
Nous ne parlons pas évidemment ici des petits réalistes qui font leur besogne de scribes à peu près de la même façon à toutes les époques. […] Les cœurs sensibles redeviennent à la mode ; et il était réservé à notre époque d’instaurer le culte monstrueux de la souffrance humaine : aberration incompréhensible devant laquelle le christianisme lui-même a reculé ! […] Comme aux époques les plus inclémentes de l’histoire, il l’a réduite au qui-vive perpétuel, il lui a imposé des armements qui l’épuisent, et, sans l’excuse de la bonne cause à défendre, de l’entraînement juvénile et irréfléchi, il a instauré le règne exclusif de la force brutale alliée à la ruse et à la perfidie.
Plusieurs prétendent qu’il tint à cette époque un magasin de chasubles dans la rue Saint-Sulpice. […] Et puis, à cette époque lointaine, il y avait un printemps tous les ans, et il faisait toujours beau ce jour-là… Y étiez-vous mercredi dernier, ma cousine ? […] Puis, des cartes géographiques, des fusils et des uniformes de toutes les époques, et des instruments de musique, et des gamelles, et des godillots à l’infini… Tout cela c’est, si je puis dire, la partie analytique de cette exposition. […] Car la belle-mère de l’époque carlovingienne ressemblait déjà à celle de nos vaudevilles et de nos chansons de café-concert. […] Toutes ces « vies de saints » donnent l’idée d’une humanité extraordinairement naïve et beaucoup plus violente, semble-t-il, que ne fut jamais l’humanité latine ou grecque, même aux époques primitives.
Il peut sans doute exister des époques de crise dans lesquelles la science, à la fois trop avancée et encore trop imparfaite, inquiète et trouble l’artiste plutôt qu’elle ne l’aide. […] Ces idées, qui ont été florissantes à d’autres époques, s’évanouissent aujourd’hui de plus en plus sous l’influence des progrès de la physiologie. […] C’est vers la même époque que Bordeu, Barthez, Grimaud, brillaient dans l’école de Montpellier. […] Cette conception a varié nécessairement avec les époques et suivant les progrès de la science. […] Il faut avouer que ces derniers ont constamment gagné du terrain et qu’à notre époque surtout ils en gagnent chaque jour de plus en plus.
M. de La Harpe voulait-il faire l’éloge de l’époque où il écrivait, lorsqu’il a dit : Peut-être M. de Voltaire risquerait aujourd’hui ce spectacle avec succès ? […] Je vous laisse, mon cher maître, faire vos réflexions sur ce sujet, et je vous invite à dédier à cet amateur des lettres votre première tragédie. » Voilà une dénonciation en bonne forme d’un crime de lèse-majesté poétique et philosophique, envers le sultan de la littérature à cette époque, lequel avait d’Alembert pour grand vizir. […] Voltaire, à cette époque, ne cessait de vanter, aux dépens de sa propre patrie, la littérature, la politique et la philosophie anglaises ; il avait l’air d’avoir pitié de nous autres Français, pauvres gens, qui avions la simplicité de croire à l’Évangile, de respecter les mœurs et les règles, et de reconnaître une autorité : nous étions tous esclaves, parce que nous avions du goût, de la politesse et une police. […] Mais, à l’époque où elle fut jouée, on ne faisait point encore de mélodrames ; on n’en connaissait pas même le nom. […] Un tas de misérables romanciers, qui ont paru à la même époque, se sont rendus coupables du même crime envers notre nation ; ils ont voulu persuader à l’Europe qu’il n’y avait plus à Paris, et même en France, ni pudeur, ni moralité dans les rapports des deux sexes ; ils ont réduit la corruption et l’égoïsme en principes, et fait de la débauche la plus brillante théorie.
Les applaudissements redoublèrent dès qu’on l’aperçut lui-même à la porte de la loge ; mais ils devinrent plus vifs que jamais, quand, contraignant le bonhomme Ducis à prendre place sur le devant, il se tint modestement derrière ce patriarche de la littérature de l’époque, quoiqu’il y eut place aussi là pour lui. » Lorsque le général prépara l’expédition d’Egypte, Ducis fut l’un des premiers auxquels il pensa pour l’emmener avec son Institut de voyage et de conquête ; il voulait un poète au milieu de ses savants. […] Ayant connu Ducis et Bernardin de Saint-Pierre qui tous deux, à cette époque, étaient logés au Louvre, il nous donne quelques détails tout simples et naïfs sur leurs habitudes, leur conversation, leur physionomie.
Il est piquant de noter bien des incidents et des vicissitudes de mots, à cette époque où la langue muait et où elle était en train de revêtir son dernier plumage. […] On le comprend maintenant de reste, et, toutes choses bien pesées et examinées, il ne doit plus, ce me semble, rester un doute dans l’esprit de personne : Vaugelas avait sa raison de venir et d’être ; il eut sa fonction spéciale, et il s’en acquitta fidèlement, sans jamais s’en détourner un seul jour ; il reçut le souffle à son moment, il fut effleuré et touché, lui aussi, bien que simple grammairien, d’un coup d’aile de ce Génie de la France qui déjà préludait à son essor, et qui allait se déployer de plus en plus dans un siècle d’immortel renom ; il eut l’honneur de pressentir cette prochaine époque et d’y croire.
Un caractère saillant de la Cour romaine à cette époque était l’exaltation soudaine de quelques-uns qui n’étaient rien la veille, et leur chute profonde le lendemain. […] La vie de Clément Marot est fort approfondie, et l’époque y est étudiée par tous ses aspects.
M. de Genoude y fit connaissance de M. de Chateaubriand, de M. de Lamennais et de la plupart des hommes de lettres de l’époque appartenant alors au parti religieux et royaliste, auquel sa mère lui avait recommandé d’être fidèle ; il semblait se destiner à la prêtrise. […] À l’époque de la malheureuse expédition de madame la duchesse de Berri en Vendée, elle alla combattre avec la princesse.
Je connaissais la plupart de ces beaux vers, quelques-uns depuis presque mon enfance, car je vous suis depuis la Revue fantaisiste, mais quel plaisir sans pair que de faire connaissance à nouveau avec eux 1 Quant à ceux très rares, que je ne savais pas encore et qui datent des époques où j’étais absent de France et de toute littérature, je les ai dévorés et redévorés à belles et bonnes dents : aussi, ce régal ! […] Le lyrisme dispose d’effets sublimes dont notre époque s’est privée on ne sait pourquoi, par une vague crainte du ridicule qui a paralysé bien des écrivains.
Jamais on n’aura mieux vu combien l’esprit humain est incompressible, et combien il est chimérique de prétendre l’enfermer dans les règles étroites d’un système qu’à notre époque, où à côté d’une brillante école de romanciers uniquement épris de réalités, s’est formée une école de poètes réfugiés, comme le savant de Hawthorne en sa serre, dans un monde absolument artificiel. […] Je pense qu’Eschyle, par exemple, Sophocle et Euripide sont des poètes de tout point dissemblables ; ils furent aussi tous trois de parfaits révolutionnaires à leur époque.
On peut, en résumé, poser cette loi : ce que Wagner a écrit à une époque, les drames qu’il a composés dans le même temps, tout cela provient de la même inspiration, et l’on ne peut comprendre les uns sans connaître les autres. […] Obligé de m’avouer que je me trouvais dans une situation pareille, force a été pour moi, à une certaine époque de ma vie (1849-1850), de faire une halte dans une carrière de production plus ou moins spontanée, il m’a fallu de longues réflexions pour sonder les motifs de cette situation énigmatique et m’en rendre compte… » C’est seulement à partir de ce moment que Wagner voulut créer un art, et ce n’est qu’en 1876, quand il l’eut réalisé, qu’il put dire : « Maintenant, nous avons un art !
— Nous sommes loin de l’époque où Reid, après s’être posé ce grand problème, concluait qu’il faut renoncer à expliquer la merveille : « C’est qu’il a plu à Dieu, disait-il, de nous donner la connaissance directe et immédiate du passé. » Avec ce miracle trop opportun, Reid admettait une contradiction dans les termes. […] C’est ce qui m’est arrivé en particulier à l’époque où, en vue de la publication de mon livre, je prenais soigneusement note de tous mes rêves.
. — Un des traits caractéristiques de la pensée et de la littérature à notre époque, c’est d’être peu à peu envahies par les idées philosophiques. […] Il est dans la nature même du poète d’être grand surtout en surface : il doit voir et sentir plus que s’appesantir, il doit tout effleurer et tout comprendre ; il reflète ; c’est le miroir d’une génération, d’une époque ; sa profondeur est le plus souvent intuition.
Au moyen âge, Dante est Italien deux fois, car il est catholique, et à notre époque ce que nous avons de plus grand, Burns et Walter Scott, sont Écossais, et Byron lui-même, l’enfant magnanime sous ses bouderies et ses colères, est toujours Anglais dans la partie immortelle de ses œuvres. […] Les lettres, ces espèces de photographies dans lesquelles on est aussi laid et aussi manqué que dans l’autre, les lettres, voilà ce qui va incessamment remplacer les livres à cette époque, vouée aux moi les plus drôles et qui fait plus cas d’un autographe que de la plus belle page, car une belle page, cela est écrit pour tout le monde, et un autographe, c’est personnel !
Il fut une époque où il se disait tout à l’Histoire, mais déjà, quand, parmi les faits qu’elle roule dans son sein, pur et majestueux comme celui des fleuves, il s’en trouvait un de rencontre qui tentait la passion secrète, l’historien ne pouvait s’empêcher d’y courir avec cet abandon qui compromet et ces folles complaisances qui avertissent. […] À cette époque-là, tout le monde fut frappé, en lisant le très beau récit de Michelet (car il est très beau), de l’insistance curieuse et troublée avec laquelle l’historien s’arrêtait sur le secret qui devait rester entre la jeune fille et Dieu, sur le mystère humain du virginal Archange dont le sang de la femme n’a jamais, dit-on, terni la splendeur.
encore un talent, me disais-je, que la rapacité des libraires et du public, que cette impatience d’une époque où rien ne mûrit, où tout se dévore, va mettre au pillage sans doute, et dont les semences précieuses iront chaque matin au vent ; car de nos jours, dans les Lettres autant qu’ailleurs, il semble que tout soit devenu le prix de la vitesse et de l’empressement.
Il arrivera, je le crois, une époque quelconque, où des législateurs philosophes donneront une attention sérieuse à l’éducation que les femmes doivent recevoir, aux lois civiles qui les protègent, aux devoirs qu’il faut leur imposer, au bonheur qui peut leur être garanti ; mais, dans l’état actuel, elles ne sont, pour la plupart, ni dans l’ordre de la nature, ni dans l’ordre de la société.
Contraste et continuité des deux époques. — 3.
Brunetière, Époques du théâtre français, 11e conf. ; Lemaître, Impressions de théâtre, 2e série.
À l’époque où la bourgeoisie était la plus acharnée contre les grèves, il écrit le Forgeron ; au moment où les grands mots de régénération et de revanche voltigeaient dans l’air, il fait réciter à l’Odéon Fais ce que dois.
L’historien envisage des périodes plus considérables et surtout plus distantes ingénieux et documenté, il peut nous donner la reconstitution d’un siècle d’art, en négligeant les phénomènes sans valeur dont la mode a fait tout le succès ; il peut, en considérant minutieusement des époques successives et des pays différents, discerner sans erreur probable tels courants artistiques.
Elle peut être exacte dans une certaine mesure, du moins dans une époque de transition comme celle que nous traversons, alors que l’État peut s’opposer efficacement à certaines tyrannies sans être encore devenu lui-même absolument omnipotent et unilatéralement tyrannique.
Les conceptions bovaryques sont donc fréquentes à toutes les époques de civilisation avancée : elles s’y montrent tributaires d’un défaut de critique.
Je ne rappelle ce temps de notre histoire que pour avoir occasion de faire remarquer que nous étions loin d’être placés sous un gouvernement despotique, à l’époque même où ce gouvernement fut le plus absolu.
Je ne le trouvais pas assez froidi, — ni moi non plus — pour y toucher ; — pour juger impartialement cette époque de malheur et de honte que nous avons là traversée… Ce n’est pas quand nous sommes à moitié pris encore, sans être des Titans, sous la montagne qui nous a écrasés, qu’on peut porter un jugement historique sur des événements et des hommes contre lesquels on doit avoir des ressentiments implacables : les ressentiments du mal qu’ils nous ont fait et des humiliations que nous leur devons !
Pour Thureau-Dangin, ce jeu, sans fin en ce moment encore, aurait eu son accomplissement et son triomphe sans les partis extrêmes qui à toutes les époques ont tout empêché, tout bouleversé, rendu tout impossible ; et c’est contre les partis extrêmes qu’il élève son livre.
Je n’y crois à aucune époque de l’histoire, mais je n’y crois pas surtout à l’origine des sociétés, au premier moment perceptiblement historique.
Victor Hugo lui-même, que Théophile Gautier, que tous ceux-là enfin de notre époque qui, arrivés à la grande renommée, ont rencontré les résistances des commencements, — Prévost-Paradol n’était pas cependant ce qu’on appelle un homme heureux, et ces Essais de littérature et de politique que je tiens là, m’ont appris à mon grand étonnement son secret, et m’ont dit sa mélancolie.
., de cette Bohème à tempérament dans une époque où le tempérament débordait.
Pour lui comme pour nous, Thucydide est un Grec très digne du temps de Périclès, mais, pour nous, c’est justement parce qu’il est un Grec de ce temps-là qu’il n’est pas le plus grand des historiens, — même de la Grèce, car dans la Grèce il faut distinguer les époques et les races.
Fréron, en dehors des justices qu’il fit sur les médiocrités de son époque, a traité toutes les questions littéraires qui incombent à la Critique et qui sont de son ressort, et il les a traitées avec la certitude d’une supériorité presque toujours infaillible.
Il a résisté à la tentation universelle de peindre tout à propos de tout, qui envahit la plus grande partie des esprits d’une pauvre époque ayant moins de raison que d’yeux… Ce n’est point un peintre d’histoire ; c’est l’homme d’affaires de l’Histoire.
De Vigny, le troisième grand poète de l’époque, et d’un idéal qui aurait dû attirer un esprit qui ne parle que d’idéal, est traité de poète « musqué, pincé, poudré »… Ah !
Il nous cite dans son Introduction des fragments d’écrits politiques retrouvés à la Bibliothèque du Louvre et dans lesquels, à différentes époques, ce La Gervaisais aurait montré une sagacité politique d’une grande acuité.
Tessier avec infiniment de justesse, Cabanis, qui avait contre l’Église et les idées religieuses les haines perverses de son époque, voulait, dans la civilisation de l’avenir, remplacer les prêtres, dont le rôle était fini (pensait-il), par les vingt mille médecins qui allaient toucher en haut et en bas à toutes les réclamations de la société moderne et la gouverner en la retournant sur son lit de douleur.
L’opinion a fait de l’Imitation un livre essentiel, et sans nier ses mérites raffinés en piété pratique, cela est-il juste, cela est-il sage à une époque comme la nôtre, où tant d’esprits inclinent, hélas !
Ainsi complété, le livre de Mgr Salvado résume bien l’état des connaissances possibles jusqu’à ce jour sur l’Australie ; et voilà comme la science a contracté une dette de plus vis-à-vis de ces missionnaires qui lui ont rendu tant de services à toutes les époques, et qui, au milieu de leurs travaux apostoliques, se sont montrés partout des investigateurs si sagaces et de si profonds observateurs !
Changer les figures de côté, mettre à gauche ce qui était à droite, à droite ce qui était à gauche, intervertir l’ordre des groupes, distraire un personnage de la scène ou du milieu dans lequel il était placé pour le placer dans une autre scène et quelquefois sous un autre costume, toutes ces choses, et bien d’autres que j’omets, se font et se sont faites, et la Gloire elle-même y a été prise… La Gloire un peu trop vite venue, fille du sentiment exalté d’une époque, a transformé parfois en grand peintre tel grand archéologue, qui avait assez d’exécution et de rétorsion dans la main pour cacher aux ignorants ses… butins, et c’est le critique d’art qui doit réviser ces méprises de la Gloire.
Il nous a dénombré tous les genres de tombeaux qui y ont jamais été bâtis, n’importe à quel endroit ou à quelle époque.
Il y a l’École du bon sens, et ce n’est pas la pire ; il y a l’École de la vulgarité, si chère aux esprits égalitaires de cette époque de démocratie intellectuelle.
Controversiste infatigable d’une époque où l’Angleterre était déchirée par tous les genres de controverse, il préféra toujours les ardeurs de l’argumentation et de la dispute, dont il faisait peut-être son héroïsme et sa vertu, aux rêves inutiles de la poésie.
L’auteur du Tigrane a dû vivre parmi les prêtres à quelque époque que ce soit de sa vie, car il en parle tous les langages comme s’il les avait appris, et il en exprime les faiblesses — plus ou moins honteuses — comme s’il les avait vues de ses propres yeux… Assurément, il a le mépris intelligent du clergé français assez médiocre dans sa masse flottante, ne croyant, là comme ailleurs, qu’à l’individualité et qu’à l’exception ; mais pourtant il ne hait point le prêtre comme un autre observateur et un autre artiste, Stendhal, qui fut aussi toute sa vie magnétisé par le sublime type du prêtre, la seule grande poésie, avec le soldat, qui soit restée à notre misérable temps.
Tel est le double caractère du talent, de l’homme et de l’œuvre que la traduction française, qui est très-bien faite, nous a mis à même de juger : la peur et ses transes, la curiosité et ses soifs, la peur et la curiosité du surnaturel dont on doute, et, pour l’expliquer, toutes les folies d’une époque et d’un pays matérialiste qui effraye autant qu’il attire.
De ce rapprochement ou de ce contraste, naît le ridicule que les peuples simples ignorent, que les peuples à grand caractère méprisent, mais qui est si à la mode chez toutes les nations, dans cette époque où les vices se mêlent aux agréments, et où l’esprit ayant peu de grandes choses à observer, multiplie par le loisir ses idées de détail.
Il ne sera pas mis non plus parmi ces grands hommes d’état nés pour être conquérants et législateurs, puissants par leur génie, grands par leur propre force, qui ont créé leur siècle et leur nation, sans rien devoir ni à leur nation ni à leur siècle : cette classe des souverains n’est guère plus nombreuse que la première ; mais il en est une troisième qui a droit aussi à la renommée : ce sont ceux qui, placés par la nature dans une époque où leur nation était capable de grandes choses, ont su profiter des circonstances sans les faire naître ; ceux qui avec des défauts ont déployé néanmoins un esprit ferme et toute la vigueur du gouvernement, qui, suppléant par le caractère au génie, ont su rassembler autour d’eux les forces de leur siècle et les diriger, ce qui est une autre espèce de génie pour les rois ; ceux qui, désirant d’être utiles, mais prenant l’éclat pour la grandeur, et quelquefois la gloire d’un seul pour l’utilité de tous, ont cependant donné un grand mouvement aux choses et aux hommes, et laissé après eux une trace forte et profonde.
C’est là pour l’esprit humain le temps privilégié qui reste incomparable, et qui, dominant plusieurs époques, n’a été surpassé ni peut-être égalé par aucune.
*** La première édition des œuvres de Louise Labé fut publiée en 1550 par les soins de Jean de Tournes, illustre imprimeur de l’époque. […] Ainsi à l’époque de son séjour à Rome, du Bellay sortait déjà de l’âge plus dispos, c’est-à-dire de la première jeunesse. […] Il continuait à vénérer la mémoire de Ronsard à une époque où ce grand génie était bafoué, ou même complètement tombé dans l’oubli. […] bien, nous le surprenons, quand même, éprouvant un cruel plaisir à étriller ce Fremy, qui pensait régenter en matière classique et qui avait obtenu peut-être quelques succès universitaires à l’époque. […] On rapporte qu’il recopia ses Époques jusqu’à dix-huit fois.
Ce qu’elle voulait, avant tout, c’était une protection contre les « barbares » septentrionaux, qui lui apparaissaient comme tels dès cette époque, à elle la déjà civilisée. […] Ce culte passionné et presque exclusif de la rhétorique, à l’époque gallo-romaine, nous l’envisageons absolument comme un fait prophétique, éclairant d’un lumineux rayon une part de notre destin. […] Il s’agirait de jeter par terre l’édifice entier de l’enseignement et de reconstruire sur des bases nouvelles, suivant les besoins de la race et de l’époque. […] L’enfant ne serait nourri que d’aliments sains, concrets et substantiels, qui en feraient un vivant adapté à son époque, et non le stérile rabâcheur ou le malheureux impuissant qu’aujourd’hui nous voyons reproduit à des milliers d’exemplaires. […] Ils en sont arrivés à les considérer comme des choses vulgaires, bonnes pour les Barbares des époques passées.
Tout le monde connaît le cabaret célèbre de ce nom où s’élabore, depuis trois ans le journal le plus singulier et le plus vivant de l’époque. […] Il était, au contraire, le plus sanglé et le plus consigné monarque de son époque. […] Notre époque n’est pas aux chefs-d’œuvre, on le sait de reste. […] « De tous les croyants de son époque, cet insurgé, cet hérétique était peut-être le plus fervent. […] Tout cela dans le plus strict sentiment archaïque de l’époque qu’il s’agissait de restituer.
Ce que Rousseau omet de faire, Duclos le fait, exactement à la même époque, avec beaucoup de sagacité et quelque vigueur dans ses Considérations sur les mœurs (1751). […] Il répond en faisant, à sa façon, l’histoire de l’humanité depuis les premiers âges, un peu comme Lucrèce au Livre V de son poème, ou comme Buffon dans la Septième époque de la Nature, mais avec plus de développement et dans un autre esprit. […] Rousseau recule seulement l’époque de la Chute. […] Il serait trop loin de Paris et de ce beau monde qu’il méprise. « Tout Paris » ne pourrait plus « répéter ses âcres et mordants sarcasmes ». — Au moins, s’il lui faut à la fois le voisinage de la grande ville et la solitude, la banlieue de Paris à cette époque est charmante et encore toute campagnarde. […] (Au reste, sur ces inconnaissables origines, je ne vois rien de plus raisonnable que les hypothèses de Buffon dans la septième Époque de la Nature.)
Villiers de l’Isle-Adam On s’est plu, témoignage maladroit d’une admiration pieusement troublée, à dire et même à baser sur ce dit une paradoxale étude : « Villiers de l’Isle-Adam ne fut ni de son pays, ni de son temps. » Cela paraît énorme, car enfin un homme supérieur, un grand écrivain est fatalement, par son génie même, une des synthèses de sa race et de son époque, le représentant d’une humanité momentanée ou fragmentaire, le cerveau et la bouche de toute une tribu et non un fugace monstre. […] Il a entrepris deux grandes épopées romanesques que son génie ardent et fier achèvera à l’état de monuments, l’Epoque et les Volontés merveilleuses. […] C’est à l’époque de la floraison du calvinisme que le nu commença d’être proscrit des mœurs et qu’il se réfugia dans l’art qui seul en garda la tradition. […] Chaque époque de pensée, d’art et de sentiment devrait jouir de soi-même, profondément, et se coucher sur le monde avec l’égoïsme et la langueur d’un lac superbe qui, souriant aux ruisseaux anciens, les reçoit, les calme, et les boit. […] A Rimbaud, dont les Illuminations parurent dans la Vogue en 1886, à Laforgue qui à la même époque, dans la même précieuse petite revue — que dirigeait M.
Même dans le discours de réception de Lamartine à l’Académie, en 1830, on trouve un grand parallèle établi entre la poésie et l’action, entre la vie du littérateur en temps régulier et cette même existence dans les siècles d’orage, en « ces époques funestes au monde, glorieuses pour l’individu. » Dans les temps calmes, chacun est classé, chacun suit sa voie ; avec plus ou moins de distinction, selon nos forces ou nos faiblesses, « nous arrivons au terme.
Deux causes surtout appauvrirent la langue à l’époque précieuse.
Il est venu à une époque où il était possible d’être ainsi.
Cet endroit est trop engagé dans l’intérieur de la ville, et on est porté à croire qu’à l’époque de Jésus il était compris dans l’enceinte des murs 1160.
Toujours est-il qu’elle, la distinction même, après avoir voulu être une femme de lettres, comme tant de femmes de son époque, se serait, comme la plupart de ces femmes qui se croient si plaisamment ce qu’elles ne sont pas, achevée en vulgarité, en prenant un nom d’homme, si elle avait pu parvenir à se faire un masque de ce nom-là.
C’est la même turlutaine d’événements que dans les dames de cette époque : ce sont des fleurs jetées, par les fenêtres, à de beaux cavaliers, — des bals masqués, — la poésie des femmes qui n’y vont pas et des dramaturges qui y vont trop — des bals masqués où l’épouse masquée est prise pour la maîtresse par le mari infidèle et qui découvre ainsi la catastrophe !
Il ne l’a pas, parce qu’il est impie, de l’impiété bête de cette époque dans laquelle lui, le misanthrope cependant, s’encanailla comme s’il avait aimé et estimé les hommes !
… De même il croit de très bonne foi que, dans un pays qui avait dans sa tradition des siècles de chevalerie française, besoin était, à l’époque de Mazarin et de Richelieu, d’importer des pays étrangers de la galanterie et de la délicatesse, comme il était besoin aussi d’inventer une langue qui avait eu pour pères Rabelais, Montaigne et Régnier !
Assurément tout cela mérite d’être compté et apprécié par le critique, mais ne constitue pas néanmoins au livre d’Ernest Semichon l’immobile place que les livres vrais en histoire prennent de force dans les travaux d’une époque et ne perdent plus.
qu’il n’y en ait pas mis une autre… Henri IV a donc commis là bien évidemment une des plus grandes fautes que souverain pût commettre, même la question religieuse écartée, que l’Histoire cependant n’écartera pas, car, je le dis, en regardant bien en face les révolutions futures, ou du moins le chemin par lequel elles peuvent venir, les gouvernements doivent toujours venir à bout, quand ils le voudront, eux qui sont la force organisée, de la force qui ne l’est pas… Segretain a par des exemples nombreux et frappants fait toucher du doigt dans son histoire la bévue des gouvernements du xvie siècle qui précédèrent celui de Henri IV, lequel paracheva et fixa les conséquences de cette énorme faute, en la commettant à son tour ; et on se demande vraiment pourquoi, en lisant Segretain, qui nous met en lumière une chose qu’avant lui on n’avait pas assez vue, ce qui prouve son extrême bonne foi et son désir de justice : c’est qu’à toutes les époques de sa vie Henri IV, quelles qu’aient été ses apostasies, avait toujours été au fond de sa pensée plus catholique que protestant !
Que ce soient les femmes de telle société, de telle époque ou de telle autre, dont on s’occupe et dont on jase ; que ce soient les femmes de l’Antiquité ou du Moyen Âge, de la Renaissance ou des temps modernes, de la Régence ou de la Révolution, peu importe !
Je ne parle pas de Thiers, le premier historien de la Révolution dans l’ordre des temps, trop sceptique pour n’être pas la toupie, très peu ronflante, du reste, de l’histoire qu’il écrivit à l’époque de sa jeunesse, ni de Michelet, cette Tricoteuse nymphomane, — mais le pur, le noble Lamartine, écrivit Les Girondins, et ce fut la démence de son génie.
Webster, et l’époque actuelle, que la biographie des présidents.
Quel que soit le temps auquel on appartienne, quelle que soit la grandeur des événements qu’on représente dans les mille facettes d’une polémique qui n’a souci, le plus souvent, que de les briser, — et ce n’était pas le cas pour Armand Carrel, homme de petite époque, vulgaire et abaissée, — le journalisme, qui fait litière pour l’histoire, n’est jamais de l’histoire, et voilà pourquoi, quand elle commence, lui n’est déjà plus.
Il l’est par l’expression et par le fond des choses, et comme il est tel dans le dix-neuvième siècle, il est très au-dessous, en réalité, des hommes du dix-huitième, car l’erreur, changée d’époque, ressemble à un monstre déterré.
À cette époque, les travaux sur Pascal de MM.
Polémiste, antiquaire, pair de France, député, il n’a jamais été autre chose qu’un orateur à toutes les époques de sa vie.
Soury avait vécu à cette époque, qui sait ?
passe en revue toutes les philosophies depuis Descartes, qu’il n’adore tant que parce qu’il a opposé, malgré son doute scientifique, le Spiritualisme au Matérialisme de son époque.
Il dit dans son cœur à l’époque actuelle : « Je te parlerai ton langage, mais pour t’apprendre à respecter ce que tu dédaignerais de connaître si je te parlais seulement le mien. » Et, en effet, le monde, auquel on est obligé de s’adresser quand on est écrivain, aurait laissé dans l’ombre une œuvre qui n’eût été qu’hagiographique sur Vincent de Paul.
A cette époque d’anémie poétique où l’on s’épuise le tempérament à faire des sonnets et où, pour pouvoir dire quelque chose, on se met à décrire jusqu’aux brins d’herbe qu’on a sous les pieds, on est content de rencontrer une poitrine assez bien organisée pour souffler, d’une seule haleine, fût-ce une bulle de savon de cinq mille vers, sans s’y reprendre à deux fois avec son fuseau !
Un seul homme de cette époque a dû sa situation au sonnet : c’est Joséphin Soulary.
Parmi les poèmes qu’elle a laisses, deux surtout me frappent ; Magdelaine, d’une largeur de touche étonnante avec la tendresse du sujet, et parfois d’une vigueur d’invention encore plus étonnante pour un cerveau de femme, dont le destin est d’imiter, et Napoline, poëme personnel publié, il est vrai, en 1833, à l’époque où Mme Delphine Gay était devenue Mme Émile de Girardin, mais qui fut composé, croyons-nous, lorsqu’elle était jeune fille, et dans lequel, d’ailleurs, si elle ne l’était plus, elle exprimait des sentiments de jeune fille pour la dernière fois.
C’est l’athéisme de cette époque athée, l’athéisme heureux et fier comme un parvenu, faisant bedaine dans un Prudhomme cubique de Suffrage universel !
Seul, Amédée Pommier, de la même époque et de la même pléiade et qu’on peut citer après eux, a le rire encore plus que l’indignation, qu’il a tant !
Il est impossible de supporter longtemps l’analyse, même la mieux faite, de tant de choses méprisables… Je conçois que Le Sage peignît un laquais dans Gil Blas, à l’époque où les laquais intéressaient une société qui donnait chaque jour sa démission de sa noblesse.
Et nous n’en finirons jamais, dans cette époque philanthropique et humanitaire, qu’en faisant le livre de : « Tous ensemble », qui serait peut-être le plus vrai et le plus triste de tous !
et nous n’en finirons jamais, dans cette époque philanthropique et humanitaire, qu’en faisant le livre de « Tous ensemble », qui serait peut-être le plus vrai et le plus triste de tous !
Ce livre a été publié en deux parties et à deux époques, mais la première est la plus curieuse, car le satirique, dans cette première partie, l’est sans esprit de retour ; il brûle son vaisseau, et, dans la seconde, il fait l’effet d’arranger les planches d’une barquette pour s’en revenir !
Les grands soldats français de toutes les époques la purent lire sans rougir.
On voit que l’opinion qui a fait de l’ignorance, en Europe, un titre de noblesse, et a défendu aux hommes qui ont ou croient avoir un nom, de l’avilir par l’art de penser et d’écrire ; opinion introduite par les sauvages du nord qui ne savaient que détruire, consacrée par des seigneurs de châtellenies barbares, qui ne savaient qu’opprimer, combattre et chasser ; opinion bien digne en effet de ces deux époques, et qui, au bout de quatorze siècles, n’est pas encore éteinte, et subsiste même aujourd’hui beaucoup plus qu’on ne croit, n’était pas encore née sur la terre.
A de certaines époques, la vie fut si épouvantable aux faibles que l’idée de la mort se confondait avec l’idée même de la vie. […] A ce moment leur rôle est épuisé ; ils ne sont plus qu’une des étapes visibles dans la longue sécularisation des ordres religieux à laquelle l’église romaine travailla sans relâche jusqu’à une époque récente. […] Depuis cette époque, depuis le concile de Trente, l’histoire du catholicisme n’est que l’histoire de sa lente évolution vers le protestantisme, vers les tristes rêveries des premiers chrétiens, vers le rationalisme religieux. […] C’est la grande époque de la prose ; nulle autre peut-être ne montra jamais une telle audace créatrice. […] Faire époque. — Séguier.
Il y eut une époque de sa vie où, parmi quelques notes discordantes, il chanta juste. […] A l’époque où Bersot l’a écrit, il dirigeait l’École normale. […] A l’époque de sa candidature, je ne le connaissais que de nom et encore depuis peu. […] De ce rapprochement entre deux époques et deux modes de voyager. […] Un grand esprit, Guizot, disait vers la même époque, 1867 : “Nous n’usons pas de toutes les libertés que nous avons.”
À cette époque, la confusion de ses pensées est extrême. […] Et sans doute cet étalage d’horreurs mélodramatiques suppose un désir un peu enfantin d’étonner et de frapper : mais il suppose aussi chez l’auteur, à cette époque, un fond sincère d’imagination sombre et maladive. […] Il a le caractère et la vie que Chateaubriand aurait voulu avoir à cette époque-là. […] Et il s’écrie : « Pourquoi suis-je venu à une époque où j’étais si mal placé ? […] Il ne faut pas oublier que chaque époque de sa vie (sauf la dernière) est remémorée et, si l’on peut dire, ressentie par lui vingt, trente, quarante ans après, et par conséquent enrichie et transformée.
Tout se prépare pour une grande époque de restauration sociale, mais qui devra, comme il arrive toujours, être achetée par beaucoup de travaux, de souffrances et de sacrifices. […] Et il dit encore, en un autre endroit : « Le grand tort de Lamennais fut toujours de devancer son époque ». […] Pourquoi faut-il cependant que, ce qu’il y a dans Ruy Blas de plus heureusement inventé ou trouvé, ce soit précisément le choix du pays et de l’époque. […] Il vivait encore à l’époque où je faisais cette leçon ! […] Là cependant était la nouveauté, l’originalité du livre, et c’est par là que, faisant révolution dans l’histoire de l’exégèse, il y faisait époque.
Dans le premier, il montre que Proust a inauguré une forme d’art nouvelle où la force de désintégration de son esprit s’accorde avec la désagrégation des données premières qui caractérise l’époque. […] Esprit critique avant tout, Strachey s’est constitué l’historien d’une époque où se produisit une éclipse quasi-totale de cet esprit, et son œuvre vient parfaire nos inductions à cet égard. Le fait négatif fondamental concernant l’époque victorienne semble bien résider dans une acceptation passionnée des données premières, dans le refus et l’incapacité tout ensemble de les critiquer. A quoi on pourrait objecter que l’époque victorienne fut au premier chef une époque de controverse, et en particulier de controverse religieuse ; mais la controverse précisément implique un accord tacite sur certaines données premières qui ne rend que plus aigus et plus âpres tous les différends qui surgissent autour de leur interprétation. […] Entre la force de désintégration de son esprit et cette désagrégation des données premières qui caractérise notre époque il existait un accord singulier.
Il n’y a donc pas une barrière infranchissable entre la prose et la poésie ; et même à certaines époques de notre littérature, c’est dans la prose de quelques grands écrivains que le rythme poétique se réfugie : J. […] Ainsi, conclut-il, la Renaissance italienne ne serait pas, « comme le croyaient Burckhardt et d’autres historiens, le produit du peuple qui créa la civilisation romaine, mais celui d’une race nouvelle, apparentée d’une part aux Grecs de la belle époque, de l’autre aux Francs, aux Saxons et aux Angles, qui tous prirent une prépondérance à l’élaboration de notre civilisation moderne… ». […] Car la vie est trop proche et les atteint dans leurs nus, Dans leurs grâces maladroites et leur noblesse si baroque, Et le lierre en grimpant sur le héros malvenu Fait plus lourdes et bizarres les élégances de l’époque. […] Ne commande-t-il pas de respecter les hiérarchies établies, de vaincre ses instincts et ses passions pour s’adapter aux mœurs et aux usages de son époque, sans se révolter ? […] Et je trouve que ce roman passionné — comme on n’en fera plus — ferme une époque, ensépulcre l’amour romantique.
J’ai sous les yeux tous les manuscrits de Leopardi qui datent de cette époque, manuscrits confiés par lui-même à M. de Sinner, si capable d’en bien juger, et qui en a publié des extraits132. […] Les travaux philologiques et les excursions érudites de Leopardi, vers cette époque de son adolescence et de sa première jeunesse, feraient une longue et trop sèche énumération, si on la voulait complète ; singulier prélude, ouverture bien austère, à la destinée toute poétique qui suivra. […] J’avais cru d’abord que c’était à cette époque même et pendant son voyage à Rome que Leopardi avait eu maille à partir avec Manzi ; mais celui-ci était mort en février 1821, et la vengeance de Leopardi remonte à l’année 1817 et se rattache à une polémique littéraire dans laquelle Manzi s’était montré grossier.
Aux époques de loisir, on y mêlait beaucoup de superflu ; nous l’avons réduit au strict nécessaire. […] Il paraît s’être retiré à une certaine époque dans son manoir des champs et n’avoir plus été du monde. […] Il obtint pourtant, à cette époque, une sorte de célébrité par ses écrits ; on le trouve assez souvent cité par Bouhours, par Daniel, par Bayle, par ceux qui, étant un peu de province ou de collége et arriérés par rapport au beau monde, le croyaient un module du dernier goût.
À cette époque, qui précédait celle de ma naissance, ces flûteurs étaient d’honorables artisans qui travaillaient en laine ou en soie ; ce qui fut cause que mon père ne dédaigna point d’être leur confrère. […] Michel-Ange, que ses années devaient rendre plus sage, les convie à une véritable orgie, qui donne une idée des mœurs licencieuses de l’époque. […] VIII Cependant sa renommée de bravoure le fait rechercher par la grande famille des Colonna, amie des Médicis, à l’époque où le connétable de Bourbon vient assiéger Rome.
Mais les modes s’altérant sans cesse à cette époque, le frère scolastique devint las de chercher des échappatoires et de résoudre des contradictions renaissantes. […] L’ensemble des œuvres religieuses de Swift, écrites aux époques les plus diverses de sa vie, confirme notre opinion sur le caractère exclusivement politique de son intervention constante en faveur de l’Église établie. […] La carrière politique de Swift était terminée, mais il rapportait de cette époque agitée de sa vie une conquête qui eût pu le satisfaire, s’il n’avait sans cesse désiré et souvent espéré davantage.
Or quelle est, l’artistique valeur d’Une Capitulation : si, celui que la nécessité de connaître à fond cette œuvre contraignit à une étude d’elle attentive et prolongée, estime qu’une Capitulation, farce digne des Maîtres Chanteurs, digne en son genre de la Tétralogie, en son genre aussi pleinement belle que Tristan et Isolde, comptera plus tard parmi les plus hauts chefs-d’œuvre du Maître vénéré, — juger Une Capitulation est encore, oui, une périlleuse question qui réclame des juges moins troublés, une époque plus sereine. […] Une Capitulation, comédie à la manière antique,par Richard Wagner Écrite pendant l’automne de 1870, à Triebchen, cette œuvre a été finie en décembre de la même année, — quatre semaines après l’étude sur Beethoven, quelques mois avant l’achèvement de Siegfried ; de la même époque sont encore L’Ode à l’armée allemande devant Paris, et la Marche impériale (kaisermarsch). […] S’il était vrai qu’à n’importe quelle époque, sous l’impression d’expériences désagréables, je me fusse laissé entraîner à insulter la nation française, j’en subirais les conséquences sans m’en préoccuper davantage, n’ayant pas l’intention d’entreprendre quoi que ce soit en France.
Mais tandis que les vingt-cinq années que Parsifal germait dans l’esprit du Maître sont tout entières de la période de sa pleine maturité, l’idée première de la Gœtterdaemmerung est contemporaine des grandes luttes intestines et extérieures, de l’époque à laquelle Wagner n’avait pas encore rompu avec notre théâtre moderne, l’époque de Tahnhaeuser et de Lohengrin. […] Le Théâtre fut bien la forme de l’art littéraire pour les dernières époques du Moyen-Age : un théâtre non plus de raisonnements ou de discours, mais d’actions, de faits matériels.
Faisons donc faire silence à tous les bruits du jour dans notre âme et reportons-nous à l’époque héroïque et pastorale du monde, dans une de ces îles, véritables Édens, de la mer sur l’Archipel, et écoutons. […] À l’époque où je suis venu au monde surtout, les vestiges et les traditions du régime féodal volontaire, vestiges encore mal effacés entre les châteaux et les chaumières, rappelaient à s’y tromper les mœurs et les habitudes de cette féodalité primitive et rurale qui existait du temps d’Homère dans Ithaque et sur le continent grec des bords de la mer Adriatique. […] C’est par ces tableaux naïfs, pathétiques, si propres à colorer de couleurs vraies et à toucher de sentiments justes l’imagination et le cœur des enfants, qu’elle voulut à cette époque nous lire elle-même l’Odyssée d’Homère.
Mais la Révolution vint ; dix années, fin de l’époque, s’écoulèrent brusquement avec ce qu’elles promettaient, et abîmèrent les projets ou les hommes ; les trois Hermès manquèrent : la poésie du xviiie siècle n’eut pas son Buffon. […] A ces époques de tâtonnements et de délires, avant la vraie civilisation trouvée, que de vies humaines en pure perte dépensées !
Je connaissais même les personnages de cette chronique, car, aux époques des sarclages, des moissons, de la tonte des brebis, travaux de ferme, les jeunes filles de ces deux villages venaient résider en masse au château, portant leurs ciseaux et leurs faucilles pour sarcler les blés, couper les orges, lier les gerbes, faner les sainfoins, laver ou tondre les moutons. […] Absent de la maison paternelle à l’époque de l’accident qui abrégea ses jours, je revins en hâte auprès de son cercueil pour ensevelir ses chères dépouilles dans le cimetière de campagne du village que nous habitions dans notre enfance, et dont elle préférait le séjour de paix à tous les lieux de la terre.
Nous avions entrevu, plusieurs années avant cette époque, ce jeune homme, qui n’était encore qu’un bel adolescent, marqué au front de ce double cachet du génie futur : la tristesse et l’enthousiasme. […] Nous le lui souhaitons, ce don, comme je me le serais souhaité à moi-même, à l’époque d’adolescence où j’aurais donné ma vie pour un sonnet de l’amant de Laure.
Le buste d’un homme de bien réhabilite tout un corps avili, et rend quelque généreuse émulation à toute une époque de décadence. […] « L’invention plut ; elle était même servie par l’époque de l’année.
C’est donc aujourd’hui 19 octobre que je date pour vous et que je marque ce jour comme une époque dans ma vie, ma vie d’isolement, de solitude, d’inconnue qui s’en va vers quelqu’un du monde, vers vous à Paris, comme à peu près, je vous l’ai dit, je crois, si Eustoquie, de son désert de Bethléem, eût écrit à quelque élégant chevalier romain. […] Ce sont des époques à la campagne et dans ma vie.
L’œuvre maîtresse de la grande époque romantique, en ce genre, c’est Notre-Dame de Paris (1831). […] Une fois faites toutes les réserves qu’il faut faire, on reste saisi de cette puissance créatrice : tous ces romans qui se tiennent et se relient, ces individus qu’on retrouve d’une œuvre à l’autre à toutes les époques de leur carrière, ces familles qui se ramifient, et dont on suit l’élévation ou la décadence, tout cela forme un monde qui donne la sensation de la vie.
Mais, en même temps, cette époque singulière lui plaît et le retient par le spectacle des plus violentes passions que l’humanité ait éprouvées, par la puissance de sa vie tour à tour fouettée d’appétits grossiers et pendue à l’invisible, par l’aspect infiniment pittoresque de son existence extérieure, par son art maladif et grandiose à qui l’obsession du surnaturel a donné quelque chose de disproportionné et de sublime. […] Leconte de Lisle, sur les poèmes que l’on peut grouper et qui reproduisent les époques et les pays où il s’est longtemps complu.
De plus, nous n’avons de ces Mémoires qu’une seconde rédaction, et qui date de 1817, d’une époque où il était utile de penser et de dire du mal du demi-dieu déchu. — Mais, d’abord, il n’est nullement prouvé que Mme de Rémusat eût contre l’empereur le genre de griefs qu’on a dit : ce n’est qu’une supposition de notre malignité. […] Le prince Napoléon se divertit à la mettre en contradiction avec elle-même en citant, pour la même époque, des passages de ses Mémoires et des passages de ses Lettres.
Nous n’ignorons pas que, depuis l’époque à laquelle il écrivit le Vaisseau-Fantôme, Richard Wagner a produit des œuvres plus parfaites, plus conformes dans toutes leurs parties à l’idée qui gouverna sa vie artistique ; mais le Hollandais et Senta sont deux conceptions qui n’ont pas été surpassées, et tout le drame se résume dans ces deux types surnaturels, l’un à force d’ombre, l’autre à force de lumière, et cependant si humains. […] Abot, d’après des documents très récents, et représente le Maître à l’époque de ses dernières années.
Dans une telle époque certes c’est par un miracle qu’un art peut encore exister ; l’art est le prophète d’une humanité idéale, mais il représente comme un idéal la plus noble image de la nature humaine. […] Dans une époque où chaque parole demeure incomprise parcs qu’elle ne résulte plus de la conscience d’une unité entre les peuples, mais sert seulement à constater leur différence, dans ce temps la musique seule pouvait parler à l’humanité des choses communes à tous ces hommes, et, par ce langage, ranimer le sang Aryen et le Christianisme.
Les époques riches produisent des impuissances relatives qui restent intéressantes : Sainte-Beuve, furieux de n’être pas poète, cocufie Hugo avec une papelardise amusante et insulte Vigny avec une malice moralement infâme et intellectuellement, jolie. […] Il serait hasardeux, certes, de pousser loin la comparaison et, pour rendre les époques symétriques, on déformerait le détail ; mais plusieurs appellent l’espérance une vertu et ceux-là trouveront le recommencement assez manifeste pour attendre un xviie siècle historique.
Devoir le seul à des époques où l’animalité sensitive et sentimentale s’émerveilla d’exprimer son âme mélodique, où sur les sommets païens les divinités s’entendaient des passions et des émotions humaines les plastiques et lumineuses Apparences, — tandis que la noire et violâtre volupté de la douleur s’était étendue sous l’envergure morte de l’Homme-dieu en la vallée des larmes, — quand l’Amour qu’il apportait, lui-même entraînait le poids de la douleur et du renoncement. […] Instruments percutants les Basses, Alto-viole et Violons Ainsi, si le caractère originel de la parole avait pu n’être pas dénaturé, par, dès primitivement, le naturel instinct de contracter, en moindre attention et pour plus de rapidité de la vie de relation, — et, aux époques de l’Écriture, par l’emploi de plus en plus étendu en signes de mémoire visuelle, des idéogrammes de plus en plus dédaigneux de leurs phonétismes correspondants et que venaient ensuite asservir de mutilations ou d’augments d’empiriques règles de grammaire qui ne se doutent plus, maintenant, du sens primordial des langues : ainsi, le langage eût pu demeurer en organisme intégral, sous la double valeur phonétique et idéographique.
III Dire que Voltaire fut la France de son époque, c’est dire assez qu’il fut complétement original, non en vers, mais en prose. […] Avant l’époque des représentations nationales, elle s’était constituée par sa nature et à son insu le corps représentatif de la pensée.
Tant que le chemin dura, je ne parlai d’autre chose que des commodités de la guerre : en effet, si elle produit des voleurs, elle les occupe à cette époque-là [c’était ainsi], ce qui est un grand bien pour tout le monde, et particulièrement pour moi, qui crains naturellement de les rencontrer. […] Je sais quelqu’un qui s’est longtemps proposé de faire ce voyage, et d’une façon très intéressante, en prenant le Voyage de La Fontaine en Limousin comme un guide Joanne ; de faire tout le trajet dont il a parlé, par les mêmes chemins, c’est-à-dire non pas par le chemin de fer, mais par la route qui est à peu près la même qu’à cette époque, de s’arrêter partout où La Fontaine s’est arrêté, et de comparer les sensations d’un homme de notre temps avec celles du poète.
Zola : le déshonneur d’un prêtre catholique, qui jette sa soutane aux rosiers et fait l’amour comme les satyres le faisaient autrefois avec les nymphes, dans les mythologies… Cette malhonnêteté cinglée à la face de la sainte Église catholique paraît très piquante à tous les libres-penseurs de cette époque d’impiété et de décadence ; mais il n’y a pas que cela qui fasse la fortune du livre de M. […] Zola, qui est un écrivain, non pas sans esprit, mais sans spiritualité, comme l’époque à laquelle appartient sa jeunesse, ne fait point de littérature spirituelle et morale, et Racine, qui était de cette ancienne littérature, ne comprendrait rien probablement, s’il le lisait, à L’Assommoir.
Née au seuil de l’Italie, à Trieste, dans l’exil, à l’époque de la plus grande proscription de sa race, la princesse fut emmenée dès l’âge de trois ans à Rome, où allaient se fixer pour plusieurs années ses augustes parents le roi Jérôme et la reine Catherine.
. — Il ne se peut de vie militaire plus belle, plus pleine, plus simple, plus une, plus exactement enchâssée dans l’époque héroïque où son profil toujours se détachera.
Notre époque compte bien des formes de la critique littéraire, et M.
Molé en avait écrit en ce sens, lui répondit à tête reposée, et sa lettre, qui ne visait qu’à excuser leur ami commun et à chercher à sa conduite des raisons atténuantes, est devenue sous cette plume ingénieuse et subtile le portrait le plus merveilleux, le plus achevé, du moral de Chateaubriand à toutes les époques.
Victor Le Clerc qui, à époque, était encore dans sa première période, étroite et négative, et qui n’avait pas fait alliance comme depuis avec les Littré, les Michelet, les Renan.
Si vous l’ignorez, lecteur, le voici : « On avait cru jusqu’à ce jour en France, et depuis Gassendi jusqu’à MM. de Fontanes et Villemain, que Lucrèce, esprit rêveur et mélancolique, jeté dans le monde à une époque d’anarchie et de discordes civiles, troublé de doutes et de terreurs philosophiques à la manière de Pascal et de Boulanger, voyant l’État s’abîmer dans les crimes, et ne sachant où la destinée humaine poussait l’homme ; on avait cru que pour échapper au vertige et ne pas glisser misérablement de ces hauteurs où l’avait emporté sa pensée, il s’était jeté en désespoir sur la solution d’Épicure, s’y attachant avec une sorte de frénésie triomphante, et que de là, dans quelques intervalles de fixité et de repos, il avait voulu enseigner à ses contemporains la loi du monde, la raison de la vie, et leur montrer du doigt le sentier de la sagesse.
Nous regretterions que les Paroles d’un Croyant n’y fussent pas acceptées ou tolérées, comme une de ces paroles libres de prêtre, qui ont toujours eu le droit de s’élever en sens contradictoire dans les crises sociales et politiques aux diverses époques.
Ce livre, avec les oppositions qu’il enferme, est un miroir sincère : c’est l’hymne d’une âme en plénitude qui a su se faire une sorte de bonheur à une époque déchirée et douloureuse, et qui le chante.
Quant au roman, encore une fois, où il n’offrira que l’analogue de cette espèce de drame, et sera de même héroïque, trempé de misanthropie, candide ou amer, tranché sans nuances, avec les inconvénients particuliers d’un développement plus continu ; ou bien il faudra l’ajourner jusqu’à une époque plus rassise, après la pratique des hommes et l’épreuve des choses.
Dans ses Fables de cette époque, que M.
En fait d’architecture, il a été l’un des premiers chez nous qui ait promulgué des idées générales et produit une théorie historique complète de génération pour les époques du moyen âge : sur ces points-là, bien des notions, aujourd’hui vulgaires, viennent de lui.
., cinq cents seulement… de ceux qui cueillaient sous Condé des lauriers stériles ou vivaient de la pitié des nations étrangères, réunis alors (après le 10 août et avant le 21 janvier) dans Paris, auraient été probablement soutenus par les habitants de cette ville, et, en attaquant franchement les fédérés, auraient peut-être, par un coup de main hardi, réussi à leur arracher leur victime. » Et ailleurs, « La facilité avec laquelle les jacobins furent dispersés par les sections (au 1er prairial) fit voir combien, à d’autres époques, avec de l’accord et de la résolution, il eût été aisé de triompher du crime.
On sent que toute une nouvelle morale découle de là ; c’est qu’en effet nous sommes arrivés à une époque où un grand progrès est tout près de s’accomplir, où l’humanité en masse va s’élever d’une conception passée à une conception supérieure et où, par conséquent, la ligne de démarcation entre le bien et le mal doit être portée en avant.
Carrel ; ce fut pour lui, pour le développement de son talent et de sa destinée, une époque vraiment décisive.
Je ne nierai certainement pas que la situation de la France, depuis quelques années, ne soit bien plus contraire au développement des talents et de l’esprit que la plupart des époques de l’histoire.
Dans la première époque de la Renaissance française, les divers courants ne se distinguent pas : tout se confond.
Tel sonnet renferme toute la beauté d’un mythe, tout l’esprit d’une époque, tout le pittoresque d’une civilisation.
Là encore vous trouverez sans doute beaucoup de fatras et un vide lamentable ; mais parfois, noyé dans cette insignifiance, un détail vous frappera, un détail caractéristique d’une époque et dont l’écrivain n’avait peut-être pas soupçonné la valeur future.
Mais à côté de ces influences sociales, il faut faire une place au principe d’individuation par excellence : à la physiologie de l’individu, qui fait que chacun ressent à sa façon les sentiments de son pays, de son milieu, de son époque et les teinte de sa propre nuance sentimentale.
Nous n’entrons pas ici, comme on pourrait le croire, dans la métaphysique ; du moins n’y sera-t-il question ni de la matière ni de l’esprit, considérées comme substances » La « théorie psychologique de l’esprit et de la matière », qui est le résumé et le résultat de ce qui précède, s’oppose à la théorie intuitive (introspective) de Reid, de Stewart et de la plupart des philosophes, en ce que celle-ci considère le sujet et l’objet comme deux termes fondamentaux, irréductibles, à nous révélés par la conscience dès le commencement de la vie, tandis, que l’école expérimentale pense que les notions de matière et d’esprit sont complexes et formées à une époque ultérieure ; qu’en conséquence, en y appliquant l’analyse, on peut en découvrir et en retracer la genèse.
Il mit en sonnets les lieux communs philosophiques de Malherbe, et son époque le proclama poète.
Le chevalier de la Triste Figure est un héros naturel et sa folie, d’origine littéraire — romantique, si vous voulez — lui cache le prosaïsme de son époque, fait de lui un admirable et poétique anachronisme.
On y est conduit sans interruption depuis les premiers pas un peu timides de La Motte et de Fontenelle, à travers les conquêtes et les hardiesses triomphantes de leurs successeurs, jusqu’à l’entrée en scène de Mme de Staël et de M. de Chateaubriand, qui viennent clore pour nous cette grande époque où régna Voltaire.
Il se dit d’un autre côté que, s’il était nécessaire qu’on vît la servitude se traîner sous les pieds des burgraves, il était nécessaire aussi qu’on vît la souveraineté éclater au-dessus d’eux ; il se dit qu’il fallait qu’au milieu de ces princes bandits un empereur apparût ; que dans une œuvre de ce genre, si le poète avait le droit, pour peindre l’époque, d’emprunter à l’histoire ce qu’elle enseigne, il avait également le droit d’employer, pour faire mouvoir ses personnages, ce que la légende autorise ; qu’il serait beau peut-être de réveiller pour un moment et de faire sortir des profondeurs mystérieuses où il est enseveli le glorieux messie militaire que l’Allemagne attend encore, le dormeur impérial de Kaiserslautern, et de jeter, terrible et foudroyant, au milieu des géants du Rhin, le Jupiter du douzième siècle, Frédéric Barberousse.
Consultons l’une des plus grandes autorités de notre époque dans ce genre de recherches, Esquirol ; il nous apprendra : 1° qu’il faut bien distinguer la folie de toutes les affections nerveuses qui la compliquent et qui la masquent (paralysie, convulsions, épilepsie) ; — 2° que les lésions organiques de l’encéphale et de ses enveloppes ne sont en général observées que dans les cas de complication ; — 3° que toutes les lésions observées chez les aliénés se retrouvent souvent dans les cadavres d’individus qui n’avaient point perdu l’usage de la raison ; — 4° que dans un grand nombre de cas, le cerveau des aliénés ne présente aucune altération appréciable, quoique la folie ait duré un grand nombre d’années.
L’époque en est terrible, celle d’une peste universelle ; l’intérêt aussi grand qu’il peut être dans un Apologue, celui de sauver presque tous les êtres ; hôtes de l’univers sous le nom d’animaux, comme a dit La Fontaine dans un autre endroit.
Mme de Blocqueville raffine tellement, que bientôt elle ne s’entend plus… « Le caprice et la fantaisie, — dit-elle encore, — fleurissent aux époques de décadence, d’une manière si furibonde qu’ils étouffent l’art sincère… » Mais à part cette floraison furibonde qui est une manière de fleurir de la Villa des Jasmins, qu’y a-t-il donc de plus sincère que le caprice et la fantaisie, qui tuent l’art sincère ?
C’est le mot favori d’une époque qui n’est pas plus sûre de son dictionnaire que de ses institutions, et qui procède par engoûment avec l’un comme avec les autres.
L’auteur des Études sur le Combat dit plus simplement : « Vaincre, c’est être sûr de vaincre. » C’est enfin l’âme qui gagne les batailles et qui les gagnera toujours, comme elle les a gagnées à toutes les époques du monde… La spiritualité, la moralité de la guerre, n’ont pas bougé depuis ces temps-là.
À l’époque où nous voici parvenus, on peut dire, en principe, qu’il n’y a plus à écrire que la guerre des intelligences et des idées.
Opprimé par le poids de ces deux royaumes, René d’Anjou, un des puissants féodaux d’une époque où la France, dont son État faisait féodalement partie, était déchirée par les Anglais, René d’Anjou était le fils d’Yolande d’Aragon, une grande femme d’un temps où les femmes furent plus grandes que les hommes, et qui, presque Blanche de Castille par le caractère et par la sagesse, l’avait élevé presque comme saint Louis.
Il y a, dans son livre, beaucoup de vrai historique, à côté de ce vrai humain dont il est si friand… Il sait évidemment — et très à fond — l’époque d’Auguste et les affreuses mœurs romaines, qui ne le troublent pas beaucoup, d’ailleurs, et contre lesquelles il ne fait jamais la moindre déclamation, le moindre petit signe de moralité indignée : les dandys n’étant, par état, ni des prudes ni des bégueules.
Il l’était comme Jouffroy, — il l’était comme Cousin, — il l’était comme tous les plus grands esprits de l’époque de leur belle jeunesse, qui le furent tous.
Frivole et libertin, le xviiie siècle peut avoir, malgré son libertinage et sa frivolité, quelques amours violents et vrais, — comme ceux de Mademoiselle de Lespinasse, par exemple, — mais l’effrayante et inexplicable fidélité qui apparaît comme la fatalité du cœur, n’était pas possible avec les âmes de cette époque corrompue.
Ce livre a été publié en deux parties et à deux époques, mais la première est la plus curieuse, car le satirique, dans cette première partie, l’est sans esprit de retour : il brûle son vaisseau ; et, dans la seconde, il fait l’effet d’arranger les planches d’une barquette pour s’en revenir.
Mais à une époque où le Rationalisme souffre tant des blessures qu’il se fait à lui-même et où l’enseignement de l’Église commence de reprendre dans les esprits éminents l’empire qu’il avait perdu au dix-huitième siècle, ils se sont dit probablement qu’il ne fallait mépriser le secours de personne.
le journaliste de L’Ère nouvelle que l’on croyait enfin détourné du monde auquel, disait-on, il ne voulait plus même parler de cette voix dont le souvenir devenait plus grand dans le silence, est ressorti de son cloître, une fois de plus, pour devenir un candidat d’Académie, et vient de payer sa bienvenue dans la compagnie où il est entré entre deux philosophes, avec ce livre de Sainte Marie-Madeleine, sacrifice aux idées les plus malsaines d’une époque qui aime tant ses maladies !
la division saint-simonienne du genre humain en époques organique et critique ?
Il l’écrit, lui, d’une plume irréfragable, et sur la question des Jésuites, le scandale de l’époque comme elle l’est redevenue aujourd’hui, c’est avec une autorité si lumineuse que cette vile histoire ne peut plus servir même à être ce qu’elle fut longtemps, — une calomnie… Et pourtant, ne vous y méprenez pas !
Au xviiie , ils apparurent avec Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre, et depuis cette époque, il faut bien le dire, leur nombre n’a pas diminué.
… Épopée emphatique, auprès de laquelle La Pétréide de Thomas, redoutée de Gilbert, ne serait que la plus légère des étrennes mignonnes, conte de fées pataud et niais, satire sociale où le thyrse de Rabelais, avec lequel ce Bacchant du rire enivré savait frapper son temps, est remplacé par l’arme bourgeoise d’un Prudhomme socialiste en mauvaise humeur, qui donne des coups de parapluie à son époque ; enfin, pour achever le tout, l’amphigouri panthéistique dans sa splendeur, voilà l’œuvre de M.
I Dans ce temps de boutique qui envahit et avilit tout, la librairie Lemerre, comme je viens de le dire au chapitre précédent, se distingue et rappelle l’époque où il y avait de vrais libraires en France et non pas des marchands de papier mal imprimé et mal cousu.
On peut enlever de grandes taches de bourgeoisisme sur leur originalité et sur leur vertu, comme chez tous les paysans de cette époque, du reste, où les mœurs, de même que les classes, ont le sang mêlé et tendent chaque jour à se mêler davantage.
Mérimée ressemblait à la plupart des esprits de son temps (j’excepte Balzac) par le manque d’originalité intrépide, il ne ressemblait nullement aux autres esprits de cette époque ardente, dont l’exubérance était la qualité, et l’exagération, le défaut.
Pourtant il a, même à cette époque, fait de grandes lithographies très-importantes, entre autres des courses de taureaux pleines de foule et de fourmillement, planches admirables, vastes tableaux en miniature, — preuves nouvelles à l’appui de cette loi singulière qui préside à la destinée des grands artistes, et qui veut que, la vie se gouvernant à l’inverse de l’intelligence, ils gagnent d’un côté ce qu’ils perdent de l’autre, et qu’ils aillent ainsi, suivant une jeunesse progressive, se renforçant, se ragaillardissant, et croissant en audace jusqu’au bord de la tombe.
Quels étaient ses camarades à telle et telle époque ? […] Et puis, j’étais troublé, à cette époque, par des préoccupations d’examen. […] Jamais, je crois, à aucune époque, écrivain n’eut une telle puissance sur les esprits et sur les cœurs. […] Aces époques-là, il n’y a presque point d’œuvres médiocres, justement parce qu’il n’y a point de littérateurs de profession. […] Même, vers l’époque de la première communion de la petite Christine, il était devenu très froid avec Jeanne.
(8) L’on n’entendroit plus une lyre faible & dégradée, répéter un jargon conventionnel, s’applaudir dans ses plates imitations : ces personnages communs & rebattus feroient place à d’autres distingués par une physionomie nouvelle : ils nous inspireroient les idées dont nous avons besoin ; car l’Art du grand Poète seroit de bien sentir l’époque où il écrit, & de deviner ce qu’il faut au jour où sa Pièce est représentée. […] Ce sont plusieurs époques de la vie humaine bien liées ensemble que je voudrois appercevoir ; & il ne ma raconte sechement que l’histoire d’un jour : aussi le Poète se perd-il en paroles ; &, pour avoir voulu éviter un danger, il est tombé dans plusieurs autres, qui dissipent entièrement l’illusion, en me montrant la main laborieuse du Machiniste. […] Pourquoi suis-je né sitôt, & que l’époque de ma vie n’a-t-elle été plutôt marquée dans quelques siècles d’ici ! […] Je ne mets dans la liste des Ecrivains que j’ai eus en vue, que ceux qui donnent au Public des Ouvrages d’imagination ou de Philosophie, & qui remplissent son attente par des productions successives qui arrivent tous les ans, ou à certaines époques encore plus éloignées, mais à-peu-près égales relativement à l’importance & à l’étendue de l’objet. […] Il faut une très-grande présomption pour oser fixer ainsi le mérite ou le démérite d’un ouvrage ; on s’expose à recevoir plus d’un démenti : mais tous ces petits Juges, alertes & précipités, ne se doutent seulement pas combien ils auroient à rougir dans centans, si toutefois leurs noms pouvoient voguer jusqu’à cette époque.
. — Je vends tous les ans la propriété d’un petit volume… Ça me sert à donner quelques petites choses aux femmes… à l’époque des étrennes. […] À la fin il s’informe des peintres de mœurs des époques antérieures. […] — De quelle époque ? […] « Mon Dieu, dit-il, avec un geste onctueux, on ne sait pas trop s’il était noble, on ne lui a jamais vu de famille… c’était un noble de 1814 ; à cette époque on n’y regardait pas de si près.
On sait combien de belles traductions ont exercé souvent d’influence aux origines et aux époques de fermentation première des littératures. […] Rien de cela n’était possible dans la Couronne de Méléagre tressée et close avant la grande époque poétique romaine, au temps de l’enfance de Cicéron.
Ils ne furent sérieux à aucun moment, puisqu’à cette époque il était déjà brouillé avec Mme de Longueville : Pour ce cœur inconstant qu’enfin je connois mieux, J’ai fait la guerre aux Rois : j’en ai perdu les yeux ! […] Celui-ci était mort dès 1662 ; mais la mise en ordre et la publication de ses Pensées furent retardées par suite des querelles jansénistes jusqu’à l’époque dite de la paix de l’Église (1669).
V Ainsi rassuré par sa propre voix, comme l’homme qui marche dans les ténèbres, David semble, dans l’ode suivante, s’abandonner en paix à des contemplations philosophiques, semblables à celles qui assaisonnent du sel sacré des maximes les livres de Salomon, son fils, ou des poètes persans d’une autre époque. […] Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de ce barde sacré ; et, si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang et les victoires des mules et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du berger-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et qui semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues.
Le peuple ne se fie pas, et il a raison, à un pouvoir irresponsable, perpétuel et héréditaire, pour faire ce que commandent des époques de création. […] À une époque de mouvement, un gouvernement de mouvement, voilà la loi !
« Les cœurs comprimés par de longues et précoces infortunes ne déposent jamais complètement les soucis qui ont pesé sur leur jeunesse ; c’est le propre des malheureux de ne jamais croire aux choses heureuses, même quand la fortune souriante revient à eux. » On voit dans une lettre du jeune Torquato écrite de Rome, à cette époque, à la belle et puissante protectrice de tous les génies et de toutes les adversités, la célèbre Vittoria Colonna, combien ce jeune homme sentait prématurément les malheurs de son père et de sa sœur. […] Il apprit avec horreur, à cette époque, que sa sœur Cornélia, mariée à un jeune gentilhomme de Sorrente nommé Sersale, avait été enlevée par les Turcs dans une des fréquentes descentes qu’ils faisaient sur les côtes d’Italie.
Le xive et le xve siècle forment entre le moyen âge et la Renaissance une longue époque de transition, pendant laquelle tout l’édifice intellectuel et social du moyen âge tombe lentement, tristement en ruines, mais pendant laquelle aussi pointent de ci, de là, les germes épars encore et chétifs de ce renouvellement universel qui sera la Renaissance. […] L’œuvre d’Oresme est un témoin curieux de la crise que traverse la langue à cette époque.
Il conçut l’idée hardie et féconde d’un catholicisme démocratique681 ; il voyait dans les idées libérales et égalitaires un fruit lointain de l’Évangile, et si l’Eglise semblait actuellement tourner le dos à la société moderne, il croyait pouvoir l’en rapprocher par une originale conception de l’évolution du dogme682, toujours immuable en son essence et en ses formules, mais susceptible de divers sens et d’applications diverses, selon les époques et les esprits. […] Louis-Philippe lui donna, en 1830, 100 000 francs pour payer ses dettes. — Ses grands ouvrages sur la religion ont été sans influence : Constant y considère surtout le sentiment religieux comme fait psychologique et social ; l’époque n’était guère favorable à une telle étude.Éditions : Adolphe, 1816, in-12.
Une certaine image des arts et de la civilisation, à l’époque et dans le pays où se passe l’action, ajoute à l’effet dramatique le profit d’une notion d’histoire. […] Dans la préface de l’Écossaise, il remercie M. de Lauraguais de la suppression des banquettes, « indécence, dit-il, qui subsistait encore à l’époque où fut jouée Sémiramis. » 46.
La religion était reçue à cette époque comme une lettre close et cache-tée, qu’il ne fallait pas ouvrir, mais qu’on devait recevoir et transmettre, et pourtant, la vie humaine s’élargissant toujours, il était nécessaire que les besoins nouveaux forçassent tous les scrupules et que, ne pouvant se faire une place dans la religion, ils se constituassent vis-à-vis d’elle. […] De là l’immense disproportion qui peut, à certaines époques, exister entre la religion et l’état moral, social et politique.
De la même époque est la conception primitive de Parsifal : comme contraste en face de Tristan, dans l’esprit du poète naquit l’image de Parsifal, le Compatissant, le Renonceur et le Sacrifié ; mais bientôt cette figure se détacha tout à fait de celle de Tristan ; l’esquisse de Tristan fut achevée en ces années 1854 et 1855, et celle de Parsifal ne fut ébauchée qu’au printemps de 1857, éveillée au jour du Vendredi-Saint. […] Le programme, fort bien composé, permettait de se faire une idée des diverses époques du Maître.
XX Quoi qu’il en soit, à l’insu de sa mère et d’elle-même, quelques admiratrices de sa beauté, parmi des femmes de cour et quelques courtisans affairés d’importance, conçurent, dit-on, à cette époque l’idée intéressée de lui faire épouser clandestinement le comte d’Artois, qui fut depuis Charles X. […] La mère et la fille logeaient à cette époque dans un petit entresol humide et bas de la rue Gaillon, carrefour de rues qui vont des Tuileries au boulevard, pleines de bruit, de mouvement et de boue.
Le goût de notre époque, qui s’est reporté sur les vieux papiers et qui a mis l’inédit en honneur, favorisait cette idée, qui, toute de curiosité pour nous, est une idée de piété chez ceux qui l’ont conçue.
En effet, à chaque époque littéraire, il y a, dans l’atmosphère spirituelle pour ainsi dire, des éléments subtils et comme dissous que chaque génération naissante respire avec l’air même, qu’elle s’incorpore, et que chacun ensuite exhale plus ou moins à la première production juvénile.
Nous n’avons donc vu (si j’excepte quatre ou cinq survivants) que le philosophe Cousin de la seconde époque, le Cousin plus orateur que philosophe, et finalement écrivain accompli.
Dans le petit nombre des maîtres universellement salués et reconnus qui tiennent, à leur époque, le sceptre de l’esprit et qui pourraient être dans tous les sens les arbitres des grâces, il s’en est rencontré un (chose rare !)
Aussi on s’aperçoit, dans tout le cours de cette correspondance, à quel point Rancé fit scandale de sainteté à son époque.
Capitaine incomparable plutôt que bon général, il est le type de ces officiers solides, sur qui les chefs comptent pour les entreprises impossibles : malade, presque mourant, on le charge de défendre Sienne ; ce fut l’époque héroïque de sa vie, et sa plus pure gloire.
Voilà par où il se distingue des « fabricants d’antiques » de l’époque révolutionnaire et impériale.
À consulter sur la plupart des écrivains de l’époque contemporaine : J.
Notre métier consiste à séparer partout les éléments subjectifs de la connaissance objective, l’impression esthétique des passions et des croyances partiales, à éliminer tout ce qui ne peut être productif que d’erreur ou d’arbitraire, à retenir, filtrer, évaluer tout ce qui peut concourir à former une représentation exacte du génie d’un écrivain ou de l’âme d’une époque.
À une époque ultérieure, le phénomène α se reproduit dans des circonstances à peu près identiques et simultanément le phénomène β se reproduit aussi en un point très éloigné du monde et à peu près dans les mêmes circonstances.
Ce sont là, à notre avis, autant de lacunes qui peuvent s’expliquer en partie par l’époque où parut l’ouvrage.
Notre époque est une grande date.
Aussi voit-on que l’homme s’est préoccupé à toutes les époques et dans toutes les contrées, de promulguer une morale propre à réglementer les relations des sexes.
Ces problèmes obsédaient dans le désert Jérôme, cet homme de l’antre, cet Isaïe du Nouveau Testament ; il interrompait les préoccupations de l’éternité et l’attention au clairon de l’archange pour méditer sur telle âme de païen qui l’intéressait ; il supputait l’âge de Perse, rattachant cette recherche à quelque chance obscure de salut possible pour ce poëte aimé du cénobite à cause de sa sévérité ; et rien n’est surprenant comme de voir ce penseur farouche, demi-nu sur sa paille, ainsi que Job, disputer sur cette question, frivole en apparence, de la naissance d’un homme, avec Rufin et Théophile d’Alexandrie, Rufin lui faisant remarquer qu’il se trompe dans ses calculs et que, Perse étant né en décembre sous le consulat de Fabius Persicus et de Vitellius et étant mort en novembre sous le consulat de Publius Marius et d’Asinius Gallus, ces époques ne correspondent pas rigoureusement avec l’an II de la deux cent troisième olympiade et l’an il de la deux cent dixième, dates fixées par Jérôme.
Son hégémonie a resplendi sur les âges jusqu’aux époques récentes, où les progrès de la science et de la civilisation l’ayant submergée, elle est devenue, sous son aspect le plus décent, un petit talent de société, un agrément de five o’clock, un passe-temps de demoiselles, et sous son aspect grotesque, un exploit pompeux de minus habens.
C’est pour cette raison que l’on a voulu parfois ajourner la sociologie jusqu’à l’époque indéfiniment éloignée où l’histoire, dans l’étude qu’elle fait des sociétés particulières, sera parvenue à des résultats assez objectifs et définis pour pouvoir être utilement comparés.
Son génie consiste à avoir compris l’importance du fait… C’est en ce sens qu’il a été vraiment chef d’école… initiateur d’une analyse qui a renouvelé le roman français… Il a influencé tous les grands écrivains de son époque, Taine, Mérimée, Balzac, Flaubert, Bourget, Chuquet, Erekmann-Chatrian… Il a créé Tolstoï… Taine a appelé Stendhal le plus grand psychologue du siècle.
Il en est résulté néanmoins un grand trouble dans les esprits ; c’est celui que nous avons cru devoir peindre comme tous les autres symptômes de l’époque actuelle.
Il est, dans l’histoire de l’humanité, des époques de véritable hermaphrodisme social, où l’homme s’effémine et la femme s’hommasse, et quand ces fusions contre nature se produisent, c’est toujours, pour que l’ordre soit troublé davantage, la femelle qui absorbe le mâle jusqu’à ce qu’il n’y ait plus là ni mâle ni femelle, mais on ne sait plus quelle substance neutre, pâtée à vainqueur pour le premier peuple qui voudra se l’assimiler !
Lamartine a posé sur les siennes son époque tout entière, pour lui faire passer le fleuve de poésie fausse dans laquelle elle pataugeait et se noyait, et, d’une seule haleine, il l’a portée dans l’enivrante et haute atmosphère de la Poésie vraie, — de la Poésie éternelle, qu’en France, lorsqu’il vint, on ne connaissait plus !
Or, en la posant, cette question, on sort du vague des mots et des idées, on entre dans le vif des faits, on met la main sur la clef de l’Économique de l’époque, on ressuscite le peuple et tout va facilement s’expliquer… La Ligue, ce n’est plus un parti, c’est le peuple, c’est la défense jusqu’à la mort de son patrimoine menacé, de l’héritage de ses enfants, de ce patrimoine sans lequel il se sent spolié dans ses pratiques, ses salaires, ses achats, ses plaisirs, et déshonoré comme vassal industriel des falsificateurs qui, au nom d’un principe nouveau, viennent rompre les cadres de ses robustes catégories.
Et je dis contemporains, car, dans une époque confisquée par l’esprit moderne, il n’a pensé à prendre son histoire que dans les écrivains des six premiers siècles.
En cela, il a été de son époque.
Pour les uns, en effet, ces lettres, exhumées d’une correspondance de famille, étaient une occasion excellente de reclasser à nouveau, sans le changer de place, un livre (Werther qui fut l’engouement de toute une époque, et dont, selon nous, le succès fut plus le fils des circonstances que du génie).
Eux seuls peut-être, ces grands ouvriers de Dieu, pouvaient, de leurs bras tout-puissants et dans lesquels il coulait une vertu divine, endiguer l’immense fleuve révolté ; car eux seuls résumaient tout le génie politique de l’époque de leur abolition.
Il fallut le dévergondage de l’imagination romantique pour voir dans ce livre — que je ne crains point d’appeler une pauvreté littéraire — des beautés qui n’y étaient pas… Assurément moins corrompus qu’au temps peint par l’abbé Prévost dans son livre et le redoutable Laclos dans le sien, par la raison que nous avions traversé le sang de deux époques sanglantes et que le sang, n’importe comme il soit versé, purifie toujours, nous n’en avions pas moins, péché originel ineffaçable !
Les époques grandioses et florissantes furent celles où de pareils reptiles ne rampaient pas sur les marches du pouvoir !
Longtemps avant cette époque, les Romains eurent la coutume de louer leurs grands hommes ; ils adoraient leurs dieux sous des toits de chaume ; ils célébraient les héros dans une langue de laboureurs et de soldats.
À la même époque, les Romains, à la fois instruments et victimes du pouvoir absolu, connaissaient mieux la haine instinctive que ce pouvoir porte au génie des lettres.
Sachez aussi qu’Hérondas vécut probablement à la même époque que Théocrite (troisième siècle avant l’ère chrétienne), et, selon toute apparence, dans l’île de Cos. […] Cette ivresse de vie indomptable, cette superbe et ce panache, l’époque de Louis XIII, s’en souvient encore (et quand je dis l’époque de Louis XIII, j’entends aussi par là celle de la minorité de Louis XIV). […] Or, à l’époque où il composa Phèdre, Racine commençait à se rapprocher de ses anciens maîtres de Port-Royal. […] Nous sommes en Angleterre, sous la dynastie d’Orange, à une époque où les Stuarts sont encore menaçants. […] Ibsen, est comme qui dirait la monographie dramatico-symbolique de l’écrivain et de l’artiste de génie, observé à l’époque de sa maturité.
Unité non pas seulement des formes supérieures par où l’art s’est manifesté dans ces contrées différentes, mais aussi des époques diverses qu’il a traversées dans chaque pays. […] Nous n’avons plus à choisir telle ou telle époque privilégiée ; pour nous, l’édifice de l’art est formé de la réunion de toutes les formes : il n’y a plus de ligne de démarcation entre le Moyen Âge et la Renaissance, tout aussi peu qu’entre la Grèce et Rome, entre la chanson populaire et la poésie d’art. […] Ils sont à leur manière une des incarnations de la pensée intime de l’époque. […] Mais dites-moi donc quel est le symbole qui se cache sous le mouvement des idées de notre époque à nous ? […] Il y a des esprits et aussi des époques de l’existence où le caractère instinctif de la volonté est prédominant ; à d’autres époques et chez d’autres esprits, le côté régulateur de la volonté ou la faculté d’inhibition prend le dessus.
Une pareille fortune, qui de nos jours serait en Angleterre assez médiocre, pouvait à cette époque lui permettre de vivre dans l’aisance et honorablement. […] C’est qu’en effet, outre le mérite réel du roman en lui-même, nous vivions alors à une époque de répit pour les haines et les controverses politiques. […] Quelles ressources présentait l’époque historique qu’elle a choisie ? […] C’est à cette époque que François Ier prit une nouvelle maîtresse, Anne de Pisseleu, qu’il nomma duchesse d’Étampes. […] Précisément à cette même époque on publiait, pour la seconde fois et sous une forme meilleure que la première, les chefs-d’œuvre des théâtres étrangers.
Après avoir dit un grand bien de cet âge héroïque, ainsi que généralement de toutes les époques barbares, il se répandit en invectives contre le temps présent. […] Car enfin toute époque est banale pour ceux qui y vivent ; en quelque temps qu’on naisse, on ne peut échapper à l’impression de vulgarité qui se dégage des choses au milieu desquelles on s’attarde. […] Mais fut-il jamais une époque où les hommes aient cru pleinement à la liberté humaine ? […] Il lui a fallu, pour se développer, une époque d’absolue liberté intellectuelle. […] Les belles époques de l’art ont été des époques d’harmonie et de tradition.
Zola fut de ne pouvoir sortir d’une époque qui s’enfonce de plus en plus dans les profondeurs du passé. […] Mais en aucune époque elles ne furent aussi libres et aussi favorisées que dans la nôtre. […] À cette époque, M. […] Il s’était présenté dans les bureaux de L’Époque et de L’Artiste ; M. […] Les époques agitées sont très favorables à l’esprit prophétique.
Sans être formellement impie (dès cette époque il paraît avoir été assez retenu dans ses discours touchant les choses de la religion), il était incroyant, et n’avait pas mis les pieds dans une église depuis sa première communion. […] Dès cette époque, il remarquait que les exemplaires les plus complets et les plus assurés de vertu, ceux qui nous inspirent le plus de confiance, nous sont offerts par des croyants au surnaturel, et qu’il n’y a rien de meilleur ni de plus respectable qu’un bon prêtre ou qu’une religieuse sainte. […] J’ai quelque idée que, si Veuillot vivait encore, il préférerait le moment où nous sommes, malgré ses misères inouïes, à l’époque de la monarchie de Juillet ou aux dix dernières années du second Empire.
La description qu’il donna, à cette époque, du Carnaval à Rome, sortit de cette méthode de travail bien plus que d’une impression sincère. […] Il n’avait pas eu beaucoup de peine à trouver cette beurrière de tartines dans les femmes qu’il voyait à cette époque, pas plus que celle-là qui emporte partout son tricot dans Wilhelm Meister et qu’on peut appeler le « Tricot perpétuel ». […] Ici on sort de l’impuissance de l’esprit pour entrer dans toute la folie de l’orgueil. « J’ai beau faire pour être modeste, — disait Voltaire, — il m’est impossible de croire que je suis un sot. » Gœthe écrit moins gaîment : « Pour faire époque dans le monde, il faut une bonne tête et un grand héritage.
Guizot, au lieu d’accepter pour l’histoire ce rôle modeste et sensé, s’attribue le droit d’exposer, à propos de Shakespeare, tout ce qu’il sait du règne d’Élisabeth ; et, comme il a compulsé tous les documents originaux qui nous révèlent cette époque mémorable, cinquante pages ne nous suffisent pas pour nous donner un échantillon de son savoir. […] Il est vrai qu’on retrouve, dans l’œuvre de Niebuhr, toutes les idées de Vico sur l’époque mythique, sur l’époque héroïque, sur l’époque humaine de toutes les nations ; mais l’application spéciale de ces idées au peuple romain n’appartient pas en propre à M. […] L’historien s’acharne contre l’histoire, sape sans relâche toutes les traditions de l’époque mythique, savoure avec délices le malin plaisir de nous arracher une à une toutes les illusions de nos premières études, nous promène, nous égare dans ce monde de néant et de ténèbres, se rit de notre impatience et triomphe de notre désenchantement. […] ce procédé emprunté à la Science nouvelle, à qui nous devons la ruine, la dispersion de toutes les légendes royales de Plutarque et de Tite-Live, et la nuit brumeuse où se confondent et s’effacent bien des figures de l’époque républicaine, M. […] Or, Louis XI est le premier roi français qui appartienne à l’époque moderne, quoiqu’il plaise à M.
Le révérend père Escobar, jésuite, était encore, à cette époque, bien éloigné de voir la lumière ; et, dans les siècles héroïques, on n’avait pas l’idée de ces raffinements. […] C’est ainsi que le public, habitué aux romans extravagants dont la scène était infectée à cette époque, ne pouvait goûter l’élégante simplicité, les justes proportions et le vrai sublime d’un ouvrage tel que Britannicus. […] Racine avait droit de donner, sur la scène, à cette Junie, un caractère plus intéressant et plus aimable que celui qu’elle avait dans le monde ; mais je ne sais si on ne pourrait pas lui reprocher d’avoir mis dans sa pièce un personnage qui n’était pas à Rome à cette époque : Junie était alors exilée, et ne revint à Rome qu’après la mort d’Agrippine. […] C’est de cette époque que date la gloire d’Athalie, qui depuis n’a pas souffert la moindre éclipse. […] Voltaire lui-même, ce mécréant qui aurait pu être tenté de se montrer réfractaire, a fait, à cet égard, la profession de foi la plus authentique, et cela dans le temps de sa plus grande prospérité, à l’époque la plus brillante de sa vie, après l’étonnant succès de Mérope, bien capable de lui enfler le cœur et de lui pervertir l’esprit.
Mais, de ces deux lois, la première seule paraît être constante, uniforme et universelle dans son action ; si la perfection esthétique est, elle aussi, un principe directeur de l’esprit humain, les faits semblent prouver que son énergie est variable et son application capricieuse ; une partie seulement de l’humanité révèle par ses créations cette tendance à représenter les genres par des types individuels parfaits, et ce langage de l’art n’est pas compris par tous les hommes ; même aux époques et dans les pays où il éclate avec évidence, l’instinct esthétique n’est pas satisfait par des créations identiques ; il n’est pas de type idéal sur lequel tous les hommes puissent s’accorder. […] Sans doute, il fut arrêté par ce fait que la représentation des visa est entourée de grandes difficultés ; le geste, si souvent employé aux époques primitives, est un procédé d’imitation très imparfait ; puis il est fugitif, nouvelle inexactitude, car les visa sont, en général, permanents ; quant à la représentation par le dessin, qui est beaucoup plus exacte, elle demande toujours un travail assez long, même quand les doigts y sont assouplis par l’exercice. […] Ce qui a subsisté, ce qui subsistera toujours de l’idéographie primitive, c’est le dessin : à toutes les époques, un livre complet et qui dit bien ce qu’il veut dire est un livre orné de figures ; de même, une leçon de science est imparfaite sans des figures tracées sur un tableau ; d’une manière générale, on n’instruit bien que si l’on parle aux yeux en même temps qu’aux oreilles277. […] Et ce n’est pas sans raison que cette maxime est invoquée par Horace à propos du drame : aux époques primitives, quand les hommes se contentaient pour la vie pratique du langage audible, l’épopée, poème purement audible, était aussi la seule poésie ; dès qu’on l’a pu, l’écriture idéographique et les arts du dessin furent inventés, puis, bientôt après, le drame, sorte d’épopée visible et vivante qui est au poème épique ce qu’un dessin explicatif est à la parole ; comme il répond à un besoin réel et spécial de l’âme humaine, le drame remplit mal sa mission si, par des récits trop longs et trop fréquents, il retourne aux formes de l’épopée279 ; telle est spécialement l’idée qu’Horace voulait exprimer ; mais sa maxime avait une portée plus haute : le drame sans action, comme l’écriture en train de devenir phonétique, est un mode d’expression détourné de son but et qui perd sa raison d’être originelle.
Je veux dire qu’un instrument dont le rôle habituel était de nous la faire au petit évocateur, enfin, nous apparaît décapé de tout pittoresque d’époque. […] Cette tricherie lui valut renom de finesse et de modernisme, partant une gloire, qui, dans cent ans donnera fière idée de l’époque à qui feuillettera les collections de nos journaux et revues littéraires. […] Malgré le ton haute époque, cet alexandrin pyrogène n’en sent pas moins le cochon grillé. […] Et comme l’époque continuera de faire la laïque, à seule fin de cultiver en plus grande paix l’idéologie chrétienne, au messianisme de s’en donner à cœur joie. […] Dans ce style de haute époque, à citer un fils de la sainte mère l’Église, un dominicain, dont la sœur (elle-même, femme-curé de qui je reçus le propos, alors qu’elle me soignait d’une maladie infantile) rapportait, à la plus grande satisfaction de son orgueil familial et confessionnel, que, du sol, tête levée, pour cracher en l’air, de toutes ses forces, de tout son héroïsme, sans crainte que ça lui retombe dessus, il baptisait les idolâtres grimpeurs que le spectacle de sa personne n’avait point décidé à descendre de leurs cocotiers : Je vous baptise si toutefois vous avez une âme.
Jamais le commerce ni l’industrie ne connurent un aussi vif éclat, jamais l’art ne s’imposa plus splendidement qu’à l’époque de Philippe le Bon, où Bruges dardait avec orgueil la tour altière et fière de son beffroi. […] Autour de l’histoire amoureuse du jeune Kobus Barent et de la courtisane Siska s’agitent les types les plus suggestifs de l’époque. […] C’est qu’à cette époque, de 1885 à 1890, se produit un violent mouvement de réaction contre la rigidité impersonnelle de l’école parnassienne ; le symbolisme naît et se développe. […] Quelques impressions du poète éclaireront l’influence sur lui de l’atmosphère florentine : … La belle époque que celle de notre séjour, à Mockel et à moi, à Florence ! […] Avant 1889, la nouvelle littérature ne compta pas, pour ainsi dire, d’œuvres dramatiques ; à cette époque van Lerberghe et Maeterlinck l’enrichirent de petites pièces.
Le duc de Nivernais était, en effet, plus propre que personne à servir d’exemple ; à une époque où l’on se piquait avant tout d’être, non pas féroce, mais ce qu’on appelait un homme aimable et même un petit-maître, et en l’étant lui-même, il n’avait rien négligé de ce qui orne intérieurement l’esprit, il se préparait à devenir insensiblement raisonnable ; il savait toutes les langues vivantes, il lisait les auteurs étrangers et en tirait des imitations faciles ; il ne songeait qu’à embellir, à égayer honorablement une grande et magnifique existence, et, sans le savoir, il ménageait à son âme des consolations imprévues pour son extrême vieillesse, dans la plus violente crise sociale qui ait assailli les hommes civilisés. […] À cette époque, et dans le monde particulier où vivait Besenval, M. de Nivernais était dès longtemps remplacé : le Nivernais jeune et du moment, l’homme aimable et à la dernière mode, c’était M. de Vaudreuil.
Il a pu y avoir depuis, à de certaines époques et aux heures de réaction, des reprises de fanatisme ou d’hypocrisie. […] C’était l’époque qui peut à bon droit s’appeler celle du minimum de tolérance, et cela non point parce que le preux chevalier trouve tout simple de tomber à bras raccourci sur le juif et le mécréant, — de tout temps il se rencontre des chevaliers qui seraient disposés à en faire autant (Réclamations, murmures), — mais parce que le plus juste des rois l’approuve et ne le désavoue pas.
Il a contre lui l’humanité nouvelle, qui, dans les salons les plus élégants, l’accuse de maintenir les restes surannés d’une époque barbare, impôts mal assis, mal répartis et mal perçus, lois sanguinaires, procédures aveugles, supplices atroces, persécution des protestants, lettres de cachet, prisons d’État […] En 1771, dit le moqueur Besenval après l’exil du Parlement, « les assemblées de société ou de plaisir étaient devenues de petits États Généraux, où les femmes, transformées en législateurs, établissaient des prémisses et débitaient avec assurance des maximes de droit public. » La comtesse d’Egmont, correspondante du roi de Suède, lui envoie un mémoire sur les lois fondamentales de la France, en faveur du Parlement, dernier défenseur des libertés nationales, contre les attentats du chancelier Maupeou. « M. le chancelier, dit-elle529, a, depuis six mois, fait apprendre l’histoire de France à des gens qui seraient morts sans l’avoir sue. » — « Je n’en doute pas, sire, ajoute-t-elle ; vous n’abuserez pas de ce pouvoir qu’un peuple enivré vous a confié sans limites… Puisse votre règne devenir l’époque du rétablissement du gouvernement libre et indépendant, mais n’être jamais la source d’une autorité absolue. » Nombre d’autres femmes du premier rang, Mmes de la Marck, de Boufflers, de Brienne, de Mesmes, de Luxembourg, de Croy, pensent et écrivent de même
Goethe, très jeune encore à l’époque où son nom avait éclaté tout à coup par Werther en Europe, avait eu la bonne fortune de rencontrer sur les bords du Rhin le jeune prince héréditaire de Weimar, le duc Charles-Auguste. […] La beauté morale du jeune favori transperçait à cette époque à travers la beauté matérielle de ses traits.
« — Ils veilleront à la nourriture des enfants, en conduisant les mères au bercail, à l’époque de l’éruption du lait, après avoir pris toutes les précautions pour qu’aucune d’elles ne reconnaisse son enfant ; et, si les mères ne suffisent point à les allaiter, ils se procureront d’autres femmes pour cet office ; et même, pour celles qui ont suffisamment de lait, ils auront soin qu’elles ne donnent pas le sein trop longtemps. » Suivent des détails que la pudeur écarte de l’âme. […] La monarchie, d’abord soldatesque, puis féodale, puis religieuse, puis nationale, puis populaire, devait naturellement s’y transformer et s’y adapter aux époques et aux instincts des nations.
IV Sa veuve, Marie de Lorraine, privée de la régence par la jalousie des grands du royaume, la reconquit par son habileté et laissa gouverner, sous elle, des cardinaux, ministres habituels des trônes à cette époque. […] Ces motifs parfaitement raisonnables n’attestent nullement dans Elisabeth, à cette époque, la perfidie et la haine que les historiens lui supposent dans cette négociation.
Sa mère, à l’époque de la naissance de ce fils, était liée d’amitié avec un seigneur napolitain de haute naissance qui avait été également lié avec la mère du duc de Richelieu, l’ami futur et inséparable de Voltaire. […] Cette époque fut la véritable crise de ses croyances religieuses, de ses opinions politiques et de son génie.
Tout n’était pas mauvais dans la franche gaieté rabelaisienne qui, à cette époque, n’était pas tenue pour incompatible avec l’état ecclésiastique. […] Un écrit, qui représente mes idées philosophiques de cette époque, mon essai sur l’Origine du Langage, publié pour la première fois la Liberté de penser (septembre et décembre 1848), marque bien la manière dont je concevais le tableau actuel de la nature vivante comme le résultat et le témoignage d’un développement historique très ancien.
Chaque époque, en effet, redit à sa manière le thème éternel de l’amour, et les lettres d’Héloïse et d’Abélard prouvent que ce docteur en robe et ce docteur en jupons entretenaient leur flamme en s’argumentant sur le réel et le nominal, etc. ; c’est ce qu’a excellemment rendu à M. de Rémusat dans son beau drame d’Abélard, où revit l’âme entière du XIIe siècle. Mais encore une fois, une composition littéraire est une chose, une œuvre musicale en est une autre, et qu’il s’agisse d’Héloïse et Abélard, de Roméo et Juliette ou de Tristan et Iseult, la musique est foncièrement impropre à traduire autre chose que le « lieu commun » d’amour, sans acception d’époque ou de personne.
Depuis cette époque, Lohengrin a été joué dans toutes les capitales d’Europe, et même en des villes de second et de troisième ordre — hors en France. […] Quand elle apparaît, comme une fleur plus resplendissante que les autres fleurs, revêtue d’un costume étrange qui n’appartient à aucune époque, elle représente la séduction profonde opposée à ce charme joyeux des jeunes filles, exercée contre le pur et l’ignorant.
Je ne partage pas cette opinion et je crois que le même morceau, écrit à quatre époques différentes, dans des dispositions d’esprit dissemblables, aura dans chacune de ses élaborations, s’il est écrit par un homme de talent, une excellence, une perfection autre, mais adéquate. […] C’était à l’époque de l’Exposition universelle, Renan se tenait dans la grande salle des manuscrits de la Bibliothèque, et à cause de l’affluence des visiteurs, on avait donné à Renan pour compagnon un gendarme.
De toutes les scènes historiques qui se font simples et familières avec art, et qu’ont tant recherchées les vrais romantiques de notre âge, il n’en est certes point qui équivaille à celle-ci, prise sur le fait comme elle est et saisie au vol, ni qui rende mieux témoignage de la physionomie militaire de l’époque et des hommes : c’est là du naïf et du piquant en nature.
Mais Villeroi eut à traverser des époques périlleuses, où il lui fallut faire preuve de bien autre chose que de tactique parlementaire et d’une grande exactitude et régularité administrative ; il lui fallut la connaissance directe des partis révolutionnaires et des hommes.
On ne se lasse pas de repasser devant cette grande figure, qui offre la plus juste proportion avec l’époque où elle parut et où l’on peut dire qu’elle régna.
Sur le Télémaque, il y a tant de gens qui, après l’avoir lu enfants, l’ont oublié ou qui le rejettent d’un air d’ennui s’ils essayent de le relire, qu’on est surpris d’abord de voir un homme si sage et que de loin on jugerait un peu froid (pour ceux qui le connaissent, il ne l’est pas du tout), nous raconter comment il a passé par trois impressions successives au sujet du livre relu, et nous faire l’histoire de ces trois époques, de ces trois âges du Télémaque en lui.
Il est très vrai, en effet, que dans ses productions de cette seconde époque, la gamme de l’écrivain, chez Lamennais, s’est étendue.
Il appartient proprement au xviie siècle et à la transition de cette époque à la suivante.
Le poète est amoureux ; il l’est comme on l’était alors, et même un peu mieux, comme on l’est dans les époques naturelles, c’est-à-dire avec tendresse et abandon, d’une manière précise, positive, non angélique, non alambiquée, et aussi sans y mêler un sentiments étranger qui simule la passion et qui va par-delà.
Ledieu fait des phrases sur Homère et Démosthène ; pour couper court à ces assertions vagues qui tendraient à faire du lévite et du prêtre par vocation un nourrisson des neuf Muses, on peut recourir à Bossuet lui-même dans une note qu’il a tracée de ses études jusqu’à l’âge de quarante-deux ans environ : à cette première époque, et avant d’entrer dans cette seconde carrière de précepteur du Dauphin qui le ramena heureusement par devoir aux lettres et aux lectures profanes, il était sobre dans ses choix de ce côté, sobre et même exclusif : Virgile, Cicéron, un peu Homère, un peu Démosthène, … mais les choses avant tout, c’est-à-dire les saintes Écritures anciennes et nouvelles, l’Ancien et le Nouveau Testament, médité, remédité sans cesse dans toutes ses parties ; ce fut du premier jour sa principale, sa perpétuelle lecture, celle sur laquelle il aspirera à vieillir et à mourir : Certe in his consenescere, his immori, summa votorum est , disait-il.
Cet état de société plus élémentaire et dès longtemps aboli dans notre Occident, reparaissant aux yeux de l’observateur à l’état actuel et pratique, lui commentait d’une manière vivante, lui expliquait le passé, comme en géologie on s’explique mieux les couches, partout ailleurs ensevelies, en les retrouvant à la surface et non encore recouvertes, telles qu’elles parurent autrefois dans leur règne et à leur véritable époque, en pleine lumière et sous le soleil.
Ce fut donc (nous revenons à notre petit récit) une époque vraiment critique pour la Revue des Deux Mondes que celle où l’élément judiciaire ou judicieux comme nça en effet à se dégager, à se poser avec indépendance à côté des essais d’art et de poésie qu’on insérait parallèlement.
Dès cette époque, le journal où il consignait les détails relatifs à ses affaires privées se remplit de pensées personnelles, qui permettraient de suivre l’enchaînement de ses impressions, de ses alarmes, de ses espérances, de ses consolations aussi.
Eh bien, donc, préoccupé dès les premiers temps de l’Empire et à l’époque de ses triomphes (c’est assez dans ma nature d’être préoccupé), me posant dès lors la question du lendemain et de la situation morale des esprits, de ceux surtout de mon ordre, de l’ordre littéraire, qu’ai-je vu ?
À plusieurs époques de notre révolution, les sophismes les plus révoltants remplissaient seuls de certains discours ; les phrases de parti, que répétaient à l’envi les orateurs, fatiguaient les oreilles et flétrissaient les cœurs.
Ce sens permanent et commun, quand il s’agira des textes fameux que toutes les générations des critiques et des lecteurs ont maniés, pourra faire l’effet d’être un peu gros et banal : il sera pourtant bon de ne pas dédaigner d’y revenir, et d’y rattacher toutes les variations nuancées dont les diverses époques et les esprits l’ont enrichi.
À une époque de civilisation avancée et de littérature savante, après Virgile, après Horace, après Lucrèce, sous le règne du plus vertueux des empereurs, de celui qui nous a légué cet admirable bréviaire de perfection morale : Ta eis eauton, dans la ville la plus riche et la plus cultivée de la Gaule romaine, des milliers d’hommes, dont un bon nombre, apparemment, étaient d’honorables bourgeois, se réunissaient pour le plaisir de voir torturer longuement et horriblement d’autres hommes.
Ce magicien-roi qui sait tout, à qui toutes les époques et tous les personnages de l’histoire sont familiers, et qui ressuscite les Égyptiennes du temps de Moïse, aussi bien que la lydienne Omphale, a trop souvent caché, derrière son manteau de pourpre, le ferme et délicat rimeur, d’une pureté antique et d’une idéale délicatesse, qui, pareil à un statuaire grec, ne livre pas son Âme, et pudiquement la laisse deviner à peine sous les blancheurs du marbre sacré.
Son début, au milieu de la littérature terne et desséchée de l’époque, eut la lumière d’une apparition.
Il est peut-être le seul dont nous puissions dire cela avec assurance, car, poète, il domine cette époque indéniablement.
À cette période de l’histoire, il faudra nécessairement posséder un invincible génie pour n’être pas assimilé43. » À cette époque, l’antinomie entre le groupe et l’individu est à son maximum.
Au second plan, apparaît aussi une ancienne maîtresse d’André, mademoiselle Albertine de la Borde ; et c’est un type frappé comme par un balancier monétaire, à l’une des effigies courantes de l’époque, que celui de cette courtisane commerciale, qui tient son boudoir comme un comptoir, et prête le plaisir à la petite semaine.
M. de Lamartine, en prenant soin de mettre la date de 1829 à la suite de cet épisode, a voulu nous avertir qu’il l’avait écrit dès cette époque, et que les vers qu’il consacrait à la jeune Napolitaine en 1830 ne sont venus qu’après, comme un couronnement.
M. de Fezensac, à l’époque de cette campagne, était âgé de vingt-six ans.
Ce n’est pas que je veuille dire qu’avant cette grande époque on n’ait eu à aucun degré l’idée de la personne humaine.
Guizot L’un des plus nobles spectacles que présente notre temps si décrié est celui de l’indomptable vitalité de quelques hommes illustres qui, sur des théâtres et à des titres divers, occupent encore le premier rang, quoique par leur âge ils semblent appartenir à une autre époque.
Au contraire, la vie sociale est une suite ininterrompue de transformations, parallèles à d’autres transformations dans les conditions de l’existence collective ; et nous n’avons pas seulement à notre disposition celles qui se rapportent à une époque récente, mais un grand nombre de celles par lesquelles ont passé les peuples disparus sont parvenues jusqu’à nous.
À l’heure de la vie où l’on est frivole et où l’homme tient à relever ses avantages extérieurs par les soins de la mise et les détails de la toilette, à une époque où tant de gens de lettres affectaient d’être des Beaux, parmi les de Musset, les Roger de Beauvoir, les Roqueplan, les Sue, qui furent des dandies, des gants jaunes, des furieux (un mot du jargon de la mode du temps), Janin, très à la mode par l’esprit et par le talent et très en vue, Jules Janin, qui n’était pas sans beauté alors, ne pensait point à la faire valoir, cette beauté, par les ressources que la mode offre à la coquetterie.
Le cardinal de Mazarin est sans contredit le premier homme de son époque.
Revenir pour nous dire ce qu’on a vu, pour nous le décrire, car décrire est la plus grande affaire d’une époque qui meurt d’une hydropisie de description et de peinture, mais qui adore sa maladie.
François Coppée qui s’est toujours fait le champion du sentimentalisme chauvin en notre pays, a exprimé vers la même époque, de non moins étranges sentiments : « En lisant, dans les journaux, le compte-rendu des imposantes cérémonies du Jubilé, à Londres, et surtout la description des formidables forces navales passées en revue par le prince de Galles, à Spithead, mon vieux cœur de Français et de Latin a été comblé de tristesse.
De 1891 à 1900, époque à laquelle, théoriquement du moins, M.
Cet éloge, où un particulier loue un prince avec lequel il a quelque temps vécu dans l’obscurité, pouvait être précieux ; le souvenir des études de leur jeunesse et cette heureuse époque où l’âme, encore neuve et presque sans passions, commence à s’ouvrir au plaisir de sentir et de connaître, devait répandre un intérêt doux sur cet ouvrage ; mais nous ne l’avons plus, et nous n’en pouvons juger ; nous savons seulement qu’il était écrit en grec.
Les époques les plus intéressantes de sa vie y étaient représentées.
Mais, chose curieuse, à l’époque où de maladroits rhéteurs brisaient ces délicats chefs-d’œuvre pour en émailler leurs discours, ce qu’ils cherchaient encore c’était le charme mythologique à opposer au triomphe du christianisme.
Parmi les inspirations de la poésie grecque qui touchent à la forme lyrique, il faut placer anciennement ce qui se retrouvera dans une époque plus récente, et sous l’influence de l’extrême politesse sociale.
Certes l’histoire ne compte pas beaucoup de grands écrivains dont l’œuvre ait « fait époque » deux fois dans leur vie, et, la seconde fois, après leur cinquantaine. […] C’est ainsi qu’à une époque où le génie français se trouvait encore altéré et obscurci par les influences étrangères, Molière avait été amené à donner ? […] Enfin, à une époque d’autorité, de préjugés tenaces et de traditions oppressives, Molière avait énergiquement lutté pour la raison et pour la nature. […] L’auteur a connu de près la plupart des grands écrivains de l’époque romantique. […] C’est l’époque où la chevalerie fut une sorte de sacrement.
Florence, où le commerce amenait la richesse et qui, dès cette époque, surpassait Rome en population, était le lieu privilégié des compagnies agréables. […] Cela ne fait pas doute ; on ne varie que sur l’époque. […] Nous avons vu qu’il était considéré comme type de la vertu profane et que l’Église admettait à cette époque le salut des justes de l’antiquité. […] Dès cette époque elles s’insurgeaient contre la sévérité des mœurs antiques et se jetaient dans le luxe et les plaisirs. […] La mort volontaire était à cette époque très en honneur dans la jeunesse allemande.
Mais la vérité est que la plupart de ces faits n’existaient pas encore à cette époque comme faits ; ils existeraient rétrospectivement pour nous si nous pouvions maintenant ressusciter intégralement l’époque, et promener sur le bloc indivisé de la réalité d’alors le faisceau de lumière à forme toute particulière que nous appelons l’idée démocratique : les portions ainsi éclairées, ainsi découpées dans le tout selon des contours aussi originaux et aussi imprévisibles que le dessin d’un grand maître, seraient les faits préparatoires de la démocratie. […] On trouverait une relation du même genre entre un système philosophique et l’ensemble des connaissances scientifiques de l’époque où le philosophe a vécu. […] C’était là un paradoxe à l’époque où Claude Bernard écrivait, et où l’on inclinait, soit pour justifier l’existence de la philosophie soit pour la proscrire, à identifier l’esprit philosophique avec l’esprit de système. […] Il faut ajouter que cette même époque vit s’opérer un rapprochement entre hommes politiques, artistes, lettrés, savants, tous ceux enfin qui auraient pu constituer, dans une société à tendance déjà démocratique, une aristocratie de l’intelligence. […] Ravaisson soutint vers cette époque (1838) est une première application de la méthode.
Vous voyez qu’il n’est nullement « homme de lettres. » C’est qu’il est né à une époque de vie complète, de développement intégral et harmonieux de l’être humain. […] Nous savons, en gros, que le seizième siècle fut une époque de passions énergiques et que le duc fut, entre tous, un terrible homme ; et nous attendons de lui toutes les violences. […] Desgenais est, d’ailleurs, un échauffé romantique, Il a l’emballement chronique et puéril des gens de son époque, l’emballement pour rien. […] Il ne s’agit que de trier et de classer les notions qu’on a sur l’époque dont on veut faire la peinture. […] Je ne crois pas qu’à aucune époque de notre histoire les aventures de ce qu’on a appelé le sixième sens aient tenu une place si énorme dans notre littérature.
Les visions de l’avenir sont un des divertissements favoris de notre époque. […] Non pas que je veuille prétendre que toute époque qui vient après une autre est pire que celle-ci, et console d’être morts ceux du précédent siècle. […] Jaurès à l’époque où M. […] Bergeret : « Si l’Italie eût perdu la bataille de Sedan, elle aurait trouvé moyen d’y gagner la Belgique et le Luxembourg. » Or c’est un épisode de l’histoire diplomatique de la Savoie, c’est-à-dire de l’histoire diplomatique de la maison la plus diplomatique du monde, et à une époque où cette histoire est particulièrement importante, que M. d’Haussonville se propose d’écrire et qu’il a commencé de raconter dans ce premier volume. […] Cependant des symptômes déjà assez frappants, notamment la progression du nombre des voix socialistes à chaque élection5, peuvent faire prévoir qu’à une époque que nous ne verrons pas l’empire allemand autoritaire se transformera en empire réellement parlementaire, c’est-à-dire en république ; car c’est exactement la même chose.
A une certaine époque, notre littérature répudiait Shakespeare et admirait Campistron. […] Ils ont alimenté les XVIe XVIIe et XVIIIe siècles ; et notre époque à son tour y retrempe son génie. […] Baragnon, un des plus habiles pasticheurs que je connaisse, me disait qu’à une époque de sa vie, il ne pouvait lire un auteur sans céder au besoin de l’imiter. […] Napoléon était en capote grise et, à cette époque, un peu gros, un peu voûté. […] Ses contrastes d’idées résument et caractérisent une époque.
Barbier a choisis indiquent assez qu’il a voulu personnifier dans ces sonnets les différentes faces, les différentes époques de l’art italien. […] Casimir Delavigne depuis la naissance du roi de Rome, époque de ses premiers débuts, est un modèle d’habileté, et mérite d’être étudiée, ne fût-ce que pour découvrir à quels éléments du goût public le poète s’est adressé, quel but il s’est proposé, en un mot quelles sont les conditions historiques de son succès. […] Prenez la peinture et la statuaire aux plus splendides époques de leur histoire, et jamais vous ne les trouverez séparées de l’interprétation, c’est-à-dire de l’idéal. […] Il ne faut pas oublier à quelle époque Chatterton a été représenté. […] Nous voici arrivés à l’époque décisive de la vie du poète.
On considérerait comme une profanation tout changement introduit dans le texte original ou même l’atténuation de quelques termes qui, même à l’époque de Molière, étaient considérés comme trop crus. […] « À l’époque de la lutte intellectuelle que la littérature allemande a été forcée de soutenir contre l’influence écrasante de l’école française, Racine, Corneille et toute la littérature de cette période ont été condamnés sans jugement, et Molière n’a pas été exclu de ce verdict. […] Nous avons, du reste, sur la façon de vivre du grand comique à cette époque, un témoignage intéressant, c’est celui de Dassoucy, qui rencontra alors Molière, navigua avec lui sur le Rhône, et le suivit justement à Pézenas. […] Il ne joua guère en effet de tragédie qu’à cette époque. […] Il est de toutes les époques et de tous les pays.
Le même critique déclare dans un second article (23 février) qu’il y a « plus d’avenir » dans M. de Musset « que dans aucun des poètes de notre époque », compliment qui a trop l’air d’avoir été mis là dans le seul but d’être désagréable à Victor Hugo ; mais il faut, ajoute le journal, que l’« enfant » se mette à l’école s’il veut arriver à quelque chose. […] « Alfred de Musset est le caprice d’une époque blasée et libertine. » Il faut passer un mouvement de dépit au critique dont l’arrêt vient d’être cassé par la foule. […] Tandis que le courant réaliste emportait une partie des esprits vers Balzac, dont le grand succès date de la même époque, les autres, les rêveurs et les délicats, s’arrêtaient à l’entrée de la route, auprès du poète qui « n’avait jamais menti », s’il se gardait de tout dire. […] La postérité fera le tri de son œuvre, et lorsqu’elle tiendra dans le creux de sa main la poignée de feuillets où l’âme de toute une époque frémit et pleure avec Musset, elle dira, comprenant son empire et reprenant le mot de Taine : « C’était plus qu’un poète, c’était un homme ». […] Les Epoques du théâtre français.
Ils sont sortis de là tout préparés à sentir et à rendre le pittoresque propre à notre époque. […] Sainte-Beuve dit quelque part50 que chaque grande époque produit « des esprits qui semblent faits pour elle, qui s’en imprègnent et qui ne datent que d’elle en quelque sorte. » MM. de Goncourt semblent être, parmi les artistes de lettres, de ces esprits-là.
Ces saints locaux, que l’on compte par centaines, sont tous du ve siècle ou du vie siècle, c’est à dire de l’époque de l’émigration ; ce sont des personnages ayant pour la plupart réellement existé, mais que la légende a entourés du plus brillant réseau de fables. […] L’époque de l’émigration galloise (Ve et vie siècles) était visible dans les campagnes pour un oeil exercé.
Ce qui est démontré, constaté, formulé en lois, est invariablement acquis, indépendant des lieux et des époques. […] Les idées scolastiques sur l’immutabilité des formes de la vie et l’uniformité des époques de l’histoire ont fait place à une conception contraire.
À l’époque d’Hernani, on livrait le parterre à la jeunesse, et l’on refusait la claque ! […] Je vais faire une franche confession : je ne trouve pas que mon frère et moi ayons fait du théâtre à l’époque du complet développement de notre talent, sauf peut-être dans la Patrie en danger, — et encore c’est un genre pour lequel je n’ai guère plus d’estime que pour le roman historique ; — par là-dessus, j’ai brûlé mes premières pièces, n’en ai point en carton, et n’en ferai jamais plus.
Ça pour venir quand même, à défaut d’innocence d’une époque, ça demande chez les nations, des illusions, des illusions comme il y en avait autour de l’année 1789, et comme il n’y en a pas autour de l’année 1882. […] Il me parle d’une rêvasserie particulière à cette époque, et à ce sujet il me conte cette petite histoire.
Les sœurs n’y étaient pas moins distinguées de caractère et d’esprit que les frères ; la dernière de ces sœurs vit encore, âgée de quatre-vingt-quinze ans, dans la même maison que je vois blanchir d’ici, à l’époque où j’écris ces lignes ; elle n’a rien perdu de sa grâce de cœur et de son sourire d’esprit ! […] Ce fut l’époque où, après avoir écrit des volumes de poésie amoureuse, jetés depuis aux flammes pour en purifier les pages, j’écrivis ces poésies contemplatives qui furent accueillies comme les pressentiments bien plutôt que comme les promesses d’un poète.
VIII Cette littérature a eu ses époques d’enfance robuste et inculte comme les nôtres ; puis de perfection, où la simplicité s’unit au goût, à la richesse et à la force ; puis de décadence, où l’ornement et la manière efféminent le sentiment ou l’idée. […] L’Inde admet également, dans la classification de ses genres de style, l’analogie empruntée aux saveurs qui flattent ou blessent le palais : ainsi, dans les écrivains indiens de cette époque, le sucre est le symbole de la douceur ; l’amertume du sel est celui de la colère.
Cependant une grande révolution allait s’opérer dans sa vie ; on en saisit une trace et un indice dans une de ses lettres de 1685 à Mme de Brinon : « Saint-Cyr et Noisy m’occupent fort ; mais, grâce à Dieu, je me porte fort bien, quoique j’aie de grandes agitations depuis quelque temps. » Ces agitations se rapportaient sans doute à la résolution du roi de l’épouser et au mariage secret qui se fit vers cette époque.
Louis XIV, en un mot, à cette époque où il allait dater de la cinquantième année de son règne (14 mai 1692), se mettait à l’ouvrage plus que jamais, et à son métier de roi sans plus de distraction.
Quand ce sont les pouvoirs publics, quand c’est l’État qui prend à cet égard l’initiative, cela s’appelle protection, et cette protection favorisée d’heureuses rencontres et entourée de hautes lumières, a pris, à de certaines époques, un caractère d’immortelle grandeur.
Dans sa jeunesse, et à l’époque de sa liaison avec Vauvenargues, c’était un jeune homme studieux, aussi lettré que modeste, animé de sentiments délicats et tendres, religieux ou susceptible de revenir à la religion.
C’est le matin même de Montereau que Napoléon écrivait à M. de Caulaincourt afin de lui retirer la carte blanche qu’il lui avait donnée pour les conférences de Châtillon ; et, lui exprimant le changement de la situation, il la jugeait ainsi : « Ma position est certainement plus avantageuse qu’à l’époque où les Alliés étaient à Francfort ; ils pouvaient me braver, je n’avais obtenu aucun avantage sur eux, et ils étaient loin de mon territoire.
Dans quelques rangs que vous vous placiez, vous n’en serez pas moins pour moi un parent que j’aime et honore, l’un des esprits les plus élevés et des talents les plus rares que notre époque ait produits.
Il est de ces misérables époques intermédiaires qui ne sont bonnes qu’à user les hommes : que tous ceux qui se sentent valeur et avenir, s’y tiennent à l’écart, s’ils le peuvent, et se réservent pour le jour utile !
Quand je dis chez nous, je le prendrai plutôt à côté de chez nous, s’il vous plaît, et s’exerçant sur le compte des hommes politiques d’une époque déjà ancienne.
Je ne sais comment cela se fait, mais je ne vois autour de moi, depuis quelques jours, que Contes de Perrault ; j’en ai sous les yeux de toutes les formes et de toutes les dimensions ; il en sort de terre à cette époque de l’année.
Mais sur les temps anciens, sur la grande époque de sa jeunesse, sur les savants du premier ordre dont il avait gardé le culte, il était très intéressant à écouter.
Le professeur, dans sa chaire, ne distribue guère que la science morte ; l’esprit vivant, celui qui va constituer la vie intellectuelle d’un peuple et d’une époque, il est plutôt dans ces jeunes enthousiastes qui se réunissent pour échanger leurs découvertes, leurs pressentiments, leurs espérances7. » Je laisse les applications à faire en ce qui est de notre temps.
Les grands hommes sont sujets à faire illusion sur l’époque qu’ils éclairent et qu’ils remplissent brillamment jusqu’à éteindre parfois ce qui les entoure ; les hommes secondaires et pourtant essentiels ont l’avantage de nous faire pénétrer avec eux, sans éblouissement et sans faste, dans des parties restées à demi obscures et dans les rouages mêmes de la machine dont ils étaient, à certain degré, un des ressorts.
Cet article des traductions en vers est traité fort au complet, sans beaucoup de distinction, il est vrai, et sans finesse de goût, mais avec exactitude, dans l’Histoire de la Poésie française à l’Époque impériale, par M.
Mais n’admirez-vous pas la différence des époques, la décadence du goût plus sensible encore chez ceux qui ne craignent pas de se montrer en déshabillé ?
Je sais que d’autres peuvent avoir une impression différente ; mais pour moi, celle qui résulte d’un pareil épisode que ne relèvent en rien les distinctions de l’esprit est des moins attrayantes et des moins agréables ; je n’y puis voir qu’une des plaies et des laideurs de l’époque.
Les Ternaires appartiennent assez véritablement par leur caractère à une troisième époque de la vie intérieure du poëte.
Mignet, des renseignements plus précis sur cette époque un peu disparate de la vie de Léonard.
Si par quelques malheurs invincibles la France était un jour destinée à perdre pour jamais tout espoir de liberté, c’est en Allemagne que se concentrerait le foyer des lumières ; et c’est dans son sein que s’établiraient, à une époque quelconque, les principes de la philosophie politique.
Hugo ne dit pas, comme les autres, la liberté de l’art, mais la liberté dans l’art, c’est-à-dire la liberté et l’art, être libre, à condition de respecter l’art : comme il dit la liberté dans l’ordre, pour l’union de la liberté et de l’ordre, son idéal politique à cette époque.
Mais sa curiosité émue s’attachait des mois à pénétrer une époque, une civilisation, un monde, à voir les paysages, à lire les chroniques, avant que sa verve poétique se plût à formuler en quatorze vers un moment d’histoire enfin possédé.
En une époque où, par la décadence des études d’adolescence et la désuétude de lire, cet amateur est rare, l’écrivain lui-même semble précieux.
Fages62 l’unité morale est si peu une condition sine qua non de l’existence des sociétés, qu’en fait, cette unité n’a été réalisée nulle part, à aucune époque.
C’est ce qui arrive d’ordinaire aux époques de compression politique ou religieuse.
. — En un seul point Wagner ne s’est point conformé à l’exactitude historique, — c’est en faisant célébrer le mariage de Lohengrin et d’Elsa à l’église ; l’action de Lohengrin se passe au commencement du dixième siècle, or ce n’est guère que vers les onzième et douzième siècles que l’église parvint à imposer le mariage religieux, et dans les descriptions de mariages avant cette époque il n’est jamais question de cérémonies religieuses.
Il prouvait qu’il y avait trois époques historiques, « ni plus, ni moins », celle de l’infini, celle du fini, et celle de leur rapport ; puis monté sur un char attelé de quatre systèmes, et traversant l’empyrée philosophique, partout, en Orient, en Grèce, au moyen âge, aux temps modernes, il distribuait en quatre compartiments les doctrines qu’il connaissait et les doctrines qu’il ne connaissait pas39.
Jamais époque ne fut moins faite pour l’enthousiasme.
Chacun d’eux est une action de cet homme idéal et général autour duquel se rassemblent toutes les inventions et toutes les particularités de l’époque ; chacun d’eux a pour cause quelque aptitude ou inclination du modèle régnant. […] De même les historiens peuvent remarquer que les diverses aptitudes et inclinations d’un individu, d’une race, d’une époque sont attachées les unes aux autres de telle façon que l’altération d’une de ces données observée dans un individu voisin, dans un groupe rapproché, dans une époque précédente ou suivante, détermine en eux une altération proportionnée le tout le système. — Les naturalistes ont constaté que le développement exagéré d’un organe dans un animal, comme le kangourou ou la chauve-souris, amenait l’appauvrissement ou la réduction des organes correspondants3. […] Ce sont eux pourtant qui distinguent une époque des autres, qui marquent l’espèce et le degré des passions dominantes, qui, par leur familiarité, produisent l’illusion, qui, par leur force, excitent l’intérêt. […] Michelet revient à sa grande œuvre, l’Histoire de France ; il en écrit la plus grande époque, le xvie siècle. […] « Ce fut un tort de Brutus et de Cassius, esprits médiocres avec une âme vigoureuse, de n’avoir pas vu qu’à leur époque l’empire romain, à cause de son étendue et de ses complications, ne pouvait être gouverné par des consuls et un sénat. » M.
Elle s’essaye et elle s’applaudit quand elle parvient à bien ressembler aux Allemands de l’époque de Goethe et de Schiller, aux Anglais de l’époque de Shakspeare, de Byron, de Walter Scott, aux Français de l’époque de Voltaire, ou de l’époque indécise de l’émigration, les deux de Maistre.
Il est presque impossible de dire à quelle époque a lieu la première apparition de la volonté. […] Comme il y a un élément musculaire dans nos sensations, spécialement dans celle de l’ordre le plus élevé, toucher, vue, ouïe, cet élément doit, d’une façon ou d’une autre, trouver sa place dans la sensation idéale, dans le souvenir. » Depuis cette époque, la question de la nature des images a été étudiée sérieusement et avec fruit, et résolue dans le même sens26. […] Dans une maladie que j’ai eue autrefois, durant laquelle je ne pouvais endurer le plus léger effort de pensée continue (et à cette époque je n’étais déterminé par aucune théorie), les muscles de la peau, en particulier ceux de l’occiput, avaient un degré très net de sensibilité morbide, chaque fois que j’essayais de réfléchir. » Dans le passage suivant, Fechner décrit ce sentiment d’effort, d’abord dans l’attention sensorielle, ensuite dans la réflexion : « Si nous transportons notre attention du domaine d’un sens à un autre, nous éprouvons aussitôt un sentiment déterminé de changement de direction : sentiment difficile à décrire, mais que chacun peut reproduire par expérience. […] Si je veux, par exemple, me représenter vivement un objet ou une personne, ils semblent se produire pour moi d’autant plus vifs que je tends mon attention, non par devant, mais, pour ainsi dire, par derrière31. » Depuis l’époque où a paru l’ouvrage de Fechner, les recherches déjà mentionnées de Duchenne, de Darwin et de tous ceux qui ont étudié les mouvements expressifs, ont mis beaucoup plus de précision et de clarté d’ans ce sujet.
Taine aime les époques accusées, claires à l’imagination, les époques modernes et civilisées, la société de France et d’Angleterre du xviie ou du xviiie siècle ; M. […] Déjà l’on voit deux philosophies de caractère très-différent se dessiner l’une en face de l’autre et renouveler, comme on l’a vu à toutes les époques, l’éternelle opposition de l’empirisme et de l’idéalisme : d’une part, une philosophie circonspecte à l’excès, ennemie de toute spéculation métaphysique, n’admettant que les faits constatés, avec leurs rapports, c’est-à-dire leurs lois ; de l’autre, une philosophie idéaliste, ne pouvant consentir à trouver dans les phénomènes les derniers éléments de l’être et de la vie, pénétrant au-delà pour y découvrir la cause, la substance, l’infini, — l’une tout imprégnée de l’esprit des sciences positives, n’admettant que ce qui est démontré et vérifié, l’autre inspirée des hardiesses de l’esprit allemand, mais tempérée par les lumières et la mesure de l’esprit français, — l’une enfin à la recherche du positif, l’autre à la poursuite de l’idéal. […] Lorsque l’on considère la science contemporaine du dehors et sans être initié à son esprit et à ses tendances, lorsque l’on parcourt les feuilles scientifiques, les comptes rendus des académies, et ces comptes rendus moins sévères que le goût publie recherche aujourd’hui, et qui partagent avec le roman et le théâtre l’honneur du feuilleton ; lorsque d’un autre côté on lit ou du moins l’on consulte les innombrables ouvrages où la science essaie de se rendre populaire et d’expliquer à tous les merveilleuses inventions qu’elle a suscitées, et que tout le monde connaît, lorsqu’enfin l’on voit se produire à la fois tant de faits minutieux et tant de découvertes utiles, on est tenté de croire que les deux caractères les plus saillants des sciences à notre époque sont l’esprit pratique, le goût des applications utiles, dédaigneux de toute tendance spéculative un peu élevée.
L’homme et l’œuvre expriment nettement une époque distincte de notre vie sociale et de notre activité littéraire. […] Notre économiste se fit « bandolier », comme il entamerait de nos jours une polémique dans les journaux ou bien interpellerait le ministre à la Chambre : chaque époque a ses usages. […] Cet ouvrage si longtemps oublié le place au premier rang des prosateurs de son temps ; c’est un de plus remarquables monuments du style et du goût de l’époque. […] À chaque époque, la littérature fait prévaloir un type, conforme au goût, à l’état moral et physique du public qui est à la fois le modèle et le juge. […] Le xviiie siècle, pour la littérature, ne s’étend pas de 1700 à 1800 : une époque finit en 1715, avec Louis XIV ; une époque commence en 1789, avec la Révolution : le xviiie siècle occupe l’intervalle.
En voici quelques vers qui suffiront à donner une idée du goût de l’époque. […] Ou bien, peut-être s’est-il reporté en idée à l’époque de l’invasion des pirates normands qui, dans leurs barques de cuir cousu, remontaient quelquefois la Seine jusqu’à Paris. […] Ce n’était pas à Lope de Vega, comme l’avait cru d’abord Corneille ; ce n’était pas non plus à Francesco de Rojas, comme le crut un critique de l’époque impériale, Victorien Fabre. […] Et puis cette pièce arrivait à l’époque de la Fronde, et l’on y découvrait des allusions tantôt malicieuses, tantôt généreuses, qui soulevaient des applaudissements. […] Le titre complet est ainsi conçu (à cette époque, on ne craignait pas les longs titres) : Le véritable Saint Genest, comédien païen représentant le Martyre d’Adrien.
Avec ses toits en poivrière et son profil aigu, cette bâtisse résume, en des proportions restreintes, les caractères généraux de deux époques. […] Il y en eut, suivant les époques, de trente à quarante. […] Jusqu’ici, on jugeait de l’art grec surtout d’après les morceaux qui nous restent de l’époque de Périclès et de Phidias. […] Il sait que les époques avancées, faisandées même, retournent volontiers, par une régression souvent observée, aux types imaginés ou copiés par les Primitifs. […] Ils détournaient la tête pour ne point voir, sur les bas-reliefs de l’époque impériale, le poncif d’académie, le pompier casqué, encore cher à notre École des beaux-arts. « Bah !
Par rapport aux François, on trouve à se satisfaire dans le Dictionnaire historique des mœurs, usages & coutumes des françois, contenant aussi les établissemens, fondations, époques, anecdotes, progrès dans les sciences, dans les arts, & les faits les plus remarquables & intéressans arrivés depuis l’origine de la Monarchie jusqu’à nos jours, à Paris, chez Vincent, rue St. […] Faits militaires, traités politiques, loix civiles, réglemens ecclésiastiques ; édits, déclarations, ordonnances, rien n’est oublié de tout ce qui peut rappeller des époques dans tous les genres, les vraies sources, les divers fondemens du droit public. […] Ainsi vous pourrez vous procurer quelques livres particuliers tels que l’histoire de la Conquête de la Chine, par les Tartares Manchoux, à laquelle on a joint un accord chronologique des annales chinoises avec les époques de l’histoire ancienne & de l’histoire sacrée jusqu’à J.C., par M.
Au contraire, si, durant la période convenable du sommeil hypnotique, on leur suggérait le nom d’un roi, non seulement ils étaient poussés à dire que c’était le leur, mais ils sentaient et agissaient d’une manière qui témoignait de leur conviction qu’ils étaient rois. » Au lieu d’être passager, cet état peut être fixe ; il est fréquent dans les hospices, et on le rencontre souvent dans les époques d’exaltation religieuse. — Un quartier-maître dans l’armée de Cromwell, James Naylor, se crut Dieu le Père, fut adoré par plusieurs femmes enthousiastes, jugé par le Parlement et mis au pilori. — Dans les asiles, on trouve des fous qui se croient Napoléon, ou la Vierge Marie, ou le Messie, ou tel autre personnage. […] L’enfant s’irrite contre un ballon ou un duvet qui vole capricieusement et ne se laisse pas saisir. — Aux époques primitives, l’homme considéra le soleil, les fleuves, comme des êtres animés. — Le sauvage prend une montre qui fait tic-tac et dont l’aiguille marche, pour une petite tortue ronde. — Le mouvement, en apparence spontané, surtout s’il semble avoir un but, suggère toujours l’idée d’une volonté.
Il y a six mille ans, les plantes et les animaux de l’Égypte étaient pareils à ceux d’aujourd’hui ; plusieurs espèces de plantes et d’animaux n’ont pas varié à travers les énormes intervalles des périodes géologiques ; d’un bout à l’autre de la terre, de nos jours et à des époques séparées de notre temps par des myriades de siècles, le petit mollusque dont la coquille forme la craie a la même structure et la même vie. — Bien plus, beaucoup de nos corps chimiques, l’hydrogène, le fer, le sodium, d’autres encore, se rencontrent dans le soleil, à trente-cinq millions de lieues de notre terre, au-delà encore dans des étoiles si éloignées qu’il faut plusieurs années à leur lumière pour arriver jusqu’à nous, ou que leur distance échappe à toutes nos mesures. — À cette distance prodigieuse, les astres restent pesants comme notre terre ; on s’en est assuré par les mouvements des étoiles doubles. […] L’enfant invente et découvre incessamment et de lui-même ; il n’y a pas d’époque dans sa vie où son intelligence soit si créatrice.
Bastide, ministre des affaires étrangères à cette époque : Lettre de M. […] « La révolution romaine fut prise d’assaut par l’armée française. » À quelle époque et par qui ?
Ce sont là à peu près les seules nations antiques ou modernes et les seules époques qui aient eu des philosophies transcendantes ; les autres n’ont eu que des philosophies populaires. […] » « Ainsi, Athéniens, j’ai des parents, et, quant à des enfants, j’en ai trois, l’un déjà dans l’adolescence, les deux autres encore en bas âge ; mais je ne les ferai point comparaître ici, pour votre honneur et pour le mien ; il ne me paraît pas séant d’employer de pareils moyens à mon âge (il avait près de soixante-douze ans à l’époque de son procès).
« Depuis la Révolution, époque à laquelle il attira les regards, le bonhomme bégayait d’une manière fatigante aussitôt qu’il avait à discourir longuement ou à soutenir une discussion. […] « La consultation finie, il déclara positivement à Grandet que sa femme était bien mal, mais qu’un grand calme d’esprit, un régime doux et des soins minutieux pourraient reculer l’époque de sa mort vers la fin de l’automne.
II C’était en 1380, époque du moyen âge ou les moines s’étaient emparés de la littérature sacrée tout entière. […] L’Église était, avec la guerre, le monde universel de l’époque.
L’acteur dominant, culminant d’une époque, semblerait donner le la à la séduction amoureuse. […] Il est également permis de croire qu’en cette affaire, M. de Manteuffel obéissait un peu à son ressentiment contre le parti russe, qui ne lui pardonnait pas d’avoir empêché le roi de Prusse de prendre fait et cause pour son beau-frère, l’Empereur Nicolas. » Donc le fait avancé par mon frère et moi, dans notre Journal, est parfaitement vrai, sauf quelques petites erreurs de détail, provenant du récit, tel qu’il nous a été fait à cette époque.
… J’avais bien remarqué que son humble regard Tremblait d’être heurté par un regard qui brille, Qu’elle n’allait jamais près d’une jeune fille, Et ne levait les yeux que devant un vieillard242… Seulement Coppée a trop souvent pensé que, pour trouver le vrai, — à notre époque on le cherche beaucoup, — il suffisait de découvrir et de reproduire le fond effacé et journalier de la vie, en un mot sa banalité ; c’est un peu comme un musicien qui ne donnerait guère d’un air que l’accompagnement, ou un peintre qui s’appliquerait à n’éclairer son tableau que d’une lumière partout unie. […] La poésie, à notre époque, cherche sa voie, et, d’instinct, elle la cherche dans la direction des idées philosophiques, scientifiques, sociales.
Si l’on pouvait, à différentes époques et à diverses reprises, faire une exhibition de la même œuvre, nous pourrions garantir la justice du public envers cet artiste. […] Boissard a toujours surnagé au-dessus des eaux troubles de la mauvaise époque dont nous parlions à propos de M.
L’hiver est passé ; on est au temps où l’aubépine fleurit et où s’épanouit la rose, vers l’époque de l’Ascension.
M. de Humboldt, dans un des volumes du Cosmos, a traité du sentiment de la nature physique et du genre descriptif, en les suivant aux diverses époques et dans les différentes races ; il a aussi traité de la peinture du paysage dans ses rapports avec l’étude de la nature.
On peut observer depuis quelque temps par toute la France un fait général, et qui est caractéristique de notre époque.
Et Arago de son côté repassant sur ses souvenirs : Au moment où j’écris ces lignes, dit-il, vieux et infirme, avec des jambes qui peuvent à peine me soutenir, ma pensée se reporte involontairement sur cette époque de ma vie où, jeune et vigoureux, je résistais aux plus grandes fatigues et marchais jour et nuit dans les contrées montagneuses qui séparent les royaumes de Valence et de Catalogne du royaume d’Aragon, pour aller rétablir nos signaux géodésiques que les ouragans avaient renversés.
J’ai encore beaucoup à dire sur cette première époque de Bossuet, tant à Metz qu’à Paris.
» Les fondateurs de plusieurs républiques ont eu raison d’exiger qu’elles revissent, à certaines époques, leur code de législation et qu’elles y fissent les changements prescrits par les circonstances.
J’ai encore quelque chose à dire sur cette station de Guérin à La Chênaie et en Bretagne, sur cette époque nourricière de son talent.
L’auteur a pourtant, par le titre même de son livre, pris possession déjà de l’époque, et il dit « Mon temps. » J’ai toujours été étonné, je l’avoue, de cette façon de dire, qui est très en usage, je le sais, même chez d’autres peuples ; mais j’en suis toujours un peu choqué pour mon compte ; quand un homme, si éminent qu’il soit, parle des années que nous avons parcourues et vécues comme lui, et qu’il m’en parle à moi-même, j’aimerais mieux qu’il dît « Notre temps. » L’originalité de l’ouvrage commence avec le second volume, c’est-à-dire avec la Révolution de Juillet, qui porta décidément M.
Je n’ai point suivi le maître dans les plans et programmes de lectures sérieuses et graduées qu’il propose, à mesure que l’éducation avance : peu de grammaire, pas de rhétorique formelle ni dogmatique, et la logique ajournée ; mais la jurisprudence positive, historique, l’histoire elle-même, la lecture directe des auteurs, c’est ce qu’il conseille, indiquant chacun de ces auteurs alors en usage, le désignant au passage d’un trait juste, et sur les sujets et pour les époques les plus éloignées de cette « ingénue Antiquité » qu’il préfère, montrant qu’il sait comprendre tout ce qu’il regarde, même l’âge de fer et le Moyen-Age, et qu’il est un guide non trompeur, évitant partout sans doute l’accablement et la sécheresse, mais de trop de goût pour aller mettre des fleurs là où il n’en vient pas.
Lucrèce n’a pas traité des champs en particulier ; mais, dans son tableau de l’origine du monde et des premiers âges des sociétés (au livre Ve), il a cueilli les plus vastes images, il a tracé les plus larges cadres de l’époque rurale primitive, du bonheur naturel et des ébats champêtres auxquels se livraient les innocents agriculteurs au retour des printemps : Sæpe itaque inter se prostrati in gramme molli, Propter aquæ rivum, sub ramis arboris altæ, Non magnis opibus jucunde corpora habebant, Præsertim cum tempestas ridebat, et anni Tempora pingebant viridantes floribus herbas… Quelle ampleur de peinture et de langage !
Jamais homme, d’après ses propres aveux, n’a été plus atteint que lui de cette démangeaison particulière à certaines époques et surtout à la nôtre, le prurit littéraire ; il en a été de bonne heure chatouillé et rongé jusqu’aux os, — jusqu’aux moelles, comme dirait Giboyer.
Delécluze un témoin très-attentif, un chroniqueur très-sincère, sinon toujours exact, des idées et des goûts de notre époque, un juge des hommes et des esprits d’autant plus à considérer et à contrôler qu’il ne se donne le plus souvent que pour un narrateur et un rapporteur impartial.
D’une époque assurément tardive, mais de date incertaine, elle ne saurait être cependant rejetée très-bas dans les âges de décadence, car un goût fin y a présidé.
Grâce à cette liberté d’allure qu’il a eue à toutes les époques, et qu’on lui a concédée en tant que genre sans conséquence, le roman a prospéré, fleuri, fructifié, et il s’est vu capable, presque dès sa naissance, de prendre toutes les formes, — sentimentale, pastorale, poétique, chevaleresque, historique, ironique, satirique, allégorique, descriptive, morale, passionnée.
Mon ami Schérer devint amoureux d’une dame d’honneur, amie de la reine ; moi je le devins de la reine. » Le prince, à cette époque, avait encore, à ce qu’il paraît, des éclairs de raison et de bons moments ; il n’était pas tombé au degré permanent de brutalité qu’il atteignit quelques années plus tard.
Je laisse aux biographes futurs de Veyrat le soin de rechercher et de nous énumérer quelles furent ses déceptions à cette époque de l’exil, déceptions du côté des événements publics, déception de la part des hommes mêmes sur la protection et l’appui desquels il avait pu compter, trahison peut-être et perfidie de la part de quelques amis avec lesquels il avait étroitement vécu.
Il a existé au Moyen Age, ou plutôt à la veille du Moyen Age, une époque intermédiaire, confuse, où il n’y avait pas de langue et où il n’y avait partout que des patois, des jargons.
On en pourrait détacher quelques paroles éloquentes et tristes sur l’état moral de la France à cette époque, état moral agité et fébrile, suspendu entre des fautes et des excès contraires, donnant d’un extrême à l’autre sans trêve ni raison, et que nous avons vu se renouveler tant de fois depuis : un mal à désespérer les sensés et les clairvoyants, à faire douter de l’avenir et du bon génie de la France, et qui est devenu proprement le mal français périodique.
Molé, il me semblait reconnaître une teinte marquée de cette époque qui se réfléchissait dans son discours ; c’était un certain accent de doctrines religieuses, sociales, conservatrices, réparatrices.
Les Troyennes, Danaé, l’ode à Naïs, et d’autres pièces de l’époque dont nous parlons, nous semblent d’aussi précieuses révélations en ce sens qu’elles sont des compositions charmantes en elles-mêmes.
Son génie, naturellement recueilli et paisible, eût-il suffi à cette intensité d’action que réclame notre curiosité blasée, à cette vérité réelle dans les mœurs et dans les caractères qui devient indispensable après une époque de grande révolution, à cette philosophie supérieure qui donne à tout cela un sens, et fait de l’action autre chose qu’un imbroglio, de la couleur historique autre chose qu’un badigeonnage ?
En général, beaucoup de ces romances de Millevoye, de ces élégies de son premier livre où il est tout entier, et j’oserai dire sa jolie pièce du Déjeuner même, me font l’effet de ce que pouvaient être plusieurs des premiers vers de Lamartine, de ces vers légers qu’à une certaine époque il a brûlés, dit-on.
C’est une époque digne de remarque dans la littérature, que celle où l’on a découvert le secret d’exciter la curiosité par l’invention et le récit des aventures particulières.
(Évol. de la critique) ; les Époques du théâtre français ; l’Évolution de la poésie lyrique, Hachette, 8 vol. in-18.
En effet, il vint un moment, et ce moment coïncide à peu près avec l’époque de la mort de Molière, où la comédie italienne, qui ne s’en allait plus, comme autrefois, respirer l’air natal, se fit de plus en plus française.
On trouve dans sa correspondance de cette époque, dans une lettre au duc de Richelieu, qui est juste de cette date, une vive recommandation pour Mme de Graffigny, qui avait été fort liée avec Mlle de Guise, devenue duchesse de Richelieu.
Le portrait qu’on a d’elle à cette époque du Temple, — un profil avec les cheveux négligemment noués, — a de la finesse dans la correction, de la noblesse et de la gravité sans surcharge.
À cette époque, Franklin ne distinguait point entre ses deux patries ; il avait le sentiment des destinées croissantes et illimitées de la jeune Amérique ; il la voyait, du Saint-Laurent au Mississipi, peuplée de sujets anglais en moins d’un siècle ; mais, si le Canada restait à la France, ce développement de l’empire anglais en Amérique serait constamment tenu en échec, et les races indiennes trouveraient un puissant auxiliaire toujours prêt à les rallier en confédération et à les lancer sur les colonies.
Ajoutez que les problèmes philosophiques, toujours identiques dans le fond des choses, se présentent à chaque époque sous des aspects différents.
. — On assure qu’il fit plus d’un acrostiche mythologique sur les beaux yeux de madame Tallien, et que le Mercure de France fut, à une époque, tout fleuri de ses bouquets à Chloris.
Au point de vue de l’esprit seul, voilà qui tire, d’un coup, le livre de Gustave Droz de la cohue des productions de notre époque, et qui l’élève au-dessus d’elles.
Le vers étant une sorte particulière de musique doit être fait plus pour l’oreille que pour l’œil, quoiqu’en puissent prétendre les auteurs des traités de versification exigeant que, « pour la satisfaction de l’œil, les consonnes muettes qui suivent la voyelle rimante soient identiques (ou prétendues équivalentes) dans les deux mots à la rime3. » Or, considérons que les exigences de la rime dite correcte, proviennent d’une époque où les consonnes finales n’étaient pas encore devenues muettes.
Au contraire, priez un lecteur ordinaire de lire l’histoire de Mme de Sablé et de Mme de Longueville ; l’expérience est aisée, et je l’ai faite : il n’emportera qu’une impression vague ; il ne pourra dire exactement quel fut l’esprit de cette époque ; il saura seulement que, selon M.
De retour dans sa patrie, dans la philosophique et opulente Angleterre, à l’époque même où les lettres accréditées y conduisaient au pouvoir, où les hommes d’État étaient de grands orateurs, William Pitt, Fox, Burke, où les lettrés se mêlaient partout aux affaires, Gibbon, Shéridan, Glover, Macpherson, il vécut loin du parlement, loin du monde, dans la modeste chambre d’un collège, où il semblait perpétuer la vie laborieuse d’étudiant, et d’où il s’échappait quelques mois, chaque année, pour voyager dans son pays, en étudier les beautés naturelles, les vieux monuments, et renouveler en soi la religion de la patrie comme celle de la science.
Sully-Prudhomme semble inaugurer une époque. […] Grenier a eu toutes les illusions et toutes les générosités d’une époque qui en avait beaucoup et qui ne nous les a pas léguées ? […] Mais le lévitisme organisé en corps sacerdotal, c’est de l’époque de la reconstruction du temple. […] L’histoire des Rougon-Macquart est donc, ainsi qu’un poème épique, l’histoire ramassée de toute une époque. […] Naturellement, il n’est point le même à toutes les époques.
Aucun effort n’a été perdu ; chaque époque a instruit, formé, enrichi l’époque suivante ; et la tradition comique ininterrompue est arrivée jusqu’à Molière, qui se vantait, on le sait, de prendre son bien où il le trouvait, etc… » Si je ne me trompe, cela n’avait pas encore été dit, du moins avec cette netteté. […] Ferdinand Brunetière nous explique l’évolution de la comédie en France (les Epoques du théâtre français). […] Il ne devait pas s’efforcer de « distinguer » artificiellement les genres, avant l’époque où ils achèvent de se distinguer dans la réalité. […] Et ainsi, la métromanie de Damis est la démangeaison des vers à une époque où il n’y a pas de poésie et où même l’on ne sait plus bien ce que c’est. […] Il résume et représente, avec beaucoup d’exactitude, l’espèce particulière de poésie et de rêve qui plaisait à la jeunesse il y a vingt ans, à l’époque du romantisme finissant.
Et dans la plus belle époque de l’art, Eschyle et Phidias ne portèrent-ils pas une grande liberté dans les scènes religieuses qu’ils exposaient aux regards des peuples, soit au théâtre, soit au front des temples ? […] On s’en va répétant que Racine écrit mieux que Corneille : dites seulement qu’ils écrivent tous deux très différemment, et comme on écrivait dans les deux époques si différentes où ils ont vécu. […] À peu près à la même époque il s’agissait de construire une église à la patronne de Paris, à cette Geneviève dont la légende est si touchante et si populaire. […] Les artistes de cette grande époque participent de son caractère général, et la représentent à leur manière. […] La morale du plaisir et de l’intérêt était la morale nécessaire de cette époque.
J’ai voulu seulement te faire saisir qu’à une époque où l’individu capable de beauté se heurte à la coalition des filous, des imbéciles et des avortons, — ce qui est toute la Démocratie, — la logique de la vie veut que seuls résistent et se développent, par la lutte même, ceux qui combattent l’ambiance misérable et la disloquent plutôt que de prendre des airs de victimes sacrifiées pour l’Art pur comme le font les énervés, les éclopés et les aveugles dont nous parlions tout à l’heure — à savoir un trop grand nombre des poètes actuels. […] Enfin je découvre aux profanes les splendeurs de Malbardé, le plus grand poète de l’époque, et je flétris ses adversaires pygméimorphes. […] Il t’a donné un spécimen du grand Art de l’époque. […] Et, après bien des divagations, bien des systèmes édifiés et détruits, oubliant les belles formes par quoi elle avait traduit son amour de la vie aux époques de joie et de santé, renversant Jupiter, Apollon, Cérès et Vénus ouranienne, elle instaura le hideux symbole d’un Dieu maladif, saignant sur un gibet pour exprimer la révolte absurde des éclopés, des mal-venus, des lépreux, des pauvres d’esprit et de ceux qui haïssent leur chair contre les lois implacables et magnifiques dont l’ensemble régit l’univers. […] Mais qu’importent ces faibles : ils peuvent maudire la science : la science ne recule pas ; les forts se fortifient sans cesse et, déjà, ils peuvent pressentir l’époque où chacun mangeant à sa faim, libéré du servage que firent peser sur lui les trois fauteurs d’envie, d’ignorance et de crime : le roi, le prêtre et le soldat, s’aimera en autrui comme il s’aime en soi.
A cette époque déjà on ne manquait pas (lui-même nous l’apprend) de gens de mauvaise humeur et occupés d’intérêts positifs, qui disaient que c’était bien assez pour tous d’un seul Homère. […] quelle plus magnifique définition de cette saison des anciens δпώρα, qui n’était pas le tardif automne comme à l’époque déjà embrumée de nos vendanges, et qui résumait plutôt le radieux été dans la plénitude des fruits !
Après cette époque, la tête du cerf se refait toujours la même, et on ne peut plus connaître son âge par son bois. […] Ce n’est pas l’apogée, c’est la moyenne parfaite de la philosophie hellénique de cette époque ; l’encyclopédie du vulgaire, distinguée de la science de ses contemporains ; c’est toute l’intelligence de la Grèce, mais ce n’est pas son âme.
J’avoue même que moi, qui vivais, qui pensais et qui sentais déjà en ce temps-là, moi qui partageais les angoisses du peuple pauvre et sacrifié à la noblesse des barons d’empire, je retrouve dans ce livre la mémoire minutieuse de cette époque de la grandeur d’un homme de guerre et de la servitude d’un peuple ébloui de ses chaînes : il n’y a pas de plus grande leçon de dédain pour l’opinion de l’humanité que celle que l’humanité donne elle-même en divinisant quarante ans après le maître qui faisait de l’héroïsme avec le sang inutilement versé de quelques millions de ses pareils. […] À présent que l’époque semi-fabuleuse de l’épopée est passée pour les nations, le roman est devenu presque la seule littérature.
Vainement la critique, à certaines époques, a voulu voir en eux, au lieu de types vrais, d’ingénieuses machines de destruction dans les mains d’un ennemi de toutes les choses établies. […] Il y a là sous le même habit, un caractère, l’esprit d’une époque, Beaumarchais lui-même.
Il y a une époque dans notre histoire où l’on a eu foi aux doctrines du Contrat social ; ce qui reste de cette foi est parmi les périls les plus pressants de notre temps. […] Il n’est rien pourtant où il ait été plus singulier, à une époque où l’on préférait les salons aux champs, la clarté des bougies à la lumière du soleil ; où l’on allait à la campagne pour travailler plus à l’aise à l’œuvre philosophique ou pour jouer la comédie.
Le sens de l’Extrême-Orient qu’a la jeune femme, l’intuition qu’elle possède des grandes époques historiques, sa devination de la Chine, du Japon, de l’Inde sous Alexandre, de Rome sous Adrien, le remplissent d’un ravissement qu’il me verse dans l’oreille. […] Je trouve que la poésie doit être fabriquée, à l’époque où l’on est heureux.
. — Ces pages suffisent sans doute pour justifier leurs deux volumes présents des Mémoires de Bourrienne ; on les peut consulter avec fruit pour l’époque, et sous les réserves déjà faites nous devons convenir qu’un éditeur a bien fait de les reprendre. — Les additions et pièces justificatives, par contre, se montrent aujourd’hui d’un attrait médiocre. […] De par la différence des cerveaux, un enfant de quinze ans, si l’on le choisit intelligent (car on trouve que la majorité des femmes sont ordinaires, le plus grand nombre des jeunes garçons stupides, avec quelques exceptions supérieures), jouera adéquatement son rôle, exemple le jeune Baron dans la troupe de Molière, et toute cette époque du théâtre anglais (et tout le théâtre antique) où l’on n’aurait jamais osé confier un rôle à une femme.
Il y a, au salon de peinture de cette année, à Paris, un petit tableau de Gérôme, que j’ai admiré hier et qui me semble représenter parfaitement la disposition d’esprit d’Alfred de Musset à cette époque de sa vie. […] Bref, je lisais peu de vers alors, excepté ceux d’Hugo, de Vigny, des deux Deschamps, dont l’un avait le gazouillement des oiseaux chanteurs, dont l’autre avait, par fragments, la rauque voix du Dante ; j’entendais bien de temps en temps parler de Musset par des jeunes gens de son humeur ; mais ces vers badins, les seuls vers de lui qu’on me citait à cette époque, me paraissaient des jeux d’esprit, des jets d’eau de verve peu d’accord avec le sérieux de mes sentiments et avec la maturité de mon âge.
III À l’époque où j’entrai dans la vie, Bonaparte était déjà consul. […] Une circonstance accidentelle contribua, à la même époque, à développer davantage en moi ces pressentiments de poète.
Venu à une époque où la corruption était déjà poussée au plus haut degré, et où elle ne se recouvrait que d’un voile léger en présence du monarque, il comprit bien quelle était la nature de l’incrédulité qu’il avait à combattre, et en ce sens il est curieux de voir l’ordre d’arguments qu’il juge le plus à propos de lui opposer.
C’est là qu’il recevait Boileau et Racine lorsque ceux-ci faisaient quelque voyage de ce côté à la suite du roi ; et, à l’époque de la mort de La Fontaine, Boileau rappelait à Maucroix le souvenir de ces visites dans une lettre touchante et plus sensible qu’on ne l’attendrait du sévère critique : … Le loisir que je me suis trouvé aujourd’hui à Auteuil m’a comme transporté à Reims, où je me suis imaginé que je vous entretenais dans votre jardin, et que je vous revoyais encore, comme autrefois, avec tous ces chers amis que nous avons perdus, et qui ont disparu velut somnium surgentis.
Les guerres civiles n’épouvantent point d’Aubigné ; bien qu’il y abhorre la cruauté lâche et l’assassinat, bien qu’en racontant quelques exploits dont se vantaient les massacreurs de la Saint-Barthélemy, il lui échappe de dire énergiquement : « Voici encore un acte qui ne peut être garanti qu’autant que vaut la bouche des tueurs » ; bien qu’il déteste autant que personne ces atroces conséquences des factions parricides, il aime la chose même qui s’appelle luttes et combats entre Français pour cause religieuse ; il en est fier, et non attristé ; il s’y sent dans son élément ; il a bien soin de marquer les époques des grandes guerres de ce genre, conduites avant 1570 sous le prince de Condé et l’amiral de Coligny ; il traite comme enfants et nés d’hier ceux qui ne font commencer ces grandes guerres que depuis la journée des Barricades, quand elles ont recommencé en effet.
Il me semble que le caractère de Bailly se dessine ici sous sa propre plume : hâtons-nous d’ajouter que cet homme si sensible, si touché, si peu au fait, ce semble, des mille circonstances compliquées et confuses de la société de son époque, et qui manque certainement de génie et de coup d’œil politique, ne manquera nullement de fermeté et de force de résistance dès que le devoir et la conscience lui parleront.
Louis XIV, à cette époque, et dût sa santé ensuite se rétablir, est donc entré décidément dans cette seconde et dernière moitié de la vie, et il ne serait pas juste de prétendre juger uniquement par là de ce qu’il a pu être dans la première.
Ce simple fait prouve combien est dénuée de fondement cette opinion si répandue, que la chevalerie de cette époque dédaignait les armes à feu ; et c’est avec peine que nous avons vu, dans le cours d’histoire militaire de M.
Read (1854), et où se lisent des conversations de Henri IV et du ministre protestant Chamier de Montélimar, pendant un voyage de celui-ci en Cour, on voit comment Henri IV traitait d’autre part ses anciens coreligionnaires demeurés opiniâtres et ardents ; il y employait un mélange de sévérité, d’adresse et de bons propos : on y saisit bien son procédé politique en action ; mais il n’était qu’exact et véridique, lorsqu’il disait à ce ministre Chamier, dont il aurait voulu adoucir l’âpreté : « Qu’il ne demandait rien de lui que ce qui se doit d’un honnête homme ; qu’il n’était pas, comme on disait, gouverné par les jésuites, mais qu’il gouvernait et les jésuites et les ministres (calvinistes), étant le roi des uns et des autres. » Vrai roi de tous en effet, grand et admirable en ce qu’il devançait l’esprit des temps, dominant toutes ces haines qui l’entouraient, toutes ces passions de gallicans, de parlementaires, d’ultramontains, de huguenots, et au sortir d’une époque où l’on s’égorgeait et l’on s’entre-dévorait, forçant tous ses naturels sujets à subsister, bon gré mal gré, dans une paix et une garantie mutuelles !
Cousin est l’exagération, et le propre de cette belle époque est la mesure.
Je m’explique : quoique venant à une date déjà avancée du siècle, et de manière à avoir vingt ans lorsque Racine et Boileau faisaient leur glorieux début, il n’en reçut point l’influence directe, précise et comme soudaine ; il ne rompit point avec le goût antérieur, il ne s’aperçut point qu’un goût nouveau, ou plutôt qu’une réforme neuve et en accord avec le vrai goût ancien, s’inaugurait, et qu’on entrait décidément dans une grande et florissante époque qui tranchait par bien des caractères avec la précédente.
Au moins ne pourra-t-on pas dire que j’aie survécu à la liberté de ma patrie et à la grandeur de ma maison, et l’époque de ma mort deviendra celle de la tyrannie de la maison d’Autriche.
Combes, repasser sur les différentes phases de la carrière politique de Mme des Ursins pendant ses treize années d’influence ou de domination en Espagne : il a très bien distingué les temps, démêlé les intrigues selon l’esprit de chaque moment, montré Mme des Ursins représentant dès l’abord le parti français, mais le parti français modéré qui tendait à la fusion avec l’Espagne, et combattant le parti ultra-français représenté par les d’Estrées : — ce fut sa première époque : — puis, après un court intervalle de disgrâce et un rappel en France, revenue triomphante et autorisée par Louis XIV, elle dut pourtant, malgré ses premiers ménagements pour l’esprit espagnol, s’appliquer à briser l’opposition des grands et travailler à niveler l’Espagne dans un sens tout monarchique, antiféodal ; c’était encore pratiquer la politique française, le système d’unité dans le gouvernement, et le transporter au-delà des Pyrénées : — ce fut la seconde partie de sa tâche. — Mais quand Louis XIV, effrayé et découragé par les premiers désastres de cette funeste guerre de la succession, paraît disposé à abandonner l’Espagne et à lâcher son petit-fils, Mme des Ursins, dévouée avant tout aux intérêts de Philippe V et du royaume qu’elle a épousé, devient tout Espagnole pour le salut et l’intégrité de la couronne, rompt au-dedans avec le parti français, conjure au dehors la défection de Versailles, écrit à Mme de Maintenon des lettres à feu et à sang, s’appuie en attendant sur la nation, et, s’aidant d’une noble reine, jette résolument le roi dans les bras de ses sujets.
Dans un spirituel chapitre écrit plus tard et qui a pour titre : « Ce que nous avons été et ce que nous sommes, ou l’an 1789 et 1824 », il se reporte à ses souvenirs d’alors ; il montre la ligne de démarcation précise qui sépare deux mondes, cette grande cordillière placée entre deux siècles, ainsi qu’il appelle la Révolution : « Elle sépare, dit-il, des hommes si différents d’eux-mêmes que ceux qui, comme moi, ont vécu dans les deux époques sont étonnés d’être les mêmes hommes. » Il ne se fâche pas, il ne s’insurge pas contre l’irréparable, comme de Maistre ; il ne monte pas sur la montagne pour prophétiser ; mais il la traverse en voyageur de bonne volonté par les cols et les passages qui sont devant lui, et il se plaît à en comparer ensuite les versants opposés et les pentes.
Cette affection pour la personne de Lamennais, survivant aux contradictions des systèmes et aux déchirements des croyances, s’est rencontrée chez d’autres encore ; il avait le don d’attacher ; et c’est ainsi qu’on a vu à son lit de mort les représentants des diverses époques de sa vie, étonnés de se trouver là ensemble, et réunis dans une commune douleur, dont les motifs ne laissaient pas d’être différents.
La Bruyère, ainsi mis au défi, se piqua d’honneur, et voulut que son discours comptât et fît époque dans les fastes académiques.
Je vous soumettrai mon raisonnement à cet égard : qu’il vous suffise aujourd’hui de savoir que mes nouvelles sont honnêtes, et que je crains que le calcul et l’honnêteté leur nuisent et même m’en dégoûtent. » Lui-même il nous signale l’écueil de ses chansons trop travaillées ; et à cette époque, en effet, il était à bout de voie pour les chansons de sa première manière ; car le sentiment patriotique et antibourbonien était encore loin : il possédait, il est vrai, l’instrument complet, mais du moment qu’il s’interdisait la gaillardise, le motif était rare et faisait défaut.
Le voyage de l’Escurial, à une certaine époque de l’année, est irrévocablement réglé, infaillible et invariable comme le cours des astres et des saisons, et il n’y a pas moyen de l’éluder.
Il eut le mérite cependant de suivre un des mouvements de l’époque, et d’introduire pour sa part des commencements de littérature étrangère et comparée ; il apprécia et traduisit le Paradis perdu de Milton : quant à comprendre l’œuvre de Dante, il y échoua ; le contraire eût été trop fort pour son siècle et pour son esprit.
Les Mystères qui avaient mis deux siècles à croître et à se former eurent ainsi leur promotion finale : le bas moyen âge est l’époque de leur entière célébrité et de leur triomphe.
Paul et Virginie porte certainement des traces de son époque ; mais, si Paul et Virginie n’avait pas été fait, on pourrait soutenir par toutes sortes de raisonnements spécieux et plausibles qu’il était impossible à un livre de cette qualité virginale de naître dans la corruption du xviiie siècle : Bernardin de Saint-Pierre seul l’a pu faire.
La reine, on le voit par ce début, aimait assez les Lettres ; elle allait un peu vite en appelant d’emblée Voltaire son pauvre Voltaire ; elle eut bientôt, parmi les gens d’esprit d’alors, d’autres choix et des préférences : on la verra plus tard goûter Fontenelle, le président Hénault, se plaire surtout avec ce dernier et avec Moncrif ; mais pourtant, malgré les lectures sérieuses qu’elle faisait, c’est tout au plus si l’on peut dire,-avec son nouveau biographe, « qu’elle ne s’isolait pas du mouvement intellectuel de l’époque. » Cette idée de mouvement ne cadrait en rien avec sa nature d’esprit, et si c’est un éloge, ce n’est pas elle, c’est Mme de Pompadour, à son heure, qui le méritera.
La difficulté est surtout sensible lorsqu’on est soi-même contemporain, ou de ceux qui, nés au lendemain d’une grande époque, ont reçu des générations vivantes et passionnées pour ou contre le souffle embrasé, et qui ont été baignés dès le berceau dans l’un ou l’autre des deux courants contraires.
Il était bien avec Mme de Pompadour ; il était au mieux de tout temps avec les frères Paris, ces gros bonnets financiers de l’époque et d’une intelligence qui allait au génie ; le maréchal de Noailles lui avait dans toutes les circonstances témoigné une affection tendre, et il se fit fort de le détacher de l’infante pour le convertir à l’alliance saxonne.
Croyez-vous qu’à une pareille époque, et en présence de tels problèmes, il y ait honneur et vertu à se mettre à part dans le petit troupeau des sceptiques, et à dire comme Montaigne : Que sais-je ?
Il est donc utile de caractériser les défauts qu’on peut reprocher à quelques prétentions, à quelques plaisanteries, à quelques exigences des sociétés de l’ancien régime, afin de montrer ensuite avec d’autant plus de force, quels ont été les détestables effets, littéraires et politiques, de l’audace sans mesure, de la gaieté sans grâce, et de la vulgarité avilissante qu’on a voulu introduire dans quelques époques de la révolution.
Inestimable avantage de l’époque où nous nous trouvons !
Dans son œuvre impartiale et objective, il a porté un fin sentiment de l’originalité des hommes, des nations et des époques, une sûre intuition des mouvements intimes qui transforment incessamment les réalités en apparence les mieux fixées.
C’était l’époque où Catulle Mendès, de concert avec Louis-Xavier de Ricard, venait de fonder le Parnasse contemporain qui groupait les poètes nouveaux.
De même, loin que le monde moral ait reçu un coup mortel de la destruction des vieilles chimères, la méthode la plus réaliste est celle qui nous mènera aux plus éblouissantes merveilles et, jusqu’à ce que nous ayons découvert d’ineffables splendeurs, d’enivrantes vérités, de délicieuses et consolantes croyances, nous pouvons être assurés que nous ne sommes pas dans le vrai, que nous traversons une de ces époques fatales de transition, où l’humanité cesse de croire à de chimériques beautés pour arriver à découvrir les merveilles de la réalité.
En un mot, Commynes est tellement moderne par les idées et par les vues, qu’on pourrait assigner en le lisant (ce qui est bien rare pour les auteurs d’une autre époque) la place qu’il aurait tenue à coup sûr dans notre ordre social actuel, et sous les divers régimes que nous avons traversés depuis 89.
À cette époque si rude de la saison, dans une salle de spectacle non chauffée comme celle du Conservatoire, il serait difficile de prendre une juste idée de ce que sont les réunions en temps ordinaire ; l’auditoire se trouve nécessairement très réduit.
Dans ce dessein, il fallut à cette époque intermédiaire des professeurs de grammaire et de rhétorique qui donnassent la loi et fixassent ses règles au langage nouveau.
Comme conseiller d’État, dès cette époque, l’ordre des services rendus par Portalis est double : les uns se rapportent à la rédaction du Code civil, et les autres à l’œuvre du Concordat.
Si j’osais traduire cette impression dans une langue toute littéraire et pour des littérateurs, je dirais : Zumalacárregui, c’est son André Chénier : Il est des temps, disait-il (28 juin 1835), où avec de médiocres facultés on peut devenir rapidement fameux ; nous sommes, au contraire, une de ces époques où tout conspire contre le développement des grands caractères, et où le travail des sociétés n’amène à la surface que des natures dégradées.
Ayant obtenu, après des persécutions et des difficultés, de rejoindre son mari en Gascogne (1578), elle y resta trois ans et demi, y jouissant de sa liberté et la lui laissant ; elle comptait ces journées de Nérac, entremêlées, même à travers les guerres recommençantes, de bals, de promenades et « de toutes sortes de plaisirs honnêtes », pour une époque de bonheur.
Que l’on jette les yeux sur les hommes les plus célèbres de notre époque.
Il n’y a aucune raison pour que cette vérité s’infirme en 1888, car notre époque ne paraît nullement la période d’apogée du développement intellectuel.
Les genres qui sont polymorphes en une contrée sont aussi polymorphes en toutes les autres, sauf quelques rares exceptions ; et il en a été de même. à d’autres époques géologiques, si l’on en juge d’après les coquilles de Brachiopodes fossiles.
Je veux dire qu’à chaque époque l’homme de raison, d’imagination, de sensibilité et dégoût y trouve son plaisir, à la condition qu’il ne soit pas dominé par le tour d’imagination, de sensibilité, de goût et de raisonnement qui est particulier à son temps même.
C’est précisément le contraire, répondra immédiatement l’homme de notre époque.
À cette époque, écrit-il d’un ton hiératique, tout à la fois mystique et mystérieux, beaucoup d’âmes « se révélèrent à moi, ne craignirent pas de montrer des blessures cachées, apportèrent leurs cœurs saignants.
Les drames et les romans devinrent des manuels de science ; on représenta, par des personnages, des moments de l’humanité, des époques de l’histoire, des réformes de politique, des thèses de législation pénale, « des questions d’organisation politique et sociale. » Nul poète ne daigna être simplement poète.
Un dramaturge athénien, si son œuvre était bafouée par le peuple, à quelle époque de la civilisation grecque eut-il l’audace d’en appeler à la postérité ? […] Aux deux époques, qui sont pareillement des époques de plénitude, la littérature fut pareillement abondante. […] Tous les hommes raffinés d’une époque s’entendent sur l’idée de beauté. […] Mais chacun de ces mots peut être modifié par l’époque, par le pays où on le prononce, par le milieu et le moment ; et l’on obtient une série de relativités qui s’avance vers l’infini. […] Voici ce que disait, il y a plus de deux cent cinquante ans, à l’époque où l’on commençait à discuter le Discours de la Méthode, un obscur jésuite, le P.
Plus nous lirons l’histoire des âges passés, plus nous observerons les signes de notre époque, plus nous sentirons nos cœurs se remplir et se soulever d’espérance à la pensée des futures destinées du genre humain1379. […] Là, on voyait assis l’un à côté de l’autre, le plus grand peintre et le plus grand érudit de l’époque. […] Ainsi préparé, il a abordé l’histoire d’Angleterre ; il y a choisi l’époque qui convenait le mieux à ses opinions politiques, à son style, à sa passion, à sa science, au goût de sa nation, à la sympathie de l’Europe.
Malesherbes a gouverné la librairie pendant près de treize ans, de 1730 à 1763, et son gouvernement a fait époque dans l’histoire du siècle. […] L’importance vraiment politique du privilège ne date que de l’époque des grandes controverses religieuses. […] Je ne saurais dire précisément de quelle époque datent les premières relations de Malesherbes et de Voltaire. […] Lucien Perey et Gaston Maugras nous ont ici tracé, dans leur introduction, un joli crayon de la société napolitaine à l’époque où y retomba Galiani. […] Et c’est peut-être depuis cette époque que se jeter la pierre est devenu un acte humain. » On ne fait pas plus pédantesquement l’agréable.
Ici il sera à la fois de temps et de lieu, et la formule générale se dira ainsi : Les beautés littéraires varient avec les royaumes et avec les époques. […] Jamais, en somme, l’originalité du style ne fut plus nette qu’à cette époque merveilleuse où des maîtres naïfs se traitaient humblement en pauvres écoliers. […] Il lui faut cinq épithètes, là où un écrivain de bonne époque n’en mettrait qu’une, et peut-être aucune. […] A l’époque du Télémaque, et bien qu’il eût quarante-quatre ans20, il se formait encore. […] Tels les dessins trouvés dans une grotte de l’époque magdaléenne.
Tout ce théâtre est très vivant, très vrai, très actuel et en même temps contenant une assez forte part de vérité générale et durable pour survivre longtemps à l’époque qui l’a inspiré. […] C’est de ce romantisme inapaisé, dans Dumas fils, qu’est né ce singulier mysticisme qui a tant étonné chez lui à une certaine époque. […] C’est donc un paysan qui a vu l’époque héroïque, qui a fait partie de l’épopée elle-même ; et qu’il soit grandiose et éloquent, cela n’a rien absolument que de parfaitement naturel. […] Et cela est conduit, j’entends jusqu’à la fin du II, avec une maîtrise extraordinaire, une rapidité dans la clarté qui nous ramène aux meilleures époques de notre théâtre. […] , puis les époques grises et ternes où « Marianne cessait de soigner ses dessous » ; puis enfin l’époque actuelle ; tout cela est infiniment curieux, juste et suggestif.
La gloire de Buffon est ailleurs, dans ces constructions hardies dont la magnificence de son style a quelquefois égalé la grandeur, mais dont la nature même, hypothétique et vague, le rendait, lui, l’auteur de la Théorie de la Terre et des Époques de la Nature, particulièrement inhabile à faire la théorie de ce style propre, exact et libre, qui est le style du xviie siècle. […] Jusque dans les romans de femmes, et peut-être à aucune époque ne s’en publia-t-il plus qu’alors, — dans les romans de Mme de Villedieu, de Mlle de La Force, de Mme d’Aulnoy, de Mlle Bernard, de Mme de Gomez, de Mlle Durand, — la peinture de l’amour, ardente quelquefois et quelquefois licencieuse, n’a cependant rien que de toujours général et de toujours impersonnel. […] La plupart des reproches que l’on peut faire au roman de Marivaux s’expliqueraient ainsi l’un après l’autre, et en s’expliquant s’atténueraient, étant de l’époque encore plus que de l’homme. […] Lorsque Marivaux avait usé sa culotte de velours, il attendait, pour la remplacer, l’époque des étrennes et les deux aunes d’étoffe que Mme de Tencin, cette protectrice des lettres, distribuait à ses « bêtes », ainsi qu’elle leur faisait l’honneur de les nommer. […] Les mêmes « époques » qui marquent pour l’un dans l’histoire un progrès de l’humanité sont pour l’autre autant d’« époques » d’aggravation de l’injustice et de l’inégalité.
Mais ces exemples, trop tôt interrompus, n’avaient pas eu force de loi, et il fallut en effet le règne de Bourdaloue, durant plus de trente ans, pour inaugurer et établir dans le sermon la véritable et juste éloquence, digne en tout de l’époque de Louis XIV.
À cette époque d’ailleurs, être de bonne compagnie, c’était se montrer avant tout d’une gaieté franche, spirituelle et amusante (d’où est resté le mot de bon compagnon).
» Il me semble qu’on ne peut demander à la critique d’une époque rien de plus net et de plus formel que ces jugements : elle ne saurait aller plus loin sans faire elle-même office et acte de poésie.
En 93 même, s’il y avait assisté, il aurait dit : « Les y voilà, je les reconnais, mes Welches ; c’est bien cela. » Nul n’a aussi vivement et aussi fréquemment exprimé le contraste qui se fait remarquer dans le caractère des Français et des Parisiens aux diverses époques de notre histoire.
Sur le Régent toutefois, sur son immoralité en tant que gouvernant, et sur quelques points de fait, Mirabeau, qui sait mieux son monde et la corruption présente que ne la pouvait deviner le solitaire bienveillant, le réfute et le bat sans peine : « Il (le Régent) a introduit ce monstrueux oubli des bienséances qui sera, je crois, l’époque de la décadence de cet État ; car l’on ne revient jamais aux mœurs, quand une fois on les a perdues.
Et c’est ainsi que comme un fleuve qu’on saigne tant qu’on peut à droite et à gauche, jusqu’à ce qu’à la fin on parvienne à lui faire changer de cours, le pauvre Casaubon, qui, de loin, nous apparaît comme la personnification de l’étude heureuse de l’Antiquité dans une époque faite exprès pour lui et toute favorable, suivait péniblement sa voie à travers les obstacles et luttait pour maintenir sa vocation.
Les derniers jours que passa Guérin à La Chênaie eurent de la douceur, mais une douceur souvent troublée ; il sentait en effet que cette vie de retraite allait cesser et que l’époque des vacances amènerait pour lui la nécessité d’un parti à prendre.
Le goût attique avait été, lui aussi, vaincu à Chéronée : la critique instituée par Aristote n’était pas suffisamment armée contre les influences de l’Asie, et elle allait se trouver au dépourvu devant ce débordement du merveilleux dans l’époque alexandrine.
Il estimait que ce sont les mœurs de chaque époque qui engendrent et suscitent les seuls écrits vivants, que le reste n’est que production de serre chaude et affaire d’Académie.
» Malheureuse Marie, belle, spirituelle, aimée, qui a eu trop d’esprit seulement, qui a trop craint la vulgarité, qui n’a pas compris que l’imagination ne consiste pas à rêver l’impossible, et que son plus sublime effort est de trouver « la poésie de la réalité » ; âme malade des préjugés de l’éducation et du faux idéal qui flottait dans l’air à cette époque ; une de ces femmes qui, avec toutes leurs délicatesses, ont des sécheresses soudaines qui froissent les cœurs délicats, et à laquelle enfin, pour tout reproche, Michel, en se séparant, a pu dire : « Marie, vous manquez de simplicité !
Les légendes se ressentent aussi des deux âges : plus faciles, plus fraîches et plus gaies dans le premier temps, elles sont plus creusées, plus cherchées quelquefois dans la seconde époque ; elles se répètent ; elles s’attristent.
Ce moment mérite, en effet, un examen tout particulier et se présente avec un caractère distinct qui ne se retrouve à nulle autre époque de notre littérature.
« Moins qu’à tout autre, je le sais, il m’appartient, en cette douloureuse circonstance, de prononcer ici les noms de la Religion et de la Raison ; aussi leur langage élevé n’est-il pas celui que je viens faire entendre, mais l’humble langage qui me convient… » Et il donnait quelques conseils pratiques, des conseils qui s’adressaient particulièrement aux témoins, seuls juges du cas d’inévitable extrémité auquel il fallait réduire de plus en plus cette odieuse pratique, débris persistant d’une autre époque.
Elle a cela de remarquable qu’elle fut écrite par lui pendant sa captivité d’Alger et que, dans son expression poignante, elle porte en quelque sorte la marque des fers : elle est de son époque héroïque et douloureuse12.
Pope était bien le poète de son moment, d’une heure brillante et tempérée, d’une époque mémorable où la société anglaise, sans s’abjurer elle-même, comme sous Charles II, entra en commerce réglé avec le continent et se prêta, pour les formes et pour les idées, à un utile et noble échange.
Pour prêcher l’Évangile éternel, elle emploie les procédés de son temps ; elle est de son époque.
Pour moi, il me paraît impossible, au point où en est la question, de couler, comme le fait le présent éditeur, sur tout le passé du duc de Noailles antérieurement à l’époque de sa Correspondance avec Louis XV, et de trancher en deux mots son différend avec Saint-Simon, en disant : « Le duc de Noailles fit repousser au début de la Régence la banqueroute proposée par le duc de Saint-Simon ; grief énorme que Saint-Simon ne lui a jamais pardonné.
Il a parfaitement distingué chez Saint-Simon ce qu’il y faut distinguer, la différence des moments et des époques : lorsque Saint-Simon parle des événements et des hommes d’avant sa naissance, d’avant son entrée dans le monde, il est nécessairement moins bien informé ; il est sujet aux traditions et préventions qui lui ont été transmises : il a pu et dû se tromper plus fréquemment.
Excepté l’histoire des derniers temps, je ne lui ai présenté que les faits importants, surtout ceux qui font époque dans l’histoire de nos mœurs et de notre Gouvernement.
Il y a plus de force qu’il ne semble dans cette tenue constante de caractère, de méthode et d’école, au milieu d’une époque si diversement agitée.
Dans la baronnie de Choiseul, près de Chaumont en Champagne, « les habitants sont tenus de labourer ses terres, de les semer, de les moissonner pour son compte, d’en amener le produit dans ses granges ; chaque pièce de terre, chaque maison, chaque tête de bétail lui paye une redevance ; les enfants ne succèdent aux parents qu’à condition de demeurer avec eux ; s’ils sont absents à l’époque du décès, c’est lui qui hérite ».
VIII Pour l’époque du monde où nous vivons, Tacite est évidemment l’Homère, le Platon et le Cicéron de l’histoire.
Le recueil, complété par deux publications postérieures, forme comme une revue de l’histoire de l’humanité, saisie en ses principales (ou soi-disant telles) époques ; c’est une suite de larges tableaux ou de drames pathétiques, où s’expriment les croyances morales du poète.
Tout le monde s’ennuyait à fond et presque franchement La franchise et le besoin de vérité, qui sont l’honneur et font l’ennui de notre époque, condamnent à une mort prochaine les débris à peine vivants de la société.
On conçoit à la rigueur qu’à une époque où tout était chose d’Etat, où s’achevait l’unité de la France, où toute son histoire aboutissait enfin à la monarchie absolue, où partout, dans les mœurs, dans les manières, dans la religion, dans les lettres, triomphait le même esprit de discipline et d’autorité, un cardinal ait eu l’idée de préposer une compagnie de lettrés à la fixation et à la conservation de la langue.
À cette époque, on ne peut pas parler de mensonge de groupe. — Mais dans nos sociétés très évoluées, il n’en est plus ainsi.
Clarendon se trompa sur son époque ; il méconnut le sens des grands événements auxquels il avait assisté… Ainsi, vous paraissez croire que la Providence s’y prend avec plus de façons quand il s’agit de ces hommes éminents qu’on appelle Mazarin ou Walpole, que quand il s’agit des simples honnêtes gens privés !
dans cet épisode de Charlotte, il a osé dire, voulant faire honneur à cet amour de la jeune Anglaise : « Depuis cette époque, je n’ai rencontré qu’un attachement assez élevé pour m’inspirer la même confiance. » Cet attachement unique, pour lequel il fait exception, est celui de Mme Récamier.
L’amour, l’amitié que Voltaire eut pour elle était fondée sur l’admiration même, sur une admiration qui ne s’est démentie à aucune époque ; et un homme comme Voltaire n’était jamais assez amoureux pour que l’esprit chez lui pût être longtemps la dupe du cœur.
C’eût été un trop grand contraste et une trop grande infraction aux lois d’une époque, qu’un écrivain de cette pureté, de cette hauteur et de cette simplicité, persistant sous des cieux si différents et dans un climat de plus en plus contraire.
Le temps n’était plus des soupers brillants de Potsdam, dont Voltaire avait vu et avait fait les derniers beaux jours : les convives familiers d’alors, les amis de jeunesse du roi étaient morts à cette seconde époque ou avaient vieilli.
Pour se rendre compte de cet effet, et même en le réduisant à sa valeur, il convient de se rappeler que le Parlement, à cette date comme toujours, était un peu en retard sur le reste du siècle : aussi, en y apparaissant avec sa bonne mine, sa gravité tempérée d’affabilité et décorée de politesse, sa diction facile, nombreuse et légèrement fleurie, son élégance un peu concertée, l’élève adouci et orné de Despréaux fit une sorte de révolution relative ; il eut le mérite d’introduire et de naturaliser au parquet ce qui régnait déjà partout ailleurs ; et lui, le moins novateur des jeunes gens, il entra si à propos dans la carrière, que son premier pas fit époque.
Rulhière, chargé en 1768 d’écrire l’histoire de l’anarchie de Pologne, anarchie qui commençait à éclater à cette époque, mais dont les suites se prolongèrent jusqu’au dernier démembrement de la Pologne, consommé en 1797, avait affaire à un sujet qui n’était pas défini, qui était, si l’on peut dire, en cours d’exécution, et qu’il ne pouvait par conséquent embrasser dans son ensemble.
Deux époques distinctes sont à marquer dans ses treize années d’influence en Espagne.
Et cependant, en quittant ces deux personnages de haute représentation, Mme des Ursins et Mme de Maintenon, ces deux sujets habiles et du premier ordre, me sera-t-il permis de rappeler au fond, en arrière et au-dessous d’elles, d’une époque un peu plus ancienne, une simple spectatrice de cette belle comédie de la Cour, une personne qui n’a eu en rien le génie de l’intrigue et de l’action, mais d’un bon sens égal, doux et fin, d’un jugement calme et sûr, la sage, la sincère et l’honnête femme véritablement en ce lieu-là, Mme de Motteville ?
Il n’avait, avant l’époque annoncée de la visite du roi, que cinq semaines pour s’y préparer ; dans ce court intervalle il métamorphosa Petit-Bourg, qui n’était, dit-il modestement, qu’une chaumière, et il en fit un lieu où le roi avec sa Cour se trouva en arrivant comme chez lui (13 septembre 1707).
En lisant ces recommandations morales de saint François de Sales, une comparaison m’est venue involontairement dans l’esprit : je me suis rappelé cet autre exercice et ce cours de vertus que s’était proposé Franklin à une époque de sa jeunesse.
Près d’un siècle avant, le Voyage de Charlemagne avait amusé Paris et l’Ile-de-France ; c’est un poème, presque parodique, d’une belle langue et d’une versification sûre : douze syllabes et la césure médiale : Trancherai les halbers | et les helmes gemez Aux mêmes époques, un vers latin était fort usité par les poètes de cloître ou de grand chemin : Plena meridie | lux solis radiat.
La cosmographie s’est assez notablement amendée depuis l’époque où ce même Anaxagore affirmait à Périclès que le soleil est presque aussi grand que le Péloponèse.
Il n’y a aucune raison pour que cette vérité s’infirme en 1888, car notre époque ne paraît nullement la période d’apogée du développement intellectuel. — Ceci dit pour établir la légitimité d’un effort vers une nouvelle forme de poésie.
Je ne peux vous livrer que des impressions, ce qui n’est peut-être pas suffisant, étant donnée l’époque documentaire où nous vivons.
Mais dans les circonstances et dans l’époque où sont jetés les personnages de Murger, cette médiocrité tranquille et rangée, qu’ils envient peut-être, ils ne peuvent guère y atteindre.
, dans une époque où tout le monde a les mêmes goûts et les mêmes idées que tout le monde.
» J’ai voulu citer presque entièrement ce beau morceau qui donne la note juste du grand talent de Cladel, dont les romans pleins de passion et d’éloquence ont fait un des maîtres écrivains de notre époque. […] Un désir indéniable à l’époque est de séparer, comme en vue d’attributions différentes, le double état de la parole, brut ou immédiat ici, là essentiel. […] Quel charmant tableau en quelques vers ; tout y est, et l’amateur de bibelots « de l’époque » le plus exigeant n’aurait rien à désirer. […] Ropartz, à qui je trouve un air de famille avec les romantiques d’autrefois, de la bonne époque, de par ses Chevauchées, etc. Qu’on ne croie pas que ce mot romantique soit une critique ; j’aime pour ma part le retour de la jeunesse actuelle, à cette belle époque, et je ne crois pas aux choses qui vieillissent en art ; rien n’y vaut que la sincérité, et je citerai pour preuve, par exemple, le mot lyre, bien fait pour être traduit en zinc pour motif de pendule, mais qui restera plus jeune que toutes les nouveautés décadentes quand Musset s’en servira.
Il y a dans ces mots un je ne sais quoi d’adouci, d’atténué, de décoloré qui évoque à la fois la mélancolie des époques mortes et le tiède silence des musées. […] Ce fut une époque cruelle de sa vie, sur laquelle nous n’avons pas à jeter les yeux. […] Il n’était pas facile de grouper dans un ordre logique des poèmes conçus et écrits à des époques diverses, et répondant parfois à des ordres d’idées et de sentiments contradictoires, MM. […] Il nous dira où se passe l’action, à quelle époque, chez quel peuple, et si nous avons affaire à des hommes barbares ou à des civilisés. […] Alors, dans une forêt de sabres, au grand galop de mon « enfonceur », au fur et à mesure que nous sautons les époques, j’annonce aux vieux les belles batailles : Hohenlinden !
Jules de Gaultier (dans son livre « De Kant à Nietzsche », Paris, 1900) : « Aux époques de civilisation avancée, alors que la religion particulière à une société voit diminuer son pouvoir d’illusionner, alors que la coutume se voit contester son empire, alors que le goût étranger menace d’altérer par l’invasion de son art et de sa littérature la sensibilité particulière du groupe, l’intervention de ces esprits libres est seule capable de retirer des fictions anciennes prêtes à sombrer tout ce qu’elles contenaient d’utile et d’essentiel. […] Entre les époques où on se compte, on se bat par la parole, par la plume, par la propagande, par la pression, par l’intimidation, par la corruption, chaque parti faisant tous ses efforts pour diminuer les forces du parti contraire. […] Il y a eu, certes, à toutes les époques de notre littérature, une certaine tradition d’ordre et de raison qui n’a jamais été prescrite et qui a toujours trouvé de dignes représentants. […] Cette enfant est élevée — cela se passe à une époque assez indéterminée mais remonte à plus d’un siècle — dans un château de Touraine où les sens exercent de profonds désordres. […] Je ne le souhaite nullement, mais je crois prévoir que « Une Époque » sera pour nos arrière-neveux ce que « les Incas » sont pour nous.
Enfin don Quichotte, ce héros si riche de son propre fonds, et si follement révolté contre l’ordre social de son époque, nous montre dans sa curieuse personne la synthèse de l’un et de l’autre. […] Et quand ses personnages ne sont pas des princes, quand ils appartiennent à des époques historiques, Shakespeare les place alors dans ces temps de guerre civile où, les liens de l’ordre social étant brisés et les lois sans force, la grandeur individuelle avait un libre jeu233.
Nos armées ne sont plus des hordes comme aux époques de débordement des barbares ; nos armées sont des armées, c’est-à-dire des corps de nations organisés pour combattre. […] Thiers, et quand nous l’avons combattu autrefois, comme orateur ou comme chef de parti, dans les luttes parlementaires où la mêlée des événements nous avait jetés face à face à la même époque, c’est qu’il oubliait dans l’opposition ce respect de l’unité et de la force du gouvernement qu’il est permis de conquérir, mais qu’il ne faut jamais saper dans son pays.
Aristote n’avait rien de pareil à sa disposition ; et cette vaste expérience lui a été refusée, à la fois par l’époque où il a paru, et par le peuple auquel il s’adressait. […] À cette époque même, livré tout entier à l’enseignement d’une nombreuse école, il ne paraît pas qu’il ait pu donner à cette publication tous les soins nécessaires.
On fait l’expérience ; on la recommence à diverses époques de l’année et par conséquent pour des vitesses variables de notre planète. […] Donc, faisant tourner son appareil de 90 degrés, à aucune époque de l’année il n’observe aucun déplacement des franges d’interférence.
Un des orateurs qui ont célébré Madame à l’époque de sa mort, son aumônier (l’abbé de Saint-Géry de Magnas), a dit à ce sujet : Demandée en mariage pour Monsieur par Louis XIV, la condition principale fut qu’elle embrasserait la religion catholique.
Daru en 1814, il commença sa vie d’homme d’esprit et de cosmopolite, ou plutôt d’homme du Midi qui revient à Paris de temps en temps : « À la chute de Napoléon, dit Beyle en tête de sa Vie de Rossini, l’écrivain des pages suivantes, qui trouvait de la duperie à passer sa jeunesse dans les haines politiques, se mit à courir le monde. » Malgré le soin qu’il prit quelquefois pour le dissimuler, ses quatorze ans de vie sous le Consulat et sous l’Empire avaient donné à Beyle une empreinte ; il resta marqué au coin de cette grande époque, et c’est en quoi il se distingue de la génération des novateurs avec lesquels il allait se mêler en les devançant pour la plupart.
Si l’on y regarde bien, il en est plus ou moins toujours ainsi : à chaque époque, quelles que soient les réputations régnantes et les vogues qui paraissent tout envahir, il y a toujours dans la diversité des esprits un nombre suffisant de contradicteurs, de critiques qui voient juste ; seulement, ils n’écrivent pas, on ne les imprime pas, ou quand ils écrivent, ils écrivent souvent mal, hors de portée et hors de saison, ils mêlent à leurs vérités des choses inutiles, ils sont à contretemps, comme l’est ici ce sieur de Girac qui s’en va dire la vérité sur Voiture, mais en latin, ou, quand il écrira ensuite en français, qui la dira dans un style chargé de latinismes et à la mode du xvie siècle.
Il pouvait avoir à peu près cinquante-cinq ans à cette époque ; il était petit, mince, et sa taille, quoiqu’il se tînt fort droit, n’avait aucune noblesse.
Quoi qu’il en soit, Voltaire, même au début, avant le rire bouffon et le rire décharné, Voltaire dans sa fleur de gaieté et de malice était bien, par tempérament, comme par principes, le poète et l’artiste d’une époque dont le but et l’inspiration avouée était le plaisir, avant tout le plaisir.
. — Il y avait encore la marquise de Boufflers, la digne mère du léger et spirituel chevalier, l’amie du bon roi Stanislas et qui faisait les beaux jours de la petite Cour de Luné-ville à l’époque où Mme du Châtelet et Voltaire y étaient invités.
Il ne saurait donc être exact de dire avec l’historien d’Auteuil, Feuardent, que Mme de Boufflers mourut pendant la Terreur dans la terre de DesAlleurs appartenant à sa bru, près de Rouen : elle survécut à l’époque sanglante ; mais de combien de temps ?
La Description d’une petite métairie excéderait ici les bornes permises ; mais ce que je tenais à faire remarquer, c’est que, dans ce livre, où il y a trace à peine de formes exotiques, Sismondi a eu à son service une langue technique, appropriée, colorée même (relativement à l’époque), une langue voisine des choses qu’il voyait sans cesse et au sein desquelles il habitait.
Puis on n’en rencontrait plus que l’année suivante, à la même époque, au même lieu, à ce point qu’il semblait que c’était le même émigrant qui revenait. » Tout ceci est du chasseur autant que du naturaliste ; ce qui suit est particulièrement du peintre : « Des tourterelles de bois arrivaient en mai, en même temps que les coucous.
Il a bouleversé la topographie de la pièce espagnole et s’est rappelé qu’il était un riverain de la Seine, se reportant en idée à l’époque des invasions des pirates normands.
Le roi connaîtra dans la suite de quel poids lui seront les conquêtes qu’il a faites… » Cette guerre de guérillas, on l’a trop su à toutes les époques, dans un pays qui la favorise et avec le ferment de la religion et du patriotisme, est indestructible et quasi-immortelle.
On n’a pas plus exactement le journal de la santé de Louis XIV qu’on n’a présentement le journal des espérances ou des déceptions de Marie-Antoinette pour cette grossesse toujours reculée : on en suit tous les moments, on sait les époques.
Il était écrit que tout se ferait à contresens. » Malouet lui-même convient, d’ailleurs, qu’il eut aussi, à cette époque, ses erreurs de vue et ses préventions92.
Les correspondances de cette époque font défaut : ce n’est que vers le déclin de la vie et quand est venu l’âge du souvenir, que l’on songe à conserver les lettres.
Avec un peu d’attention et de patience, tout lecteur impartial va avoir la clef de cette destinée, qu’on peut dire unique et singulière entre toutes celles de la grande époque.
On était alors par toute l’Europe dans une effervescence sociale et morale qui n’a d’analogue qu’en certaines époques romaines : « Les femme s de haut lieu et de grand nom, disait Sénèque, comptent leurs années non par les consulats, mais par les mariages ; elles divorcent pour se marier, elles se marient pour divorcer88. » Benjamin, dans ses lettres à madame de Charrière, dans celles de la fin, sur lesquelles nous n’avons fait que courir, parle fréquemment de cette femme et de plusieurs autres encore ; suivant son incurable usage, il ne pouvait s’empêcher de persifler, de plaisanter de l’une ou des unes avec l’autre.
A chaque époque, il y a ainsi le déclamatoire à côté de l’original, et qui, même pour les contemporains éclairés, s’y confond assez aisément.
Vers la même époque, il y en avait 300 au dépôt de Besançon, 500 au dépôt de Rennes, 650 au dépôt de Saint-Denis.
Toute cette époque où Chateaubriand est mêlé aux plaisirs, aux fêtes, aux intrigues de la famille Bonaparte, aurait besoin d’être publiée.
Ce livre, bien supérieur à l’Émile, de Jean-Jacques Rousseau, n’est point l’utopie, mais la pratique raisonnée d’une éducation domestique pour l’époque où Fénelon écrivait.
Gaston Paris, on arrive à se composer, sous prétexte de « vieil françoys », un jargon aimable, mais hétéroclite, où se mêlent la syntaxe et le vocabulaire de trois ou quatre époques différentes.
La première différenciation est celle qui s’opère entre le gouvernant et les gouvernés ; elle grandit, l’autorité devient héréditaire, le roi prend un caractère presque divin ; car la religion et le gouvernement sont à cette époque intimement associés ; et pendant des siècles les lois religieuses et les lois civiles se séparent à peine.
La guerre de dix ans que les Titans soutiennent sur le champ de bataille de la Thessalie, entre l’Olympe et l’Othryx, contre Zeus tonnant dans le ciel, n’est au fond qu’une époque géologique en action.
À force d’esprit, de bon sens, de sentiment des bienséances et de modestie, Mlle Le Couvreur sut se faire accorder ce qu’à cette époque nulle autre de son état n’était en mesure ni en droit de réclamer.
Elle craignait les mouvements trop brusques et les changements trop prompts : « Il ne faut pas, disait-elle, abattre la vieille maison avant de s’en être bâti une nouvelle. » Elle tempérait tant qu’elle pouvait l’époque, déjà ardente, et tâchait de la discipliner.
Il appartient décidément, dès cette époque (1686), à la famille des esprits fermes, positifs et sérieux, quel que soit son costume.
Puisqu’on en peut causer comme d’une chose morte, et que le poison a péri avec le parfum, parlons-en donc sans complicité, sans pruderie, et comme d’un des témoignages les plus curieux des mœurs d’une époque qui a commencé par être frivole et qui a fini par être sanglante.
Ce n’était pas facile à cette époque des grandes guerres.
Unis en 1802, compagnons d’armes dans le même combat, dans la même cause de la renaissance littéraire et religieuse, Chateaubriand salua du premier jour la Législation primitive dans deux articles de haute critique insérés au Mercure ; et on a vu comment Bonald, à cette époque, comparait la vérité glorifiée par Chateaubriand à une reine.
Le goût du théâtre était très vif à cette époque ; on était las des Grecs et des Romains, et, depuis plusieurs années, aucune nouveauté n’avait réussi.
Mme de Motteville est bien une contemporaine de Corneille, et un peu des romans de cette époque ; elle en a quelque chose dans son langage.
Louis XIV le remit au pas ; l’excellent esprit de Gourville qui, de tout temps, serait allé de pair avec les plus fins, devint digne d’une époque où les honnêtes gens avaient le dessus ; il y tient son coin original et distingué.
J’ai quelquefois pensé qu’à cette époque où Courier se servait de ces instruments et de ces prétextes rustiques pour en faire des malices exquises aux gens d’en haut, il y avait en France un autre vrai laboureur et vieux soldat, que je ne donne pas comme un modèle d’atticisme, et qui aurait peu, je crois, goûté Longus, mais qui voulait sans rire l’amélioration du labour et de la terre, et le bien-être du laboureur en lui-même.
Les événements où la prudence humaine n’eut que la plus petite part sont des époques plutôt que des conséquences.
Richelieu, dans ses Mémoires, a peint admirablement la misère de cette époque antérieure à sa venue, et ce qu’il appelle la lâcheté et la corruption des cœurs : Ce temps était si misérable, que ceux-là étaient les plus habiles parmi les grands qui étaient les plus industrieux à faire des brouilleries ; et les brouilleries étaient telles, et y avait si peu de sûreté en rétablissement des choses, que les ministres étaient plus occupés aux moyens nécessaires pour leur conservation qu’à ceux qui étaient nécessaires pour l’État.
À cette époque où nous le voyons et où il est aux dernières années de sa jeunesse, sa froideur apparente cachait mal un reste d’ardeur intérieure, et sa fermeté n’ôtait rien à la délicatesse de ses sentiments.
Mais, à l’époque de son premier ministère, l’opinion publique en France, dans la haute société, semblait une reine sans tache, et à laquelle un homme d’État, qui voulait le bien, n’avait, pour marcher droit, qu’à se confier sans réserve.
VI Conclusion : naturalisme et idéalisme Quelle est, en résumé, la conclusion du grand débat qui se poursuit à notre époque sur la genèse des idées ?
Les mots de « suggestion » et de « symbole » sont bien évidemment à rattacher au contexte de toute une époque qui médite, en contrepoint du positivisme, sur les formes du langage indirect.
Expulsion qui paraît un peu sévère à une époque où la bergerie gagnait jusqu’à Fontenelle et où Saint-Lambert inventait l’idylle à l’usage de la noblesse.
À une époque où les philosophes étouffent la double personnalité de Dieu et de l’homme dans le je ne sais quoi bête de la substance, avoir essayé de montrer que la notion même du paradis, pour n’être pas incompréhensible, était obligée de se construire de la personnalité de Dieu et de l’homme en présence, sans diminution, ni retranchement de la créature par son créateur, est un mérite certain, mais relatifs tandis que faire une étude animée, haletante, d’une prodigieuse éloquence et pénétration sur l’âme humaine, est dans tous les temps, un mérite absolu.
L’Aigle du génie poétique l’enleva heureusement à la polémique pour laquelle, par ses facultés aiguës et vibrantes, il était fait, cet Apollon Sagittaire, qui aurait pu lancer ses flèches, toutes-puissantes et mortelles, à toutes les adorations bêtes de la libre pensée et de son époque, depuis Goethe, qu’il renia, jusqu’à Kant, qu’il traita de Robespierre, et Hegel dont il se moqua ; mais il aima mieux les retourner contre son cœur, ces flèches étincelantes, et jamais elles ne furent plus meurtrières !
Je répondrai qu’outre que ces époques sont essentiellement civilisées, et que la croyance s’était déjà bien retirée, ce comique n’est pas tout à fait le nôtre.
L’expérience, répétée à des époques différentes de l’année, pour des vitesses différentes de la Terre par rapport à l’éther, a toujours donné le même résultat 3.
Singulière fatalité de cette époque qui naissait chargée de tant de souvenirs !
Carnot ; M. le président Peloux, « petit avoué normand, qui à la suite d’une fâcheuse affaire de terrains, avait dû vendre son étude, et avait été nommé juge à l’époque où la République épura la magistrature » ; le vieux président honoraire M. […] Je l’ai vu quatre fois, et je n’ai que deux fois causé avec lui. » C’était, à vrai dire, dans des circonstances bien importantes, à l’époque de la chute du prince de Bismarck. […] Surprendre le lecteur par un si brusque changement de ton, et même de sentiment, et même d’idée, que le lecteur ne sait plus à quoi s’en tenir et s’il a devant lui un homme sérieux ou un baladin, cela tient encore à cette manie de l’époque qui consistait « à vouloir étonner le bourgeois ». […] À une époque très reculée de l’histoire de l’Inde, l’âme doit s’être approchée de la surface de la vie jusqu’à un point qu’elle n’atteignit jamais plus, et les restes et souvenirs de sa présence presque immédiate y produisent encore aujourd’hui d’étranges phénomènes… » C’est bien cela ; M. […] À cette époque, de Vintimille à Gênes, on voyageait encore en diligence.
Aussi a-t-on souvent remarqué que le beau idéal d’une époque n’est pas celui d’une autre. […] À l’époque de la scolastique, le syllogisme est l’instrument presque unique des philosophes. […] Mais après avoir marqué les dissemblances de deux époques, l’histoire doit nous expliquer comment l’une sort de l’autre. […] Il doit avoir été construit à l’époque à laquelle il se rapporte. […] Cette objection montre seulement que la matière de la loi morale varie avec les époques et les pays, mais non cette loi elle-même.
À diverses époques, des hommes éminents ont traité les questions de méthode dans les sciences ; et de nos jours, M. […] Ces idées, qui ont eu cours à d’autres époques, s’évanouissent sans doute aujourd’hui de plus en plus ; mais cependant il importe d’en extirper les derniers germes, parce que ce qu’il reste encore, dans certains esprits, de ces idées dites vitalistes constitue un véritable obstacle aux progrès de la médecine expérimentale. […] À toutes les époques on a senti cette vérité, et dès les temps les plus anciens, on a pratiqué, dans la médecine, non seulement des expériences thérapeutiques, mais même des vivisections. […] Je me trouvais alors dans un cas mixte, car, à cette époque, je savais déjà que l’empoisonnement par l’oxyde de carbone rend le sang rutilant dans tout le système circulatoire. […] En effet, la théorie régnante à cette époque et qui devait être naturellement mon point de départ, admettait que le sucre qui existe chez les animaux provient exclusivement des aliments et que ce sucre se détruit dans l’organisme animal par des phénomènes de combustion, c’est-à-dire de respiration.
C’est l’époque où il met au jour ces innombrables séries de merveilleux sourimonos. […] « Je vous envoie trois feuilles et demie des Poésies de l’époque des Thang. […] Vers cette époque Hokousaï publie encore une série de huit feuilles représentant huit vues du lac Biwa, dans une teinte de grisaille violacée où bien certainement existe une influence européenne. […] Vers la même époque Hokousaï recevait la visite d’un fournisseur du Shôgoun qui venait lui demander un dessin. […] En 1845, après des années d’interruption dans l’illustration des livres, Hokousaï publie l’illustration de Kan-So-Goundan, La Guerre des deux royaumes de Kan et de So , roman historique en trente volumes formant trois séries, dont la première et la deuxième ont paru en 1815, et la troisième à une époque inconnue.
Vers la même époque, il est très répandu à Paris, dans le monde aristocratique ; des femmes s’intéressent à lui ; des copies de ses vers circulent ; on commence à s’apercevoir qu’il est quelqu’un. […] Deschanel et Reyssié ; mais notre fastueux Sarrasin voulait reculer le plus possible dans le passé l’époque où il n’était pas encore original, et nous communiquer en même temps cette impression que les Méditations s’élevèrent tout à coup comme un chant céleste, absolument spontané, involontaire, inattendu, et sans lien apparent, même dans le développement intellectuel de l’auteur, avec aucune autre poésie, quelle qu’elle fût. […] Aujourd’hui encore, « le monde » ou ce qui en reste peut beaucoup pour le succès d’un écrivain : jugez de ce qu’il pouvait à cette époque. […] … J’ai cité tout à l’heure un peu pêle-mêle, pour les rapprocher des cantiques de notre poète, des prières hindoues d’époques et même d’inspirations un peu diverses.
On remarqua, en effet, des variations dans les matières salines de la salive à mesure qu’on examinait cette sécrétion, en s’éloignant de l’époque où avait été pratiquée la fistule. […] Leuret et Lassaigne tendaient aussi à cette même conclusion, quoique Tiedemann et Gmelin, dans leur travail publié à la même époque, commençassent déjà à indiquer des différences dans les propriétés du suc pancréatique comparées à celles de la salive. […] Depuis cette époque il a été fait un très grand nombre d’observations les unes pour confirmer les nôtres, les autres pour les contredire. […] Il y a la même chose à dire relativement aux différentes époques où l’on recueillera le suc pancréatique. […] Depuis cette époque, on les y rencontra toujours jusqu’au mois de mai, où elles disparurent totalement.
Or, tandis que j’écoutais Montjoye et que j’y reconnaissais l’écho de tant d’œuvres de la même époque, j’étais amené à penser qu’un des caractères du théâtre sous le régime du Deux-Décembre, c’est sa bonne volonté morale et c’est, finalement, son innocence. […] À une époque d’inquiétude morale, et de frisson mystique ou néo-chrétien, et d’ibsénisme et de septentriomanie, M. […] Or, comme tout se tient, il n’est pas indifférent de savoir de quel air s’amusaient ceux qui passaient pour s’amuser, ni ce qu’était la femme oisive, la femme de luxe, dame ou fille, aux diverses époques de l’histoire de la civilisation. […] Il appelle Molière « le plus grand peintre et le plus grand philosophe qui aient jamais existé dans notre littérature » ; et il avait quelque mérite à juger ainsi, à une époque où Molière était fort délaissé. […] Déroulède, un sentiment d’abnégation stoïque, qui a dû se rencontrer chez les hommes les meilleurs de cette époque, tout nourris de beaux exemples de vertu antique, d’immolation de l’individu à la cité.
Il méprise son époque ; il a le ton maussade et aigre ; il se tient volontiers sur les échasses. […] Bien plus, le poëte accompli, je le remarque souvent, est un symptôme que son époque elle-même vient d’atteindre la perfection et se trouve accomplie, qu’avant longtemps on aura besoin d’une nouvelle époque et de nouveaux réformateurs.
À partir de cette époque, il voyait comme une double lutte se poursuivre entre deux sortes de sociétés rivales et incompatibles, entre la société ingénieuse et décente dont Anne de Bretagne avait donné l’idée, et la société licencieuse dont les maîtresses de roi, les duchesse d’Étampes, les Diane de Poitiers, favorisaient le triomphe.
On a là au vrai le jugement d’un ami impartial et clairvoyant sur Voltaire homme et écrivain, à cette époque déjà si avancée de sa carrière, mais avant qu’il fût devenu cette espèce de personnage amplifié de la légende philosophique et le patriarche de Ferney.
Ce même homme qui vient de nous dire que la Révolution a été purement accidentelle dans son explosion, reconnaît qu’une fois enfantée, elle ouvre une ère entièrement nouvelle : La Révolution deviendra une époque nationale, comme la captivité de Babylone chez les juifs, et l’an de l’Hégire chez les arabes et les Turcs ; et une infinité de familles dateront de ce temps une illustration méritée par des services éclatants, ou un attachement héroïque à la monarchie, qui les rapprocheront des anciennes maisons.
dira un grammairien philosophe des époques tardives.
Je veux ici (et quoique ce ne soit plus de l’histoire) introduire un témoignage assez inattendu, celui d’un traducteur dès longtemps décrié, mais homme instruit, curieux, et galant homme de son vivant, le bon abbé de Marolles, qui, né en 1600, était âgé de dix ans à l’époque de la mort de Henri IV, et qui conserva toujours un très vif souvenir de ses années d’enfance passées en Touraine.
Gœthe, à cette époque où Eckermann commence à nous le montrer (juin 1823), était âgé de soixante-quatorze ans, et il devait vivre près de neuf années encore.
il y avait de l’ineffaçable. » Cet ineffaçable dont il parlait se rapportait surtout à cette première et ancienne époque parlementaire, à cette première et glorieuse campagne où ils avaient combattu côte à côte comme deux frères d’armes.
Ses années de direction à Rome (1828-1835) forment une époque unique dans sa vie : une fille belle et adorée qui était sa gloire, et dont il a consacré l’image en maint endroit, faisait avec sa mère les honneurs de la Villa Médicis ; devenue Mme Paul Delaroche et morte à la fleur de l’âge, elle devait lui apprendre ce que c’est que la première grande douleur.
Je vous le répète, mon cher ami22, ce pays-ci n’a pas d’époque.
Aux tendres soins qu’il prodigua au malade pendant toute la crise, personne n’eut pu deviner la suite, et un témoin oculaire disait à l’ambassadeur de Florence, quelques jours après, que « voir le prince dans son lit, la pâleur de la mort sur le visage, avait été certes un sujet de grande compassion, mais que voir le roi servir incessamment son fils, les yeux remplis de larmes, avait été un spectacle à faire pleurer les pierres. » Chacun, au reste, rivalisa de soins et de zèle ; à cette époque, il est bien clair que ni son père ni personne dans l’État ne désespérait encore du moral du jeune prince âgé de dix-sept ans, et ce fut, par toute l’Espagne, à qui ferait des vœux et des dévotions extraordinaires pour obtenir du Ciel sa guérison et son salut.
. — Dans les Mémoires de Rochambeau (tome I, pages 53, 121, on voit que les armées françaises, à cette époque, étaient fort peu manœuvrières : aussi le maréchal de Saxe « aimait-il à réduire les batailles rangées à des attaques de postes, auxquelles il croyait notre infanterie plus propre qu’à des mouvements réguliers en plaine. » 15.
Telle est cette touchante histoire qui tranche, ce me semble, sur les autres récits de cette époque célèbre.
Mais, Pauline, il n’y a rien dans ces cœurs-là pour nous : les riches de cette époque viennent vous raconter leurs misères avec une candeur si profonde et des plaintes si amères, que vous êtes forcé d’en avoir bien plus de pitié que de vous-même.
D’autres fois, ce sont des adjectifs, employés au sens d’adverbes, qu’il voudrait insinuer : « Il vole léger, pour légèrement. » Au reste, il ne prescrit rien d’absolu, il engage à essayer : excellent maître de diction poétique à une époque où rien n’était fixé encore.
Aux diverses époques, les hommes du Nord ont eu cette facilité merveilleuse à se produire dans notre langue, mais toujours jusqu’à l’originalité exclusivement.
Rien ne va par continuité, surtout aujourd’hui ; les époques historiques se succèdent à vue d’œil, les manières diverses chez les mêmes écrivains se prononcent et se déplacent avec une confondante rapidité.
Mais vers l’époque de l’expédition de Charles VIII, l’humanisme engagea vivement la lutte, et força peu à peu les portes des collèges, où depuis le siècle dernier étaient renfermés les étudiants.
Mais en même temps, et précisément au milieu de l’exposition historique, le livre doit soutenir un examen et une description détaillés de la grande époque musicale qui fut l’œuvre du génie de Beethoven et qui s’étend de ses compositions à toutes les musiques plus modernes. » Qu’une telle façon de penser me fût infiniment sympathique, vous devez le comprendre, Elisabeth ; elle l’était d’autant plus que le Tannhæuser avait évoqué dans mon âme l’enthousiasme le plus délicieux.
Le cri ardent de Bettina tire de lui cette réflexion paisible : « En mettant ta dernière lettre avec les autres, je trouve qu’elle clôt une intéressante époque (1807-1810).
Le roi, à cette époque, était amoureux fou d’elle, au point même d’être jaloux dans le passé, de s’inquiéter s’il était bien le premier qui se fut logé dans son cœur, et si elle n’avait point eu quelque première inclination en province pour un M. de Bragelone.
Mais Mme de Lambert incontestablement commence et donne le ton à l’époque nouvelle.
La Harpe lui-même, qui, à cette époque, n’avait lu de Bossuet que les Oraisons funèbres et l’Histoire universelle, résistait à ce jugement sur l’ensemble des Œuvres, et il ne s’y rendit que plus tard.
Ces deux époques de sa vie sont séparées par une espèce de crise et de maladie morale qui est curieuse à observer et qui donne la clef de sa nature.
En avril 1764, il y avait deux cents ans que Shakespeare était né, l’Angleterre contemplait l’aurore de Georges III, roi destiné à l’imbécillité, lequel, à cette époque, dans des conciliabules et des aparté peu constitutionnels avec les chefs tories et les landgraves allemands, ébauchait cette politique de résistance au progrès qui devait lutter, d’abord contre la liberté en Amérique, puis contre la démocratie en France, et qui, rien que sous le seul ministère du premier Pitt, avait, dès 1778, endetté l’Angleterre de quatre-vingt millions sterling.
Elle nous apprend qu’à aucune époque, même quand le monde était gouverné par le principe d’autorité, la société n’a été à l’abri des grandes crises sociales.
A cette époque, Soufflot avait commencé le bâtiment actuel qui ne fut achevé qu’en 1823.
Moitié de critique, c’est encore beaucoup, à une époque où les hommes ne sont que des fragments quand ils ne sont pas des atomes, M.
Parti du Joseph Delorme, de ce livre d’intensité, qui trancha même sur les autres publications d’une époque qui avait de la vie jusque sous les ongles, dont elle se servait pour combattre, M.
Son christianisme de bonne volonté est celui de beaucoup d’hommes de notre époque incertaine.
L’influence du prêtre sur notre époque, bien que fort restreinte, n’en est pas moins néfaste.
Serait-ce point-là le signe fatal d’une époque ? […] À cette époque, Delatouche venait d’acheter le Figaro. […] George Sand était encore jeune à cette époque, et Stendhal s’amusa à l’inquiéter par un langage hardi jusqu’à l’obscénité. […] J’habitais à cette époque, là-bas, un logis encore tout embaumé d’un amour qu’un départ soudain avait brisé. […] C’était une jolie peinture, et je la retrouverais volontiers dans ma mémoire, sans le Diable qui, juste à cette époque, commença à turlupiner mes nerfs.
Mais, du reste, même aux époques où il était le plus réglé, notre théâtre est resté, dans son ensemble, beaucoup plus libre qu’il ne paraît à ceux qui n’en jugent que d’après les œuvres léguées et consacrées. […] Certains vers nous révèlent subitement que ces personnages, qui tout à l’heure nous semblaient si proches de nous, appartiennent à une époque extraordinairement lointaine, pleine du souvenir de grands cataclysmes naturels et où vivaient peut-être des espèces animales maintenant disparues, au temps des premières cités, au temps des monstres et des héros. […] Elle est de toutes ces époques à la fois ; elle est éternelle, entendez contemporaine de notre race à toutes les périodes de son développement. […] Car, pour des esprits inattentifs, c’est peut-être surtout par l’aspect, par le costume, par le détail des habitudes extérieures que se différencient les hommes des diverses époques et des divers milieux. […] Puis, la Belle Hélène a été l’un des divertissements favoris d’une époque fort insouciante par malheur, mais qui a été aussi l’une des plus tranquilles, des plus gaies, des plus amusantes et des plus brillantes de notre histoire.
Il était nécessaire de préciser ces points, pour qu’on ne fit pas confusion d’époques ; il n’y eut rien de commun entre le proscrit de 1848 et les redoutables ennemis contre lesquels le gouvernement russe sévit aujourd’hui de la même façon, mais à juste titre. […] , La Fin de Satan a été écrite en 1854 et en 1860, c’est-à-dire à l’époque où le poète était dans tout l’éclat de son génie. […] Une des légendes les plus répandues en Bretagne est celle d’une prétendue ville d’Is, qui, à une époque inconnue, aurait été engloutie par la mer. […] C’est à cette époque (1835) que M.
Que dire de tous ces auteurs comme nous en voyons surgir chaque année à l’époque de nos prix d’Académie, honnêtes gens sortis des bureaux ou du commerce, anciens directeurs de l’enregistrement, généraux en retraite, qui se mettent à traduire en vers les Odes ou les Épîtres d’Horace, ou qui font des poëmes sur l’Art militaire, sur la Peine de mort, des fables surtout, des fables, — que dire d’eux, sinon ce qu’a dit Francaleu une fois pour toutes : Dans ma tête un beau jour ce talent se trouva, Et j’avais cinquante ans quand cela m’arriva ? […] La vérité, c’est que Piron avait passé son moment et n’était plus de l’époque ; toute cettegénération d’académiciens de la première moitié du siècle qui l’admiraient sincèrement et qui, si on l’avait souffert, l’auraient nommé à l’unanimité en 1753, avait disparu.
On voit par la description de ce palais combien les arts de l’architecture et de la décoration étaient antérieurs même aux époques reculées chantées par le premier des épiques. […] Nous pensons plutôt qu’aux époques où Pisistrate et Alexandre le Grand recueillirent de la bouche des rapsodes ces chants immortels, épars dans la mémoire des homérides, les éditeurs du poème déplacèrent machinalement ces jeux de la place qu’Homère leur avait assignée dans sa composition, et reléguèrent à la fin ce qui ne pouvait avoir de convenance et de beauté qu’au commencement du poème.
Le style n’est pas seulement « l’homme », il est la société d’une époque, il est la nation et le siècle vus à travers une individualité. […] Puisque la poésie est tout entière non dans une manière déterminée d’exprimer la pensée, mais dans la pensée émue elle-même, puisqu’elle traverse les formes et les temps alors que le vers change avec les pays et les époques, pourquoi vouloir la renfermer dans une forme à l’exclusion de toute autre ?
Enfin le spectacle tumultueux et désordonné d’une nation, résolue à se sauver par l’impossible des époques révolutionnaires. […] Je reviens de la Halle par la rue Montmartre : les planches de marbre blanc de la maison Lambert, à cette époque si chargées de quartiers de chevreuil, de faisans, de gibier, sont nues, les bassins aux poissons sont vides, et dans ce petit temple de la gueule, se promène mélancoliquement un homme très maigre ; en revanche, à quelques pas de là, dans l’éclat du gaz, faisant étinceler un mur de boîtes de fer-blanc, une grosse fille joviale débite du Liebig. […] Une bâtisse fabriquée avec des démolitions de toutes les sortes et de toutes les époques, une bâtisse où l’on sent qu’un étrange et cocasse Parisien, après en avoir été l’architecte, y a pris ses invalides. […] Il décrit les lunettes de cette époque, rapprochant la planète de l’œil, à une distance guère plus grande que la distance de quatre-vingt-dix lieues, « en sorte, dit-il, que s’il y avait eu un monument, — et il cite toujours, quand il parle d’un monument, Notre-Dame de Paris — on aurait dû l’apercevoir comme un point.