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1581. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Il s’y sentait bien de la répugnance dans les premiers temps ; il gardait de ses préjugés de mondain et d’homme de qualité contre le froc. […] Cependant il est une exception à cette infirmité des choses humaines : il arrive quelquefois que dans une âme forte un amour dure assez pour se transformer en amitié passionnée, pour devenir un devoir, pour prendre les qualités de la vertu ; alors il perd sa défaillance de nature, et vit de ses principes immortels. » Que dites-vous maintenant ?

1582. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Par sa naissance, par son éducation et sa première vie dans une province la plus fidèle de toutes à la tradition et à l’ordre ancien, par le genre de ses relations ecclésiastiques et royalistes dans le monde lorsqu’il s’y lança, par la nature de son scepticisme lorsqu’il fut atteint de ce mal, par la forme soumise et régulière de son retour à la foi, par tout ce qui constitue enfin les mœurs, l’habitude pratique, l’union de la personne et de la pensée, l’allure intérieure ou apparente, la qualité saine du langage et l’accent même de la voix, M. de La Mennais, à aucune époque, n’a trempé dans le siècle récent, ne s’y est fondu en aucun point ; il a demeuré jusqu’en ses écarts sur des portions plus éloignées du centre et moins entamées ; dans toute sa période de formation et de jeunesse pieuse ou rebelle, il a fait le grand tour, pour ainsi dire, de notre Babylone éphémère, et si plus tard il est entré dans l’enceinte, ç’a été avec un cri d’assaut, muni d’armes sacrées, se hâtant aux régions d’avenir et perçant ce qui s’offrait à l’encontre au fil de son inflexible esprit. […] Car ce n’est pas avec une raison lucide seulement qu’il convient de se livrer à cette investigation, trop variable selon les lumières ; c’est avec des qualités religieuses de l’esprit et du cœur, qui soutiennent dans le chemin, le devinent aux places douteuses, et en dispensent là où il ne conduit plus.

1583. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Mais je croirais manquer à ce que je dois à ma qualité d’homme de lettres et aussi à mon office de sénateur, si je ne disais tout haut ce que je pense sur une question où il est fait appel directement à nos convictions les plus vives et les plus profondes. […] Mais je vous demanderais, messieurs, si nous étions ici une Académie en même temps qu’un Sénat, si nous étions un corps littéraire, ayant qualité pour examiner de près ces choses, de quel droit vous empêcheriez de lire Mlle de la Quintinie, quand vous aurez permis de lire, même avec estampille, la Sibylle de M. 

1584. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Jean de Meung ne fait pas plus que ses devanciers la psychologie de l’hypocrisie : il n’ajoute à leurs satires que quelques degrés de virulence et de passion, et ses rares et fortes qualités d’écrivain. […] Il ressemble surtout à Rabelais : c’est la même érudition encyclopédique, la même prédominance de la faculté de connaître sur le sens artistique, la même joie des sens largement ouverts à la vie, le même cynisme de propos, le même fatras, la même indifférence aux qualités d’ordre, d’harmonie, de mesure.

1585. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Le rôle du Christ appartenait comme de droit à un prêtre : c’est en cette qualité qu’à Metz (1437) le curé Nicole faillit mourir en l’arbre de la croix, pour y être resté pendu plusieurs heures de suite, récitant trois ou quatre cents vers dans son agonie. […] La moralité allégorique et la sottie sont des efforts pour dégager les qualités générales, l’essence des caractères et des conditions.

1586. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Fénelon le fit quand Saint-Cyr n’existait pas encore : il est ainsi l’un des fondateurs chez nous de l’éducation des filles Son traité est une œuvre exquise de jeunesse, solide et fine, où se révèle une sûre intuition de l’âme féminine, de ses défauts et de ses qualités, et des moyens de la prendre. […] Ce sont ces qualités-là qu’il aime aussi dans la poésie.

1587. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Ce que Dryden, Addison avaient de français, l’induisait à goûter dans une certaine mesure leurs qualités anglaises. […] Les mêmes qualités se retrouveront dans le Siècle de Louis XIV.

1588. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Sa qualité maîtresse, on le sait, on l’a dit mille fois, c’est le bon sens, qui, à ce degré, ne va pas sans un brin de défiance à l’endroit de la sensibilité et de l’imagination. […] Il est comme ces critiques d’art qui, connaissant à fond les moyens d’expression, la « langue » propre à chacun des arts plastiques, sont particulièrement sensibles aux qualités de métier et les exigent avant toute chose.

1589. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Ou, que ceux, jeunes, à leur tour et à leur péril, recherchant la trace de surnaturels ancêtres, si argent il y a, aient qualité à le savoir là : en raison de la signification de ce patrimoine, le seul, pour eux, convenable. […] À cause que de vraies œuvres ont jailli, indépendamment d’un débat de forme et, ne les reconnût-on, la qualité du silence, qui les remplacerait, à l’entour d’un instrument surmené, est précieuse.

1590. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Pour moi, je crois que les qualités extraordinaires de la langue russe sont en partie la cause d’un défaut fréquent chez les auteurs qui en font usage avec le plus d’habileté. […] Ne donnez jamais quelques qualités aimables à un héros qui pèche contre les dix commandements ; on dira que vous sapez les bases de la société : Plutarque n’a fait déjà que trop de mal avec ses soi-disant grands hommes.

1591. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Dans cette compétition violente, qu’on appelle la vie politique, où il s’agit avant tout de n’être pas battu et d’avoir le dernier applaudissement, fût-ce celui d’une émeute, il perdit de ses grandes qualités sans acquérir celles de ses rivaux. […] C’est le temps où son style, de plus en plus pauvre de pensées, se charge de figures, et où l’on voit comme du rouge aux joues de ce vieillard qui ne craint rien tant que d’avoir les qualités de son âge.

1592. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

J’allais oublier la rentrée de l’Etrangère, absente, en sa qualité de comparse, de la mêlée de l’action, et qui reparaît, à la dernière scène, pour abdiquer son amour entre les mains de la duchesse de Septmonts. […] En résumé, tout compte fait des invraisemblances prodigieuses et des bravades volontaires dont il est rempli, ce drame sort de ligne par ses qualités comme par ses défauts.

1593. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

M. de Lamoignon père ayant été nommé chancelier de France en 1750, Malesherbes lui succéda en qualité de premier président de la Cour des aides ; dès lors il appartient aux grandes charges, et sa vie publique commence. […] Pour ministre, il ne l’était pas, il l’a reconnu lui-même en cent façons : « Les qualités nécessaires pour remplir une charge, surtout une charge de magistrature, ne sont point celles qui conviennent à un administrateur, et il est rare qu’elles soient réunies. » Il écrivait cela dans l’un de ses Mémoires sur la librairie.

1594. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Le choix est nécessairement déterminé par le nombre et la qualité des éléments que l’on vient de dire, l’action de ces éléments, facteurs de l’acte, combinée elle-même avec l’inclination dominante, intéressée, passionnelle, intellectuelle ou morale, de l’être qui choisit. […] Voici donc l’homme : rigoureusement déterminé quant à la qualité, quant au degré de sa force — physique, intellectuelle et morale — par des causes situées dans le passé et intangibles, façonné par des circonstances dont il n’est pas maître, qui surgissent ou ne surgissent pas, et qui décident quel parti sera tiré de l’élasticité rigoureusement limitée elle-même de ses instincts hérités, cet homme dont la faculté de s’efforcer, de réagir, de se résoudre, sort de l’inconnu, cet homme se croit libre.

1595. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

* * * — Dans toute société d’hommes, un don, une qualité de l’individu impose sa reconnaissance et son autorité à tous. […] » Il nous quitte, en nous donnant une main grasse, douce, froide, et, sur le pas de la porte, nous dit : « Venez me voir, les premiers jours de la semaine… après cela, j’ai la tête dans un sac. » 19 octobre Non, non, jamais je ne trouverai dans Paris une femme réunissant les qualités de ma maîtresse : ne pas me demander de me faire la barbe, et ne jamais m’adresser une question au sujet du livre que je fais.

1596. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Ces règlements déterminaient la longueur et la largeur des étoffes, les dimensions des lisières, le nombre des fils de la chaîne, la qualité, des matières premières et le mode de fabrication. […] L’individu est-il donc vraiment diminué parce que son droit, au lieu d’être fondé sur sa situation extérieure, l’est sur sa qualité d’homme ?

1597. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Quelqu’un mène à bien certaine entreprise parce que ses qualités de cœur lui attirent des sympathies et des concours utiles. Tel autre, au contraire, à qui le succès de son compagnon a fait espérer même réussite, échoue dans une entreprise de même nature parce que ces qualités de cour lui font défaut.

1598. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Il faut être très intelligent, très adroit, très habile, et n’avoir aucune générosité mêlée aux qualités précédentes. […] Si tu te plains de n’avoir pas une jolie voix, je t’ôterai de plus ton plumage. » Avis aux hommes qui regrettent toujours de n’avoir pas les qualités qui leur manquent et qui les réclament à la Destinée.

1599. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Nous avons dit comment le digne ouvrier français respecte en lui-même une qualité de bon travailleur, une aptitude à créer qui est le résultat d’une longue sélection le fruit de sa propre vie et des vies de ses aïeux. […] » La guerre a réveillé chez nous les vertus de la race : son héroïsme, sa générosité, son désintéressement, ses qualités guerrières et son génie inventif.

1600. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

En lutte avec elles-mêmes et en guerre les unes avec les autres, elles cherchent visiblement, par le frottement et par le choc, à arrondir des angles, à user des antagonismes, à éliminer des contradictions, à faire que les volontés individuelles s’insèrent sans se déformer dans la volonté sociale et que les diverses sociétés entrent à leur tour, sans perdre leur originalité ni leur indépendance, dans une société plus vaste : spectacle inquiétant et rassurant, qu’on ne peut contempler sans se dire qu’ici encore, à travers des obstacles sans nombre, la vie travaille à individuer et à intégrer pour obtenir la quantité la plus grande, la variété la plus riche, les qualités les plus hautes d’invention et d’effort. […] Cette vie, je me la représente encore comme une vie de lutte et comme une exigence d’invention, comme une évolution créatrice : chacun de nous y viendrait, par le seul jeu des forces naturelles, prendre place sur celui des plans moraux où le haussaient déjà virtuellement ici-bas la qualité et la quantité de son effort, comme le ballon lâché de terre adopte le niveau que lui assignait sa densité.

1601. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

La Commission a dû s’arrêter là dans les propositions de cette année : elle eût trouvé, sans doute, parmi les productions qui lui étaient présentées, à distinguer d’autres pièces encore pour des qualités d’esprit, de talent littéraire ou de mouvement dramatique, mais elle n’eût pu les faire rentrer, sans complaisance et sans un véritable contresens, dans l’esprit de l’institution dont elle était l’organe.

1602. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

Je n’ai cessé, au reste, de rendre justice à ses hautes qualités.

1603. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Le Dauphin, fils de Louis XV, quelque hommage qu’on soit disposé à rendre à ses qualités et à ses vertus, n’était pas de ceux desquels on peut dire autrement que par une fiction de poète : Tu Marcellus eris  ; tout en lui révèle un saint, mais c’était un roi qu’il eût fallu à la monarchie et à la France.

1604. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Or, qu’il y ait eu dans les rangs des plus furieux jacobins quelques agents obscurs, poussant à des excès ceux qui s’y précipitaient déjà, et surtout prenant grand soin de cacher leur qualité de ci-devant sous la carmagnole populaire, aplatissant leurs cheveux, laissant pousser leurs moustaches, et grossissant leur voix dans les clubs, c’est ce qui est assez vraisemblable, et assez insignifiant pour qu’on ne puisse ni le nier ni s’en prévaloir.

1605. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

L’une de ses qualités indispensables, c’est d’avoir cette bonne renommée qui repousse l’injustice.

1606. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Loève-Veimars, dans son Népenthès, s’offre aussi à nous avec des qualités et des mérites variés qui conviennent surtout à cette classe d’esprits.

1607. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Tout ceci, en nous prouvant combien, au milieu de ses qualités françaises, M. 

1608. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Certains journalistes apportèrent dans leur besogne de belles qualités littéraires.

1609. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Ses grandes qualités ressortent surtout dans ces admirables pièces, où, sans thèse, il ne s’est attaché qu’à exprimer les mœurs qu’il voyait, en leur ridicule ou navrante corruption : dans le Gendre de M. 

1610. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Dans Rosny, dans Descaves, les qualités demeurent de vision exacte, fidèlement transcrite : bénéfice de l’école.

1611. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Si sensible que je sois aux qualités d’Edmond Rostand, je ne m’illusionne guère sur la portée du succès de Cyrano.

1612. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Mais il faut se rappeler que les disciples, dont l’esprit étroit ne se prêtait pas à cette haute indifférence pour la qualité de fils d’Abraham, ont bien pu faire fléchir dans le sens de leurs propres idées les instructions de leur maître.

1613. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Comment par exemple ne pas reconnaître comme une ébauche de Mirabeau dans son père l’Ami des hommes, cet original personnage dont la fougue, l’énergie, la ténacité soutiennent une lutte si terrible, avec les qualités semblables de son fils ?

1614. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Le parlement eut égard à la prière, & à la qualité des supplians.

1615. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes Le génie est donc une plante, qui, pour ainsi dire, pousse d’elle-même ; mais la qualité, comme la quantité de ses fruits, dépendent beaucoup de la culture qu’elle reçoit.

1616. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Tout ce qu’on peut alléguer pour la défense de M. de La Fosse, c’est qu’il n’a fait qu’user de représailles en qualité de françois, parce que M. 

1617. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

En qualité de poëte, l’auteur étoit chargé de faire des vers bien mesurés, d’en prescrire le mouvement plus ou moins vîte, et d’en composer la melodie dont dépendoit en grande partie le succès de la tragedie.

1618. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Mais il déclare, et avec raison, qu’il y a de grands modèles dits classiques et qu’à force d’étudier leur pensée puissante et leur style génial, de se pénétrer de leur goût impeccable, on arrive à développer ses qualités personnelles, oui personnelles, et à se former à leur école, sans être contraint de tomber dans le bovarysme et la servilité, et sans renoncer à son originalité si l’on en a9. »‌ La question est ainsi fort bien posée.

1619. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Malheureusement, il a succombé par deux qualités charmantes, qui sont presque des vertus : le respect de ses prédécesseurs et la modestie.

1620. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Les fragments historiques cités plus haut sur certaines phases de la Révolution française, l’attestent, par les qualités dont ils brillent.

1621. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Les qualités de cet esprit pour lequel on pouvait inventer, mieux que pour personne, le mot d’esprit fort, sont l’énormité de la puissance dans la nuance, la force d’équilibre, la statique, la froideur du front.

1622. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Seul, un journal religieux, de conviction catholique, mais dont la qualité n’est pas précisément la hardiesse, a donné sur la démonstration de M. 

1623. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

Moi qui suis persuadé que la douleur peut magnifiquement féconder un homme, je m’attendais à voir sortir le grand poète, le poète définitif, du fond de cette riche nature de poète qui s’est tant dépensée sur les grands chemins, en entrant dans toutes les auberges ; je m’attendais à le voir clore cette vie qui n’a eu qu’un tort, c’est d’être trop heureuse, mais qui ne l’a plus… Je dirai tout à l’heure les qualités du recueil, et si j’ai cité, à une strophe près, toute sa préface, c’est qu’elle donne bien la teinte générale de son livre, et, comme il le dit lui-même, sa senteur.

1624. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

Vous y rencontrez dans une mesure qui ne peut plus s’étendre les qualités dont la Critique superficielle a fait des lieux communs, quand elle parle de M. 

1625. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Paul Hervieu, tâchant de ne ressembler qu’à soi-même, ne ressemble en rien, sinon par les qualités supérieures de l’intelligence et le sens de la vie, je n’ai pas le souvenir d’un tel livre, d’un livre qui m’ait donné aussi complètement que celui-ci, l’impression rare et violente d’être un chef-d’œuvre. […] Mais je n’ai point qualité pour cela. […] Ces qualités qui vous frappent tiennent au caractère de la race et nullement à un état social raisonné et meilleur que le vôtre. […] Maurice Pujo, Henry Bérenger, Desjardins… S’ils ne sont pas nombreux, ils sont de qualité et pleins d’ardente jeunesse… — Ne pourriez-vous pas m’expliquer, dans ses grandes lignes, votre religion ? […] Lucien Muhlfeld appliquerait ses qualités au roman.

1626. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Dès qu’il le fait, on peut dire qu’il prend qualité lui-même, qu’il se donne pour homme de talent, et qu’il demande au public qu’il ait à le reconnoître pour tel. […] Si l’on me dit que c’étoit à moi de relever d’ailleurs son caractere par quelque grande qualité, je répons encore que l’action ne le comportoit pas ; il n’avoit à exercer dans sa persécution ni habileté, ni courage ; et ce n’est pourtant que par ces endroits qu’on peut redonner quelque lustre à un méchant homme. […] Les caracteres ne sont que l’assemblage des qualités, des passions et des humeurs qu’on réunit dans un même personnage. […] Ce n’étoient que des brigans et des esclaves fugitifs qu’il avoit rassemblés pour se faire un peuple : il lui falloit à lui de grandes qualités, pour les assujettir à des loix, et les discipliner comme il l’avoit fait : en un mot ce pouvoit être un héros, et c’étoient des brigans : on n’en sauroit exiger la même conduite. […] On veut excuser tous les jours certaines folies des amans de théatre par la nature de l’amour : on auroit raison, à ne regarder que cette passion en elle-même ; mais comme elle est unie dans les personnages à d’autres qualités et à d’autres humeurs habituelles, elle y doit produire des effets différents.

1627. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Le surintendant était le plus généreux des Mécènes : heureux si cette qualité, qui le fit adorer des gens de lettres, avait pu le soustraire aux intrigues des courtisans ! […] Madame de Pompadour, en sa qualité de Française, n’avait point ambitionné le titre de martyre de la foi conjugale ; elle avait mieux aimé être la favorite d’un roi que la femme d’un financier. […] Si le sieur de Montauron imitait la libéralité d’Auguste envers les gens de lettres, Corneille a pu, sans le comparer à Auguste, observer qu’il avait une des qualités de cet empereur. […] Peut-être eût-il été plus intéressant que la mère eût sa fille auprès d’elle : sa prédilection pour son fils n’en eût été que plus frappante, quand on aurait vu de l’autre côté son indifférence et même son aversion pour une fille douée des plus rares qualités. […] On peut s’assurer de la famille et des biens de la personne à qui l’on associe sa destinée : on voit sa figure et son extérieur ; mais son caractère, son humeur, ses qualités, ses défauts, on ne connaît tout cela que lorsqu’il n’est plus temps ; le voile ne se lève qu’après le mariage.

1628. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Il possède les trois grandes qualités de l’écrivain français, d’abord la clarté, puis encore la clarté et enfin la clarté. […] Or, une des choses qui me semblent le plus échapper sur la terre à la certitude humaine, c’est la qualité d’un vers. […] Une des qualités de ce grand homme me frappe particulièrement. […] Nous n’avons point qualité pour le reviser. […] Il faut bien aussi louer les qualités de ce style, et c’est ce qu’on ne fait pas assez.

1629. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Le maréchal m’a dit dans la ville : « Décampe, Alexandritch, sors de notre district ; nous te donnerons un passeport de première qualité. » Mais vous autres, gens de Sviatoïé, j’ai eu pitié de vous ; vous ne trouveriez plus un aussi fin voleur. […] Celui de ses ouvrages publiés jusqu’ici où éclatent le plus ses qualités et ses défaillances, a paru tout récemment, sous le titre d’une Nichée de gentilshommes ; c’est évidemment une peinture des mœurs de la classe élégante supérieure à la bourgeoisie et au commun dans l’empire. […] Lemm resta près de sept ans chez lui en qualité de maître de chapelle, et le quitta les mains vides. […] Antoine, en qualité d’ancien et habile pêcheur, lui offrit ses services. […] On fit aussitôt cercle autour de Lavretzky ; Lénotchka, en qualité d’ancienne connaissance, se nomma la première ; elle assura que, quelques moments encore, et elle l’aurait parfaitement reconnu ; puis elle lui présenta le reste de la société, appelant chacun, son fiancé lui-même, par son prénom.

1630. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Elle dit : 1º Que depuis la Renaissance la poésie française n’a donné d’ouvrages parfaits qu’autant qu’elle a respecté ses qualités de race et ses traditions gréco-latines ; et qu’à certains moments, comme sous Louis XIII, par exemple, et pendant le Romantisme et sa suite, ces traditions ayant été, ou corrompues ou même abandonnées, plusieurs talents fort respectables avortèrent. — 2º Que la langue française, ayant perdu progressivement de ses qualités, menace de se détruire ; qu’il est nécessaire d’y remédier et que, seule, l’étude constante, mais faite avec discernement, des belles œuvres du xvie  siècle, jointe à celle des chefs-d’œuvre du xviiie et appuyée sur les modèles de l’antiquité, est capable de nous sauver de la barbarie. […] Aussi renouvellent-ils une certaine fable, bien connue, de La Fontaine, et, sans égaler en rien la désinvolture canine, ils perdent toutes les solides qualités de l’autre honnête animal, à qui vous me permettrez de les comparer, puisque le plus grand poète de l’antiquité n’a pas hésité de se servir d’une pareille comparaison à propos d’un de ses plus illustres héros. […] Emmanuel des Essarts s’est chargé de nous faire regretter cette omission, et c’est en qualité de « professeur de Poésie » qu’il veut bien, spontanément, nous adresser cette lettre : Je me crois autorisé doublement à prendre part à votre consultation littéraire, en qualité de parnassien de la première heure et de professeur de poésie française.

1631. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Je ne puis citer tous les collaborateurs, auteurs de notices, et qui sont la plupart connus eux-mêmes en qualité de poëtes distingués, Léon de Wailly, Banville, Philoxène Boyer, Baudelaire, etc. ; mais j’ai remarqué, entre les noms que je connaissais moins, celui de M. 

1632. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

On l’a encore appelé « le Vénitien du feuilleton », ou « le Don Juan de la phrase. » Mais n’allez pas là-dessus vous figurer que, parce qu’il a cette qualité dominante qui frappe d’abord, il ne soit pas un critique, qu’il n’ait pas un jugement, surtout un sentiment vif d’attrait ou d’aversion, et qu’il sait très-bien rendre sans marchander.

1633. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Si les Raymon de Ramière au complet sont assez rares, grâce à Dieu, parce qu’une si agréable corruption suppose une réunion délicate d’heureuses qualités et de dons brillants, la plupart des hommes dans la société, à la manière dont ils prennent les femmes, se l’approchent autant qu’ils le peuvent de ce type favorisé.

1634. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Nous aurions souhaité au livre un ton plus apaisé, des conclusions plus consolantes, plus de conduite et de tempérance, en quelque sorte ; mais n’eût-ce pas été en changer la nature et y retrancher une portion notable des qualités ou défauts extraordinaires ? 

1635. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Hugo, avec d’autres qualités et sous d’autres apparences régnantes, n’a pas plus fait pour s’acquérir réellement l’autorité incontestée des maîtres.

1636. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

La pièce, dans ces termes-là, n’était plus qu’une spirituelle petite comédie anecdotique, un peu supérieure de proportions et de qualité à l’agréable vaudeville Dieu vous bénisse, du Palais-Royal.

1637. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Ils ont toutes les qualités nécessaires pour exciter le développement de l’esprit humain ; mais on n’éprouve point, en les voyant disparaître de l’histoire, la même douleur qu’inspire la perte du nom et du caractère des Romains.

1638. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Dans cette langue dont il était plus maître que de son parler natal, Calvin donna à sa pensée toute son ampleur et toute sa force, et quand ensuite il la voulut forcer à revêtir la forme de notre pauvre et sec idiome, elle y porta une partie des qualités artistiques de la belle langue romaine.

1639. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

Vous m’avez invité à entendre votre pièce en qualité de critique ; par là (soyons de bonne foi), vous avez sollicité mon jugement sur elle et m’avez signifié implicitement que vous m’autorisiez à le produire, quel qu’il fût, — à la seule condition qu’il ne portât que sur votre ouvrage et qu’il demeurât purement littéraire.

1640. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Toutes les qualités féminines légères, délicates, fragiles, souffrantes ; ce qu’on entendait par de l’aristocratie quand le mot avait un sens ; la gracilité de ces héritiers élégants et maladifs en qui s’éteignent les familles nobles ; charmant, touchant, oui, — grand, non.

1641. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Il excelle là surtout où il faut des qualités primesautières, de l’improvisation, du brio ; son premier coup d’œil est le bon.

1642. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

tant il est vrai que la qualité essentielle du Symbolisme fut la diversité et la variété.

1643. (1890) L’avenir de la science « IX »

Les gens du monde ont quelque raison de ne voir en ce rôle qu’un tour de force de mémoire, bon pour ceux qui n’ont reçu en partage que des qualités secondaires.

1644. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

Si les Ecrivains dont nous relevons les défauts, nous faisoient cette question, nous pourrions leur répondre : La crainte d’en faire qui ne valussent pas mieux que les vôtres, nous a empêchés d’en donner au Public : la connoissance que nous avons des qualités indispensables pour un bon Ouvrage, nous détermine à censurer les vôtres.

1645. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Il est incontestable que le comble du mérite pour tout Ouvrage, est d’être à la portée de tous nos Lecteurs : il s’en faut cependant bien qu’on puisse dire que cette qualité soit nécessaire, & que sans elle tout Ouvrage soit mauvais.

1646. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

La qualité d’ambassadeur.

1647. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Un esprit supérieur, une raison éclairée, un jugement exquis, étoient les qualités dominantes de cet illustre militaire ; elles brillent dans son livre.

1648. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

., que l’auteur a semés dans son ouvrage, me plaisent beaucoup en eux-mêmes, mais me paraissent refroidir un peu l’intérêt, parce que l’unité est pour moi la première qualité des romans : aussi quelque excellents que soient les romans anglais, je les lis avec presque autant de fatigue que de plaisir.

1649. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Aussi, même dans l’erreur, Mme de Belgiojoso a gardé son sexe, son rang, sa qualité, tout ce que Mme Stern a perdu volontairement et irrémédiablement par sa faute, en déchirant sa robe comme Caïphe et en reniant le Seigneur dans des philosophies menteuses.

1650. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

C’étaient assurément, l’un et l’autre, des hommes de religion et de monarchie, comme il en faudrait beaucoup aux princes, et jamais, il faut le reconnaître, l’amitié qui les unit ne prit sa source dans des natures plus profondément nobles et qui réfléchissent mieux en elles toutes les qualités accumulées de leur race.

1651. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Ici se révèle, mêlée à ses qualités ordinaires, une supériorité de sensibilité et de sérieux qui ne s’était jamais produite, même dans les meilleures inspirations de Monselet, avec cette netteté, et qui nous a causé presque de la joie.

1652. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Pour avoir au-dessus, il faudrait qu’une individualité littéraire jaillît tout à coup du sein de l’individualité simplement professorale et la brisât, et rien n’annonce ce jaillissement dans cette histoire aux qualités négatives, — qui n’est point plate, non !

1653. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Est-il bien nécessaire de dire qu’on retrouve dans cet écrit les qualités ordinaires d’un talent qui ne fléchit pas ?

1654. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Mais les qualités par lesquelles il calmait les ombrages de ses maîtres étaient mieux que des procédés, c’étaient des vertus.

1655. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Or Ninon, femme de qualité d’ailleurs, était bel-esprit et vantée par les hommes qui se piquaient de beau langage.

1656. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

Camille, en sa qualité d’artiste qui n’est qu’un artiste, était sensuel et vaniteux.

1657. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

La pensée qu’il pouvait ne jamais revenir à Paris fut la paille de son joyeux acier… Comme l’esprit épistolaire d’un homme est toujours l’esprit de sa conversation qu’il a transporté dans ses lettres, Galiani a transporté son esprit de conversation dans les siennes, et comme la qualité supérieure de cet esprit était la verve, le mouvement, le piétinement fécond sur une idée qui en fait sortir tous les aperçus, il a cette verve qui s’allume à la moindre question ou à la moindre suggestion et qui développe l’idée, mais en la creusant toujours.

1658. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Ce ne serait là qu’un compte à régler sur les qualités et les richesses du talent de l’orateur : mais, dans la pensée évidente, catégorique et même exprimée dans ce titre que vous avez pris, c’est bien autre chose.

1659. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Mélange de qualités plus grandes que ce qu’il fait quand il obéit à sa fonction d’académicien, Barthélemy Saint-Hilaire n’est pas non plus, à rigoureusement parler, un historien.

1660. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Qu’est-ce que ce néant dont les êtres qui ne sont pas font à présent une qualité ?

1661. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

La Critique n’a jamais dit nettement, et assez nettement pour n’y pas revenir, ce qu’elle entend par ce majestueux mot d’épique qui renferme la suprême qualité pour le poème, l’éloge suprême pour son auteur.

1662. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Il n’échouera pas, quoique avec un livre substantiel et de qualités excellentes, mais qui ne dépassent point le niveau de prudence et de goût prescrit par tous ces mulets d’Académie qui se croient le pied sûr et qui ne veulent pas qu’on l’ait emporté.

1663. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Que le réalisme s’applaudisse de ce dénoûment, s’il lui plaît ; nous nous en affligeons, nous, pour un livre qui pouvait se sauver par là de l’immense et universelle vulgarité de fond dans laquelle il se perd, malgré les qualités et les efforts de son auteur.

1664. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il fut placé deux ans auprès du comte Daru en qualité de secrétaire. […] Littré ; une opposition de leurs deux esprits, de leurs qualités et de leur trempe ! […] L’an passé, je l’ai vu à Saint-Quay, en Bretagne, établi avec sa femme et sa fille chez des religieuses ; soignant les pauvres en qualité de médecin et quêtant pour les plus en détresse : sa femme et sa fille, très catholiques, allaient à la messe ; lui, point ; mais il charmait les sœurs et les laissait très perplexes sur ce qu’il fallait penser de son âme.

1665. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

— pour quelques qualités fortes et généreuses, pour la fraîcheur du souffle ou la franchise de la sève, seront des œuvres du XIIe siècle ou des premières années du XIIe, Villehardouin pour l’histoire, la Chanson de Roland ou telle autre chanson de Geste pour la poésie. […] Posthumianus, qui a visité les moines de la Thébaïde dans leurs solitudes, fait d’abord un récit de tout ce qu’il y a vu ; après quoi, s’adressant à Sulpice, il le prie de lui raconter les traits de la vie de saint Martin, qu’il avait omis dans sa biographie de ce saint ; mais Sulpice, écartant de lui cette tâche, la rejette sur Gallus, comme particulièrement apte à la remplir eu sa qualité de disciple du saint évêque. […] Quand je vois la Commission de l’Histoire littéraire de France composée comme elle l’est aujourd’hui, et les écoles diverses, les diverses qualités d’esprit si bien représentées en son sein, sous la présidence du respectable M. 

1666. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Homme charmant, réunissant toutes les qualités, estimé de tous, aimant l’étude et fort instruit. […] Marcotte, « sans vous faire une prière… c’est de ne faire aucune supposition qui puisse être désavantageuse à une personne dont les qualités et les mérites appellent non seulement la considération, mais l’attachement de tous ceux qui l’approchent. […] Nous ne voulons pas louer un genre par ses défauts, ni donner à deux grands peintres quelques qualités de métier qui peuvent leur manquer.

1667. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Restait la plus grande difficulté ; il nous fallait des passeports pour sortir de Paris et du royaume ; nous fîmes si bien pendant ces deux ou trois jours, que le 15 ou le 16 nous en avions déjà obtenu, en qualité d’étrangers, moi de l’envoyé de Venise, mon amie de celui de Danemark, qui, seuls à peu près de tous les ministres, étaient restés auprès de ce simulacre de roi. […] Du reste, le plus grand ennui et le plus oppressif, la corvée de loger le soldat, la commune de Florence eut l’heureuse idée de m’en exempter en qualité d’étranger, et comme ayant une maison étroite et trop petite. […] Si M. le général, en sa qualité de commandant de Florence, lui fait signifier l’ordre de l’attendre chez lui, Alfieri, qui ne résiste pas à la force qui commande, quelle qu’elle soit, se constituera immédiatement en tel état que de raison ; mais si M. le général ne veut que satisfaire une curiosité personnelle, Victor Alfieri, naturellement très sauvage, ne désire plus faire connaissance avec personne, et le prie, en conséquence, de l’en dispenser.”

1668. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Louis Payen L’article qui a motivé votre enquête et dans lequel on traitait de « stupide » le xixe  siècle, est visiblement inspiré par des raisons politiques et tous les écrivains n’y sont admirés ou houspillés que d’après la qualité de leurs opinions. […] Seignobos, professeur à la Sorbonne Étant simplement historien (ou plutôt professeur d’histoire) et nullement littérateur, je n’ai pas qualité pour répondre à votre question. […] Quant au jugement sur la qualité des œuvres, c’est affaire de goût personnel ; et il semble bien aussi de tendances politiques. « Réprobation » et « reconnaissance », « désarroi » et « envahissement » sont des termes qui désignent des préférences de sentiment.

1669. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Tous ces couples qui forment le cortège de l’Amour, ce sont toutes les qualités séduisantes de la jeunesse qui est la saison d’aimer. […] Nous y reconnaissons la tradition d’une des qualités les plus goûtées de notre littérature, la grâce, dont La Fontaine a dit, comme s’il eût voulu se peindre lui-même : Et la grâce, plus belle encor que la beauté. […] Il en a la qualité suprême, la mesure, le goût ; il sait n’exprimer de ses sentiments que ceux qui lui sont communs avec tout le monde, et garder pour lui ce qui n’est propre qu’à lui.

1670. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

La littérature, dans toutes ses œuvres, a souci de plaire à l’oreille ; par conséquent, elle désire avoir et a souvent des qualités musicales. […] Et, parfois, le défaut qu’elle a d’être vague devient une qualité précieuse ; elle excelle à rendre sensibles certains états d’âme imprécis et crépusculaires ; elle est le langage de la rêverie, de l’indéterminé, de l’indéfinissable130. […] Je reste là jusqu’à onze heures… » Cette fois, c’est l’heure qui est notée, c’est la qualité spéciale d’une ombre.

1671. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Mardi 6 février Charles Robin se penche vers moi, et me dit : « On devrait apprendre à chacun les qualités merveilleuses de la matière, de la matière portée au summum de son utilisation. […] Enfin, après avoir résisté à de magnifiques offres de la Russie, il se retrouvait en 1848, au quai Voltaire, assez misérable, assez besogneux, obligé de donner des leçons, quand L’Artiste, en qualité de voisin, lui consacrait un long article. […] Au fond une peinture qui a de remarquables qualités, mais manquant un peu de consistance, une peinture comme légèrement voilée par les fumées, qui hantent la tête au rayonnement roux de l’artiste.

1672. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

De très hautes et de très rares qualités. […] À propos du qualificatif doux, Daudet dit que le mot vient des troubadours, qui ont dénommé la femme « une douce chose » et que c’est curieux que la douceur soit ce qu’il y a de plus recherché, comme qualité et mérite de la femme, pendant la période révolutionnaire ; et comme bientôt nous nous préoccupons de l’expansion du mot chose en littérature, de son emploi à tout bout de champ, il fait la remarque que le mot d’origine espagnole ou italienne, a été adopté par le romantisme, et surtout affectionné par Hugo, qui en a senti tout le charme diffus et vague. […] Mercredi 12 octobre En réfléchissant à l’hostilité, à l’injustice littéraire, puis-je dire, de Tourguéneff, vis-à-vis de Daudet et de moi, je trouve la raison de cette injustice, dans une qualité de Daudet et de mon frère : l’ironie.

1673. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

La réalisation de ces deux conditions abstraites de nombre et d’ordonnance des données sur les personnages, la qualité commune de réalisme perçu et convaincant de leur individualité, définit tout l’art de la caractérisation chez Tolstoï. […] Si la traduction de ses œuvres ne permet pas de reconnaître exactement la contexture de leur style, l’absence d’une coupe de phrase propre, d’une qualité de vocabulaire, d’un ton clairement déterminé, la pauvreté des tournures et des mots sont cependant visibles et à certains détails, comme les comparaisons mal déduites de La Guerre et la Paix (III, pp. 263 et 266), on reconnaît le peu de soin mis à l’écriture. […] Que l’on grandisse ces facultés au point où leur manifestation devient impérieuse, que l’on y accole les qualités d’élocution et d’arrangement juste nécessaires pour composer des œuvres littéraires de forme médiocre, que l’on fasse prédominer la connaissance, le rappel, l’imagination des personnes, sur celles des actes purs, des drames, des histoires, l’on aura énuméré les causes générales dernières des œuvres de Tolstoï, de leur contenu réaliste, de leur étendue, de leur valeur plus psychologique que dramatique, et la force de ces dons sera mesurée à la grandeur de leur manifestation, à la puissance d’illusion de l’œuvre à la sympathie, au saisissement, à l’attraction qui s’en dégagent.

1674. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

L’observation, qui s’acquiert et qui, par conséquent, est plutôt une qualité qu’un don, est incluse dans la création. […] La musique, par son défaut de précision même, qui, dans ce cas spécial, est une qualité, va où va l’âme allemande. […] Creusez en effet le sens de ces mots, posés comme des masques sur les mystérieuses qualités des génies.

1675. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Nous n’avons pas qualité pour discuter la théorie de M.  […] Il lui manque l’intelligence et l’énergie, l’amour de la vérité, le sentiment de la dignité personnelle, les convictions morales et religieuses qui constituent la véritable humanité, et voilà pourquoi la nature se conduit envers lui comme une ennemie ; mais donnez-lui toutes ces qualités, et la nature aussitôt se mettra de son côté. […] — Les classes dirigeantes deviennent ainsi presque fatalement les classes rétrogrades, et l’hérédité, qui semblerait devoir constamment accumuler chez les descendans les qualités qui ont valu l’empire aux ancêtres, a pour principal effet de hâter leur irrémédiable déchéance.

1676. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Avec un esprit comme le sien, — et nous en dirons les qualités et les défauts, — Audin devait aller de prime saut aux choses ambiantes et se pénétrer des préoccupations générales qui circulaient autour de lui. […] La jeunesse, la santé, la fraîcheur, le bon sourire, la cordialité, la larme à l’œil, les beaux tremblements de la main émue, toutes ces qualités si rares dans les talents graves, quels que soient les sujets auxquels ils s’appliquent, Audin ne les a jamais perdues à remuer les impalpables poussières du sépulcre. […] Il est bon de le dire à un siècle qui, de toutes les qualités de l’esprit, ne fait plus cas que de l’étendue, et qui, hébété de philosophie comme les Chinois le sont d’opium, a traité Audin et ses livres comme il traite les matières religieuses, avec l’indifférence distraite de sa propre superficialité !

1677. (1888) Poètes et romanciers

Cela est délicat peut-être à dire, mais, disons-le, certaines qualités isolent un écrivain de la foule humaine comme certains défauts l’en rapprochent. Toutes ces qualités abondaient chez M. de Vigny ; il lui manquait tous ces heureux défauts. […] Il a dû à cette fuite heureuse d’avoir sauvegardé ses meilleures et ses plus fines qualités. […] Nous aurons à rechercher les qualités par où elle pouvait réussir et aussi ce qui lui a manqué pour réussir complètement. […] Elles m’en semblent dignes par la délicatesse de l’inspiration et l’art élégant du style, par la combinaison de certaines qualités, qui, pour n’être pas toutes des qualités de tempérament et de force, n’en ont pas moins leur charme et leur prix.

1678. (1881) Le roman expérimental

Et remarquez que toutes les qualités de la race dont parle M.  […] L’imagination n’est plus la qualité maîtresse du romancier. […] Il faut toujours une qualité maîtresse. […] Quand je reçois le dernier roman d’un écrivain dont je connais les belles qualités, je n’ai que le plaisir de constater une fois de plus ces qualités. […] C’est même là sa qualité maîtresse.

1679. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Rousseau exerça une action encore plus puissante et surtout plus populaire, et cela, par une qualité tout à fait française et qui manquait à Diderot : par la pureté et l’élégance du style. […] L’enthousiasme individuel est une qualité tout allemande qu’aucune autorité ne peut atteindre, qu’aucun despotisme humain ne peut étouffer. […] Rentré en France après le 18 brumaire, il se rapprocha de Napoléon et fut envoyé à Rome en qualité de secrétaire d’ambassade avec le Cardinal Fesch, puis nommé ministre plénipotentiaire en Valais. […] Quinet les qualités et les défauts de la muse germanique. […] Aucune nation ne possède au même degré la réunion des qualités diverses indispensables à la forme dramatique.

1680. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

« Quant à l’homme qui tombe aujourd’hui, écrivait-il en mars 1814, j’ai publié quatorze volumes sous son règne, presque tous avec le but de combattre son système et sa politique, et sans avoir à me reprocher ni une flatterie ni même un mot de louange, bien que conforme à la vérité ; mais au moment d’une chute si effrayante, d’un malheur sans exemple dans l’univers, je ne puis plus être frappé que de ses grandes qualités. » Et dans une page mémorable où l’éloquence de l’âme se fait sentir, il balance ces hautes qualités et les énumère.

1681. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elles montent plus haut… Je tâche d’y monter… » On aura remarqué la manière dont elle parle de Mme Tastu, avec quel sentiment pénétré, quel respect pour ses qualités régulières et pour ce mérite de femme qui a eu dans sa jeunesse quelques notes poétiques si justes et si pures. […] M. le colonel Bernady proteste, en sa qualité de témoin ayant pris part au combat, contre les vers que cite M. 

1682. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Messieurs, on a donc bien peur que l’esprit français soit trop vif, que, tandis que les autres nations se fortifient et s’accroissent dans leurs qualités originales, nous continuions à nous aiguiser dans la nôtre ! […] Grâce à cet amendement improvisé, qui a passé dans la loi, le Français est considéré et traité comme un petit monsieur de qualité qui n’oserait sortir en plein air de peur de s’enrhumer, tandis que les autres nations, un Américain, un Suisse, un Belge, un Anglais, tous gens à la peau moins douillette, se moquent du chaud et du froid et bravent les intempéries des saisons.

1683. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Aux examens d’artillerie, où Chérin, généalogiste, refuse les roturiers, et où l’abbé Bossut, mathématicien, refuse les ignorants, on découvre que la capacité manque aux élèves nobles, et la noblesse aux élèves capables576 ; gentilhomme et instruit, ces deux qualités semblent s’exclure ; sur cent élèves, quatre ou cinq réunissent les deux conditions. […] » — Lui, encore provincial, a la bonhomie de défiler tout au long ses nom, prénoms et qualités. — « Eh bien, dit l’autre, c’est très bien fait à vous d’être tout cela ; moi, je suis le comte de Chabannes et je suis très pressé. » Sur quoi, « riant démesurément », il remonte en voiture. « Ah !

1684. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Étant donnée une image quelconque à un moment quelconque, on pourra toujours expliquer sa présence actuelle par le commencement de renaissance qu’elle avait dans l’image ou sensation précédente, et sa netteté, son énergie, sa facilité à renaître, toutes ses qualités intrinsèques par le degré d’attention et par le nombre de répétitions qu’auparavant, soit en elle-même, soit dans la sensation correspondante, elle aura subies ; toutes remarques comprises dans notre loi fondamentale qui constate dans la sensation et dans son image la tendance à renaître, et qui partant assure à l’image commencée, à l’image accompagnée d’attention, à l’image fortifiée par des répétitions, une prépondérance qui aboutit. […] La forme du bassin, les accidents de la température, les diverses qualités de l’eau, parfois même les secousses du sol y contribuent encore, et divers exemples authentiques montrent tantôt des couches profondes ramenées tout d’un coup et tout entières à la surface, tantôt des couches superficielles plongées tout d’un coup et tout entières à fond.

1685. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

La servante était une fille appelée Toussaint que Jean Valjean avait sauvée de l’hôpital et de la misère et qui était vieille, provinciale et bègue, trois qualités qui avaient déterminé Jean Valjean à la prendre avec lui. […] Ce sont les deux sexes qui tendent à se rapprocher et qui prennent les qualités l’un de l’autre.

1686. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Or Chateaubriand, qui avait reçu de la nature tant de dons du talent, n’avait pas reçu ce complément de ces qualités qu’on appelle le don des vers. […] LXXVIII On pourra lui contester beaucoup des qualités qui concourent à former un génie accompli et à laisser de lui une idée digne de la mission d’un de ces hommes que la postérité relève après leur malheur ou leur mort.

1687. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Outre les notions de qualité et de quantité que nos mots définissent avec précision, nous percevons encore dans les choses des affinités restées tout à fait indéterminées jusqu’à présent ; telle couleur évoque de vagues idées d’opulence, tel parfum transporte notre imagination en Orient, tel son nous met sous une impression triste. […] Quand les hommes parlent de Beauté, ils entendent, non pas précisément une qualité, comme on le suppose, mais une impression ; bref, ils ont justement en vue cette violence et pure élévation de l’âme — non pas de l’intellect, non plus que du cœur — qui est le résultat de la contemplation du Beau ».

1688. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Mais les détails de chaque rôle ayant été réglés par Wagner et la tradition s’en imposant aux artistes, la comparaison ne peut plus être que sur des points très secondaires ; d’ailleurs, n’y a-t-il pas quelque étroitesse, surtout au théâtre de Bayreuth, à tant se préoccuper des spéciales qualités des acteurs ; serait-ce encore, même ici, l’histoire des gens qui écoutent l’acteur, non la pièce ?… Aujourd’hui tous les artistes ont été entendus, et chacun presque dans leurs deux rôles ; je n’essaierai pourtant pas de discuter leurs qualités et défauts.

1689. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Il fut envoyé à Rome, je ne sais en quelle qualité, et il voyagea durant trois années à cheval par toute l’Italie : ce furent là ses véritables études, et auxquelles il dut les couleurs si vraies et si senties avec lesquelles il a su peindre depuis, en toute occasion, ces belles contrées. […] Il n’a fait en cela, au reste, que trahir une fois de plus ce grain de taquinerie et de caprice qui se mêlait en lui à tant de belles et bonnes qualités. — Quand je dis qu’on ne sait pourquoi Béranger avait une légère dent contre André Chénier, je me trompe ; c’est sans doute à cause de ces abeilles de l’Hymette : J’ai sur l’Hymette éveillé les abeilles.

1690. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Des curiosités de rime et de forme peuvent être, dans des talents complets, une qualité de plus, précieuse sans doute, mais secondaire après tout, et qui ne supplée à aucune qualité essentielle.

1691. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Ernest Renan n’a jamais eu aucune des qualités robustes, vaillantes et vivantes, qui distinguent l’écrivain supérieur et inné. […] En sa qualité de critique qui veut expliquer tout, M. 

1692. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Absorbé dans son atroce jouissance, dont le réveillait par instants un cri lointain arrivé à ses oreilles, il ne s’amusait guère à énumérer par leurs noms et qualités Pallas l’affranchi, le Grec Agénor, Aglaé de Phalère et Sénèque, qui, tout en louant Diogène, buvait du falerne dans l’or .

1693. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Toutes ces impressions d’une âme sympathique avec l’esprit nouveau des temps, cette croyance à une philosophie plus réelle et plus humaine, cette liberté morale reconquise, cette spontanéité reconnue, cette confiance accordée aux facultés les plus glorieuses et les plus désintéressées de notre être, toutes ces qualités et ces vues de madame de Staël, en passant dans les livres d’art qu’elle composa, leur donnèrent un tour unique, une originalité vraiment moderne, des trésors de chaleur, d’émotion et de vie, une portée immense quoique parfois hors de mesure avec la réalité.

1694. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Notre qualité d’hommes de collège en littérature, fait qu’en voyant ses comédies, au lieu de nous livrer à sa gaîté vraiment folle, nous pensons uniquement aux arrêts terribles qui le jettent au second rang.

1695. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Cicéron a dit d’excellentes choses là-dessus, et, bien qu’il n’ait voulu parler que de l’exposition des faits sur lesquels l’orateur fonde son argumentation, les conseils qu’il a donnés, tirés du sens commun et du bon goût, s’appliquent à toute espèce de récit : Il faut qu’une narration réunisse trois qualités : la brièveté, la clarté, la vraisemblance.

1696. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Mais la grande qualité de Fontenelle, et par où il donna le ton à toute la philosophie du siècle, ce fut la clarté.

1697. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

La qualité des matériaux lui est indifférente : il prend à La Calprenède, à Corneille, à Racine, des situations, des caractères, des sentiments ; il amalgame des lieux communs, il invente des férocités ou des héroïsmes sans exemple ; peu lui importe ; jamais il n’a jeté un regard vers la nature.

1698. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Bref il fait œuvre estimable d’historien ; même les qualités de perspicace, de connaisseur, aussi d’écrivain, qui lui sont nécessaires feraient de l’archéologue le plus désigné des critiques si sa familiarité avec, les œuvres anciennes ne le rendait un peu indulgent jusqu’aux plus inutiles copistes qu’il aime pour les originaux évoqués à sa mémoire érudite, conséquemment un peu sévère aux novateurs, et si ses habitudes scientifiques de travail complet où les œuvres sont étudiées non seulement morphologiquement, mais dès leurs genèses et jusqu’à leurs influences, ne lui interdisaient presque la besogne hâtive et jetée de la chronique salonnière.

1699. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Jésus, qui était exempt de presque tous les défauts de sa race, et dont la qualité dominante était justement une délicatesse infinie, fut amené malgré lui à se servir dans la polémique du style de tous 916.

1700. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

n’était-elle pas de celles qui donnent à l’esprit le plus d’étendue et de lumières, qui s’allie ni le plus naturellement et le plus étroitement aux qualités morales, au perfectionnement de la raison, au sentiment du beau et du grand, à la délicatesse du goût, et se prêtent le mieux aux plaisirs d’une imagination sage et réglée ?

1701. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

On se flattoit qu'en se formant sur les vrais modeles, son goût acquerroit les qualités nécessaires à un bon Ecrivain ; que son imagination renonceroit aux idées gigantesques ; qu'il perdroit l'habitude de peser sur les mots ; qu'il mettroit plus de liaison dans ses phrases, moins d'appareil dans ses réflexions, plus de nombre, d'aisance & de naturel dans son style ; qu'il se déferoit enfin d'un ton de prétention & de pédantisme, qui sentoit trop le nouveau venu de l'Université *.

1702. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Que le meilleur de leur style soit perdu pour nous, il est très possible, et nous l’avons dit ; mais que leur émotion, leurs images, leur vie descriptive, leurs fortes qualités intérieures ne se puissent plus sentir, c’est, je crois, ce que personne ne soutiendra.

1703. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

Elle a enfin dans l’esprit des qualités féminines et qui restent toujours féminines, — la légèreté, la fluidité et la grâce.

1704. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Qui ne sait pas l’écart de compas qu’il faudrait pour mesurer cet homme, qui va du génie à la plus grande âme, de la plus grande àme à l’esprit le plus séduisant, et chez qui toutes les qualités simplement aimables ne font pas croire, comme chez la plupart des autres hommes, à un affaiblissement dans la puissance ?

1705. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Taine a trouvé bon, ayant des qualités, ce puritanisme, car la critique de M. 

1706. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

profonde inaptitude politique, en contraste avec des qualités d’intelligence que nous aimons à reconnaître, et qui prouve une fois de plus qu’en matière historique, comme en toutes choses, les connaissances les plus étendues ne peuvent suppléer à l’instinct !

1707. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Il ne peint que par leurs actions seules les hommes, qu’un esprit moins grave et moins sévère peindrait avec plus de couleur et plus de véhémence de pinceau… Avec des qualités si robustement tranquilles et si peu en rapport avec les exigences de nos sociétés frivoles et tapageuses, on reste un lion dans le désert, — et, vous le voyez !

1708. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

De tous les professeurs de cette époque qui ont brillé en dehors de leur enseignement, c’est un de ceux que je place le plus haut… On a beaucoup vanté About, qui a les mauvaises qualités françaises sans en avoir les bonnes, — qui est un esprit sans profondeur, sans consistance, sans élévation ; qui se donne des airs de Voltaire, mais qui n’en a pas les grâces.

1709. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

n’a pas rendu justice aux qualités que je viens de signaler.

1710. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Il y a des choses, il est vrai, dans cette Correspondance, qu’il est impossible même à MM. de Goncourt de ne pas voir… En leur qualité de peintres, d’ailleurs, et de peintres recherchant des effets de peinture, ils ont peut-être trouvé frappant et pathétique de montrer les vices et la misère, fille de ces vices, chez la plus brillante et la plus spirituelle courtisane du xviiie  siècle, morte de misère après l’éclat et les bonheurs du talent et de la fortune, le triomphe, l’enivrement, toutes les gloires sataniques de la vie, et de faire de tout cela un foudroyant contraste, une magnifique antithèse… Mais s’ils ont montré — hardiment pour eux — la fameuse Sophie Arnould, qui naturellement devait tenter la sensualité de leur pinceau, dégradée de cœur, de mœurs, de fierté, de talent et de beauté, au déclin cruel de la vie, ils n’ont pas osé aller jusqu’à la vérité tout entière.

1711. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Il pourrait nous dire mieux qu’un autre les qualités ou les défauts du styliste, du versificateur, de l’écrivain.

1712. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Cousin, toujours poli, en sa qualité d’éclectique, effaçait Locke… d’un coup de chapeau.

1713. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Charles de Rémusat, qui, en sa qualité de philosophe, aurait dû plus que personne se préoccuper de l’ordre et de la déduction nécessaires à toute œuvre de l’esprit, a oublié également l’un et l’autre dans la sienne… Au lieu de nous construire et de nous équilibrer un drame avec ses proportions harmonieuses, il s’est laissé couler et tomber dans le drame anarchique, grossier, élémentaire, qui lâche tout et ne s’astreint à rien, et est bien moins l’ensemble qu’on appelle un drame digne de ce nom, qu’une puérile succession de spectacles.

1714. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Caro, en sa qualité de philosophe, se garde bien de rire en discutant un tel sujet, mais, français, il ne peut s’empêcher de couper sa gravité de philosophe par de petits sourires que je trouve spirituels.

1715. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

Par lui-même, il n’est pas un philosophe, mais il est le fils et la victime de la philosophie du xixe  siècle, et voilà pourquoi je le mets ici… Ce jeune homme, à qualités brillantes, qui avait eu, nous dit-il, au collège, l’éclat de tous les prix d’honneur, pour lui des espérances !

1716. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

Mgr Salvado aurait pu ajouter aux paroles si sensées et si courageuses du docteur, ce passage des Monthly Records, plus courageux et plus explicite encore : « S’il est un fait incontestable, — disent les Monthly Records, — qui nous humilie et qui nous afflige, c’est que là où nous, anglicans, nous agissons timidement, dans nos possessions australiennes, l’Église de Rome est activement à l’œuvre avec un zèle et une sagesse que nous ferions bien d’imiter… Ses évêques sont partout où il y a des âmes à conquérir et à changer… Une maîtresse pensée (master mind) anime et dirige leurs travaux… Quand un seul membre de notre clergé poursuit solitairement une tâche accablante, sans être assisté des conseils de ses supérieurs, l’Église de Rome ne cesse d’apparaître avec tous ses moyens d’action au grand complet… » Certainement, jamais le sentiment de ce qui manque à sa patrie n’a inspiré à un anglais plus de noble jalousie et de justice, et il n’y aurait qu’à admirer, si, en sa qualité d’anglican, l’écrivain auquel on applaudit ne provoquait pas le sourire en nous parlant des moyens d’action au grand complet de cette Église romaine dont il faut bien compliquer le génie pour en comprendre la puissance, quand on ne croit plus à sa divine autorité !

1717. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Les qualités de sa manière y brillent autant que jamais, et les défauts aussi, disent les connaisseurs, c’est-à-dire l’incorrection dans le dessin à force de vouloir sortir du convenu et conquérir l’effet à tout prix, le sacrifice de la personne ou du groupe à la masse ; car Doré est bien plus le dessinateur de la masse et le peintre des foules que le peintre de la personnalité.

1718. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

Mais le docteur Favrot, qui, en sa qualité de matérialiste, ne se préoccupe pas beaucoup d’ordres religieux, passe outre sur cette question, dont il ne se doute pas, comme sur toutes les autres, et son livre finit tout à coup sans que sur aucun point on soit, comme on le voudrait, édifié.

1719. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Il y est avec toutes ses qualités et ses défauts !

1720. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Autran, et comme les défauts d’un homme entrent plus profondément peut-être dans sa manière que ses qualités, telle est aussi sa manière.

1721. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Et non seulement il régnait sur eux et sur elles légitimement, de par les qualités de son génie, mais illégitimement aussi, de par les abus de ce même génie ; ce qui, dans notre monde en chute, est la grande et fatale manière de régner !

1722. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Catulle Mendès »

Mais qu’il ait du succès ou qu’il n’en ait pas, que le livre périsse par les défauts que j’ai signalés ou par ses qualités, parfois plus dangereuses que les défauts quand on vise le succès pour l’atteindre, ce livre n’en sera pas moins la preuve faite, avec une précision qu’on n’avait jamais vue, de cette chose très curieuse et très rare parmi tant d’imitations impuissantes : — c’est qu’un fragment de la personnalité d’un homme soit entré et se soit incrusté si profondément dans la personnalité d’un autre homme… Chemise de Nessus qui ne l’a pas fait souffrir !

1723. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Il a, je le sais très bien, des qualités inquiétantes au premier aspect.

1724. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

La seconde est consacrée à célébrer les qualités de son âme.

1725. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Ce n’est pas qu’on prétende attaquer ici les qualités que peut avoir ce ministre ; on convient qu’il eut du courage, un grand caractère, cette fermeté d’âme qui en impose aux faibles, et des vues politiques sur les intérêts de l’Europe ; mais il me semble qu’il eut bien plus de caractère que de génie : il lui manqua surtout celui qui est utile aux peuples, et qui, dans un ministre, est le premier, s’il n’est le seul.

1726. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Madame Paul Junka a des qualités presque solides et elle a su choisir son sujet. […] Cette Cassot possède, à un degré éminent, toutes les admirables qualités du bas-bleu. […] Et cette excellente élève doit, en effet, à son maître beaucoup de qualités extérieures et d’apparences de talent. […] On y voit non seulement la matière des « poésies », mais encore les qualités et quelques-uns des défauts de leur manière. […] Mais cette pauvre Française de Jeanne Mairet n’a pu leur donner que les qualités ordinaires aux jeunes premiers Français.

1727. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Aussitôt que l’idée de lucre hante l’artiste, la plus précieuse des qualités de l’art, la sincérité, s’affaiblit et ne tarde pas à disparaître complètement. […] Il est vraiment fâcheux pour Tolstoï que ce soit précisément cette qualité qu’il leur dénie. […] Son idée de la « contagion artistique » doit s’entendre, au fond, comme une qualité intrinsèque, comme une puissance interne de l’Art. […] Son originalité fondamentale et son indépendance de caractère ajoutent aux traits qu’il tient de son temps et du mouvement auquel il participe tout un ensemble de qualités qu’aucun de ses contemporains ne possède. […] En cette qualité, elle n’a à prendre place ni devant ni derrière le drame ; elle n’est pas sa rivale, mais sa mère.

1728. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

En sa qualité de père de l’Église, il haïssait la comédie, il exécrait les comédiens et les comédiennes, il ne comprenait pas cette poésie avide de licences, amie et compagne des plus vives passions de la jeunesse ; il se rappelait l’anathème antique, et de cette illustre invention il ne voyait que le désordre, les mauvais penchants, les mauvais conseils, l’obscénité. […] Nous en avons vu beaucoup, dans les livres et dans les comédies du siècle passé, de ces sortes de filles, assez bien nées pour avoir besoin d’être riches, trop pauvres pour se rappeler longtemps qu’elles étaient bien nées ; vous en trouverez dans ces qualités-là et à profusion, dans les Mémoires d’un certain Casanova qui se mêlait de bonnes fortunes. […] Philinte pense, tout bas, du sonnet d’Oronte ce qu’Alceste en pense tout haut ; mais Philinte n’a guère envie, pour de méchants vers, de désobliger cet excellent Oronte qui, poésie à part, a toutes les bonnes qualités d’un homme bien élevé. […] Ce n’est pas non plus le vers étincelant, pétillant et facile de Regnard ; mais le style du Philinte réussit par d’autres qualités. Il entraîne, il est chaleureux, il est abondant, il est rempli des défauts et des qualités de son époque ; on comprend que l’homme qui écrivait ainsi avait, à un haut degré, la conscience de sa force et de son importance : or, ce sont là des qualités trop rares, surtout dans la comédie moderne, pour qu’on soit le bienvenu à s’armer de la Grammaire et du Dictionnaire de l’Académie contre un philosophe tel que Fabre d’Églantine.

1729. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

. — D’après toutes ces indications, nous avons conclu que, dans le cercle de chaque sens et probablement de sens à sens, les sensations qui, en apparence, diffèrent de qualité, ne diffèrent qu’en quantité ; que les mêmes sensations élémentaires peuvent, par leurs différences de nombre, d’intensité et de proximité, constituer les sensations totales que la conscience juge irréductibles entre elles, et que partant, si diverses que soient les apparences, il n’y a là probablement aussi qu’un même fait, sorte de roche primitive dont les divers aspects tiennent aux diverses profondeurs de l’eau. […] C’est pourquoi, si l’état du nerf change, l’excitant a beau être le même, la sensation change de degré, ou même de qualité. […] Aux éléments de la sensation correspondent les éléments de la danse ; par conséquent, si, dans une sensation de son musical qui dure un dixième de seconde, il y a cent sensations élémentaires semblables : qui durent chacune un millième de seconde et sont chacune composées d’un minimum, d’un maximum avec une infinité de degrés intermédiaires, il faut admettre que, dans la cellule sensitive et pendant ce même dixième de seconde les molécules ont exécuté cent évolutions semblables qui ont duré chacune un millième de seconde et ont été composées chacune d’un minimum, d’un maximum avec une infinité de degrés intermédiaires ; de plus, si la sensation de son présente cette qualité particulière qu’on appelle le timbre et qui est produite par l’accolement de quelques petites harmoniques aiguës, on peut admettre que, dans le tourbillon des danseurs, quelques petits groupes collatéraux ont exécuté leur évolution avec une vitesse qui était un multiple de celle des autres. — Règle générale : les portions successives ou simultanées de la sensation, totale transcrivent en termes psychologiques les portions successives ou simultanées de la danse totale. […] On remarque cependant que la fonction s’épuise plus promptement que lorsque le cerveau est entier, ce qui montre que l’opération influe sur la quantité et non sur la qualité des manifestations de l’organe.

1730. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Ses beaux vers ou sa belle prose, peu importe, ne sont que la forme de ses idées, mais c’est l’idée seule qui est poétique, et Shakespeare a cette qualité du génie de plus ; il est poëte quelquefois comme Job, mais il l’est rarement ; et il tombe de son char comme Hippolyte emporté par ses coursiers, et il tombe très bas, par la faute de son parterre plus que par la sienne. […] XV Le père de Molière vieillissait ; il envoya son fils, en qualité d’apprenti tapissier, accompagner le roi dans un voyage de la cour à Narbonne. […] Ce fut cette fâcheuse situation qui toucha Molière ; il s’applaudit d’être en état de faire du bien à un jeune homme qui paraissait avoir toutes les qualités nécessaires pour profiter du soin qu’il voulait prendre de lui ; il n’avait garde d’ailleurs, à le prendre du côté du bon esprit, de manquer une occasion si favorable d’assurer sa troupe en y faisant entrer le petit Baron. […] Mademoiselle Poquelin fait connaître, par l’arrangement de sa conduite, et par la solidité et l’agrément de sa conversation, qu’elle a moins hérité des biens de son père que de ses bonnes qualités.

1731. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Je suis vraiment étonné de trouver chez cet homme, qui malgré tout ce qu’on dit, a des expressions d’observateur, quelquefois de voyant, et qui a fait, selon moi, un très remarquable article sur les Clarisses aux pieds nus, je suis étonné de trouver un reporter ordinaire, avec ses qualités d’ignorance, sa brouillonnerie de cervelle, et encore, avec des yeux si fermés aux choses d’art. […] Je ne lui reconnais absolument qu’une qualité, c’est le grouillement d’une foule, comme dans le Massacre de Liège, comme dans le Boissy d’Anglas, et où l’exagération de la mimique de chacun, disparaît dans le mouvement général de tous. […] » Mais Dieu merci, voilà qu’au troisième acte, la pièce se relève, et que la qualité de la pièce et le jeu de Tessandier, font éclater les applaudissements dans les derniers tableaux. […] Sous la treille de houblon où nous étions assis, il y a eu une belle causerie sur le théâtre, où l’on a dit que les deux grands théâtres humains, étaient ceux de Shakespeare et de Molière, et que, peut-être, ils devaient leurs qualités, à ce que les auteurs étaient des acteurs, habitués à faire du théâtre debout, et dont les pièces étaient faites d’après la mise en scène.

1732. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Pour nous, qui n’avons pas l’avantage d’appartenir à cette double famille, mais qui savons en apprécier bien des qualités et des mérites, nous demandons à dire quelques mots de l’intéressant ouvrage que nous annonçons, à le louer comme il convient, et en même temps à soumettre à l’auteur quelques critiques ou observations, soit sur des points particuliers, soit sur l’ensemble.

1733. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Et en général je dirai que des poètes véritables, et du moment qu’ils ont disparu, il n’y a plus que les qualités qui doivent compter.

1734. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Raspail, qui avait continué de vivre en Belgique, à la nouvelle de cette mort, ait écrit cinq jours après au fils de la chère défunte cette lettre pathétique et grave, qui mérite de rester attachée à sa mémoire comme la suprême oraison funèbre : « Monsieur, j’ai lu et relu, les yeux remplis de larmes, votre pieuse lettre ; c’est le dernier adieu que votre illustre mère vous a chargé de me transmettre, vous, le légataire universel de ses souvenirs, de ses affections et de ses grandes qualités.

1735. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Deplace, avec toute la délicatesse dont il est capable, un coupon dans le prix qui lui est dû  : « Si j’y voyais le moindre danger, certainement, monsieur, je ne m’aviserais pas de manquer à un mérite aussi distingué que le vôtre, et à un caractère dont je fais tant de cas, en vous faisant une proposition déplacée ; mais, je vous le répète, vous êtes au pied de la lettre co-propriétaire de l’ouvrage, et en cette qualité vous devez être co-partageant du prix…. » M. 

1736. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Homme était un homme simple et austère ; Goujon était jeune, beau et doué de qualités heureuses ; Bourbotte, aussi jeune que Goujon, joignait à un rare courage l’éducation la plus soignée ; Soubrany était un ancien noble sincèrement dévoué à la cause de la Révolution.

1737. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Il faut, pour être applaudi au théâtre, que l’auteur possède, indépendamment des qualités littéraires, un peu de ce qui constitue le mérite des actions politiques, la connaissance des hommes, de leurs habitudes et de leurs préjugés.

1738. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

A l’origine du moins, sa qualité maîtresse me paraît avoir été une indomptable énergie.

1739. (1890) L’avenir de la science « VI »

Enfin, c’est toute une petite manière de faire fi des qualités du savant, pour se relever par celles de l’homme de sens et de l’homme d’esprit, qui caractérise supérieurement l’esprit français, et que Mme de Staël a si finement appelé le pédantisme de la légèreté 65.

1740. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Ce qui est une qualité dans l’histoire eût été ici un défaut ; tout est vrai dans ce petit volume, mais non de ce genre de vérité qui est requis pour une Biographie universelle.

1741. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Regardez-moi ça, si c’est bien conditionné : joli cadre doré, papier de première qualité ; et l’article est avantageux comme ceux de la maison Zola.

1742. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

On desire de connoître, d’après lui, Tacite, cet historien qui a si bien peint l’ame fausse, impérieuse, dissimulée & cruelle de Tibère, exécrable imposteur, modèle de Cromwel pour les grandes qualités & les grands vices ; cet historien, qui a si bien nuancé le caractère des Romains, qui veut prouver que tout, dans le sénat & chez Tibère, se faisoit par une combinaison de crimes ; cet historien dans qui l’on remarque un esprit d’ordre & de suite, des réflexions & des vues profondes & lumineuses, un talent merveilleux pour faire des tableaux.

1743. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

On ne peut pas dire : le style de Fénelon… Ses qualités sont de second ordre. » Pas de relief, pas d’originalité, pas de tour personnel, pas de style personnel, descriptions trop générales, aucun sentiment caractérisé de la nature… Talent de second ordre… Voilà ce que dit M. 

1744. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Je pense que Molière, indépendamment de ses autres qualités inestimables dont il est inutile de parler, en a une dont on ne parle pas assez, et dont on ne lui tient pas assez de compte ; c’est d’être celui de nos écrivains où l’on trouve le plus la vraie langue française, les tours et la manière qui lui sont propres ; que les ouvrages de Despréaux sont le code du bon goût ; que La Fontaine a donné à la langue un tour naïf et original ; et qu’enfin Quinault, méprisé par Despréaux si injustement, est non seulement le plus naturel et le plus tendre de nos poètes, mais le plus pur et le plus correct de tous, mérite dont on ne lui sait pas assez de gré, et qu’on n’a peut-être pas assez remarqué en lui.

1745. (1757) Réflexions sur le goût

Malebranche ne pouvait lire sans ennui les meilleurs vers, quoiqu’on remarque dans son style les grandes qualités du poète, l’imagination, le sentiment et l’harmonie.

1746. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Si l’auteur de la Trêve de Dieu ne plonge pas avant dans les horizons qui cernent son sujet et s’il ne voit pas la déduction des faits qui est la loi logique de l’histoire, en sa qualité de juriste il sait compulser des actes législatifs, évoquer des textes et rapprocher des décisions.

1747. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Eh bien, en sa qualité d’écrivain d’imagination, Hippolyte Castille adore la force et voudrait bien en avoir !

1748. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

Absolu de principes comme tous les esprits qui croient à une vérité, Segretain n’en a pas moins les qualités de l’historien : le calme du regard qui voit, sans sourciller, même ce qui le blesse ; la main droite qui sait dépouiller les faits ; et la ferme qui sait les peser.

1749. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

En sa qualité de bon physiologiste, l’auteur de Si j’avais une fille à marier !

1750. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

— la poésie de l’Allemagne, comme l’éclectisme avait accepté sa philosophie ; et, d’enthousiasme, il prit Gœthe et Schiller sur le pied où l’Allemagne les prenait tous les deux : grands, mais inégaux, Gœthe devant toujours être « l’incomparable Gœthe » même en France, où Schiller, cependant, pour l’emporter sur lui, avait trois qualités d’un effet toujours certain sur l’aimable sensibilité française : il était pulmonique, sentimental et philanthrope.

1751. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Sa prose, dans mes sensations à moi, ne brille ni ne brûle tant que cela… Quand on la lit, et je viens de la lire, on est même frappé des qualités entièrement opposées à celles de cette poésie dont elle est la sœur, et qui, colorée et toujours chaude, a fini, sous la pression d’un temps maudit, par s’embraser comme les feux du Styx pour les scélérats que le poète, exaspéré de cette poésie terrible, y plongea.

1752. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Il aurait compté les poux de Sylla… Encore une fois, la virilité de l’esprit, voilà la qualité dominante de ce livre, qui n’a aucune des nervosités et des tensions du temps présent.

1753. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Il a son soin et son apprêt et il les porte partout, jusque dans ses lettres, où il a gardé le pli de ses livres et où je ne trouve aucune des qualités qui font d’une correspondance quelque chose de si vivant, de si intime, de si ouvert sur soi : la primesauterie, la négligence aimable, la grâce, la naïveté, l’impétuosité du mouvement, les enfantillages adorables des esprits puissants qui badinent avec leur force, comme des rois avec leur sceptre ou leur épée !

1754. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

ce qui le crée Pascal ; ce qui lui fait, par l’accent seul, une langue à lui à travers celle de Montaigne, dont il a les tours et dont il s’assimile les qualités ; ce qui lui donne une originalité incomparable entre tous les esprits originaux de toutes les littératures, et le fait aller si loin dans l’originalité que parfois il rase l’abîme de la folie et donne le vertige, c’est un sentiment, — un sentiment unique, un sentiment assez généralement méprisé par le superficiel orgueil des hommes, — et ce sentiment, c’est la peur !

1755. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

C’est un style d’orateur doué pour principale qualité de cette espèce de force dans l’idée et l’expression vulgaires, qui explique, du reste, tout l’ascendant de l’orateur.

1756. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Mais lui, l’historien et le critique (et j’ai dit déjà combien je lui trouve de qualités comme historien et comme critique), lui dont la grande mémoire n’a oublié personne parmi les plus obscurs, les plus imperceptibles de ceux-là qui ont parlé en quelque manière que ce soit de Swedenborg, pourquoi donc a-t-il oublié Balzac ?

1757. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Cette omniprésence du saint à toutes ses œuvres, le soin infatigable qu’il y donnait, les lettres, instrumenta regni, par lesquelles il les gouvernait des distances les plus éloignées, toutes ces fortes qualités, incessamment appliquées, de direction, d’influence et d’irrésistible commandement, frappent plus encore que sa charité, et tout cela est d’une telle proportion en saint Vincent de Paul, qu’il est impossible de bien comprendre son action souveraine sur tout ce monde immense dont il ne cessa d’être, jusqu’à la mort, le père de famille et la providence, sans l’aide personnelle, directe et surnaturelle de Dieu !

1758. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Il n’arrive pas en qualité d’exception, comme un travail d’un genre à part.

1759. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Ce ne sont pas les grands artistes par la délicatesse et par la beauté pure de l’idéal, bien plus difficile à comprendre… Assurément cet idéal, que Guérin souffrait tant de ne pouvoir saisir comme il le voyait, pour l’emprisonner dans la forme vive et diaphane d’une langue digne de le contenir, cet idéal rayonne, comme un ciel lointain, à travers les paysages qu’il nous a peints ; mais il n’y rayonne que pour ceux qui savent l’y voir ; tandis que pour le plus grand nombre, que la réalité visible attire, ce qui constituera le grand mérite de ces paysages, c’est leur vie, c’est la vérité d’impression  de ces aperçus, transposés de la vision plastique dans la vision littéraire… et qui nous effacent presque du coup les paysagistes les plus vantés : Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, madame Sand, dont la seule qualité qui n’ait pas bougé dans des œuvres déjà passées est d’être une paysagiste !

1760. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

L’Arbre devenu vieux, le chef-d’œuvre du volume, réunit ces deux qualités qui semblent s’exclure, — et qui s’excluent dans des écrivains moins doués.

1761. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Charme des qualités contraires !

1762. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

L’auteur des Sonnets humouristiques serait à coup sûr un puissant poète, s’il plaçait son imagination et ses qualités dans des milieux plus faits pour elles.

1763. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

Élégiaque aussi, mais moins élégiaque que lyrique, et quoique élégiaque, à ses heures, comme les romantiques, qui ont tous, plus ou moins, chanté la romance du Saule avant de mourir, ayant, lui, une qualité d’esprit rare chez les romantiques, et que les romantiques qui ne l’avaient pas se permettaient de mépriser… Bien entendu, puisqu’ils ne l’avaient pas, M. 

1764. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

Il avait, en effet, poétiquement, les qualités militaires du grenadier.

1765. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

… Les qualités qui manquent le plus dans ce roman, c’est l’attendrissement et le rire.

1766. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

On sait que de son vivant même elle trouva des censeurs ; les femmes, en France, lui reprochèrent de n’avoir point les manières et les agréments de son sexe ; les protestants, d’avoir changé de religion ; les politiques, d’avoir quitté un trône ; tous ceux qui avaient quelque humanité, d’avoir pu croire que sa qualité de reine pût autoriser un assassinat : mais elle fut l’objet éternel des hommages des savants et des gens de lettres.

1767. (1774) Correspondance générale

La stérilité du menton est donc la seule qualité qui soit commune entre Phébus et moi. […] Le temps ne leur ôtera rien de leurs bonnes qualités ; faites qu’il ne leur ôte rien de la bienveillance du premier instant. […] Son état indigent ne le prouve que trop ; d’ailleurs elle a de la religion, des sentiments et de la probité, qualités qui répondent d’elle et dont les frères sont mal pourvus. […] Luneau qui, en qualité d’amphibie, connaît et le rôle d’auteur et celui de libraire, ne niera pas que la chose ne se fasse ainsi. […] Il me sera plus doux, lorsque je ferai l’éloge de vos grandes qualités, d’en être cru, que d’avoir plus d’argent. » Elle me répliqua : « Êtes-vous riche ?

1768. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Pour mieux dire il en avait gardé les défauts et n’avait gardé aucune de ses qualités. […] Pendant toute sa jeunesse, il mit en usage, tout à fait contre son gré, ces qualités. […] Ce sont les deux qualités essentielles du poète lyrique. […] Il fut aidé, d’ailleurs, dans sa tâche, par une qualité qu’il possédait à un degré surnaturel. […] Il a pris un peu de ces qualités, qui étaient loin d’être les siennes, à lire Darwin et Herbert Spencer.

1769. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Vous trouverez des qualités de même ordre chez Verhaeren, que notre jeune ami Heumann aime par-dessus tout, d’une amitié de tout instant et d’une sympathie profonde. […] Nous devons aimer les lettrés belges comme des demi-frères, chez lesquels un sang différent du nôtre a donné des qualités qui nous manquent. […] Albert Giraud possède les qualités d’un admirable joaillier, il reste trop insensible aux misères et aux gloires de la vie. […] Qualités et ridicules de la bourgeoisie belge y sont notés avec une indulgente ironie, un esprit du cru bruxellois le plus pur, moins mousseux sans doute que celui de Paris, mais délicat et savoureux. […] Mêmes qualités dans les Notes sur la littérature moderne où les Lettres au Roi sur la Jeune Belgique voisinent avec d’excellents articles sur « le Nihilisme littéraire », « Catulle Mendès », « Alphonse Daudet », « L’Art et la Bourgeoisie », « Charles Baudelaire » écrits en une langue saine et alerte.

1770. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Il a la patience, il a la sagesse ; il a la prudence, il a le courage ; il a toutes les grandes qualités de l’écrivain. […] Pour qu’elle fût de qualité et de bon goût, il fallait la ramasser soi-même chaque matin ! […] La ravaudeuse avait été jetée en cette prison, en sa qualité de mère d’aristocrate, de l’aristocrate Baulèze ! […] À l’âge de treize ans, il était déjà d’un grand secours ; il était bon, laborieux et juste ; il avait en lui toutes les qualités et toutes les vertus de l’honnête homme. […] Vous parlerai-je maintenant des qualités privées de M. 

1771. (1864) Le roman contemporain

Il lui faut chaque jour du nouveau, mais il chicane peu sur la qualité. […] Il avait de la hardiesse, du mouvement et de l’aventure dans l’esprit, trois qualités précieuses pour un romancier de feuilleton, genre à part avec lequel la littérature proprement dite n’a pas grand-chose à démêler. […] Alexandre Dumas, et il avait appris à cette école l’art de nouer une action, de créer des situations fortes, de développer dans un récit attachant une fable savamment ourdie, mais il avait conservé dans cette association transitoire les qualités qui lui étaient propres : une élégance native, une rare finesse d’analyse, le goût et l’intelligence des mœurs de la société polie, quelque chose de subtil dans l’esprit, et, dans le style, un mélange de grâce et de distinction qui fait contraste avec les tendances de la littérature contemporaine. Telles furent les qualités avec lesquelles M.  […] Supposons que le conventionnel, plus difficile encore à contenter que madame Séguier, dont les emportements firent, dit-on, beaucoup souffrir le grand évêque, objectât à cela que c’étaient les gens de qualité que l’on traitait avec cette douceur, et qu’on n’avait pas ces ménagements pour le peuple, pour les petites gens ; Mgr Myriel lui aurait riposté par cette autre anecdote : Sept ou huit cents protestants, hommes ou femmes, s’étaient réunis à Lizy, et avaient commencé une émeute à main armée.

1772. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Nous traduirons cependant Le grand bal, qui réunit ses défauts et ses qualités. […] Comme bien d’autres esprits de son temps, Garcia se dépouilla des brillantés et nombreuses qualités dont le ciel l’avait gratifié, pour revêtir la livrée quelque peu fripée des imitateurs de Gongora et de Quévedo. […] Sa gloire d’érudit s’était relevée, plus tard, sous le règne d’Isabelle qui, à défaut de qualités gouvernementales bien remarquables, avait du moins celle de protéger les lettres. […] N’eût-il pas les titres littéraires qu’il peut invoquer, il représenterait le mouvement félibresque, dont il est le plus illustre adhérent, sinon le premier maître, et cette qualité interdit à sa modestie de s’effacer et de ne vouloir être que le fermier de Maillane. […] Mais cet art de l’écrivain, du délicat, n’est chez Louis Tridon que la qualité secondaire : audacieux au point de ne reculer devant rien, on a pu dire de lui qu’il avait le cerveau brûlant des Baudelaire et des Poë.

1773. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Très évidemment les sociétés modernes, aussi bien pour leurs simples citoyens que pour leurs soldats, s’occupent peu de la qualité et ne s’inquiètent que de la quantité. […] Ce n’est pas la qualité de la foi et de la piété qui nous distingue des hommes pieux, c’est la quantité ; nous nous contentons de peu. […] À préférer la quantité à la qualité, il est incontestable que c’est le général qui doit obéir, ou plutôt qui ne doit pas exister. […] Par contre, il met en avant en pleine lumière les qualités qui servent à adoucir l’existence de ceux qui souffrent. Ici nous voyons honorer la compassion, la main complaisante et secourable, le cœur tendre, la patience, l’application, l’humilité, l’amabilité ; car ce sont les qualités les plus utiles, et presque les seuls moyens pour alléger le poids de l’existence.

1774. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Il parlait plusieurs langues, il aimait l’étude et les livres ; en un mot, il possédait les qualités d’un homme distingué. […] Pierre était né avec cette qualité, et Boris l’avait acquise. […] — C’est de vous voir, vous si jeune encore, et avec vos qualités d’esprit, vous astreindre à rester dans un village. […] Vous oubliez qu’en vertu des règlements militaires, je ne pourrais entrer dans l’armée qu’en qualité de cadet. […] Quand Boris, dans un de ses moments d’abandon, lui confia ses secrètes pensées et ses tristesses, Pierre lui reprocha son ingratitude et lui représenta vivement toutes les qualités de la jeune femme.

1775. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Ses poèmes sont asiatiques par la violence de la passion, et grecs par la ciselure rare et le charme sobre de la strophe. » Cette double qualité, la violence de la passion et la sobriété du style, se retrouve dans l’œuvre de Renée Vivien. […] L’œuvre d’Hélène Picard est certes vivante, lourde de sensations, de désirs, mais sa plus grande qualité, c’est d’être dépouillée de tout art. […] Sous ce pseudonyme masculin, se cache, en effet, une femme, qui nous a révélé dans deux romans, déjà, ses qualités d’analyste. […] …………… On se rendra compte par ces quelques citations de la qualité du talent de Laurent Évrard. […] Ces deux romans, l’Inconstante et la Nouvelle Espérance, ont une qualité commune et nouvelle, une sincérité un peu révélatrice de la psychologie féminine.

1776. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

C’est au retour de ce voyage que Mlle de Zuylen, prise d’inclination, à ce qu’il paraît, pour M. de Charrière, gentilhomme vaudois, instituteur de son frère (le pays de Vaud était volontiers un séminaire d’instituteurs et institutrices de qualité), se décida à l’épouser et à le suivre dans la Suisse française. […] Nous touchons au point délicat, pour lequel il a fallu à Mme de Charrière des qualités supérieures à celles d’un talent simplement aimable, une veine franche, et, comme l’a très-bien dit un critique d’alors, une sorte de courage d’esprit. […] Mlle Pauline de Meulan, qui était très-informée des divers ouvrages de Mme de Charrière et qui avait de commun avec elle tant de qualités, entre autres le courage d’esprit, n’a pas craint de parler avec éloge des Trois Femmes dans le Publiciste du 2 avril 1809.

1777. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Je ne dis rien non plus du vieil Eschyle ; vous les connaissez amplement, en leur qualité de poëtes : mais procurez-vous un peu Varron, Marculphi Formulæ (ce Marculphe était un vieux moine, comme il le dit dans sa préface, dont vous pouvez vous contenter)  ; Cornaro, de la Vie sobre. […] Loin de là, il pose tout d’abord la différence qu’il y a entre les lettrés d’ordinaires mélancoliques et songearts, et les hommes d’action et de gouvernement auxquels sont dévolues des qualités toutes contraires : Paucis ad bonam mentem opus est litteris, répétait-il d’après Sénèque. […] C’est à l’abri de leurs qualités, de leurs défauts, quelquefois même, hélas !

1778. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

XVIII Le récit des préparatifs et de la campagne de Russie rend ici à l’historien de l’Empire toutes les qualités spécialement techniques et militaires de son style ; il rassemble une à une, de toutes les parties de l’empire, de la Hollande, de l’Italie, de l’Allemagne, de la Pologne, l’innombrable multitude d’hommes, de chevaux, de canons, de bagages, dont se compose la plus vaste armée d’invasion qui ait jamais foulé du même pas le sol de l’Europe, et il la conduit étape par étape jusqu’au bord du Niémen. […] Toutes ces qualités, si rares dans un même esprit, M.  […] Ce sentiment du gouvernement est la première des qualités de l’homme d’État, comme il est le premier devoir de l’historien politique.

1779. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Depuis, le magnifique Pierre Soderini étant mis à la tête du gouvernement, et mon père étant à son service en qualité de flûteur, il employa ses talents à des ouvrages plus relevés. […] Une nuit que je dormais profondément, contre mon ordinaire, un homme qui, sous la qualité d’orfèvre, était venu souvent dans ma boutique, et la trouvait richement garnie, vint pour me voler ; mon chien se jetait sur lui ; mais il se défendait avec son épée, de sorte que cet animal courait çà et là dans toute la maison, entrait dans les chambres de mes garçons, qui étaient ouvertes à cause de la grande chaleur ; et, voyant que ses aboiements ne les réveillaient pas, il leur arrachait les couvertures de leur lit, leur tirait les bras aux uns et aux autres ; et, par les cris épouvantables qu’il faisait, et marchant devant eux, il leur montrait ce qu’ils avaient à faire ; mais ils ne voulaient pas le suivre, et, pour le faire taire, lui jetaient des bâtons dans les jambes ; car ma boutique était toujours éclairée pendant la nuit. […] Mon premier mari, qui aimait beaucoup Benvenuto, à cause de ses talents et de ses bonnes qualités, avait raison de vouloir le retenir à Florence, et de l’empêcher de revenir à Rome ; et elle s’en alla en murmurant des paroles fort aigres.

1780. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Ainsi, en résumé, ce que dit le poète d’une des qualités féminines : Un modeste silence est l’honneur de la femme, est également juste de toutes les autres ; cette réserve ne siérait pas à un homme. […] Il est cependant très évident que sa qualité natale de sujet d’un roi comme Philippe, et de précepteur d’un héros-roi comme Alexandre, font garder à Aristote des ménagements discrets pour la royauté. […] La noblesse, la vertu, sont le partage du petit nombre ; et les qualités contraires, celui de la majorité.

1781. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Il se propose donc de rechercher et quelle est l’essence de l’âme, et quelles sont ses qualités. […] N’est-elle qu’une qualité ? […] Ce sont là les qualités extérieures du style aristotélique ; il en a d’autres plus profondes, dont la philosophie lui doit plus particulièrement tenir compte.

1782. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

— Ainsi, dis-je, les enfants et leur pareils pourraient servir dans la science en qualité de très bons manœuvres. […] « Il ne faut pas le nier, dit Goethe, il a d’éclatantes qualités, mais il lui manque l’amour. […] Et le Français de nos jours veut sur le trône de grandes qualités, quoiqu’il aime à partager le gouvernement avec son chef et à dire aussi son mot à son tour. » Après dîner, la société se répandit dans le jardin ; Goethe me fit un signe, et nous partîmes en voiture pour faire le tour du bois par la route de Tiefurt.

1783. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Si l’on combat à ce point de vue l’influence de l’esprit français sur les Allemands, on ne combat point pour cela l’esprit français ; mais on met naturellement en lumière ce qui est, dans l’esprit français, en contradiction avec les qualités propres de l’esprit allemand, et ce dont l’imitation serait funeste pour nos qualités nationales… » Nouvelles de l’opéra Les compositeurs et les librettistes, qui possèdent dans leurs cartons des opéras terminés, peuvent s’en servir pour allumer leur feu cet hiver ; à moins qu’ils ne préfèrent s’armer de patience et attendre des temps meilleurs pour la musique et le drame lyrique. […] Assimiler une œuvre étrangère au génie de ses compatriotes ; la montrer claire ; l’expliquer en même temps que la traduire ; la rendre aisément intelligible ; de spécialement allemande la faire française : cela servira pour une très grande expansion de l’œuvre. — Conserver à l’œuvre son caractère national, historique et idiomatique ; lui laisser ses qualités étranges ou répulsives : négliger le souci de tout éclaircissement, — toute amélioration ; traduire simplement le mot par le mot ; rester allemand avec des mots français, garder en les phrases françaises l’œuvre allemande : cela à quelques uns servira pour pénétrer en l’œuvre.

1784. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Mercredi 23 avril Ce matin, mon marchand de vin parlant de la qualité inférieure des vins de cette année, m’affirme qu’indépendamment de toutes les maladies spéciales, particulières à la vigne en ce siècle, la vigne non malade, qu’elle soit ancienne ou replantée, est attaquée d’anémie, ainsi que toute la végétation. […] Vendredi 9 mai Plus j’existe, plus j’acquiers la certitude que les hommes nerveux sont autrement délicats, autrement sensitifs, autrement frissonnants, au contact des choses et des êtres de qualité inférieure, que les femmes qui au fond n’ont que la pose de la délicatesse. […] Puis tout en célébrant les qualités de l’écrivain, il lui reprochait de manquer de grandeur.

1785. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Rentré maintenant en possession de notre liberté, et nous souvenant de la fidélité, de la dignité et du zèle avec lesquels il nous prodigua, à notre plus grande satisfaction, ses utiles et empressés services, nous croyons qu’il importe non moins à notre justice qu’aux intérêts de l’État de le rétablir dans cette même charge de notre secrétaire d’État, autant pour lui donner un public témoignage de notre estime particulière et de notre amour, que pour mettre de nouveau à profit ses qualités et ses lumières qui nous sont si connues. […] Me prévalant donc du privilège que je possède, en qualité de cardinal de la sainte Église romaine, de pouvoir tester sur simple feuille, profitant aussi de l’indult que Sa Sainteté le pape Pie VII m’a communiqué par bref, maintenant que je suis sain d’esprit et de corps, je fais mon dernier testament (à moins que je ne me décide à le changer en un autre postérieur, dans le courant de la vie qu’il plaira encore à Dieu de m’accorder), avec l’expresse déclaration que toutes les autres feuilles de même date ou de date postérieure au testament, écrites de ma main et signées par moi, et contenant une disposition quelconque à exécuter après ma mort, font partie intégrante de mon testament.

1786. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

En effet, toutes les qualités d’exactitude, de simplicité, de clarté, que les auteurs ont voulu dans leur exposé, y sont pleinement. […] Puis Platen a démontré de quelle expression, de quelle grâce, de quelle eurythmie et de quelle sonorité est capable la langue allemande ; ayant toutes ces qualités avec une forme étrangère, que ne pourra-t-elle atteindre à l’avenir lorsqu’elle s’exprimera avec des formes à elle, moulées sur elle !

1787. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Gudehus et de Mademoiselle Malten, retournés à Dresde, était regrettable aux dernières représentations, malgré les très belles qualités vocales de M.  […] Gura, sans qualités exceptionnelles, mais sans défauts gênants ; le cas de madame Vogl commence à inquiéter les spectateurs français.

1788. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Faguet, certes, n’a aucune peine à éviter les qualités qui choqueraient l’Université. […] Un poète vint, qui avait toutes les qualités de Racan à un degré supérieur et qui y joignait quelques mérites nouveaux ; qui aimait d’une sincérité première et spontanée, et qui, d’un accent plus pénétré, chantait comme les plus précieux des biens, ce qui n’était pour Racan que des consolations.

1789. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Ils abusent déjà, les malheureux, des plus charmantes qualités de l’esprit ! […] , je n’estime pas beaucoup meilleur le volume, mais je le regarde, ainsi que Mme Sand m’a appris à le considérer, comme un intéressant embryon de nos romans de plus tard, comme un premier livre, contenant très curieusement en germe, les qualités et les défauts de notre talent, lors de sa complète formation, — en un mot, comme une curiosité littéraire, qui peut être l’amusement et l’instruction de quelques-uns.

1790. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

J’ai entendu cette phrase : « Vous avez agi d’une façon cruche. » Le substantif qui implique une idée de qualité, de manière d’être, tend naturellement à devenir un adjectif ; c’est le passage du particulier au général. L’inverse est tout aussi fréquent ; une idée générale de qualité se particularise en substantif : de là des mots comme baudet, renard, qui signifiaient d’abord, gai et rusé.

1791. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

J’ajoute l’élégance et la briéveté, sans lesquelles tout cet assemblage manqueroit encore son effet : mais en les y joignant, où rassemblera-t-on ces trois qualités que je viens de dire, qu’on n’y sente aussi-tôt le sublime ? Et au contraire, où le sentira-t-on, si quelqu’une de ces qualités manque ?

1792. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

De la comparaison que nous ferons entre eux de leurs caractères, laquelle sans doute ne sera qu’une manière encore de penser « en relation », et de l’expérience que nous aurons des qualités des objets. […] Auguste Comte, en sa qualité de contemporain de ces grands Allemands, s’est posé la même question, et il l’a résolue contre eux.

1793. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Traiter des phénomènes comme des choses, c’est les traiter en qualité de data qui constituent le point de départ de la science. […] Il nous faut donc considérer les phénomènes sociaux en eux-mêmes, détachés des sujets conscients qui se les représentent ; il faut les étudier du dehors comme des choses extérieures ; car c’est en cette qualité qu’ils se présentent à nous.

1794. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Impossible à nier, cette particularité dans le génie de Pindare peut seule expliquer ce que j’ose appeler la mort de ses œuvres, que les traductions les mieux faites et la connaissance plus profonde et plus répandue de la langue grecque ne parviendront pas à ranimer, Il faut en prendre son parti : Pindare, malgré des qualités nettement supérieures, est un poète dont le sens intime est perdu. […] Il lui accorde ce qu’il a, des qualités de poésie extérieure, l’harmonie et surtout le nombre, mais, malgré le prestige d’Ancien que Pindare devait exercer sur le contempteur de Perrault, le critique du xviie  siècle, dont le goût ferme est une lumière qui ne vacille jamais, ne voit pas dans Pindare le poète colossal que voit Villemain dans ce Grec évidé et sonore, dont se détourna si naturellement le génie de Racine, grec pourtant aussi par tant de côtés, mais qu’on ne prenait pas seulement avec des sons !

1795. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

C’est remarquable et de qualité noble, ce souci de construire sa vie comme une œuvre d’art, pour qu’elle soit féconde. […] Elles me font songer au granit des Vosges, qui a cette qualité mystérieuse d’exhaler une odeur de violette.‌

1796. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

Jules Lefèvre, tout poëte éminent et rare qu’il est par le dedans, certaines qualités de l’artiste lui manquent ; il est de ceux qui sentent mieux qu’ils ne rendent, qui possèdent et gardent plus qu’ils ne donnent.

1797. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Sabbatier voit partout les doctrinaires comme d’autres les jésuites), marchant constamment à son but de brouiller toutes les idées pour dénaturer tous les sentiments nationaux, tous les principes patriotiques, avait travaillé dix ans à faire une renommée colossale à un romancier anglais mille fois inférieur à Richardson, à Fielding, à Goldsmith, mais bien digne de sa tendresse puisque à sa qualité d’étranger il joignait le titre encore plus sacré de pamphlétaire aux ordres de l’aristocratie bretonne pour déchirer la France et tout ce qui faisait sa gloire et sa prospérité. » Ce sont là de ces douceurs judicieuses que le biographe de Victorin Fabre répand comme le lait et le miel sur la tombe de son héros.

1798. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Poëte d’un vrai talent, doué par la nature de qualités riches et rares, amoureux de la gloire immortelle et capable de longues entreprises, il ne lui a manqué peut-être au début qu’une de ces disciplines saines, et fortes qui ouvrent les accès du grand par les côtés solides, et qui tarissent dans sa source, et sans lui laisser le temps de grossir, la veine du faux goût.

1799. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

« Les dames de qualité, tout en accordant un sourire (Il est modeste le sourire !)

1800. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

La plus féconde des idées philosophiques, le contraste des qualités naturelles et de l’hypocrisie sociale, y est mise en action avec un art infini, et l’amour, comme je l’ai dit ailleurs54, n’est que l’accessoire d’un tel sujet.

1801. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Il est comme l’autre enchaîné par sa qualité ; il ne peut agir que selon sa nature ; il faut que ce monde son ouvrage soit digne de lui, qu’il soit le plus parfait possible147, et régi par les plus belles des lois148.

1802. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Les Français même, au temps de Louis XVI, n’auraient pu indiquer personne autre que le prince de Ligne593 qui représentât la perfection de nos qualités mondaines : on aperçoit encore dans ses lettres cette souplesse d’esprit, cette universalité de connaissances, ce tact délicat, ce badinage aisé, cette grâce piquante qui séduisaient tour à tour Paris, Versailles, Joseph II, Frédéric II, Catherine.

1803. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Tous deux ne s’occupèrent plus de leur art qu’en qualité d’écrivains.

1804. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Nous lui devons de la reconnaissance et le louer même pour les défauts qui constituent, si je puis ainsi dire, ses qualités, — cette étroitesse sans quoi nous n’aurions pas l’unité de ses efforts, cette grossièreté au-delà de laquelle il a parfois trouvé la grandeur.

1805. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

C’est pour cela que chez lui aussi « trop d’abondances appauvrit la matière » et, qu’au lieu du beau livre que le sujet et quelques-unes des qualités de l’auteur semblaient promettre, nous n’avons qu’un curieux, mais gauche et fatigant feuilleton idéologique.

1806. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Il suffit donc de diminuer l’intensité et la durée d’une modification dc la conscience ou de l’appétit vital pour diminuer par cela même sa qualité distinctive, c’est-à-dire la nuance qu’elle offre comme sensation, émotion ou impulsion ; elle tend alors à se fondre dans l’ensemble confus des autres modifications qui constitue le sens total de la vie.

1807. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Quant aux célèbres prédicateurs vivans, il doit les étudier, se souvenir que les qualités qu’on estime le plus dans un prédicateur, sont une expression noble & vraie, les traits du visage, une belle prononciation, un débit aisé, naturel, intéressant.

1808. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Elle, cependant — tant elle a poussé loin l’admirable et inépuisable coquetterie de son talent — elle redouble de grâce, d’esprit, de vivacité, de jeunesse ; elle accable ses amis et ses ennemis de toutes ses qualités charmantes ; elle ranime d’un souffle puissant les vieux chefs-d’œuvre qui vont disparaître avec elle !

1809. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Admis, sous le nom de Nicolas, au collège des Grassins, en qualité de boursier, ses premières années n’y eurent rien de remarquable ; il ne commença à se distinguer qu’en Troisième, et termina sa Rhétorique par les plus brillants succès ; il obtint tous les prix.

1810. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Oui, elle en est, mais avec les qualités que je viens d’énumérer et qu’elle a dans une proportion et une idéalité incomparables, et comme nulle autre femme ne les eut jamais dans la langue qu’elle parla et qu’elle écrivit.

1811. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Mais voici que, de nos jours, de nos tristes jours, Théophile Gautier, ce Turc de Théophile Gautier, qui devait avoir des opinions turques sur les femmes, reproche à Molière ses Femmes savantes, et lui dit la plus grosse injure que lui, Théophile Gautier, en sa qualité de Théophile Gautier, pût dire à Molière, en l’intitulant : un bourgeois !

1812. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Et, en effet, Pauthier et Bazin, en leur qualité de sinologues, sont des Chinois renforcés dans leur appréciation de la Chine.

1813. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Et Faliés est de ceux-là, en sa qualité d’érudit de fait ou de visée.

1814. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Il n’a donc été qu’un empirique, mais avec les qualités d’observation des empiriques qui savent leur métier.

1815. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Il prendrait à leurs yeux des proportions incontestables, et ils en vanteraient les qualités, délicieusement goûtées par eux.

1816. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Si Charles-Quint put se tromper à la clarté de sa raison, l’Espagne ne pouvait, elle, se tromper à la clarté de sa foi, et s’il ne se repentit pas sous les désillusions de l’expérience, il dut sentir, en sa qualité de grand politique, qu’il avait profondément blessé son peuple, et cela reconnu comme un mal pour son pouvoir et pour sa race, il dut chercher à l’amoindrir et à l’effacer.

1817. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Nul n’a mieux vu et n’a mieux fait voir cette qualité d’esprit de Voltaire que M. 

1818. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Mais il a de plus l’érudition exacte, certaine, immense, et, par-dessus toutes les qualités qui concourent à l’ensemble et au détail d’un livre comme le sien, la divination historique, — ou mieux encore : la faculté du poète dramatique, la faculté d’entrer dans la peau, la cervelle et les entrailles d’une personnalité historique.

1819. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Notre âge sans foi, corrompu presque autant qu’eux, en proie à une imagination qui est la seule faculté qui lui reste, a été dupe des qualités de ces Princes vicieux et brillants.

1820. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Ce que nous avons voulu, nous, simplement indiquer, c’est qu’il y avait dans ce livre posthume des qualités et un accent qu’on ne connaissait pas à Lamennais, et qui le faisait différer de lui-même, tout en y ajoutant… La Correspondance de Lamennais répondra, pour les réfuter, à deux idées communes : la première, que cet ardent tribun de l’Église d’abord et ensuite de la démocratie, traité dernièrement encore de pessimiste, de malade et de furieux, par quelqu’un qui se porte très bien probablement, eut une âme ambitieuse et ulcérée ; et la seconde, que l’esprit, cette chose svelte, retroussée, légère, n’entrait pour rien dans la composition de son talent surchargé, grandiose et pompeux.

1821. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Esprit souverainement délicat et doué de qualités si nettement exquises, ce Varnhagen, qu’il n’a pas été diminué d’être le mari de sa femme, comme tant de maris de femmes célèbres l’ont été.

1822. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

De toutes les qualités qui lui manquent, et il y en a beaucoup qui lui manquent et je vous dirai lesquelles (jamais plus riche ne fut plus indigent), celle qui lui manque assurément le plus, c’est la chaleur.

1823. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Saint-Bonnet, pour être frappé comme il convient de toutes les qualités d’exécution de sa pensée.

1824. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXI. Philosophie positive »

Auguste Comte n’a qu’une philosophie de l’histoire, et rien derrière, absolument rien, en sa qualité de philosophe positif !

1825. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Esprit souverainement délicat et doué de qualités si nettement exquises, ce Varnhagen, qu’il n’a pas été diminué d’être le mari de sa femme, comme tant de maris de femmes célèbres l’ont été.

1826. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes, parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi, elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle, dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre !

1827. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Sous ce pêle-mêle d’idées et d’images, de sentiments et d’abstractions, il y a une unité qui tient au fond du livre et de l’âme de l’auteur, et qui nous venge bien du manque d’unité de cette forme que j’ai signalée ; et cette unité du sujet, retrouvée, à toute place, dans cette dispersion de qualités qui rayonnent de toutes parts, en ce livre formidable, comme les balles écartées d’une espingole, c’est justement ce qui est en cause dans cette misérable heure : c’est la grandeur et le droit de la paternité !

1828. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Lacordaire, en sa qualité, non de prêtre, non de missionnaire de vérité, mais d’orateur et d’artiste, a donc rencontré, et parmi les moins chrétiens d’entre nous des émotions et des admirations sincères.

1829. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

a choisi l’Angleterre pour y chercher et y trouver des modèles de sophistes contemporains, et il en a pris deux, — les plus gros actuellement de ce pays, — Stuart Mill et Herbert Spencer, — lesquels n’ont pas même la qualité, si commune en Angleterre, de l’originalité, et qui sont venus demander le peu qu’ils ont d’idées à la France.

1830. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

L’abbé Gratry, en sa qualité de métaphysicien, a mis la main sur la grande blessure de la métaphysique moderne, qui perd son sang, son âme et sa vie, dans des abstractions qu’on prend pour elle.

1831. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Quinet, l’auteur de Merlin l’Enchanteur, a toujours, en sa qualité d’esprit allemand, été panthéiste ; son Dieu a toujours été « le Dieu inconnu du bon Merlin » qu’il appelle, ce bâtard d’un incube et d’une Sainte violée : « Le prophète des jours heureux dans les temps futurs », et c’est ce Dieu-là, dont le livre de M. 

1832. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Et encore, aucun de ces treize n’a les qualités exigées par Boileau pour qu’un sonnet vaille un long poème… C’est que d’Aubigné est, en poésie, un tempérament bien plus qu’un accomplissement de poète.

1833. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

. — par ce côté plus ou moins femelles, — et qui a pour qualités premières et presque exclusives l’ampleur et la majesté dans le mouvement de l’ascension lyrique.

1834. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Saint-Maur a, pour qualités premières, l’abondance Lamartinienne, la souplesse, l’aisance du nageur dans le rythme, la largeur de la touche et du développement, la difficulté facile des vrais poètes et le secret de leur magie ; car il y a deux facilités, et l’autre s’appelle la facile difficulté, — et c’est le trompe-l’œil des imbéciles !

1835. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Quand il est un diamant, car il l’est parfois, il l’est de qualité éblouissante, le plus souvent bizarrement taillé ; et s’il n’est pas diamant, il est toujours de très beau strass, plus brillant peut-être ; car les beaux diamants ne sont pas ceux qui brillent le plus.

1836. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Telles les qualités françaises et incorrigiblement françaises qui, dans le grand art du roman qu’il abordait, sont des défauts immenses, et qui firent immédiatement réussir Le Sage.

1837. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

En France, nous aimons, avant tout, tout ce qui est facile, ce qui fait jouer l’esprit au lieu de le faire s’efforcer ; et, nous l’avons dit, l’auteur de Germaine a une qualité dont il doit mourir, la facilité.

1838. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Tout homme qui veut être applaudi, dénature sa pensée ; ou il en cache une partie pour faire davantage briller l’autre, ou il saisit un rapport qui étonne et qui est plus singulier que vrai ; ou il détache ce qui devrait être fondu dans l’ensemble, et le met en saillie, ou pour avoir l’air de s’élever et de voir de plus haut, il généralise un sentiment qui ne conserve sa force qu’autant qu’il est lié à une situation ; ou il ajoute au sentiment même, et pour étonner il exagère, ou par une expression recherchée il veut donner une tournure fine à ce qui devrait être simple, ou il tâche d’unir la finesse à la force pour surprendre par l’assemblage de deux qualités contraires, ou enfin pour arrêter et fixer partout l’attention, il multiplie les détails et néglige la grandeur et la marche de l’ensemble.

1839. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Vous en voyez plusieurs passionnés pour l’étude, et indifférents pour la gloire ; éloignés de cette ostentation, qui est toujours faiblesse ; ne s’apercevant pas même de ce qu’ils sont, ce qui est la vraie modestie ; honorant leurs bienfaiteurs, louant leurs rivaux, assez fiers pour faire du bien à leurs ennemis ; vous en voyez quelques-uns, ornés des grâces, qui, dans le monde, font pardonner les vertus ; mais ce qui fait le caractère du plus grand nombre, ce sont toutes les qualités que donne l’habitude de vivre plus avec les livres qu’avec les hommes : je veux dire des mœurs, les sentiments de la nature ; cette candeur si éloignée de toute espèce d’art ; Cette bonne foi de caractère qui agit d’après les choses, non d’après les conventions, et ne songe jamais à prendre son avantage avec les hommes ; une simplicité qui contraste si bien avec le désir éternel d’occuper de soi, vice des cœurs froids et des âmes vides ; l’ignorance de presque tout, hors des choses utiles et grandes ; une politesse qui quelquefois néglige les dehors, mais qui, au lieu d’être ou un calcul fin d’amour-propre, ou une vanité puérile, ou une fausseté barbare, est tout simplement de l’humanité ; enfin cette tranquillité d’âme, qui, ayant apprécié tout, et n’estimant dans ce songe de la vie que ce qui mérite de l’être, c’est-à-dire, bien peu de choses, ne se passionne pour rien, et se trouve au-dessus des agitations et des faiblesses.

1840. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Et puis ne voit-on pas que c’est ce « virus » romantique, ou romanesque, comme dit Zola, qui, sans doute a compromis quelques œuvres de Dumas où il avait trop fait des siennes, mais qui a donné à toutes leurs qualités de séduction ? […] Et Mme Delvair a montré de très belles qualités de naturel, de vivacité franche et brusque dans le joli rôle de la Grand’Rose. […] C’est une pièce qui a de gros défauts, mais qui a des qualités bien plus grandes encore. […] Mme de Raguais existe ; elle est vivante ; elle est d’une vérité absolue dans ses qualités et dans ses défauts. […] C’est arrivé d’abord à cause de ceci : oui, les deux protagonistes, la juive et l’aryen, ont leurs qualités, réelles, en même temps que leurs défauts.

1841. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Ce dernier changement fut sans doute décisif ; des transformations de l’individu devinrent possibles, comme celles qui ont donné les espèces successives dans le monde organisé ; le progrès put désormais consister dans une création de qualités nouvelles, et non plus dans un simple agrandissement ; au lieu de profiter seulement de la vie, sur place, au point où l’on s’est arrêté, on continuera maintenant le mouvement vital. […] Mais si ce n’est pas à des êtres, si c’est à des actions bienfaisantes ou malfaisantes, envisagées comme permanentes, qu’on s’est adressé d’abord, il est naturel qu’après avoir capté des actions on ait voulu s’approprier des qualités : ces qualités semblaient se présenter à l’état pur chez l’animal, dont l’activité est simple, tout d’une pièce, orientée en apparence dans une seule direction. […] En même temps que la nature de l’animal semble se concentrer en une qualité unique, on dirait que son individualité se dissout dans un genre. […] Un animal a donc beau être du concret et de l’individuel, il apparaît essentiellement comme une qualité, essentiellement aussi comme un genre. […] Il a ses qualités, ses défauts, son caractère.

1842. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

L’élégance et la noblesse du style n’ont jamais été portées plus loin, et cependant ces deux qualités si précieuses ne recommandent pas seules les canzoni de Pétrarque. […] Quant aux vers publiés à Livourne, ils ne se recommandent par aucune qualité vraiment caractéristique. […] Chaque page de son recueil offre à peu près les mêmes défauts et les mêmes qualités. […] Les comédies de Shakespeare ne relèvent que de la fantaisie ; il ne faut donc pas leur demander la peinture des mœurs ; ce serait se condamner à méconnaître les qualités précieuses qui les distinguent. […] Je rends pleine justice à toutes les qualités qui recommandent la Ciguë ; seulement je prends ces qualités pour ce qu’elles valent.

1843. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Le devoir du romancier, même en racontant des scènes où la politique ne joue pas le premier rôle, était de ne pas effacer, de ne pas rejeter dans l’ombre les qualités qui assurent à Louis XIV un rang si glorieux dans l’histoire. […] Sans doute, il serait possible d’apporter dans ce commentaire politique des qualités vraiment littéraires ; sans doute, il serait possible d’encadrer l’histoire dans la logique, et d’imposer au développement des idées le baptême d’un fait sans se résoudre pourtant à raconter le fait qui nommerait l’idée. […] Certes, nous ne penserons jamais à nier ni même à contester le mérite de ces deux livres, dont le second, encore inachevé, s’arrête au commencement du xive  siècle ; mais nous déclarons sincèrement que ces deux histoires nous paraissent dépourvues à la fois des qualités historiques et des qualités littéraires. […] Berryer a toutes les qualités d’un grand orateur, tandis que M.  […] Préoccupé de Shakespeare et de Schiller, dont il n’apercevait que les qualités extérieures, et plus vivement encore des drames écrits en France pour la seule lecture, il a entrepris la guerre contre l’idéal, c’est-à-dire contre la poésie elle-même.

1844. (1891) Esquisses contemporaines

3 En étudiant celui-ci nous connaîtrons ceux-là, car il réunit leurs qualités et leurs défauts, et nous serons dispensés de toucher à certains points dont le lieu n’est pas ici. […] Cette habitude de style révèle la qualité maîtresse de l’homme en même temps que son défaut principal : un besoin de franchise excessif joint à une grande impuissance de décision. […] On ne saurait sans injustice leur disputer de sérieuses qualités littéraires. […] Personne mieux que lui n’avait qualité pour le faire, et l’œuvre assurément eût été bonne autant que nécessaire. […] Jules Lemaître a signalé les qualités contraires et les grandes inégalités du style de M. 

1845. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

En gardant de ces deux siècles ce qu’ils avaient de bon, vous avez retenu aussi cette urbanité qui était une de leurs plus précieuses qualités, dont nous nous éloignons malheureusement de plus en plus. […] »   J’ai tenu à laisser dire les derniers mots par Émile Zola ; qu’il me soit permis d’ajouter pourtant, après cette citation, ce que j’entendais dire autour de moi, dans un monde de lettrés où chacun parlait des défauts et des qualités du romancier : — On ne se serait pas expliqué que M.  […] Tourmenté par le désir de la perfection, considérant chaque vers, chaque mot, comme un microcosme, il y veut faire tenir sinon tout, du moins le plus grand nombre d’évocations, d’images ; de là ses précieuses qualités, de la aussi ses grands défauts. […] Une des qualités maîtresses de M.  […] Je signalerai surtout le récit d’une symphonie, dominée par le chant d’un violon, qui est le triomphe du genre ; on croirait entendre tous les déchaînements de l’orchestre, tous les timbres des instruments, tous les raffinements d’une belle orchestration ; c’est par là que vaut (pour moi s’entend) ce livre qui, malgré les défauts que je lui trouve, contient de réelles qualités d’écrivain.

1846. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

En France, parmi les journalistes même les mieux placés, la méprise avait eu lieu ; les critiques, dès le premier moment, n’avaient pas manqué de retrouver dans l’ode en question les qualités, les défauts surtout du grand lyrique d’alors : il fallut décompter. […] Lebrun, dans Marie Stuart, satisfaisait les novateurs judicieux par des qualités de langage qu’à cette époque le style élégant de M.

1847. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Du milieu de cette foule de bonnes plaisanteries qui lui échappaient sans cesse, jaillissaient encore des réflexions fortes et profondes, que son bon goût avait soin de revêtir toujours d’une sorte de couleur féminine… » Sans trop m’arrêter sur cet ancien portrait de famille placé aux origines de notre sujet, et qui le domine du fond, sans prétendre non plus pénétrer dans le mystère de la transmission des esprits, ne semble-t-il donc pas, presque à la première vue, que de si amples et si vives qualités maternelles aient suffi à se partager dans sa descendance, et à y fructifier en divers sens, comme un riche héritage ? […] L’auteur est loin de refuser au ministre espagnol toute qualité affectueuse : « Nous nous trompons souvent dans nos jugements, quand nous penchons trop à supposer qu’un homme est tout à fait, est complétement ce qu’il est beaucoup.

1848. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Cherchons donc les données simples pour les qualités morales, comme on les cherche pour les qualités physiques, et considérons le premier fait venu ; par exemple une musique religieuse, celle d’un temple protestant.

1849. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Alphonse était, selon l’historien le mieux informé, Muratori, brave, juste, magnifique, religieux, passionné pour la gloire des lettres et des arts ; ces qualités, dit-il, étaient obscurcies dans ce noble caractère par un mélange d’orgueil, de caprice, de susceptibilité, de ressentiment implacable contre ceux dont il croyait avoir reçu quelques offenses. […] Ce jeune prince, que Torquato Tasso avait connu dans son adolescence à Rome, avait toutes les qualités de son frère, mais il y joignait de plus la constance dans ses amitiés, la modestie, la solidité et la grâce du caractère qui le faisaient adorer ; il reçut Torquato en ami plutôt qu’en maître, ne lui demandant pour tout service que d’illustrer sa cour et sa famille par l’éclat de renommée littéraire qui commençait à rayonner de son nom.

1850. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Tous ses désirs tendaient à amener chez lui, en qualité d’épouse, la belle Caroline Dawscherode. […] Mon cher et illustre ami, Mon fils est parti ces jours derniers pour Berlin, en qualité de ministre plénipotentiaire.

1851. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Il n’eut jamais le sens du style : toutes les qualités de propriété, de sobriété, de finesse, de couleur, de proportion dans le maniement des mots, lui sont étrangères. […] Mais il est clair : voilà sa qualité éminente et la clef de ses succès ; histoire, économie politique, Révolution, Empire, plans de campagne, finances, question d’Orient, il inonde de clarté tous les sujets : il donne à toutes les incompétences qui l’entendent, la joie de ne plus rien trouver d’obscur dans les plus difficiles et spéciales affaires.

1852. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Et c’est lui qui apprend aux jeunes gens et aux jeunes filles de belles prières. » Serait-ce par hasard Chaulieu ou Désaugiers que vous rappellent ces passages, pris entre cent d’égale qualité, et dont j’ai affaibli, bien malgré moi, la beauté solide ? […] * * * Et l’écrivain, chez Daudet, est de la qualité la plus rare.

1853. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

C’est un art difficile, certes, mais qui oblige à la règle essentielle de tout art : la composition, et à une des qualités les plus désirables : la concision. […] Pour déterminer si l’intérêt que porte notre société à tout ce qui touche les planches est un indice de décadence ou de progrès, il faudrait pouvoir se prononcer sur la qualité de la production dramatique actuelle.

1854. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Il entendit aussi la voix de ceux qui, par des preuves indubitables, avaient acquis la connaissance de l’être suprême, de ceux qui possédaient la grammaire, la poésie et la logique, et étaient versés dans la chronologie ; qui avaient pénétré l’essence de la matière, du mouvement et de la qualité ; qui connaissaient les causes et les effets ; qui avaient étudié le langage des oiseaux et celui des abeilles (les bons et les mauvais présages) ; qui faisaient reposer leur croyance sur les ouvrages de Vyasa, qui offraient des modèles de l’étude des livres d’origine sacrée et des principaux personnages qui recherchent les peines et les troubles du monde 204 ». » L’Inde me représente, du reste, la forme la plus vraie et la plus objective de la vie humaine, celle ou l’homme, épris de la beauté des choses, les poursuit sans retour personnel, et par la seule fascination qu’elles exercent sur sa nature. […] Mais c’est une faute contre toute critique que de prétendre ériger une telle méthode en méthode scientifique et de faire d’une construction idéale une discussion objective sur les qualités d’un être.

1855. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Entre ces qualités communes, la plus apparente est l’originalité, le fait qu’en des objets, eu des ensembles se trouvent associés des attributs que l’expérience présente séparés. […] Le caractère commun de toutes ces qualités de mesure, d’ordre, de prévision, de juste calcul est celui d’adaptation à un but.

1856. (1772) Éloge de Racine pp. -

C’est de la nature que tu reçus cette sensibilité prompte qui réfléchit tous les objets qui l’ont frappée, ce tact délicat, ces vues justes et fines, ce discernement si sûr, ce sentiment des convenances, ce goût enfin cultivé par les leçons de port-royal, nourri par le commerce assidu des anciens, fortifié par les conseils de Boileau ; ce goût, qualité rare et précieuse, qui peut-être est au génie ce que la raison est à l’instinct, s’il est vrai que l’instinct soit le mobile de nos actions, et que la raison en soit le guide ; ce goût qui attache aux productions vraiment belles le sceau d’une admiration éclairée et durable ; qui sépare, par un intervalle immense, les Virgile, les Cicéron, les Horace, des Lucain, des Stace et des Sénèque ; qui seul enfin élève les ouvrages de l’homme à ce degré de perfection qui semblait au dessus de sa foiblesse. […] C’est cette dernière qualité qui paraît prédominante dans Racine, et qui caractérise son talent.

1857. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

À mesure que les hommes sont obligés de fournir un travail plus intense, les produits de ce travail deviennent plus nombreux et de meilleure qualité ; mais ces produits plus abondants et meilleurs sont nécessaires pour réparer les dépenses qu’entraîne ce travail plus considérable64. […] Je ne connais même pas tous les devoirs qui peuvent m’incomber un jour ou l’autre en ma qualité de citoyen ; comment pourrais-je y acquiescer par avance ?

1858. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Certainement, il y a encore de grandes et vigoureuses qualités d’expression et de couleur dans le livre actuel de M.  […] Observateur et investigateur avant tout, et, par ses qualités d’esprit indépendantes et scientifiques, en dehors de tous les partis, M. 

1859. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Hugo apprécie peu et qu’il heurte volontiers dans sa manière ; il se soucie médiocrement, j’imagine, de l’aimable simplicité des Grecs, de ce qu’eux-mêmes appelaient aphéleia, mot que le poëte Gray a traduit quelque part heureusement par tenuem illum Græcorum spiritum , qualité délicate et transparente qui décore chez eux depuis l’ode à la Cigale d’Anacréon jusqu’aux chastes douleurs de leur Antigone.

1860. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Les deux qualités de son esprit, qui sont la sobriété et la finesse, le détournent bien vite de l’exaltation et de la poésie, pour le conduire à la prose, à la raillerie et au récit.

1861. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Au reste, il estime, autant que Boileau, les qualités d’ordre, de composition, de régularité.

1862. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Le succès fut considérable, mais l’heure était passée où Chénier pouvait exercer une influence par ses propres et réelles qualités.

1863. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Il saisit de toute son intelligence, de tout son cœur le rôle qui lui était présenté ; et tout en lui, défauts et qualités, y servit.

1864. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire Conférence faite à l’Université de Bruxelles Mesdames, Messieurs, Lorsque Boileau se constituait le défenseur des anciens contre Perrault et ses amis, le docte Huet déniait à ce poète si médiocrement érudit qu’il eût qualité pour le faire, et lui disait en le voyant s’échauffer : « Monsieur Despréaux, il me semble que cela nous regarde plus que vous. » J’ai peur, Mesdames et Messieurs, qu’en venant discourir ici sur la méthode scientifique  moi dont la culture et l’étude sont entièrement littéraires  j’ai peur que mes deux illustres compatriotes qui sont ici, le mathématicien Poincaré et le biologiste Le Dantec, ne me tirent par la manche et ne me disent : « Mon cher collègue, cela nous regarde plus que vous. » Ce n’est qu’avec beaucoup de discrétion et de réserves que j’ose transporter cette notion de méthode scientifique à l’histoire littéraire, et il faut d’abord que je précise brièvement en quel sens et dans quelle mesure nous osons prétendre que nous faisons du travail scientifique.

1865. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Mais j’en reviens toujours là : la poésie ne me plaît au théâtre que si elle a les qualités exigées pour le théâtre, si elle est en situation, si elle exprime des sentiments qui touchent, si elle va au cœur.

1866. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Don magique de réflexion objective, puissance étonnante d’impersonnalité créatrice, telles sont les deux qualités principales qui lui ont permis d’élever ce monument poétique dont le caractère est sans précédent dans notre littérature, sans analogue nulle part.

1867. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Cinthio et Oratio sont en rivalité auprès d’Isabelle ; Isabelle à son balcon demande à l’un et à l’autre quelles sont les qualités qui l’ont rendu amoureux.

1868. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Ces qualités seraient plutôt propres à empêcher de l’acquérir.

1869. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Il est révolutionnaire au plus haut degré ; il appelle tous les hommes à un culte fondé sur leur seule qualité d’enfants de Dieu.

1870. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Le mode d’exposition est également net, lucide, simple, peut-être simple à l’excès, ce qui est bien près de l’inexactitude ; car, quoique la clarté et la simplicité soient des qualités éminemment philosophiques, quand on voit un auteur répondre à une question complexe par une formule nette, prétendre embrasser tous les phénomènes et éclaircir toutes les obscurités, il y a sagesse à se méfier de quelques erreurs.

1871. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Le président Hénault dit en parlant d’elle : « Princesse dont la fin fut digne de pitié, mais d’un esprit trop au-dessous de son ambition, et qui ne fut peut-être pas assez surprise et assez affligée de la mort funeste d’un de nos plus grands rois. » Ce mot pas assez surprise laisse à douter si elle fut à la tête du complot ou seulement instruite de celui du prince de Condé ; car le soupçon flotte entre les deux, relativement à cette qualité de chef : il est probable qu’ils s’accordèrent ; mais le prince de Condé, le plus offensé, le plus ardent, qui vit sans doute Ravaillac à Bruxelles, était probablement le chef.

1872. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Les qualités les plus diverses, les plus complexes, les plus opposées en apparence, entrent dans la composition des âmes.

1873. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Elles ont des qualités parallèles de clarté, de style net, de grâce, de pensée souriante.

1874. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Quelles sont les qualités à désirer dans un bon maître ?

1875. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Ainsi deux hommes qui auront le sang d’une qualité assez differente pour être dissemblables à l’extérieur, seront encore plus dissemblables par l’esprit.

1876. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Ainsi elles n’ont ni l’invention qui crée ou découvre, ni la généralisation qui synthétise, ni la force sans convulsion, car la force convulsive, passionnée, elles peuvent l’avoir en leur qualité de femmes (preuve, Mlle de l’Espinasse).

1877. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi ; elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre !

1878. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Ceci remonte à César et aux Gaulois, ces premiers Barbares dans la longue chaîne de Barbares qui devait suivre ; les premiers dans le temps, mais aussi les premiers par leurs grandes qualités de peuple, par la supériorité de leur race.

1879. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Or, si Monselet n’a pas les qualités essentielles du poète, il a (comme nous allons le voir tout à l’heure) beaucoup de celles du romancier et du conteur.

1880. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Mais cette infériorité une fois reconnue, que de qualités surgissent et apparaissent tout à coup dans cet esprit qui n’est qu’individuel, mais qui l’est avec une intensité qu’on adore.

1881. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

En sa qualité de tête dramatique, Dumas ne voit que les faits.

1882. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Tel est le défaut radical d’un ouvrage qui se recommande par des qualités d’une grande force, mais que la critique devait signaler tout d’abord, avant tout détail et toute analyse, parce que ce défaut affecte l’ensemble et le fond du livre même, — parce que cette indigence de sensibilité, d’imagination, et je dirai plus, de sens moral et poétique, se retrouve à toute page et frappe l’œuvre entière de M. 

1883. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Il n’y a point là création, il n’y a qu’arrangement, habileté, érudition c’est-a-dire des qualités que l’artiste créateur répudié.

1884. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Un autre s’appela Macédonien, parce qu’il avait fait de la Macédoine un vaste désert ; mais toi, prince, je veux que tu tires ton nom de la nation que tu as sauvée ; ainsi nous nommons les dieux, des pays qu’ils protègent. » Outre l’humanité et la clémence qui sont les premiers devoirs, l’orateur parcourt toutes les autres qualités du prince.

1885. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Quelle est, en effet, la mission d’une critique essentiellement littéraire, sinon : d’examiner à quel point l’écrivain a poussé les qualités de la nation dont il est et à laquelle il s’adresse ? […] avoir dépensé tant de qualités réelles, avoir traité des situations hardies avec tant de franchise et de force, et faire aboutir la pièce à cet enfantillage, et finir en vaudeville ! […] Baudelaire les qualités extérieures : il parle une langue serrée, énergique (les idées ne le sont pas), colorée (mais sans chaleur) ; et je ne lui sais d’égal, pour l’harmonie et le balancement des strophes, que Lamartine ou M.  […] Songez quelles qualités essentiellement françaises un auteur, rompu à ces jeux, apportera dans le roman, et comme il évitera les emphases et les diffusions ! […] Noriac d’avoir importé dans le roman ses qualités de petit journaliste : la netteté, la rapidité, le trait, toutes choses qui font bonne figure dans un livre, quel qu’il soit, mais surtout dans un ouvrage satirique.

1886. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

La véracité la plus scrupuleuse doit être la première qualité du narrateur d’anecdotes. […] La modestie d’Heredia éclate, si on peut dire, dans la qualité même de son œuvre, si scrupuleusement impersonnelle. […] Le conférencier, pour montrer la mauvaise qualité du talent d’Edmond Rostand, crut devoir lire quelques tirades de Cyrano de Bergerac. […] Tachons donc à notre tour de le bien comprendre, et sachons l’admirer en oubliant ses défauts, qui furent peu de chose, au prix de ses qualités. […] Je l’ai supplié cent fois de mettre en valeur par l’effort et la retouche les qualités d’imagination et de verve que lui avait prodiguées la Nature

1887. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Toutes les grandes et séduisantes et despotiques qualités de M.  […] Peut-être avions-nous des doutes sur la qualité de son esprit philosophique, et nous plaisait-il de les conserver. […] Même, en deux ou trois endroits de Patrie, la qualité du style est presque égale à la qualité dramatique de l’œuvre. […] Au reste, la foi absolue qu’il a dans son art entraîne beaucoup de qualités excellentes. […] Il s’ensuit que tous les candidats y montrent des qualités égales et une égale médiocrité.

1888. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Ainsi, par exemple, le faiseur de tragédies, en qualité d’imitateur, est éloigné de trois degrés de la vérité ; et il en est de même de tous les autres artistes-imitateurs ». […] Les dieux ont toutes les qualités et par conséquent ils ne peuvent être soupçonnés ni d’égoïsme, ni de paresse, ni de négligence. […] Je me consacre à ce peuple qui a de grandes qualités et de grands défauts ; et je m’efforce par mon éloquence et par mon autorité de lui faire tirer de ses qualités tout ce qu’elles contiennent. […] Les uns et les autres ont des qualités. […] Et ceux-ci ont tous les défauts qui sont les excès de ces qualités, et ceux-là ont tous les défauts que ces qualités en quelque sorte supposent.

1889. (1903) Propos de théâtre. Première série

Puis en français : « Ce poète anglois a l’imagination assez belle ; il pense naturellement et il s’exprime avec finesse ; mais ces belles qualités sont obscurcies par les ordures qu’il mêle dans ses comédies. » Il l’a lu ; c’est évident. […] Et, à la vérité, il insista un peu plus (pas beaucoup plus) en 1734 sur les qualités, et plus, en 1776, sur les défauts. […] En sa qualité de tragique du seizième siècle et d’imitateur du théâtre antique, il va, sans doute, d’après le système de M.  […] Voilà qui est bien, et à dire le contraire, ou même autre chose, je n’y songe point ; mais la première qualité d’un poète, même dramatique, il me semble que c’est d’être un poète, et voilà ce qu’à propos de Racine il est rare qu’on songe à dire. […] Je ne vois guère dans les temps modernes que Shakspeare et Racine, et chez nous que le seul Racine qui, aux grandes qualités : 1º de psychologue et créateur d’âmes ; 2º de dramatiste et homme de théâtre, qui sont les qualités essentielles et sans lesquelles il ne faut pas se mêler de dramaturgie, aient joint la poésie proprement dite, le don poétique, cette imagination d’un ton particulier, cette façon brillante et charmante de voir ou d’inventer les choses, qui est ce qu’on appelle par tout pays la poésie.

1890. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Tout cela semble promettre une suite ; on pouvait croire que cette poésie encore bien humble, bien peu élevée, qui avait rompu avec les sources supérieures et avec la forte sève historique du Moyen Âge, qui n’en avait recueilli, pour aucune part, le génie héroïque et sévère, allait grandir, se fortifier de nouveau, produire enfin des œuvres plus généreuses, sans pourtant se priver des avantages acquis et de ses heureuses qualités secondaires. […] Malherbe est monarchique ; il est par nature homme d’ordre et d’autorité ; il est d’avis qu’il faut laisser les affaires d’État à ceux qui y sont commis ; et ce n’est pas seulement dans une Épître dédicatoire qu’il disait : « Pour moi qui ai toujours gardé cette discrétion de me taire de la conduite d’un vaisseau où je n’ai autre qualité que de simple passager, le meilleur avis que je puisse donner à ceux qui n’y sont que ce que je suis, c’est de s’en rapporter aux mariniers et se représenter que la voie ordinaire que tiennent les factieux pour exciter les peuples à mal obéir, c’est de leur faire entendre qu’ils ne sont pas bien commandés. » Il pensait et s’exprimait ainsi en toute circonstance. […] Nous avons lu, vous et moi, assez d’exemples de courage que leurs qualités éminentes ont élevés au-dessus du commun ; mais qu’en matière de mépriser l’argent, un particulier ait eu si souvent son roi pour antagoniste, et que toujours il en soit demeuré victorieux, c’est une louange que je ne vois point que jusques ici les plus hardis historiens aient donnée à ceux mêmes qu’ils ont flattés le plus impudemment.

1891. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Dans cette vaste transformation des esprits qui occupe tout le dix-huitième siècle et donne à l’Angleterre son assiette politique et morale, deux hommes paraissent, supérieurs dans la politique et la morale, tous deux écrivains accomplis, les plus accomplis qu’on ait vus en Angleterre ; tous deux organes accrédités d’un parti, maîtres dans l’art de persuader ou de convaincre ; tous deux bornés dans la philosophie et dans l’art, incapables de considérer les sentiments d’une façon désintéressée, toujours appliqués à voir dans les choses des motifs d’approbation ou de blâme ; du reste différents jusqu’au contraste, l’un heureux, bienveillant, aimé, l’autre haï, haineux et le plus infortuné des hommes ; l’un partisan de la liberté et des plus nobles espérances de l’homme, l’autre avocat du parti rétrograde et détracteur acharné de la nature humaine ; l’un mesuré, délicat, ayant fourni le modèle des plus solides qualités anglaises, perfectionnées par la culture continentale ; l’autre effréné et terrible, ayant donné l’exemple des plus âpres instincts anglais, déployés sans limite ni règle, par tous les ravages et à travers tous les désespoirs. […] On est tout étonné de voir ensemble deux qualités aussi contraires. […] On dit, à la vérité, qu’un jour il lui fit une déchirure dans son pourpoint couleur de chair, mais c’était seulement pour se procurer de l’ouvrage et en sa qualité particulière de tailleur… Le lion qui joue à présent est, à ce que j’apprends, un gentleman de province qui fait cela pour son amusement, mais souhaite que son nom reste caché.

1892. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Le même procédé est applicable à tous les styles, mais seulement comme moyen d’obtenir la première de ce qu’on peut ap peler les qualités sociales du langage, qui est de faire saisir nos idées à tous. « La règle du bon style dit scientifique, Renan, c’est la clarté, la parfaite adaptation au sujet, le complet oubli de soi-même, l’abnégation absolue. […] Il eut la première qualité de l’écrivain, qui est de ne pas songer à écrire. […] Mais, tout bien compté, si notre poésie classique a une foule de qualités, elle n’est pas poétique ; et si la prose classique l’est davantage, elle l’est encore trop peu : tantôt démonstrative et philosophique, tantôt oratoire et éloquente, tantôt spirituelle, elle est rarement poétique, — surtout quand elle devient « fleurie », car les fleurs de rhétorique sont ce qu’il y a de plus étranger à la poésie.

1893. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Le second s’ouvre à Brunswick, à cette petite cour où sa famille l’a fait placer en qualité de gentilhomme ordinaire ou plutôt fort extraordinaire, nous dit-il ; il y arrive en mars 1788, il y réside durant ces premières années de la Révolution ; il s’y ennuie, il s’y marie, il travaille à son divorce, qu’il finit par obtenir (mars 1793) ; il s’est livré dans l’intervalle à toutes sortes de distractions et à un imbroglio d’intrigues galantes pour se dédommager de son inaction politique, qui commence à lui peser en face de si grands événements. […] Je cite tout de travers ; mais une de vos aimables qualités est d’entendre tout bien, de quelque manière qu’on parle. […] J’ai rarement vu une réunion pareille de qualités étonnantes et attrayantes, autant de brillant et de justesse, une bienveillance aussi expansive et aussi cultivée, autant de générosité, une politesse aussi douce et aussi soutenue dans le monde, tant de charme, de simplicité, d’abandon dans la société intime. […] ces qualités sont précisément ce qui manquait à la relation de Benjamin Constant et de Mme de Charrière. […] Le baron de Salgas, gentilhomme protestant de la maison de Pelet, dont les ancêtres avaient quitté la France à la révocation de l’Édit de Nantes ; il avait passé des années à la cour d’Angleterre en qualité de gouverneur d’un des jeunes princes de la maison de Hanovre.

1894. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Fénéon avait toutes les qualités d’un critique d’art : l’œil, l’esprit analytique, le style qui fait voir ce que l’œil a vu et comprendre ce que l’esprit a compris. […] Je disais de lui, avant cette aventure : « Je veux juger de la forme et non de la qualité de son influence. […] Il s’agit du genre et non de la qualité des meules : Alfred de Vigny, qui fut un des plus grands, fut un des plus lents parmi les poètes de notre siècle. […] Si les poèmes ordonnés avec de tels vers manquent presque toujours de fantaisie et d’imprévu, ils ont des qualités particulières : la certitude, la noblesse, l’ampleur, la force. […] Avec de la patience, on atteint quelquefois l’exactitude, et avec de la conscience, la véracité ; ce sont les qualités fondamentales de l’histoire ; on les retrouve dans les romans des Goncourt.

1895. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Son style scénique n’est ni si mâle et si tendu que celui de Corneille, ni si parfait et si harmonieux que celui de Racine ; ce style, qui sent trop l’improvisation, la facilité, la négligence, n’a point cette solidité qui résiste au temps dans l’œuvre des beaux vers ; mais le mouvement, l’éclat, l’héroïsme, la tendresse, toutes ces qualités de surface qui séduisent l’œil et l’oreille, lui donnent un caractère voltairien indéfinissable par un autre nom que par le nom de l’auteur. […] Mais, malgré toutes ces qualités très-remarquables du style historique de Voltaire, dans la Vie de Charles XII comme dans le Siècle de Louis XIV, ses deux monuments, ce style ne dépasse jamais l’agrément et ne s’élève pas au sublime, qui est la région élevée de la grande histoire.

1896. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Ni goût, ni composition, ni mesure, ni netteté, ni correction, aucune des qualités où commençait précisément à consister toute la beauté des œuvres. […] Mais il suffira ici de nous arrêter à l’homme qui incarne à bon droit le goût précieux, à celui qui a qualité pour représenter ce monde et cet art, à Voiture281.

1897. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Certains défauts que j’ai fussent devenus des qualités. […] Il gâta par la passion des qualités supérieures.

1898. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Deux pays, la France et l’Allemagne, sont en présence, deux pays unis par un séculaire échange d’idées et d’efforts, un jour séparés par une guerre folle et à jamais détestable : mais la paix a été faite, les anciennes relations, si amicales, ont été retrouvées ; depuis des générations, c’était, entre les deux, une réciprocité de salutaires influences, un constant retour, au-dessus des rives du vieux Rhin, de ces choses intellectuelles et morales dont vivent les peuples ; à grand peine donc, et malgré les fanatismes un instant renouvelés, l’œuvre de mutuelle régénération est reprise ; et voilà que l’un de ces pays enfin a produit l’œuvre qui résume son âme, l’artiste absolu lui est né en qui aboutissent les qualités nationales éminentes, l’homme par excellence dont l’œuvre résume toutes les aspirations d’une race ; à son tour, ce pays offre à l’autre, à travers les frontières, ce magnifique tribut d’idéalité nouvelle : appartient-il à quelqu’un de protester ? […] Le décor agit par son éclairage, les principales directions de ses lignes, les quantités et les qualités de ses couleurs, ses états et ses mouvements.

1899. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Augier : au milieu de toute sorte de qualités discrètes et charmantes, elles ont un coin de sentimentalité prétentieuse. […] Baudel, jeune croquant enrichi, qui voudrait s’illustrer par la conquête d’une comtesse, et que le Montrigaud lui envoie, en sa qualité de vieux diable que cela amuse de tenter les femmes.

1900. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Pour ces gens, les mots ne gardent plus leur particularité, leur qualité unique, à l’exclusion de tout synonyme, d’être l’enveloppe s’adaptant juste à une chose ou à un être. […] Mon père, un soldat, n’a jamais acheté un objet d’art, mais aux choses qui servaient au ménage, il leur voulait une qualité, une perfection, un beau non ordinaire.

1901. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

d’indignes bateleurs avec d’honnêtes gens, dont la fonction exige, pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de l’ame, de l’esprit, de la connoissance des mœurs & des caractères ; en un mot, un grand nombre de qualités que la nature réunit si rarement dans une même personne, qu’on compte plus d’excellens auteurs, que d’excellens comédiens. […] Le comédien Floridor étoit gentilhomme, & il obtint, le 10 septembre 1668, un arrêt du conseil, par lequel il fut maintenu dans sa qualité d’écuyer.

1902. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Obstacles matériels Cette critique militante, qui est la difficulté et le triomphe du genre, qui, par les qualités qu’elle exige, netteté, décision, hardiesse, instinct heureux et pressentiment du goût public, convient si bien à l’écrivain français, a eu quelques beaux jours dans le premier quart du siècle. […] Je suis loin de croire que cette qualité soit moins commune chez les critiques que chez les autres gens de lettres.

1903. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Sa faveur et sa disgrâce, son éducation et son naturel, ses qualités et ses défauts l’y avaient porté. […] Nous n’imaginons les objets que par ces précisions et ces contrastes ; il faut marquer les qualités distinctives pour rendre les gens visibles ; notre esprit est une toile unie où les choses n’apparaissent qu’en s’appropriant une forme arrêtée et un contour personnel.

1904. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Devant le Dieu parfait, que sont les qualités et les vertus de ces pauvres êtres dont il est l’inimitable idéal ? […] En sa qualité d’être raisonnable, l’homme comprend une loi morale, c’est-à-dire une règle obligatoire pour ses actions.

1905. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Ce héros est le général Lasalle, un des Achille et des Roland de l’Empire, de la première qualité des braves, un des prochains maréchaux s’il avait vécu, et avec cela aimable, spirituel, étourdi, généreux, tel enfin qu’il va se peindre à nous.

1906. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Comme la capacité principale et la qualité maîtresse du président était pour les négociations, on le voit employé en 1600-1601 dans les conférences diplomatiques pour traiter avec le duc de Savoie, dans les démarches qui furent faites pour amener à résipiscence le maréchal de Biron.

1907. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

L’abbé Le Dieu était un ecclésiastique estimable, laborieux, auteur par lui-même de quelques ouvrages sur des matières théologiques ; il fut attaché à Bossuet à partir de l’année 1684, et resta auprès de lui près de vingt ans, les vingt dernières années de la vie du grand prélat, en qualité de secrétaire particulier et avec le titre de chanoine de son église cathédrale ; mais il ne faut point voir en lui auprès de Bossuet ce qu’était l’abbé de Langeron pour Fénelon : ce n’était point un ami, mais un domestique dévoué et fidèle.

1908. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Je n’ai pas craint de marquer les défauts : il est juste de rappeler les qualités et les avantages.

1909. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Propriétaire viager ou, si l’on veut, locataire à vie de la maison qu’il occupe, ayant ainsi le sentiment du chez-soi, l’ouvrier du Hartz, en sa qualité de membre de la corporation des mines, « possède sur les richesses minérales et forestières de ce district une sorte d’hypothèque légale qui le garantit, ainsi que sa famille, contre toutes les éventualités fâcheuses qui peuvent se présenter. » Il a non seulement l’habitation et le jardin qui y tient, il a le droit de récolter à titre gratuit dans les forêts domaniales le bois de chauffage ; le blé lui est assuré à un prix invariable et toujours au-dessous de celui du marché.

1910. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Non, mais je cherche en toi cette force qui fonde, Cette mâle constance, exempte du dégoût… Il cherche, en un mot, la vertu la plus absente, la qualité la plus contraire au défaut qui s’est trop marqué ; et il se plaît ici, en regard et par contraste, à exposer en disciple d’Hésiode et de Lucrèce, en lecteur familier avec le bouclier d’Achille et avec les tableaux des Géorgiques, l’invention des arts, la fondation des cités, la marche progressive et lente du génie humain, tout ce qui est matière aussi de haute et digne poésie.

1911. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Au reste, sans être Napoléon ni Jomini, on reconnaît à simple vue ce mérite saisissant de vérité en des matières si aisément confuses ; ce que dit madame Dacier de cette qualité suprême de son auteur n’a rien d’exagéré.

1912. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Mais, à force de méditer sur les prérogatives de la poésie, Le Brun en était venu à envisager les hardiesses comme une qualité à part, indépendante du mouvement des idées et de la marche du style, une sorte de beauté mystique touchant à l’essence même de l’ode ; de là, chez lui, un souci perpétuel des hardiesses, un accouplement forcé des termes les plus disparates, un placage extérieur de métaphores ; de là, surtout vers la fin, un abus intolérable de la Majuscule, une minutieuse personnification de tous les substantifs, qui reporte involontairement le lecteur au culte de la déesse Raison et à ces temps d’apothéose pour toutes les vertus et pour tous les vices.

1913. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

En revanche, celui-ci nous apprend encore que Prevost s’est donné le plaisir, dans ses Mémoires d’un Homme de qualité, de faire des portraits de ses anciens confrères de Saint-Maur, et de les loger dans la bibliothèque du monastère de Saint-Laurent à l’Escurial.

1914. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

L’amour, tel qu’ils le peignaient, est une maladie, un sort jeté par les dieux, un genre de délire, qui ne suppose aucune qualité morale dans l’objet aimé.

1915. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Mais il a encore une qualité plus précieuse : c’est de juger, en somme, de la peinture en peintre, de s’intéresser à la lumière, à la couleur, de jouir de leurs combinaisons délicates ou puissantes.

1916. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

La recherche bien entendue du plaisir, ç’a été, pour beaucoup de philosophes anciens, la définition même de la vertu  Si, d’autre part, vous considérez l’écrivain, vous trouverez que sa qualité la plus persistante est le bon sens.

1917. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Ami, ne te regarde pas comme une victime préparée pour le seul bonheur d’autrui : la Nature n’a pû te sauver les peines inévitables attachées à la condition humaine ; mais vois aussi toutes les qualités dont elle t’a doué avec une magnificence digne d’elle & de toi.

1918. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Ses disciples, en qualité de Galiléens, étaient méprisés.

1919. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

À proprement parler, cette qualité et celles de grandeur, forme, etc., qui s’y rattachent, nous sont révélées, comme nous l’avons vu, par les mouvements qu’elles causent en nous ; les sentiments qu’elles produisent sont des sentiments de mouvement ou d’état des muscles.

1920. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

J’allais à l’hôtel d’Albret ou de Richelieu, sûre d’être bien reçue et d’y trouver mes amis rassemblés, ou bien de les attirer chez moi, en les faisant avertir que je ne sortirais pas 78… » Quelques mois après la mort de son mari, elle refusa d’épouser un homme de qualité, à qui ses amis lui conseillaient de s’unir.

1921. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Au nom d’Arioste, de l’auteur du poëme d’Orlando furioso, tous ces brigands tombèrent à ses pieds, l’assurèrent qu’il n’avoit rien à craindre, l’accablèrent d’honnêtetés, & le reconduisirent jusqu’à la forteresse ; ajoutant que la qualité de poëte leur faisoit respecter, dans sa personne, le titre de gouverneur.

1922. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Mais remarquez : si à toutes leurs qualités ils avaient ajouté la faiblesse de lire les livres dont ils devaient parler, leurs décisions eussent été moins tranchantes et leurs considérations moins originales ; ils eussent été des critiques de moyen ordre ; mais leur influence sur moi eût été la même et même se serait prolongée plus longtemps ; j’aurais relu, après leurs conversations, avec un esprit nouveau.

1923. (1761) Apologie de l’étude

Comme ils jouissent à leur aise, en fait de réputation, d’une fortune bornée, mais très suffisante pour eux, et que personne ne leur dispute, ils se piquent, entre autres qualités, d’un grand zèle patriotique pour la littérature ; car le patriotisme dans les âmes vulgaires (je ne dis pas dans les grandes âmes) n’est guère que le sentiment de son bien-être, et la crainte de le voir troubler.

1924. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Mazarin, l’Italien Mazarin, résume en lui les qualités et les défauts de l’Italie des derniers temps.

1925. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Fétides sous le Directoire, mais tonifiées et bonifiées par la gloire, ces mœurs étaient telles encore que Napoléon, ce génie romain, ce grand pater familias de son empire, avait besoin de toutes ses impériales sévérités pour ramener aux vertus de la famille ses généraux mal disciplinés à ces vertus, mais dont c’était la seule indiscipline… Eh bien, au plus brûlant et au plus entraînant de ces mœurs qui avaient en tout l’emportement de la mêlée et de la victoire, voilà qu’apparut cet être étrange et ravissant, et alors, comme depuis, si chastement inviolable, que, malgré toutes les qualités qui éveillent l’envie, jamais la calomnie n’eut le courage d’envoyer même sur ses pieds immaculés une gouttelette de boue.

1926. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

« Vous cherchiez, dit-il à l’empereur, un homme qui eût assez d’élévation pour savoir dédaigner les richesses, assez de courage pour savoir déplaire, assez de fermeté pour braver la haine ; vous avez cru trouver ces qualités en moi, et vous m’avez choisi dans un temps où les provinces épuisées par les pillages des barbares et par des brigandages non moins funestes que honteux, imploraient votre secours. » Le même empereur le fit ensuite préfet des gardes prétoriennes, et lui confia le gouvernement de plusieurs provinces.

1927. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

L’idée de Médor renferme nécessairement plus d’attributs que l’idée spécifique de chien ; parce que tous les attributs de l’espece conviennent à l’individu, qui a de plus son suppôt particulier, ses qualités exclusivement propres & incommunicables à tout autre. […] Tantôt c’est le rapport d’une qualité à son sujet, fortitudo regis ; tantôt du sujet à la qualité, puer egregiae indolis : quelquefois c’est le rapport de la forme à la matiere, vas auri ; d’autre fois de la matiere à la forme, aurum vasis. […] Mais cette concordance ne doit pas s’entendre comme le commun des Grammairiens l’expliquent : urbs Roma ne signifie point, comme on l’a dit, Roma quae est urbs ; c’est au contraire urbs quae est Roma ; urbs est déterminé par les qualités individuelles renfermées dans la signification du mot Roma. […] Cependant l’oreille distingue très-sensiblement les choses représentées par les consonnes ; autrement quelle différence trouveroit-elle entre les mots vanité, qualité, qui se réduisent également aux trois sons a-i-é, quand on en supprime les consonnes ? […] Je laisse au lecteur à juger du poids de ces opinions, & je me réduis à conclure tout de nouveau que toutes ces analogies de la lettre h avec les autres consonnes, lui en assûrent incontestablement la qualité & le nom.

1928. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Mais, au nord, les Barbares, gardant plus fidèlement leurs défauts avec leurs qualités, compromettent la notion juste de l’art. […] Quoi qu’il en soit, une école contemporaine de Raphaël ne souffre pas de méprise : car tout éclate dans la peinture vénitienne, qualités et défauts. […] Et cette qualité, il n’y a rien, absolument rien qu’il ne se puisse permettre. […] Elle s’en explique dans Adam Bede : « C’est pour cette rare et précieuse qualité de la vérité que ces peintures hollandaises, méprisées des gens à l’esprit dédaigneux, m’enchantent si fort. […] Écrit-on l’histoire d’une jeune fille : il est impossible d’y réussir, à moins d’avoir étudié toute sa race, non seulement dans ses tares ou ses vertus morales, mais encore dans la qualité de ses moelles, dans les générosités ou les vices de son sang.

1929. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Or, une des qualités de notre esprit contemporain, c’est un besoin d’information exacte et complète : on veut des faits, et non des phrases. […] Sismondi, de son côté, écrit à la comtesse d’Albany, à propos de l’auteur des Martyrs : « Comme il n’est rien qu’avec effort, comme il veut toujours paraître, au lieu d’être lui-même, ses défauts sont tâchés comme ses qualités ; et une vérité profonde, une vérité sur laquelle on se repose avec assurance, n’anime pas tous ses écrits. » Eh bien ! […] Il y a, d’autre part, ceux qui mettent au-dessus de tout la vérité, la justesse et la perfection de la pensée ; qui, en vue d’elle seule et par elle seule, portent ces mêmes qualités dans leur style à un tel degré de simplicité et de naturel qu’on cesse presque de les apercevoir, disparaissant par leur achèvement même. […] La pièce, avec ses qualités et ses défauts, plut tellement que les comédiens, à cette occasion, se séparèrent en deux troupes, pour jouer au Théâtre du Marais en même temps qu’à l’Hôtel de Bourgogne. — Je ne m’arrêterai point cependant à analyser cette comédie, qui vous intéresserait peu. […] Chez les provinciaux, on prend ce qu’on rencontre ; Et là, faute de mieux, un sot passe à la montre ; Mais il faut à Paris bien d’autres qualités : On ne s’éblouit point de ces fausses clartés ; Et tant d’honnêtes gens que l’on y voit ensemble Font qu’on est mal reçu, si l’on ne leur ressemble.

1930. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

On admet malaisément que les qualités du praticien et celles du philosophe ou du généralisateur coexistent chez un même homme. […] En revanche, je leur reconnais une valeur humaine, une qualité d’âme, une force de personnalité que j’admire autant que j’estime peu la stérile corruption d’une aristocratie dégénérée, et il me paraît que cette valeur humaine ne gagne rien à se déclasser, fût-ce par en haut. […] C’est le motif pour lequel la qualité lyrique en est si radicalement absente. […] II Un premier caractère frappera tous les lecteurs de ce recueil : la qualité tragique des sujets. […] Quand il avait prononcé d’un livre cet arrêt : « Il n’a pas d’âme », ou encore : « Il ne palpite pas », les qualités d’art devenaient nulles à ses yeux.

1931. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Les caractères ne peuvent être attachants que de trois manières : ou par la vertu parfaite et sans mélange, ou par des qualités imposantes auxquelles le préjugé a lié des idées de grandeur et de vertu, ou par un assemblage de vertus et de faiblesses reconnues pour telles. […] Notre amour propre voit avec plaisir nos défauts unis à de grandes qualités. […] Oui vraiment ; toutes les personnes de qualité les portent de la sorte. […] Les personnes de qualité portent les fleurs en en-bas ?

1932. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

C’est un jeune siècle, mais déjà sérieux et rassis comme les jeunes gens d’aujourd’hui : il n’a rien gardé du passé, ni ses croyances, ni ses préjugés, ni ses belles manières, ni ses mauvaises mœurs ; mais il a toutes les qualités d’une époque qui a quelque chose à fonder, qui a sa fortune à faire : l’intelligence, l’activité, le bon sens, la persévérance, et point d’enthousiasme. […] C’est en effet la double gloire de M. de Chateaubriand ; il a concilié deux qualités qui se combattent presque toujours : il a été grand écrivain par sa tempérance autant que par son audace ; il a servi la langue comme érudit et comme poète, comme puriste et comme novateur. […] Il nous faut connaître maintenant avec plus de détails ce jeune Français ainsi jeté par un vaisseau du roi sur une terre étrangère, à quelques mille lieues de son pays, seul, absolument seul, avec tant de dangers, tant d’aventures, tant de misères en perspective ; il nous faut le connaître tel qu’il est ; car nous avons bien peur qu’avec son habit noir, ses 2 000 écus de haute solde et son bagage épistolaire, il ne soit médiocrement recommandé auprès des nobles représentants de la Royale Compagnie, s’il ne paie prodigieusement de sa personne, s’il n’a du cœur, de l’esprit, beaucoup de bonne humeur, beaucoup de science, des qualités solides, des mœurs élégantes, l’indépendance de l’âme et du caractère. […] Ceux qui avaient longtemps vécu à la pointe de l’épée, sans être cependant connus pour se livrer à d’inutiles cruautés, il en faisait des soldats ; et ceux-ci devenaient, en cette qualité, les gardiens de leurs anciens camarades, souvent même de leurs anciens chefs.

1933. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Revenons aux qualités. […] Son esprit d’analyse, son étonnante clairvoyance, sa conscience descriptive, son inquiétude dans le choix de l’expression, sa soif de vérité, l’ont classé assez haut pour que je n’aie à m’occuper que de l’ensemble de l’œuvre présente, remplie de ses qualités, et parfois de l’exagération de ces qualités. […] Le plus curieux, c’est que cette qualité, que quelques-uns lui refusent présentement, lui fut imputée à crime, lors de son premier succès : les Victimes d’amour. […] Je ne veux pas critiquer : Adagiettos, qui renferme des morceaux intéressants ; mais, tout en reconnaissant les qualités de M.  […] Bien d’autres pièces seraient à citer, mais celle-ci me paraît résumer assez bien les belles qualités de l’auteur.

1934. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

On retrouve dans ce volume écrit avec une prodigieuse facilité, toutes les brillantes qualités du grand producteur qu’est M.  […] « Par quatre qualités morales de premier ordre. […] Ce sont des soldats d’une qualité particulière et dont l’esprit doit, comme celui des marins, recevoir je ne sais quel mystérieuse empreinte de la nature qui les entoure, les éblouit, les menace ou les berce. […] L’héroïsme, toujours prêt, de nos soldats ne diminue en rien les qualités de nos voisins. […] Mais c’est moins par les qualités et les services rendus que par les haines communes qu’on se lie.

1935. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Et, pour être juste, je dois dire que… jamais elle n’avait encore eu de meilleure femme de chambre ; c’était une créature serviable, modeste, soumise, — en un mot, elle avait toutes les qualités qu’on peut souhaiter. […] Tu n’étais nullement remarquable, il est vrai, par les qualités de l’esprit, et tu passais même à l’université pour un sujet des plus médiocres ; pendant les leçons, tu te laissais aller ordinairement aux douceurs du sommeil, et c’est surtout par un majestueux silence que tu brillais aux examens. […] Nikolaï Ivanovitch était le seul qui, en sa qualité de cabaretier, eût conservé son sang-froid.

1936. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Émile Zola nous a montré que cela n’était pas nécessaire de douer les personnages vulgaires de surnaturelles qualités pour leur donner de l’attrait dramatique, mais que chaque créature, si minime qu’elle soit, contient une parcelle de beauté. […] Ce sont là ses qualités essentielles. […] Les plus vils de ses personnages, comme Coupeau, l’ouvrier alcoolique, ou Buteau, la brute déchaînée de la Terre, valent toujours par quelques qualités qui les rehaussent et les embellissent.

1937. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

C’est, disons-le en passant, pour cette dernière raison que le drame, unissant les qualités les plus opposées, peut être tout à la fois plein de profondeur et plein de relief, philosophique et pittoresque. […] Non cette correction toute de surface, qualité ou défaut de l’école descriptive, qui fait de Lhomond et de Restaut les deux ailes de son Pégase ; mais cette correction intime, profonde, raisonnée, qui s’est pénétrée du génie d’un idiome, qui en a sondé les racines, fouillé les étymologies ; toujours libre, parce qu’elle est sûre de son fait, et qu’elle va toujours d’accord avec la logique de la langue. […] Les défauts, du moins ce que nous nommons ainsi, sont souvent la condition native, nécessaire, fatale, des qualités.

1938. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Buloz, qui en sa qualité de correcteur de la Revue de Paris et de la Revue des Deux-Mondes, connaît sans doute la valeur des mots, doit savoir qu’il y a une grande différence entre l’argent qu’on gagne et l’argent qu’on reçoit. […] Douée, comme centre, d’une puissance d’assimilation supérieure à celle de toutes les nations ses voisines, elle pouvait joindre à la raison et à l’esprit, qui sont ses qualités distinctives, qui sont ses dons naturels, la rêverie de Dante, l’humanité de Shakespeare, le pittoresque de Calderon, la fécondité de Lope de Vega, la passion de Schiller, le philosophisme poétique de Goethe. […] Or, il ne fallait, pour faire un théâtre unique, splendide, magnifique, un théâtre qui réunît en lui les qualités de tous les autres théâtres enfin, que reprendre l’œuvre d’édification où M. le baron Taylor l’avait abandonnée ; il fallait dire au roi : « Sire, la grandeur des souverains n’est pas toujours en eux-mêmes, mais quelquefois aussi dans les hommes qui les entourent. » Il fallait dire aux ministres : « Excellences, dans une époque où l’on demande et où l’on obtient des chambres cent vingt millions pour les monuments publics, et deux cents millions pour les fortifications de Paris ; demandez donc de temps en temps un demi-million pour l’art. » Il fallait dire au peuple : « Peuple, écoute et regarde », car toutes les idées politiques, philosophiques, sociales, contemporaines, sont dans ce théâtre, ce journal qui se lit à haute voix chaque soir à Paris devant quarante mille spectateurs ; en France, devant cent mille.

1939. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

) ce mot, en tant qu’il signifie une qualité de l’ame, est un de ces termes vagues, auxquels tous ceux qui les prononcent attachent presque toûjours des sens différens. […] Des philosophes ont prétendu que la force est une qualité inhérente à la matiere ; que chaque particule invisible, ou plûtôt monade, est doüée d’une force active : mais il est aussi difficile de démontrer cette assertion, qu’il le seroit de prouver que la blancheur est une qualité inhérente à la matiere, comme le dit le dictionnaire de Trévoux à l’article Inhérent. […] Ces deux genres qui en embrassent tant d’autres ont des beautés nécessaires qui leur sont également communes ; ces beautés sont la justesse des idées, leur convenance, l’élégance, la propriété des expressions, la pureté du langage ; tout écrit, de quelque nature qu’il soit, exige ces qualités. […] Nul écrivain cependant ne lui donne le titre de grand homme, parce qu’avec de grandes qualités il n’eut aucune grande vertu. […] Si hautain est toûjours pris en mal, hauteur est tantôt une bonne, tantôt une mauvaise qualité, selon la place qu’on tient, l’occasion où l’on se trouve, & ceux avec qui l’on traite.

1940. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

II Si vous ajoutez à cela le goût passionné et intelligent des lettres qu’il avait puisé dans la société des philosophes, des orateurs, des écrivains de l’Assemblée constituante ou de madame de Staël, son amie de jeunesse, et si vous revêtez ces qualités du cœur et de l’âme de l’extérieur d’un héros de roman sous le plus beau nom de France, vous comprendrez l’homme. […] IV Après l’Assemblée constituante il rentra, en 1791, dans les rangs de l’armée constitutionnelle qui défendait la patrie contre les Autrichiens dans le Nord ; il fit la campagne en qualité d’aide de camp du vieux maréchal Luckner.

1941. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

La plupart, causant à cœur ouvert, rendaient justice aux qualités de ce roi mitoyen à la monarchie et à la révolution ; aucun ne le haïssait. […] XXVIII « La France est de la même qualité de peuple que la Grèce et l’Italie.

1942. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Ce goût malsain s’explique si l’on considère que ce qui nous attache à un grand artiste, c’est ce qu’il a de particulier, ce sont ses qualités propres et vraiment originales, c’est-à-dire précisément celles qui, développées à outrance et sans contrepoids, deviendront des défauts aux yeux des critiques non prévenus et des esprits amis de la mesure ; mais les initiés ne s’en apercevront point, ou bien, comme ces défauts ne font qu’accentuer la marque personnelle par où ils ont été séduits, s’ils les sentent, ils les aimeront comme des qualités de plus en plus singulières.

1943. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Il faut admettre dans les premiers hommes un tact d’une délicatesse infinie, qui leur faisait saisir avec une finesse dont nous n’avons plus d’idée, les qualités sensibles qui devaient servir de base à l’appellation des choses. […] La vieille humanité française était une vertu ou une qualité morale, mais avec bien des nuances qui expliquent la transition. « Je te le donne au nom de l’humanité », dit don Juan dans Molière.

1944. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Liberté serait ainsi une question de simple qualité, non une question de causalité. […] Si nous prenons au hasard, les raisons de notre mouvement seront toutes mécaniques ; si nous choisissons, nous serons alors déterminés par un jugement de préférence fondé sur la grosseur, la couleur, le poids, la qualité de telle orange.

1945. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

René est en effet son œuvre capitale ; il est la poétique autobiographie d’une génération ; il contient en germe les qualités et les défauts que l’école romantique devait développer et exagérer ; il marque un moment critique dans la vie sociale et littéraire de notre siècle. […] L’égoïsme féroce avait été une qualité nécessaire à la conservation de l’individu : « intérêt et cœur humain sont deux mots semblables », formule brutalement le Chateaubriand de l’Essai.

1946. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

A priori, nous nous disons qu’elle ne peut porter que sur la qualité du contenu de l’image, ou sur sa quantité, ou sur les deux à la fois. Or, ce n’est pas sur la qualité, à coup sûr, qu’elle porte effectivement, puisque le souvenir doit nous représenter le passé sans l’altérer.

1947. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Cherchons donc les données simples pour les qualités morales, comme on les cherche pour les qualités physiques35. » Et M. 

1948. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Il appartient, ainsi que la plupart des grammairiens philosophes de son temps, à cette école qui considérait avant tout une langue en elle-même et d’une manière absolue, comme étant et devant être l’expression logique et raisonnable d’une idée et d’un jugement ; il la dépouillait volontiers de ses autres qualités sensibles ; il ne l’envisageait pas assez comme une végétation lente, une production historique composée, résultant de mille accidents fortuits et du génie persistant d’une race, et qui a eu souvent, à travers les âges, plus d’une récolte et d’une riche saison ; il ne remontait point à la souche antique, et ne se représentait point les divers rameaux nés d’une racine plus ou moins commune.

1949. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Lorsque l’on sait à quel esprit sain, ferme, vigoureux, on a affaire en Ramond, lorsqu’on a pu apprécier ses qualités sûres comme savant, comme observateur, lorsqu’on voit Laplace avoir assez de confiance en lui pour adopter et enregistrer dans la Mécanique céleste la réforme numérique dont était susceptible le coefficient d’une de ses formules, on se demande quelle sorte d’intérêt et de zèle celui qu’on a connu en ces dernières années le moins mystique des hommes pouvait apporter dans cette intimité de chaque jour avec Cagliostro.

1950. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Quel dommage qu’il n’ait pas joint à ses autres brillantes qualités celles qui font le guerrier humain, c’est-à-dire le guerrier accompli, cette modération, cette justice après le combat, ces vertus civilisées qui décorent à jamais le nom d’un Xénophon ou d’un Desaix !

1951. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Lavallée et même M. de Sacy, entre autres qualités, y louent l’« ampleur ».

1952. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Je sais combien il y a de gentilshommes en Provence, qui, par leur naissance et par leur mérite, sont beaucoup plus dignes que moi d’obtenir cet honneur ; mais vous, mon cher Saint-Vincens, Monclar, le marquis de Vence, m’auriez peut-être aidé de votre recommandation, et cela m’aurait tenu lieu de toutes les qualités qui me manquent.

1953. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Où Bourdaloue, qui avait vécu si longtemps en province, avait-il pu acquérir ces finesses de l’art, et, parmi les qualités plus substantielles encore que celles dont je parle, le don de choisir le mot nécessaire (il n’y en a jamais qu’un), et de vider, pour ainsi dire, la pensée de toutes les choses qu’elle contient ?

1954. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Je pourrais ajouter, si ce n’était ici une digression, qu’il y en a un troisième, celui qu’on rencontre par hasard dans le monde, doux, poli, non tranchant, modeste dans son langage, d’un coup d’œil et d’un ton de voix affectueux, presque caressant ; il est impossible de l’avoir rencontré quelquefois et d’avoir causé avec lui sans avoir reconnu dans cet ogre tant détesté, et qui a tout fait pour l’être, l’homme doué de bien des qualités civiles et sociales.

1955. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Mais on est heureux, avec une personne aussi pure, aussi morale et d’une vie au-dessus de tout soupçon, de trouver la belle et bonne qualité française de nos mères, la franchise du ton, la rondeur des termes, le contraire de tout raffinement et de toute hypocrisie. et, avec tant de délicatesse et de fleur, l’éclat du rire, la fraîcheur au teint, la santé florissante de l’esprit.

1956. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Mais, chose à remarquer, et qui se reproduit plus ou moins dans presque toutes les familles dites parlementaires de ce temps-là : fils d’un père chagrin, bizarre et dur, il sécularise les qualités plus que solides de ce premier original, il les tempère, il les adoucit, il les civilise et les montre en sa personne applicables à bien des emplois, et même assez ornées de politesse et de belles-lettres ; mais il ne parvient point à les léguer à son fils, lequel, en revanche, sera un dissipateur, un franc libertin et pis encore.

1957. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Le maître y met de la préparation, un air de solennité mystérieuse : « Ce n’est pas de ton savoir-faire ordinaire que j’ai besoin dans l’affaire présente, mais d’autres qualités que j’ai remarquées en toi, ta fidélité et ta discrétion. » — « J’écoute. » — Et ici le maître rappelle à l’affranchi ses bienfaits : il l’a acheté tout enfant, il l’a toujours traité avec douceur et clémence : le voyant servir d’un cœur si honnête, il lui a donné ce qu’il y a déplus cher, il l’a affranchi.

1958. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Un Roi si grand en tout se distingue plus par sa foi que par ses autres admirables qualités.

1959. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

« Ce qui constitue la qualité d’être civilisé, ce ne sont pas les délicatesses du goût, les ornements de l’esprit, le train de vie que l’on mène ; ce sont les actes, c’est la conduite, c’est le caractère.

1960. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Alors il m’ouvrit son cœur et m’expliqua confidemment ses idées sur le mariage et la qualité de l’alliance qu’il cherchait pour sa fille, ajoutant que s’il trouvait de quoi remplir solidement ces idées, comme serait un jeune avocat de bon esprit, bien élevé, formé de bonne main, qui eût eu déjà quelque succès dans des coups d’essais et premiers plaidoyers, avec un bien raisonnable et légitimement acquis, il le préférerait sans hésiter à un plus grand établissement, quoi que lui fissent entrevoir et espérer des gens fort qualifiés et fort accrédités qui voulaient marier sa fille.

1961. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Mais, en réduisant cette dernière à sa juste valeur et en ne voyant dans la princesse naine qui y tenait le sceptre qu’un bel esprit impérieux et fantasque, il serait vraiment injurieux de pousser plus loin la comparaison et de confondre pour la qualité des goûts la duchesse du Maine avec son neveu.

1962. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Il y a eu de cette agréable surprise pour plus d’un spectateur d’aujourd’hui ; à la lecture, on n’y voit guère qu’une ravissante élégie ; à la représentation, quelques-unes des qualités dramatiques se retrouvent, et l’intérêt, sans aller jamais au comble, ne languit pas.

1963. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Pline le Jeune a coutume, dans l’éloge qu’il fait de certains écrivains, d’unir ensemble, comme se tenant étroitement entre elles, deux qualités, vis, amaritudo , cette vigueur qui naît et se trempe d’une secrète amertume  ; Mlle Delaunay (on peut citer du latin en parlant de celle qui faillit devenir Mme Dacier) possédait cette vigueur-là.

1964. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Les Anglais n’écrivent point pour les femmes ; les Français les ont rendues, par le rang qu’ils leur ont accordé dans la société, d’excellents juges de l’esprit et du goût ; les Allemands doivent les aimer, comme les Germains d’autrefois, en leur supposant quelques qualités divines.

1965. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Les grandes qualités d’un homme qui n’a pas la même religion politique que vous, ne peuvent être comptées par ses adversaires ; les torts, les crimes mêmes de ceux qui partagent votre opinion ne vous détachent pas d’eux ; le grand caractère de la véritable passion est d’anéantir tout ce qui n’est pas elle, et une idée dominante absorbe toutes les autres.

1966. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

La qualité seule, l’intensité, les formes accidentelles et causes occasionnelles sont à lui.

1967. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Rochefort déploie, à développer l’absurde, de remarquables qualités d’ordre et de méthode et une très réelle puissance d’imagination.

1968. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Ainsi serait constituée la Critique nationale, qui saurait répondre avec clarté, devant l’étranger, de la qualité, de la mission et de la marche de notre génie.

1969. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Si nous supposons deux peintres maîtres de leur art, usant de la même technique — car il ne s’agit pas ici de la « manière » — et placés devant le même site ou devant le même groupe de personnages, ils en restitueront également les proportions et dans leurs tableaux les rapports des tons lumineux, les « valeurs » seront identiques ; mais les deux œuvres différeront par les qualités du trait et par le coloris.

1970. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

» Fils d’un père et d’une mère qui jouaient la comédie, il avait été élevé pour la profession de comédien et possédait toutes les qualités, tous les talents nécessaires à cette profession, l’adresse, la souplesse, la dextérité.

1971. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Il me semble pourtant que les sonnets antiques et épigraphiques sont les plus prestigieux, et que cette apparence correspond à quelque réelle qualité.

1972. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Il est vrai que Pilate, en qualité de procurateur, n’avait guère sous ses ordres que des troupes auxiliaires 1144.

1973. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

C’est Retz en personne qui, en sa qualité de coadjuteur, avait donné la bénédiction à ce fameux mariage qui se présentait sous de si magnifiques auspices ; mais qu’en pensait-il lui-même ?

1974. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Le premier, c’est de réunir et d’agréger le plus d’activités possible, d’augmenter, sous le rapport de la quantité, de l’intensité et de la qualité, le contenu de la conscience en sensations, représentations, pensées, émotions, appétitions, etc.

1975. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Malgré le fade égoïsme, répandu dans les écrits du cher cousin de madame de Sévigné, on ne peut lui refuser la qualité de bel-esprit.

1976. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Se mettre à la portée du plus grand nombre des auditeurs, communément soumis, & possédant assez la théorie de la religion, mais froids dans la pratique ; parler à leur esprit beaucoup moins qu’à leur cœur ; remuer efficacement l’ame, toucher, plaire, entraîner, séduire même en un sens ; voilà quelle doit être la principale qualité d’un orateur chrétien, & c’est aussi celle qui distingue Massillon.

1977. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Lélut exprime la même idée en disant que ce qui importe dans le cerveau, c’est moins la quantité que la qualité.

1978. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Ces connaissances ont un attrait naturel pour les enfants dont la curiosité est la première qualité.

1979. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Il y a plus, ils sont tous placés dans la même hiérarchie de rang, relativement à leurs qualités.

1980. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Nous lui attribuerons toutes ces qualités, et nous dirons que, s’il est l’auteur de l’humanité, il en est « le type. » Nous ne nous embarrasserons pas de concilier ces attributs moraux avec les attributs métaphysiques.

1981. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Si donc, en célébrant les grands hommes, vous voulez être mis au rang des orateurs, il faut avoir parcouru une surface étendue de connaissances ; il faut avoir étudié et dans les livres et dans votre propre pensée, quelles sont les fonctions d’un général, d’un législateur, d’un ministre, d’un prince ; quelles sont les qualités qui constituent ou un grand philosophe ou un grand poète ; quels sont les intérêts et la situation politique des peuples ; le caractère ou les lumières des siècles ; l’état des arts, des sciences, des lois, du gouvernement ; leur objet et leurs principes ; les révolutions qu’ils ont éprouvées dans chaque pays ; les pas qui ont été faits dans chaque carrière ; les idées ou opposées ou semblables de plusieurs grands hommes ; ce qui n’est que système, et ce qui a été confirmé par l’expérience et le succès ; enfin tout ce qui manque à la perfection de ces grands objets, qui embrassent le plan et le système universel de la société.

1982. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Chercher la trace de ces hautes qualités dans quelques vers, dans quelques expressions, lorsque nous en avons constaté la puissance par des souvenirs liés à l’histoire, ce serait stérile épreuve.

1983. (1929) Amiel ou la part du rêve

Sa distinction naturelle, l’élégance de sa personne et de ses manières, sa politesse exquise, son empressement respectueux pour les femmes âgées, sa réserve avec les jeunes, son amabilité avec toutes, l’enjouement de sa conversation, son talent de lecteur déjà remarquable, son habileté à rompre les silences généraux qui s’établissent parfois dans les réunions comme si quelque maligne fée avait enchaîné la langue de chacun, son ingéniosité à imaginer ces petits jeux qui remplissent les vides de la conversation, tant d’agréments joints à tant de qualités sérieuses, qui ouvrirent tous les salons. […] Quand une candidature conjugale était posée, il divisait une feuille de papier en deux colonnes, l’une pour les qualités de la personne, l’autre pour ses défauts, chacun recevant une note, avec ce maximum de 6 qui est d’usage aux examens de licence en Suisse. Ainsi, sur la colonne de droite : Beauté, 5 3/4 ; Sensibilité, 4 1/2 ; Imagination, 3 1/4 ; Ordre et Méthode, 4 3/4 ; Dot, 1 1/2. « Tout était dûment évalué, dit l’ami d’Amiel qui nous rapporte ce trait : l’esprit, le goût, la mémoire, la sobriété, la subjectivité, voire certaines qualités qu’il appelait, on ne sait pourquoi, algorythmiques. […] Amiel lui-même ne tarde pas à s’en apercevoir, et écrit sur la même page : « Ton malheur, pauvre garçon, est d’avoir pour défauts les qualités d’un autre sexe ; car ce qui est grâce chez la femme est une niaiserie fatale chez l’homme. » Entre les Corinnes d’Amiel, ses brunes fortes et commandantes, et sa délicatesse à lui, fuyante, tortueuse, intelligente, sa coquetterie en retraite vers les saules, on découvre un chemin repéré du pays de Tendre. […] En quelque qualité qu’il me fût donné de vivre auprès de vous, comme infirmière, comme secrétaire, comme lectrice, comme servante, pourvu que je puisse vous voir, vous entendre, vous soigner, mon cœur serait content.

1984. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Les étrangers nous rendent service en ce qu’ils nous demandent et nous obligent souvent d’avoir des qualités d’autrefois qui ont fait sur leur pays le rayonnement du nôtre. […] Cette rareté de qualité rendait nécessaire celle de quantité. […] Il est absolument garanti contre toute espèce de mensonge par la nature de son sujet et par la qualité de son public. […] Il est contraint à quelque mensonge par la nature de son objet et la qualité de son public. — La place à laquelle se loge la littérature est très flottante. […] Mallarmé, avec sa qualité rare et ses limites, confirme le mot cité plus haut sur l’idéalité du monde « vérité entrée dans l’art » avec le symbolisme.

1985. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Sous la période directoriale, ses écrits, sa conversation, sans exclure les qualités précédentes, admettent un ton plus sévère ; elle soutient la cause de la philosophie, de la perfectibilité, de la république modérée et libre, tout comme l’aurait pu faire la veuve de Condorcet. […] On y trouve quelquefois, à des faits généraux bien saillants et bien constatés, des causes trop ingénieusement cherchées pour être absolument vraies, trop particulières pour correspondre aux résultats connus. » Mais il y loue hautement la force, l’originalité : « Et ces deux qualités, dit-il, y plaisent d’autant plus qu’on sent qu’elles sont le produit d’une sensibilité délicate et profonde, qui aime à chercher dans les objets leur côté analogue aux vues les plus relevées de l’esprit et aux plus nobles sentiments de l’âme44. » La Clef du Cabinet des Souverains, journal un peu mixte, publié par Panckoucke, donna, sur l’ouvrage de Mme de Staël, des Observations dues au médecin-littérateur Roussel, auteur du livre de la Femme, mais surtout un jugement de Daunou, ou du moins une analyse bienveillante, ingénieusement exacte, avec des jugements insinués plutôt qu’exprimés, selon la manière discrète de ce savant écrivain dont l’autorité avait tant de poids, et qui porte un caractère de perfection sobre en tout ce qu’il écrit45. […] On a cru reconnaître chez M. de Lebensei, dans ce gentilhomme protestant aux manières anglaises, dans cet homme le plus remarquable par l’esprit qu’il soit possible de rencontrer, un rapport frappant de physionomie avec Benjamin Constant : mais il n’y aurait en ce cas qu’une partie du portrait qui serait vraie, la partie brillante ; et une moitié, pour le moins, des louanges accordées aux qualités solides de M. de Lebensei ne pouvait s’adresser à l’original présumé qu’à titre de regrets ou de conseils54. […] Il était, comme son frère, infatué d’aristocratie… Si l’on ajoute à toutes les qualités de Mme de Staël, qu’elle était riche, généreuse, on ne s’étonnera pas qu’elle ait vécu dans son château enchanté, comme une reine, comme une fée ; et sa baguette magique était peut-être cette petite branche d’arbre qu’un domestique devait déposer chaque jour sur la table, à côté de son couvert, et qu’elle agitait pendant la conversation. » Au défaut du rameau de feuillage, du gui sacré, c’était l’éventail, ou le couteau d’ivoire ou d’argent, ou simplement un petit étendard de papier qu’agitait sa main, cette main inquiète du sceptre.

1986. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Telle qu’elle est, — avec ses qualités supérieures et ses défauts qui du moins restent candides, — la pièce, extrêmement intéressante, ne serait pas sans dureté (car enfin ces maladroits bienfaiteurs ont presque tous de bonnes intentions ; mal donner vaut tout de même mieux que de ne pas donner du tout, et l’on pourrait croire, selon le mot d’Augier, que ce que M.  […] Victorien Sardou, qui lui a valu la gloire, mais qui lui a fait tort aussi quelquefois en offusquant ses autres qualités. […] Mais ce qu’il vient d’entendre, comme confesseur, de la bouche de Frédégonde, il l’apprendra tout à l’heure de Néra, en qualité d’oncle. […] Le chef-d’œuvre, il l’a manqué cette fois encore : mais les qualités morales par lesquelles il mériterait de le faire transparaissent pourtant dans son ouvrage et, çà et là, le soutiennent. […] Il goûte ce plaisir très particulier, très entêtant, de tenir des propos révolutionnaires sous couleur d’évangile, d’invectiver et de maudire en toute tranquillité de conscience, de souffler la révolte en ayant l’air de n’appeler que le règne de Dieu : pieux démagogue rassuré par des textes sacrés sur la qualité de ses voluptés oratoires.

1987. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

L’une est de présenter d’abord les ridicules, et d’offrir ensuite les qualités ; c’est la manière de l’anglais ; c’est le comique de Sterne et de Fielding, qui finit quelquefois par faire verser des larmes. L’autre consiste à donner d’abord quelques louanges, et à ajouter successivement tant de ridicules qu’on oublie les meilleures qualités, et qu’on perd enfin toute estime pour les plus nobles talents et les plus hautes vertus. […] Où sont les jeunes gens modestes et savants, qui unissaient l’ingénuité de l’enfance aux qualités solides qui annoncent l’homme ? […] Quel que soit l’objet qu’il examine, l’esprit doué de cette qualité est toujours frappé des rapports les moins abstraits. […] Le jugement et le bon sens sont surtout les deux qualités nécessaires à l’homme d’état ; et remarquez qu’elles doivent aussi dominer dans une tête littéraire sainement organisée.

1988. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Ces qualités manquent totalement à l’Histoire universelle, composée par une société d’Anglois. […] A son génie pour les lettres, il joignit la qualité de bon Capitaine. […] Ce livre est écrit avec une sorte d’éloquence, & on y releve les grandes qualités de Théodose, sans cependant pallier ses défauts.

1989. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Sa qualité dominante, en apparence moins spéciale, parce qu’elle appartient plus ou moins à tous les hommes et surtout à un certain âge de la vie où le besoin d’apprendre et de découvrir nous possède, lui est propre par le degré d’intensité, de sagacité, d’étendue. […] Les contrastes qui frappent chez Laplace, Lagrange, Monge et Cuvier, ce sont, par exemple, leurs prétentions ou leurs qualités d’hommes d’État, d’hommes politiques influents, ce sont les titres et les dignités dont ils recouvrent et quelquefois affublent leur vrai génie.

1990. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

La nature se fait un plaisir d’avoir beaucoup d’amis et de parents, elle se glorifie d’un rang et d’une naissance illustres, elle est complaisante envers les grands, elle flatte les riches, elle applaudit à ses semblables : mais la grâce aime jusqu’à ses ennemis, et ne s’enfle point du grand nombre de ses amis ; elle ne fait cas ni du rang, ni de la naissance, si une plus grande vertu ne les accompagne ; elle favorise le pauvre plutôt que le riche ; elle s’intéresse plus à l’homme innocent qu’à l’homme puissant ; elle partage la joie de l’homme sincère, et non celle du trompeur, et elle exhorte toujours les bons à rechercher avec ardeur les qualités les plus parfaites, et à se rendre semblables au Fils de Dieu par leurs vertus. […] Le progrès indéfini n’est qu’une qualité de l’Être des êtres ; toute créature est assujettie aux lois de sa création.

1991. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

D’abord considéré comme un possédé, on reconnut ensuite la qualité de sa musique grâce à la Marche de Tannhäuser (celle dite « des pélerins ») et on relativisa son inimitié vis-à-vis de la France. La troisième étape fut de lui nier la qualité de dramaturge.

1992. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Que l’on compare à Ibo les vers qui suivent et qui ont été cités souvent parmi les plus remarquables, on comprendra que la « méditation poétique », malgré ses hautes qualités, demeure toujours inférieure à l’inspiration prophétique. […] Edmond Clay, si elle n’est sanctifiée par la sagesse, est en effet chose vile ; et, si les parents n’avaient d’autre titre que celui-là au respect de leurs enfants, c’est au mépris de leurs enfants qu’ils auraient logiquement droit. » — Mais, répondrons-nous, les autres titres au respect et à l’affection ne manquent pas, sans qu’on ait besoin de les demander à « la sagesse » ; il n’y a rien de méprisable dans l’amour même qui unit deux êtres, et qui a en vue de perpétuer dans un autre être toutes les qualités supérieures de la race humaine.

1993. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Ils exaltent leurs tics, leurs qualités, leurs vertus, leurs ridicules et leur méchanceté ; ils se confessent avec une abondance d’indications, une franchise d’aveux, qui frappent et amusent les plus inattentifs lecteurs, qui compromettent parfois l’effet d’effroi que devraient produire les traîtres, féroces vraiment avec trop d’abandon, qui font verser la vertu des héros et des héroïnes tantôt dans une benoiterie stupide, tantôt dans trop d’humilité. […] Un sentiment de colère n’est pas l’examen, la classification, l’analyse de l’être ou de la chose qui cause la colère ; c’est exactement et uniquement le sentiment que l’on est en colère ; et ce sentiment est si homogène de sa nature, varie si peu de qualité, qu’on peut le comparer, grossièrement, aux états physiques permanents, à une note tenue, ou mieux encore à l’écoulement d’une veine liquide qui peut varier de calibre et d’impulsion, mais non de nature.

1994. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Milieu de tous les mondes, il les remplit de son étendue ; n’ayant lui-même aucun organe, il est le résumé de toutes les facultés des organes ; sans être incorporé dans rien, il contient tout, et sans aucune qualité des choses il participe souverainement à toutes les qualités.

1995. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Si la précision et la clarté sont les deux qualités principales d’une langue, toutes doivent prendre pour modèle la langue française ; si c’est l’énergie, c’est autre chose. […] Cornélius Népos a écrit les vies des grands capitaines romains et étrangers ; il est digne du siècle d’Auguste, s’il n’en est pas ; le superstitieux, abondant, large et majestueux Tite-Live, l’histoire ecclésiastique et civile de l’Empire ; Velleius Paterculus, des morceaux d’histoires diverses et d’histoire romaine d’un style ingénieux, élégant, mais quelquefois obscur et raboteux ; Valère Maxime,, auteur de mauvais goût, barbare et pointu, des dits et faits mémorables ; le philosophe Sénèque, grand moraliste, mais d’une lecture tardive ; Pomponius Mêla, de la chorographie, et Columelle de l’économie rustique, tous deux purs et corrects ; Quinte-Curce, courant après les qualités d’un bon écrivain, des guerres d’Alexandre ; Pline le naturaliste, subtil, ingénieux, sublime quelquefois, toujours serré, souvent obscur, de tout, de trop de choses pour ne pas fourmiller d’erreurs ; Tacite, le hardi, éloquent, très-éloquent, le sublime peintre Tacite, mais un peu détracteur de la nature humaine, toujours obscur par sa brièveté et son sens profond, des annales de l’Empire et des vies des premiers empereurs ; quand il loue, ne rabattez rien de son éloge ; c’est là qu’un souverain se perfectionnera dans l’art que Tacite appelle les forfaits de la domination75 et que nous appelons la raison d’Etal.

1996. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

On allait être entretenu des idées et des doctrines du défunt, des qualités du personnage en lui-même : on était loin des passions et des allusions du jour.

1997. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Un autre vaisseau, le vaisseau du bien, construit par le roi Noble, et offrant le symbole de toutes les vertus et qualités, tient la mer et lutte contre celui de Renart ; mais le traître regagne toujours ses avantages par la ruse ; il amène le roi à une fausse paix et signale par là son triomphe : le roi consent, pour s’en retourner chez lui, à monter sur le navire de Renart, et il s’y trouve mieux que dans le sien propre.

1998. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

En un mot, il a surtout les qualités qui devaient agir de près quand il entretenait quelque âme en peine et tourmentée de scrupules dans le petit entresol de la duchesse de Beauvilliers, ou, comme il le dit, « auprès de la petite cheminée de marbre blanc ».

1999. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Quant à Barneveld, il le goûte et l’estime bien davantage comme un homme dont les qualités patriotiques et civiles concordaient mieux avec les siennes ; il le justifie auprès de Henri IV qui le soupçonnait d’être plus Anglais que Français ; car le ministre de Jacques Ier, ainsi que son maître, bien qu’uni en apparence et allant de concert avec Henri IV, ne jouait pas un jeu très net et très franc.

2000. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Dans les éloges académiques qu’il eut aussitôt à prononcer en qualité de secrétaire perpétuel, et dès 1778, il se plaît à rendre justice à la Faculté alors toute bouillante et irritée.

2001. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

La nature offre bien plus facilement ces dernières qualités que les premières : au moins pour moi, elles me paraissent bien plus faciles à voir, et c’est une observation que j’ai faite depuis longtemps.

2002. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

On dira de sa traduction tout le mal qu’on voudra, on ne lui enlèvera pas le mérite d’avoir le premier chez nous apprécié avec élévation la nature et la qualité du génie de Dante.

2003. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Huit mois avant de mourir, il avait épousé une jeune personne indienne, élevée à Calcutta, et venue à Paris depuis peu d’années : « C’est en effet, dit Mlle de Guérin, une ravissante créature en beauté, en qualités et vertu, Ève charmante, venue d’Orient pour un paradis de quelques jours. » Le mariage se célébra à l’Abbaye-aux-Bois.

2004. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Il nous donne dans un récit très complet la suite des dits et gestes, des pérégrinations, des inconstances et des querelles (les érudits d’alors en avaient beaucoup) de ce Marius, assez peu digne d’ailleurs de son père, dont, avec quelques qualités, il outrait les défauts.

2005. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Buffon lui accorde le génie créateur qui tire tout de sa propre substance : « Il n’existera jamais, lui dit-il, de Voltaire second » ; c’était une réplique au compliment de Voltaire qui avait appelé Archimède de Syracuse Archimède premier, pour donner à entendre que Buffon était Archimède second ; et faisant ainsi à son rival de Ferney les honneurs du génie, Buffon ne se réserve pour lui que le talent, lequel, si grand qu’il soit, dit-il, « ne peut produire que par imitation et d’après la matière. » Cette lettre à Voltaire, comme plus tard celles qui seront adressées à l’impératrice Catherine, passe la mesure ; Buffon y est deux fois solennel ; il y fait de la double et triple hyperbole, et l’homme qui, à son époque, avait le plus de sens et de jugement, nous fait sentir par là que ces qualités solides d’une éminente intelligence ne sont pas du tout la même chose que le tact et le goût.

2006. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Mais dans les colères mêmes de Joseph de Maistre il y a fort à distinguer ; il y a la colère contre les amis, laquelle est d’une nature et d’une qualité particulière, ce qu’il appelle la colère de l’amour.

2007. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

L’homme de 1791 est toujours là, qui en a beaucoup vu et qui pense qu’il peut en voir beaucoup encore ; philosophe, philanthrope, expansif, très verbeux, et ne choisissant pas, ne mesurant pas toujours ses expressions : la quantité l’emportait sur la qualité.

2008. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Fénelon réalise tout à fait pour nous, dans ce joli exemple, une qualité que les Grecs appelaient Eutrapelia, la souplesse d’esprit, l’enjouement, l’insulte polie.

2009. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Fénelon, qui n’était plus alors à Versailles, mais qui ne cessait de le suivre de l’œil et de l’environner de conseils, sentait bien le défaut capital joint à la qualité que nous signalons, et il en avertit dans beaucoup de ses lettres, pour qu’on y prenne garde et qu’on n’y abonde pas.

2010. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Ces défauts de débit, cette longanimité de parole et cette longueur de larynx (colli longitudo, a dit Phèdre), auxquels se joignait un ton amer de misanthropie, paralysaient, chez M. de Quincy, l’effet des plus éminentes qualités : ce fut un malheur.

2011. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Je ne prends pas à la lettre tout ce qu’il fait semblant d’être dans son livre ; il se donne comme le plus désappointé des hommes ; selon lui, il aurait tout manqué dans sa carrière, et il n’aurait recueilli qu’ingratitude et mécomptes : littérateur, on ne lui aurait pas su gré des services qu’il aurait rendus à la société à une certaine heure ; on lui aurait fait mainte promesse qu’on n’aurait pas tenue ; homme de province et propriétaire, il n’aurait eu qu’ennuis dans l’exercice de ses honneurs municipaux ou communaux ; homme de qualité (il ne l’oublie jamais), comme il n’allait qu’en fiacre dans les soirées du noble faubourg, les laquais souriaient d’un certain air en le voyant traverser l’antichambre et lui demandaient à la sortie sous quel nom il fallait appeler ses gens.

2012. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Cette moralité, on la trouverait dans la réflexion très-sensée qu’adresse M. de Férias à sa petite-fille en voyant les mobiles extraordinaires auxquels elle obéit dans toute sa conduite : « Ma chérie, vous voulez toujours monter sur le cygne ; vous voulez l’impossible : ce sera, je le crains, l’écueil de votre vie. » Le dernier mot du livre serait alors un conseil d’institutrice : « Mesdemoiselles, plaignez Sibylle et ne l’imitez pas : avec toutes ses belles qualités, une seule, poussée trop loin, a failli la perdre. » Mais ce n’est pas là ce qu’a fait l’auteur, et, dans la suite de l’histoire, il paraît bien, au contraire, vouloir nous présenter Sibylle comme une sorte de type de perfection, un modèle ; et c’est bien ainsi que l’ont prise cette quantité d’admiratrices qui se sont écriées en la voyant : « Voilà comme nous sommes, voilà comme nous voudrions être, et comme nous serions à coup sûr si c’était à recommencer ! 

2013. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Il y a, me dit-on, en Italie à cette heure, à défaut d’un grand ministre dirigeant, une épidémie de bon sens et de sens commun dans toute ]a nation : heureuse et vraiment merveilleuse affection des esprits, qui suppose un peuple de rare qualité et déjà mûr !

2014. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Entré à la Sainte-Chapelle en qualité d’inspecteur vers 1840, il dut se mettre à étudier particulièrement l’architecture gothique ; il recommença, en ce sens, des voyages ; il refit des comparaisons sans nombre, et plus attentives, en France, en Allemagne, en Italie encore, et bientôt sa vocation dans ce genre fut déterminée et constatée.

2015. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

C’est une de ces natures françaises, nobles et loyales, qui par leurs qualités mêmes s’entendent et s’accommodent le mieux avec le caractère allemand.

2016. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Renaudot y a bien mis au vrai le caractère de son ami : il s’est mépris seulement à la qualité de gentilhomme ordinaire, car le défunt ne l’était pas de la maison, charge d’environ quinze mille livres, mais de la Chambre, ce qui vaut cinquante mille livres.

2017. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Rouher s’est cru obligé de prononcer naguère à son sujet, en sa qualité de président du Sénat, à l’ouverture de la Chambre (le 3 décembre 1869) ?

2018. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Cette comparaison doit donner de la modestie aux poëtes qui réussissent, à l’égard de leurs généreux frères qui échouent ; mais elle doit donner aussi à penser à ces derniers : dans les arts, dans la poésie, rien ne dure, rien n’est véritablement beau, sans la qualité de finesse.

2019. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

En 1738, le marquis de Sainte-Aulaire, le spirituel ancêtre du très-légitime académicien d’hier, avait, comme directeur de l’Académie, à recevoir le duc de La Trémoille qui n’y avait d’autre titre que ses hautes qualités et fonctions à la cour.

2020. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Si les revers de la fortune désenchantent l’enthousiasme, que sera-ce, s’il s’y mêle des torts qui, cependant, se trouvent souvent réunis aux qualités les plus éminentes ?

2021. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Vous irez visiter, pour votre bienvenue, Madame la Baillive et Madame l’Élue Qui d’un siège pliant vous feront honorer… Bref, c’est du hobereau peut-être autant que du saint homme que le bourgeois Orgon semble s’être entiché ; et cette croyance à la « qualité » de Tartuffe achève d’expliquer l’ascendant que Tartuffe a pris sur lui.

2022. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Elle assure le succès, le maintient, l’affirme encore, quel que soit la pauvre qualité des produits débités en librairie.

2023. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Pourquoi abaisse-t-il particulièrement les grandes qualités par les mobiles qu’il leur prête ?

2024. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Observez pourtant que le génie du défunt était autre chose : il gardait le sépulcre, et se montrait sous la forme de quelque animal, symbole de la qualité dominante du mort.

2025. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Pour nous, s’il nous est permis d’avoir un avis dans une question si solennelle, il nous semble que ce qu’on va ainsi goûter chez lui aux bons endroits et avec le plaisir d’un certain mystère de débauche, on le trouve de même qualité et tout ouvertement chez Molière.

2026. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Sans vouloir déprécier les qualités de M. 

2027. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

J’y vois de l’exagération pourtant, et jamais Louis XV, ni pour les qualités ni pour les défauts, n’a pu mériter d’être comparé à un Tibère.

2028. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

La bonté, la droiture, toutes les qualités solides et vertueuses de son père se transmirent directement au cœur de Madame, et Marie-Antoinette, avec toute sa grâce, ne put même empêcher qu’un peu de cette rudesse de geste ou d’accent, qui couvrait les vertus de Louis XVI, ne se glissât jusque dans la nature toute franche de sa fille.

2029. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Ces questions politiques ont aujourd’hui perdu de l’intérêt actuel qui les rendait encore si vivantes il y a douze ans ; je ne fais que les indiquer en passant ; mais dans ces volumes du duc de Raguse, je voudrais citer pourtant, comme pages durables et dignes d’un moraliste social aussi judicieux que fin, l’appréciation qu’il fait de la race arabe, des Arabes du désert et des qualités essentielles qui les caractérisent : D’abord, dit-il, la patience qu’ils montrent en tout.

2030. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Prendre et garder le Canada, c’était pour lui la conclusion favorite, comme de détruire Carthage pour Caton ; il le demandait non seulement en qualité de colon, mais aussi d’Anglais de la vieille Angleterre, ardent à travailler à la future grandeur de l’empire.

2031. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Il faut l’avouer, les exemples que l’on avait mis en scène n’étaient propres à illustrer qu’un cas particulier des effets de la faculté bovaryque, tandis qu’ils repoussaient dans l’ombre tous les cas où le pouvoir de se concevoir autre emporte avec lui le pouvoir de s’égaler au modèle, d’acquérir par le moyen d’un phénomène d’aimantation des qualités nouvelles.

2032. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

La politesse, cette qualité si aimable, si douce, si estimable dans le monde, est maussade dans les arts d’imitation.

2033. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Encore que ce soit l’essentielle qualité du dramatiste de se transformer en les personnages les plus différents et de vivre en eux ; encore que le dramatiste ne soit rien s’il n’est pas objectif, cependant le subjectif reste et c’est à l’accent que le subjectif se reconnaît.

2034. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

En effet, en ces deux-là, on trouve, avec ses qualités habituelles et dans le milieu ordinaire de l’observation de l’auteur, deux ou trois individualités, deux ou trois têtes, en profil, il est vrai, mais qui sont arrêtées et dont la fine originalité vous saisit au plus délicat de votre être.

2035. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Parce qu’on aura effacé des représentations extensives, en les frottant les unes contre les autres, les qualités qui les différencient dans la perception, on n’aura pas avancé d’un pas vers une réalité qui a été supposée en tension, et d’autant plus réelle, par conséquent, qu’elle est plus inextensive.

2036. (1887) La banqueroute du naturalisme

Épiques ou apocalyptiques, puisque c’étaient les qualités nouvelles qu’il fallait louer dans Germinal, par exemple, ou dans L’Œuvre, nous ne l’eussions pu faire d’ailleurs qu’aux dépens des anciennes, de celles que nous goûtions peu, mais que nous reconnaissions enfin dans L’Assommoir ou dans Le Ventre de Paris ; et, pour La Joie de vivre, en dépit des clameurs, nous n’y pouvions vraiment rien voir de plus obscène ou de plus incongru que dans Pot-Bouille ou dans Nana.

2037. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Par exemple, il s’est fort réjoui d’avoir découvert les noms des religieuses, compagnes de Mlle de Bourbon au couvent des Carmélites ; il a cru introduire le public dans l’intérieur d’un couvent, en lui apprenant l’âge, la condition, la date de la mort et de rentrée de toutes les abbesses et de toutes les prieures, en transcrivant des biographies inédites composées au couvent, lesquelles, en leur qualité de biographies pieuses, ne renferment que des éloges vagues et des anecdotes édifiantes ; toutes choses qui ressemblent à l’histoire comme une boîte de couleurs ressemble à un tableau.

2038. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Car il a une qualité, mystérieuse dans ses origines, irrésistible dans ses effets : la gaieté ! […] Et le bon jeune homme est d’autant plus amusant pour nous par cette disproportion et ce contraste entre ses airs d’inspiré et la pauvre qualité de la « poésie » de collège à laquelle il s’acoquine. […] D’une bonne diction, d’une certaine intelligence, et de quelques-unes des qualités extérieures du comédien. […] Je crois au talent du jeune Dehelly ; je serais mieux fixé sur le degré et la qualité de ce talent, si je l’avais entendu dans le rôle de quelque Horace ou de quelque Dorante. […] Beauté touchante, de la même qualité et de la même espèce, à peu près, que Mlle Hartmann.

2039. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Mais, pour la qualité des fils de la trame, c’est quand même au-dessus de Segrais. […] Il la lui faut durable, éprouvée, ancienne par conséquent. » Un grand poète comme Dante touche à la foule par les matériaux qu’il emprunte, et il s’en écarte par la qualité de son travail et de son inspiration. […] Mais Boccace est au-dessus d’eux sans comparaison, et à cause de son style nombreux et superbe, et à cause de la qualité de son pathétique. […] Cependant, grâce à la qualité de son talent, Pouvillon lutte avec succès, et à la fin, il se hâte vers le droit chemin. […] Il avait un ami du nom de Mairobert qui l’aidait de sa bourse et savait en même temps le protéger, en sa qualité de censeur.

2040. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Et je ne dis pas ceci pour soulever un doute sur la sincérité de l’artiste : au contraire, c’est sur cette qualité de caractère que repose non pas le principe, mais bien la puissance de son talent. […] Ce sont là les excès de ses qualités, mais le genre de talent de Renard ne comporte point d’excès. […] Il ne diffère pas d’aspect des gens comme vous ou un autre et en dehors de ses autres bonnes qualités il a l’avantage d’être encore jeune. […] En d’autres termes, la bataille gagnée au dehors se poursuit au dedans ; les qualités de date récente s’efforcent de supprimer les autres, et le fonds ancien de l’homme cherche à transformer les nouvelles venues en instrument de son bon plaisir. […] L’âne gris et le canard timide, ses compagnons habituels, donneraient des motifs de premier ordre au drame symbolique : ce sont les attributs de la dame, c’est-à-dire ses qualités essentielles dans leur perspective d’animalité.

2041. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Un spiritualiste sincère n’a aucune raison d’être mélancolique, à moins d’y être obligé par la mode ou par la mauvaise qualité de son estomac. […] Le lendemain, elle ôta certaines « gentillesses » qu’elle portait alors et qui étaient permises aux dames de qualité après le second deuil. […] Une demoiselle de qualité, s’étant engagée imprudemment dans les liens du mariage, persuada, le soir de ses noces, au digne gentilhomme qui l’avait épousée, qu’il valait mieux vivre ensemble comme frère et sœur. […] Lévy entreprend de démontrer que Napoléon Bonaparte posséda toutes les qualités que les pères de famille avisés exigent de leurs enfants : 1º Il fut bon élève. […] L’idée ne venait à personne qu’il fût honorable et utile pour un jeune homme bien élevé et riche, pour un « fils de famille », de « servir » en qualité de fusilier de 2e classe et de se tenir prêt, malgré les différences sociales, à rentrer dans le rang, coude à coude, avec des paysans ou des ouvriers.

2042. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Et ces deux études se ressemblent, exigent presque les mêmes qualités d’attention, la même capacité de noter ce qui est, de suppléer ce qui manque. […] On remarque aisément, par cet exemple, les qualités et les défauts du style de M.  […] Nous étions sobres, chastes et laborieux… Ce n’est pas la république qui nous a donné toutes ces qualités ; ce sont toutes ces qualités qui nous ont rendus capables de vivre en république. […] Cette copie machinale nous ôterait nos qualités sans nous donner les vertus de nos modèles. […] L’enseignement de l’École des chartes développa et affina ses qualités natives.

2043. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Il est possible que ses qualités l’eussent rendu très recommandable à tous les partis dans des temps paisibles et dans une autre situation ; mais il s’est jeté volontairement au milieu de circonstances extraordinaires avec lesquelles son caractère et ses talents n’avaient aucune proportion. […] Il posséda surtout, dans un degré supérieur, cette qualité qu’on croit vulgaire, et qui est si rare, cette qualité non moins utile au gouvernement des États qu’à la conduite de la vie, qui donne plus de tranquillité que de mouvement à l’âme, et plus de bonheur que de gloire à ceux qui la possèdent, ou à ceux qui en ressentent les effets : c’est le bon sens dont je veux parler ; le bon sens, dont l’orgueil a trop rejeté les anciennes règles, et qu’il est temps de réhabiliter dans tous ses droits. […] Quoi qu’il en soit, ces deux écrivains, avec des qualités différentes, ont honoré l’éloquence française vers la fin du dix-huitième siècle ; j’ai entendu comparer quelquefois le genre cultivé par eux, à celui de l’oraison funèbre que porta si haut le génie de Bossuet, et qu’orna si bien l’art de Fléchier. […] Les qualités qui dominent dans Bossuet sont celles qui manquent le plus à Thomas, je veux dire, la verve et le mouvement.

2044. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

B… has des défauts, mais elle a aussi des qualités, unfortunately one cannot say so of many. […] B… a des défauts, mais elle a aussi des qualités, malheureusement on ne peut pas en dire autant de beaucoup de monde. […] Ma chère Alice, Je suis enchantée pour vous que vous aimiez Pont-Aven, seulement… vous savez que je ne suis pas une admiratrice de la célèbre Bretagne, parce que tous les artistes qui y vont rapportent des études qui ont toutes l’air de sortir du même atelier, avec des qualités différentes, première, deuxième, troisième et onzième… C’est délicieux. […] Dumas dit que la qualité maîtresse de la femme, c’est l’intuition. […] Un journal où l’on pourrait s’étonner de l’injustice avec laquelle on juge les qualités éminentes du prince Napoléon sans être soupçonné d’être à la solde de Plon-plon, où l’on pourrait mépriser le parti bonapartiste et regretter que le susdit citoyen soit entouré d’hommes qui le débinent et qui croient le servir.

2045. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Un tout jeune homme, qui de ferme propos se destine à être écrivain, peut être doué de grandes qualités littéraires qui se déclareront plus tard, mais, en attendant, ne donne pas une marque éclatante de jugement. […] « Tous les jours dans les tribunaux, l’enfant, le fou et l’absent sont représentés par des hommes qui ne tiennent leur mandat que de la loi : or le peuple réunit éminemment ces trois qualités ; car il est toujours enfant, toujours fou et toujours absent. » Ah ! […] On le quitte avec une profonde estime pour son caractère, une vive sympathie pour les qualités de son cœur, et le souvenir d’une des plus belles joutes de dialectique dont on ait jamais eu le spectacle. […] Toutes ces observations se ramènent à dire que tout ce qui est vie morale puissante (à excepter celle de l’auteur) manque à ces œuvres, et que toutes les autres qualités de l’excellent romancier s’y trouvent. […] Ses élans mêmes ne sont que d’estimables efforts, et ses vertus ne sont que de bonnes qualités.

2046. (1881) Le naturalisme au théatre

Et ce don, cette flamme divine est d’une qualité si précieuse, qu’elle ne descend et ne brûle que sur quelques têtes choisies, une douzaine au plus par génération. […] Elle conduit droit à la condamnation de l’originalité et des qualités rares. […] Rien n’est isolé au théâtre ; tout s’enchaîne et se tient : défauts et décadence, qualités et progrès. » C’est très juste. […] Est-ce que j’ai jamais nié les grandes qualités de nos auteurs contemporains, la carrure solide et simple de M.  […] Et il a obtenu cette singulière mixture qui rend son drame boiteux et qui en fait une œuvre mal équilibrée et d’une qualité littéraire inférieure.

2047. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Molé, qui se trouvait directeur de l’Académie, avait donc en cette qualité à recevoir M. de Vigny, qu’il avait efficacement contribué à faire nommer et pour qui il avait voté lui-même : voilà le point de départ véritable et des moins compliqués. […] Molé, qui, sans doute, en sa qualité d’homme délicat, avait sa part de cette irritation générale, commença d’un ton net et vibrant, ce fut une détente subite et comme une décharge d’électricité.

2048. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Racine et Boileau l’avaient à un haut degré, bien que cette qualité, chez eux, ne soit pas aisément distincte de la pensée même et se dissimule sous l’élégance d’une expression d’ordinaire assez voisine de l’excellente prose. […] C’est chose convenue d’en faire une seconde Thérèse Le Vasseur… Je l’ai bien connue, et jusqu’à sa mort, moi qui vous parle ici, monsieur, et dans ma vie entière déjà longue, je n’ai jamais rencontré son égale, cœur et âme ; ses dernières années se sont éteintes dans les plus amères épreuves, sans qu’un seul jour elle ait démenti le noble nom confié à son honneur ; mais, je l’avoue, elle avait les inconvénients de ses qualités, une franchise indomptable surtout, qui lui a valu la plupart de ses ennemis : l’ingratitude a fait les autres. — Je n’ai nul intérêt, monsieur, dans cette protestation posthume ; mais vous me paraissez digne de la vérité, et je viens de la dire. — Au reste, si vous teniez aux détails réels de la vie intime de Delille, je vous offre le manuscrit laissé par sa veuve… » Ce manuscrit nous a été communiqué, en effet, par la confiance de la personne qui l’a entre les mains, et nous en avons tenu compte dans cette réimpression.

2049. (1929) Dialogues critiques

Mais au point de vue intellectuel, le mauvais tombe, le bon surnage, et ce foisonnement sert comme un terreau à l’éclosion des plantes de qualité. […] Il s’est borné à railler en bloc la série des centenaires normaliens, et s’est de préférence escrimé contre Weiss qui est un fantaisiste, mais de rare et succulente qualité, dont Vandérem n’a pas le moindre soupçon.

2050. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Je savais seulement qu’il existait un jeune écrivain du nom de Balzac ; qu’il annonçait une originalité saine ; qu’il lutterait bientôt avec l’abbé Prévost, l’auteur des Mémoires d’un homme de qualité, du Doyen de Killerine et de Manon Lescaut, ce roman de mauvais aloi dont les critiques du moment réchauffaient la verve suspecte. […] Les qualités de l’auteur de la Comédie humaine sont certainement la conséquence logique de celles de ses parents ; il avait l’originalité, la mémoire, l’esprit d’observation et le jugement de son père, l’imagination, l’activité de sa mère, de tous les deux, enfin, l’énergie et la bonté.

2051. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

L’Émile était partout poursuivi, partout condamné, à Berne, en Hollande, à Genève même, dans cette patrie qui avait tant fêté son glorieux enfant quelques années plus tôt (1754), où il avait repris sa qualité de citoyen avec la religion de ses pères. […] Le poème dramatique est imitation des mœurs sociales, et enseignement des qualités sociables.

2052. (1909) De la poésie scientifique

Verlaine a pris place parmi les poètes « Symbolistes »  S’il l’est par certaines qualités, quoique trop d’instinct pour concevoir une manière d’art générale, il sied plutôt de le regarder, en dehors de toute Ecole, comme exerçant presque inconsciemment, mais nécessairement, à la prime aurore de ces temps nouveaux, une action imprécise, diffuse  et qu’on peut dire naturellement persuasive sur plusieurs des poètes nouveaux venus. […] John Charpentier33, que nous avons aimé citer un « Jeune », poète et de claire valeur critique, toutes qualités qui la rendent précieuse : « Depuis assez longtemps déjà, parmi la majorité des poètes une tendance scientifique s’accuse, qui tous les ans s’accentue davantage »… Il entendait ici non seulement la technique, mais plus encore, ma volonté philosophique.

2053. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Il nous dit donc : que nous voulons, qu’en tout nous voulons trop, que nous allons toujours à l’excès, poussant et forçant nos qualités, qu’il ne nie pas que nos morceaux, avec la voix d’un très bon lecteur, peuvent être un agrément dans un certain décor… « Mais les livres sont faits pour être lus… fait-il, d’une voix grinchue, et lus par tous ! […] C’était tout ignoré et tout nouveau en nous, cette appréciation de la belle ligne d’une plante, de la qualité distinguée de sa feuille, de son aristocratie, pour ainsi dire ; car la nature a, comme l’humanité, ses êtres préférés, caressés, auxquels elle donne une beauté spéciale et supérieure.

2054. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Il y a là, certes, une qualité délicate de dévouement particulière à la femme, et que l’homme ne possède jamais d’une manière si réglée, si continue, si persistante. […] Lundi 16 novembre La princesse a une qualité charmante, une certaine grâce de cœur à regretter les amis qui partent.

2055. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il trouve qu’Énée n’a rien moins que les qualités d’un héros. […] L’auteur de Cléveland & des Mémoires d’un homme de qualité, ne doit pas se louer de ces productions.

2056. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Le médecin du collège, consulté par eux, leur dit qu’il fallait me fortifier par quelques gouttes d’un vin généreux, de qualité supérieure à la fade boisson de mes condisciples, par un air moins renfermé que celui des cours et des salles, et par quelques heures d’un vigoureux exercice dans la campagne. […] Le seul défaut littéraire de cet excellent homme tenait à ses qualités de cœur et d’esprit : il y avait un peu d’effémination dans son goût et de fleurs dans son style.

2057. (1903) La renaissance classique pp. -

Outre les qualités originales que l’artiste doit y apporter de lui-même, cela suppose une grande somme d’expérience, puis une grande somme de culture, non pas cette science indiscrète et chaotique des Allemands, mais une science à la fois étendue et précise, toujours guidée par un goût délicat, qui permet à l’écrivain, comme l’instinct permet à l’animal, de discerner sa pâture parmi les choses indifférentes et nuisibles. […] La qualité des mots, les ressources du vocabulaire, tout l’appareil de la langue et du style, ils s’en sont occupés avec un soin minutieux.

2058. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Comme il ne croit pas que son souverain, l’empereur Joseph, soit en mesure de la commencer assez vite, il demande à être provisoirement au service de la Russie : « Après avoir fait quelques sottises dans ma vie, dit-il à ce propos, j’ai fini par faire une bêtise. » Le voilà donc sans rôle défini, en qualité de militaire à moitié diplomate, et d’officier général à demi conseiller et très peu écouté, côte à côte avec le prince Potemkine, qui le caresse et le joue : « Je suis confiant, moi, je crois toujours qu’on m’aime. » On assiège Otchakov ; Potemkine n’est rien moins que militaire, et il veut le paraître.

2059. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Aimer Massillon, le goûter sincèrement et sans ennui, c’est une qualité et presque une propriété de certains esprits, et qui peut servir à les définir.

2060. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Les contemporains de Massillon ont nommé plus positivement une autre personne de qualité parmi celles qu’il dirigeait10.

2061. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Elle détestait ces conversations de pure politesse, où l’on parle sans avoir rien à dire : J’aime bien mieux être seule qu’avoir à me donner le tourment de chercher ce que j’aurai à dire à chacun ; car les Français trouvent mauvais qu’on ne leur parle pas, et alors ils s’en vont mécontents ; il faut donc se mettre en peine de ce qu’on peut leur dire ; aussi suis-je contente et tranquille lorsqu’on me laisse dans ma solitude… Elle faisait exception avec moins de déplaisir quand il s’agissait des Allemands de qualité, qui demandaient tous à être présentés chez elle et qu’elle accueillait fort bien.

2062. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Frappé de son courage, de son urbanité, de ses manières généreuses et chevaleresques, il ne sait comment concilier tant de hautes et d’aimables qualités avec son mépris de la vie des hommes, surtout de ceux d’une classe inférieure, et il ne peut s’empêcher tout bas de le comparer au fanatique Burley.

2063. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

» Car il y avait en Louis XIV et dans l’air qui l’environnait je ne sais quoi qui obligeait à ces qualités et à ces mérites tous ceux qui entraient dans la sphère du grand règne, et c’est en ce sens qu’on peut dire qu’il les leur conférait.

2064. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Au milieu des pages fort mélangées que lui a consacrées son ami Mérard de Saint-Just, il en est une qui me paraît rendre avec réalité et sans complaisance sa figure, sa physionomie finale, et les qualités qui s’y dévoilaient peu à peu aux yeux de l’amitié : Grand et maigre, est-il dit, le visage long, des yeux petits et un peu couverts, la vue extrêmement basse, un nez d’une longueur presque démesurée, le teint assez brun, tout cet ensemble ne lui donnait pas une figure aimable : il l’avait sérieuse ; mais son air imposant, même un peu sévère, loin d’avoir rien d’austère ni de sombre, laissait paraître assez à découvert ce fonds de joie sage et durable qui est le fruit d’une raison épurée et d’une conscience tranquille.

2065. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Pour nous, et au seul point de vue littéraire, qui est le nôtre, sans accorder à Santeul plus qu’il ne mérite, en reconnaissant à ses vers les qualités qui y paraissent, la pompe, le feu, la largeur, le naturel et la clarté, mais aussi en y voyant le vide trop souvent et la bagatelle du fond, en nous disant combien sa personne avait besoin d’intervenir à tout instant pour y jeter un peu de cette originalité qui n’était qu’en elle, nous voudrions que tout ce démêlé où il est encore engagé finît par une transaction, qu’il ne fût pas tout entier sacrifié, qu’on ne lui fût point plus sévère que ne l’a été l’abbé de la Trappe, et que les honorables censeurs qui de nos jours l’ont remis en question ne le renvoyassent point hors du temple sans lui laisser au moins un fragment de couronne ; car il est bien de ceux, malgré tout, qui, à travers l’anachronisme de la forme, sont véritablement poètes de race et par nature, il est de ceux qui, comme le disait Juvénal, ont mordu le laurier.

2066. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Toute femme qu’elle est (notez-le bien), elle n’a pas de nerfs, de vapeurs, ni de ces nuages qui passent ; elle n’a pas cette imagination qui grossit les objets : sur un fond de santé forte, d’humeur heureuse et peut-être d’indifférence, il y a un esprit ferme, adroit et actif, de vives qualités disponibles, dressées de bonne heure à la grande vie, au train des cours, et qui cherchent leur aliment et leur plaisir dans le démêlé des intérêts, dans le maniement des ressorts, dans l’influence et la représentation continue.

2067. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

On ne s’est jamais mieux rendu compte du monde des émigrés, de leurs qualités et de leurs défauts : Les emplois qu’au temps de la Révolution j’occupais dans ma patrie m’ayant mis en rapport avec quelques milliers d’émigrés, j’ai pu les observer d’assez près pour être étonné de voir combien il y avait de vertus utiles dans les mœurs aimables des Français.

2068. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

La distinction et le mérite même du critique et de l’écrivain ne sont pas en cause ; on les reconnut tout d’abord : nous n’avons à discuter que sur le degré et la qualité.

2069. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Rivière, avait titre et qualité conseiller du roi, contrôleur au grenier à sel à La Ferté-Milon.

2070. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

On n’a jamais mieux défini Voltaire dans sa qualité d’esprit spécifique et toute française, qu’il ne l’a fait ; on n’a jamais mieux saisi dans toute sa portée la conception buffonienne des Époques de la Nature ; on n’a jamais mieux respiré et rendu l’éloquente ivresse de Diderot ; il semble la partager quand il en parle : « Diderot », s’écrie-t-il avec un enthousiasme égal à celui qu’il lui aurait lui-même inspiré, « Diderot est Diderot, un individu unique ; celui qui cherche les taches de ses œuvres est un philistin, et leur nombre est légion.

2071. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Il eût été plus neuf et plus vrai de le montrer jusqu’alors probe et assez austère, mais poussé au crime par le seul sentiment d’envie, en le compliquant, s’il le fallait, d’avarice, deux sentiments qui ne sont pas incompatibles avec des qualités sèches et sévères.

2072. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Deleyre, dans le feu de la jeunesse, émancipé et venu à Paris, s’était concilié aussitôt des protecteurs et des amis par ses qualités aimables ; Montesquieu, Duclos, Diderot, le duc de Nivernais, lui portèrent intérêt, lui firent ou lui voulurent du bien.

2073. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Ce ne sont pas des jeux d’esprit que je me permets : chaque écrivain ou poète classique a sa qualité distinctive et singulière, sa vertu à lui, souveraine, et qui est faite pour guérir du défaut littéraire opposé.

2074. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

La double opinion de ceux qui préfèrent ouvertement Corneille à Racine et de ceux qui, au contraire, préfèrent incomparablement Racine à Corneille, ou encore le suffrage impartial et équitable des arbitres entre ces deux illustres rivaux, ont été exprimés d’une façon heureuse et sans réplique par ces plumes fines et d’une qualité rare, Saint-Évremond, Fontenelle, Fénelon, Vauvenargues, La Bruyère, Voltaire, même La Harpe ; nous nous tourmentons fort pour dire autrement ; nous ne dirons jamais mieux ni aussi bien.

2075. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Quand la nature crée un homme supérieur et d’une supériorité de premier ordre, quand elle l’a fondu et coulé tout d’un jet dans un de ses plus beaux moules humains, si cet homme, après avoir fourni sa grande carrière, tombe ou sort de la scène dans la plénitude de la vie et de ses facultés, sans que la maladie ou l’âge soit venu l’altérer ou l’affaiblir, il est bien clair qu’il est et qu’il a dû rester le même pendant toute cette durée de son rôle actif, que les événements n’ont fait que le produire, un peu plus tôt ; un peu plus tard, sous ses aspects différents, le montrer et le développer plus ou moins dans quelques-unes de ses dispositions naturelles et donner occasion à ses qualités ou à ses défauts primitifs de se manifester dans tout leur relief ou même dans leur exagération ; mais il y avait en lui, dès le principe, le germe et remboîtement de tout ce qui est sorti.

2076. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Le duc de Richelieu fut désigné pour aller en qualité d’ambassadeur extraordinaire faire la demande en toute cérémonie : on s’en serait bien passé à Dresde ; mais le choix avait été annoncé dès le premier moment, et il n’y avait pas à se dédire.

2077. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Les arrangements étaient pris, les rôles distribués : en même temps que Bonaparte s’embarquait pour l’Égypte, Talleyrand devait aller de sa personne négocier auprès de la Porte en qualité d’ambassadeur, pour appuyer de sa diplomatie l’expédition colonisatrice.

2078. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Depuis les Harmonies, on attendait une preuve poétique qui y répondît, quand Jocelyn vint annoncer comme une nouvelle manière : Jocelyn était un début dans l’ordre des compositions ; bien que la fable n’en fût pas bien difficile à inventer, elle était touchante, elle prêtait aux plus riches qualités du poëte, et l’induisait sans violence à des tons rajeunis.

2079. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Nous ferions bon marché peut-être de l’art, du caractère esthétique, mais non pas de la rhétorique, au bon sens du mot, des qualités de composition et de style qui diminuent l’effort et accroissent le plaisir du lecteur.

2080. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Son premier roman commença à paraître en 1728 : Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde, autobiographie romancée ; puis en 1732, Cleveland ; en 1735, le Doyen de Killerine.

2081. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

A examiner de près la qualité de ce style, on la trouve plus grosse et plus mêlée qu’elle ne paraît d’abord.

2082. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Jean Richepin a (surtout dans ses vers, fort supérieurs à sa prose) la sonorité, la plénitude, la couleur franche, le dessin précis, une langue excellente, vraiment classique par la qualité ; et il est le dernier de nos poètes qui ait, quand il le veut, le souffle, l’ampleur, le grand flot lyrique.

2083. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Ils peuvent être grands par cette impatience et cette audace même, comme Abélard, ou quand ils y joignent les qualités du caractère et l’action, comme saint Bernard ; mais, comme écrivains de choses durables, il faut beaucoup rabattre de l’opinion qu’on en a.

2084. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Qu’elle est touchante cette humilité, cette attitude discrète, effacée de Jules Laforgue et qui ressort de la lecture de ses lettres, quand on songe surtout à la qualité de son talent !

2085. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

On conçoit que la composition n’avait rien pour satisfaire le spécialiste du monologue et ne cadrait guère avec les qualités ordinaires de son répertoire.

2086. (1890) L’avenir de la science « V »

L’esprit critique est l’homme sobre, ou, si l’on veut, délicat ; il s’assure avant tout de la qualité.

2087. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

On dit communément que le plaisant est causé par une disconvenance (incongruity) ; qu’il faut pour le produire au moins deux choses ou qualités ayant entre elles quelque opposition de nature.

2088. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Quand il s’agit de faits, il est un peu plus à son aise, il montre quelques qualités d’observateur et il lui arrive même d’organiser en récit lisible les petits détails patiemment rassemblés.

2089. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Je voudrais qu’en disant nos belles qualités comme peuple, à des hommes qui en sont déjà assez pénétrés, on ajoutât, en le prouvant quelquefois par des exemples, que nous avons aussi quelques défauts ; qu’en France ce qu’on a le plus, c’est l’essor et l’élan, que ce qui manque, c’est la consistance et le caractère ; que cela a manqué à la noblesse autrefois et pourrait bien manquer au peuple aujourd’hui, et qu’il faut se prémunir de ce côté et se tenir sur ses gardes.

2090. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

M. de Laborde a réussi dans son apologie de Mazarin, en ce sens qu’après l’avoir lu on emporte de l’esprit du ministre, de ses qualités aimables et puissantes, une idée fort présente et fort vive, égale à tout ce qu’on en pouvait penser déjà.

2091. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Or, la seule application d’un talent de cet ordre et de cette qualité à un tel sujet, à ces natures hideuses et à ces tableaux livides de la Révolution, était déjà une première cause d’illusion et de séduction insensible, un premier mensonge.

2092. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Les regrets d’un gouvernement fait pour apprécier, autant que d’autres, les plus éminentes qualités de l’esprit, s’associent aux regrets que la France entière témoignera bientôt, en apprenant qu’un des plus illustres représentants de son intelligence et de son goût s’est condamné, avant le temps, à quitter la chaire qu’il avait consacrée.

2093. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

La reine Marguerite, si peu scrupuleuse en morale, est meilleure que ses frères ; elle a des Valois finissants les qualités et bien des défauts, mais elle n’a pas la cruauté.

2094. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

De ce système je ne toucherai qu’un seul mot, qui suffira à faire comprendre ce que j’ai à dire des qualités morales et littéraires de l’abbé Gerbet.

2095. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Boris mort, son fils détrôné et Démétrius installé au Kremlin, tout change de face, et l’inconstance du peuple s’en prend à Démétrius des qualités mêmes par lesquelles il diffère de Boris.

2096. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Les rhétoriques, inquiètes des contagions et des pestes qui sont dans le génie, recommandent avec une haute raison, que nous avons louée, la tempérance, la modération, le « bon sens », l’art de se borner, les écrivains expurgés, émondés, taillés, réglés, le culte des qualités que les malveillants appellent négatives, la continence, l’abstinence, Joseph, Scipion, les buveurs d’eau ; tout cela est excellent ; seulement il faut prévenir les jeunes élèves qu’à prendre ces sages préceptes trop au pied de la lettre on court risque de glorifier une chasteté d’eunuque.

2097. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Quoique résolu à vous en expliquer l’esthétique, je pense que seuls les poèmes ont qualité pour y bien réussir.

2098. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Il ne doute point qu’il n’ait une âme de qualité supérieure, une âme nourrie du miel d’Hymette.

2099. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Si l’on eût d’abord compris que la majorité ne doit pas être évaluée par le nombre des voix, mais par la qualité des suffrages, on aurait évité beaucoup de crimes et on se serait épargné beaucoup d’embarras.

2100. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Mais à côté de ces trois états d’esprit, essentiels, qui se succèdent l’un à l’autre, étant provoqués et nourris par le changement des choses, il y a d’autres façons de voir et de sentir, d’une importance secondaire mais d’un caractère permanent, parce qu’elles sont provoquées par une qualité durable des choses ; nous touchons ici à un problème important de méthode.

2101. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Ce goût pour l’abstraction a persuadé à M. de Biran de transformer en substances les forces, simples qualités ou rapports abstraits, de considérer la volonté comme l’âme, de changer l’étendue en une apparence, et de ressusciter les monades de Leibnitz.

2102. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Je profiterai de l’occasion inappréciable qui m’est offerte pour parler de Camille Jordan, pour rappeler ce qu’il fut dans la vie publique et pour le montrer dans l’intimité, aimé, goûté, presque adoré de femmes supérieures ou charmantes, et justifiant la vivacité de cette prédilection par des qualités et des trésors de simplicité, de sincérité, de candeur, d’honneur, de dévouement et de franchise. […] — On peut encore accomplir toutes les vertus, quand on serait trop susceptible de goût pour les agréments et les qualités ; mais de quoi reste-on capable quand on recherche la faveur aux dépens dû l’amitié, aux dépens des consolations qu’on peut donner aux malheureux ? […] Jamais de plus hautes qualités, selon moi, ne se sont trouvées réunies à un charme de bonté qui met le cœur à l’aise. — Ce que je deviendrai, Dieu le sait, mais je reste ce que je suis. — C’est vous dire que je vous aimerai et vous estimerai toujours. » Durant l’absence de Mme de Staël, nous n’avons plus pour nous introduire particulièrement auprès de Camille Jordan que quelques lettres de Mme Récamier.

2103. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Parfois elle reconnaît qu’ils sont de bons agents de propagande à l’étranger : leur nom glorieux garantit au loin, à lui seul, la qualité des marchandises de leur pays. […] Leurs faiblesses souvent ne font qu’accentuer leurs qualités : cet homme connu pour sa puissante activité et chez qui l’on découvre des secrets penchants à la paresse apparaîtra plus fort encore d’avoir su les vaincre. […] C’est ainsi qu’on transformait un des auteurs les plus perspicaces de notre temps en une sorte de bonhomme naïf, dupe de l’instruction qu’il avait reçue, alors qu’au contraire il avait su, avec intelligence, comprendre les qualités de ses professeurs, mais aussi leur pauvreté et leurs limites étroites.

2104. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Néanmoins, en ma qualité de catholique, j’ai obtenu ce privilège. […] Quant aux qualités d’exécution, elles sont, à mon avis, à peu près nulles. […] Aujourd’hui, ces qualités sont parties pour tous les diables et ne reviendront peut-être jamais. […] Les protestants d’Angleterre devaient bien ce souvenir à la mémoire de leur grand ami huguenot du seizième siècle, qui leur ouvrit les ports dont il avait la garde en qualité d’Amiral de France. […] et, qu’ils soient mariés ou non, une paire de gants de femme, de qualité inférieure, pour offrir à celle qu’ils estiment le plus.

2105. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Je ne dis pas que le comique des Fourberies de Scapin soit d’une qualité très fine. […] La première qualité qu’il lui donnera, c’est la sincérité. […] Cela prouve simplement qu’il y a diverses sortes de « libertins » et d’esprits forts, comme il y a différentes qualités de chrétiens. […] » De la même catégorie de comique, quoique d’une qualité peut-être moindre, ce fragment de dialogue : le bailli, criant : Sentinelle ! […] Nous n’y avons pas seulement trouvé les qualités connues de M. de Porto-Riche, la netteté, la hardiesse, l’acuité d’observation et d’expression, mais encore l’énergie soutenue, la suite, la teneur.

2106. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Dès l’âge de quinze ans, il entra chez un notaire de Villers-Cotterêts, en qualité de saute-ruisseau. […] En qualité de directeur des beaux-arts, il assiste à des enterrements, il préside des banquets, il distribue des prix, il prononce des harangues. […] Il n’a pas les qualités que l’on peut acquérir par l’exercice et par l’accoutumance. […] Il l’a aimé, avec ses qualités et avec ses défauts, comme on aime malgré soi, un être jeune, inachevé, dont les enthousiasmes ont de la grâce et dont l’égoïsme même est séduisant. […] André Michel, ouvrant à l’École du Louvre son cours d’histoire de la sculpture du moyen âge et rappelant les qualités éminentes de son prédécesseur M. 

2107. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Il y fut nommé secrétaire perpétuel après la mort de Conrart (1675), et en cette qualité il travailla à préparer le canevas du premier Dictionnaire.

2108. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Toute aventure nous est sûre : si nous sommes vaincus, nous monterons au ciel en qualité de martyrs ; si nous vainquons au contraire, on publiera la gloire du Seigneur ; et celle de toute la France, ou plutôt de toute la chrétienté, en sera plus grande.

2109. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Je dis surtout les qualités de l’homme distingué dont je parle ; personne ne niera, en effet, qu’il n’eût celles-là77.

2110. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Rigault, dans un article sur Chapelle (18 mai 1855), me semble lui avoir beaucoup prêté quand il a dit : « Partout, dans le monde et dans l’intimité, parmi les grands seigneurs et les grands esprits, à Chantilly avec M. le prince, à Auteuil avec Roileau, Racine et Molière, Chapelle plaît à tout le monde par l’enjouement de son caractère, par l’agrément de son esprit naturel et cultivé, et par cette finesse de goût qui est peut-être la première de ses qualités, et le trait caractéristique de son mérite.

2111. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Il se trouva que si l’un était une manière de poète et d’artiste, l’autre personne était une grande dame, une femme de qualité, et de ce qu’on appelle le faubourg Saint-Germain.

2112. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Ayant vu, quelques années après, tomber également dans un duel mortel son collaborateur de La Presse, Dujarier, il prononça sur sa tombe, le 14 mars 1845, des paroles qui méritent d’être rappelées et qui témoignent d’un sentiment profond : « Si j’élève ici la voix, disait-il, ce n’est pas seulement pour exprimer de vains regrets et rendre un pieux hommage aux rares qualités que m’avaient fait reconnaître et honorer en lui des relations dont chacune était une épreuve journalière et décisive… Mais, placé entre la tombe qui est sous mes yeux et celle qui demeure ouverte et cachée dans mon cœur, je sens que j’ai un devoir impérieux à remplir, devoir trop douloureux pour n’être pas solennel !

2113. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

M. de Mercy-Argenteau eût été sans doute un bon conseiller pour la reine ; mais cette qualité d’ambassadeur de l’empereur son frère le rendait suspect, et sa présence seule était un inconvénient.

2114. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Et puis, quand on a lu, qu’on a été saisi, choqué, attiré, secoué et repris de mainte manière et par bien des fibres, il vient un moment où la rébellion cesse, où l’on rend les armes et où, tout rempli des qualités évidentes d’un auteur honnête, hardi, piquant, pittoresque, cordial et généreux, on se plaît à ajouter ce trait qui vient le dernier et qui manquerait à tout éloge de femme, s’il ne le couronnait pas : « Elle doit être vraiment aimable ! 

2115. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Flammarion a rendu justice sur ce point à son illustre devancier, bien qu’il n’ait pas choisi les meilleurs témoins littéraires à son sujet, et qu’il n’ait pas assez reconnu en lui sous les défauts saillants les qualités rares.

2116. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

En même temps elle se néglige quelquefois un peu vis-à-vis du comte et de la comtesse de Provence ; mais elle répare cela avec beaucoup de grâce dans d’autres moments… » L’observateur montre la reine encore étrangère à la politique, s’abstenant d’y intervenir sérieusement, et, jusqu’alors, en fait de ministres, n’en aimant aucun : « Elle les juge comme tout le public qui est toujours mécontent d’eux ; et comme les entours de cette princesse sont la plupart intéressés à décréditer le ministère quelconque et accoutumés à tout critiquer et à faire des plaisanteries sur tout, il arrive de là qu’elle ne connaît jamais aucun homme en place du bon côté, et ne voit que ses défauts ou ceux qu’on lui impute, et que souvent il n’a pas. » Le côté agréable est mis en relief sans être exagéré ; justice est rendue à toutes les qualités séduisantes déployées dans l’intimité.

2117. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Les esprits dont la qualité principale est le bon sens ont cela d’heureux ou de malheureux, mais d’irrésistible, que lorsqu’ils sont en présence d’actes ou de projets démesurés, imprudents, déraisonnables, rien n’y fait, ni affection ni intérêt ; un peu plus tôt, un peu plus tard, ils ne peuvent s’empêcher de désapprouver.

2118. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Cependant, et sans prétendre nier cette profonde dissemblance originelle entre deux âmes, dont l’une n’a connu que l’amour maternel, et dont l’autre a ressenti toutes les passions, jusqu’aux plus généreuses et aux plus viriles, on trouve en elles, en y regardant de près, bien des faiblesses, bien des qualités communes, dont le développement divers n’a tenu qu’à la diversité des temps.

2119. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Ce qui manque, c’est du calme et de la fraîcheur, c’est quelque belle eau pure qui guérisse nos palais échauffés. » Cette qualité de fraîcheur et de délicatesse, cette limpidité dans l’émotion, cette sobriété dans la parole, ces nuances adoucies et reposées, en disparaissant presque partout de la vie actuelle et des œuvres d’imagination qui s’y produisent, deviennent d’autant plus précieuses là où on les rencontre en arrière, et dans les ouvrages aimables qui en sont les derniers reflets.

2120. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Horace lui avait montré dans le bon sens, qui n’est en somme que le sens précis de la réalité, la qualité maîtresse du poète dramatique : mais surtout il lui avait fait concevoir quel art délicat, assortissant toutes les pièces d’une tragédie, donne à l’ouvrage une perfection charmante, dont l’agrément est infini.

2121. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Ces qualités que nous avons trouvées déjà dans les fabliaux de Gautier le Long, et dans certains développements dialogués de Jean de Meung, apparaissent aussi dans le satirique Miroir de Mariage d’Eustache Deschamps, où il ne serait pas difficile de signaler les esquisses d’une expression synthétique de certains états moraux, où, par exemple, le thème moral de Georges Dandin est indiqué, sans mélange d’action ou d’intrigue dramatique.

2122. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Les qualités dramatiques sont à peu près absentes de leur œuvre.

2123. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Je résume sa seconde conférence, une de celles qui donnent l’idée la plus complète de ses qualités et de ses défauts.

2124. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Il composait également de la musique dans le goût italien, des solos par centaines, et il jouait, dit-on, de la flûte en perfection ; ce qui n’empêcha pas Diderot de dire : « C’est grand dommage que l’embouchure de cette belle flûte soit gâtée par quelques grains de sable de Brandebourg. » En Allemagne, où l’on disserte de tout, on a disserté sur les livres et les bibliothèques de Frédéric, sur les auteurs qu’il préférait, et on en a tiré des conséquences sur la nature et la qualité de ses goûts.

2125. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Petite-fille de l’illustre capitaine d’Aubigné du xvie  siècle, fille d’un père vicieux et déréglé, d’une mère méritante et sage, elle sentit de bonne heure toute la dureté du sort et la bizarrerie de la destinée ; mais elle avait au cœur une goutte du sang généreux de son aïeul, qui lui redonnait de la fierté, et elle n’aurait pas changé sa condition contre une plus heureuse, et qui eût été de qualité moindre.

2126. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

L’art, le style, dans leurs aspects majestueux et sévères, ou dans leurs qualités exquises, lui échappent, et il est tenté de les confondre en tout avec le brillant de l’industrie.

2127. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

C’est là qu’il faut réunir toutes les qualités d’un esprit attachant pour y paraître longtemps aimable.

2128. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Usant donc de l’accès qu’il avait auprès du docte personnage, il lui conduisit le satirique qui déjà l’avait pris à partie sur ses vers, et il le présenta sous le titre et en qualité de M. 

2129. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

En effet, des représentations de même qualité pour l’esprit, comme la couleur rouge, la couleur rose, la couleur pourpre, sont des représentations de même siège dans le cerveau : les représentations visuelles ont pour siège commun les centres visuels du cerveau ; les représentations de l’ouïe ont pour siège commun le centre auditif ; notre cerveau a des casiers tout faits à l’avance, tout préparés par la sélection naturelle, et ces casiers sont ses diverses régions.

2130. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Il a, ce Rochefort, je dois l’avouer, un charme fabriqué d’une certaine délicatesse d’esprit, d’une qualité de gaîté gamine, et surtout d’une câlinerie presque féminine.

2131. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

La scolastique elle-même, toute chimérique qu’elle est, abandonne le Pré Spirituel de Moschus, raille l’Échelle Sainte de Jean Climaque, et rougit du siècle où saint Bernard, attisant le bûcher que voulaient éteindre les vicomtes de Campanie, appelait Arnaud de Bresse « homme à tête de colombe et à queue de scorpion. » Les Qualités Cardinales ne font plus loi en anthropologie.

2132. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

On peut montrer que ces inventions et ces découvertes originales, pour ainsi dire, ne sont dûës qu’au hazard, et que nous n’en avons profité qu’en qualité de derniers venus.

2133. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Ce sont les deux mêmes qualités qui feront le grand sculpteur, le grand peintre, le grand compositeur, — le grand écrivain : la ligne et la couleur.

2134. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Il est de femme, par le manque d’aperçu, de profondeur, d’originalité, de vigueur enflammée ; qualités viriles que les femmes n’ont pas, parce qu’elles en ont d’autres, la grâce, l’élégance, la finesse, le coloris doux, la tendresse, l’inattendu, la sensation vive que.

2135. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Le succès instantané de Saint-Simon au dix-neuvième siècle tient bien moins à des qualités qui le font grand qu’à des défauts qui le rapetissent.

2136. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Les lettres de Madame de Sévigné dont on parle tant, qui ne sont que charmantes et qui auraient pu être divines si l’âme de la femme qui les a écrites eût été plus vraie et plus tendre, nous disent pourtant très bien la qualité médiocre de l’âme qui les a tracées avec tant de coquetteries et de chatteries d’amour maternel !

2137. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Il a eu son rayonnement dans quelques esprits trop peu nombreux qu’il a frappés par les qualités transcendantes dont il brille ; mais parmi les Critiques d’état, les journalistes, doseurs de gloire, on en a très peu parlé.

2138. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Le prêtre est un ami, mais un ami qui hausse les âmes, qui apporte aux soldats les promesses et les secours de la religion. « Après tout, si tu meurs, tu ne perdras qu’une vie matérielle précaire pour trouver une vie de meilleure qualité. » Voilà le soldat plus tranquille.

2139. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Mais il est certains effets, favorables à l’égalitarisme, qui tiennent aux qualités propres de la dernière forme sociale examinée.

2140. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Il y a eu quelquefois des réputations, quoiqu’en petit nombre, qui choquaient les mœurs et les idées générales dominantes dans un pays ; c’était comme un aveu involontaire et forcé, que certaines qualités brillantes arrachaient à ceux même qui étaient le plus loin de les partager : mais quand le mérite d’un grand homme se concilie parfaitement avec les préjugés, le caractère et les penchants d’un peuple, alors sa célébrité doit augmenter, parce que l’amour-propre de chaque citoyen protège pour ainsi dire la réputation du prince ; et c’est ce qui arriva à Henri IV.

2141. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Le style de la tragédie donne une grande valeur à cette conjecture ; car il réunit toutes les qualités que poursuivent les élèves de rhétorique. […] Ce drame réunit toutes les qualités et tous les défauts particuliers à M.  […] Au reste, ce défaut, que je blâme en toute sincérité, est, pour la plupart des lecteurs, une qualité précieuse. […] Dans le drame que je blâme, il y a des qualités de diction qui sont dignes d’étude ; mais ces qualités appartiennent plutôt au style des livres qu’au style dramatique. […] Son œuvre, avec ses défauts et ses qualités, ne relève absolument que de sa libre fantaisie.

2142. (1932) Les idées politiques de la France

En 1830, et pour de longues années, l’Église ne comportait pas l’atmosphère favorable à une séparation qui eût ôte à l’État un moyen de gouvernement, au souverain pontife une part de prestige politique, au clergé la qualité et les bénéfices d’allié des classes dirigeantes. […] Notons toujours que Léon Bourgeois fut un des politiques les plus éminents de la troisième République, et par ses qualités d’homme d’État, et par sa culture, et par son intégrité, — qu’il fournit au parti radical un homme-drapeau autant qu’un chef effectif, que, s’il occupa excellemment les ministères les plus différents, Intérieur, Justice, Affaires étrangères, si le prestige qu’il acquit a la Société des Nations acheva magnifiquement sa carrière, l’Éducation nationale n’en était pas moins sa place normale, utile, (en somme la place naturelle d’un chef du parti radical quand les radicaux sont au pouvoir) et qu’enfin ces paroles ont eu pour le spirituel républicain un peu de la portée d’une constitution ou d’une encyclique. […] La qualité supérieure du Proudhon nous indique la bonne voie. […] Et je reconnais que l’âge de l’Église, sa qualité de doyenne, lui procurent plus de force qu’elle n’entraîne de faiblesse, et que parmi ses forces figure celle d’adaptation, mais moins celle de rajeunissement, et moins encore celle de renversement, et absolument pas celle de révolution. […] J’ai déjà rappelé ce mot de Jules Grévy, qui, s’enquérant, dans sa visite officielle au Salon, de la qualité de l’exposition, reçut cette réponse : « Point d’œuvre extraordinaire, mais une bonne moyenne !

2143. (1922) Gustave Flaubert

Descharmes, font voir dans l’austérité de saint Antoine la qualité dont ces compagnons se souciaient alors évidemment le moins. […] Il me faut connaître la qualité de mon terrain et ses limites avant de me mettre au labourage. […] Ce n’est nullement un négatif comme Charles ou Léon, c’est un positif comme Emma, c’est-à-dire un être qui fait saillie et qui s’impose par quelque qualité exceptionnelle et admirable. Cette qualité était chez Emma la sensualité. […] Aujourd’hui, Salammbô reste cependant plus discutée que les Fleurs du mal, elle a contre elle une partie ; assez considérable en qualité, de l’opinion littéraire.

2144. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Ils ont donné pour règle à leur style la pureté ; la vigueur virile est celle du nôtre751. » Deux ou trois mots pareils peignent un homme ; Dryden vient de marquer sans le savoir la mesure et la qualité de son esprit. […] Il écrit à Dennis, qui l’avait loué : « Les belles qualités que vous me prêtez ne sont pas plus à moi que la lumière de la lune ne peut être dite lui appartenir, puisqu’elle ne brille que par la clarté réfléchie de son frère755. » Il écrit à sa cousine, en manière de narration divertissante, ces détails sur une grosse femme avec qui il a voyagé : « Son poids faisait que les chevaux cheminaient très-péniblement ; mais, pour leur donner le temps de souffler, elle nous arrêtait souvent, et alléguait quelque nécessité de la nature, et nous disait que nous sommes tous chair et sang756. » Il paraît qu’alors ces jolies choses égayaient les dames. […] La flamme qui d’une seule illumination les révélait s’est éteinte ; il remarque des qualités, il note des points de vue, il classe des groupes d’actions, il juge et il raisonne.

2145. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Les qualités de cette jeune fille eussent orné toute femme. […] Mais que de qualités il sut tirer de son propre fond ! […] Son corps est si bien formé qu’on voit qu’il est par toutes ses qualités un guerrier brave et prompt. » « La reine parla : « Qu’on m’apporte mon armure, si le fort Sîfrit est venu en mon pays pour obtenir mon amour, il y va de sa vie.

2146. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Mais mon frère, en sa qualité de plus jeune, a voulu passer absolument le premier, et en dehors du sentiment paternel que j’avais à son égard, je le connaissais avec sa paresse de corps et son horreur pour les exercices violents et l’escrime, destiné à rester sur le terrain, tandis que moi qui tirais très mal, qui ne tirais pas du tout, j’avais cependant un jeu difficile, déconcertant même pour ceux qui tiraient bien. […] Or, le raisin de cette vigne renferme naturellement du fer, et le vin contient les qualités fortifiantes du vin où l’on en introduit, mais sans les inconvénients de ce dernier, par l’assimilation du fer dans une première vie végétative. […] Puis la conversation monte à l’idée différente que se font du cerveau, le Français, l’Anglais, l’Allemand, et à la description qu’en fabrique le Français avec le concept logique de son esprit, l’Anglais avec ses qualités à la fois de synthèse et d’observation du détail, l’Allemand avec l’abondante diffusion et l’éparpillement de ses idées sur chaque circonvolution.

2147. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Tout ce qu’il nous montre a été vu et bien vu par lui ; c’est pour moi plus un poète qu’un romancier, plus un peintre peut-être aussi qu’un poète ; pour être juste, il faudrait, je crois, lui décerner ces trois qualités à la fois, mais, attendons l’avenir qui ne peut manquer de consacrer par le succès, son talent fait d’émotion et de simplicité. […] Jules Claretie ; on y retrouve, avec ses qualités premières d’invention, quelque chose de plus vécu peut-être, et un souci de la vérité qui complète, selon nous, le talent de l’éminent romancier. […] Il eut, comme homme privé, des qualités réelles. […] On peut juger d’après ces extraits de l’ensemble et des qualités de l’ouvrage ; pour ceux qui connaissent l’auteur, il faut, bien qu’il s’en défende, voir dans les Étapes d’une conversion comme une autobiographie ; et l’œuvre s’en ressent, car il n’est permis d’étudier avec ce scrupule le jeu d’une âme que sur soi-même ; aussi peut-on dire que jamais Féval n’a rien écrit d’un plus grand cœur ni de plus d’émotion que ce livre. […] En tenant compte de ces conditions particulières, on trouve dans l’Oncle Benjamin de véritables qualités d’écrivain, c’est-à-dire la franchise de l’idée, la netteté de l’expression.

2148. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Il est vrai que l’homme moderne put être pathétique autrement qu’en sa qualité de citoyen, de roi, de père, de fils ou d’époux ; l’ambition, l’amour, la grandeur personnelle, voilà ce qui fit de lui un héros tragique ; mais, de même que l’homme antique, il parut sur la scène en qualité d’époux, de fils, de père, de citoyen ou de roi.

2149. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Il semble qu’il ait été tout exprès muni de défauts et de qualités, enrichi d’un côté, appauvri d’un autre, à la fois écourté et développé, pour mettre en relief la forme classique par l’amoindrissement du fond classique, pour présenter au public le modèle d’un art usé et accompli, pour réduire en cristal brillant et rigide la séve coulante d’une littérature qui finissait. […] Voici, par exemple, Mathew Prior ; au premier regard il semble qu’il ait toutes les qualités requises pour le bien porter : il a été ambassadeur en France, il écrit de jolis impromptus français ; il tourne aisément de petits poëmes badins sur un dîner, sur une dame ; il est galant, homme de société, aimable conteur, épicurien, sceptique même, à la façon des courtisans de Charles II, c’est-à-dire jusques et y compris la coquinerie politique ; bref, c’est un mondain accompli dans son genre, ayant le style correct et coulant, maître du vers leste et du vers noble, et qui manie, d’après Bossu et Boileau, les pantins mythologiques.

2150. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Avec Virgile, on court peu de risque de se tromper, en inclinant le plus possible du côté de ses qualités intérieures. […] Vous résumez toutes ses qualités de style dans sa perfection.

2151. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Paul Bourget nous décrit des mondains et des mondaines d’exceptionnelle qualité morale. […] Il pressent que les méthodes futures laisseront peu de place au déploiement des qualités par lesquelles surtout il vaut, et que la guerre à venir ne sera plus sa guerre.

2152. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Hésiode nous a laissé quelques-uns de leurs noms, qui reflétaient la couleur ou qui exprimaient la qualité de leurs flots. […] Ses attributs physiques se prolongent en qualités morales, ses fonctions se multiplient les unes par les autres, ses épithètes se transforment en légendes nouvelles.

2153. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

L’atticisme, cette qualité indéfinissable des choses grecques, est le don par excellence de cet écrivain français. […] Mais la qualité dominante du talent de Béranger n’était ni dans l’habileté de ses compositions, ni dans la finesse de son style ; elle était dans son cœur.

2154. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Toutefois il ne serait peut-être pas impossible de réduire à leur juste expression ces qualités fameuses. […] Son érudition en ce genre est incontestable : mais ferais-je observer qu’il y a un abîme entre la science et l’érudition, cette dernière n’étant qu’une qualité accessoire pour le savant ?

2155. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Il fut auprès de lui, en qualité de premier secrétaire, à Aix où ce prince faisait fonction de gouverneur.

2156. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Lavallée, arriver avant six heures du matin, afin d’être au lever des demoiselles, et suivre ensuite toute leur journée en qualité de première maîtresse, pour pouvoir mieux juger de ce qu’il y avait à faire et à établir.

2157. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Cette pièce est empreinte de sa manière la plus vigoureuse, avec ses qualités et ses défauts ; elle a de l’inégalité de style, de la complication de pensée, mais de la grandeur, et elle décèle, dans ce poète qui ne passe que pour celui des régions moyennes, un disciple énergique de Milton.

2158. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Dès ce premier ouvrage il opposait assez finement la modestie de Voiture, ou du moins son bon goût à repousser les éloges trop directs, à la passion bien connue de Balzac pour les compliments, et à ce grand appétit de louange qu’il ne craignait pas de lui rappeler, en l’en supposant gratuitement guéri : Je suis assuré que s’il (Voiture) revenait au monde, et qu’il fût informé des bonnes qualités de M. de Girac et de la franchise de son procédé, il ferait tous ses efforts pour le satisfaire, et pour l’éclaircir de ses doutes ; car je suis obligé de rendre ce témoignage de lui, que je n’ai connu personne, jusques ici, qui souffrît de meilleure grâce qu’on le contredît et qu’on eût des opinions contraires aux siennes.

2159. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Je ferai une Contemporaine, mais royaliste et de qualité, la contemporaine de l’ancien grand monde. » Il aimait les coiffes ; il avait reçu les confidences de quantité de vieilles dames d’autrefois, et savait à ravir le menu de ce haut commérage.

2160. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Mais sur cette entrée dans les conseils, le roi demanda du temps et se rejeta sur des arrangements futurs : apparemment il jugeait que Villars, avec ses éminentes qualités de capitaine et même ses utilités de négociateur, n’était pas précisément un conseiller.

2161. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Il n’y avait que lui, en effet, qui pût bien lire les manuscrits et s’y reconnaître en qualité d’ancien secrétaire.

2162. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Il passa de là en Danemark et y fut d’abord en qualité de précepteur dans la maison d’un seigneur danois.

2163. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

L’approbation fut si grande que l’on décida que la prochaine place vacante dans la compagnie serait pour Pellisson, et, en attendant, il put assister aux séances en qualité de surnuméraire : ce qui n’arriva qu’à lui.

2164. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Un autre chartreux, de Thionville, dom Ignace Jaunez (oncle de Mme Hoche), lequel, en sa qualité de sacristain, avait le droit d’entrer dans les pavillons, venait me chercher dans ma chambre vers onze heures ou minuit ; je vois encore ce spectre blanc, aux yeux caves, avec la tète encapuchonnée, avançant sous mes yeux sa lanterne sourde, et prononçant Ave Maria, à quoi, me levant pour le suivre, je répondais Amen.

2165. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

C’est ainsi qu’une nuit, en Italie, il rêva qu’il était à Genève, en tiers avec sa sœur et une autre dame genevoise ; celle-ci se mit à lui parler avec franchise de ses qualités et défauts, et, entre autres vérités un peu dures, elle lui dit : « J’ai encore un reproche impardonnable à vous faire : c’est d’avoir abandonné votre patrie, et d’avoir voulu renoncer au caractère de citoyen genevois. » — Je me défendis d’abord, nous dit Sismondi, qui a pris soin de relater par écrit ce songe, en représentant que la société n’était formée que pour l’utilité commune des citoyens ; que, dès qu’elle cessait d’avoir cette utilité pour but et qu’elle faisait succéder l’oppression et la tyrannie au règne de la justice, le lien social était brisé, et chaque homme avait droit de se choisir une nouvelle patrie.

2166. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

que de fois je me suis écrié, en voyant tant de talents énergiques dont quelques-uns me sont chers et que j’apprécie pour leur qualité de relief et de couleur, — que de fois j’ai dit tout bas : Qui donc unira la force à la délicatesse ?

2167. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Le Cid a les défauts, mais aussi toutes les qualités de sa saison.

2168. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Des divers généraux que Louis XIV avait alors sous la main, nul n’était plus propre que Catinat à cette guerre du Piémont qui était devenue en quelque sorte sa spécialité, sa partie d’échecs et ses qualités, ses défauts même de trop de réserve et de prudence convenaient également aux fins proposées.

2169. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Toutes les qualités de Malouet, son calme, sa fermeté, sa ténacité même dans le bon droit, le fond de chaleur et d’énergie qui couvait sous son air digne, et qui se démasquait dans les occasions, s’y montrèrent à leur avantage.

2170. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Après quelques démarches tentées encore par Jomini (et sans y réussir) pour se concilier le prince de Neuchâtel, — comme de lui offrir la dédicace d’une seconde édition qu’il fit faire exprès de son Traité des grandes Opérations militaires, — de lui témoigner le désir d’être mis à la tête d’une des brigades suisses qui allaient être levées, et dont le commandement lui était spécialement réservé en sa qualité de colonel général des Suisses, — après n’avoir éprouvé de sa part que rebuffade et mauvaise grâce, après s’être entendu dire un jour qu’il se plaignait : « Eh bien, si vous vous croyez lèse, donnez votre démission ; j’en référerai a Sa Majesté », Jomini n’hésita plus et se tourna vers la Russie.

2171. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Il peut être probe, bon, industrieux, prudent ; il peut avoir des qualités douces et même des vertus par réflexion ; mais il n’est pas homme ; il n’a ni âme ni génie.

2172. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Pourtant il se maintiendra toujours à son rang littéraire, comme une des œuvres les plus honorables dans ce genre de la comédie mitigée et de l’épître morale, dont le mérite, lorsqu’il est universellement goûté par l’élite d’une nation, donne la mesure certaine d’une qualité de civilisation bien polie et bien délicate35.

2173. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Dans la première, une femme de qualité établie à Lausanne, la mère de la jolie Cécile dont nous avons cité le portrait, écrit à une amie qui habite la France les détails de sa vie ordinaire, le petit monde qu’elle voit, les prétendants de sa fille et les préférences de cette chère enfant qu’elle adore ; le tout dans un détail infini et avec un pinceau facile qui met en lumière chaque visage de cet intérieur.

2174. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il n’est pas de qualité, du reste, à nous arrêter : d’autant que derrière lui nous découvrons Régnier254.

2175. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

La femme qui se déshabille pour se donner à un homme dépouille avec ses vêtements toute sa personne sociale ; elle redevient pour celui qu’elle aime ce qu’il redevient, lui aussi, pour elle : la créature naturelle et solitaire dont aucune protection ne garantit le bonheur, dont aucun édit ne saurait écarter le malheur. » Je suis ravi de cette beauté de pensée et de forme ; mais je tourne la page et j’y trouve une « floraison » ou un « avortement » qui « dérive » d’une certaine qualité d’amour.

2176. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Il écrivait encore à l’empereur : « Assurons à ceux qui, par leurs qualités naturelles, leur naissance ou leur fortune, sont appelés à marcher au premier rang de la société… la culture de l’esprit la plus large… afin de fortifier l’aristocratie de l’intelligence au milieu d’un peuple qui n’en veut pas d’autre… » — Et c’est pourquoi il supprima la bifurcation en études scientifiques et littéraires, « qui sépare, disait-il, ce qu’on doit unir lorsqu’on veut arriver à la plus haute culture de l’intelligence » ; introduisit dans les lycées l’histoire contemporaine et quelques notions économiques ; restaura la classe de philosophie, si prospère aujourd’hui et suivie avec tant de passion par les mieux doués de nos enfants.

2177. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Grégoire Le Roy, lequel possède pourtant maintes qualités bien latines.

2178. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Même dans l’ordre de la vérité, nos qualités nous servent souvent moins que nos défauts.

2179. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Ce qui suffirait pour donner la plus haute idée de la qualité du talent de M. de Chateaubriand, c’est en général la nature distinguée des femmes qui s’y sont prises, qui se sont éprises de lui pour son talent.

2180. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Le roi dut forcer la main au pape, et Jeanne, qui avait tant de vertus et de qualités requises pour être canonisée sainte comme on l’entendait en ces âges, ne fut jamais que la Sainte du peuple et de la France, la Sainte de la patrie.

2181. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Dans un chapitre intitulé « Des gens de lettres », il saisit très finement les qualités distinctives de cette nouvelle espèce, née ou développée seulement au xviiie  siècle ; il dénonce les inconvénients d’un pareil corps vaguement introduit dans l’État et y devenant une puissance ; il essaie de la restreindre et d’assigner les termes dans lesquels il conviendrait, selon lui, de renfermer toute discussion littéraire, soit par rapport à la religion, soit par rapport aux mœurs.

2182. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Une des choses auxquelles il est le plus difficile de s’accoutumer en jugeant les hommes, c’est de maintenir la part de leurs talents ou de leurs qualités, après qu’on a reconnu celle de leurs défauts ou de leurs vices.

2183. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Le petit ouvrage qu’il publia en 1845, intitulé : l’Esprit des institutions militaires, et dont le maréchal Bugeaud disait que tout officier en devait avoir un exemplaire dans son porte-manteau, me le montra tel que ses amis me l’avaient fait entrevoir, mais avec une supériorité de vues et de lumières, une netteté d’exposition, une imagination même et une couleur de parole, tout un ensemble de qualités auxquelles bien peu certes auraient atteint parmi les maréchaux de l’Empire.

2184. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Elle choisit pour cette exécution Thémines, dont Henri IV lui avait dit « qu’il était homme à ne reconnaître jamais que le caractère de la royauté », et à n’obéir qu’à elle : qualité qui devenait si rare !

2185. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

En qualité de solitaire, nous confesse Rousseau, je suis plus sensible qu’un autre ; si j’ai quelque tort avec un ami qui vive dans le monde, il y songe un moment, et mille distractions le lui font oublier le reste de la journée ; mais rien ne me distrait sur les siens ; privé du sommeil, je m’en occupe durant la nuit entière ; seul à la promenade, je m’en occupe depuis que le soleil se lève jusqu’à ce qu’il se couche : mon cœur n’a pas un instant de relâche, et les duretés d’un ami me donnent dans un seul jour des années de douleurs.

2186. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Je ne méconnais pas d’ailleurs la distinction établie entre les esprits justes et les esprits faux (quoique cette distinction soit assez difficile à expliquer psychologiquement) ; mais elle me paraît indépendante de la qualité des systèmes.

2187. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Nous avons dit qu’à ses qualités autant qu’à son voile, on reconnaissait l’auteur des Horizons prochains pour une femme.

2188. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Il y avait le hardi faquin, le coquin héroïque, qui, avant d’être prêtre, n’eut que la seule qualité d’être brave au feu du canon comme il l’était au feu des filles ; mais prêtre et cardinal, et cardinal pour son argent, pour que cela fût plus miraculeux, le faquin et le coquin disparurent, et le ministre qui se mit alors à pousser sous cette majestueuse barrette que Richelieu avait portée, le ministre aurait été grand, s’il avait vécu, — si la mort n’avait coupé l’herbe sous le pied à sa gloire naissante, avec une faulx longtemps aiguisée par ses vices… Seulement, cet homme-là, dans Dubois, le passionné, le haineux, l’ambitieux, le jaloux Saint-Simon, ne pouvait pas le voir, et ni Drumont non plus, puisqu’il émet le doute qui ferait de Dubois le satanique que tiennent à voir en lui tous les superficiels de l’Histoire, c’est-à-dire que, par une haine d’une machiavélique profondeur contre Saint-Simon, Dubois aurait subi, sans protester, l’ambassade donnée à Saint-Simon par le Régent, parce que Saint-Simon, son ennemi, devait immanquablement s’y ruiner… Ni Saint-Simon ni son publicateur ne révèlent donc la vérité sur les étonnantes, les renversantes dépêches à Dubois ; et le mot de l’énigme sur l’homme le plus entier qui fut jamais et qui semble se rompre tout à coup en deux dans une contradiction mortelle, est un mot qui reste encore à deviner.

2189. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Hello s’est élevé parce que son sujet le portait plus haut, comme l’aile gonflée d’un cygne s’enlève plus aisément dans un éther plus pur… Les Saints étant au-dessus de l’homme, Hello a été au-dessus de ce qu’il est dans l’Homme, avec les mêmes qualités, et, disons-le, les mêmes défauts.

2190. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Il ne la tient pas toujours de ses aïeux ; il l’acquiert alors par un acte de volonté, et sa nationalité est sur lui comme une qualité dont il se préoccupe de prouver qu’il est digne.‌

2191. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

L’antiquité grecque et l’antiquité romaine, dans leur tout-puissant individualisme national, peut-être justifié par le prodigieux avancement de leur civilisation sur celle des autres peuples connus d’eux, se servaient du même mot pour désigner les deux qualités distinctes d’étranger et d’ennemi.

2192. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Ce fut un bonheur pour lui ; délivré de la concentration violente qui l’emprisonnait en lui-même, et habitué à considérer les forces comme des lois et des qualités des choses, il ne prétendit point que les forces fussent des êtres, ni que l’âme fût une force.

2193. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Et puis elles ont mille autres qualités que je ne saurais exprimer tant elles sont subtiles, mais que je goûte avec délices. […] Paul Bourget a une qualité d’esprit fort rare chez les écrivains voués aux œuvres d’imagination. […] Cette qualité est sensible, non seulement dans ses études critiques, mais aussi dans ses romans et même dans ses vers lyriques. […] Il faut dire aussi que c’était une fille de qualité. […] Plus d’une dame de qualité pouvait leur envier ces richesses domestiques.

2194. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il doit avoir les qualités d’un homme d’État. […] Calmann Lévy possédait ces qualités. […] James Darmesteter pour lequel il avait un cœur et des yeux de mère, donnait d’aussi grandes espérances, fondées sur d’autres qualités. […] Je n’ai pas qualité pour juger une telle œuvre au point de vue de l’orthodoxie, et il faut bien penser que les théologiens n’y ont rien trouvé de répréhensible, puisqu’ils l’ont approuvée. […] Et Jules Tellier sera accueilli parmi les petits poètes qui ont des qualités que les grands n’ont point.

2195. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

mais de qualité excellente, sinon de grande notoriété, et il en parle avec une vraie chaleur de cœur. […] Qualité précieuse, qualité inestimable que cette sincérité ! […] Donc admirons leur pénétration, leur finesse, leur sagacité, leur subtilité même, car leur œuvre demande les qualités d’esprit les plus variées et les plus délicates. […] Si j’insiste, c’est que, dans ce léger volume, qui n’est pas la grande œuvre rêvée par lui, je trouve des qualités rares de distinction, d’originalité, de franchise. […] À ces qualités d’ordre supérieur, se joignent la vivacité, la souplesse, la familiarité distinguée.

2196. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Par l’art d’un travail caché, il nous a présenté certaines qualités de l’âme revétues de ces images qui les font adopter. […] Heureux les Gens de Lettres qui ne connoissent que cette dispute confiante, noble & modérée, qui appartient au droit légitime, de répandre & de soutenir ses opinions ; qui n’a pour armes que le raisonnement & l’éloquence ; qui, loin de toute opiniâtreté, écoute pour répondre : qualité si rare, même parmi les hommes instruits. […] Pour avoir le goût des ouvrages touchans & utiles, il faut être né bon : sans cette qualité précieuse on ne produira rien de grand, rien d’immortel. […] Qui lira dans ce point de vue ses Comédies avec attention, trouvera que les caractères, tout fortement prononcés qu’ils soient, s’expriment dans la plus grande partie de leurs rôles exactement comme les autres, & ne développent leurs qualités essentielles & dominantes, qu’occasionnellement, suivant que les circonstances naturelles y donnent lieu, sans paroître jamais forcés.

2197. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Ainsi employés, ces mots signifient seulement que les choses sont belles ou laides par comparaison à certains objets ; c’est pourquoi si on les compare à des objets différents, ces mêmes choses prendront un nom et une qualité contraires. […] Ce ne sont point là des qualités héroïques, et M. de Witt en fait ressortir avec une énergie singulière le vilain côté. […] La raison oratoire en ce siècle s’est partout employée à déduire les suites d’une qualité pure ; car son propre est de développer les idées générales, et ses poètes les ont mises en scènes comme ses prosateurs en portraits. […] Sans doute le sang-froid, l’énergie, l’aptitude à la vie de squatter et de planteur, toutes les qualités américaines y ont aidé ; mais le ressort de cette grande volonté a été la foi. […] On voit des qualités, des attributs divins, même des attributs d’attributs devenir des dieux.

2198. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Il veut voir dans l’homme non quelque passion générale, l’ambition, la colère ou l’amour ; non quelque qualité pure, la bonté, l’avarice, la sottise, mais le caractère, c’est-à-dire l’empreinte extraordinairement compliquée, que l’hérédité, le tempérament, l’éducation, le métier, l’âge, la société, la conversation, les habitudes ont enfoncée en chaque homme, empreinte incommunicable et personnelle qui, une fois enfoncée dans un homme, ne se retrouve nulle part ailleurs. […] Les actions extrêmes de l’homme proviennent, non de sa volonté, mais de sa nature99 ; pour comprendre les grandes tensions de toute sa machine, c’est sa machine entière qu’il faut regarder, j’entends son tempérament, la façon dont son sang coule, dont ses nerfs vibrent, et dont ses muscles se bandent ; le moral traduit le physique, et les qualités humaines ont leur racine dans l’espèce animale. […] Avant d’abandonner mon âme à mes douleurs, Il me faut essayer la force de mes pleurs ; En qualité de fille ou de femme, j’espère Qu’ils vaincront un époux ou fléchiront un père : Que si sur l’un ou l’autre ils manquent de pouvoir, Je ne prendrai conseil que de mon désespoir.

2199. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

« J’appellerais volontiers ces deux sectes deux machines électriques immenses et vraiment sans modèle (tournées par la grande roue sociale), avec des batteries de qualité opposée ; celle des porte-guenilles étant la négative, et celle du dandysme étant la positive ; l’une attirant à soi et absorbant heure par heure l’électricité positive de la nation (à savoir, l’argent) ; l’autre, également occupée à s’approprier la négative (à savoir, la faim, aussi puissante que l’autre). […] En effet, toutes les idées élaborées depuis cinquante ans en Allemagne se réduisent à une seule, celle du développement (entwickelung), qui consiste à représenter toutes les parties d’un groupe comme solidaires et complémentaires, en sorte que chacune d’elles nécessite le reste, et que toutes réunies, elles manifestent, par leur succession et leurs contrastes, la qualité intérieure qui les assemble et les produit. […] Les Allemands disaient que toute nation, toute période, toute civilisation a son idée, c’est-à-dire son trait principal, duquel tous les autres dérivent ; en sorte que la philosophie, la religion, les arts et les mœurs, toutes les parties de la pensée et de l’action peuvent être déduites de quelque qualité originelle et fondamentale de laquelle tout part et à laquelle tout aboutit.

2200. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Elle en réserve la perfection et l’exquise délicatesse pour les femmes qui ont su rester fidèles aux vertus de leur sexe, et pour les hommes qui savent le leur pardonner, mais qui, près d’elles et avec les années, y retrouvent leur compte : « Quand elles n’ont point usé leur cœur par les passions, leur amitié est tendre et touchante ; car il faut convenir, à la gloire ou à la honte des femmes, qu’il n’y a qu’elles qui savent tirer d’un sentiment tout ce qu’elles en tirent. » J’insiste sur cette espèce et cette qualité d’amitié que Montaigne a oubliée et qu’il semble avoir regardée d’avance comme impossible ; elle est le produit d’une culture sociale très perfectionnée.

2201. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Tout bien considéré, et jusque dans cette petite Cour de Brunswick, où il servit en qualité de gentilhomme attaché à monseigneur le duc régnant, il était pour la Révolution française : « Le genre humain, écrivait-il en 1790, est né sot et mené par des fripons, c’est la règle ; mais, entre fripons et fripons, je donne ma voix aux Mirabeau et aux Barnave plutôt qu’aux Sartine et aux Breteuil… » Voilà le point de départ du futur tribun, ne l’oublions jamais.

2202. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Gavarni, crayon et légende à part, est un esprit fin, silencieux, nourri de solitude et de méditation, qui ne donne pas exactement la note de sa valeur dans le monde ; mais ce qu’il dit compte et ressemble par le tour et la qualité au meilleur de son talent.

2203. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Il fit ses toutes premières classes au collège Louis-le-Grand, et ses études proprement dites à Charlemagne en qualité d’externe libre.

2204. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

ayons toutes les qualités, s’il se peut, et le moins possible les défauts de nos divers âges ; mais gardons-nous, tout en faisant pour la forme nos légers mea culpa, de prétendre retoucher à notre jeunesse, — aux œuvres et aux actes de notre jeunesse ; — et surtout si ç’a été celle du grand Corneille.

2205. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Certes, tu n’es pas fait pour manquer d’aucune, ni de rien de ce qui appartient à une âme forte et supérieure : ne te laisse donc pas entraîner par l’excès même du courage vers le but où mènerait aussi le désespoir. » D’après tous ces passages, on voit que s’il y a quelque emphase, elle est rachetée aussitôt par bien des mérites, par des délicatesses infinies dépensées, et que la Romaine en Mme Roland n’a pas absolument la roideur du bas-relief ; elle est touchante, elle est Française encore, elle est femme, et c’est par l’ensemble de ces qualités réunies que les quatre Lettres retrouvées restent, toutes critiques faites, une acquisition hors de prix pour la littérature.

2206. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Avec lui, on ne doit pas craindre d’employer les termes ni marchander les mots ; il portait haut ses vices comme ses qualités ; il les menait à grandes guides, il ne les dissimulait pas.

2207. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Les principaux propriétaires de Saint-Domingue, le voyant si bien accueilli de plusieurs membres du Cabinet anglais, lui confièrent leurs intérêts et lui donnèrent leurs pleins pouvoirs « pour solliciter auprès du Gouvernement anglais des moyens de protection contre l’insurrection des nègres, qui était notoirement suscitée par la Convention. » Le point délicat à traiter dans cette affaire, c’était, tout en demandant et en acceptant l’appui de l’Angleterre, de ne pas abjurer sa qualité de Français et de ne pas prétendre disposer de la souveraineté de l’île : il s’agissait donc de constituer une sorte de séquestre provisoire de la colonie sous la garde du Gouvernement anglais, en réservant la question de droit et de souveraineté jusqu’au prochain traité de paix qui interviendrait entre les deux nations.

2208. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Art, science et métier, le sang-froid dans l’extrême péril, la liberté du jugement et la fermeté d’action au fort du combat, l’ensemble et le concert des grandes opérations, l’à-propos et le pied à pied de la tactique, il avait rêvé d’unir toutes ces qualités et toutes ces parties ; — tout un idéal complet du savant capitaine et du brave.

2209. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Dans cette même dédicace, énumérant toutes les grandes et hautes qualités du cardinal négociateur, et faisant, presque à chaque ligne, allusion à quelque irait de l’Antiquité, il dira par exemple : « D’une si grande chose (le mérite du cardinal), il vaut trop mieux, comme de Carthage disoit Tite-Live, se taire du tout que d’en dire peu… » Il y a ici une inadvertance, et M. 

2210. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Corneille, avons-nous dit, était un génie pur, instinctif, aveugle, de propre et libre mouvement, et presque dénué des qualités moyennes qui accompagnent et secondent si efficacement dans le poëte le don supérieur et divin.

2211. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Il avait beaucoup connu autrefois en Russie le maréchal de Münnich, dont elle était la petite-fille ; mais surtout il résumait en soi, comme écrivain, les qualités et les défauts, la forme de sentimentalité naturelle dont elle était alors idolâtre.

2212. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Elle se rattache, par ce caractère, à toute une littérature, dont je n’ai pas parlé encore, et dont elle résume et ramasse les meilleures qualités : je veux dire la littérature narrative d’inspiration cléricale.

2213. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Mais il se pourrait que son naturalisme, dans lequel un rationalisme positiviste se combine avec la recherche d’une forme esthétique, et qui pose ces trois termes comme identiques ou inséparables, plaisir, beauté, vérité : il se pourrait que ce fut en somme la doctrine littéraire la plus appropriée aux qualités et aux besoins permanents de notre esprit371.

2214. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Feuillet n’est pas toujours d’une qualité très rare : il n’est ni d’un grand philosophe ni d’un grand poète.

2215. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Pourvu que l’auteur évitât ce qu’on appelait les longueurs de l’Iliade et la grossièreté des mœurs homériques, qu’il eût soin de ne pas prendre pour héros un homme pieux comme Énée, ces prétendus défauts de moins lui étaient comptés comme des qualités.

2216. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Si l’œil était immobile, ou si nous n’avions pas conscience de ses mouvements, nous n’aurions pu reconnaître que ces deux sensations de qualité différente avaient quelque chose de commun ; nous n’aurions pu en dégager ce qui leur donne un caractère géométrique.

2217. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Tous deux plaisaient par leurs qualités de nature, celui-là tenace et réfléchi, l’autre ingénieux, subtil, d’une ironie finement aiguisée.

2218. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Bourget se ranger officiellement parmi les disciples de M. de Bonald, et malgré cette demi-rechute qu’a marquée Le Fantôme, nous pouvons croire que son scepticisme fut douloureux et cruel, ― mais non pas ironique, et de la qualité du moraliste qui a plus d’une fois sincèrement regretté de n’avoir pas su être un apôtre, et de cette intelligence, honnête jusqu’à souffrir de n’en jamais assez dire.

2219. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

L’enseignement est maintenant le recours presque unique de ceux qui, ayant la vocation des travaux de l’esprit, sont réduits par des nécessités de fortune à prendre une profession extérieure ; or l’enseignement est très préjudiciable aux grandes qualités de l’esprit ; l’enseignement absorbe, use, occupe infiniment plus que ne ferait un métier manuel.

2220. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Or, qualités et défauts tiennent à l’idée qu’ils se font du rôle de l’écrivain.

2221. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Encore une fois, ce n’est point le mariage qui est la gloire de madame de Maintenon, c’est le désintéressement, c’est le sacrifice de son amour, c’est le vertueux usage de l’empire qu’il lui donnait sur le cœur du roi pour le remettre dans ses devoirs : et c’est à l’honnêteté morale de madame de Maintenon, à celle de sa société tout entière, à la considération et aux aimables qualités qu’elle tenait de ses nobles amies, qu’est due la gloire que j’ai pris plaisir à célébrer.

2222. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Mais la qualité supérieure de la pièce, son charme essentiel, sa sympathie pénétrante est l’émotion dont elle est remplie.

2223. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

« Je puis donc dire, ajoutait Huet, que j’ai vu fleurir et mourir les Lettres, et que je leur ai survécu. » Ce qu’il disait là, ce n’était point par esprit chagrin, ni en qualité de vieillard qui dénigre le présent et se plaît à glorifier le passé ; personne n’eut l’esprit plus uni, plus égal et moins chagrin que Huet.

2224. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Je vais oser exprimer ce que vous pensez. » J’ai connu autrefois M. de Pontmartin, et je n’ai pas attendu ses succès pour rendre justice à toutes ses qualités d’homme agréable et de causeur fort spirituel.

2225. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Il vint à Paris en 1759 en qualité de secrétaire d’ambassade, et, à part de courtes absences, il y résida jusqu’en 1769, c’est-à-dire pendant dix années : il ne comptait avoir vécu d’une vraie vie que durant ce temps-là.

2226. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Augustin Thierry, et se former au style net, ferme et sévère ; si je voulais exprimer plus complètement encore la qualité de ce style de Carrel à sa formation et au moment où il va se tourner à la polémique, je dirais : Mettez-y une goutte de la bile de Rabbe.

2227. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Cependant il obtient d’être placé à l’île de France en qualité de capitaine-ingénieur, et il se décide à partir : il a trente et un ans.

2228. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

[Addition de l’édition en trois volumes (1878)] Cette biographie des Maîtresses de Louis XV 43, écrite il y a bien des années, quand je me suis mis tout dernièrement à la relire et à la retravailler, m’a semblé manquer de certaines qualités historiques.

2229. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

« En qualité de musulman, je ne pouvais t’offrir à toi, chrétien, une femme de ma religion, mais comme cela, cette femme sur laquelle tu as jeté le regard, tu es sûr qu’elle ne sera plus à personne. » Dimanche 1er mai Quel métier que celui de romancier du temps présent et des choses contemporaines.

2230. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Ce cerveau anonyme est pourtant doué de deux ou trois qualités ou affections particulières : d’une mémoire spéciale, très étendue ; d’une faculté abstractive qui semble en corrélation avec une cécité cérébrale presque absolue.

2231. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

La seconde partie de l’analyse critique se rapporte également à la psychologie générale, avec cet indice particulier qu’elle aboutit non pas à des connaissances sur le mécanisme mental humain moyen, mais bien sur l’âme d’êtres humains individuels, ayant réellement existé, observés par le dehors sur leurs manifestations, et intéressants à connaître, en leur qualité d’êtres supérieurs.

2232. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Quand on se rappelle que cette qualité est si rare en Allemagne, qu’il ne la partage qu’avec Lessing, que Goethe lui-même gâte ses romans par d’interminables suites, que le second Meister fait regretter la vérité sereine et profonde du premier, que Jean Paul est illisible, et Immermann incohérent, Hoffmann diffus et lâche, on aperçoit combien est rare et d’emprunt le mérite que s’est acquis Heine par la juste mesure de ses écrits.

2233. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Mêmes qualités et mêmes défauts qu’aux précédens.

2234. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Cité, tu le sais, est un mot d’un rang beaucoup plus relevé que ville, — un mot de qualité, un mot gentilhomme qui a pignon sur rue, avec vue sur les tragédies environnantes.

2235. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Ils ont tous les deux des qualités critiques, mais l’un et l’autre manquent de ces principes qui sont la force du critique et son autorité.

2236. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Il est bon de faire remarquer que l’œuvre dont je parle est d’un genre simple et sérieux, et qu’elle ne demande aucune des qualités qu’on a attribuées plus tard gratuitement à un artiste aussi incomplet dans le comique.

2237. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Je crois au contraire que toutes les œuvres où éclatent la couleur, la nouveauté, la richesse et la variété, — toutes qualités du génie — ont eu pour auteurs des êtres vivant et sentant, en intime et sensuel contact avec le monde, dépourvus de la crainte de s’y mêler largement et d’y renouveler sans cesse leur vitalité par des sensations intégralement et réellement vécues.

2238. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

On sait qu’il accoutuma le premier les oreilles françaises au nombre et à l’harmonie de la prose, contribua à perfectionner notre langue, en lui donnant une qualité de plus.

2239. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Au fond, Rousseau n’abusait les hommes comme Lamartine que par ses qualités d’artiste. […] N’avez-vous point remarqué, que dans Hernani, les personnages ne cessent d’être surpris, durant cinq actes, de leur qualité d’Espagnols ? […] Pour moi, ils ne font là que rehausser la qualité de l’émotion. […] Quant à ses paroles sur Shakespeare, il faut s’entendre : la poésie qui coule, je dirai paisiblement, dans l’œuvre du grand tragique est de la meilleure qualité, mais la forme dramatique qu’il a subie donne le plus mauvais exemple. […] Avec beaucoup de qualités Φ est l’homme le plus fâcheux du monde.

2240. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

La Sibylle devint la reine d’un de ces « paradis », tout en restant d’abord avant tout la prophétesse qu’elle était ; puis peu à peu elle perdit cette qualité primitive et ne fut plus qu’une de ces créatures de séduction et de volupté dont l’image, depuis Calypso jusqu’à la Dame du lac, a rempli d’épouvante et d’enchantement les rêves des mortels. […] Au reste, Cartaphilus (que Mousket ne nomme pas) n’est pas Juif ; en sa qualité d’employé de Pilate, il faut bien plutôt le considérer comme un Romain. […] On sait quelle importance la haute société des xiie et xiiie  siècles attachait à cet ensemble de qualités mondaines, qu’on appelait la « courtoisie » et qui comprenait quelques-unes des plus hautes qualités morales en même temps que la stricte observation des conventions et des règles de la vie élégante. […] Il esquive les difficultés graves qu’aurait soulevées cette alliance pour des moralistes plus sérieux, et insiste sur la ressemblance des qualités que doit posséder un bon chrétien et un « fin amant ». […] « Il n’y a en Dieu aucune mauvaise qualité. » 244.

2241. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

À ce mode de procéder, le lecteur gagnera de comparer, juxtaposées, des pages qui, chacune dans leur genre, renferment des qualités de premier ordre. […] J’ai tenu à constater ces qualités chez un jeune avant d’en faire la moindre critique. […] Toutes les qualités premières se révèlent en lui ; il est brave, travailleur et reconnaissant. […] Qu’une belle-mère, douée de toutes ces qualités, marie sa fille à un parvenu, il est facile d’imaginer la vie aimable que se sera procurée celui-ci. […] Ses tendances sont celles qui commencent déjà à se manifester ; outre ses belles qualités d’action, de forme et de langage, il devra, selon nous, une grande partie de son succès à un mouvement des consciences qui protestent contre la tyrannie et le despotisme de notre école matérialiste.

2242. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Ce n’est point le lieu d’exposer tout ce que ces notes intimes nous révèlent sur les qualités individuelles d’Octave Feuillet. […] George Sand trouvait chez l’auteur de Prométhée délivré « deux qualités rarement réunies, la grandeur et la fraîcheur ». […] Lorsqu’il se présenta chez l’âpre Viennet, au cours d’une campagne académique où ses amis l’avaient poussé, cet académicien auquel il déclina ses noms et qualités fit mine de foncer sur lui en brandissant une canne et s’écria : « Ah ! […] Et c’est peut-être lorsqu’on monte vers les hauts échelons de la hiérarchie cléricale que l’on voit diminuer le mérite de l’esprit et les qualités du cœur. […] Taine, au temps où il parcourait les départements en qualité d’examinateur pour l’École de Saint-Cyr, a dû rencontrer son camarade Bergeret, maître de conférences dans la ville où M. 

2243. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Je serai pour Molière un juge sans faiblesse ; je saurai voir et montrer ses défauts ; mais je ne veux fermer ni mes yeux ni ma bouche sur ses qualités. […] Ier, p. 299), l’absence d’intérêt (73, 304), l’absence de vraisemblance (303, 350, 364) et l’absence d’unité (303, 307, 351), pour venir ensuite dire, comme un critique ordinaire, que « le plan des Fourberies de Scapin est extrêmement négligé », que « les tours de Scapin ne sont pas assez intéressants pour occuper dans cette comédie la place essentielle », qu’« il est tout à fait invraisemblable que Zerbinette qui, en sa qualité de bohémienne, doit bien savoir cacher une friponnerie, s’en aille courir dans la rue et raconter au premier venu, c’est-à-dire à Géronte lui-même, comment Scapin a attrapé Géronte » ; enfin, que « la farce du sac n’est qu’un hors-d’œuvre déplacé » (t. 

2244. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Jusqu’à présent, on a répété sur tous les sens que l’auteur des Rougon-Macquart était un romancier, mais n’avait aucune des qualités indispensables au dramaturge ; ses trois échecs étaient une preuve à l’appui de ce qu’on avançait  Quand L’Assommoir eut réussi, les opinions changèrent, on le rendit responsable de toutes les habiletés scéniques qui gâtent le sujet. […] Nous ne nous arrêterons pas aux nombreuses différences de détails : les différences de fond que nous venons d’indiquer suffisent à montrer que l’œuvre a beaucoup perdu de sa valeur en pénétrant sur la scène ; les qualités de vigueur et les scènes hardies qui s’y trouvent ne permettent pourtant pas de la confondre avec un mélodrame vulgaire ; elle a certainement mérité, en partie du moins le bruit qui s’est fait autour d’elle.

2245. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Je veux parler du laque, dont la qualité supérieure, la beauté suprême, le resplendissement parfait, sont si peu voyants : le laque qui vous ravit par ses reliefs qu’il faut presque deviner, par la laborieuse dissimulation de son éclat, par le discret emploi des ors usés, enfin par l’effacement distingué de son luxe et de sa richesse. […] Or la qualité caractéristique, je dirai, la beauté de la conversation de Gautier était l’énormité du paradoxe.

2246. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Comme chacun cherche à définir les qualités et les imperfections de son talent. […] Charles Blanc. — Je vous dis que la qualité des tapis persans, c’est le suint, la vie animale, dont est encore imprégnée la laine, quand on la teint, tandis que chez nous, la laine est morte, lorsqu’on l’emploie.

2247. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Pour en revenir à Gœthe, — la tête de colonne des écrivains allemands que madame de Staël fait brillamment défiler dans son Allemagne et que je demande à la critique d’un homme doué d’un esprit plus mâle de passer en revue à son tour, — pour en revenir à Gœthe et pour être sûr de qui nous parlons, disons d’abord que le génie, la première qualité du génie, c’est là spontanéité, c’est le jaillissement, c’est la nature, plus forte que tout dans un homme et qui l’engendre presque violemment à la vocation, irrésistible comme l’instinct, qui l’y pousse. […] Henry Lewes, qui a fait une Vie de Gœthe visant à l’importance, en Angleterre, ce pays classique de la biographie ; et finalement M. le professeur Faivre, en France, moins biographe, il est vrai, que critique, et qui, en sa qualité de critique et de savant, a su, un peu mieux que les autres, échapper aux bassesses de l’adoration universelle.

2248. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Comme aussi le courant eût pu ne jamais trouver libre passage, pas même dans cette mesure insuffisante, auquel cas ne se seraient jamais dégagées sur notre planète la qualité et la quantité d’énergie créatrice que représente la forme humaine. […] Mais ces repos, qui ne sont que des accidents du mouvement et qui se réduisent d’ailleurs à de pures apparences, ces qualités qui ne sont que des instantanés pris sur le changement, deviennent à nos yeux le réel et l’essentiel, justement parce qu’ils sont ce qui intéresse notre action sur les choses.

2249. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Quant à cette noblesse proprement dite, elle avait des privilèges sans doute, mais des privilèges très-limités ; la qualité de noble était avant tout un titre honorifique qui obligeait plus étroitement envers l’État. […] Songeons que l’épithète de très-bon est nécessairement attachée à celle de très-grand  ; et c’est assez pour nous : nous comprendrons que sous l’empire de l’Être qui réunit ces deux qualités, tous les maux dont nous sommes les témoins ou les victimes ne peuvent être que des actes de justice ou des moyens de régénération également nécessaires. […] Sans doute M. de Maistre manque essentiellement d’une qualité qui fait le charme principal des écrits de son frère. — une certaine naïveté gracieuse et négligente, la molle atque facetum, l’aphelia.

2250. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Pour la psychologie physiologique, il n’existe que des états intérieurs, différant entre eux tant par leurs qualités propres que par leurs concomitants physiques. […] Il dépend de la quantité et de la qualité des contractions musculaires, des modifications organiques, etc. […] Quelques auteurs, particulièrement Westphal, en notant les différences entre l’idée fixe et les désordres mentaux qualifiés de folie, font cette remarque importante : « L’idée fixe est une altération formelle du processus de l’idéation, non de son contenu » ; en d’autres termes, il y a altération, non dans la nature, la qualité de l’idée, qui est normale, mais dans sa quantité, son intensité, son degré.

2251. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Dans un cadre intime, on retrouve toutes les qualités de l’auteur de Salammbô et de Madame Bovary et pour moi je ne sais rien de plus absolument touchant que cette scène ou la maîtresse et la servante tombent dans les bras l’une de l’autre pour pleurer la petite morte. […] Circulant dans la vie, masqué, ganté, plastronné, du plastron de satin blanc des maîtres d’armes les jours de grand assaut, gardant immaculée et nette sa parure de combat, sacrifiant tout à cette surface irréprochable qui lui tenait lieu d’une armure, il s’était improvisé homme d’État de premier ordre rien qu’avec ses qualités de mondain, l’art d’écouter et de sourire, la pratique des hommes, le scepticisme et le sang-froid. […] Une des grandes qualités du roman que M.  […] Ce roman est donc une œuvre faite de sentiment et de cœur dont la lecture peut être conseillée à tout le monde, qualité rare aujourd’hui pour les livres nouveaux. […] Cette qualité, jointe au prestige du talent et du renom, expliquerait bien des petites fascinations exercées çà et là jusqu’à sa fin, non qu’il n’eût rien de ce qui constitue un héros de roman.

2252. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Le grand principe expérimental est donc le doute, le doute philosophique qui-laisse à l’esprit sa liberté et son initiative, et d’où dérivent les qualités les plus précieuses pour un investigateur en physiologie et en médecine. […] Je n’ai certainement pas la prétention d’entrer dans une discussion philosophique qui serait ici hors de sa place et de ma compétence ; seulement, en qualité d’expérimentateur, je me bornerai à dire que dans la pratique il me paraît bien difficile de justifier cette distinction et de séparer nettement l’induction de la déduction. […] C’est certainement dans cette vue que Galien avait choisi pour sujet de ses expériences le singe, et Vésale le porc, comme ressemblant davantage à l’homme en sa qualité d’omnivore. […] D’abord il faut savoir que toute nos divisions de sciences ne sont pas dans la nature ; elles n’existent que dans notre esprit qui, à raison de son infirmité, est obligé de créer des catégories de corps et de phénomènes afin de mieux les comprendre en étudiant leurs qualités ou propriétés sous des points de vue spéciaux. […] Ce fait me frappa, parce que les lapins ont ordinairement l’urine trouble et alcaline en leur qualité d’herbivores, tandis que les carnivores, ainsi qu’on le sait, ont, au contraire, les urines claires et acides.

2253. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Maintenant que vous avez voulu estre gentilhomme, et qu’en ceste qualité, vous estes précédé de plusieurs qui l’ont acquis par les espées de leurs devanciers et leurs propres mérites, je leur ferois tort de vous faire la mesme faveur. […] C’est pourquoi j’ai cru qu’on ne mettrait pas à la chose plus d’importance que par le passé. » Dans la nuit même de son fratricide, César partit pour Naples, où le pape l’envoyait assister en qualité de légat a latere au couronnement du roi Frédéric. […] Par ses qualités comme par ses défauts, par son talent comme par sa folie, Benvenuto Cellini est la plus originale personnification de cette Italie artistique du XVIe siècle, qui produisit des êtres à part dans les séries de l’histoire. […] Lorsqu’il rencontrait une femme de qualité, le flagellant devait se frapper de manière à lui éclabousser de sang le visage ; cette courtoisie lui valait un gracieux sourire, Quelquefois, deux chevaliers de la discipline, escortés de laquais et de pages portant des flambeaux, se rencontraient sous le balcon d’une même femme. […] La bête s’étant cabrée, la reine tomba et son pied resta pris dans un étrier : le cheval l’entraînait, il allait lui briser la tête contre les dalles. « Le roi qui la voyoit de son balcon, se désespéroit, et la cour étoit remplie de personnes de qualité et de gardes ; mais l’on n’osoit se hasarder d’aller secourir la reyne, parce qu’il n’est point permis à un homme de la toucher ; et principalement au pied, à moins que ce ne soit le premier de ses Menins qui lui met ses chapins.

2254. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Sire, je vous demande, pour récompense de quarante-six années de service en qualité d’officier dans votre cavalerie, de vous faire informer, par M. de Villars, si ce jour-là je vous ai assez rendu de services pour mériter la grâce de me faire lieutenant-général.

2255. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

A le prendre cependant partout où je puis l’atteindre, je crois pouvoir indiquer sans trop de tâtonnements son genre de mérite, ses qualités et tout à la fois ses faiblesses, — son faible du moins, — ses gentillesses d’esprit, sa supériorité, là où elle existe, et aussi ce que lui-même appelait sa médiocrité.

2256. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

L’indisposition de son mari, mais surtout la beauté, la jeunesse et l’esprit galant de cette dame n’ont fait aucun tort à sa vertu, et quoique les personnes qui soupiraient pour elle fussent des plus riches du royaume et de la plus haute qualité, elle a mérité l’estime générale de tout le monde par la sagesse de sa conduite ; et on lui doit même cette justice de dire qu’elle s’est piquée d’une belle amitié conjugale sans en pratiquer les principales actions. » Certes, c’est là un témoignage qui compte de la part d’un contemporain, d’un homme qui ne passe pas pour trop scrupuleux et qui s’exprime en général assez librement.

2257. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Benoist a mis en tête de son édition une Notice développée sur le poète, dans laquelle il concilie heureusement les qualités françaises avec les connaissances allemandes.

2258. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Toutes les vertus que possède l’abbé Carron ravissent son cœur, et les qualités même qu’il n’a pas, ses limites du côté des idées du siècle et dans l’ordre de l’intelligence philosophique, lui semblent une vertu de plus, un signe de perfection et d’avancement dans la ligne évangélique.

2259. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

À l’époque où les armées campaient réunies sous la tente, il eût été le plus grand général de bataille de son siècle, parce qu’il aurait toujours vu l’ennemi enface ; de nos jours, où les mouvements compliqués se préparent dans le cabinet, il était sujet à faillir… » Ailleurs, parlant en son propre nom, Jomini a écrit : « Les qualités qui distinguent un bon général d’arrière-garde ne sont pas communes.

2260. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Arnault, il entra dans les bureaux de l’Université, en qualité de commis-expéditionnaire.

2261. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Il avait écrit d’abord avec plus de hardiesse : « Il faut avoir ces trois qualités : Pyrrhonien, Géomètre, Chrétien soumis ; et elles s’accordent et se tempèrent, en doutant où il faut, en assurant où il faut, en se soumettant où il faut. » Ce mot-là le résume tout entier en ses divers aspects : pyrrhonisme et géométrie, ce sont pour lui des méthodes.

2262. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Ils se donnaient l’un et l’autre pour aimer le roi tendrement, et s’entretenaient toujours de ses rares et sublimes qualités.

2263. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Aujourd’hui, les mêmes passions qu’il y a vingt siècles agitent le monde ; les mêmes désirs, les mêmes craintes mènent les hommes, et les mêmes formes et qualités des choses font les mêmes impressions sur nos sens.

2264. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Le reste, eût-il des qualités très grandes, peut être négligé sans dommage… Pourquoi les romanciers ne savent-ils pas d’avance quels livres seront leurs chefs-d’œuvre, afin de n’écrire que ceux-là ?

2265. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Mais je m’étonne encore moins qu’après plus de soixante années d’agitations, favorisées par de mauvais gouvernements, malgré l’avantage du talent du côté des calvinistes, malgré la popularité même des persécutions et la sainteté d’une sorte de martyre, dans l’effroyable extermination de la Saint-Barthélémy, malgré de grands caractères, Coligny, Sully et un grand homme dans la guerre et dans la politique, un moment chef de leur parti, Henri IV, la France ne soit pas devenue calviniste, que les qualités de Calvin n’aient pas fait accepter ses défauts, et que le philosophe chrétien n’ait pu rendre populaire le tyran de Genève.

2266. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Tout de même, l’interdit de l’Église pèse peut-être moins dans leurs hésitations que la qualité de leur nature et une sorte d’orgueil propre à leur génération.

2267. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Ce titre, qui devrait être le plus beau des éloges, est devenu presque synonyme d’esprit faible et est accordé avec une étrange libéralité ; on accorde, en effet, volontiers aux autres les qualités auxquelles on ne tient pas pour soi-même, et on pense qu’en accordant aux autres le bon esprit on fera entendre qu’on est soi-même un grand ou brillant esprit.

2268. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

C’est, je pense, une détermination opiniâtre à blâmer contre toute justice, ou à louer sans aucun fondement ; c’est une prévention décidée qui ne permet de voir dans un Ouvrage que les défauts ou les bonnes qualités ; c’est juger plutôt l’Ecrivain que l’Ecrit ; c’est être enfin volontairement injuste : or, si je prouve qu’aucune de ces dispositions n’a dirigé mes jugemens, il sera démontré que ceux qui m’accusent de partialité ignorent ou feignent d’ignorer la véritable signification de ce terme.

2269. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Et apprest les réponse du citoyent Pastourel et Piscatory nous avons présumé que le citoyent devoit estre interrogés et apprest son interogation estre conduit apparis pour y estre détenue par mesure de suretté générale et de suitte avons interpellé le citoyent Chenier denous dire cest nomd et surnomd âges et payi de naissance demeure qualité et moyen de subssittée.

2270. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

De ce qu’on a un talent polémique remarquable, ou même redoutable, et qui a fait ses preuves dans les circonstances déterminées, de ce qu’on a des coups de force et de vigueur précise dans la lutte, on ne possède pas pour cela les qualités complexes qui font l’historien et le critique.

2271. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Avec Antoine l’homme abstrait, et non plus tel ou tel individu, se conçoit autre qu’il n’est, quant à la qualité et quant à la portée de son intelligence : cette fausse conception de lui-même où il se fixe et en laquelle il a foi contraint de dénaturer l’Univers.

2272. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Shakespear, le créateur du Théâtre Anglois & Poëte par la seule inspiration de la nature, a toutes les qualités du génie.

2273. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Aussi peu vous dirai-je, Acanthe, écoutez bien, Que par vos qualités vous ne méritez rien ; Je les sais, je les vois, j’y trouve de quoi plaire : Que sert-il d’affecter le titre de sévère ?

2274. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

De l’imagination, du goût, de l’oreille ; pourquoi des Français, qui prétendent avoir eu le bonheur de posséder ces qualités en parlant une langue morte et étrangère, ne les ont-ils plus retrouvées quand ils ont hasardé de faire des vers dans la leur ?

2275. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

La vie éternelle, si je comprends bien ce jeune lévite mystérieux, n’est pas un repos ; ébauchée ici-bas, elle ne change pas de qualité après la mort ; après la mort, les hommes continuent le noble labeur de la terre.

2276. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Descartes réclamait le systême des idées innées & des qualités sensibles que Mallebranche n’a réellement fait que défendre d’après lui, mais que Mallebranche défendit plus éloquemment que lui-même n’eût pu le faire. […] Sans ce défaut, qui est très-grand dans un Historien, il en auroit eu toutes les qualités.

2277. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Vers avril ou mai 1743, il va rejoindre, en qualité de secrétaire, M. de Montaigu, ambassadeur de France à Venise. […] Il n’a pas encore toutes les qualités que possédera plus tard le style de Jean-Jacques. […] Donc, l’immobilité intellectuelle serait le souverain bien. — Rousseau reconnaît qu’une qualité distingue l’homme de l’animal : la faculté de se perfectionner. […] Ainsi, voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l’homme aimable, de l’homme de société, après avoir joué tant de ridicules, il lui restait à jouer celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu. […] Je le résume ainsi : un ensemble de qualités moyennes d’où se dégage un charme supérieur… Je ne vois Sophie qu’avec des jupes rayées de rose, et beaucoup, beaucoup de linge frais, et des yeux facilement humides.

2278. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Si diverse qu’elle soit, tantôt par l’imitation naïvement et romanesquement pédante de l’antiquité historique ou fabuleuse, tantôt par l’intrusion des aventures mythiques, bientôt féeriques et galantes, que chantèrent d’abord les harpeurs bretons, tantôt par la bonne et franche matière épique de la nation franke, la Chanson de Geste s’unifie en poème roman, chrétien et féodal, par le naturel instinct des trouvères d’oïl, et elle acquiert une personnalité de familière superbe, de grandeur sans cérémonie, de bonhommie héroïque, et, non sans infatuation hâbleuse, de réelle bravoure, personnalité qui est bien de nous-mêmes, qui n’est que de nous-mêmes ; il s’y mêle — témoignage aussi de la « qualité » nationale — un goût de l’aventure et de la surprise (car nous serons la France des romans) et quelque raillarde humeur, (car nous serons la France des fabliaux). […] D’ailleurs, ce besoin de nationalisme littéraire, si la Pléiade ne l’affirma que trop rarement quant à la qualité des sujets, elle le proclama en ce qui concerne la langue. […] Et pas un seul d’entre eux ne posséda une seule des qualités auxquelles, précisément, ils se vantaient de sacrifier toutes les autres. » Mais l’état de la poésie française, à cette date (disons de 1860 à 1866), a été exprimé beaucoup mieux que je ne saurais le faire dans une page un peu folle et humoristique, toute charmante et si belle parfois, qu’on me saura gré de transcrire : « En ce temps-là, un barde était tenu, avant toutes choses, de pleurer sans fatigue pendant au moins deux cents vers, et dispensé largement, du reste, d’expliquer pourquoi il pleurait. […] Ce n’est pas seulement par la qualité de nos inspirations que nous étions autres ; on peut dire que, à parler généralement, le jeune Parnasse se rapprocha beaucoup plus de la grande foule universelle que ne l’avaient fait ses prédécesseurs immédiats. […] Né violent, brutal, désordonné, il accepta la dure et bonne discipline de Charles Baudelaire, — pour lequel, jusqu’à sa dernière heure, il garda une si touchante et si vénérable reconnaissance, — et, désormais, le fougueux inspiré qu’il avait été s’obligea, sans rien perdre de ses qualités natives, aux rudes devoirs de la Règle.

2279. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

il y a telle page des Confidences où nous retrouvons avec bonheur toutes ces rares qualités, tous ces dons précieux qui n’appartiennent qu’au génie ; mais plus d’une fois aussi, en lisant l’histoire des premières années du poète, en voyant la puérilité, l’insignifiance des détails, on ne peut se défendre d’un mouvement d’impatience. […] Il y a dans ce livre des qualités éminentes, des éclairs que le génie seul peut rencontrer. […] Cette qualité si précieuse n’est pas malheureusement de celles qui peuvent se transmettre par la voie de l’enseignement ; elle dépend tout à la fois de la nature d’esprit et de la condition où le poète se trouve placé. […] Or, il est impossible de nier que cette qualité, si précieuse et si rare parmi les poètes modernes, n’exerce une action puissante sur l’intelligence. […] La seule chose qui nous intéresse, la seule qui mérite notre attention, c’est la vérité de la pensée, l’enchaînement des sentiments, la transparence du style, trois qualités précieuses qui se déduisent l’une de l’autre.

2280. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Cependant il écrivait La Reine Ulfra, tragédie suédoise où les vers, par une audacieuse innovation, étaient proportionnés à la qualité des personnages. […] C’est sans doute à ces qualités qu’il doit d’avoir été appelé par M.  […] L’âme de Valerius Slavus qui s’est retiré dans le désert « pour jouir de la vie et pour régner sur le monde » semble à M. de Wyzewa d’une qualité bien supérieure. […] Le plus célèbre d’entre eux, parce qu’il fut le plus agissant, l’abbé, ministre de Louis XVIII, montrait lui-même dans l’intimité ces qualités natives qu’on ne retrouve guère dans sa politique. […] Si j’insiste ici sur ce point, c’est que je retrouve les mêmes qualités dans les contes de M. 

2281. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Le reste du volume, à Moïse près, parut empreint des mêmes qualités et des mêmes défauts. […] Et je suis sûr que dans ton cœur tu regrettes plus le ressort de fer que le ressort de chair et de sang : va, ton cœur est d’acier comme tes mécaniques. — La Société deviendra comme ton cœur, elle aura pour Dieu un lingot d’or et pour Souverain-Pontife un usurier. — Mais ce n’est pas ta faute, tu agis fort bien selon ce que tu as trouvé autour de toi en venant sur la terre ; je ne t’en veux pas du tout, tu as été conséquent, c’est une qualité rare. — Seulement, si tu ne veux pas me laisser parler, laisse-moi lire.

2282. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Parolière et musicienne — ce qui est une faculté toute particulière — Holmès disserte sur la qualité des vers, qu’il faut mettre dans ce qu’elle fait : des vers, dit-elle, « légèrement à l’état de squelette, et dont la chair est faite de sa musique ». […] L’effet de cet homme au scaphandre, avec cet appareil sur la figure, ressemblant à un masque antique : ç’a été comme une apparition dans une vision, dans le rêve d’un buveur d’opium… et cet homme vous parlant la tête au-dessus de l’eau, de ce bateau au fond de l’eau, grand comme un navire de ligne, avec un revêtement entier d’émail à l’extérieur, et à l’intérieur de plaques de marbre vert, de marbre rouge… J’ai vu, une fois, le plongeur rapporter une tête de lion avec un anneau dans la gueule — l’attache des barques qui s’accotaient au navire… mais la merveille, jusqu’à ce jour retrouvée, est une tête de Méduse. » Jeudi 14 novembre Ce soir, chez Daudet, Larroumet cause curieusement du Maroc, qui est comme le dernier asile du vieil islamisme, et où les supplices auraient une qualité de férocité, dégotant ceux de la Chine.

2283. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

« Je crois avoir prouvé la possibilité, — écrivait Condorcet, il y a tout juste cent ans, — de rendre la justesse d’esprit une qualité presque universelle ; … de faire en sorte que l’état habituel de l’homme, dans unpeuple entier, soit d’être conduit par la vérité soumis dans sa conduite aux règles de la morale… se nourrissant de sentiments doux et purs. » Et il ajoutait : « Tel est le point où doivent infailliblement le conduire les travaux du génie et le progrès des lumières 5. » Me dira-t-on que Condorcet n’était après tout qu’un encyclopédiste ? […] C’est pourquoi nous démontrerons, si nous le voulons, et autant que nous le pourrons « les beautés » de l’hellénisme en général et du stoïcisme en particulier ; nous établirons que les dogmes du christianisme ne sont qu’une greffe hellénique entée sur un tronc judaïque ; après quoi, si le tronc est judaïque, cela suffit d’abord à changer la qualité de la sève ; et il reste à déterminer non seulement comment, dans quelle mesure, pour quelle raison, le christianisme s’est approprié quelques-unes des idées de la philosophie grecque, mais en vertu de quel principe intérieur il les a organisées et refondues à son usage ou à son image.

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