De l’organisation la plus heureuse, fait essentiellement pour les lettres, il y débuta en se jetant éperdument dans le feuilleton dramatique, alors florissant, et malgré tous les Mentors, — il en avait plusieurs, — qui craignaient les Eucharis du théâtre pour ce Télémaque en plein feu d’imagination et de jeunesse… La grande littérature du milieu du dix-neuvième siècle était morte ou allait mourir : Balzac et Stendhal n’étaient plus ; Gozlan vivait encore, mais les deux plus grands poètes du siècle, de Musset et Lamartine, étaient tombés, l’un des bras d’une indigne femme dans le désespoir enivré qui devait le tuer, l’autre dans la vie politique, qu’on pourrait appeler la mort littéraire, où il s’engloutit, la lyre à la main, comme Sapho, qu’il avait chantée, dans la mer !
Comme les écrivains les plus admirés qu’il y ait dans l’Histoire littéraire, et j’oserais dire les plus immortels parmi les immortels, Hérodote écrivait à une époque où la langue avait ce degré d’accomplissement dans la jeunesse qui s’accordait le mieux avec son genre de génie.
Dès sa jeunesse, il avait été une des têtes les plus comptées de ce parti royaliste qui périt, après avoir jeté son dernier cri de détresse inutile, en 89 !
Il raconte Charles-Quint même plus qu’il ne le juge ; Paul IV, ce vieillard jeune homme, élu pape à quatre-vingts ans, qui a tous les défauts de la jeunesse dans la vieillesse, ce Jules II, de la seconde épreuve, qui n’a pas marqué ; Philippe II, enfin, — qui n’est plus ici l’homme en velours noir, le mouton d’or au cou, de La Rose de l’Infante, ce poncif romantique aussi insupportable que tous les poncifs classiques dont nous nous soyons jamais moqués.
Mais, léger comme l’esprit même, si dangereux quand il est seul dans la tête d’un homme, nerveux comme une femme encore plus que comme un artiste, proie sans résistance du milieu embrasé dans lequel allait flamber et pétiller sa jeunesse, Camille était de tous les hommes à la fois le plus armé et le moins armé pour cette guerre civile de la presse, à laquelle il dévoua sa vie et pour laquelle il la perdit.
Et l’Arlequin délicieux qu’il avait été dans ces salons enchantés de sa jeunesse fût redevenu plus fort en lui que le Machiavel qu’il voulait être, et le lui eût fait oublier !
L’éclectique qu’il fut dans sa jeunesse, il l’est encore.
Ils ne tuèrent sous eux aucun système, et ils passèrent leur temps et leur jeunesse à faire sur la pensée et les systèmes des autres le petit travail critique que fait sur lui-même le pauvre enfant de Murillo dont je veux leur épargner le nom !
On ouvrait, on tendait beaucoup sa main dans la jeunesse ; on la ferme et on la retire en vieillissant.
Le monde ancien finit à cette croix qui s’élève ; le monde moderne y commence ; et ce qu’on a appelé le Moyen Âge n’est que la jeunesse du monde chrétien, qui ne finira plus sur la terre.
Lui qui, plus tard, s’adonna, comme Salomon vieillissant, à l’amour des femmes, quand il eut dépassé cet âge où les hommes cessent de les aimer, avait traversé une jeunesse si chaste et si pure, que la Légende musulmane a pu dire que les deux anges de Dieu avaient ôté eux-mêmes de sa poitrine, ouverte par leurs mains célestes, la tache noire du péché originel.
Armand Hayem a du moins sur eux l’avantage d’être jeune, et, malgré le scepticisme qui n’a pas encore passé de ses idées dans ses sentiments, d’avoir les enthousiasmes de la jeunesse.
A nos yeux, dès qu’un homme édite ses œuvres de jeunesse, c’est qu’apparemment il les croit dignes de sa maturité, et c’est que le temps ne l’a pas rendu plus grand qu’elles.
Il y a poète dans ce livre… Du fond de ces impressions qui déteignent sur toute vie et sur toute pensée à leur aurore, du fond de toutes ces remembrances dont nous sommes les échos dans notre jeunesse, du fond de toutes les éducations poétiques, mortelles parfois à la poésie, comme bien souvent les femmes sont mortelles à notre faculté d’aimer, nous voyons briller la divine étincelle, qui dague le regard comme une pointe de diamant ou d’étoile.
Et soyez sûr qu’il a conscience de ce privilège de jeunesse immortelle, qui ne révèle sa durée que par le temps qu’il faut aux choses humaines pour atteindre à leur perfection ; soyez-en sûr, car, aujourd’hui, dans le plein jour de ses Œuvres complètes, il a daté avec insouciance tous ses poèmes et s’est vanté très-haut de son droit d’aînesse dans la littérature du xixe siècle.
… Le malheureux poète, dont le matérialisme grandit chaque jour, a retenu des dons de sa jeunesse la sensualité trempée de larmes, cette mélancolie des organes lassés ou épuisés qui a la grâce de toute tristesse, car toute tristesse, fût-ce la moins noble, nous sied plus que la joie, tant nous sommes faits pour la douleur !
Ce Mauvais Garçon voulait brûler Paris et jouait avec une torche : … Ma jeunesse engourdie Pourra se réchauffer à ce vaste incendie !
Mais le citron, d’abord délicieux aux jours de la jeunesse heureuse, devint, sous les trahisons de la vie, d’une acidité presque cruelle à travers la suavité des plus purs sorbets.
Dans son âge mûr comme dans sa jeunesse, il est resté fidèle à l’Italie.
C’est un peu le cas, à ce qu’il nous semble, du curieux et consciencieux ouvrage de M. l’abbé Fabre sur la Jeunesse de Fléchier. […] « Il répandait sa rhétorique jusque dans ses plus simples billets, disait spirituellement le docte Huet, l’un des amis de sa jeunesse, et les discours qu’il tenait dans son domestique étaient des enthymèmes, des chries et des apostrophes. » C’est ce qu’a redit le Père de la Rue : « L’amour de la politesse et de la justesse du style l’avait saisi dès ses premières études. […] Accordons cependant qu’il y aurait injustice à juger des lettres affectueuses de la vieillesse de Fléchier comme des lettres galantes de sa jeunesse. […] Il est utile de noter ce détail, et aussi qu’elle avait été, dans l’âge de vingt-trois ans, défigurée par la petite vérole, attendu que trop d’historiens ont expliqué le succès de son apostolat par le charme de sa jeunesse et l’éclat de sa beauté. […] Gérin, que nous avons rappelé plus haut, — Recherches sur l’assemblée de 1682 24, — a prouvé que Bossuet, nourri dès sa jeunesse aux principes gallicans, dès sa jeunesse aussi les avait hautement professés.
pas de première jeunesse, mais râblé et si solide ! […] Le plaisir parachève l’acte, perfection suprême s’y ajoutant « comme à jeunesse sa fleur ». […] Aussi n’eût-il point, à vrai dire, de jeunesse de cœur : « À l’âge où d’autres commencent à songer à leur cousine, il se trouva que j’avais tant rêvé, que le rêve avait comme usé mon âme. […] C’est dans un enclos bénit comme celui-là, en terre bretonne, tout à côté d’une église, que souvent, sans doute, dans sa jeunesse maladive, elle souhaita de dormir. […] La jeunesse de Berryer, par Charles de Lacombe.
Ce peut être par ce simple motif que la jeunesse aime l’opposition. […] Et même, un petit bourgeois de Paris, tels qu’étaient ces petits bourgeois de Paris à l’époque du second Empire, celle de sa jeunesse. […] Cette crise psychologique qui jetait Greslou jusqu’au drame, à un quasi-assassinat, à la cour d’assises, c’était celle que traversait toute la jeunesse d’alors. […] Combien certaines de ses pages ont ému, secoué la jeunesse ! […] — Moi, répondis-je avec la farouche et injuste impétuosité de la jeunesse, je sais nager !
Son idée étoit d’animer de leur esprit la jeunesse Françoise, de faire de Paris une seconde Athènes. […] Tout dépend, pour le commun des hommes, des premières impressions qu’ils ont reçues dans leur jeunesse. […] Il concluoit que c’étoit une raison de plus pour confier l’instruction de la jeunesse à ces hommes à talent. […] « Cette société, sous apparence d’enseigner gratuitement la jeunesse, ne cherche que ses avantages. […] Il y soutient d’anciennes opinions qui, dans sa jeunesse, avoient été celles de l’Europe ; le tout embelli par la plus belle poësie.
Le roman de Cinq-Mars, qui parut en 1826, fit plus que tous les poèmes pour la réputation de M. de Vigny : très lu dans le monde du faubourg Saint-Germain et dans la jeunesse aristocratique, ce roman eut une vogue élégante qui ne fut pourtant pas confirmée par des suffrages plus difficiles. […] Une pensée de la jeunesse réalisée par l’âge mûr. » J’ai épuisé non pas tout ce que j’avais à dire, mais ce qu’il y a d’essentiel dans ma manière propre déconsidérer l’homme et le poète et de les juger. […] Chez quelques-uns, il n’existe et ne se dégage que dans la jeunesse, à l’état de vive flamme, et il ne luit dans son plein qu’un moment.
Il pourra s’y essayer par moments ; il pourra dans sa jeunesse, un jour de loisir, détacher et agiter ce bouclier suspendu, bander cet arc impossible, manier ce glaive de Roland. […] La plupart des ouvrages publiés par lui à partir de 1800 avaient été composés ou du moins commencés longtemps auparavant ; il les avait lus par fragments à l’Académie, au Collège de France, dans les salons ; c’était l’esprit de ce monde brillant qui les avait inspirés et caressés à leur naissance ; c’est le même esprit de ce monde recommençant, et enfin rallié après les orages, qui les accueillit, lors de leur publication, avec un enthousiasme auquel les sentiments politiques rendaient, il est vrai, plus de vie et une nouvelle jeunesse. […] Un homme de goût, qui dans sa jeunesse put étudier de près ce que de loin on confond, me fait remarquer que chez Saint-Lambert, au milieu de la roideur et de la monotonie qui nous choquent aujourd’hui, on saisirait un amour des champs, un sentiment de la nature tout autrement vrai que chez Delille.
Ailleurs la jeunesse est comme une eau qui croupit ou s’éparpille ; il y a ici un beau canal antique qui reçoit et dirige vers un but utile et certain tout le flot de son activité et de ses passions. […] Et il avait le plus précieux des dons qui puissent séduire une civilisation vieillie, la jeunesse. Comme il a parlé « de cette chaude jeunesse, arbre à la rude écorce, qui couvre tout de son ombre, horizons et chemins !
Vous vous répondrez : C’est celui qui fait de la culture des lettres la condition de toute fonction publique dans l’État, et qui d’examen en examen extrait de la jeunesse ou de l’âge mûr et même de la vieillesse, les disciples les plus consommés en sagesse, en science, en lettres humaines, pour les élever de grade en grade dans la hiérarchie des dignités ou des magistratures de l’État. […] L’impression générale qu’on reçoit de ce portrait est celle de la vénération volontaire pour cette bonté belle et pour cette jeunesse mûre et pourtant éternellement jeune. […] Une précoce gravité cependant ajouta ainsi à sa jeunesse l’habitude calme et digne de la physionomie de l’âge mûr.
(Dieu que la jeunesse est une belle chose !) […] Il y respire une pureté d’images, une verve de bonheur, une jeunesse de cœur et de génie qui ne peuvent avoir été écrites que par un poète de vingt ans. […] Sur chaque page de ce livre de lumière il y a une goutte de rosée de l’aube qui se lève, il y a une haleine du matin qui souffle, il y a une jeunesse de l’année qui respire, il y a un rayon qui jaillit, qui échauffe, qui égaye jusque dans la tristesse de quelques parties du récit.
XXXIII Le carbonarisme napolitain comptait peu de sectaires à Rome, point en Toscane, un petit nombre à Turin, et presque exclusivement parmi la jeunesse noble et militaire. Le prince de cette jeunesse était le prince de Carignan, depuis Charles-Albert. […] Les troupes de Turin, embauchées par la jeunesse dorée du prince de Carignan, imitèrent celles d’Alexandrie.
Que l’on considère qu’en l’un de ces livres, vingt ans de l’histoire de l’Europe figurent, vingt années qui sont tout le sanglant accouchement du monde moderne, que pour ce temps rendu par ses événements et ses personnages marquants, l’auteur entreprend de décrire toute l’existence sociale de sa nation, des paysans au czar, des enfants aux vieilles femmes, des jeunes filles aux soldats, qu’on y trouve le bivouac, le champ de bataille, la cour, le club, la famille, la hutte, le palais, les masses, les armées, les conseils, les sommités pensantes et isolées, les mariages, les adultères, les naissances, la vie surtout, la lente évolution de tous ces corps mous de jeunesse, s’endurcissant en l’âge mur, faiblissant de décrépitude, de toutes ces âmes légères, puis sérieuses, puis ternies et vacillantes, jusqu’à ce que vienne, tôt ou à son heure, sur la terre nue ou sur la douceur d’une couche, le terme suprême, la mort, ce mystérieux moment où, en dépit de l’horreur distraite des vivants, certains êtres existants comme ceux qui les contemplent, cessent étrangement d’être, problème et spectacle sur lequel aucun romancier n’a fixé un plus ferme et pénétrant regard que le comte Tolstoï. […] Bien de saisi comme le progrès viril de Nicolas Rostow, de ses enthousiasmes, de sa générosité timide, naïve et bravache d’adolescent, aux grosses fougues de sa jeunesse, à son tranquille établissement dans les intérêts égoïstes, les jouissances, les duretés pratiques de l’âge mûr ; s’il est un chef-d’œuvre d’ondoyante figuration psychologique, c’est l’histoire du prince Bezoukhof passant avec son fonds de bonté angoissée par toutes les débauches, les tentatives spirituelles, les distractions mondaines, le vin, l’héroïsme du sacrifice patriotique, un amour romanesque, vieillissant ainsi et réduisant à mesure ses demandes d’explication universelle, pour en venir à se contenter, non sans quelques utopies politiques, d’un simple bonheur conjugal et de quelques vagues maximes de bon vouloir. […] Dans ce monde récrié, incolore et mugissant des pages de jeunesse mais arrêté en ses lignes menues, vivent des hommes et des femmes à l’âme exquise, ardente ou grosse, mais montrés face à face et connus soudain en un geste, un mot, un accent, comme on connaît son propre cœur.
Si nous l’avons rangé parmi les jeunes, c’est que comme Camille Mauclair et René Boylesve, il est resté l’homme des jeunes revues et l’ami de la jeunesse. […] Leurs noms sont assez estimés aujourd’hui pour qu’ils n’aient plus besoin de solliciter la jeunesse. […] Ceux-ci sont déjà en dehors de la « jeunesse littéraire ».
… Je connais et j’aime Molière depuis ma jeunesse et pendant toute ma vie j’ai appris de lui… Ce n’est pas seulement une expérience d’artiste achevé qui me ravit en lui ; c’est surtout l’aimable naturel, c’est la haute culture de l’âme du poète. […] Cette jeunesse de Molière est singulièrement attristée. […] Ce ne sont point d’ailleurs les seules œuvres de sa jeunesse qu’on pourrait souhaiter de retrouver aujourd’hui. […] Elle expia par lui les légèretés coupables de sa jeunesse. […] Lacroix sur la Jeunesse de Molière (Bruxelles, avec préface de F.
Tandis qu’au lieu de ça, non, il faut gaspiller sa jeunesse, l’argent de ses parents, s’occuper à des rubans, des gants de Suède… un tas de de foutaises ! […] Jeunesse, ensorcellement du désir, beauté, qu’était-ce donc que tout cela ? […] Si la jeunesse de cette heure approuvait intégralement ce que ses aînés ont constitué, ne reconnaîtrait-elle pas d’une façon complète que sa venue en ce monde fut inutile ? […] Henri de Régnier s’excuse presque, dans la préface du livre : Épisodes, sites et sonnets, qu’il vient de publier chez Vanier, de rééditer des péchés de jeunesse. […] La Jeunesse du grand Frédéric. — 1893.
On était tout naturellement porté, malgré les vœux formés et exprimés par Célestin, vers la jeunesse et la verdeur. […] En général, d’après les observations qu’on a pu recueillir, ce qui passe obscurément devant notre esprit, ce sont les images de notre vie tout entière, et particulièrement de notre enfance et de notre jeunesse. […] À qui a supporté la perte de la jeunesse, les approches de la mort sont tolérables : « J’ai vu sans trop de désespoir partir ma jeunesse, disait Géruzez, je serais bien sot si je ne supportais très doucement la perte de la vie. » Tel est donc le premier remède. […] Si la jeunesse en est là de pouvoir écouter de tels croassements sans avoir envie de berner l’orateur, c’est que le protestantisme a fait de tristes progrès dans l’âme française. […] Il a dépensé sa jeunesse en intrigues mondaines et féminines sur le petit théâtre de villes de province.
Il n’y a pas autre chose dans toute la jeunesse d’Alfred de Musset, de même qu’il ne s’est rien passé dans sa vie et que, pour parler comme lui, toute son histoire c’est l’histoire de sa sensibilité, de son cœur, de ses nerfs. […] Alfred de Musset a vécu toute son enfance, toute sa jeunesse à Paris. […] Mais surtout, ce qu’on aima dans ce recueil, c’est que, d’un bout à l’autre, dans tous les vers, sous tous les mots, il y avait une poussée, une explosion de jeunesse. […] Mais, Mesdames et Messieurs, c’est de la jeunesse qu’il est vrai de dire que nous l’aimons jusque dans ses défauts. Nous aimons la jeunesse, nous autres déjà engagés sur l’autre versant de la vie, parce qu’elle nous reporte à un temps qui nous est resté cher ; nous l’aimons comme un bien qui est très rare.
En avançant dans la vie, je me suis dit bien souvent que celui qui, dans sa jeunesse, à l’âge des nobles ambitions et de la belle ardeur, avait formé les plus hauts projets et conçu les plus magnifiques espérances, si, tout compte fait et toutes illusions dissipées, il se trouvait n’être déçu que de la moitié ou des trois quarts de son rêve, celui-là ne devait pas s’estimer encore trop mal partagé et n’avait pas trop à se plaindre du sort : c’est le cas de Du Bellay, qui, même en échouant et jusque dans le naufrage de la grande Armada littéraire dont il s’était fait le porte-voix et la trompette, a sauvé personnellement toute une part encore enviable de bon renom et de poésie. […] Les charmants vers se succèdent sous la plume de Du Bellay, exprimant ses tristesses et sa consolation : Si les vers ont été l’abus de ma jeunesse, Les vers seront aussi l’appui de ma vieillesse ; S’ils furent ma folie, ils seront ma raison.
A mesure donc que le tumulte des souvenirs, qui redouble pour d’autres, s’éclaircit pour moi et s’apaise, je me replie de plus en plus vers ces figures nobles, humaines, d’une belle proportion morale, qui s’arrêtèrent toutes ensemble, dans un instinct sublime et avec un cri miséricordieux, au bord du fleuve de sang, et qui, par leurs erreurs, par leurs illusions sincères, par ces tendresses mêmes de la jeunesse que leurs farouches ennemis leur imputaient à corruption et qui ne sont que des faiblesses d’honnêtes gens, enfin aussi par le petit nombre de vérités immortelles qu’ils confessèrent, intéressent tout ce qui porte un cœur et attachent naturellement la pensée qui s’élève sans sophisme à la recherche du bonheur des hommes. […] Le type girondin, qui se reproduit dans la jeunesse à chaque génération survenante, est ardent, aventureux, ouvert à la sympathie populaire, confiant sans mesure aux réformes rapides, à la puissance de la seule liberté et à la simplicité des moyens, ombrageux pour ses adversaires, jamais pour ses alliés, prompt et franc à s’irriter contre ce qui sent la marche couverte et le tortillage, déniant vite aux habiles qui entravent sa route le sentiment et le cœur.
En adoptant cette date de 1644136, La Bruyère aurait eu vingt ans quand parut Andromaque ; ainsi tous les fruits successifs de ces riches années mûrirent pour lui et furent le mets de sa jeunesse ; il essuyait, sans se hâter, la chaleur féconde de ces soleils. […] Fontenelle (Cyclias) ouvrit le xviiie siècle, en étant discret à bon droit sur La Bruyère qui l’avait blessé ; Fontenelle, en demeurant dans le salon cinquante ans de plus que les autres, eut ainsi un long dernier mot sur bien des ennemis de sa jeunesse.
. — Dernièrement, on a vu en Russie un célèbre astronome oublier tour à tour les événements de la veille, puis ceux de l’année, puis ceux des dernières années, et ainsi de suite, la lacune gagnant toujours, tant qu’enfin il ne lui resta plus que le souvenir des événements de son enfance ; on le croyait perdu ; mais, par un arrêt soudain et un retour imprévu, la lacune se combla en sens inverse, les événements de la jeunesse redevenant visibles, puis ceux de l’âge mûr, puis les plus récents, puis ceux de la veille. […] Quelques mois après, elle fut reprise d’un profond sommeil, et, quand elle s’éveilla, elle se retrouva telle qu’elle était avant son premier sommeil, ayant toutes ses connaissances et tous ses souvenirs de jeunesse, par contre, ayant complètement oublié ce qui s’était passé entre ses deux accès. » Pendant quatre années et au-delà, elle a passé périodiquement d’un état à l’autre, toujours à la suite d’un long et profond sommeil… « Sa première manière d’être, elle l’appelle maintenant l’ancien état, et sa seconde, le nouvel état.
Il me racontait que, quelques années auparavant, cet enfant, faisant ses études à Grenoble, d’une figure agréable et spirituelle, en aidant sa mère dans les soins de sa petite hôtellerie, servait souvent la chopine de bière mousseuse et le petit verre de ratafia de Grenoble à lui et à ses amis, sans que cette modeste apparence de servilité banale nuisît en rien à l’estime que la jeunesse de Grenoble témoignait à ce jeune homme dévoué à sa famille. […] C’était M. de Chabrillant, gentilhomme de mon pays, ruiné par quelque folie de jeunesse à Paris.
Il avait senti la foi de sa jeunesse se réveiller ; Port-Royal avait ouvert les bras à l’enfant prodigue. […] Racine se retrouve dans les amants qu’on n’aime pas : Pyrrhus, fier et épris, un soupirant qui a de belles révoltes, et qui donne parfois de rudes secousses à sa chaîne ; Oreste, passionné et sombre, proche de la folie, et capable de crime ; et Mithridate, l’amoureux en cheveux gris, qui sait qu’on ne peut l’aimer et s’acharne à exiger l’amour, étalant avec emportement toutes les compensations qu’il a de la jeunesse qui lui manque ; et Néron, l’amoureux qui est un maître, et qui le sait.
J’omets quelques noms, comme moins marquants, non comme méprisables une certaine jeunesse et naïveté de langage donnait du prix aux plus obscurs de ce temps-là. […] Calviniste dans sa jeunesse, avec les mœurs des pantagruélistes mangeur de viande en carême et incestueux, la grâce de Dieu et celle des doublons d’Espagne, dit la satire, l’a déterminé à signer la sainte Ligue.
ces réquisitoires, tour à tour éloquents et badins, qui ont si souvent charmé notre jeunesse, et qui seront encore, j’ose l’espérer, la joie de nos petits-enfants ? […] A l’époque dont j’ai évoqué le souvenir (novembre 1850), Seghers, qui approchait de la cinquantaine, était pour les vétérans des grands orchestres parisiens, un très ancien camarade, un compagnon de jeunesse : à côté de plusieurs d’entre ceux-là, il avait fait, presque adolescent, sa partie de violon ou d’alto, et nul n’avait jamais eu à se demander si Seghers était étranger.
Ce soir, au Cirque, je suis frappé de la physionomie de la jeunesse française, de son aspect concentré, triste, rogue. […] Mardi 24 juillet Un voisin de mon dîner de Brébant, un universitaire dont je ne peux jamais me rappeler le nom, me disait qu’en Nubie, on pratique, une opération, retranchant à la femme, les organes de la jouissance, et que grâce au bienfait de cette opération, une prostituée pouvait se livrer à son métier, sans aucune fatigue, et conservait ainsi très longtemps, dans leur fraîcheur, les charmes de sa jeunesse.
Si vous n’avez pas lu dans votre jeunesse les Mœurs des Israélites, par l’Abbé Fleuri, vous ferez très-bien de les lire avant que de terminer l’Histoire sacrée & vous devriez même commencer par-là. […] L’ordre chronologique y répand un peu de sécheresse, & il est à souhaiter qu’on nous présente un abrégé qui étant plus agréable à la jeunesse qu’on éleve dans les Collèges, pût aussi lui être plus utile.
D’abord l’imagination, qui garde longtemps, peut-être toujours, la fatigue ou la flétrissure de ce boulet des rhétoriques que nous avons traîné dans nos jeunesses, n’a plus de ferveur pour ces esprits avec lesquels elle a vécu dans des conditions souvent ineptes et douloureuses. […] Depuis qu’il avait écrit, dans sa jeunesse, ce livre sans composition, ce roman de Volupté, la sœur aînée des dames Bovary et des demoiselles de Maupin, l’article l’avait saisi comme une pince et l’articlier avait poind, et il n’avait plus été qu’articlier, car Port-Royal, avec son titre et malgré son titre d’histoire, n’est pas autre chose qu’une succession d’articles, enfilés comme des cerfs-volants.
Cousin a entrepris de raconter et qu’il intitule : La jeunesse de madame de Longueville. […] « Encore quelques mots sur Mme de Longueville (nous dit-il en finissant son histoire de Mme de Hautefort), et nous aurons dit adieu à ces rêves de notre loisir que caressa notre jeunesse et qui nous ont accompagné jusqu’au terme de notre âge mûr. » C’est à faire trembler !
III Figurez-vous, en effet, un roman conçu fièrement et vigoureusement réalisé dans cette donnée : un homme a le courage d’être un athée absolu, avec tous les dons de la vie : la naissance, la beauté, la jeunesse, la force de l’esprit, la solidité des organes, la richesse, sans laquelle rien ne se peut dans ce monde voué au veau d’or, à l’âne d’or, à tous les animaux d’or et à leurs excréments. […] Il est ce qu’il était dans sa jeunesse.
Avant de naître, l’homme parcourt, au physique, les étapes successives de l’animalité ; de sa naissance à sa mort, par la jeunesse, l’âge mûr et la vieillesse, il parcourt aussi les trois étapes que j’ai distinguées dans l’évolution d’un principe. La jeunesse, par l’exubérance de ses forces et la naïveté de ses espoirs, est lyrique ; la virilité, active et disciplinée, est épique ; la vieillesse, qui constate les défaillances, les ambitions avortées et qui perçoit déjà ce morne océan où tous les êtres sombrent, la vieillesse est dramatique.
Ils ont osé promettre d’incendier nos frontières, de mettre à mort par l’épée notre jeunesse, de prendre nos jeunes enfants et nos vierges, et de souiller la gloire, la pureté de celles-ci. […] Donc, si vous m’en croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur, la vieillesse Fera ternir vostre beauté.
Enfin, et c’est là le sens de la légère étude que je voudrais faire, il est à mes yeux l’un des plus frappants exemples du courage et de l’effort qu’il a fallu à un homme entraîné dans sa jeunesse par la fureur de la dissipation et la fièvre du plaisir, pour se ravoir à temps et ressaisir possession de lui, pour devenir un esprit sérieux, conséquent, philosophique, un citoyen convaincu, ferme et inflexible, ayant réfléchi à toutes les grandes questions sociales et s’étant formé sur toutes une opinion radicale sans doute et absolue, mais qui, j’en suis certain, se rapproche fort de ce qui prévaudra dans l’avenir.
À vrai dire, toute personne qui, dans sa jeunesse, a vécu d’une vie d’émotions et d’orages, et qui oserait écrire simplement ce qu’elle a éprouvé, est capable d’un roman, d’un bon roman, et d’autant meilleur que la sincérité du souvenir y sera moins altérée par des fantaisies étrangères : il ne s’agirait pour chacun que de raconter, sous une forme presque directe et avec très-peu d’arrangement, deux ou trois années détachées de ses mémoires personnels.
Heureusement, il a vie et jeunesse ; il a confiance en lui-même, il sait ce qu’il vaut, et qu’il y a place pour sa royauté, même au sein des nations républicaines.
Qu’Édouard, ton fils, aujourd’hui prince de Galles, pour Édouard, mon fils, naguère prince de Galles, meure dans sa jeunesse par une aussi brusque violence !
Voltaire a subi, lui aussi, dès sa jeunesse, sous la Régence, la fascination de l’Opéra, qui flattait ses secrets appétits de vie heureuse et sensuelle.
Je ne sens de peinture contemporaine à notre jeunesse que chez les artistes appelés symbolistes, du nom des littérateurs qui les encouragèrent.
Son royaume à lui était dans le cercle d’enfants qu’une pareille jeunesse d’imagination et un même avant-goût du ciel avaient groupés et retenaient autour de lui.
Quant à la galanterie, sa première jeunesse se ressentit les distractions de son mari, et l’on cite sa réponse à son oncle qui lui disait : Quoi !
Enfin M. de Voltaire, jeune alors, mais animé de cette confiance qu’inspire à la jeunesse une grande réputation naissante, s’éleva contre l’abus de substituer la prose aux vers.
la Sœur de Charité des vieillards, qui leur fait aimer leur vieillesse comme ils aimèrent leur jeunesse autrefois, et qui sait même la leur faire préférer !
Il n’eut pas celle du Consul et de la Jeunesse ; il n’eut que celle de la maturité et de l’Empereur.
Louis XVIII, condamné au règne d’un moment par sa vieillesse et voulant à tout prix ce règne d’un moment, n’obéissait pas, en octroyant sa Charte, qu’aux idées et aux goûts philosophiques de sa jeunesse.
Je l’ai vu à un autre endroit… Prévost-Paradol a l’espèce de prudence familière à beaucoup de jeunes gens de cette génération sans jeunesse.
C’est ce qui explique sa fureur de fêtes et de costumes et cette jeunesse dorée qu’il entretenait autour de lui et pour le luxe de laquelle il saigna à blanc son malheureux royaume, finissant par de la fausse monnaie, mascarade d’écus, — moins joyeuse que les autres, celle-là !
Elle en avait tout perdu : la beauté, la jeunesse ; elle n’en avait jamais eu l’abandon ; mais elle en avait gardé le génie.
Elle appartenait à la première société du monde, sur laquelle elle régna sans être jamais détrônée, dans sa jeunesse par l’esprit et par la beauté, dans la vieillesse par l’esprit redoublé et multiplié de toutes les expériences de la vie et même du malheur de sa cécité.
Par quoi donc a-t-il eu l’esprit bouché, cet homme d’esprit pourtant, cet homme qui n’avait pas attendu, comme Goethe, que le temps le fît spectateur, qui l’était dès sa première jeunesse et qui même ne voulut jamais être que cela ?
II Et ce serait une intéressante page de biographie à écrire et qui éclairerait la Critique… M. l’abbé Gorini, au doux nom italien, est un prêtre de Bourg qui a passé la plus longue partie de sa jeunesse et de sa vie dans un des plus tristes pays et une des plus pauvres paroisses du département de l’Ain, si pour les prêtres qui vivent, les yeux en haut et la pensée sur l’invisible, il y avait, comme pour nous, des pays tristes et de pauvres paroisses, et si même la plus pauvre de toutes n’était pas la plus riche pour eux !
Quand Victor Hugo écrivait son Cromwell, il débordait de verve et de jeunesse, et il visait de ce coup de massue ce qu’on appelait alors : « le théâtre classique », pour en élever un autre sur ses débris.
Assurément, il y a une grande différence entre les Heures de loisir de lord Byron et ses autres œuvres ; mais, sous l’adolescente indécision des Heures de loisir, sous cette fausse emphase de jeunesse que nous eûmes tous, et qui n’est rien de plus que l’ignorance de la vie, on reconnaît pourtant déjà les lignes de ce galbe immortel qui sera tout à l’heure d’une beauté divine.
L’irrésistibilité de la vocation du génie est toujours en raison directe de son originalité… La vocation poétique de Milton fut révélée par ses premières œuvres de jeunesse, mais elle fut arrêtée et suspendue par toute une vie de travaux et de préoccupations contraires.
Il a bénéficié des quarante ans passés sur ces vieilles œuvres mortes de la jeunesse de Victor Hugo, qu’il a ressuscitée dans une œuvre du même genre, mais à laquelle il a communiqué la vie du moment (notre vie !)
Victor Hugo, même aux plus chaudes années de sa jeunesse, est bien tiède et bien transi dans son amour fanfaron de la forme et de la beauté, en comparaison d’Edgar Poe, de ce poëte et de cet inventeur qui a la frénésie patiente, quand il s’agit de donner à son œuvre le fini… qui est son seul infini, hélas !
Ce temps de misère demeurera comme un idéal pour ceux qui l’ont vécu dans leur jeunesse.
Platon, dont le génie s’essaya dans des dithyrambes avant d’avoir entendu Socrate, gardait évidemment plus d’un souvenir de la poésie dorienne de Pindare ; et, alors même qu’il eut renoncé à cette ambition poétique de sa jeunesse et jeté au feu ses premiers vers, il en retint cette inspiration lyrique dont il a parfois animé les débuts ou les épilogues de ses entretiens philosophiques.
Mademoiselle Plessy, malgré sa jeunesse, qui semblerait lui assurer un avantage décisif, ne vaut pas mademoiselle Anaïs dans le rôle d’Agnès. […] Il ne se serait pas laissé aller en toute occasion à l’emportement de sa jeunesse. […] Dumas l’avait placé, je ne doute pas que le nouvel aristarque n’eût été amené facilement par le mouvement de la polémique à renier ses œuvres comme des péchés de jeunesse. […] Est-ce la beauté, la jeunesse ou le courage ? […] Je veux croire qu’il est de bonne foi, lorsqu’il se raille, dans la première partie de sa préface, des essais littéraires de sa jeunesse.
Rappelez-vous votre Horace : “Le vieillard a peur de l’avenir ; il est d’humeur difficile et chagrine ; il vante le bon vieux temps où il était enfant, il aime à gronder et à censurer la jeunesse.” […] C’est que celui-ci aura été trop gaulois, trop peuple, tandis que Racine est la fleur exquise de cette génération unique qui s’épanouit autour de la jeunesse du grand roi, comme un parterre aristocratique à l’entour d’un grand chêne ! […] Qu’à propos d’un archiviste paléographe, qui se dédommage sur le tard d’une jeunesse trop virginale, l’École des chartes soit transformée en École des chastes ; que M. […] Il s’est considéré comme un exemplaire de la jeunesse contemporaine ; il a supposé que les influences subies par lui devaient avoir agi sur beaucoup d’autres et il a pris pour sujets d’études les écrivains qui l’avaient marqué de la plus forte empreinte. […] Rien de plus aisé que de trouver, parmi ceux que le critique a laissés de côté, des hommes qui ont autant et plus de droits à figurer parmi les initiateurs de la jeunesse de notre temps et de notre pays.
Ne serait-ce que pour les poétiser ensuite, notre jeunesse doit être accueillante à la vie et à l’amour. « Il est bien doux de retrouver au fond de sa mémoire l’oiseau d’azur au ramage charmant… Que de vies sont privées de ces échappées lumineuses… » Ah ! […] Je suis désolé d’indiquer tant de défauts chez celle dont les vers de jeunesse me charmèrent. […] Lydie Martial dit : « Le plus grand tort, il y a vingt-cinq ans, a été de donner aux enfants et à la jeunesse des deux sexes les mêmes programmes scolaires ». […] J’aime beaucoup, par exemple, cette naïve Raphaëla, fleur de jeunesse triomphante et éphémère, qui, dès vingt et un ans, « dans un joli rire cristallin, des larmes pourtant sur sa joue brune (soleil et pluie d’avril) » pleure sa beauté diminuée et, avec une coquetterie en deuil, se déclare « vieillotte ». […] Le xviie siècle hésite dans sa jeunesse entre Scarron et Corneille, se demande s’il sera un héros ou un bouffon.
« Je regrette le temps de ma jeunesse, où je me suis amusé plus qu’un autre, jusqu’à l’entrée de vieillesse. Jeunesse m’a caché son départ. […] Toute cette jeunesse nous rajeunissait, nous communiquait l’instinctive gaieté de ses vingt ans. […] Ces personnages représentaient la jeunesse et l’amour, et puis voilà tout. […] Elle a la jeunesse lointaine et persistante des vieux pastels.
Partout18 une discipline rigide, et la hache prête pour toute apparence de trahison ; les plus grands, des évêques, un chancelier, des princes, des parents du roi, des reines, un protecteur, agenouillés sur la paille, viendront éclabousser la Tour de leur sang ; un à un, on les voit défiler, tendre le col : le duc de Buckingham, la reine Anne de Boleyn, la reine Catherine Howard, le comte de Surrey, l’amiral Seymour, le duc de Somerset, lady Jane Grey et son mari, le duc de Northumberland, la reine Marie Stuart, le comte d’Essex, tous sur le trône ou sur les marches du trône, au faîte des honneurs, de la beauté, de la jeunesse et du génie ; de cette procession éclatante, on ne voit revenir que des troncs inertes, maniés à plaisir par la main du bourreau. […] C’est la première explosion de la jeunesse ; rappelez-vous les brigands de Schiller, et comment notre démocratie moderne a reconnu pour la première fois son image dans les métaphores et les cris de Charles Moor. […] Ce que l’invention ou l’art — peuvent conseiller, je l’ai fait, et après tout cela, ô malheur, — je trouve que tout cela n’est qu’un rêve, un conte de vieillard, — pour contenir la jeunesse. […] — La mort, et la perte éternelle de tout ce que nous aimons, la jeunesse, la force, le plaisir, la compagnie, l’avenir, la raison elle-même. […] Beaucoup étaient purement païens et athées ; la cour de la reine elle-même était un asile d’épicuriens et d’athées et de gens sans loi. » (Strype, année 1572.) « Dans ma jeunesse… le dimanche… le peuple ne voulait pas interrompre ses jeux et ses danses, et bien des fois celui qui lisait la Bible était forcé de s’arrêter jusqu’à ce que le joueur de flageolet et les acteurs eussent fini.
Avec lui, on participe aux plaisirs d’une vie normale et simple, aux désirs de la paix, à la certitude de la beauté, à l’invincible jeunesse de la Nature. […] Il est sincère, non parce qu’il avoue toute sa pensée, mais parce qu’il pense tout son aveu ; et il est simple parce qu’il a étudié son art jusqu’en ses derniers secrets et que de ces secrets il se sert sans effort avec une inconsciente maîtrise : Les roses du couchant s’effeuillent sur le fleuve Et, dans l’émotion pâle du soir tombant, S’évoque un parc d’automne où rêve sur un banc Ma jeunesse déjà grave comme une veuve… Cela, c’est, il semble, d’un Vigny attendri et consentant à l’humilité d’une mélancolie toute simple et déshabillée des grandes écharpes. […] Les vers de son extrême jeunesse sont faibles, mais dès l’âge de dix-sept ans Rimbaud avait conquis l’originalité, et son œuvre demeurera, tout au moins à titre de phénomène. […] Quant au présent livre, il est ingénieux et original, érudit et délicat, révélateur d’une belle intelligence : cela semble la condensation de toute une jeunesse d’étude, de rêve et de sentiment, d’une jeunesse repliée et peureuse.
Un de ses tableaux de jeunesse, le Christ aux Oliviers (« Seigneur, détournez de moi ce calice », à Saint-Paul, rue Saint-Antoine), ruisselle de tendresse féminine et d’onction poétique. […] Eh bien, mon cher ami, cet homme extraordinaire qui a lutté avec Scott, Byron, Goethe, Shakspeare, Arioste, Tasse, Dante et l’Evangile, qui a illuminé l’histoire des rayons de sa palette et versé sa fantaisie à flots dans nos yeux éblouis, cet homme, avancé dans le nombre de ses jours, mais marqué d’une opiniâtre jeunesse, qui depuis l’adolescence a consacré tout son temps à exercer sa main, sa mémoire et ses yeux pour préparer des armes plus sûres à son imagination, ce génie a trouvé récemment un professeur pour lui enseigner son art, dans un jeune chroniqueur dont le sacerdoce s’était jusque-là borné à rendre compte de la robe de madame une telle au dernier bal de l’Hôtel de ville. […] Voulez-vous reconnaître l’énergie dans la jeunesse, la grâce dans la santé, la candeur dans une physionomie frémissante de vie, considérez le portrait de Mlle L. […] Paul Huet reste fidèle aux goûts de sa jeunesse. […] Je regrette encore, et j’obéis peut-être à mon insu aux accoutumances de ma jeunesse, le paysage romantique, et même le paysage romanesque qui existait déjà au dix-huitième siècle.
Celle-ci, notamment la jeunesse impressionnable et facile à l’enthousiasme pour tout ce qui est étrange et semble nouveau, doit donc être avertie et éclairée sur la nature réelle des créations aveuglément admirées. […] L’intrigant marche sur les pieds du barbon qui feint la jeunesse, et entre eux tous se presse la jeunesse curieuse des rues, qui doit se trouver partout où « se passe quelque chose ». […] cette génération règne et gouverne aujourd’hui, elle donne partout le ton, et elle a pour fils et pour filles la jeunesse européenne et américaine, dans laquelle les nouvelles tendances esthétiques trouvent leurs fanatiques partisans. […] La cause du mouvement néo-catholique n’est donc pas que la jeunesse ait à reprocher quelque chose à la science ou à se plaindre d’elle d’une façon quelconque. […] Or, ce sont les jésuites qui, dans ces dernières années, se sont appliqués à inculquer leur propre manière de penser à la jeunesse dorée de France à eux confiée.
On peut dire dans le même sens, et relativement à la très longue carrière que Voltaire a parcourue, qu’il n’avait que soixante ans, et que c’était encore un jeune homme quand il composa son Orphelin de la Chine : cependant tout est vieux dans cet ouvrage ; tout porte l’empreinte de la caducité, beaucoup plus que dans Tancrède, où l’on retrouve encore souvent des traits de jeunesse, quoiqu’il n’ait été fait que cinq ans après. […] Oreste 1er thermidor an X [20 juillet 1802] Dans la première fleur de la jeunesse, Voltaire sut imiter heureusement Sophocle ; dans la pleine maturité de l’âge, il ne sut que le défigurer. […] On sait que des couleurs plus brillantes que solides ne supportent pas longtemps l’action de l’air et du soleil : cette chaleur, cette heureuse audace, cette vivacité d’imagination qui séduit dans les ouvrages de son bon temps, ne se trouve plus dans ce qu’il a composé vers l’âge de cinquante ans, c’est-à-dire, à cette époque où Racine enfanta ce chef-d’œuvre d’Athalie, ce prodige de poésie et d’éloquence où brille toute la vigueur de la jeunesse ; mais le style de Racine, pétri de raison et de goût, fondé sur la nature et sur la vérité, donnait bien moins de prise à la vieillesse que le clinquant de Voltaire. […] Nous ignorons quel caractère Euripide avait donné à sa Mérope ; celle de Voltaire n’en a point : tantôt elle est douce, généreuse, humaine, sensible ; elle dit, à l’aspect d’un jeune inconnu : Tendons à sa jeunesse une main secourable ; Il suffit qu’il soit homme et qu’il soit malheureux. […] C’est une vérité démontrée par l’expérience ; Trop sûre d’être aimée, La jeunesse abuse aisément Du faible qu’on a pour ses charmes ; Plus les enfants sont chers, plus il est dangereux De leur trop laisser voir ce que l’on sent pour eux.
Et, chose singulière, le public du temps parut se prêter à toutes ces feintises. — Un homme politique qui avait connu Chateaubriand dans sa jeunesse, M. […] Après avoir préludé, comme Shakespeare, par quelques poésies de jeunesse et d’amour, Corneille essaya plusieurs chemins dramatiques. […] La pièce que M. de Châlon choisit parmi ses œuvres avait pour titre : las Mocedades del Cid, c’est-à-dire, les Prouesses de jeunesse du Cid ; à peu près comme dans nos vieilles chansons de geste, on dit : les Enfances Ogier. […] Le fils Et vous voulez qu’elle souille ma jeunesse ? […] Il y a, dans de tels chefs-d’œuvre, autant de jeunesse et de bonheur que de génie.
Il allait ainsi à l’aventure, bien reçu du duc d’Épernon à Bordeaux, du prince de Conti en chaque rencontre, loué de d’Assoucy qu’il recevait et hébergeait en prince à son tour, hospitalier, libéral, bon camarade, amoureux souvent, essayant toutes les passions, parcourant tous les étages, menant à bout ce train de jeunesse, comme une Fronde joyeuse à travers la campagne, avec force provision, dans son esprit, d’originaux et de caractères. […] Au milieu des passions de sa jeunesse, des entraînements emportés et crédules comme ceux du commun des hommes, Molière avait déjà à un haut degré le don d’observer et de reproduire, la faculté de sonder et de saisir des ressorts qu’il faisait jouer ensuite au grand amusement de tous ; et plus tard, au milieu de son entière et triste connaissance du cœur humain et des mobiles divers, du haut de sa mélancolie de contemplateur philosophe, il avait conservé dans son propre cœur, on le verra, la jeunesse des impressions actives, la faculté des passions, de l’amour et de ses jalousies, le foyer véritablement sacré. […] Ces imitations, en un mot, ne sont le plus souvent pour nous que le résumé heureux de toute une famille d’esprits et de tout un passé comique dans un nouveau type original et supérieur, comme un enfant aimé du ciel qui, sous un air de jeunesse, exprime à la fois tous ses aïeux.
Avertissement « Le droit à la Jeunesse ! […] Certes la disgrâce où l’opinion tint la littérature symboliste n’est pas un criterium suffisant, mais l’irrespect et l’indifférence de la jeunesse à son égard est un symptôme des plus probants et des plus significatifs. […] Ainsi l’on comprendrait sa vive haine contre tous les jougs despotiques, la révolte vibrante de ses strophes, sa jeunesse étrange, tumultueuse et ballottée. […] Par ses ouvrages, il aura surtout délivré la jeunesse contemporaine de la redoutable influence de Baudelaire.
sont les noms connus du temps de ma jeunesse. […] Ce soir, chez Daudet, sur ma déploration du manque d’argent, pendant toute ma jeunesse, Daudet et Drumont parlent en chœur, et content l’affreuse lutte de leurs premières années, avec le logeur, la crémerie, le fripier. […] Moi je crois que vous vous illusionnez, et que la jeune École normale vous trouve un critique démodé, un critique perruque, un critique vieux jeu, et voici la lettre qui va vous le prouver : Monsieur, Bien qu’il y ait de la hardiesse à adresser des félicitations à un homme tel que vous, je me risque à vous offrir les miennes, sûr que le témoignage de la jeunesse ne vous est pas indifférent, car il est sincère, et c’est un gage de l’avenir : ce que nous aimons nous le ferons triompher, quand nous serons des hommes. […] Et comme il me revient, dans la parole, quelque chose de mes pensées du matin, sur la jeunesse actuelle, Daudet me dit que c’est la génération des instinctifs, des êtres de la race canine, qui lorsqu’ils ont trouvé un os, vont le manger dans un coin, et n’ont pas la solidarité des générations précédentes, et sont le plus beau triomphe de la personnalité et de l’égoïsme.
Cette France de nos pères, celle de 89 et de 92, cette France de Manuel, de Béranger, de Raspail, celle de notre jeunesse, ne serait-elle donc plus la France d’aujourd’hui et de demain ?
De même pour Lamartine : j’aurais aimé qu’en développant son talent poétique aussi grandement, aussi démesurément même, que sa nature de génie l’y portait, il fût demeuré en politique d’accord avec lui-même, fidèle à ses origines, à ses précédents, à l’ordre d’opinions, de doctrines et, pour tout dire, de bienséances où il avait passé toute sa jeunesse et qui lui étaient comme son cadre naturel, — un M.
» Bourbotte avait conservé toute la sérénité de la jeunesse ; il parlait avec une imperturbable tranquillité au peuple.
Tout, chez les Grecs, a le charme et l’avantage de la jeunesse : la douleur elle-même, si l’on peut le dire, y est encore dans sa nouveauté, conservant l’espérance, et rencontrant toujours la pitié.
Il faut néanmoins user la trame de cette vie telle qu’elle est formée, puisque l’imprudence de la jeunesse en a tissu les premiers fils, et chercher dans les liens chéris qui nous restent et dans les plaisirs de la pensée, quelques secours contre les blessures du cœur.
Si vous voulez comprendre quel abîme il peut y avoir à la fois entre deux générations et entre deux âmes, lisez le journal de Stendhal, cette confession d’un jeune homme du premier Empire ; puis lisez, par exemple, Sous l’œil des barbares, ce journal d’un jeune homme de la troisième république, et comparez ces deux jeunesses.
Il faut s’accoutumer à chercher le prix du savoir en lui-même, et non dans l’usage qu’on en peut faire pour l’instruction de l’enfance ou de la jeunesse.
En Hollande toutes les personnes qui ont quelque éducation sçavent parler françois dès leur jeunesse.
Cette madame Cornuel, bien loin d’être une précieuse, n’avait pas été prude dans sa jeunesse, et, vieille, se moquait de la quintessence.
Une fausseté naturelle, une dissimulation acquise, un regard à volonté, une physionomie maîtrisée, un mensonge sans effort de tout l’être, une observation profonde, un coup d’œil pénétrant, la domination des sens, une curiosité, un désir de science, qui ne leur laissaient voir dans l’amour que des faits à méditer et à recueillir, c’étaient à des facultés et à des qualités si redoutables que ces femmes avaient dû, dès leur jeunesse, des talents et une politique capables de faire la réputation d’un ministre.
Dès sa jeunesse, il fut célèbre.
… Lord Byron, pour ne pas pleurer sa jeunesse perdue, veut délivrer la Grèce ; mais qu’est-ce que la Grèce, et l’eût-il délivrée, en comparaison du génie poétique qui a conquis l’admiration des hommes à lord Byron ?
Je ne parle pas de Thiers, le premier historien de la Révolution dans l’ordre des temps, trop sceptique pour n’être pas la toupie, très peu ronflante, du reste, de l’histoire qu’il écrivit à l’époque de sa jeunesse, ni de Michelet, cette Tricoteuse nymphomane, — mais le pur, le noble Lamartine, écrivit Les Girondins, et ce fut la démence de son génie.
Il s’est durci dans les opinions de sa jeunesse.
Le calme et serein Walter Scott eut aussi cette destinée de connaître la cruauté des dettes qu’il faut payer avec son cerveau… Mais, jusque-là, sa vie avait été libre et heureuse, et le malheur qui le frappa ne l’atteignit que dans sa vieillesse, tandis que Balzac l’eut, dès sa jeunesse, sur sa vie toujours !
Dans tout son livre de la Démocratie, écrit dans la force de la jeunesse, je défierais bien de montrer une seule étincelle jaillissant de la forme ou de la pensée !
… Mais, entre nous, je crois bien que ce n’en était pas… Cette fameuse Madame Récamier, cette Juliette à dix mille Roméos, dont ils ont tous, en Europe, raffolé au temps de leur jeunesse, au fond, ne me fait pas l’effet ici d’être vivante.
Outre les sept Contes posthumes dont nous avons parlé, il contient la notice biographique par le conseiller Frédéric Rochlitz, qui fut publiée en 1822 par la Gazette de Leipzig, quelques traits sur la caractéristique d’Hoffmann, une correspondance de sa jeunesse, des extraits de son livre de notes, sa correspondance musicale, enfin des portraits et des dessins de ce singulier tohu-bohu vivant d’artiste, qui avait en lui trois aptitudes auxquelles il se suspendait tour à tour, ne sachant s’il devait être poète, musicien ou peintre, — embarras que, par parenthèse, n’éprouve point un homme de génie, dont la vocation est l’immaîtrisable élan de ses facultés !
Guy Livingstone est un Anglais de ce temps, que le romancier prend à l’Université et suit jusqu’à sa mort, laquelle arrive de bonne heure et en pleine jeunesse.
Est-ce qu’il n’en pointe pas d’autres maintenant, heureusement encore à deux pouces de terre, qui insultent au génie d’Alfred de Musset, le byronien charmant, le poète de la jeunesse, mort dans son enfance, que je ne comparerai pas à son père, mais qui rappelle parfois son père au point de se faire adorer !
Les Sciences vieillissent : bonnes femmes qui radotent en nous parlant de leur éternelle jeunesse.
Swedenborg nous dit qu’il a connu la femme et que dans sa jeunesse il avait eu une maîtresse… Philosophe et naturaliste avant tout, n’admettant, comme les plus religieux de son temps, qu’une espèce de morale évangélique, Swedenborg (voici où commence l’extraordinaire et l’inconséquent) n’en avait pas moins l’habitude de méditer sur les choses spirituelles.
Destiné à l’enseignement de la philosophie, vivant dès sa jeunesse dans l’accointance des philosophes et dans la préoccupation de leurs études et de leurs influences, il crut, parce qu’il entendait et sentait vivement leurs écrits, que lui aussi aurait le pouvoir d’éjaculer, comme eux, quelque système avec lequel la pensée humaine aurait à se colleter plus tard ; mais, pendant toute sa vie, il put apprendre à ses dépens que la faculté de jouer plus ou moins habilement avec des idées qui ne vous appartiennent pas n’est pas du tout la vraie fécondité philosophique, qui n’a, elle, que deux manières de produire : — par sa propre force, si l’on appartient à la grande race androgyne des génies originaux, — ou en s’accouplant à des systèmes qui ont assez de vie pour en donner à la pensée qui n’en a pas, si l’on n’appartient pas à cette robuste race des génies originaux et solitaires.
Les Souvenirs (une rêverie digne de la jeunesse du Dante), L’Anse des Dames, et cette Promenade dans la Lande qui commence à donner, distincte et profonde, cette note si particulière que le génie de Maurice de Guérin ne perdra plus.
Plus de bourgeons au noir rameau, Triste impuissance de l’aînesse ; Tandis que sur l’antique ormeau Le lierre étouffait de jeunesse !
et probablement de la jeunesse !
Guy Livingstone est un Anglais de ce temps, que le romancier prend à l’Université et suit jusqu’à sa mort, laquelle arrive de bonne heure et en pleine jeunesse.
Je me suis consacré à toi dès ma jeunesse et j’espère que l’exemple que j’ai cherché à donner aura servi à te faire glorifier.
Je referai en imagination chacune de ces étapes, et il me semblera entendre l’écho lointain de ma jeunesse et de mon enfance. […] Grâce à ces confidences et souvenirs de jeunesse, il n’y a plus d’équivoque possible ; la sincérité ou du moins le sérieux de M. […] C’est l’action de ces causes diverses qu’il est surtout intéressant de suivre dans le récit de ces souvenirs d’enfance et de jeunesse. […] Dumas cependant y prenne garde avant de continuer dans la voie où il s’engage aujourd’hui plus avant que jamais : la jeunesse n’est pas avec lui. […] Prudhomme : la jeunesse, heureusement pour elle, n’a pas de ces craintes mesquines.
Dans ce monde créé par un jeune homme de vingt-cinq ans, il ne fait bon vivre que pour ceux qui ont « jeunesse de visage et jeunesse de cœur ». […] Les personnes d’âge n’ont vraiment qu’un moyen d’obtenir l’indulgence de ces jeunes gens, c’est de se montrer elles-mêmes indulgentes à la jeunesse. […] Ce serait pour la jeunesse une première initiation à une vie supérieure. […] Grâce à lui, les années de jeunesse du mystérieux dandy de lettres n’ont plus pour nous de secret. […] Cet art est le contraire d’un art nouveau ; et voilà ce qu’on ne saurait trop redire à la jeunesse.
Elle a la jeunesse éternelle de Raphaël lui-même. […] Dans sa Jeunesse de Renan, M. […] Notre jeunesse actuelle, qui méprise l’intelligence, gagnerait à s’en inspirer. […] (Souvenirs d’enfance et de jeunesse.) […] J’avoue que j’en ai fait dans ma première jeunesse : j’en ai gardé un souvenir charmant.
Écoutez plutôt le ton de mon discours : « “Puisse notre voix être entendue des générations présentes comme autrefois elle le fut de la sérieuse jeunesse de la Restauration. […] Nous nous moquons du romantisme sentimental, en gens qui se croient devenus raisonnables et qui rient des illusions de leur jeunesse. […] Après avoir tourné heureusement autour des aimables passions et des enchantements divins de la jeunesse passagère il est revenu à sa folle du logis, à l’argent ! […] On conçoit que toute la jeune génération s’enflammât pour cette muse de la jeunesse dorée, pour cette fantaisie qui rappelait tout autant l’adorable fantaisie de Shakespeare que les bizarres divagations de Byron. […] Une sorte de fièvre semblait s’être emparée de la jeunesse : la révolte contre les anciens éclatait dans toute sa fureur.
Comme il accuse les parlementaires, avec raison, de croire que la France est née en 1789, tout de même la jeunesse, de quelque temps qu’elle soit, croit que le monde intellectuel est né l’année où elle a daigné venir au monde, et que les siècles se sont relayés pour l’attendre. […] Ernest La Jeunesse se vérifie : « Toute la jeunesse s’appelle Ernest. » M. […] C’est ainsi qu’un de ses volumes de jeunesse commençait par un Gambetta qui était un avorton et finissait par un Deschanel qui était un monde ; et, certes, si le très distingué homme d’État qui est actuellement le président de notre République est sans conteste un haut esprit, celui qui la fonda de 1870 à 1879 n’était pas tout à fait un pur idiot. […] Il est imprimé chez Vanier, ce qui est un signalement de jeunesse. […] Est-ce que vous ne seriez pas un jaloux à qui toute gloire est importune et surtout celle des gens qui ont été beaux dans leur jeunesse et qui ont plu aux femmes ?
Prenons-le donc dans sa jeunesse et lisons les Deux îles : Il est deux îles dont un monde Sépare les doux océans. […] que du haut de leur piédestal, ils invitent eux-mêmes l’enfance ou la jeunesse à faire ce qu’ils ont fait ? […] De dire là-dessus qu’il n’importe pas qu’on propose un Baudelaire ou un Restif en exemple à la jeunesse, c’est comme si l’on disait qu’il n’importe pas que l’on apprenne à lire dans les Liaisons dangereuses ou dans les Amours du chevalier de Faublas. […] On lui reprochera d’avoir essayé pour sa part « de consacrer l’histoire d’un tel peuple à l’instruction de la jeunesse ». […] John Lemoinne, amené de bonne heure en France, y fit toutes ses études, au collège Stanislas, n’attribuerons-nous pas quelque chose à l’influence des maîtres qui dirigèrent sa jeunesse ?
Huysmans, principalement, qui, dans la préface d’un livre récent 1 , réclame le mot Mysticisme pour la seule tradition catholique et raille les tendances mystiques de la jeunesse littéraire. […] Mais s’il s’agit d’un idéal, d’un rêve d’amour et de beauté, don Juan, comme Faust (et plus encore que lui, puisqu’il jouit d’une jeunesse qu’il n’eut pas besoin d’emprunter), don Juan est une haute synthèse d’humanité. […] Les universités, enlisées dans d’immémoriales traditions, continuent, par la seule impulsion de la force acquise, à enseigner la jeunesse selon des doctrines et des programmes bâtards et dans un but de sanction immédiate qui bannit fatalement des jeunes esprits le sens réel de la vérité.
Dans ce livre, qui tout de suite le classa comme intelligence historique, on trouva bien encore çà et là l’homme de la thèse et de la jeunesse, que la nouveauté de l’aperçu tentait… et qui succombait à la tentation. […] Toute la vie de Cassagnac, qui fit éclat dès sa jeunesse, s’est passée dans le bruit, les passions et les luttes de la politique et du journalisme le plus militant. […] Il a pu avoir autrefois de la pente au paradoxe, ce tentateur de la jeunesse !
Dans Aimée, où il essaya de faire autre chose que de l’aventure ; dans Le Drame de la jeunesse, plus réussi, et où il révéla ce qu’il pourrait être s’il voulait énergiquement remonter vers les hautes et profondes régions du roman. — Dans Le Drame de la jeunesse, où il reprit l’idée d’Aimée (l’influence des livres et du théâtre sur la pensée et la moralité modernes, l’altération du naturel par les réminiscences littéraires, la pose, la comédie éternelle jouée entre nous et Dieu, et qui nous empêche d’avoir l’originalité même de nos vices et de nos douleurs), il poussa au comble du suraigu cette ironie15 qui est le caractère de son esprit et le symptôme de sa force, et qui pourrait faire de Paul Féval, s’il la développait dans des sujets de cœur, un romancier d’un comique amer de la plus poignante originalité. […] Moi, je ne le connus que longtemps après sa jeunesse passée… Parfois, sa haute taille abandonnée se redressait tout à coup comme celle d’un soldat qui oublie sa blessure, et parfois aussi, du fond de lui, une corrosive odeur d’orgueil s’exhalait, malgré l’humiliation volontaire et sévère de sa vie.
, il affirme de plus en plus son mode personnel, par la richesse des images, la subtilité des sensations, la vision nette des contours et des couleurs ; à la magnificence de l’expression, il joint un art raffiné et sévère ; peu ou pas d’idées, des émotions purement sensuelles, mais enfin c’est la jeunesse enivrée de soleil et d’amour ; sa forme, toute vibrante d’énergie contenue, semble une lame d’acier au poing d’un conquérant. […] Cette Éducation est une œuvre de jeunesse qui n’a rien de commun avec l’ouvrage publié plus tard sous le même titre ; elle vient de paraître, dans l’édition Conard, parmi les Œuvres de jeunesse inédites .
Quelle force de jeunesse n’ont pas alors l’imagination, la mémoire, et les passions qui inspirent la poésie ? […] Me connaissant dès ma première jeunesse, ils se rappellent mes faiblesses et mes erreurs. […] Il compare trop rigoureusement l’humanité à un individu, et croit qu’elle aura sa vieillesse comme sa jeunesse et sa virilité (page 58).
Il lui échappa de dire en plus d’une occasion : « Je sens que je devrais me mettre mieux avec l’Église. » On remarquait encore qu’il revenait plus volontiers sur ses souvenirs de première jeunesse et sur ses années de séminaire ; il ne craignait pas de les rappeler. […] Cette conversion, ou du moins cette rétractation amenée à bonne fin fit le plus grand honneur à l’ecclésiastique qui y avait présidé, et fut le grand exploit catholique qui illustra la jeunesse de l’abbé Dupanloup.
Le Brun tentait l’œuvre d’après Buffon ; Fontanes, dans sa première jeunesse, s’y essayait sérieusement, comme l’attestent deux fragments, dont l’un surtout (tome I de ses >OEuvres, p. 381) est d’une réelle beauté. […] Son importune envie ne voudrait pas que la jeunesse l’usât à son tour.
IV Cependant la jeunesse et l’amour florissaient et jouissaient jusque parmi ces tombes. […] on lui reprochait, dans sa jeunesse, de n’avoir que des cordes de métal à son instrument lyrique : il a aimé, il a mûri, il a été amant, époux et père comme nous ; il n’arrachait que des applaudissements, il arrache maintenant des larmes ; l’émotion de son cœur, jusqu’alors trop impassible, a passé dans ses vers ; l’artiste s’est fait homme, et l’homme a grandi l’artiste.
Je voulais être, si cela m’était possible, le dramaturge du plus vaste événement des temps modernes, le Thucydide d’une autre Athènes, le Tacite d’une autre Rome, le Machiavel d’une autre Italie : je m’en sentais imaginairement la force en moi ; le lyrisme pieux et élégiaque de ma première jeunesse s’était promptement transformé en moi, comme autrefois dans Solon, en une vigueur de réflexion politique qui me passionnait pour les sujets historiques plus que pour les poèmes du cœur et de la pensée. […] Je pense qu’il n’aimait pas à reporter la pensée de ses paroissiens sur sa qualité de prêtre assermenté et constitutionnel dans sa jeunesse, et qu’il était plus importuné qu’empressé d’être cité en témoignage sur ces événements qui lui rappelaient une faute d’orthodoxie sacerdotale, expiée depuis par sa rétractation.
Xavier de Maistre est à Paris, je l’ai vu, je lui écris, je l’aime. » Qui n’eût pas aimé le vieillard de quatre-vingt-cinq ans, dont l’âme avait la naïve jeunesse de vingt-cinq ans ? […] Ô jeunesse !
Ilan d’Islande (1823) est le modèle du genre, où l’on peut classer aussi quelques-unes des œuvres de jeunesse de Balzac. […] Œuvres de Jeunesse, 10 vol. in-16. — Lettres à l’Etrangère (Mme Hanska, qui devint Mme de Balzac), Revue de Paris, 1er et 15 février, 1er mars 1894, 1er déc. 1894, 1er janv., 1er févr., 1er mars 1895.A consulter : Vicomte de Spoelberch de Lovenjoul,Histoire des œuvres de Balzac, 3e éd., in-8, Calmann Lévy.
Cela donne à réfléchir, d’autant plus que nous-mêmes, les derniers venus et les moins malheureux, nous nous sentons encore inclinés vers la métaphysique vague et dés (mot illisible, vraisemblablement désolée) où s’assoupissaient nos plus lointains ancêtres (mot illisible) même que souvent dans le cerveau d’un homme renaissent au déclin de l’âge les songes et les croyance de ses jeunes années, ainsi l’humanité vieillissante refait le songe de sa jeunesse. […] Le sang de la jeunesse sera toujours prompt à, la duperie de Mâya.
Il était conseiller au parlement de Bordeaux à l’âge de 21 ans ; plus tard, gentilhomme de la chambre du roi Charles IX ; du reste, n’ayant pas connu l’ambition, dont sa fortune le dispensait ou, s’il en sentit un moment les atteintes dans sa jeunesse, s’en étant bientôt défait, « avec le conseil de ses bons amis du temps passé », y dit-il, et parce que l’ambition n’est convenable « qu’à celui à qui lafortune refuse de quoi planter son pied146. » Mais s’il n’en connut pas le principal mobile, il en put du moins considérer les objets d’assez près pour en porter des jugements purs d’illusions et de préventions. […] Or, aux époques de décadence, la maturité incline déjà vers la décrépitude, et aux époques de renaissance, il y a tout à la fois décrépitude et excès de jeunesse.
Les alchimistes d’autrefois cherchaient dans leurs alambics le moyen de faire de l’or ; Lavoisier y trouve, y crée mieux que cela : une science, riche de jeunesse et d’avenir, qui s’appelle la chimie. […] J’ai connu dans ma jeunesse un professeur de rhétorique qui se vantait à ses élèves d’ignorer les quatre règles élémentaires de l’arithmétique, et l’on sait le mot de ce géomètre qui disait après la représentation d’une belle tragédie : Qu’est-ce que cela prouve ?
II : La jeunesse et les premiers essais de Wagner. […] Chap. 1er : Conception et Exposition du drame musical (jeunesse, vocation, premières œuvres de Wagner, séjour à Paris, jugement de Wagner sur ses contemporains, la théorie du drame musical.
Les plus belles, les plus exquises, celles qui font les délices des princes de la jeunesse et de la fortune, ont souvent traversé des mondes d’amours obscurs avant d’apparaître et de parvenir, comme les diamants illustres qui, de la main du mendiant indien ou du nègre qui les déterre, passent par des milliers de trocs et d’achats subalternes, avant d’arriver à la couronne des rois ou à l’aigrette des sultans. […] Durieu ; c’est le remords de sa vie, et, depuis vingt ans, il lui fait expier cette faute d’addition commise pendant sa jeunesse, en la reléguant dans les malpropretés du ménage.
Certes je ne crois pas qu’aucun sentiment d’envie vous ait inspiré cette mauvaise pensée ; mais je crois plutôt qu’en vous mettant en opposition avec la vieille nation, vous avez découvert un moyen pour vous rendre favorable une jeunesse vive, spirituelle, toujours prête à s’émouvoir pour le triomphe d’une idée nouvelle. […] Moi, je crois au contraire que loin de nous avoir fait un public, vous avez complètement défait le nôtre ; public bien respectable dont j’ai longtemps brigué les honorables suffrages ; public qui se composait alors d’une grande partie de la jeunesse instruite, de l’élite de la société, d’un grand nombre d’anciens magistrats, d’artistes, de savants qui le soir régulièrement venaient se délasser de leurs graves travaux et chercher de douces émotions ou égayer leur esprit à nos jeux scéniques.
Tout le monde l’a exaltée, jusqu’au vieux Corneille, qui la tenait probablement du cardinal de Richelieu, lequel la tenait, lui, on ne sait nommément de qui, car ç’avait été un savant de Sorbonne que le cardinal de Richelieu, dans sa jeunesse, et M. […] Ferrari s’est si spirituellement moqué dans sa jeunesse, mais qu’il n’a pas toujours lu pour s’en moquer.
Il représente la jeunesse et son mouvement charmant, à cette dégingandée ! […] Zola, qui est un écrivain, non pas sans esprit, mais sans spiritualité, comme l’époque à laquelle appartient sa jeunesse, ne fait point de littérature spirituelle et morale, et Racine, qui était de cette ancienne littérature, ne comprendrait rien probablement, s’il le lisait, à L’Assommoir.
Nous frappons, on ouvre, et dans la nuit noire, vingt soldats, amateurs et musiciens, nous accueillent, parmi lesquels mon compatriote, le fils d’un ami de ma jeunesse, et qui ne s’est pas nommé ! […] Et ceux-là seuls qui savent en trouver les versets triomphals devant un tombeau cher sont dignes du disparu… Obéissons… et refusant de voir la perte que subit la Lorraine et qu’on mesurera quand nous aurons publié l’œuvre interrompue de Pierre de Rozières, recueillons, comme deux exhortations morales dédiées à la jeunesse, deux lettres intimes où, dans l’année qui précéda la guerre, le jeune homme, chassant les inquiétudes de son âge, trouvait et définissait sa voie.
Ayant quitté Rome avec ses parents en 1831, elle passa le reste de son enfance et sa première jeunesse à Florence ; elle acheva de s’y nourrir et de s’y former dans la vue du beau ; elle copiait dans la galerie les chefs-d’œuvre des maîtres.
La guerre seule pouvait donner plein essor à cette jeunesse : elle éclata.
Mais la jeunesse, la nouveauté vive triomphe à tout moment par la pensée même ; la franchise du sentiment crée la beauté : ainsi, dans le chapitre de l’Exilé : « J’ai vu des jeunes hommes, poitrine contre poitrine, s’étreindre comme s’ils avaient voulu de deux vies ne faire qu’une vie, mais pas un ne m’a serré la main : l’Exilé partout est seul. » Le chapitre de la mère et de la fille n’offre pas une seule couleur nouvelle ; mais Celui qui donne aux fleurs leur aimable peinture, et qui inspira la simplicité de Ruth et de Noémi, a envoyé son sourire sur ces pages.
L’objet de cet amour désespéré, qui a marqué toute sa jeunesse, était, assure-t-on, la très-spirituelle sœur de Mme de Girardin, la comtesse O’Donnell.
L’abbé Fléchier va nous permettre de vérifier de lui tous ces traits réunis au complet dans les agréables Mémoires, production de sa jeunesse, que M.
J’ai eu l’honneur de connaître un très-vieux littérateur, le chevalier de Langeac, qui, dans sa première jeunesse, avait remporté un prix à l’Académie vers 1770 ou 1769, un prix en concurrence avec La Harpe et de préférence à lui (quel honneur !)
Cela s’est déjà passé de la sorte aux autres époques de civilisation raffinée ; et du moment que la poésie, cessant d’être la voix naïve des races errantes, l’oracle de la jeunesse des peuples, a formé un art ingénieux et difficile, dont un goût particulier, un tour délicat et senti, une inspiration mêlée d’étude, ont fait quelque chose d’entièrement distinct, il a été bien naturel et presque inévitable que les hommes voués à ce rare et précieux métier se recherchassent, voulussent s’essayer entre eux et se dédommager d’avance d’une popularité lointaine, désormais fort douteuse à obtenir, par une appréciation réciproque, attentive et complaisante.
Livré, après une première éducation très-incomplète, à toutes les dissipations de la jeunesse et des sens, La Fontaine entendit un jour, de la bouche d’un officier qui passait par Château-Thierry, l’ode de Malherbe : Que direz-vous, races futures, etc.
comme il vous promène à travers toutes les sensations enivrantes de la jeunesse, de la nature et de l’innocence !
Je m’adresse sans crainte à cette jeunesse égarée, qui a cru faire du patriotisme et de l’honneur national en sifflant Shakspeare, parce qu’il fut Anglais.
Lavisse, la Jeunesse de Frédéric II, 1 vol. in-8.
Tu revois ta jeunesse et ta chère villa Et le Flamine rouge avec son blanc cortège.
Ce grain de sel, il est toujours facile de voir où il l’a mis Si la femme le préoccupe, s’il parle d’elle avec un mélange de dédain et d’adoration qui n’est qu’à lui, ces deux sentiments s’expliquent par son passé ecclésiastique et par la longue austérité de sa jeunesse : voudriez-vous qu’il abordât la femme avec la belle tranquillité de M.
Car rien n’est doux comme d’aimer la jeunesse et d’en être aimé.
Solness ne s’isole pas de son milieu : sa sentimentalité se greffe sur celle de son groupe ; son effort d’intrépidité est suscité par un sentiment supérieur de sociabilité, par le dévouement à un haut idéal (Hilde symbolise pour lui la jeunesse, le renouveau, l’avenir).
Quant à Jean, sa jeunesse 449, son exquise tendresse de cœur 450 et son imagination vive 451 devaient avoir beaucoup de charme.
Madame de Montespan, qui avait satisfait longtemps à ses deux besoins, n’y suffisait plus ; plus de jeunesse dans sa figure, ni dans sa taille : son esprit même avait vieilli : plus de ces saillies qui étonnent, qui égalent, qui font étincelle au milieu d’une cour.
Il avait une vieille livrée, une vieille voiture, et un vieux nègre qu’il avait rapporté des colonies, où il mena joyeuse vie pendant l’émigration : ce nègre était comme un morceau du xviiie siècle et de sa jeunesse à côté de lui.
Consacrée dès sa jeunesse à tous les plaisirs de l’amour, son style se ressent de ses mœurs.
Les Romains, ayant imité les Grecs, n’ont point eu de théâtre national ; encore les ouvrages de Plaute et de Térence sont-ils d’excellents sujets d’étude pour les historiens ; on y retrouve une foule d’usages qu’eux seuls nous ont transmis, et rien ne nous fait mieux connaître la dissolution de la jeunesse de Rome, les séductions des courtisanes, l’effronterie des parasites, et enfin tous les éléments dont se composait la société sous les maîtres du monde.
qui rendra à la génération actuelle la jeunesse de la foi, la fraîcheur de la croyance !
Elle déteste, en eux, le christianisme qu’ils apprennent à la jeunesse future, parce que le Christianisme c’est le passé du monde et de la France, et « ce qu’on doit haïr, c’est le passé », dit-elle avec la rigueur d’un axiome.
La Chine, qu’on nous peint, sur son plateau, dans l’immobile position d’un stylite, la Chine, cette nation au piquet sur le globe, mais qui est fort turbulente dans le rayon tracé par la longueur de sa corde, a eu une trentaine de dynasties : elle a eu la dynastie des Tcheou, des Tchsin, des Tcin, des Tsi, des Tchin, des Taï-Thsing, et vous pouvez monter ainsi toutes les octaves des éternûments de La Jeunesse dans le Barbier de Séville.
Cette veine ouverte d’un peuple vaincu, par laquelle s’écoulait un sang si vermeil encore de jeunesse, ces mœurs patriarcales et hospitalières, cette fierté grandiose qui fait dire perpétuellement à l’Arabe : « Élargis ton âme », précisément le contraire du mot chinois et civilisé : « Rapetisse ton cœur », que l’abbé Huc nous apprend, les dernières tentes, qui vont se lever et se ployer au soleil couchant de la poésie devant la civilisation, cette mer de pierres qui s’avance, tout ce vaste ensemble nous frappa de deux sensations et d’une double mélancolie, — la sensation de ce qui est éternellement beau, et de ce qui va s’évanouir.
Et voilà qu’avec une ardeur et une jeunesse d’esprit retrouvées, mais trop tard, car Guizot a bien conquis le droit au repos ( otium cum dignitate !
Ce n’est pas avec de tel sang qu’on rajeunira ses vieilles veines Des penseurs malappris, confondant la vitalité morale d’un peuple avec la nouveauté de ses institutions politiques, nous parlent sans cesse de la jeunesse des Américains, comme s’ils n’étaient pas aussi vieux que nous, — comme si la décrépitude européenne ils ne l’avaient pas emportée, ces fils de vieillards, en quittant le sol de leurs pères !
C’est toujours cet empereur qui a mis Rome à sac, autrefois, par la main du connétable de Bourbon, et qui, vieux, recommence sous Paul IV la guerre contre Rome avec l’ardeur de sa jeunesse.
Quant aux Juifs, si détestés par tous les peuples du Moyen Âge en pleine jeunesse et en plein amour de Jésus-Christ, qu’ils avaient crucifié, l’Église, qui les savait des ennemis acharnés, prit contre eux toutes les précautions de la prudence, mais leur laissa pratiquer leur culte, « en considération du témoignage involontaire et providentiel rendu par la synagogue à l’Évangile ».
Il l’était comme Jouffroy, — il l’était comme Cousin, — il l’était comme tous les plus grands esprits de l’époque de leur belle jeunesse, qui le furent tous.
Quoique fort entichée de noblesse, cette marquise a compris qu’il y avait un mariage à faire entre son fils et mademoiselle Caroline Adam, et elle s’aide, pour arriver à la réussite de ce beau projet, d’un certain baron, sigisbé discret de sa jeunesse, ami ou plutôt parasite de Μ.
Il y eut plus tard Madame de Maintenon, — comme la raison après la fantaisie, comme la maturité après la jeunesse.
C’est ainsi que vécut Buffon, c’est ainsi qu’entre la société et la nature, mais plus loin de l’une que de l’autre, il atteignit cette vieillesse qui devait être longue et qui lui alla mieux que la jeunesse, tant ce grand esprit d’ordre et de paix majestueuse paraissait plus grand dans le rassoiement de sa puissance par ces dernières années voisines de la mort, qu’au temps de la virilité !
Et il faut bien le dire, il l’a recherchée, et elle est encore, à cette heure, l’écueil contre lequel vient de se heurter, dans sa maturité réfléchie et qui devrait être plus détachée des opinions du monde et de sa sotte estime, le même homme qui, dans sa jeunesse, y heurta, hélas !
À l’époque, lointaine déjà, où M. de Rémusat écrivait son Essai de philosophie, il y avait en lui ce pétillement d’idées qui ferait croire à la force d’individualité d’une intelligence, mais ce n’était là qu’une illusion, due probablement à sa jeunesse.
Il n’était pas, d’ailleurs, de vocation absolue, un romancier, quoiqu’il ait fait aussi des romans, et, entre autres, ces Docteurs du jour, qui ont un cadre romanesque dessiné pour y mettre bien autre chose que des romans, et qui pourtant en contiennent un, si ce n’est deux… Brucker avait d’autres facultés que celles-là avec lesquelles on crée des fictions intéressantes ou charmantes, et ces facultés impérieuses et précises avaient trop soif de vérité pour s’arrêter beaucoup aux beautés du rêve, qui traversèrent cependant son imagination dans la chaleur de sa jeunesse, quand, par exemple, il écrivit en collaboration ce roman des Intimes, oublié, comme s’il l’avait fait seul, malgré les diamants d’esprit qu’y jeta Gozlan et qui ne firent point pâlir les rubis que lui, Brucker, plaça à côté… La gerbe de facultés différentes qu’avait Brucker et qui se nuisaient peut-être les unes aux autres par le fait de leur nombre, avaient, au centre du magnifique bouquet qu’elles formaient, deux fleurs superbes et excessivement rares : la métaphysique, — non pas froide chez lui comme chez les autres métaphysiciens, mais de feu, — et une puissance de formule algébrique qui donnait à ses idées et à son style — même littérairement — une rigueur et une plénitude incomparables.
Il resta plusieurs années en Italie, où, paraît-il, il ne caressa pas que des abstractions… Cependant, malgré une jeunesse qui ressembla plus par les mœurs à celle d’un poète comme Byron qu’à celle d’un philosophe qui devait proclamer un jour la beauté de la continence et la nécessité de l’ascétisme, la métaphysique le tenait.
… Car voilà le sujet du livre de Dargaud : les premières impressions de la vie, l’enfance, la jeunesse, le passé !
Quelle seconde, quelle troisième, quelle quatrième jeunesse !
À présent que le temps a marché, qu’Ahasverus s’est vidé, racorni et momifié dans sa poussière, à présent que la raison qui juge les œuvres, ou, du moins, s’inquiète de leur vraie et éternelle beauté, a remplacé, dans nos esprits, les entraînements plus sensibles qu’intelligents de nos jeunesses, demandons-nous ce que vaut cet Ahasverus, réveillé, sous le nom de Merlin, de son sommeil d’Épiménide ?
Sa vie et sa jeunesse, qui n’est plus, je les ignore.
Il l’avait connu dans sa jeunesse, à cette heure de la vie où nous nous faisons tous de quelque homme supérieur un idéal.
Dans sa première jeunesse, désespéré d’être resté court devant un empereur, il veut s’aller précipiter dans le Danube.
Horace se pénétra de cette poésie hasardeuse et correcte, ardente et philosophique, dont il avait peut-être entendu les refrains, aux jours de sa studieuse jeunesse dans Athènes, et qu’il retrouvait partout célébré, d’Aristote aux critiques d’Alexandrie.
La solitude champêtre où j’ai passé la fleur de ma jeunesse, l’étude des bons livres… me rendirent dévot presque à la manière de Fénélon. […] Rousseau prend soin, dans les Confessions, de nous dire, à trois ou quatre reprises, que c’est telle aventure de son enfance ou de sa jeunesse qui a éveillé en lui, pour toute sa vie, la haine de l’injustice. […] » Il revoyait toutes les femmes qui lui avaient donné de l’émotion dans sa jeunesse, « mademoiselle Galley, mademoiselle de Graffenried, mademoiselle de Breil, madame Basile, madame de Larnage, mes jolies écolières, et jusqu’à la piquante Zulietta ». […] Dans ces promenades à travers bois, il se souvient de sa jeunesse vagabonde, qui se transfigure à ses yeux. […] … A moins de supposer qu’il y eût dans son cœur plus d’envie, plus de rancune des abaissements de sa jeunesse qu’il n’en a laissé paraître dans ses livres : car, il faut le reconnaître, jamais ce sentiment d’envie n’y est confessé.
Il avait fait des vers dans sa jeunesse, à ce que l’on a toujours affirmé, et en tout cas il s’était nourri, comme on le voit par ses œuvres, de tous les poètes grecs et par conséquent il avait dû faire des vers lui-même. Il était métaphysicien et avait lu, probablement dès sa jeunesse, tous les philosophes grecs des temps passés. Tout porte à croire qu’il avait eu une jeunesse, élégante et amoureuse, ce qui était presque un devoir de condition dans la classe à laquelle il appartenait. […] Pour en revenir aux poètes en général, il n’est pas très étonnant que ce soit un représentant des poètes, comme l’a dit Socrate en son apologie, un faiseur de tragédies et de dithyrambes, Mélitus, qui ait accusé Socrate de corrompre la jeunesse ; car ce sont précisément les poètes qui pervertissent la jeunesse, et le premier vice que nous trouvions reprocher à autrui c’est toujours le nôtre. […] Il y a enfin des éphores qui sont à la fois comme les censeurs des mœurs, les correcteurs de la jeunesse et les surveillants des rois.
Péché de jeunesse d’Oscar. […] Si, jeune, vous en buvez, vous atteignez tout de suite vos cinquante ans ; si, vieux, vous en buvez, vous revenez immédiatement à la jeunesse. […] Et de même, jusque dans un âge avancé, la gaieté est une jeunesse momentanée et même durable ; la gaieté est une crise de jeunesse, une crise qui peut même se prolonger assez longtemps. […] Par Zeus, on n’a jamais vu une telle passion pour la jeunesse. […] Notre Jeunesse, comédie en quatre actes.
Les poètes ne sont-ils pas la jeunesse des générations qu’ils charment et consolent ? […] C’est notre jeunesse tout entière que nous avons ensevelie avec eux. […] Comme on relit avec émotion ces nobles vers qui ont été, pour chacun de nous, l’enchantement d’une heure de jeunesse ! […] Il arrive ainsi à rendre la politique responsable des écarts d’imagination de sa première jeunesse. […] Quand elle le rencontre, Raoul n’est pas un inconnu pour elle ; c’est le mystérieux ami de sa rêveuse jeunesse.
si je pouvais ouvrir toutes grandes les portes des théâtres à la jeunesse, à l’audace, à ceux qui ne paraissent pas avoir le don aujourd’hui et qui l’auront peut-être demain, je leur dirais d’oser tout, de nous donner de la vérité et de la vie, de ce sang nouveau dont notre littérature dramatique a tant besoin ! […] Je me souviens de ma jeunesse passée dans une petite ville. […] Jullien, mais plein d’une chaleur communicative, il plut à la jeunesse et déplut aux amateurs de l’ancienne psalmodie qui l’appelaient le taureau, parce qu’ils ne retrouvaient plus chez lui cette diction chantante et martelée, cette déclamation redondante qui les berçait si doucement d’habitude. » Il s’occupa beaucoup aussi du costume, il parut d’abord dans Oreste avec un vêtement dessiné par lui qui étonna, mais qui fut accepté. […] de tomber dans l’autre formule, la formule romantique, peut-être plus grotesque encore ; mais je fais appel à toute sa jeunesse, à toute son ambition, et je le supplie d’ouvrir les yeux à la vérité moderne. […] Tel est le conseil que je donne à la jeunesse.
J’ai moi-même, dans ma jeunesse, entendu de ces anciens oratoriens se racontant, se rappelant entre eux l’arrière-fond de leur vie et de leurs pensées en ces années de régularité extérieure. […] Tempéré d’humeur, sans passion aucune dès sa jeunesse (il disait lui-même qu’il avait vécu et mourrait comme Newton), aimant uniquement l’étude et la paix, il n’avait rien vu de mieux que d’entrer dans l’Oratoire et de se mettre à traduire Tacite, champion un peu rude peut-être pour un si pacifique attaquant. […] Sa conduite durant la Convention et sous le Directoire fait, seule, exception par des actes plus en dehors et constitue sa vraie jeunesse : « Et encore je crois pour mon compte, dit quelqu’un qui l’a beaucoup étudié (M. […] Sur Horace, sur Virgile, il rattrape toute sa sensibilité, sa finesse morale, sa jeunesse d’impressions, comme aux jours où il en causait sous les allées de Montmorency.
Là, comme dans tout être vivant, la vie est une suite non interrompue de changements ; mais l’enfance, la jeunesse, la virilité, la vieillesse, forment une série continue que vient terminer la mort. […] Les conditions fondamentales d’existence n’ont point changé pour la société pendant tout le Moyen-Âge ; car cette société du Moyen-Âge, qui a eu son enfance, sa jeunesse, sa virilité, sa vieillesse, et qui est morte aujourd’hui, peut se comprendre, malgré ses périodes diverses, dans une seule formule que voici : « La terre, livrée au mal, était considérée comme un lieu d’épreuves, et comme le vestibule d’un ciel où le mal serait réparé. » Cette croyance a duré pendant tout le Moyen-Âge, et n’a été définitivement détruite que dans le dernier siècle. […] N’est-il pas vrai que les physiologistes, d’accord en cela avec le vulgaire, distinguent quatre âges ou périodes dans la vie humaine, l’enfance, la jeunesse, la virilité, la vieillesse ? […] Puis la jeunesse, quand la société laïque commença à se former, et se mit à réfléchir, à imaginer : c’est l’âge de la féodalité et de la scolastique, mais c’est l’âge aussi des hérésies, depuis le douzième siècle jusqu’au quinzième.
— Très bien fait, dites-vous ; mais il me semble que vous avez joui d’une assez mauvaise santé dans votre jeunesse ? […] dans ma jeunesse… D’abord j’avais une vie qui n’était pas la vie de tout le monde… Je me nourrissais mal… pas assez. […] * * * — À Londres, un jour d’hiver, Mélingue couché par terre, sur le tapis, devant la cheminée, racontait à Gavarni sa jeunesse, parlant religieusement de son père, un douanier de la mer, un vieux gabelou bronzé, qui, pendant une semaine passée à Paris, en plein triomphe du jeune comédien, ne laissait rien sortir de lui, jusqu’au moment où la diligence s’ébranlait dans la cour des Fontaines ; pour le ramener dans sa province, et où soudain il envoyait une volée de baisers par la portière à son fils. […] Aux côtés de la cheminée, une mauvaise aquarelle, le portrait d’une langoureuse et maladive Anglaise, que Flaubert a connue à Paris, dans sa jeunesse, et puis encore des dessus de boîtes, à dessins indiens, encadrés comme des gouaches, et l’eau-forte de Callot, une Tentation de saint Antoine : les images conseillères du talent du Maître.
Ce qui était poussière reprenait les apparences de la jeunesse et de la fraîcheur. […] Tautain, qui, ayant exhumé Minerva, a tiré ces essais de jeunesse de la boîte funèbre où ils couraient le risque d’être à jamais enfouis. […] De tels péchés de jeunesse ne doivent pas être mentionnés pour la seule exactitude des faits, mais aussi parce que ce sont eux qui forment l’expérience d’un esprit et le mûrissent à la sagesse. […] Telle est l’originalité de « la Voie sans retour », la voie qu’on ne remonte pas, la voie de l’amour et de la jeunesse. […] C’est l’histoire de Sapho — moins l’apitoiement et le vain avertissement à la jeunesse ; c’est plutôt, chacun l’a dit à l’apparition du livre, l’histoire de Des Grieux et de Manon Lescaut, refaite à l’usage des modernes et à la mesure de leurs façons de sentir.
D’incontestables écrivains n’ont pas montré dans leur jeunesse des aptitudes bien décisives. […] La première fois que j’ai lu Balzac dans ma jeunesse, j’ai pris la peine de résumer le sujet de chaque roman, et je m’en suis félicité. […] Rappelez-vous vos premières lectures de jeunesse, et essayez de relire un de ces livres qui vous ont tant émus autrefois. […] C’était un homme aimable et de beaucoup d’esprit, qui garda toujours quelque chose de sa première jeunesse élégante. […] Dieu sait tout ce qu’il devait à l’auteur français des Œuvres morales de Plutarque et plus étroitement encore à la langue latine, que Montaigne parlait depuis sa jeunesse.
Car la jeunesse française, mécontente des dieux qui ont suffi à ses aînés, aspire vers un dieu inconnu ; et personne n’a autant que Nietzsche les qualités qui conviennent pour remplir cet office. […] Sous prétexte d’apprendre, puis d’enseigner la philologie, il a passé toute sa jeunesse à s’imprégner du génie grec. […] Toujours, depuis ses années de jeunesse, un impérieux instinct l’a poussé à se gagner partout des amis. […] L’auteur racontait dans ce roman l’enfance et la jeunesse du prince Ottomar, fils aîné de l’empereur des îles Lipari. […] Sa brochure, le Cas Wagner, a déterminé dans la jeunesse allemande un curieux mouvement de réaction contre les théories, sinon contre la musique, du maître de Bayreuth.
qui réveillent, pour la génération d’alors, les plus frais parfums de jeunesse et font naître une larme en ressouvenir des printemps, sont encore sues de bien des mémoires fidèles ; on a oublié qu’on les doit à Mme Valmore. […] Et tout cela me rend l’étude de l’espagnol plus intéressante qu’une autre, parce que je pense que tu as parlé cette langue dans ta jeunesse guerrière. » Elle ennoblit tant qu’elle peut le passé de ce cher frère pour le relever lui-même à ses propres yeux ; elle y verse de la poésie comme sur toute chose, en croyant n’y mettre que du souvenir.
Le gouvernement provisoire lui avait remis, à ma requête, le ministère de la guerre et le commandement général de toutes les troupes militaires ou civiles : quatre-vingt mille hommes de toutes armes dans Paris ou dans le rayon de Paris ; seize mille hommes de gardes mobiles, jeunesse intrépide de la capitale, formée par moi-même dans la nuit du 24 février, et brûlant de se signaler par un service héroïque à l’ordre ; la garde républicaine à pied et à cheval, vigoureuse élite de l’ancienne gendarmerie de Paris ; enfin trois cent mille hommes à peu près de garde nationale, dont la majorité était disposée à défendre au moins ses foyers et ceux des citoyens : en tout environ quatre cent mille baïonnettes, dont cent vingt mille au moins de troupes de ligne. […] « Dumouriez, qui avait entrevu le jeune duc de Chartres à l’armée de Luckner, l’observa attentivement dans cette occasion, fut frappé de son sang-froid et de sa lucidité dans l’action, pressentit une force dans cette jeunesse, et résolut de se l’attacher. » XII La lutte des Girondins avec Marat s’ouvre par un portrait que j’ai copié sur l’image de Marat mort dans sa baignoire, peint par le peintre David, qui osa se déclarer l’ami de ce forcené.
On dira que Racine devait tenir compte de la vieillesse de Corneille ; mais pourquoi Corneille ne tenait-il point compte de la jeunesse de Racine ? […] Et puis l’amour et la jeunesse n’ont qu’un temps.
Les sociétés, dit-il, ont leurs périodes de jeunesse, de maturité, et non pas de décadence, mais de crise, où elles examinent « les valeurs » sur lesquelles elles avaient vécu tranquillement jusqu’alors. Leur jeunesse est lyrique, leur maturité est épique ou romanesque — c’est la même chose, leur âge critique est dramatique.
En effet, dans Andromaque , quelque admirable qu’elle soit, il y avait encore quelques traces de jeunesse. […] Il était dans cet âge où l’homme joint au feu de la jeunesse, qui n’est pas encore amorti, toute la force de la maturité, les avantages de la réflexion, et les richesses de l’expérience.
C’est que, prise dans son ensemble, la France est toujours la reine des nations ; c’est que, nulle part, les succès ne font autant de bruit ; c’est qu’une jeunesse ardente et instruite fermente suries bancs de ses universités ; c’est enfin qu’au milieu même de ce monde si prosaïque et si superficiel, se trouvent peut-être cinq cents personnes, femmes et hommes, dont l’âme est aussi poétique et aussi rêveuse que dans les montagnes de l’Écosse ou sur les bords de l’Arno, et qui ne possèdent pas moins cette promptitude de conception, ce jugement sain, cette délicatesse de tact que rien n’égale et ne remplace chez les autres peuples. […] Résumons-nous : la physionomie littéraire de la France actuelle est caractérisée par trois grands traits : l’histoire, la philosophie, la haute poésie ; les premiers talents de prose et de vers de l’époque sont renfermés dans cette triple et large barrière ; et ces trois objets occupent presqu’exclusivement l’intérêt et la curiosité d’une jeunesse avide d’instruction et d’émotions.
… Est-ce que le gentil poète des Amoureuses, qui, aux épines de la vie, n’a guères laissé qu’une gouttelette de son sang vermeil, juste autant que sa gouttelette d’originalité, peut être, quoi qu’il fasse, autre chose qu’un gentil écrivain, ayant à perpétuité les grâces joliettes et fluettes de la jeunesse ? […] Il y a telles pages dans Le Nabab qui emportent avec elles le fond du roman, et où, comme je l’ai signalé plus haut, le poète des Amoureuses, qui chantait à l’aurore de sa jeunesse comme le rossignol oriental épris de la rose, se retrouve, avec ces teintes de mélancolie que la vie fait tomber sur le talent, afin qu’on en ait davantage !
Doré a la confiance de la jeunesse, du succès, et d’un talent dont il a senti les tressaillements de bien bonne heure. […] Si donc, dans le premier de ces volumes, on trouve après La Maison du Chat qui pelote, Le Bal de Sceaux, qui est un des premiers romans de Balzac et qui sent encore sa jeunesse, et les Mémoires de deux jeunes mariées, l’un des derniers de sa maturité, et de sa maturité la plus accomplie, de deux choses l’une, et même toutes les deux : en faisant cela, les éditeurs ont interverti l’ordre prescrit par Balzac et qui avait sa profonde raison d’être, et, de plus, ils ont interverti l’ordre chronologique dans la production de sa pensée.
Sa passion ne l’empêche pas de rendre justice aux ennemis et adversaires quand ils tombent ; et celui qui s’est montré pamphlétaire envenimé dans la Confession de Sancy, implacable insulteur dans Les Tragiques, parle de Charles IX et de Henri III dans son Histoire en des termes qui ne sont que modérés : Voilà la fin de Henri troisième, dit-il après l’assassinat de Saint-Cloud, prince d’agréable conversation avec les siens, amateur des lettres, libéral par-delà tous les rois, courageux en jeunesse, et lors désiré de tous ; en vieillesse, aimé de peu ; qui avait de grandes parties de roi, souhaité pour l’être avant qu’il le fût, et digne du royaume s’il n’eût point régné : c’est ce qu’en peut dire un bon Français.
L’entrain du triomphe et de la jeunesse, la familiarité militaire et républicaine, l’amabilité naturelle, la gaieté et même un peu d’étourderie française, respirent dans le récit, qu’on va lire, de l’accueil fait à Joubert et à Masséna dans la citadelle d’Alexandrie (6 mai 1796) : J’aurais voulu dater ma lettre d’Alexandrie ; mais j’ai passé si rapidement avec mon avant-garde, que j’ai à peine eu le loisir de profiter des honnêtetés de M. le gouverneur (Solaro), homme à crachats et à deux ou trois ordres au moins.
. — Écrivant dans sa vieillesse un parallèle de Thémistocle et d’Aristide comme modèle pour perfectionner les Vies de Plutarque, il adresse ce petit écrit à Mme Dupin, femme du fermier général, l’une des quatre ou cinq jolies femmes de Paris qui s’étaient engouées de lui, et il lui dit dans sa lettre d’envoi : Voilà, madame, Aristide et Témistocle dont j’ai comancé la vie dans ce charmant séjour que vous habitez (à Chenonceaux) ; vous les trouverez écrites suivant ce nouveau plan que je vous propozai un jour sur les bords du Cher dans une de nos promenades filozofiques où vous trouviez tant de plézir… J’avoue que j’eus une grande joie de voir ainsi qu’à votre âge, et avec les charmes de la jeunesse, vous étiez capable d’estimer le sansé, lorsque tout ce qui vous anvironne n’estime que l’agréable présant, au lieu que l’utile ou le sansé ne regarde que l’agréable futur.
C’est ce qu’Horace recommande dans son Art poétique, lorsqu’il dit : « Il est permis, et il le sera toujours, de donner cours à des mots nouveaux dans la langue ; et comme lorsque les bois changent de feuilles, les premières tombent pour faire place aux suivantes, de même les mots anciens s’usent par le temps, tandis que les nouveaux ont toute la fraîcheur et toute la force de la jeunesse. » Ce serait nuire au style français que d’établir qu’il n’est pas permis de se servir à présent d’un mot qui ne se trouve pas dans le Dictionnaire de l’Académie.
Est-ce que ce Cours familier de Littérature, ouvrage essentiellement neutre et étranger aux querelles du temps, ne laisse pas scrupuleusement en dehors toutes ces questions inviolables de conscience et toutes ces questions irritantes de partis qui ne sont propres qu’à distraire, hors de propos, la jeunesse de l’étude des belles œuvres de l’esprit humain ?
Si j’étais père de famille, au lieu d’être un solitaire de l’existence entre deux générations tranchées par la mort, du passé et de l’avenir de ce globe, qui n’a plus pour moi que le tendre et triste intérêt du tombeau ; ou si j’étais un instituteur de la jeunesse, chargé de lui enseigner le plus rapidement et le plus éloquemment possible ce que tout homme doit savoir du globe et de la race à laquelle il appartient, pour être vraiment intelligent de lui-même, je suspendrais un globe terrestre au plancher de ma modeste école, et j’expliquerais, avec ce miraculeux démonstrateur de l’astronomie, le second Herschel, la place et le mouvement de notre globule au milieu des espaces et des mouvements de cette armée des astres, qui exécutent, chacun à son rang et à son heure, la divine stratégie des mondes.
L’homme, en effet, ne change pas quand on passe des Elégies aux Églogues : mais ici l’épicurien mondain du xviiie siècle enveloppe sa conception matérialiste de la vie des sensations fines d’un artiste grec : il traduit en païen son amour de la nature, de la jeunesse, de la vie riante et facile, des beaux corps gracieux et fermes.
. — Éditions : Souvenirs de jeunesse, in-16. 1884 ; Comment je devins conférencier, n-16.
Emmanuel Signoret Théodore de Banville exprima un peu de cette jeunesse des choses que regrettait si amèrement Baudelaire et vers qui s’élança toujours son cœur pesant, ulcéré et gonflé de tendresse.
Jules Laforgue Ce grain de poésie unique où fermente toujours (même quand les mots parlent d’autre chose) la nostalgie des quais froids de la Seine aux rives vicieuses et mal aux cheveux pour la jeunesse passée aux Indes… Ça lui fait trouver une gamme d’images qui n’est ni l’image renforcée de Hugo, ni l’image déliquescente d’instinct des décadents : quelque chose d’inimitable, de sentimental… Baudelaire : chat, Indou, Yankee, épiscopal, alchimiste.
Le faux page, en regardant dans cette glace, feint d’y voir s’y dessiner tous les événements passés, la jeunesse de Pantalon et son amour pour Olympia, Olympia abandonnée donnant le jour à une fille, cette fille grandissant, venant à Rome, se déguisant en page pour entrer chez son père, et s’écriant enfin : “Padre mio, io son quella e Olympia è mia madre !”
Nous demeurons aux fleurettes de la jeunesse : elles ne comptent pas.
On a tant dit qu’il dégénérait ; et nous l’avons vu se relever tout à coup du côté où l’on s’y attendait le moins, et la tradition s’y réconcilier avec la jeunesse.
Paul Bourget ajoute : « Je ne saurais les relire, ces lignes si simples, sans une émotion presque pieuse, et je crois que beaucoup des écrivains qui ont eu leurs vingt ans entre 1855 et 1880 y retrouveraient de même, en un raccourci puissant, ce qui fut la foi profonde de leur jeunesse. » Nous retiendrons ce mot : l’empirisme était devenu une foi.
Cet ami, qui, depuis leur jeunesse à tous les deux, veut bien s’associer de cœur à tout ce qu’il fait, à tout ce qu’il entreprend et à tout ce qu’il rêve, réclame de longues lettres de son ami absent, et ces lettres, l’ami absent les écrit.
Machiavel, ce metteur en scène des attentats princiers, ce domestique des Médicis et des Borgia, avait dans sa jeunesse été mis à la torture pour avoir admiré Brutus et Cassius.
L’insuccès devait rapidement éteindre les ardeurs de la jeunesse.
Vous avez instruit ma jeunesse : n’est-ce pas vous qui m’avez expliqué Virgile quand mon pere voulut que je m’appliquasse à l’étude de ce poëte ?
Tous les impuissants qui ont usé infructueusement leur belle jeunesse à casser des cordons de sonnettes à la porte des journaux et des théâtres de la capitale — l’académie de province les reçoit, les prend et les fait sauter maternellement sur ses genoux, en leur recommandant bien de ne plus aller vers ces méchants, qui n’ont eu garde de les écouter — craignant d’être obligés de les admirer.
Le phénomène de la servante-maîtresse, si commun chez les vieux galants ; chez les dons Juans les plus superbes, les plus durs à la femme dans leur jeunesse, lorsque l’âge les a suffisamment attendris, peut se produire aussi chez les nations, et il semble que nous y touchions, à ce phénomène.
C’était celle-là qui avait été dans sa jeunesse la comtesse Guiccioli, et qui devint la marquise de Boissy, dans le déclin de son automne, comme aurait dit Lamartine.
Voyez ce que sont, à présent, dans la science historique, philosophique et littéraire, les Cours des Villemain, des Cousin et des Guizot, qui firent palpiter les passions politiques de la jeunesse de leur temps !
Il la perdit avant la jeunesse : fleur d’onze heures, à midi passée !
La préoccupation si inférieure du théâtre dont il a toujours été fêlé, à toutes les époques de sa vie, depuis l’instant de sa jeunesse où il ne voyait qu’un sujet heureux de vaudeville dans ces Intimes que Raymond Brucker et Michel Masson lui infligèrent comme un roman terrible en l’y faisant travailler avec eux, jusqu’à l’heure où, en pleine maturité, il ne craignit pas de s’amincir dans de petites pièces plus petites que tout ce qu’il avait jamais écrit, lui, le travailleur si souvent en petit cependant ; la préoccupation du théâtre lui fit maintes fois terminer en queue de poisson ses plus belles œuvres commencées en têtes de sirènes (voyez son Notaire de Chantilly, son Dragon rouge, ses Nuits du Père Lachaise, sa Famille Lambert, etc., etc.).
Il a beau nous raconter la vie de cette fille, qu’il nous dit si jolie et si voluptueuse, il ne rose ni ne rougit son récit de la fraîcheur de sa jeunesse ou de l’émotion de son plaisir.
Flaubert en avait eu le don, ne l’aurait-il pas montré dans ce premier ouvrage, fruit d’une jeunesse mûrie, et serions-nous réduits à le regretter ?
Sa face ridée réapparaîtra brillante de jeunesse et de vie, et de sa bouche ne sortiront ni malédictions ni cris de douleur, mais des hymnes et des cris de joie.
Tels furent, en attendant Boileau et Molière, les amis de jeunesse de Jean Racine. […] En y ajoutant Chapelle, Furetière et, si vous voulez, Vivonne et Nantouillet, sans oublier nos vieilles connaissances : Vitart, le gentil abbé Le Vasseur, l’ivrogne d’Houy et l’ivrogne Poignant, nous avons à peu près tous les amis de jeunesse de Racine. […] Il n’y mettait jamais rien du sien ; et mes sœurs, qui dans leur jeunesse l’ont souvent vu à table chez mon père, n’ont conservé de lui d’autre idée que celle d’un homme fort malpropre et fort ennuyeux. […] Oui, mais pour les imaginations fraîches, Alexandre l’emporte encore, par l’éloignement dans le temps et dans l’espace, par la jeunesse du héros, mort à trente-trois ans, par la grandeur, l’étendue et la rapidité matérielle de son action sur les hommes. […] Et puis Andromaque respire si bien l’ardente et charmante jeunesse du poète !
Les romans ont généralement une fortune contraire ; d’où vient donc ce regain de jeunesse pour Renée Mauperin ? C’est que les frères Goncourt ont eu le rare bonheur de savoir regarder et écrire alors qu’ils étaient jeunes et que leurs œuvres sont encore empreintes de cette netteté, de cette puissance de vision, qui n’appartiennent qu’à la jeunesse. […] Les murailles badigeonnées, la grande Vierge, le christ lui-même prenaient un frisson de sève, comme si la mort était vaincue par l’éternelle jeunesse de la terre. […] Alexandre Dumas nous a livré dans leur état primitif les œuvres de sa jeunesse, alors qu’il lui eût été bien aise d’y apporter la plus-value de son expérience. […] Cette débilité morale, qu’on appelle l’athéisme, est généralement inconnue à l’homme qui meurt dans sa jeunesse sur les champs de bataille ; il tombe pour défendre son pays, et avant de fermer les yeux il appelle l’aumônier qui vient lui parler de sa vraie patrie.
Faites cela, monsieur, et la jeunesse — qui, déjà, vous admire, — vous aimera car elle aime ceux qui s’indignent à propos. […] — Les entraînements de la jeunesse, monsieur… — Qu’est-ce que cela signifie ? […] Toute discussion, tout enthousiasme, toute jeunesse lui est insupportable. […] Tout esprit tant soit peu artiste comprendra certainement qu’on ne peut rendre, d’une plume saisissante, que le pays, — je ne dis pas qu’on a vu, — mais où une partie de votre vie, et particulièrement votre jeunesse (la jeunesse est si hospitalière aux impressions de l’extérieur !) […] L’habit noir, c’est la tenue grave, sévère, un peu chagrine ; l’habit bleu, la tenue fleurie qui sied à la jeunesse studieuse et souriante.
C’est sa jeunesse toute seule qui triomphe. […] (On pourrait ici examiner si la Nature agit exactement de la même façon chez les Agnès de tous les temps, et si, au jugement même de l’Instinct qui les guide, l’âge de la jeunesse chez l’homme ne s’est pas un peu déplacé depuis Molière. […] N’y aurais-je point retrouvé la jeunesse et la puissance des impressions premières ? […] Anatole France qui, je dois le dire, ne l’applique pas à Molière. ) Pour l’auteur de l’Ecole des femmes, l’amour ne convient qu’à la jeunesse ; et la jeunesse est courte. […] C’étaient les Pages retrouvées, essais de jeunesse, brouillons, broutilles, copeaux précieux, — mais copeaux.
Ceux-là sont illustres, parce que les balles, auxquelles pourtant ils s’exposaient de gaieté de cœur, ont épargné leur jeunesse. […] C’est l’âge où l’on commence ordinairement à étudier la « jeunesse contemporaine ». […] que le désir de parvenir tout de suite se manifestait chez cette jeunesse avec une âpreté singulièrement plus âpre qu’en aucun temps. […] Les collèges s’ouvrent et puis se ferment, rabattant lourdement leurs portes, vraies geôles de la jeunesse captive. […] Nous ne trouvons guère que cela de bon dans nos souvenirs de jeunesse, nous autres, libres citoyens d’une démocratie affairée.
Albert Lambert fils est d’une jeunesse charmante et, presque, n’a pour défaut que d’être trop jeune, dans Hippolyte. […] Le théâtre de la Montansier est en quelque sorte le symbole vivant, le symbole incarné du régime d’alors, avec son répertoire extrêmement leste, surtout avec son foyer, succursale des fameuses galeries du Palais-Royal, et les nymphes qui s’y exhibent sous les yeux de la jeunesse brillante d’alors et sous la surveillance indulgente et paternelle de M. le commisaire Robillard. […] Alexandre Duval : La Jeunesse de Richelieu, en prose (1796), La jeunesse de Henri V, en prose (1800), Edouard en Ecosse, en prose (1802), La princesse des Ursins, en prose (1826). […] Le bon Babinet se moquait ; mais il avait bonne souvenance de ce qui avait été, en sa jeunesse, le bel air des choses. […] Il a eu une jeunesse.
Dans les temps modernes, si la poésie proprement dite a fait défaut à ce genre de tradition, le roman n’a pas cessé ; sous une forme ou sous une autre, certaines douces figures ont gardé le privilège de servir d’entretien aux générations et aux jeunesses successives. […] Le chevalier d’Aydie, dans sa jeunesse, offrait plus d’un de ces traits qui s’adaptent d’eux-mêmes à un héros de roman ; Voltaire, écrivant à Thieriot et lui parlant de sa tragédie d’Adélaïde du Guesclin à laquelle il travaillait alors, disait (24 février 1733) : « C’est un sujet tout français et tout de mon invention, où j’ai fourré le plus que j’ai pu d’amour, de jalousie, de fureur, de bienséance, de probité et de grandeur d’âme. […] Plusieurs lettres de lui nous le font voir après la jeunesse et bonnement retiré en famille dans sa province.
« Je l’ai moi-même entendu quand il disait à la tribune qu’il avait été malheureux, lorsqu’il était privé d’une patrie que son bras avait sauvée de la fureur des barbares ; lorsqu’il apprenait que ses biens étaient possédés et pillés par ses ennemis ; lorsqu’il voyait la jeunesse de son fils associée à ses infortunes ; lorsque, plongé dans un marais, il avait dû la conservation de sa vie à la pitié des Minturniens ; lorsque, fuyant en Afrique sur une frêle nacelle, il était allé, pauvre et suppliant, implorer ceux à qui lui-même avait donné des royaumes : mais il ajoutait qu’ayant recouvré ses anciens honneurs et les biens dont on l’avait dépouillé, il aurait soin qu’on reconnût toujours en lui cette force et ce courage qu’il n’avait jamais perdus. […] Leclerc de nos jours, atteste l’éternelle jeunesse des œuvres de Cicéron. […] Quelques amis, fidèles à sa mauvaise fortune, lui prêtaient encore l’oreille et le cœur ; ses livres, recueillis avec amour en Grèce pendant ses voyages ou ses exils, lui ouvraient leurs pages consolatrices ; les arbres qu’il avait plantés dans sa jeunesse à Tusculum ou à Astur, ses maisons des champs, ne lui avaient pas été ravis, du moins avant sa mort, par l’ingratitude de sa patrie et par la nécessité de ses créanciers.
Les pièces de ce poète, esprit d’ailleurs facile et aimable, et qui valait mieux que ses succès, ne sont que d’agréables flatteries à la jeunesse et aux passions naissantes de Louis XIV. […] Enfin, ni l’illusion du temps où se passe la fable, ni la condition des personnages ne lui ont caché les traits par lesquels ce drame ressemble à tant de drames domestiques, dont les acteurs sont inconnus, et qui se jouent entre les quatre murs d’une chambre : des amours malheureux ; des cœurs rebutés ; une femme passionnée, qui se sert de l’amant dédaigné pour se venger de l’amant aimé ; l’amour faisant rompre la foi jurée ; une Andromaque, une jeune mère, belle de sa jeunesse et de son malheur, qui se donne en frémissant au protecteur de son fils. […] Sous le héros de la fable, je reconnais dans Pyrrhus le jeune prince exalté par la jeunesse, l’orgueil, la puissance, le courage ; cruel comme il est généreux, par emportement ; qui n’a pour résister à sa passion, ni le sens moral, ni l’expérience qui en donne les scrupules.
En voyant ces fleurs si fraîches et si mortes, je pensais à ces douces souvenances qui dorment en nous, et parmi lesquelles nous nous égarons quelquefois, essayant de retrouver en elles le printemps et la jeunesse. […] Toute notre jeunesse vient souvent se grouper autour d’une image de femme, sans cesse présente à nos événements d’alors. […] La sensation et le sentiment peuvent un jour être altérés par le métier, mais le souvenir des émotions de jeunesse ne l’est pas, garde toute sa fraîcheur, et c’est avec ces matériaux non l’artiste construit corruptibles que ses meilleures œuvres, ses œuvres vécues.
Cette verte jeunesse ne durera cette heure fatale viendra pas ; qui tranchera toutes les espérances trompeuses par une irrévocable sentence. […] Zola, Lettre à la jeunesse, p. 66, 68. […] Jusque-là, nous planterons des plumets au bout de nos phrases, puisque notre éducation romantique le veut ainsi ; seulement, nous préparerons l’avenir en rassemblant le plus de documents humains que nous pourrons, en poussant l’analyse aussi loin que nous le permettra notre outil. » (Lettre à la jeunesse, p. 94.)
L’école de Saint-Cyr n’a guère eu que le rebut de la jeunesse, jusqu’à ce que l’ancienne noblesse et le parti catholique aient commencé à la peupler, changement dont les conséquences n’ont pas encore eu le temps de se développer. […] Là aussi se ferait un salutaire changement dans l’esprit de la jeunesse. […] L’État, en un tel système, ne salarie pas certaines opinions scientifiques ou littéraires ; il ouvre, dans un haut intérêt social et pour le bien de toutes les opinions, de grands champs clos, de vastes arènes, où les sentiments divers peuvent se produire, lutter entre eux et se disputer l’assentiment de la jeunesse, déjà mûre pour la réflexion, qui assiste à ces débats. […] Quand une population a fait produire à son fonds tout ce qu’à peut se produire, elle s’amollirait, si la terreur de son voisin ne la réveillait ; car le but de l’humanité n’est pas de jouir ; acquérir et créer est œuvre de force et de jeunesse : jouir est de la décrépitude.
Cette année, le jury s’est montré avare de place à l’exposition universelle pour les jeunes peintres : l’hospitalité était si grande vis-à-vis des hommes acceptés de la France et des nations étrangères, que la jeunesse en a un peu souffert. […] Ce mot de niaiseries me paraît, soit dit en passant, choisi avec un grand art diplomatique : il me rappelle l’ingénuité de ce grand criminel parlant avec complaisance de ce qu’il appelait ses torts de jeunesse. […] Et René de Chateaubriand, qui utilise sa jeunesse à ruminer le platonisme de l’inceste. […] Pénétrés de ccs quelques vérités, qui ont le tort, j’en conviens, d’être fort peu idéalistes, posez-vous sans crainte, si vous avez du talent, avec votre plume ou votre pinceau devant vos contemporains, et soyez sûrs que vous en tirerez des œuvres bien autrement saines pour l’esprit et pour le cœur des jeunes et des vieux, que toutes ces drogues nauséabondes, que toutes ses grandes passions fainéantes, que tous ces ferments de convoitise à l’adresse de la richesse et de la beauté, qui nous font souvent perdre notre jeunesse en rêves idéalistes impossibles, pour nous laisser retomber si lamentablement plus tard sur les longues épines de la réalité. […] les Franc-Comtois qui s’en occupent ne sont, à son avis, que des charlatans, ce qui ne l’empêche pas de se complaire, dit-il, à les encourager, parce qu’il aime la jeunesse ; bien qu’au fond il se soucie de tout cela comme du temps qu’il faisait hier.
On s’appliquoit avec le même zéle à l’instruction de la jeunesse. […] Il avoit osé avancer qu’en fait d’éducation de la jeunesse, aucune école ne vaut celle des jésuites. […] Il eut une jeunesse infâme. […] Dans sa jeunesse, il se fit recevoir, à Padoue, de l’académie des Æthérei, fous le nom di repentito, pour marquer qu’il se repentoit de tous les momens qu’il n’avoit pas consacrès à la poësie. […] On parla de sa naissance, des situations où les besoins l’avoient réduit dans sa jeunesse, de la manière dont il étoit parvenu.
Pendant qu’Heine et autres sèment de fleurs charmantes, mais malséantes, l’imagination de la jeunesse lettrée, ces poètes sèmeraient des lis purs et des roses virginales dans le pot de fleurs de la mansarde, sur la fenêtre de la jeune fille et du jeune homme de nos ateliers ou de nos villages. […] Il était dans toute la jeunesse et dans toute l’avant-gloire de sa vie.
La plupart, dans ces réunions, s’épuisent en plaintes et en regrets amers au souvenir des plaisirs de la jeunesse, de l’amour, des festins et de tous les autres agréments de ce genre : à les entendre, ils ont perdu les plus grands biens ; ils jouissaient alors de la vie, maintenant ils ne vivent plus. […] Une mère est une providence innée que chaque enfant trouve d’avance couchée près de son berceau, debout près de sa jeunesse.
J’ai fait quelques vers médiocres dans ma jeunesse, et cette célébrité de jeune homme m’ayant appelé à de hautes dignités, dans un âge plus mûr j’ai conquis la bienveillance du pays en vivant et en parlant à l’écart des partis passionnés pour ou contre la révolution de 1830 ; et le jour ayant sonné, et la France périssant dans l’hésitation, j’ai vu l’anarchie sanguinaire prête à s’emparer du pouvoir et j’ai proclamé la souveraineté des peuples et la République conservatrice de la société. […] Je vous conduirai moi-même où j’allais si gaiement dans ma jeunesse, tantôt pour porter un livre, tantôt une lettre, tantôt une invitation de l’un à l’autre.
Comment faire que ce devoir soit assez fort pour balancer la passion, où tout est si naturel, et qui s’est formée de convenances si invincibles, la jeunesse, la gloire, la beauté ? […] Un charme extraordinaire de jeunesse et de passion est répandu dans ce chef-d’œuvre.
Avec le pas léger et le sourire heureux de la première jeunesse qui n’a point encore perdu les gestes de l’enfance, elle accourt dans cette vaste salle, où elle avait entendu les chants qui s’étaient si profondément gravés dans son cœur, et où depuis la disparition de son poète elle n’était plus revenue. […] Quant à L’Ouverture de Faust, c’est une œuvre isolée, projet de jeunesse dont il ne reste que l’ouverture.
Cela forme une série d’ouvrages où son originalité de peintre inimitable de l’exotisme s’est montrée toujours grandissante : les Reflets sur la sombre route, Vers Ispahan, la Troisième Jeunesse de Mme Prune, l’Inde (sans les Anglais), les Derniers Jours de Pékin, etc. […] Nous n’avons pas à rappeler aux lecteurs de la Revue les beautés du récit et la magnificence de son cadre ; il importe pourtant de faire admirer l’enthousiasme et l’éternelle jeunesse de cœur qui brûle, comme un feu mystérieux, sous la conception de l’artiste.
Dans une longue causerie avec lui, sous les marronniers du jardin, un rayon de soleil lui arrivant en pleine figure, il me sembla tout à coup voir un vieillard sous l’apparente jeunesse de sa figure. […] Là, il me raconte ses misères, sa jeunesse passée jusqu’à vingt ans, aux Quinze-Vingt : son père étant devenu aveugle à trente-six ans.
En vivant quelques années de plus, Forneron avait pris la jeunesse ; ce qui ne veut pas dire qu’il ait perdu de sa virilité. […] L’histoire de Forneron ne va pas même jusqu’à la dernière victoire de don Juan, qui mourut, non de celle-là, mais après la floraison de celle-là, en en laissant bien d’autres en boutons qui ne devaient jamais s’ouvrir sur la belle tige de sa jeunesse !
Proudhon, au contraire, d’un cœur trop tendre pour rester virginal comme Newton, fut aussi chaste que tendre avec les femmes, — et les femmes, c’est encore trop dire, car il n’en a peut-être aimé que deux : celle qu’il épousa, et la jeune fille qui se réfugia en Suisse (nous dit sa Correspondance) et que les tristes nécessités de sa première jeunesse ne lui permirent pas d’épouser. […] Il écrit à des amis de jeunesse qu’il a gardés jusqu’à sa dernière heure, mais il ne leur écrit jamais en dehors des préoccupations de son cerveau.
Je lui sais gré toutefois d’avoir remué ainsi des idées dans un sujet si connu, et d’avoir parlé avec tant de jeunesse sur un livre d’enfance.
Sully Prudhomme, à son tour, s’adresse à Musset ; il le prend sur un tout autre ton avec toutes les cérémonies et tous les respects, mais ce n’est que pour mieux marquer sa dissidence et pour faire acte de séparation : on ne dira pas du moins qu’il ne l’a pas senti et loué comme il faut : Toi qui naissais à point dans la crise où nous sommes, Ni trop tôt pour savoir, ni, pour chanter, trop tard, Pouvant poser partout sur les œuvres des hommes Ton étude et ton goût, deux abeilles de l’art ; Toi dont la muse vive, élégante et sensée, Reine de la jeunesse, en a dû soutenir Comme un sacré dépôt l’amour et la pensée, Tu te plains de la vie et ris de l’avenir !
Quelles qu’en puissent être les causes très-complexes, le fait subsiste ; il s’est élevé depuis lors toute une race sans principes, sans scrupules, qui n’est d’aucun parti ni d’aucune opinion, habile et rompue à la phrase, âpre au gain, au front sans rougeur dès la jeunesse, une race résolue à tout pour percer et pour vivre, pour vivre non pas modestement, mais splendidement ; une race d’airain qui veut de l’or.
Mais, par malheur, cette vie de loisir et de jeunesse dura peu.
Malgré tant d’aventures, il n’avait pas vingt-cinq ans, et sa jeunesse commençait à peine.
vous n’avez pas tout le monde pour vous ; bien des fractions de l’opinion vous échappent ; la jeunesse des Écoles, par exemple, est demeurée récalcitrante et rebelle ; à trois cents pas du Louvre, vous ne régnez pas ; les hautes Écoles ne sont pas du tout pour vous : et c’est dans ces générations de 20 à 25 ans que se forme en grande partie l’avenir d’un pays, on répondait (combien de fois ne l’ai-je pas entendu :) : « Ah : les Écoles ont toujours été ainsi : ces mêmes jeunes gens dans quelques années penseront autrement ; et puis, ce n’est qu’une infiniment petite partie de la nation : nous avons pour nous la masse, les ouvriers des villes et des campagnes. — Les Écoles, le quartier Latin, qu’est-ce que cela nous fait ?
« Depuis son extrême jeunesse, il avait été torturé par d’inexplicables répulsions, par des frémissements qui lui glaçaient l’échine, lui contractaient les dents ; par exemple quand il voyait du linge mouillé qu’une bonne était en train de tordre. » D’intelligence précoce et vive, il « s’abreuvait » déjà de solitude.
Mais l’origine de la poésie, mais le poëme le plus remarquable par l’imagination, celui d’Homère, est d’un temps renommé pour la simplicité des mœurs ; ce n’est ni la vertu ni la dépravation qui servent ou nuisent à la poésie ; mais elle doit beaucoup à la nouveauté de la nature, à l’enfance de la civilisation : la jeunesse du poète ne peut suppléer en tout à celle du genre humain ; il faut que ceux qui écoutent les chants poétiques soient avides de la nature entière, étonnés par ses merveilles, et flexibles à ses impressions ; les difficultés que présenterait une disposition plus philosophique dans les auditeurs, ne feraient pas que l’art des vers atteignit à de nouvelles beautés ; c’est au milieu des hommes qui s’émeuvent aisément, que l’inspiration sert mieux le véritable poète.
Le seul vrai ridicule, celui qui naît du contraste avec l’essence des choses, s’attache à leurs efforts : lorsqu’elles s’opposent aux projets, à l’ambition des hommes, elles excitent le vif ressentiment qu’inspire un obstacle inattendu ; si elles se mêlent des intrigues politiques dans leur jeunesse, la modestie doit en souffrir ; si elles sont vieilles, le dégoût qu’elles causent comme femmes, nuit à leur prétention comme homme.
On me dit qu’il parle toujours comme cela, et qu’il traverse la vie dans des habits spéciaux, redressé, embaumé, pétrifié dans une attitude d’éternelle chevalerie, de dandysme ininterrompu et d’obstinée jeunesse.
Elles sont construites selon un plan déterminé dont l’auteur ne s’écarte pas ; la rime, si difficile qu’elle peut se présenter, ne l’entraîne jamais hors de la voie qu’il s’est tracée, car il la force à obéir et elle obéit, venant, à point nommé, compléter sa pensée, selon la forme voulue et le rythme choisi… Dans ses poésies, aussi bien dans celles de la jeunesse que dans celles de l’âge mur, Gautier a une qualité rare, si rare, que je ne la rencontre, à l’état permanent, que chez lui : je veux parler de la correction grammaticale… De tous ceux qui sont entrés dans la famille dont Goethe, Schiller, Chateaubriand, Byron ont été les ancêtres, dont Victor Hugo a été le père, ceux-là seuls ont été supérieurs qui ont fait bande à part… J’ai déjà cité Théophile Gautier et Alfred de Musset, qui eurent à peine le temps d’être des disciples qu’ils étaient déjà des maîtres.
« Dès sa jeunesse, dit Brantôme, elle aimait fort à voir jouer des comédies et même celles des Zanni et des Pantalon, et y riait tout son saoul comme une autre. » Une troupe, dirigée par un nommé Ganasse ou Ganassa, était venue à Paris en 1570 et avait donné un certain nombre de représentations publiques.
Le critique impressionniste intransigeant en est réduit à entourer cinq lignes délayant péniblement son sentiment, de commentaires ésotériques, souvenirs de jeunesse, évocations de lectures analogues, citations, congratulations ou injures.
Je m’enfermerai dans mon amour comme dans une tour fortifiée, et je regarderai s’enfuir sur la route lointaine ces rêves dorés de ma jeunesse, si splendides aux premiers jours, et maintenant pâlissants et confus.
Mais la jeunesse est capable de toutes les abnégations, et il est permis d’admettre que Jean, ayant reconnu dans Jésus un esprit analogue au sien, l’accepta sans arrière-pensée personnelle.
Ses belles prédications, dont l’effet était toujours calculé sur la jeunesse de l’imagination et la pureté de la conscience morale des auditeurs, tombaient ici sur la pierre.
Une volonté bien disciplinée est celle qui n’agit ni trop tôt ni trop tard ; mais diverses causes, comme la jeunesse, un tempérament vigoureux, ne permettent guère de différer.
Mais une vie toujours chaste et réglée qui avait conservé la fraîcheur de la jeunesse.
Il double ses vingt-cinq ans avec son demi-siècle ; la chevalerie des manières supplée, en lui, aux grâces de la jeunesse.
Elle disait elle-même, en se souvenant d’un ancien ami : « J’ai vu ici M. de Larrey, fils de notre pauvre ami Lenet, avec qui nous avons tant ri ; car jamais il ne fut une jeunesse plus riante que la nôtre de toutes les façons. » Sa beauté un peu irrégulière, mais réelle, devenait rayonnante en ces moments où elle s’animait ; sa physionomie s’éclairait de son esprit, et l’on a pu dire, à la lettre, que cet esprit allait jusqu’à éblouir les yeux.
Malgré les succès extraordinaires qui signalent l’entrée en campagne, malgré la conquête de la Lituanie en un mois, presque sans combattre, et quoique la vaillante jeunesse se laisse aller aux espérances, ceux qui réfléchissent voient l’avenir beaucoup moins en beau.
On parla beaucoup de sa liaison, innocente sans doute, mais qui passa longtemps pour suspecte, avec Lacombe, barnabite, natif de Tonon en Savoye, homme débauché dans sa jeunesse, dévot & mystique dans l’âge mur, & mort fou.
Il étoit dans les fougues de sa jeunesse.
Aujourd’hui une jeunesse passionnée et ardente croit trouver la liberté par la voie du matérialisme, comme si l’essence même du despotisme n’était pas de se servir de la matière pour opprimer l’esprit !
Guizot, après avoir tant souffert des luttes politiques, n’aurait pu cependant revenir paisiblement aux froides contemplations de la science qui avaient charmé sa jeunesse.
Dès sa jeunesse, il quitta Paris sa patrie, pour parcourir l’univers.
Sans parler des équipées des nièces de Mazarin, qui gardèrent toujours un peu l’air aventurier de monsieur leur oncle, il y a telle anecdote dans cette piquante histoire qui donne une idée singulière du ton et du goût du grand siècle dans sa jeunesse.
Il a la jeunesse de l’émotion qui est éternelle.
Il eut beau s’éloigner, en effet, des premières fonctions de sa vie, de ses premières préoccupations, il eut beau devenir, à moitié d’existence, un observateur, les bras croisés, de la nature humaine, un pacifique dilettante de beaux-arts, un causeur de Décaméron, un capricieux de littérature qui avait fini par prendre goût aux Lettres dont il avait d’abord médit, son genre de talent, qui brusquait l’expression pour aller au fait, se ressentit toujours de la mâle éducation de sa jeunesse.
Il eut beau s’éloigner, en effet, des premières fonctions de sa vie, de ses premières préoccupations ; il eut beau devenir, à moitié d’existence, un observateur, les bras croisés, de la nature humaine, un pacifique dilettante de beaux-arts, un causeur de Décaméron, un capricieux de littérature qui avait fini par prendre goût aux lettres, dont il avait d’abord médit, son genre de talent, qui brusquait l’expression pour aller au fait, se ressentit toujours de la mâle éducation de sa jeunesse.
Il y eût trouvé un tableau curieux et sincère du mouvement littéraire dans la jeunesse littéraire de 1898, — à condition, bien entendu, de n’être pas dupe, et de savoir interpréter un document naïf.
Cet éloge, où un particulier loue un prince avec lequel il a quelque temps vécu dans l’obscurité, pouvait être précieux ; le souvenir des études de leur jeunesse et cette heureuse époque où l’âme, encore neuve et presque sans passions, commence à s’ouvrir au plaisir de sentir et de connaître, devait répandre un intérêt doux sur cet ouvrage ; mais nous ne l’avons plus, et nous n’en pouvons juger ; nous savons seulement qu’il était écrit en grec.
Arrêtez, s’écrie le poète ; que de faibles larmes ne coulent pas pour lui, c’est sur la tombe de la beauté, de la jeunesse et de l’enfance qu’il faut pleurer ; c’est là qu’il faut porter vos chants funèbres ; mais Newton veut d’autres hommages. » Puis tout à coup il s’écrie : « Honneur de la Grande-Bretagne, ô grand homme !
Nommons d’abord, à ce titre, un philosophe né dans les lieux qu’habita souvent Pindare, et mêlé dans sa jeunesse aux fêtes que le poëte avait illustrées.
Arnaud Daniel, de qui le célèbre Arnaud d’Andilly prétendait descendre, avait beaucoup écrit en latin dans sa jeunesse, et avait composé, en langue romane, un chant qu’il appelait les Visions du Paganisme, « las Phantomarias del Paganisme ». […] Tel autre troubadour, dans sa jeunesse, avait été envoyé à Toulouse, pour étudier le droit canon, et, après l’avoir longtemps appris, l’avait laissé là pour la gaye science. […] Non seulement elle eut cette abondance de fictions riantes et de récits poétiques, naturels à la jeunesse d’un peuple d’Orient ; mais elle connut aussi tous les travaux des littératures vieillies. […] Richard étant, comme nous l’avons dit, dans sa jeunesse, seigneur feudataire de l’Anjou, avait un commerce fréquent avec ces gentils troubadours de la Provence et de l’Auvergne ; il parlait et chantait leur langue. […] Ces poétiques souvenirs conservaient tant de force, que Milton, dans sa jeunesse, avait imaginé d’y consacrer un poëme épique, par lequel il se promettait d’immortaliser son nom.
Comme une jeune reine embellit une cour attristée par un roi sévère, elle apporte aux Enfers l’amour et la jeunesse. […] » Héliodore meurt en pleine jeunesse, en plein printemps : le poète la pleure avec effusion. […] Le génie grec se plaisait surtout à embellir la mort de la jeunesse ; il la couvrait du voile transparent des métamorphoses. […] Ailleurs, elle affecte les allures folâtres de la jeunesse : vous diriez le svelte squelette d’une danseuse ou d’un écolier. […] Elles ensorcellent la jeunesse de la ville, et font le dégât d’une invasion dans ses patrimoines.
L’éducation chrétienne de mon enfance et de ma jeunesse d’une part, d’autre part l’éducation bien plus littéraire que scientifique de toute ma vie ont, par des routes parallèles, abouti au même résultat, qui a été de me replier sur moi-même et de m’habituer à considérer le monde et l’ensemble des choses comme devant avoir à mes yeux beaucoup moins de prix que… mon âme. — Monstruosité ! […] Les vieilles humanités subissant aujourd’hui dans les écoles, en face de la science qui progresse à grands pas, un déclin parallèle à celui de la religion, l’avènement est probable et paraît prochain d’une jeunesse nouvelle entièrement désintéressée de la vie future, qui bornera toute son espérance à cette vie et à cette terre. […] Il est bien vrai que cette dure nécessité n’est guère faite pour rendre les classiques chers à la jeunesse. […] Mais l’idée utile que nous aurons développée, le fait nouveau que nous aurons éclairci, la vérité qui aura servi, grâce à nous, à l’instruction de la jeunesse studieuse, cela ne mourra point. […] Si ses parents, comme tout porte à le craindre, sont de médiocres amateurs des beaux-arts, le petit Phidias risque fort de passer sa jeunesse à garder les oies, et les larmes de Gray auront trop raison de couler.
Lui aussi rapporte une légende : il a entendu dire cela dans sa jeunesse. […] Personne ne s’étonnera que de ma jeunesse accidentée il me soit resté un fils. […] C’est un de mes bons souvenirs de jeunesse. […] Et de même, jusque dans un âge avancé, la gaieté est une jeunesse momentanée et même durable ; la gaieté est une crise de jeunesse, une crise qui peut même se prolonger assez longtemps. […] Par Zeus, on n’a jamais vu une telle passion pour la jeunesse.
Joseph de Maistre, madame de Staël, Chateaubriand, — ajoutons-y Walter Scott, — voilà les maîtres de Vigny, comme au surplus de toute la jeunesse de son temps. […] pour quels vieillards, qui n’auraient jamais connu de jeunesse ? […] Peut-être est-ce la pire leçon que l’on puisse donner à la jeunesse ; car, voulez-vous être nouveau ? […] La plupart de nos conteurs n’ont point écrit pour la jeunesse, et on ne saurait guère commenter ou lire dans les classes ni Rabelais, ni l’Heptaméron, — quoique, de ce dernier livre, l’inspiration soit plutôt morale, — ni les Contes de La Fontaine, ni Candide, ni encore la Nouvelle Héloïse. […] C’est ce qu’il convient de montrer, et qu’on peut bien préférer, pour son goût personnel, Chateaubriand à Bourdaloue, mais non pas comme éducateur de la jeunesse, ni comme modèle de l’art d’écrire, de composer et de penser.
Mais la véritable école de la jeunesse commençait avec son entrée dans le monde. […] Et regardons plutôt la tradition comme une fable, ou peu s’en faut, inventée par de pieux amis pour réconcilier avec l’Église la mémoire d’un homme dont la jeunesse au moins l’avait si fort scandalisée. […] On le trouble dans ses plaisirs, on l’empêche de recruter des acteurs pour son théâtre parmi la jeunesse de Genève : « Les prêtres de Genève ont une faction horrible contre la comédie ; je ferai tirer sur le premier prêtre socinien qui passera sur mon territoire. […] Il n’importe que le citoyen de Genève, comme on l’a dit, fût né de famille bourgeoise : les aventures de sa triste jeunesse l’avaient assez tôt déclassé. […] Que saurions-nous aujourd’hui de la jeunesse de Rousseau, de quelques-unes des plus tristes aventures de sa vie, si lui-même, dans ses Confessions, n’avait cru devoir nous les apprendre ?
La vie est courte, ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer, et l’on remet à l’avenir son repos, ses joies, à cet âge où souvent les meilleurs biens ont déjà disparu, la santé et la jeunesse. […] Et qui ne retrouve sous cette histoire particulière de notre siècle l’histoire éternelle du cœur, l’Hamlet de Shakespeare, l’adolescent généreux ennobli par les caresses de la famille et les illusions de la jeunesse, qui tout d’un coup, tombé dans le bourbier de la vie, suffoque, se débat, sanglote, et finit par s’y installer ou s’y noyer ? […] La source de ce style est la désillusion ; l’expérience les a bronzés et brisés ; ils jugent la vie laide et sale, et ils jettent de la boue avec colère et avec plaisir contre l’essaim brillant des beaux songes qui viennent bourdonner et voltiger au seuil de la jeunesse. […] Dès sa première jeunesse, on aperçoit en lui ce mélange. […] Ces reploiements de mélancolie ardente, cette surabondance de sensations intenses et brisées annoncent la profonde science du cœur et le délire de passion qui va produire et dévaster son drame. — Quel contraste, en regard, que la jeunesse de Racine !
« Le bonhomme Chapelain, écrit Mme de Sévigné, trouve l’Adone délicieux en certains endroits, mais d’une longueur assommante82. » Il est vrai qu’il était alors octogénaire, et que déjà les satires de Boileau avaient fait peur aux amis de l’Italianisme des admirations de leur jeunesse. […] Malgré les vives lumières d’esprit dont le loue Bossuet, il osait à peine se prononcer entre les poètes contemporains de sa jeunesse et les nouveaux venus ; et si à une lecture de la Pucelle il avait trouvé les vers « un peu ennuyeux », il n’allait pas jusqu’à ne les point trouver admirables. […] Neuf satires, dont quatre exclusivement littéraires, et les autres semées de traits contre les poètes contemporains, des préfaces agressives, des ouvrages satiriques en prose133, des apologies de la satire, remplissent ces huit années, qui conduisent Boileau de la jeunesse à l’entrée de l’âge mûr134. […] Du côté de Boileau, la raison est soutenue par la confiance de la jeunesse, et les attaques sont sans ménagements.
Les jeux de la jeunesse, ou troyens, remontaient aux temps les plus reculés, à la descente d’Énée en Italie. […] On les célébrait dans le cirque ; et celui qui présidait à cet exercice militaire s’appelait prince de la jeunesse, titre qu’on n’accordait qu’au successeur de César. […] Tous les deux agissaient de concert pour diriger plus facilement vers des plaisirs licites la jeunesse fougueuse de leur élève, s’il arrivait que la vertu fût pour lui sans attrait. […] Il ne tarde pas à instituer les jeux de la jeunesse (TACIT. […] S’il vous paraît que, dans les sentiers glissants, je cède à la pente de la jeunesse, que ne m’arrêtez-vous ?
L’amour est l’ivresse de l’homme adulte : l’amitié est la passion de la jeunesse ; c’est alors que j’étais lui, qu’il était moi. […] Avec quel plaisir mon père, qui l’avait vu dans sa jeunesse, nous entretenait de son maintien, de son caractère et de ses opinions ! […] Pourquoi tant de besoin et si peu de succès de l’éducation dans la jeunesse ? […] Sénèque ne se contredit-il pas, lorsqu’il reproche à Apicius d’inviter à la débauche une jeunesse portée au mal, même sans exemple ? […] Pères, et vous, instituteurs de la jeunesse, lisez et relisez le chapitre XXI du même livre.
Trois ans, et elle allait éclater pour la sacrification de nos jeunesses. […] Fille d’Agamemnon, c’est moi qui la première, Seigneur, vous appelai de ce doux nom de père ; C’est moi qui si longtemps le plaisir de vos yeux, Vous ai fait de ce nom remercier les Dieux, (Quels vers ; une douceur unique ; et il n’en reste qu’un arrière-goût de cruauté filiale pour ainsi dire ; un goût, une sorte de cruauté filiale de jeune Atride, d’on ne sait quelle jeune Atride, avec tous les raffinements, comme en germe, en filial, en jeunesse, en jeune bourgeon. […] Tout le jeune héroïsme du Cid, tout l’héroïsme chrétien, tout l’héroïsme chevaleresque, toute la jeunesse, tout l’héroïsme, toute la chevalerie du Cid promue dans Polyeucte, en jeunesse éternelle, en héroïsme et comme en chevalerie de sainteté. Toute cette jeunesse temporelle, toute cette jeunesse charnelle muée, promue en jeunesse éternelle. […] Quand je vois la solidité assise d’un Millerand, ce buste carré, ces épaules carrées, ce front carré, cette volonté carrée, ce jugement carré, assis comme une lourde table de chêne, cette énergie presque rude et presque comme sommaire, ces yeux plantés, sous une énorme arcade, sous cette broussaille de poils gris, ce regard bleu, gros, plein de force, je me laisse aller à croire, je crois volontiers que ce n’est qu’un temps, qu’il y a une deuxième jeunesse.
XII Éloa confirma sa renommée de grand poète parmi la jeunesse de Paris. […] Mais la révolution de 1830, qu’il vit avec déplaisir et qui lui enlevait le roi de sa jeunesse et les salons de sa gloire naissante, le confirma dans l’idée d’écrire pour ce public anonyme qui ne donne pas la gloire, mais l’engouement. […] — C’est dans la première jeunesse qu’il sent sa force naître, qu’il pressent l’avenir de son génie, qu’il étreint d’un amour immense l’humanité et la nature, et c’est alors qu’on se défie de lui et qu’on le repousse.
Dans la grande incertitude morale et religieuse ou se débat la jeunesse contemporaine, il nous a paru que ces pages, écrites par un jeune homme, pourraient être utiles à quelques-uns. […] Paul Bourget eut sa jeunesse à cette date. […] Quoi d’étonnant à ce que, jetés aux idées comme les anciens martyrs étaient jetés aux bêtes, notre jeunesse en soit déchirée et que nous demeurions, pour le reste de nos jours, hésitants, sceptiques et raisonneurs ? […] Il faudrait, pour en triompher, plus que du travail et plus que du talent, il faudrait cette vigueur de jeunesse et cette impulsion souveraine que les grandes espérances donnent aux grandes âmes. […] Dès qu’on en est venu à s’interroger sur certaines questions, c’en est fait des abandons de la jeunesse… Ainsi arrive-t-il que le dissolvant le plus actif de la croyance est l’étude la plus légitime en apparence, la plus innocente, la plus nécessaire, celle des livres bibliques, et celle des faits évangéliques.
C’est ainsi qu’il passe de l’extrême jeunesse à l’extrême vieillesse sans transition. […] Se prévaloir du titre de fils de l’antiquité classique à rencontre de ceux qui ne datent que d’eux-mêmes, c’est prétendre à la supériorité de la décrépitude sur la jeunesse, ou bien à celle du rejeton atrophié et vicié d’une famille illustre sur l’anonyme et robuste enfant de la plèbe. […] C’est pourtant là ce qu’on appelle, non sans une inconsciente ironie : « façonner le cœur et l’intelligence de la jeunesse », « préparer des hommes »… D’où le résultat normal qui s’avère, la fabrication sur une large échelle de générations ignorantes, prétentieuses, non armées, à l’esprit prématurément vieilli et faussé, d’êtres qui, non seulement ont perdu leur jeunesse et qui ignorent presque tout ce qu’ils devraient savoir, mais dont le cerveau a subi une entorse définitive. […] ∴ Je me souviens d’avoir entendu un jour cet argument : « Comment pourrait-on désespérer de l’avenir des peuples latins, à voir, en leur sein, une jeunesse qui s’élève à la conscience, une élite qui s’efforce et qui lutte ? […] Autour de quelques individualités fermes et conscientes, ou même sans autre appui que sa propre aspiration, une jeunesse s’est groupée dans les pays du Sud.
Daudet, du Daudet de la jeunesse, bien entendu. […] C’est qu’en effet ce livret maladif d’art et de passion met dans le jour le plus vif les habitudes morales d’une jeunesse d’extrême civilisation, clairsemée dans la foule assurément, mais qui, si on en réunissait les membres épars, apparaîtrait plus compacte qu’on ne croit. […] Eugène Parès197 ; et en général les auteurs du Magasin d’éducation et de récréation, de la Bibliothèque rose, du Journal de la jeunesse et de L’Ouvrier. […] Dumas a raconté cette crise de son génie dans ce fragment de La Dame aux perles : « Jusqu’au jour où Jacques avait connu la duchesse, il avait été un homme de talent, mais comme il y en a beaucoup, comme il y en aura toujours, comme tout le monde peut le devenir avec un peu d’étude, de jeunesse, de nature et de sentiment. […] Monographie attachante, au demeurant, écrite dans cette jolie langue souple et dorée que vous connaissez bien, avec je ne sais quelle vague tristesse, comme un rappel de souvenirs, la gloire perdue, l’oubli qui vient… Le livre s’appelle : Toute la jeunesse.
Cet homme est encore dans la vigueur du corps et de l’esprit ; il a été à la fois dans sa jeunesse le Molière et le Tacite de son temps ; il a fait la Mandragore et l’Histoire de Florence ; il a passé de là aux plus hautes magistratures décernées au mérite par le choix libre de ses concitoyens ; il a été quinze ans secrétaire d’État de la république ; il a été vingt-cinq fois ambassadeur de sa patrie auprès du pape, du roi de France, du roi de Naples, de tous les princes et principautés d’Italie ; il a réussi partout à rétablir la paix, à nouer les alliances, à dissoudre les coalitions contre son pays. […] Nous sommes étonné qu’on ne mette pas le commentaire de Machiavel sur Tite-Live dans les mains de la jeunesse moderne qui se destine à la vie publique : ce serait un cours de sagacité.
Ainsi est faite la jeunesse ; elle essuie vite ses yeux ; elle trouve la douleur inutile et ne l’accepte pas. La jeunesse est le sourire de l’avenir devant un inconnu qui est lui-même.
Le génie de Montesquieu n’était pas là, et les Lettres persanes avaient été une bonne fortune de sa jeunesse. […] On passa toute sa jeunesse à les apprendre, toute sa vie à les pratiquer.
N’entrevoit-on pas aussi plus d’une fois que les farces de la jeunesse de Molière ont été les germes des comédies de sa maturité ? […] Une fois établi à Paris, une fois en possession de la gloire et du succès, il aurait pu regretter les durs temps de sa jeunesse.
Fabre, De la correspondance de Fléchier avec Mme Deshoulières et sa fille, Paris, 1871, in-8 ; la Jeunesse de Fl. […] la Jeunesse de Massillon, l’Épiscopat de Massillon, Paris, Plon, in-8, 1884 ; Ingold, l’Oratoire et le Jansénisme au temps de Massillon, in-8, 1880.
On l’a déjà dit avant nous, il y a bien plus de calme religieux, de croyance arrêtée dans les odes de la première jeunesse de Victor Hugo, que dans ces Feuilles d’automne, où sa rêverie, si puissante et si triste, creuse si profondément. […] Byron dans tous ses ouvrages et dans toute sa vie, Goethe dans Werther et Faust, Schiller dans les drames de sa jeunesse, Chateaubriand dans René, Benjamin Constant dans Adolphe, Senancourf dans Oberman, Sainte-Beuve dans le livre que nous venons de caractériser, une innombrable foule d’écrivains anglais et allemands, et toute cette littérature de verve délirante, d’audacieuse impiété et d’affreux désespoir qui remplit aujourd’hui nos romans, nos drames et tous nos livres, voilà l’école ou plutôt la famille de poètes que nous appelons Byronienne : poésie inspirée par le sentiment vif et profond de la réalité actuelle, c’est-à-dire de l’état d’anarchie, de doute et de désordre où l’esprit humain est aujourd’hui plongé par suite de la destruction de l’ancien ordre social et religieux (l’ordre théologique-féodal) et de la proclamation du principe de l’Égalité, qui doit engendrer une société nouvelle.
* * * — Des collégiens dans le chemin de fer : — Les Millions de la tante Zézé, dans le Journal de la jeunesse, c’est ça qui est chic. […] Samedi 30 décembre Au milieu de la gaieté et du tapage des conversations, Nittis adossé à son bureau du fond de l’atelier, me dit dans sa jolie langue enfantine, sur une note mélancolique : « Oh, quand on a passé la première jeunesse… quand il n’y a plus dans les veines, un certain bouillonnement du sang… la vie, ce n’est plus guère attachant… et moi encore tout enfant — j’avais dix ans — j’ai entendu : « Il y a un « monsieur qui s’est tué… » c’était de mon père qu’il s’agissait… vous concevez la vie fermée que ça m’a fait là-bas… deuil et solitude… et des notions tout élémentaires… lire et écrire : ç’a été tout… le reste c’est moi qui me le suis donné… je me suis entièrement formé par la réflexion solitaire… cela m’a laissé une naïveté… et vous concevez que dans la société actuelle cette naïveté… » Nittis ne finit pas sa phrase.
Taine a tenté d’établir entre l’artiste et l’habitatdp soit de sa jeunesse et de sa famille, soit de sa race, à l’exemple de Sainte-Beuve qui avait déjà essayé d’expliquer par cette cause le talent de certains écrivains. […] Henri Heine, Musset, sont la lecture des jeunes gens et leurs œuvres portent, en effet, certains même des signes physiologiques de la jeunesse ; Horace est sénile et ne plaît qu’aux vieillards.
Il reconnaît confusément les sites sauvages où il a passé sa jeunesse avec Sita. […] Un témoin s’écrie, en le regardant : « Il me rappelle Rama, tel qu’il était dans sa jeunesse, lorsqu’il lançait ses flèches contre les esprits impurs.
VII Analysez d’un seul regard la profondeur de cette combinaison vraiment surhumaine, qui faisait invectiver Job et délirer Pascal, et qui m’inspirait à moi-même, dès ma jeunesse, les vers suivants, dans la méditation du désespoir. […] Demandez-le au soldat qui consume les plus belles années de sa jeunesse à passer la même arme de son bras droit à son bras gauche, à mesurer son pas en cadence sur le pas d’un autre automate pensant, à tuer sans haine, à être tué sans que la gloire même sache son nom, ou à traîner ses membres mutilés sur un champ de bataille pour une ration de pain trempée de son sang !
M. de la Harpe a couru dans sa premiere jeunesse la carriere de la Héroïde ; & lorsqu’il fit imprimer les siennes, il se permit de critiquer sévérement celles de M. de Fontenelle, dont je n’ai point parlé. […] Ses moralités sont quelquefois tirées de trop loin ; & il insinue d’autres fois des maximes, dont la conséquence seroit dangereuse pour la jeunesse.
Ils vont dévotement dans les églises où ils faisaient, au temps de leur jeunesse, de si bonnes farces pendant les messes de minuit ; ils protègent les couvents qu’ils faisaient un peu piller à la barrière d’Enfer, le 29 juillet 1830 ; ils demandent l’absolution de leurs vieux péchés et font pénitence aux genoux de deux ou trois d’entre eux qu’ils ont pieusement choisis ad hoc. […] Il dogmatisa longuement, houspilla le récipiendaire pour ses folies passées, lui donna l’absolution, et lui déclara que maintenant ses péchés de jeunesse lui étaient remis en faveur de sa conversion.
Villehardouin décrit peu ; le genre descriptif n’était point inventé alors parmi nous, et le vieux croisé est le contraire de cette brillante et habile jeunesse née de Chateaubriand, qui en sait dire encore plus long qu’elle n’en pense sur tout sujetp : lui, il en dit encore moins qu’il ne sent.
Par son cri d’alarme, il fait bien sentir le danger où fut à une certaine heure la France de se réveiller toute calviniste, au moins par la tête, c’est-à-dire à la Cour, dans les classes élevées et même dans la haute bourgeoisie ; car il y eut un moment de mode presque universelle pour la nouvelle religion ; la jeunesse parlementaire en était plus ou moins atteinte : « Il n’était fils de bonne mère, dit Montluc, qui n’en voulût goûter. » Montluc ne fait point la part de la conviction et de la conscience chez bon nombre de ses adversaires ; mais chez les chefs et les grands il fait très bien la part des motifs ambitieux et intéressés : « Si la reine (Catherine de Médicis) et M. l’amiral (de Coligny) étaient en un cabinet, et que feu M. le prince de Condé et M. de Guise y fussent aussi, je leur ferais confesser qu’autre chose que la religion les a mus à faire entretuer trois cent mille hommes, et je ne sais si nous sommes au bout… » Homme d’autorité et royaliste de vieille roche, il met bien à nu et dénonce l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État.
On aime à rejoindre ces détails sur le Bossuet de la fin et sur son bel organe, éclatant une dernière fois, avec ce que le même biographe nous a dit de lui dans sa jeunesse, quand il nous le montre affectionné à chanter l’office de l’Église et les psaumes : « Il avait la voix douce, sonore, flexible, mais aussi ferme et mâle.
Enfin, en la mettant au premier rang, le jury a cédé à une impression unanime reçue par lui à plus d’une reprise ; il a cru couronner, et il ne s’est pas trompé, quelque chose de la naïveté, du mouvement et de la grâce de la jeunesse.
On fit applaudir sous la coupole de l’Institut les vers que voici, et dans lesquels le poète de plus en plus sage faisait comme abjuration de cette bien innocente erreur, de son culte un peu druidique pour le chêne et pour les forêts : Fais tes adieux à la folle jeunesse ; Cesse, ô rêveur abusé trop souvent, De souhaiter que la feuille renaisse Sur tes rameaux desséchés par le vent.
Il commence ce pèlerinage, qui asurtout pour objet la Suisse catholique, par une diatribe violente contre Genève, où l’on célébrait, quand il ypassa, l’inauguration de la statue de Jean-Jacques, un sujet tout trouvé d’anathème : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, s’écrie l’auteur, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence… » Je laisserais ce passage et le mettrais sur le compte de la jeunesse, si les mêmes sentiments d’exécration ne revenaient sans cesse sous la plume de l’auteur ; si, dans ces volumes de Çà et Là où il y a de charmants paysages et de beaux vers pleins de sensibilité, je ne voyais, lors d’une nouvelle visite à Genève (chapitre Du Mariage et de Chamounix), la même répétition d’injures contre la statue et les mêmes invectives contre les Genevois en masse.
Il est très galant dans sa jeunesse, mais fort inégal et trop délicat.
J’accepte la comparaison qu’ils font de l’humanité avec un seul homme, qui a eu son enfance, son adolescence, sa jeunesse, et qui est maintenant dans sa maturité.
Lui-même, avec les années, il avait changé, et devenu depuis 1815 diplomate au service de l’Autriche, conservateur du vieil ordre européen, il voyait les choses d’un tout autre point de vue que dans sa jeunesse. — Les détails, d’ailleurs, qu’il nous donne sur la réception de la députation polonaise par l’Empereur le 24 janvier 1808, sont piquants et d’une familiarité d’expression à laquelle je renvoie.
Je le vois encore avec sa petite taille, sa tête portée en arrière, son geste pétulant, cette figure dont on a dit « qu’elle ressemblait à celle du péché mortel vieilli. » J’eus beau faire, je n’avais encore rien rabattu en moi, à cette époque, des hauts dégoûts et des dédains superbes de la jeunesse ; on l’entourait, on faisait cercle, on l’appelait Monseigneur à tour de bras : pour moi, je ne pus parvenir à rattacher à la figure du personnage rien qui ressemblât à de la considération et à du respect.
Beugnot crut retrouver sous les Bourbons, en ces premiers moments, une renaissance de ce gouvernement paternel qui lui avait souri dans sa jeunesse sous Louis XVI.
Il n’est pas moins vrai que le jeune abbé malgré lui, fier et délicat comme il était, dut ressentir avec amertume l’injustice des siens : quoique d’un rang si distingué, il entrait dans le monde sous l’impression d’un passe-droit cruel dont il eut à dévorer l’affront ; il se dit tout bas qu’il saurait se venger du sort et fixer hautement sa place, armé de cette force qu’il portait en lui-même, et qui déjà devenait à cette heure la première des puissances, — l’esprit si la théologie avait pu être en passant une bonne école de dialectique, il faut convenir encore que cette nécessité où il se vit aussitôt de remplir des fonctions sacrées, sans être plus croyant que l’abbé de Gondi ; que cette longue habitude imposée durant les belles années de la jeunesse d’exercer un ministère révéré et de célébrer les divins mystères avec l’âme la moins ecclésiastique qui fût jamais, était la plus propre à rompre cette âme à l’une ou l’autre de ces deux choses également funestes, l’hypocrisie ou le scandale.
J’épuiserai enfin le petit trésor manuscrit qui a été mis à ma disposition, en indiquant quelques vers de la jeunesse de Sénancour, une romance sur le rossignol, une espèce d’épître intitulée : J’ai vu, dans la forme, sinon dans le genre de la pièce attribuée à Voltaire, et qui fut composée à vingt-six ans.
Il y a moins de désaccord qu’on ne le supposerait, entre les vues de la jeunesse et celles de la maturité.
Les vers de sa jeunesse le rapprochent des Voiture, des Benserade, des Segrais, des poètes mondains, raffinés, spirituels et froids : voilà d’où il part, et peu à peu il se dégage de leur compagnie.
Si, lors du mouvement symboliste, à peine terminé depuis trois ans après avoir occupé douze années, lors de cette confuse aspiration de la jeunesse française vers une réunion de tous les arts sous l’influence de Wagner et de l’internationalisme, un critique de haut sens moral s’était levé pour arrêter les polémiques inutiles et substituer la logique aux dédains des critiques et aux saillies des nouveaux venus, il aurait précisé l’un des plus curieux mouvements intellectuels du siècle, et peut-être développé deux ou trois conséquences fécondes de cette crise pleine d’intentions et de promesses ; il y avait là un rôle considérable et bienfaisant à remplir, le rôle de Heine dans le second romantisme allemand, après Schlegel et Tieck, le rôle de Baudelaire, de Gautier et de Nerval, en 1840, le rôle de Taine dans les débuts du rationalisme, le rôle de William Morris dans les tentatives de socialisation d’art qui suivirent le préraphaélisme, le rôle professoral de César Franck dans l’école symphonique après Wagner ; ce rôle, personne ne se présenta pour le tenir, et si le symbolisme a avorté, s’est restreint à un dilettantisme de chapelle alors qu’il était parti pour une bien plus grande tentative, c’est à cause des obstinées plaisanteries des critiques superficiels, à cause du manque d’intelligence logique dans l’école, autant et plus qu’à cause des défauts eux-mêmes des symbolistes.
Verhaeren, illuminer le mouvement nécessaire et décisif : Il marcha vers elle et lui prit la main, Viril et franc, Elle fléchit le front comme une enfant, Et soudain beau de toute sa jeunesse Et de sa volonté et de son bel amour, Sans un détour, Il la prit sans un cri et sans un geste Et sans un mot, Bondit debout dans ses étriers Et cabra son cheval vers un galop.
Mais, à défaut des clients qui découpent et collectionnent les rez-de-chaussée d’Henry Gréville, les jeunesses instruites, celle qui bouquine sous l’Odéon, celle de Nancy, celle de Marseille, sont avec les écrivains d’aujourd’hui, dont le suc un peu fort séduit leurs palais éduqués.
Sa jeunesse échappa aux légèretés et aux dérèglements qui sont l’ordinaire écueil : sa nature, à lui, était très capable d’orages ; ces orages, il les eut, il les épuisa dans la sphère de la science, et surtout dans l’ordre des sentiments religieux.
Enfin le possesseur de cette curieuse intelligence, il faut le figurer jeté dès sa jeunesse, avec son frère et son semblable, dans les remous de la vie parisienne, promenant l’aigu de son observation, la délicate nervosité de son humeur, dans le monde des petits journaux, des cafés littéraires, des ateliers, dans les grands salons de l’empire, habitant aujourd’hui une maison constellée de kakémonos et rosée de sanguines, le cerveau nourri par une immense et diverse lecture : à la fois érudit, artiste et voyageur, au fait de l’esprit des boulevards, de celui de Heine et de celui de Rivarol, instruit des très hautes spéculations de la science, l’on aura ainsi la vision peut-être exacte, en ses parties et son tout, de cet artiste divers, fuyant exquis, spirituel, poignant, solide l’auteur des livres les plus excitants et les plus suggestifs de cette fin de siècle.
Les qualitez exterieures comme la beauté, la jeunesse, la majesté et la douceur que le peintre peut donner à ses personnages, ne sçauroient nous interesser à leur destinée autant que les vertus et les qualitez de l’ame que le poëte peut donner aux siens.
Ceux qui en font à présent l’objet d’une étude spéciale s’y livrent beaucoup trop tard ; ils ont perdu le temps de leur première jeunesse à cultiver des lettres sans avenir et sans horizon.
Aux premiers temps de sa jeunesse.
Dante appartient encore au lyrisme par l’œuvre de sa première jeunesse, la Vita nuova ; mais son génie est surtout épique ; avant l’exil déjà, il a conçu l’idée de la Divine Comédie.
C’est à elle que Louis XIV dut les principales qualités de son âme ; cette droiture, ennemie de la dissimulation, et qui ne sut presque jamais s’abaisser à un déguisement ; cet amour de la gloire qui, en élevant ses sentiments, lui donnait de la dignité à ses propres yeux, et lui faisait toujours sentir le besoin de s’estimer ; cette application qui, dans sa jeunesse même, fut toujours prête à immoler le plaisir au travail ; cette volonté qui savait donner une impulsion forte à toutes les volontés, et qui entraînait tout ; cette dignité du commandement qui, sans qu’on sache trop pourquoi, met tant de distance entre un homme et un homme, et au lieu d’une obéissance raisonnée, produit une obéissance d’instinct, vingt fois plus forte que celle de réflexion ; ce désir de supériorité qu’il étendait de lui à sa nation, parce qu’il regardait sa nation comme partie de lui-même, et qui le portait à tout perfectionner ; le goût des arts et des lettres, parce que les lettres et les arts servaient, pour ainsi dire, de décoration à tout cet édifice de grandeur ; enfin, la constance et la fermeté intrépide dans le malheur, qui, ne pouvant diriger les événements, en triomphait du moins, et prouva à l’Europe qu’il avait dans son âme une partie de la grandeur qu’on avait cru jusqu’alors n’être qu’autour de lui.
Vous savez d’ailleurs que le point de départ, ou plutôt que le fond de Mélite était fait d’une aventure de la jeunesse du poète17 ; et n’est-ce pas comme si nous disions qu’au lieu de la caricature, c’était déjà, timidement et gauchement, la peinture des mœurs contemporaines qui s’insinuait par-là dans la notion de la comédie ? […] Oui, pour la complication ou l’obscurité de l’intrigue, pour l’exagération des caractères, pour la nature de l’éloquence et la force du style, c’était bien lui, sa Rodogune ; c’était lui tout entier, avec toutes ses qualités, vous l’allez voir, sauf peut-être cette flamme de jeunesse et de passion que je crains qu’il ne prisât pas assez haut dans son Cid ; et c’étaient bien aussi tous ses défauts, sans en excepter ceux dont il était presque plus fier que de ses qualités. […] Mais on peut bien leur accorder, je crois, que l’École des femmes a quelque chose de plus aisé, de plus libre, de plus vif peut-être, la naïveté d’Agnès, le sourire d’Horace ; et je ne sais quelle fleur de jeunesse ou quel éclat nouveau qui brille en elle, comme dans le Cid de Corneille, comme dans l’Andromaque de Racine. […] et l’intérêt même de sa réputation, ses amis, ses goûts, sa jeunesse, son génie, tout enfin ne devait-il pas le pousser du côté de la nouveauté ? […] Il a eu peur de sa jeunesse, peur surtout de son œuvre, et plus sévère que son ami Boileau, plus sévère qu’Arnauld même, il les a condamnées sans retour.
Le seul honnête homme est George III, un pauvre lourdaud borné qui devint fou, et que sa mère avait tenu comme cloîtré pendant sa jeunesse. […] Nous sommes encore disposés à tenir un compte indulgent des pernicieuses leçons que vous avez reçues dans votre jeunesse et à fonder les plus hautes espérances sur la bienveillance naturelle de vos inclinations. […] La force, c’est là leur trait, et celui du plus grand d’entre eux, le premier esprit de ce temps, Edmund Burke. « Prenez Burke à partie, disait Johnson, sur tel sujet qu’il vous plaira ; il est toujours prêt à vous tenir tête. » Il n’était point entré au Parlement, comme Fox et les deux Pitt, dès l’aurore de la jeunesse, mais à trente-cinq ans, ayant eu le temps de s’instruire à fond de toutes choses, savant dans le droit, l’histoire, la philosophie, les lettres, maître d’une érudition si universelle qu’on l’a comparé à lord Bacon. […] Pauvre, inconnu, ayant dépensé sa jeunesse à compiler pour les libraires, il était parvenu, à force de travail et de mérite, avec une réputation pure et une conscience intacte, sans que les épreuves de sa vie obscure ou les séductions de sa vie brillante eussent entamé son indépendance ou terni la fleur de sa loyauté.
Si la foi avait pu s’accroître dans cette intelligence, qui, dès l’extrême jeunesse, ayant à choisir entre Homère et la Bible, préféra la Bible, elle se serait accrue sans doute par cette étude de chaque jour, soit des dogmes, pour en défendre l’interprétation, soit du gouvernement de l’Eglise, pour en établir la suite et l’unité. […] De ce haut état où le portait la méditation religieuse, comment consentir à descendre dans le détail de la vie, à s’intéresser aux passions de l’homme, à ses misères, à ses grandeurs, à ses talents, au génie, à la beauté, à la jeunesse, à la gloire ? […] Dès sa jeunesse, il fut saisi des beautés de la Bible, et il s’y attacha, pour s’en nourrir jusqu’à la mort. […] Il recommença pour l’éducation du dauphin les études de sa jeunesse.
Il était venu dès sa jeunesse à Paris, et s’y était lié étroitement avec Goldoni. […] Mais je doute que Menjaud, qui jouait, dit-on, les marquis dans la perfection, eût la jeunesse et la gaminerie élégante qui conviennent au rôle de Leslie. […] Lui, épouser cette fleur de jeunesse et de beauté ! […] Sa jeunesse s’est passée dans les plaisirs et les voyages ; il a été à Rome, ce qui était, à cette époque, très rare et fort dispendieux. […] Delaunay a été, tout le long du rôle, charmant de jeunesse, de bonne grâce, d’amour tendre et d’aimable persiflage.
La vieillesse d’Hélène et celle de Pénélope se sont évanouies pour laisser la place à la fraîcheur et aux sources de jeunesse : un regard bleu exorcise les fantômes luxurieux d’Orient, — et Célestine nous indique la vraie science du bonheur et du malheur : la vie triste et manquée est celle qui a demandé au sort qu’il jette ses dons dans les plus disproportionnées chaussures, les hommes avides et sans goût lui tendent à remplir des souliers trop grands qui ne sont pas les leurs. […] Toutes deux, également belles bien entendu, diffèrent apparemment beaucoup dans leur chair ; Aurore est une Russe qui fait à Vignerte dans la manière d’Astiné Aravian à Sturel le récit de ses aventures aristocratiques, décousues, pittoresques et savoureuses, et à qui ces aventures de jeunesse ont donné le dégoût de l’homme, de sorte qu’elle est pour bien dire, ou plutôt pour ainsi dire, vierge. […] La vie réalisée et dégagée sous cette forme créatrice et maternelle, durant les belles années qui allèrent des Scènes de la vie cléricale à Romola, ce fut l’ordre où Mary Evans mit au jour le meilleur d’elle-même, fut vraiment elle-même avec plus de vérité peut-être qu’elle n’en comportait aux temps de jeunesse où elle passait par ses grandes crises religieuses et morales. […] Et récemment l’auteur de La Jeunesse de Benjamin Constant, M. […] La jeunesse, pour l’art, est l’âge de la vie, non l’âge du plaisir.
Lui-même, dans sa jeunesse, avait poussé loin dans la physiologie, on s’était trouvé interne dans un hôpital. […] C’est souvent le cas chez ceux qui, comme Gleyre, étant nés pauvres, ont longtemps pâti, produisent péniblement, et ne sont arrivés que tard à l’aisance : un louis leur représente, même dans l’âge mûr, l’effort très grand qu’ils ont dû faire pour le gagner dans leur jeunesse. […] C’est la réflexion qui, ramassant les points noirs épars çà et là dans la vie, les délaye et les étend comme une teinte grise sur tout l’horizon : de là vient la mélancolie moderne. — Dans l’enfance et la jeunesse de Gleyre, les points noirs avaient été nombreux. […] Il a de la verve, la verve de la jeunesse ; la plupart de ses débuts sont heureux ; dès la première page, au moyen d’une anecdote, il met son personnage en scène. […] Dès sa première jeunesse il avait longuement étudié le droit public, l’économie politique et l’histoire, non pas en écolier ou en amateur, mais en penseur original et en critique indépendant.
Mais l’héroïsme de la victime reste tout humain ; elle-même en donne des raisons égoïstes : « … Je n’ai pas voulu vivre séparée de toi avec mes enfants orphelins ; et je me suis sacrifiée, bien que parée de ces dons de la jeunesse qui faisaient ma joie. » Elle fait promettre à Admète de ne point donner de marâtre à ses enfants. […] Un jour, je tombai sur la Jeunesse pensive. […] Mais la Jeunesse pensive est étrangement originale par la délicatesse, la beauté et la bravoure naïve du sentiment. […] C’est donc pour rien que la malheureuse Julie a enterré au cloître sa jeunesse toute vive ! […] Il sent l’âge le gagner : les dix-huit ans qui le séparent de sa femme se traduisent par une différence extrêmement sensible de température ; et, comme la troisième jeunesse a notablement ralenti son inspiration sentimentale, il s’aperçoit décidément qu’un homme a tout de même autre chose à faire au monde que l’amour.
Une jeune fille élevée intellectuellement, devenue une intellectuelle, peut aimer un homme d’âge intellectuel lui-même ; une jeune fille non instruite, jamais ; celle-ci suivra le mouvement naturel qui est que la jeunesse aille vers la jeunesse, La seule chance qu’aurait pu avoir Arnolphe d’être aimé est donc celle qu’il a supprimée en ne se spiritualisant pas lui-même et en ne spiritualisant pas sa protégée. […] Ce vice est plutôt l’effet de l’âge et de la complexion des vieillards qui s’y abandonnent aussi naturellement qu’ils suivaient les plaisirs dans leur jeunesse ou leur ambition dans l’âge viril. […] Il rencontre la nature féminine primitive, toute d’instinct, allant droit à la jeunesse et à l’amour, au genre d’amour que peut donner la jeunesse, et en même temps ingénument fourbe ; et d’autre part il rencontre la civilisation qui ne lui permet pas de dompter la femme comme dans les temps primitifs, qui ne lui permet pas de la parquer, de l’enchaîner et de la faire garder par des eunuques. […] La belle chose que de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle, de s’ensevelir pour toujours dans une passion et d’être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! […] Molière l’a vu dans Paris ou en province ; il est un des bourgeois qu’il a observés non loin des Halles dans sa première jeunesse ou dans quelque ville au cours de ses campagnes théâtrales.
Moréas, qui fut symboliste et vers-libriste en sa jeunesse et qui même fut le Joachim du Bellay de cette insurrection littéraire, revint, comme on sait, brusquement, au classicisme ; et même, avec la fougue des néophytes, à l’archéo-classicisme. […] Il l’a joué avec impétuosité et jeunesse, peut-être avec une insuffisante gaieté. […] Cela s’ajoute ; c’est le même attrait avec la jeunesse en plus. […] Pour en revenir à des Arcis, il tient à Blanche pour sa jeunesse, pour la pureté qu’il lui suppose, pour sa vertu, pour sa froideur et pour sa dévotion. […] Je ne sais pas ce qu’il fit de sa jeunesse, de 1815 à 1821.
X Bernardin de Saint-Pierre était alors un beau vieillard semblable à Platon ; ses cheveux blancs couronnés de roses, parfumés du souvenir de Paul et Virginie, rappelaient et écartaient à la fois les images de la vieillesse en annonçant l’éternité de la jeunesse. […] J’ai beaucoup connu, dans ma première jeunesse, une de ses tantes, chanoinesse, amie de ma mère, retirée à Lyon ; quelque chose d’aventureux et d’héroïque dans sa physionomie révélait en elle je ne sais quel ressouvenir martial, empreint dans les races héroïques. […] XIII Aimé Martin, après avoir relevé la fortune de cette jeune femme par l’édition des Œuvres de Bernardin de Saint-Pierre, dans laquelle la veuve l’aidait, composa en vers et en prose, procédé littéraire fort usité alors, des Lettres sur la mythologie, qui eurent un double succès ; se livra à des travaux importants sur l’éducation des mères de famille, source de toute lumière dans le cœur ; puis, à des éditions de nos grands écrivains, qu’il connaissait mieux que personne ; enfin, il étudia Molière, et le commenta en six volumes ; c’était la résurrection du classique, genre fort méprisé de la jeunesse de cette époque.
On constate la tendance de la jeunesse actuelle à n’aimer que le nuageux, le nébuleux, l’abscons, à mépriser la clarté. […] Et ces emprunts nous amènent à parler de la roublardise de la jeunesse actuelle, qui dans l’âge de l’imitation, n’emprunte point comme ses innocents devanciers à ses vieux concitoyens, mais maintenant détrousse sournoisement les poètes hollandais, américains, inconnus, inexplorés ; et fait accepter ses plagiats comme des créations neuves, en l’absence de toute critique, savante, érudite, liseuse. […] Dimanche 1er novembre Daudet parlait de l’intérêt d’un livre, qui raconterait l’enfance et la jeunesse des hommes qui ont émergé.
quelle autre fonction pourrions-nous exercer, et plus élevée, et plus utile à la république, que celle qui consiste à instruire et à former la jeunesse, à une époque surtout où les mœurs de cette jeunesse se sont tellement relâchées qu’il est de notre devoir à tous de la contenir et de la guider ?
Une fille propre, pimpante de jeunesse, au blanc fichu, aux bras rouges, quitte son tricot, appelle son père ou sa mère qui vient et vous vend à vos souhaits, flegmatiquement, complaisamment, arrogamment, selon son caractère, soit pour deux sous, soit pour vingt mille francs de marchandise. […] Pour une fille des champs qui dans sa jeunesse n’avait récolté que de mauvais traitements, pour une pauvresse recueillie par charité, le rire équivoque du père Grandet était un vrai rayon de soleil.
» Et Mozart jugeait ainsi Beethoven dans un temps, où lui-même, clairement, sentait s’épanouir et mûrir, enfin, son génie intérieur que la contrainte d’une misérable et pénible carrière musicale avait, jusque là, toujours entravé, dans la réalisation de ses tendances les plus originales… … Très tôt, au contraire, dès la jeunesse, Beethoven apporte au monde ce tempérament de résistance qui, durant toute sa vie, l’a maintenu, envers ce monde, dans une indépendance farouche. […] Car bien misérable était la Compréhension musicale qui s’exprimait à lui, dans cet échafaudage architectonique des sons, lorsqu’il voyait les plus grands maîtres même de sa jeunesse, avec une répétition banale de phrases et de fleurs rhétoriques, avec des alternatives, rigoureusement distribuées, de force et de douceur, avec des graves introductions, et reprises, aux mesures par avance comptées, se traîner, passant sous les portes inévitables de demi-conclusions régulières, jusque le bienheureux tapage de la cadence finale.
Par quelle suite de phénomènes psychologiques s’accomplit cette éclosion, je ne le chercherai pas dans une étude consacrée à un art, non à un artiste ; je reproduirai seulement quelques alinéas d’une étude que j’ai publiée, il y a un an, dans la Revue de Genève, sur Wagner et la poésie française contemporaine, où j’analysais, en me servant du livre de Wagner intitulé Beethoven, comment après les œuvres anti-musicale de sa jeunesse, Wagner avait pu arriver à ces œuvres de pure musique qui couronnent sa vie. […] Richard Wagner, après une jeunesse adonnée aux erreurs des recherches incertaines, après une maturité féconde d’un progrès continu, entrant dans la sérénité d’une vieillesse vive de conscience, alors tout en le resplendissement des triomphes assurés et en l’expérience des efforts aboutis, parmi le calme d’un élargissement prodigieux de ciel, sous le ciel calme de son Bayreuth, avec la placidité grandiloquente de son âme fortifiée, instituait l’œuvre de longtemps songée ; dès les temps obscurs de ses erreurs, l’apparence était née en lui de cette œuvre du Parsifal, et pendant qu’il peinait en les ambitions de sa Tétralogie, de son Tristan, il suivait lointainement la grandissante image de son œuvre parfaite, enrichie chaque fois et muettement des trésors spirituels nouvellement acquis.
Je viens vous rapporter votre jeunesse blonde. […] Et ailleurs : Car revoir son pays, c’est revoir sa jeunesse.
Que ma jeunesse a peu duré ! […] Qui est-ce qui sait ce que nature même semble ignorer, introduire les formes de l’âge avancé et conserver la vie de la jeunesse ?
C’est le paysage savoyard ou celui du canton de Vaud, celui que Jean-Jacques parcourait en piéton dans sa jeunesse et qu’il a rendu avec tant de fraîcheur.
On ignore les actions de sa jeunesse et de ses premières années ; on le voit déjà mûr, attaché au comte Thibaut III, qui parvint à la principauté en 1197, à l’âge de vingt-deux ans, et obtenant toute sa confiance.
Les mœurs étaient telles dans la jeunesse de Dangeau que tous ceux qui ont parlé de lui et qui ont relevé son adresse et son bonheur, l’ont presque loué de n’avoir pas triché et volé au jeu.
Simple, dépourvu d’extérieur, ne cherchant pas à montrer son esprit, qui était pourtant remarquable, négligent même lorsqu’il avait encore toute l’activité de la jeunesse, déjà très dégoûté de la guerre, sacrifiant beaucoup à ses plaisirs, il n’avait pas cette hauteur d’attitude, naturelle ou étudiée, qui impose aux hommes, qui est l’un des talents du commandement, que Napoléon lui-même négligeait quelquefois de se donner, mais qui était suppléée chez lui par le prestige d’un génie prodigieux, d’une gloire éblouissante, d’une fortune sans égale.
L’auteur suppose qu’un des êtres de cette race intermédiaire à l’homme et aux puissantes espèces animalesx, un centaure vieilli raconte à un mortel curieux, à Mélampe, qui cherche la sagesse et qui est venu l’interroger sur la vie des centaures, les secrets de sa jeunesse et ses impressions de vague bonheur et d’enivrement dans ses courses effrénées et vagabondes.
Le père de Villars dans sa jeunesse, par sa tournure ou ses sentiments, donnait à ses enjouées contemporaines l’idée de cet intéressant personnage, et le nom lui en était resté.
Guillaume Favre, appelé dans sa jeunesse Favre-Cayla, et aussi depuis son mariage Favre-Bertrand, mort le 14 février 1851 à quatre-vingts ans passés, était un de ces Genevois de la belle époque, qui avaient trente ans en 1800 ; qui, après les années de la domination française, assistèrent à la restauration cantonale en 1814 ; qui, dès ce moment surtout, vécurent au bord de leur lac à côté d’Étienne Dumont, l’ami de Mirabeau, du libre publiciste d’Ivernois, du spirituel observateur Châteauvieux, de l’illustre naturaliste de Candolle, du Bernois le plus naturellement français et voltairien Bonstetten, de l’historien Sismondi, et de Rossi plus tard, des Pictet, des de La Rive, des Diodati.
Les lettres de jeunesse (1729-1740) sont peu nombreuses, mais suffisantes pour faire apprécier le goût, les mœurs, les jugements et le ton de Buffon en ces années antérieures à sa grande carrière.
Il y eut dès lors dans la jeunesse toute une école choisie, une génération éparse d’admirateurs qui se répétaient le nom du Guérin, qui se ralliaient à cette jeune mémoire, l’honoraient en secret avec ferveur, et aspiraient au moment où l’œuvre pleine leur serait livrée, où l’âme entière leur serait découverte.
Il y était l’objet des respects de tous et en particulier l’idole de la jeunesse.
Mais bientôt, s’échappant de ces combinaisons avortées et sans issue, il s’élançait par un autre mouvement bien naturel vers les souvenirs les plus frais, les plus purs, et son esprit s’envolait sur les cimes dorées de la jeunesse.
On est confondu, en vérité, de lire un pareil jugement, de la part d’un si savant homme et qui avait traduit le livre dans sa jeunesse, de celui même qui, en homme de goût, relisait son Théocrite une fois chaque année, au printemps.
C’est une étude également répartie sur chaque âge, enfance, adolescence, jeunesse, plutôt que la peinture d’une situation particulière et d’une crise passionnée.
Elle est ici, Monsieur, d’une très-bonne odeur comme les vingt dernières années de sa vie : car c’est depuis tout ce temps-là qu’il avait renoncé si absolument à ce qu’il avait fait pour le théâtre dans sa jeunesse, que nulle puissance de la terre n’avait été capable de l’y faire retourner, quelque pressantes sollicitations qu’on lui en ait faites.
Les femmes pendant toute leur vie, les enfants pendant leur jeunesse, étaient soumis à quelques-unes des conditions de l’esclavage.
C’est, sans doute, une jouissance enivrante que de remplir l’univers de son nom, d’exister tellement au-delà de soi, qu’il soit possible de se faire illusion, et sur l’espace et sur la durée de la vie, et de se croire quelques-uns des attributs métaphysiques de l’infini ; l’âme se remplit d’un orgueilleux plaisir par le sentiment habituel, que toutes les pensées d’un grand nombre d’hommes sont dirigées sur vous ; que vous existez en présence de leur espoir ; que chaque méditation de votre esprit peut influer sur beaucoup de destinées ; que de grands événements se développent au-dedans de soi, et commandent, au nom du peuple, qui compte sur vos lumières, la plus vive attention à vos propres pensées ; les acclamations de la foule remuent l’âme, et par les réflexions qu’elles font naître, et par les commotions qu’elles excitent ; toutes ces formes animées, enfin, sous lesquelles la gloire se présente, doivent transporter la jeunesse d’espérance et l’enflammer d’émulation.
Se commettre avec des crocheteurs et des harengères, se colleter au club, improviser dans les carrefours, aboyer plus haut que les aboyeurs, travailler de ses poings et de son gourdin, comme plus tard la jeunesse dorée, sur les fous et les brutes qui n’emploient pas d’autres arguments et auxquels il faut répondre par des arguments de même nature, monter la garde autour de l’Assemblée, se faire constable volontaire, n’épargner ni sa peau ni la peau d’autrui, être peuple en face du peuple, voilà des procédés efficaces et simples, mais dont la grossièreté leur semble dégoûtante.
Pour Rollin, dans ces histoires anciennes qu’il conte à la jeunesse, il y a du moins une chose que ce vieux martyr du jansénisme, ce doux révolté qui se fit chasser de son collège, casser du rectorat, exclure des assemblées de l’Université plutôt que d’accepter l’abominable bulle, il y a une chose qu’il voit dans l’antiquité, et il la fait voir, sans se douter combien elle est subversive de l’ordre établi : c’est la raide énergie des âmes, le sacrifice volontaire et répété des intérêts, des affections, des existences à une idée de patrie, de liberté ou de vertu.
Clarisse Harlowe et Werther ont transporté sa jeunesse ; Walter Scott charmera ses derniers jours : à travers toute son existence, elle persistera à croire que le roman a raison contre la vie, et que la vérité, c’est le roman.
A propos d’un mauvais drame de Ponson du Terrail, il nous trace de Henri IV, envisagé par certains côtés secrets, un portrait, avec preuves à l’appui, qu’il est impossible d’oublier. « … Il faut donc conclure, pour Henri IV jeune ou vieux, à un fonds ingénu de vilenie bestiale qu’il dominait moins dans son âge mûr et sa vieillesse, mais qui au temps de sa jeunesse, n’étant point revêtu par la gloire, choquait plus en sa nudité. » — A propos de Kléber, drame militaire, il développe ingénieusement et magnifiquement « le rêve oriental de Napoléon ». — A propos du Nouveau Monde, de M.
De gras rédacteurs dûment appointés, ayant tout juste produit deux mille chroniques dans leur existence, s’attendrirent ou devinrent lyriques devant la force de la belle jeunesse qui sait rester joyeuse au milieu de la misère, et qui, et que… La Vie de Bohème est, malgré tout, un livre rebutant et désolant, et je ne crois pas qu’il y ait un écrivain vrai, un homme de talent et de cœur qui n’ait la nausée devant ces plaisanteries vieillies alternant avec ces crachats de phtisique et ce dépenaillement.
4º Et en même temps encore, par le respect que les hommes qu’elle estime professent pour le parlementarisme national, pour les campagnes électorales, et, par les simulacres que cette jeunesse s’offre de ces jeux (conférence Molé, association des Étudiants…), elle s’assimile le goût de la propagande populaire, de la prédication morale et sociologique, elle désire répandre sa bonne parole, et conformer sur le modèle, par elle jugé le meilleur, ses contemporains ductiles.
La Rochefoucauld n’est qu’un spéculatif, que sa naissance, ses amitiés, les passions de sa jeunesse ont jeté dans l’action ; qui paye fort décemment de sa personne, et qui joue sa vie pour l’honneur de son nom, peut-être par dégoût pour l’action.
Là se passa probablement une partie de sa jeunesse et eurent lieu ses premiers éclats 207.
Ainsi l’homme grossier, représenté par Dante, après s’être égaré dans une forêt obscure, qui signifie, suivant eux, les orages de la jeunesse, est ramené par la raison à la connaissance des vices et des peines qu’ils méritent, c’est-à-dire aux Enfers et au Purgatoire : mais quand il se présente aux portes du Ciel, Béatrix se montre et Virgile disparaît.
Un jour, Garat, dans sa jeunesse, alla voir Diderot déjà vieux.
Ce plan d’éducation que j’admire chez Rabelais, chez Montaigne, chez Charron et chez quelques-uns de leurs successeurs, avait une grande opportunité quand il s’agissait d’émanciper la jeunesse, de l’affranchir des méthodes serviles et accablantes, et de ramener les esprits aux voies naturelles.
Au centre du lieu, trois grands hommes aimeraient souvent à se rencontrer devant le portique du principal temple (car il y en aurait plusieurs dans l’enceinte), et, quand ils seraient ensemble, pas un quatrième, si grand qu’il fût, n’aurait l’idée de venir se mêler à leur entretien ou à leur silence, tant il paraîtrait en eux de beauté, de mesure dans la grandeur, et de cette perfection d’harmonie qui ne se présente qu’un jour dans la pleine jeunesse du monde.
Rappelons-nous, encore une fois, pour ne pas les imiter, ces hommes d’esprit que nous avons connus dans notre jeunesse et qui nous paraissaient plus ou moins d’un autre âge : ils avaient cessé de prendre la société de droit fil ; ils avaient contracté leur pli à une certaine date restée pour eux mémorable bien plus que pour nous.
Barthélemy fut touché, mais refusa ; il se contenta de rester à ses médailles ; il revint même, vers la fin, à cette étude favorite avec quelque chose de ce renouvellement de goût que tout vieillard retrouve volontiers pour les premières occupations de sa jeunesse.
Dans ces productions de jeunesse, qui ne furent point sans attirer l’attention, ce qu’on remarquait, c’était le talent de description, qui était très grand.
Malade de la névrose épileptique, ayant passé en sa jeunesse par le choc effroyable d’une condamnai ion à mort, et gracié les pieds sur l’échafaud, pour aller traîner des années dans un bagne en Sibérie avec toute la vermine d’une société primitive, il vécut ensuite sous le ciel, « saturé d’encre », de Saint-Pétersbourg, et promena dans cette sombre ville, dure aux pauvres, sa silhouette râpée.
Cette appréhension impatiente et avide du futur, si souvent signalée par les moralistes, devient une fatigue quand on en prend conscience ; de là, il résulte que la vie est douce dans la jeunesse, malgré toutes les douleurs, parce que, la force de vivre étant toute fraîche, la vie ne coûte aucun effort, tandis qu’elle devient lourde au contraire, même au sein du bonheur, à mesure que l’on avance en âge, par la conscience accumulée de la fatigue passée et la prévision certaine de la fatigue future.
Un honnête spectacle est la plus belle éducation qu’on puisse donner à la jeunesse, le plus noble délassement du travail, la meilleure instruction pour tous les ordres de citoyens ; c’est presque la seule manière d’assembler les hommes sociables.
J’ai cru autrefois, et dans ma première jeunesse, que ces endroits étaient clairs et intelligibles pour les acteurs, pour le parterre et l’amphithéâtre ; que leurs auteurs s’entendaient eux-mêmes et qu’avec toute l’attention que je donnais à leur récit, j’avais tort de n’y rien entendre ; je me suis détrompé. » Soyez sûr que La Bruyère s’est détrompé surtout en lisant.
De plus, avec cette abondance qui est une qualité après tout, même pour nous, Mme Sand rappelle des manières qui nous ont plu dans nos jeunesses, et elle nous prend encore par les souvenirs.
car Baudelaire, pendant toute sa jeunesse, traîna un livre de génie à travers d’imbéciles éditeurs qui n’en voulaient pas, et qui maintenant l’impriment à genoux !
Il a dépouillé sa poésie, il est resté simple orateur ; son style est devenu plus mesuré ; et cependant sa jeunesse parfois lui revient ; il s’enflamme encore ; on sent alors qu’il oublie ses auditeurs ; il voit son idée se lever devant lui ; il s’éprend d’amour pour elle ; il retrouve son enthousiasme ; il écrit cette phrase dont j’entends d’ici l’accent transporté et poétique.
Un des indices de la jeunesse relative du monde et de son éducation croissante, c’est le progrès des nations plus septentrionales et le lever tardif de la poésie dans le Nord.
Conserver en soi ce feu de la jeunesse, accorder aux conflits qui se déroulent dans l’esprit le même intérêt dramatique que nos auteurs reconnaissent seulement aux conflits sentimentaux, et, selon l’exemple de Nietzsche, faire à toute heure de l’exercice de l’intelligence, une passion, — tel fut le secret d’Henri Franck, et l’essentiel de son évangile. […] Anatole France, que l’escalier de l’Institut ne connaît plus, s’arrête volontiers dans cette cité des livres où il peut évoquer la maison paternelle, et où des parfums de sa jeunesse flottent parmi les monuments des vieux âgés. […] la jeunesse à la fois bourgeoise et mystique qu’a eue Madeleine l’empêche tour à tour de se plaire aux médiocres amusements de la vanité, et de céder aux penchants de sa sensibilité. […] Remy de Gourmont, qui tient si fort à sa liberté, reste pour jamais l’esclave des modes de sentir qui, au temps de sa jeunesse, étaient répandus dans l’air, et dont il a nourri son cœur. […] Je pense que des amitiés de jeunesse expliqueraient son inexplicable indulgence pour l’art de certains pontifes de l’école.
En revanche jamais n’a été repéré plus attentivement, accueilli plus sympathiquement tout ce que la jeunesse apporte de nouveau, tout ce qui fait la fraîcheur d’un moment unique de la durée, tout ce qui porte la marque fine et fragile de l’heure présente, tout ce qui, avec une authenticité stricte, exclusive d’autres qualités et d’autres travaux, appartient au domaine de la critique spontanée. […] Sainte-Beuve, lui, traverse nos trois critiques comme il traverse une jeunesse de romantique et une maturité de classique. […] * * * Je dis goûter avec tout l’élément sensuel qui est heureusement impliqué dans ce mot, et qui s’ajoute à sa nature littéraire, ainsi que disaient les anciens, comme à la jeunesse sa fleur. […] Les professeurs font l’éducation de la jeunesse, mais les caricatures dessinées par la jeunesse font aussi un peu l’éducation des professeurs. […] Mais quel ambitieux au comble des succès ne regrette ses amours de jeunesse ?
Il fut en effet dévoué dès sa première jeunesse à l’instruction publique ; renfermé dans l’exercice de ses fonctions, il vécut pauvre, obscur, mais libre et indépendant, loin du monde et de toute espèce d’intrigue, sans faire la cour à personne, sans solliciter de faveur, de récompense, de pension. […] Aujourd’hui9 les chefs-d’œuvre des deux princes de la scène deviennent populaires ; la jeunesse s’en nourrit tous les jours, le public en fait ses délices. […] Il est bien étonnant que ce littérateur, d’ailleurs estimable, se soit laissé aveugler par les préjugés de sa jeunesse, au point de méconnaître les beautés de Corneille. […] La reine de Syrie connaît peu ses enfants, élevés loin d’elle à Memphis ; elle compte sur leur soumission, sur leur jeunesse, surtout sur leur ambition : dévorée de la soif de régner, elle juge des autres par elle-même ; elle n’imagine pas qu’on puisse être effrayé d’un crime dont un trône est le prix. […] À quoi pensait ce grand philosophe quand il proposait à un vieillard de soixante-sept ans, tel qu’était alors Voltaire, et déjà incapable de produire quelque chose qui approchât des ouvrages de sa jeunesse, de réformer la tragédie, et de la porter fort au-delà du terme où Corneille et Racine l’avaient conduite ?
Peut-être se la fit-il un peu dans l’atmosphère de Londres, où il passa des mois de jeunesse douloureuse. […] Une vapeur de chair rose, la fleur la plus ténue, le pollen de la jeunesse et de la fraîcheur qui flotte sur les moiteurs d’un sous-bois d’été, voilà l’impression délicate que réalise le poète. […] Il lui avait plu de se former pour public seulement la jeunesse littéraire dont il environnait son foyer comme d’une couronne un peu distante. […] Mieux, bien mieux que la clarté immédiate, une telle jeunesse aime, au moyen de quelque belle obscurité, une clarté future dont la conquête est pour elle une action, une page de vie. […] Le culte que Mallarmé crut entrevoir dans la jeunesse qui le fréquentait, naïf parfois et prêtant à sourire, frêle souvent et prompt à revirer, le poète pouvait-il, encore et longtemps, en espérer, de quelques pensées qui s’éveillent, la libation première ?
Fiévée, narrateur agréable, amusa le public avec des historiettes, et Ducray-Duminil conta à la jeunesse des évènements pathétiques, des romans où la vertu persécutée triomphait toujours en dernier ressort. […] Comme si le Classicisme, à sa dernière heure, eût voulu se parer d’une jeunesse nouvelle et d’une forme enchanteresse, il s’incarna dans André Chénier, le poète le plus grec et le plus classique qu’ait jamais eu la France, en même temps que le premier lyrique du xviiie siècle. […] Négligeons ses œuvres de jeunesse qui semblent plutôt celles de la sénilité et dans lesquelles il se montre si inférieur. […] Durant la première, — les années de jeunesse, — Flaubert avait un esprit délié, une imagination féconde ; il apprenait sans effort et travaillait facilement. […] Ils écrivent donc des livres à la portée de l’enfance et de la jeunesse, ouvrages qui sont rédigés souvent par des plumes habiles et fameuses, qui ont l’habitude de s’adapter au degré de développement auquel sont arrivées les facultés du public spécial à qui elles s’adressent.
qui me donnera une gorgée d’un vin longtemps refroidi dans la terre profonde, d’un vin qui sente Flore et la campagne verte………, pour que, la bouche teinte de pourpre, je puisse m’abreuver, et, fermant les yeux sur le monde, avec toi me dissoudre dans l’ombre de la forêt, me dissoudre au lointain, me dissoudre et oublier ce qu’au milieu des bois tu n’as jamais connu, le dégoût, la fièvre, et l’agitation, parmi les hommes qui s’écoutent gémir les uns les autres, où la jeunesse devient blême, puis spectrale, et meurt, où penser est une plénitude de chagrin, où la beauté ne peut conserver un jour ses yeux lumineux, où l’amour qu’elle a fait naître n’existe plus demain… Debout dans la nuit j’écoute, et si plus d’une fois j’ai été presque amoureux de la mort bienfaisante, si je lui ai donné de doux noms en plus d’un vers pensif, en la priant de prendre mon souffle suprême dans l’air paisible : maintenant plus que jamais, il me semble délicieux de mourir, de finir à minuit sans souffrance, pendant qu’au dehors tu répands ton âme dans une telle extase ! […] Dans sa jeunesse, il visita les plus belles parties de l’Irlande et de l’Angleterre. […] Koszul, dans sa Jeunesse de Shelley, parle très justement du « réalisme patient de promeneur à pied… » de Wordsworth. […] Suivant ce dernier, la poésie française est arrivée au dernier degré d’imbécillité sénile : Sa constitution, comme vous le savez bien, était dans ses meilleurs jours sans moelle et sans nerfs, sa jeunesse sans espoir, et son âge viril sans dignité21. […] On a de lui un mot qu’il adressait à l’un de ses amis, dans une de ces lettres de jeunesse qui sont si ingénument pédantes : « Ah !
Considérations sur la Révolution française, voilà son livre de jeunesse, et tous ses autres livres sont les ouvrages de son âge mûr. […] … et tu me diras comme les choses tournent. » — Lettre à une amie : « … La jeunesse disparaissant dans sa fleur a quelque chose de particulièrement terrible. […] Vive et gaie en sa jeunesse, où elle voit le bonheur devant elle et croit l’atteindre ; vive et triste dans son âge mûr, avec l’éternel élan vers le bonheur et l’éternel désenchantement de ne le point saisir. […] Ses ouvrages de jeunesse sont très instructifs à cet égard, et, quoique assez faibles, méritent bien d’être médités par qui veut la bien comprendre. […] La jeunesse élevée par Chateaubriand pour ce qui est de l’art, et par Mme de Staël pour ce qui est des idées, n’a pu que former une génération très noble, très généreuse et très distinguée.
Son aspect maladif, surtout dans sa jeunesse, intéressait à cette langueur du corps dompté par l’esprit. […] Son extrême jeunesse et sa vie studieuse à Arpinum le dérobèrent, non au malheur, mais au danger du temps.
Regnard avait eu, dans sa jeunesse, la fureur du jeu. […] Il sera Regnard, toujours joueur peut-être, mais jouant un jeu honnête et borné, et mettant avant le jeu tout ce que dans sa jeunesse il mettait après.
Les peintures de caractères ne se font pas de fougue : s’il y a un genre où la jeunesse ne soit pas une qualité, c’est celui-là. […] Il faut que cela s’écrive sur le tard, ou par un homme de génie qui a su dès sa jeunesse toute la vie humaine.
Les illusions envenimées de Rousseau sur les contemporains de son âge mûr, rendent fort suspects les portraits des contemporains de sa jeunesse. […] Ainsi, une jeunesse où se rencontrent l’apostasie, le vol domestique, des innocents dénoncés, un ami malade abandonné dans la rue, le tort de vivre aux dépens d’une femme menacée de la pauvreté118 ; un âge mûr qui débute par la plus grande des fautes ; un peu de folie peut-être ; voilà de quel fond se forma cet esprit d’utopie qui, servi par beaucoup d’éloquence et par une logique vigoureuse, a fait tant de dupes, et parmi ces dupes tant de victimes, et empêché tant de bien par la passion insensée de la perfection.
J’ai goûté dans mon enfance et dans ma première jeunesse les plus pures joies du croyant, et, je le dis du fond de mon âme, ces joies n’étaient rien comparées à celles que j’ai senties dans la pure contemplation du beau et la recherche passionnée du vrai. […] Cette indignation restera une des plus vigoureuses de ma jeunesse.
Le mot d’ordre de la journée de Mycale fut Hébé, la déesse de la Jeunesse « aux beaux pieds », comme la surnomment les poètes, la servante céleste que Héra avait conçue en respirant une rose. […] La Grèce, se sentant à la fleur de l’âge, pleine de sève et de vie, prenait pour patronne l’immortelle Jeunesse.
Et, semblable à une naïade, le muguet, Que la jeunesse rend si beau et sa passion tellement pâle que l’on voit la lueur De ses clochettes tremblantes à travers leurs tentes d’un vert tendre324. […] Le plus fataliste des fatalistes, Spinoza, n’aurait pas eu de peine à démontrer que la « pourriture » est un état de la force et de la substance moins compliqué et moins unifié tout à la fois que la santé de la jeunesse, conséquemment moins beau.
. — Lugné-Poe incarne l’âme de faiblesse et de force tressées de Maître Solness, dont le noir et blanc effrité se damiette à la lueur céphalique de Charny (Le vieux Brovik) prédiseuse de cauchemars, comme aux heurts féminins de la jeunesse, heurts de naissance ou mortuaires, arracheurs de draps emplumés de W. […] Mais le cadavre de Solness est la passerelle de la jeunesse qui se rue, et dans le rapide acte imperçu de la foule est un symbole très beau.
« Et il a dit à l’homme : Craindre le Seigneur, voilà la sagesse ; fuir le mal, voilà l’intelligence. » Par une réminiscence naturelle, un retour sur lui-même le ramène à la contemplation de sa jeunesse et de son bonheur, dont il fait un tableau embelli par le lointain et par le regret. […] » Puis de ce mouvement de colère il retombe, comme retombe la nature, dans une langueur de tristesse ; et il se rappelle les rêves de félicité qu’il faisait dans sa jeunesse.
On y verra l’image ébauchée de cette vie « nouvelle », que la jeunesse littéraire d’aujourd’hui se propose de plus en plus comme idéal. […] À cause de cela et d’autres raisons plus vitales qu’il n’est pas besoin de dire, — ô Latins, Espagnols, Italiens, nos frères, et vous, Roumains, Hellènes, qui renaissez à la lumière après une si longue éclipse ; et vous, Slaves, dont la conscience religieuse est parente de la nôtre, qui nous apportez le trésor intact de votre jeunesse et l’immensité de votre force, — serrez vos rangs, unissez-vous !
On ne sait pas bien la date de sa naissance, ni par conséquent l’âge qu’elle avait lorsqu’elle mourut si subitement à la fleur encore de la jeunesse et dans tout l’éclat de sa beauté.
Un de ses biographes (Audin) a raconté à ce sujet des détails qu’il dit tenir de source authentique : il s’ensuivrait que Massillon, dans cette première jeunesse, aurait eu quelques écarts de conduite qui l’auraient brouillé avec ses supérieurs, avec lesquels toutefois il ne tarda point à se réconcilier.
Marmontel, destiné un moment dans sa jeunesse à l’état ecclésiastique, et qui avait étudié quelque temps à Clermont, eut l’occasion de visiter l’éloquent évêque, et, dans ses Mémoires, il a fait de cet ancien souvenir une scène affectueuse dont l’impression générale au moins doit être fidèle : Dans l’une de nos promenades à Beauregard, maison de plaisance de l’évêché, nous eûmes le bonheur, dit-il, de voir le vénérable Massillon.
Elle eut du regret d’être obligée de renvoyer ses filles d’honneur, dont la jeunesse et la gaieté la divertissaient ; elle se donna un dédommagement selon son cœur en prenant près d’elle et en s’attachant sans titre officiel deux amies, la maréchale de Clérambault et la comtesse de Beuvron, toutes deux veuves, que Monsieur avait éloignées avec aversion de la cour du Palais-Royal, et auxquelles Madame était restée fidèle dans l’absence ; c’étaient ces amies de Paris à qui elle écrivait continuellement.
Le temps opéra, la jeunesse en lui reprit son cours, et, la dévotion lui passant d’abord et s’évanouissant, il se trouva tout étonné de l’engagement solennel qu’il avait juré.
Plus tard, dans ses loisirs occupés sous la Restauration, il fera de même : indépendamment de ses grands travaux d’histoire, de ses devoirs comme pair de France, de son assiduité aux commissions et aux sociétés dont il était membre, des rapports et discours académiques qu’on aimait à lui voir faire et dont il s’acquittait volontiers, il trouvait encore moyen de se donner des tâches surérogatoires : il écrivait en détail des remarques, des cahiers d’observations sur les ouvrages que des amis lui soumettaient ; il y a telle tragédie qu’il examinait plume en main, acte par acte, scène par scène, comme il eût fait aux premiers temps de sa jeunesse dans sa petite académie de Montpellier.
Je pourrais en rejeter la faute sur ma jeunesse, sur le délire des temps, sur les sociétés que je fréquentais : mais j’aime mieux me condamner, je ne sais point excuser ce qui n’est point excusable.
« En suivant les discours de Bossuet dans leur ordre chronologique, a très bien dit l’abbé Vaillant, nous voyons les vieux mots tomber successivement comme tombent les feuilles des bois. » Les expressions surannées ou triviales, les images rebutantes, les oublis de goût, qui sont encore moins la faute de la jeunesse de Bossuet que de toute cette époque de transition qui précéda le grand règne, disparaissent et ne laissent subsister que cette langue neuve, familière, imprévue, qui ne reculera jamais, comme il l’a dit de saint Paul, devant les « glorieuses bassesses du christianisme », mais qui en saura aussi consacrer magnifiquement les combats, le gouvernement spirituel et le triomphe.
Il semble qu’il veuille épargner ses secrétaires : c’est dommage qu’il n’est greffier du parlement de Paris, car il gagnerait plus que Du Tillet ni tous les autres. » Ayant à entrer quelquefois dans les parlements de Toulouse et de Bordeaux, quand il était lieutenant pour le roi en Guyenne, il n’en revenait pas de voir que tant de jeunes hommes s’amusassent ainsi dans un palais, vu qu’ordinairement le sang bout à la jeunesse : « Je crois, ajoutait-il, que ce n’est que quelque accoutumance ; et le roi ne saurait mieux faire que de chasser ces gens de là, et les accoutumer aux armes. » Mais toutes ces sorties contre ce qui n’est pas gloire des armes et d’homme de guerre n’empêchent pas Montluc de sentir l’importance de ce chétif instrument, la plume : il s’en sert,-sachant bien que ce n’est que par là et moyennant cet auxiliaire qu’il est donné à une mémoire de s’immortaliser, qu’il n’en sera de votre nom dans l’avenir que selon qu’il restera marqué en blanc ou en noir par les historiens ; et son ambition dernière, à lui qui a tant agi, c’est d’être lu : « Plût à Dieu, dit-il, que nous qui portons les armes prissions cette coutume d’écrire ce que nous voyons et faisons !
Charron ne le fut pas dans sa jeunesse.
Venise était un lieu de prédilection pour Rohan ; on l’on en a vu très frappé et comme épris dès sa jeunesse, dans ce voyage qu’il fît à vingt ans.
— Les jeunes chansons, c’est aussi la pièce du soir, c’est le roman du jour, c’est ce qui fait l’entretien de la jeunesse à l’instant où cela paraît.
Mais, on le sent, on le devine dans le récit de Mme Elliott, ces réunions même les plus menacées et si souvent traversées d’appels funèbres ne laissaient pas de voir renaître les distractions de la jeunesse, les oublis, les inconstances faciles, les jalousies même, et de recommencer en tout, dans de si courts intervallesw, une société volage et légère.
Vallot a très bien remarqué tout d’abord que l’apparence de force et de vigueur de Louis XIV en sa jeunesse tenait à ce que la bonté du tempérament héroïque de sa mère avait rectifié et corrigé en partie les mauvaises impressions qu’avait dû laisser dans l’enfant le tempérament affaibli d’un père valétudinaire ; mais cette force et cette vigueur n’étaient qu’à la condition d’éviter les excès et d’observer bien des précautions pour se soutenir.
Cependant les idiomes modernes, tels quels, étaient nés, ils étaient sortis de leurs langes et faisaient de toutes parts leurs vives et gaies enfances, leurs premières jeunesses ; le commun des gens, le peuple, avait besoin de drames à lui, avait faim de spectacles également dévotieux et émouvants, qu’il entendît, dans lesquels il intervînt et eût sa large part.
« Cette réponse excita l’indignation des graves magistrats et la risée de la jeunesse.
Il a eu affaire aux grandes idées dès sa jeunesse.
Il était temps et grand temps au gré de la jeunesse ; il ne se pouvait de Cour moins amusée et moins galante que pendant toute cette période de l’étroite habitude du roi avec la reine.
C’en est fait dès longtemps, pour les contrées et pour les nations, de ces rôles naturels et vierges en quelque sorte, de ces rôles de jeunesse : l’ancien monde est saturé ; il a passé par tous les emplois et par tous les âges, par tous les états de l’histoire.
Ces mêmes historiens de la langue et qui l’admirent surtout aux xiie et xiiie siècles, dans sa première fleur de jeunesse et sa simplicité, sont portés à proscrire, à juger sévèrement toute l’œuvre de la Renaissance, comme si elle n’était pas légitime à son moment et comme si elle ne formait pas, elle aussi, un des âges, une des saisons de la langue.
Ma jeunesse rêveuse aimait autrefois à y chercher un avant-goût de ces biographies intimes, de ces romans vrais, dont j’essayais d’accréditer le genre87.
Et qu’on lise aussi dans le Bibliophile français (n° du 1er août 1868) deux lettres de Talleyrand dans sa jeunesse, du Talleyrand d’avant la Révolution, d’avant l’épiscopat adressées en 1787 à son ami Choiseul-Goufïier, ambassadeur à Constantinople : c’est vif, court, agréable, aimable, en même temps qu’on y sent un premier souffle de libéralisme sincère, un souci des intérêts populaires qui semble, en vérité, venir du cœur autant que de l’esprit.
Sa vie, ainsi ordonnée dans son désordre, devint double, et il en fit deux parts : l’une, élégante, animée, spirituelle, au grand jour, bercée entre les jeux de la poésie, et les illusions du cœur ; l’autre, obscure et honteuse, il faut le dire, et livrée à ces égarements prolongés des sens que la jeunesse embellit du nom de volupté, mais qui sont comme un vice au front du vieillard.
Si l’on disait le poète Cicéron, parce qu’il a essayé dans sa jeunesse un poëme sur Marius, l’on ne comprendrait rien à cette épithète.
Sous ce rapport, il n’est pas dépourvu d’une sorte de philosophie ; mais cet esprit décourageant arrête le mouvement de l’âme qui porte à se dévouer ; il déconcerte jusqu’à l’indignation ; il flétrit l’espérance de la jeunesse.
Lié avec Mme de Scudéry, tenant par sa jeunesse au monde précieux, Bussy se trouve sur la fin de ses jours tout proche de Perrault et de Fontenelle, trop grand seigneur et trop bon esprit pour s’embrigader dans un parti littéraire, mais insensiblement et naturellement porté de ce côté par la pente de son esprit.
Et lui-même, en sa jeunesse, il a vaillamment, sous la saine direction de Ponocrates, tenté d’être un homme complet : lettres, sciences, arts, armes, toutes les connaissances du savant, tous les exercices du gentilhomme, il n’a rien négligé ; il a mis en culture toutes les puissances de son esprit et de son corps.
Yung, la Jeunesse de Bonaparte, 3 vol in-1-2.
C’est le signe de la jeunesse d’une société.
C’est Rousseau qui célèbre à nouveau l’amour passionné et détrône la galanterie ; ce sont les ardentes leçons de Herder qui arrachent la jeunesse allemande à l’imitation inféconde de notre littérature ; c’est Goethe auquel cet admirable chef-d’œuvre, la cathédrale de Strasbourg, révèle l’art gothique ; c’est Chateaubriand qui découvre dans le christianisme autre chose qu’un ensemble de dogmes : une source vive de poésie ; c’est la mélancolie de Lamartine qui chasse le libertinage de Parny ; ce sont les romans de Walter Scott qu’on imite partout et qui ressuscitent tout un monde oublié.
Il se borne à rapporter l’opinion reçue : « On dit que Boileau avait en vue madame Deshoulières, une des protectrices de Pradon, et qui fit un sonnet sur la Phèdre de Racine. » On dit, est fort sage, en effet, en 1677, quand Phèdre a paru, madame Deshoulières avait depuis longtemps rompu avec les écrivains qui avaient intéressé sa première jeunesse, tels que les d’Urfé, les La Calprenède, les Scudéry.
Dans le premier élan de la jeunesse, il se donne presque entièrement à ce qui lui semble la vérité.
Ce qu’il regardait également comme un malheur de sa première éducation, de n’avoir pas été instruit dès sa jeunesse aux lettres anciennes, n’a pas moins tourné à son avantage et à la gloire de son originalité d’écrivain.
Il peint avec énergie la jeunesse du Grand Siècle, celle qui ne sait plus plaisanter avec esprit, qui joue tout le jour avec fureur et qui s’enivre ouvertement ; il indique et assigne en moraliste et en politique les causes de ce changement général à la Cour.
Ceux qui ont entendu Retz dans les années de sa retraite ont remarqué qu’il aimait à raconter les aventures de sa jeunesse, qu’il les exagérait et les ornait un peu de merveilleux : « Et dans le vrai, dit l’abbé de Choisy, le cardinal de Retz avait un petit grain dans la tête. » Ce petit grain, c’est précisément ce qui fait l’homme d’imagination, l’écrivain et le peintre de génie, l’homme de pratique incomplet, celui qui échouera devant le bon sens et la froide patience de Mazarin, mais qui lui revaudra cela et prendra sa revanche de lui, plume en main, devant la postérité.
J’ai la certitude que le vers libre durera parce que libre et à cause de cette élasticité qui lui a permis dès le début de s’enrichir de toutes les améliorations, je ne dis point seulement de beauté mais de technique que lui apportaient dès la première heure avec leur génie propre, d’abord Jules Laforgue, mon frère d’armes des temps de jeunesse, puis les Vielé-Griffin, Mockel, Verhaeren, Régnier, Stuart Merrill, Saint-Pol-Roux, Ferdinand Hérold, Henry Bataille, Paul Fort, Marinetti, Fontainas, Edmond Pilon, Klingsor, George Périn, Souza, Albert Saint-Paul.
Le moi de Fervaques est partout dans son livre, et on ne le hait nulle part, ce moi passionné qui vibre de jeunesse.
II Ainsi, ne nous y trompons pas et insistons tout d’abord sur ce caractère : — Conseil essentiellement pratique, petit catéchisme de l’amour à l’usage de la jeunesse, manuel d’entraînement de la femme vertueuse, introduction à la vie du ménage et recette infaillible de bonheur domestique, individuel et social, voilà le livre de Michelet !
Lui, Vigny, qui a rejeté, avec le dédain du penseur et l’orgueil du contemplateur des civilisations impossibles, cette noble casaque du soldat portée longtemps dans sa jeunesse, a voulu montrer une bonne fois les sacrifices du métier de la guerre et de l’obéissance passive, pour consoler ceux qui en souffrent.
Ce sont amusements de ma jeunesse, premiers essais de mon imagination émancipée, au sortir de la longue enfance où nous avions tous perdu notre liberté de penser sous la tyrannie d’une lettre morte. […] Mais, si j’ai de la reconnaissance pour l’habile critique qui m’a fait toucher du doigt la vanité des brillantes fantaisies de ma jeunesse, j’ai aussi la prétention d’être parvenu depuis quelque temps déjà à l’âge et aux travaux solides de la raison et de l’expérience, et d’avoir dépassé le Chevalier, qui s’est contenté de détruire et qui n’a rien fondé. […] Rien en lui n’est hors de place ou contre le naturel… J’apprécie et j’aime Molière dès ma jeunesse, et durant tout le cours de ma vie j’ai appris à son école.
Par-dessus les éclats de sa voix, on entend les clameurs furieuses du fils, sorte de bouledogue sanguin et trop nourri, enfiévré de rapacité, de jeunesse, de fougue et d’autorité prématurée ; les cris aigres de la fille aînée, laideron grossière et rougeaude, inexorablement jalouse, haineuse, et qui, dédaignée par Lovelace, se venge de la beauté de sa sœur ; le grondement hargneux des deux oncles, vieux célibataires bornés, vulgaires, entêtés par principes de l’autorité masculine ; les instances douloureuses de la mère, de la tante, de la vieille bonne, pauvres esclaves timides, réduites, une par une, à devenir des instruments de persécution […] Dès l’abord, le surcroît de santé et d’impétuosité physique le jette dans la grosse débauche joviale, et la séve intempérante de la jeunesse bouillonne en lui jusque dans le mariage et dans l’âge mûr. […] Il avait vécu en cynique et en excentrique, ayant passé sa jeunesse à lire au hasard dans une boutique, surtout des in-folio latins, même les plus ignorés, par exemple Macrobe ; il avait découvert les œuvres latines de Pétrarque en cherchant des pommes, et crut trouver des ressources en proposant au public une édition de Politien.
J’ai beaucoup connu cette seconde femme, si belle, si bonne, si aimante, qu’elle semblait une seconde jeunesse éclose sur le front encore vert d’un vieillard ; j’ai beaucoup connu et beaucoup aimé aussi l’ami et le disciple auquel il sembla, comme le Sauveur à saint Jean, léguer en mourant son âme et son génie avec sa femme, pour que rien ne restât sans protecteur après lui. […] » On eût dit, à son zèle, à son activité, qu’elle avait recouvré sa jeunesse ; et M. de Saint-Pierre croyait encore la voir aller et venir dans la maison de son père. […] XI Le tableau de l’innocence de la jeunesse et de l’amour, qui s’ignore lui-même, continue en mille teintes sans jamais se lasser ; il se renouvelle comme la séve des arbustes à chaque saison.
Le pessimisme d’un Chateaubriand, d’un Hugo ou d’un Lamartine n’a eu que peu d’écho dans nos jeunesses. […] Actif et douloureux, tel m’apparaît cet artiste dans les quatre livres de vers où sa jeunesse s’est offerte. […] Avant de regarder sa jeunesse s’enfoncer dans la brume des chers lointains, Mithouard ausculte sa pensée, tâte le pouls de son cœur, résèque son cerveau, l’allège de toute idéologie. […] Dans la Divagation de Salomé nous assistons aux dernières convulsions de cet iris exaspéré, fleur mystique d’une intransigeante jeunesse. […] La nature resplendissait de vie joyeuse ; les fleurs tôt venues s’épanouissaient sans s’épuiser, comme incapables de mourir, et c’était, à travers trois saisons délicieuses de grâce et d’éclat, tempéré, un chant universel de jeunesse et de douce ardeur.
Chez Homère, l’homme heureux est celui qui peut « jouir de sa jeunesse florissante et atteindre au seuil de la vieillesse ». […] D’un côté ils veulent que chaque soldat soit le meilleur gladiateur qu’il se pourra, le corps le plus robuste, le plus souple et le plus agile, le plus capable de bien frapper, parer et courir ; à cela leurs gymnases pourvoient : ce sont les collèges de toute la jeunesse ; on y apprend toute la journée et pendant de longues années à lutter, sauter, courir, lancer le disque, et, méthodiquement, on y exerce et l’on fortifie tous les membres et tous les muscles. […] Quand les Athéniens plusieurs fois vaincus eurent décrété la mort contre celui qui parlerait de reprendre Salamine, Solon, en costume de héraut, le chapeau d’Hermès sur la tête, parut soudainement dans l’assemblée, monta sur la pierre où se tenaient les hérauts et récita avec tant de force une élégie, que la jeunesse partit sur-le-champ « pour délivrer l’île charmante et détourner d’Athènes l’opprobre et la honte ». […] Le Gaulois mourant, qui est de l’école de Pergame, montre, si on le compare aux statues d’athlètes, la distance qui sépare un corps inculte et un corps cultivé : d’un côté, une chevelure éparse en mèches rudes comme une crinière, des pieds et des mains de paysan, une peau épaisse, des muscles non assouplis, des coudes aigus, des veines gonflées, des contours anguleux, des lignes heurtées, rien que le corps animal du sauvage robuste ; de l’autre côté, toutes les formes ennoblies, le talon d’abord avachi et veule55, maintenant circonscrit dans un ovale net, le pied d’abord trop étalé et trahissant son origine simienne, maintenant arqué et plus élastique pour le saut ; la rotule, les articulations, toute l’ossature d’abord saillantes, maintenant demi-effacées et simplement indiquées ; la ligne des épaules, d’abord horizontale et dure, maintenant infléchie et adoucie ; partout l’harmonie des parties qui se continuent et coulent les unes dans les autres, la jeunesse et la fraîcheur d’une vie fluide, aussi naturelle et aussi simple que celle d’un arbre ou d’une fleur.
C’était le plus beau des souverains, grand, de belle taille, de belle figure, trop beau pour avoir de l’esprit, de ces hommes qui sont nés pour le plaisir élégant dans leur jeunesse, pour le plaisir bête, la paresse et l’obésité dans l’âge mûr. […] Ses souvenirs d’enfance, qu’on n’a pas assez rem arqués, « parce qu’ils sont déguisés sous la forme devenue un peu agaçante d’une églogue, comme dans Virgile, sont très gracieux et méritent d’être relevés : Sur le printemps de ma jeunesse folle Je ressemblais l’hirondelle qui vole, Puis çà, puis là. […] Voici maintenant les pédants, les professeurs de scolastique, les bourreaux de jeunesse, la tourbe noire de Montaigu. […] Léger, brillant, aventureux, voyageur, amoureux de gloire bruyante pendant sa jeunesse, qui, si elle finit prématurément, avait commencé de très bonne heure, il fut, pendant tout le reste de sa vie, un peu timide, craintif même, volontiers retiré et solitaire. […] Surtout dans sa jeunesse, il va droit, à qui ?
La fermentation de la jeunesse fait bouillonner en nous plus de pensées généreuses et héroïques qu’il n’est permis à cent existences d’homme d’en accomplir. […] L’amour a disparu, la jeunesse, la beauté aussi ; la foi, il n’y en eut jamais. […] Il ne nous apparaît plus comme le triste vieillard dont parle Sainte-Beuve, dépaysé au milieu de la jeunesse et cherchant en vain des partenaires pour sa conversation démodée. […] Et la raison de ces transports, c’est le doigt fatidique tendu vers nous dans l’obscur, qui nous fait muer de la jeunesse vers l’âge adulte et de celui-ci vers la vieillesse, nous guide, parmi des périls prématurés, jusqu’à notre propre tombeau. […] Ici s’intercale un bien curieux chapitre sur les amis de jeunesse, ces amis que subit et domine tour à tour une intelligence supérieure, les premiers jansénistes, Duvergier de Hauranne et l’abbé de la Cochère, Bérulle, enfin cet énigmatique père Joseph qui fut l’imagination ardente au perpétuel service d’un ambitieux froid.
Mme de Termes disait plus tard des portraits de Bourdaloue : « Pour ses portraits, il est inimitable, et les prédicateurs qui l’ont voulu copier sur cela n’ont fait que des marmousets. » — Tout est mode en France, a dit l’abbé d’Olivet : les Caractères de La Bruyère n’eurent pas plus tôt paru que chacun se mêla d’en faire ; et je me souviens que, dans ma jeunesse, c’était la fureur des prédicateurs, mauvaises copies du père Bourdaloue.
Il était gentilhomme et pauvre ; il passa sa première jeunesse au service et à Lunéville, à la cour de Stanislas.
Notre conversation alla, pour ainsi dire, tout d’un trait de La Chênaie à Saint-Malo, et, nos six lieues faites, j’aurais voulu voir encore devant nous une longue ligne de chemin ; car vraiment la causerie est une de ces douces choses qu’on voudrait allonger toujours. » Il nous donne une idée de ces entretiens qui embrassaient le monde du cœur et celui de la nature, et qui couraient à travers la poésie, les tendres souvenirs, les espérances et toutes les aimables curiosités de la jeunesse.
Né en janvier 1641 et de trois ans plus jeune que Louis XIV, Louvois comprit dès l’enfance la vérité de ce que La Bruyère, a mis en maxime : Jeunesse des princes, source des belles fortunes .
Bannis des craintes puériles, aborde franchement cette affaire et serre-la de près… » Mais, par un reste de bon sens et de raison, il se dit d’éviter soigneusement toute intrigue d’amour avec sa vieille hôtesse ; c’est avec la jeune servante Fotis qu’il compte bien s’acquitter de ce premier vœu de toute jeunesse en voyage, et c’est par elle aussi qu’il espère s’initier bientôt dans les secrets de la maîtresse.
Ce prince, dans sa jeunesse et malgré quelques attaques d’épilepsie qu’il avait essuyées, était plutôt bien que mal constitué, et l’ensemble de sa personne marquait de la vigueur plutôt que de la faiblesse.
Il avait une de ces mémoires heureuses comme nous en connaissons ; ce qu’il avait su une fois, il ne l’oubliait jamais, et, âgé de plus de soixante ans, il citait, à l’occasion, des passages de Cicéron, de Virgile ou d’Horace qu’il n’avait guère relus depuis sa jeunesse.
Il en parle avec modestie, mais aussi avec la conscience de ce qu’il a tâché d’y mettre, lui, jouissant de tant d’avantages et de commodités pour cela, comme d’avoir vécu « depuis trente-cinq ou quarante ans » au sein de la Cour, « d’avoir fait dès sa tendre jeunesse son apprentissage en notre langue auprès du grand cardinal Du Perron et de M.
Pareille chose et pareil excès se sont renouvelés du temps de notre jeunesse : on sait trop les suites.
On se le représentera facilement, si l’on pense que cette reine aimait à la passion son époux, qu’elle le voyait lui échapper entièrement, dans la fleur encore de sa jeunesse à lui, et à l’âge où elle-même elle commençait à se flétrir ; qu’elle avait pour dames du palais, nommées pour l’accompagner et la servir, précisément ces mêmes sœurs rivales qui lui enlevaient à tour de rôle le cœur du roi et se le disputaient entre elles, de manière à compromettre aussi le salut éternel de son âme.
Au retour du printemps, dès que la terre ne suffisait plus à ceux qui en vivaient, dès que la famille humaine devenait trop nombreuse, un essaim de jeunesse prenait son essor et s’envolait à la découverte, à l’aventure, vers des pays ou le soleil s’annonçait plus beau.
Le président Bouhier, qui, dans sa jeunesse, avait vu La Bruyère, mais qui ne se fiait pas à ses impressions anciennes, crut devoir interroger M. de Valincour en 1725 sur le célèbre auteur des Caractères ; M. de Valincour lui répondit : « La Bruyère pensait profondément et plaisamment ; deux choses qui se trouvent rarement ensemble.
A l’âge où le génie doit être dans toute sa force et fructifier dans sa maturité, ils ont déjà comme épuisé la nature, et ils tendent les bras à la muse, qui s’enfuit plus vite encore que la jeunesse.
Casimir Delavigne avait trente ans : il était arrivé à la maturité de la jeunesse, à la possession de la célébrité la plus flatteuse et la plus pure ; les générations de son âge et celles qui s’étaient élevées depuis, ou qui grandissaient, l’avaient pour première idole.
Leur active jeunesse, leurs folles passions les emportent et les égarent.
Périn, la Jeunesse de Robespierre (doléances des cahiers de l’Artois), 517.
., 1876 ; Ma Jeunesse (pub. p.
Quand la duchesse voit Roger pour la première fois, la jeunesse du bel officier lui remémore la décrépitude du défunt duc ; et M.
Maxime s’indigne et se redresse ; il lui reproche, avec l’âpreté généreuse de la jeunesse, son métier vénal.
Mais, dès ces années et sans doute dès sa première jeunesse, quand Napoléon causait, il y était tout entier de verve et de génie.
Telle elle était à l’âge où expirent les derniers rayons de la jeunesse.
Tout à côté des mesures et des calculs dictés par une hardiesse prévoyante, il reconnaît ce qu’il doit à « l’occasion, cette mère des grands événements », et il est soigneux de faire en toute rencontre la part de la fortune : Ce qui contribua le plus à cette conquête, dit-il, c’était une armée qui s’était formée pendant vingt-deux ans par une admirable discipline ; et supérieure au reste du militaire de l’Europe (remarquez l’hommage à son père) ; des généraux vrais citoyens, des ministres sages et incorruptibles, et enfin un certain bonheur qui accompagne souvent la jeunesse et se refuse à l’âge avancé.
Enthousiaste des beautés de son siècle, et recueillant en faisceau les admirations de sa jeunesse, il les consacra dans un petit poème intitulé : Le Siècle de Louis le Grand, qu’il lut à l’Académie le 27 janvier 1687, c’est-à-dire le jour où elle s’assemblait pour témoigner sa joie de la convalescence du roi, qui avait subi une opération.
En 89, il habitait encore la Vieille-Rue-du-Temple ; mais, dès ce temps, il avait son beau jardin et sa maison qu’il faisait bâtir sur le boulevard, à l’angle, en face de la Bastille, et que nous avons tous pu voir dans notre jeunesse.
Nous autres vieillards ne ressuscitons qu’au printemps, et végétons en été ; mais l’hiver n’est bon que pour cette jeunesse bouillante et impétueuse qui se rafraîchit à des courses de traîneaux et à se peloter de neige.
Je suis persuadé et sûr, quant à ce qui me regarde, que l’influence de la musique nous amena à la perception d’une forme poétique, à la fois plus fluide et précise, et que les sensations musicales de la jeunesse, (non seulement Wagner, mais Beethoven et Schumann) influèrent sur ma conception du vers lorsque je fus capable d’articuler une chanson personnelle.
Kahué jouit d’une jeunesse prolongée au-delà des limites normales.
C’est fort possible, car jusqu’à présent ce qui a facilité ses pérégrinations dans les différents groupes, c’est qu’il n’a à son actif, ou plutôt à son passif, aucune de ces productions de jeunesse qui retiennent à des formules qu’on voudrait abandonner.
On dit qu’elle a fait des folies de passion, dans sa lointaine jeunesse.
Qui sait (et pour mon compte je le voudrais) si cette Histoire de la Comédie, une des idées de sa jeunesse, quand il n’était pas le philologue qu’il est devenu, ne date pas un retour tardif vers les choses de la pensée et de la vie de la part de cet esprit qui était certainement né pour elles, autant et plus qu’aucun de nous ?
Aubryet ne tremble pas non plus devant ces supériorités littéraires qui ne sont pas même des Washington dans leur ordre de mérite et de célébrité, mais il les voit peut-être avec ce trouble de la jeunesse qui n’est gracieux que pour ceux qui le causent, et dont l’aplomb de la vie, gagné à vivre, le débarrassera.
Sa jeunesse n’attendit pas longtemps une renommée qui vient souvent si tard à ceux qui la méritent le plus, il fut célèbre dans un temps où la gloire était facile et coulait à pleins bords, à la portée de ceux qui en avaient soif et qui n’avaient qu’à se baisser pour prendre dans leur main de cette eau brillante qui passait.
Son Jacques II, que je n’ai pas à juger ici, et son Guillaume III, qui en est le corollaire, ne sont, au fond, qu’une thèse whig très passionnée… Du reste, dès sa jeunesse, le whig tenait si fort Macaulay, que, dans son article sur Milton, — certainement une des plus belles choses qu’il ait écrites et l’une des plus belles qu’on ait écrites sur ce grand poète, — il se laisse emporter par son whigisme de la manière la plus… juvénile dans un hors-d’œuvre brillant, audacieux et colère.
Il était né armé de facultés soudaines, qu’il put aiguiser mais auxquelles il n’ajouta pas, et par conséquent, conclusion dernière, il a cet avantage, interdit à presque tous les autres hommes, même de génie, mais d’un génie inférieur au sien, que les livres de son âge mûr ne font pas rougir de honte les élucubrations de sa jeunesse, et qu’on peut le voir avec plaisir et le reconnaître dans ce miroir renversé.
Le système, l’exagération volontaire, l’archaïsme, l’imitation, fatale pour les plus forts quand ils ont ce charmant défaut de la jeunesse, mère de tant de sottises, toutes ces choses qui contaminent çà et là l’œuvre actuelle, doivent, par le fait de la santé et de la vigueur de son esprit, mourir prochainement en M.
., membre de l’Association catholique de la jeunesse française.
On ne se trompe guère sur la médiocrité ; le moindre commerce avec les manuscrits de la jeunesse studieuse la fait reconnaître au premier coup d’œil. […] Le monde a dévoré ma jeunesse, et puis Dieu Ne m’avait pas au front marqué d’un doigt de feu. […] Leur passion dominante est le besoin de produire, qui doit être assez impérieux pour résister d’abord, dans leur jeunesse, quand il s’agit pour eux de choisir une carrière, à la volonté de leurs parents ; plus tard, à l’indifférence de la foule, à l’ironie de l’élite intellectuelle et même à l’opposition de toute la critique. […] En Allemagne, le poète dramatique Klinger, aujourd’hui oublié, était regardé, au temps de la jeunesse de Gœthe, comme un des principaux représentants de la littérature allemande. […] Il soutient dans le monde la bonne réputation de la langue française, qui se distinguera toujours, selon Zola, « par le soin de la phrase », et il fournit à la jeunesse studieuse des modèles utiles d’écriture.
Et Andromaque respire si bien la divine jeunesse du poète ! […] Il y passe un souffle de jeunesse, de fantaisie et de gaieté ; et, quoique cette gaieté ne soit plus tout à fait la nôtre, on la goûte sans trop d’effort. […] Mais, au reste, on aurait tort de croire que Marcel, Schaunard et Colline représentent la jeunesse des Écoles d’il y a quarante ans. […] Cette façon de prendre les choses de l’amour est bien d’un ancien clerc, d’un homme en qui les enseignements de la morale chrétienne ont été profondément imprimés dans son enfance et dans sa jeunesse. […] S’il n’a plus la jeunesse et la beauté du corps, il a la bonté, il a l’esprit, il a le prestige de la gloire et du génie, et il ne m’en coûtera pas trop d’être son initiatrice.
Confessons qu’il est incontestable, maintenant que son œuvre, sans être close, commence à se profiler en silhouette définitive, que ses derniers recueils — inspirés par la guerre — lui ont ajouté une couleur d’émotion profonde qui manquait aux livres de sa jeunesse, et qu’il a su rencontrer dans quelques essais récents des accents plus apaisés d’une sérénité noble et désabusée11. […] Les recueils de jeunesse de M. de Régnier contiennent nombre de longs poèmes parfaitement ennuyeux il faut l’avouer. […] Et cela a de quoi surprendre chez un écrivain dont la jeunesse ressentit avec beaucoup de docilité la grande influence de Mallarmé. […] Cet auteur, en qui l’on remarque un si grand nombre des traits qui font les grands écrivains, ne fait pas figure d’en être un : ni par recherche, ni par rencontre, Il ne joue le rôle d’un maître de la jeunesse. […] « La parole d’honneur, c’est une affaire d’homme. » (Notre jeunesse.)
Il est permis de reprocher à quelques parties de cette pièce une tension voisine de l’emphase ; la jeunesse de l’auteur explique suffisamment ce défaut, et je crois même qu’il est difficile de célébrer le dévouement héroïque de Charlotte Corday sans mériter le même reproche qu’André Chénier. […] La jeunesse d’André Chénier ne suffit pas à expliquer le caractère païen de ses élégies ; car, de vingt à trente ans, il avait eu sans doute l’occasion de connaître l’amour autrement que par le plaisir. […] L’auteur, malgré sa jeunesse, appartient dès à présent à l’histoire littéraire. […] Il y a dans cette scène un parfum de jeunesse dont rien, à mon avis, ne saurait surpasser la douceur. […] La pensée qui s’est produite pour la première fois sous la forme du récit, perd, en se montrant sous la forme dramatique, la meilleure partie de sa jeunesse et de sa fraîcheur.
Ayant pour soi la force de la jeunesse et l’initiative prime-sautière de l’instinct, ils produisent d’abord des œuvres originales, qui ne doivent rien à la civilisation gréco-romaine, ni même au christianisme, par exemple les Nibelungen et les romans de la Table Ronde. […] Nous ne trouvons chez lui que le regret assez vulgaire des dons de jeunesse gaspillés sans profit pour le bien-être des vieux ans : Bien sais, si j’eusse étudié Au temps de ma jeunesse folle, Et à bonnes mœurs dédié, J’eusse maison et couche molle ! […] Elles n’auraient pas eu de prise sur les peuples, si d’avance les peuples ne les avaient instinctivement appelées ; elles les rajeunirent entièrement, parce qu’ils avaient déjà en eux un principe de jeunesse. […] Zola étale les pires conséquences, celui des festins curieux et des griseries superfines de la jeunesse aristocratique de Russie, dont les dangereux paris, racontés par Tolstoï, font frémir. […] L’homme réduit par le métier à l’état de machine : vieux, il s’agenouille, roidi et ployé en trois sur les moellons qu’il broie laborieusement ; jeune, il n’a déjà plus de jeunesse ; plus lamentable encore à voir que son compagnon, parce qu’il semble finir son existence l’ayant à peine commencée.
L’idée de patrie à laquelle une éducation traditionaliste convainc dès sa jeunesse l’homme de s’y sacrifier à l’occasion, c’est le résultat plus vaste des deux forces précédentes mises au service de l’égoïsme d’un seul, le plus fort de tous, et se renouvelant par droit dynastique. […] Les écrivains suivaient l’éducation traditionnelle instaurée par la Renaissance et les préjugés qu’ils recevaient dès leur jeunesse, sans songer à les vérifier par la suite. […] La jeunesse bohème finit en opulence domestique.
C’est à Paris surtout qu’elle a conquis toute une jeunesse, venue du Midi et d’ailleurs. […] Jean Moréas, l’un des chefs du Symbolisme de la jeunesse contemporaine (et des Écoles) ? […] Courte et claire, la réponse de notre aimable correspondant, le « chansonnier mystique » (comme il aime à s’appeler lui-même), dont les Chansons d’Amour et de Jeunesse volètent à toutes les lèvres : Cher ami, En art, toute révolution est bonne, pourvu que le génie s’en mêle.
C’était un livre de sa jeunesse, un de ces poètes de nature que son père lui avait appris à aimer ; et du blanc des strophes elle voyait monter tout son passé de jeune fille, la fraîche et pénétrante impression des premières lectures : La belle aurait pu sans souci Manger ses fraises loin d’ici, Au bord d’une claire fontaine, Avec un joyeux moissonneur Qui l’aurait prise sur son cœur, Elle aurait eu bien moins de peine. […] Cette fleur que vous laissiez cueillir aux demoiselles de boutique, à ce que je crois aujourd’hui, cette fleur au cœur grand ouvert qui s’effeuillait à tous les vents, était le symbole de votre glorieuse jeunesse. […] Quand nous avons tous les appétits de la jeunesse, que notre sang est plein de fer et d’alcool, nous n’avons pas un écu ; quand nous n’avons plus ni dents, ni estomac, nous sommes millionnaires. […] Il y avait là Victor Hugo, dans tout le limpide éclat de sa jeunesse ; Alfred de Vigny, les deux Deschamps, Sainte-Beuve, Charles Nodier, le doyen du groupe ; Chenavard, Alexandre Dumas entre Henri III et Christine, Poterlet, Louis Boulanger, Eugène Delacroix, Tony et Alfred Johannot, Antonin Moyne, Barye et bien d’autres. […] On peut citer comme tels les récits de la jeunesse du marquis, de ses débuts à l’armée et au parterre tumultueux de la Comédie-Française, de son mariage, de ses démêlés avec sa femme, et des descentes de la marquise dans l’hôtel de son mari, alors que les deux époux étaient séparés de fait et non encore de droit.
Mais bien loin — et quoiqu’on les imprime habituellement avec elles — de faire corps avec les Pensées, dont les premières ne sauraient guère avoir été jetées sur le papier avant 1658, ces fragments leur sont, l’un de dix, et l’autre de trois ou quatre ans antérieurs, et conséquemment ils ne prouvent que pour la jeunesse de Pascal. […] Ainsi s’est écoulée la jeunesse de Molière : trop heureux quand le dédain de ces provinciaux, qu’il divertissait pour un petit écu, n’allait pas jusqu’à l’outrage ! […] Élevée Dans un petit couvent, loin de toute pratique, Agnès n’a rien pour elle que d’être la jeunesse, l’amour, et la nature. — Même il semble qu’il y ait en elle un fond d’insensibilité, pour ne pas dire de perversité naïve, dont je me défierais, si j’étais que d’Horace ! […] Si sa jeunesse irrégulière et nomade n’avait guère été pour lui qu’un long apprentissage du mépris qui s’attachait alors à la condition de comédien, la faveur même de Louis XIV n’a pas pu le défendre, dans sa maturité, contre l’insolence habituellement polie, mais quelquefois brutale aussi des gens de cour, et encore bien moins contre la grossièreté du parterre. […] Écoutez plutôt l’Angélique de George Dandin : « Je veux jouir, s’il vous plaît, de quelques beaux jours que m’offre la jeunesse, et prendre les douces libertés que l’âge me permet. » C’est toujours le langage de l’École des femmes.
/> Cette tradition est aussi incertaine que les autres faits trop peu nombreux qui nous sont parvenus sur la jeunesse de notre auteur. […] Le sujet en était emprunté à la fable de Théagène et Chariclée, pour laquelle il avait conçu dans sa jeunesse une admiration voisine de l’enthousiasme. […] La nature lui accorda le don de conserver un air de jeunesse jusque dans un âge fort avancé. […] Les deux anciens condisciples aimaient à se reporter quelquefois aux discussions de leur jeunesse. […] Boileau a raconté plus d’une fois cette folie de sa jeunesse.
On cite d’ordinaire ses deux maîtres de philosophie, célèbres pour le temps, Frey et Padet ; mais il serait plus essentiel de rappeler ce que Guy Patin, son ami de jeunesse, nous apprend. […] On la dirait innée en quelques individus et produite par la nature, tant elle se prononce chez eux de bonne heure ; et, bien qu’elle se mêle dans la jeunesse au désir de savoir et d’apprendre, elle ne s’y confond pas nécessairement.
La charmante Thaïs s’asseyait à ses côtés, belle comme une fiancée d’Orient, dans toute l’orgueilleuse fleur de la jeunesse et de la beauté. […] Un vieillard de Salzbourg, voisin de la maison du maître de chapelle, et qui se souvient d’avoir vu dans sa jeunesse ce prodige de précocité, racontait, il y a peu de jours, à un de nos amis une anecdote merveilleuse de l’enfance de Mozart dont il avait été témoin.
De là vient encore que Platon interdit la dialectique à la jeunesse, et qu’il veut qu’elle couronne, et non qu’elle précède la culture des sciences particulières. […] Il contient un traité de la Sensation, un traité de la Mémoire, un traité du Sommeil et de la Veille, des Rêves, un traité de la Longévité et de la Brièveté de la vie, de la Jeunesse et de la Vieillesse, de la Vie et de la Mort, de la Respiration.
C’est l’Andromaque d’Hector agenouillée sur une tombe vide, gardant un amour unique et la fidélité du coeur dans l’involontaire infidélité d’un corps d’esclave ; l’amoureuse amitié de Nisus et d’Euryale ; Pallas, ou la grâce de la jeunesse fauchée ; la blonde amazone Camille, la jeune aïeule des « travestis » héroïques, de Clorinde à Jeanne d’Arc… Et c’est, partout, l’ombre de la grande Louve, la majesté du peuple romain, régulateur et pacificateur du monde, le sentiment de sa mission, de sa « vocation » terrestre, crue et révérée comme un dogme religieux : Excudent alii… Tout cela ramassé, condensé en expressions choisies, d’une brièveté profondément significative, et qui se prolongent et qui retentissent dans le coeur et dans l’imagination. […] Il y a celles qui passent leur restant de vie, généralement très long, à exploiter, avec un soin âpre et pieux, les livres de leur mort, à vider ses fonds de tiroirs, à publier ses œuvres posthumes, niaiseries de jeunesse, notules, broutilles.
Elle avait entrevu les plus radieuses espérances de la jeunesse et de l’amour. […] Et certainement ces avantages, ou du moins le dernier, seraient assurés, si l’État qui, dans quelque mesure, a charge d’âme, imposait un frein à la licence de la presse et ne tolérait pas la libre circulation, à bas prix, de récits et de romans orduriers qui sont de nature à dépraver la jeunesse.
Mais en revanche, rien n’était moins propre à fermer les blessures, qu’avaient laissées dans l’âme de Swift les épreuves de sa jeunesse, que le scepticisme de Temple, que sa prudence intéressée, que cette mauvaise opinion des hommes, qu’on rapportait inévitablement de la vie publique sous les deux derniers des Stuarts. […] À l’Université, et surtout pendant son séjour chez sir Temple, Swift avait beaucoup écrit, mais il avait lui-même jugé et condamné la plupart des essais de sa jeunesse.
Il avait écrit Enfance, Adolescence, Jeunesse, Trois Morts, Guerre et Paix 40, romans de complet et dernier Réalisme. […] Malade, il oubliera les besoins de la santé, éprouvera plus grande la joie de se voir fort et jeune, dans la jeunesse et la vigueur de son fils.
Sous cet aspect nouveau, Hermès devient le chef des éphèbes, le prince de la jeunesse, le pur-sang divin de la race attique. […] Ô Dieu qui aimes la jeunesse, reçois avec bonté ces dons d’un éphèbe ami de la règle et du devoir !
Très-versée par les habitudes de sa piété dans la Bible, très teinte des couleurs homériques dans son imagination par ses lectures de jeunesse sous des maîtres illustres, on voyait, à sa physionomie fine et sous-entendue devant les grandes scènes de la vie rurale, qu’elle en jouissait aussi naïvement que nous par le cœur, mais plus littérairement que nous par l’esprit. […] Antinoüs, un des prétendants, raille avec ironie le fils d’Ulysse sur sa jeunesse.
C’est une chose d’une tristesse morne que les juvenilia d’un homme qui n’a jamais eu de jeunesse. — Cette singulière destinée d’un écrivain qui, après Molière et Racine, jouait le personnage d’un contemporain de Théophile, a dû bien surprendre, et, en effet, elle a étonné les hommes de l’école de 1660, les Boileau et La Bruyère. […] Montesquieu, dans sa jeunesse, est l’homme de ce temps-là, et il lui en restera toujours quelque chose (comme aussi dès sa jeunesse, il ne tient pas tout entier dans ce caractère). […] Il est homme du monde aimable, et même charmant, « la galanterie même auprès des femmes », dit un contemporain ; mais sans attachement durable ni profonde émotion ; « Je me suis attaché dans ma jeunesse à des femmes que j’ai cru qui m’aimaient. […] Et voyez encore comme Montesquieu, en ces années de jeunesse, est homme de sa date par d’autres penchants, que je ne relève que parce qu’il lui en restera toujours quelque chose. […] Il n’a point à raisonner, il n’a qu’à vouloir. » — Voyez ce qu’il reprochait dans sa jeunesse, et injustement, je crois, à Louis XIV ; c’est surtout d’avoir été un sot40.
Quelques-uns de ceux même qui ont eu l’idée d’introduire chez nous des images de la poésie familière et domestique, et qui y ont réussi à certain degré, n’en ont pas eu assez la vertu pratique et l’habitude dans la teneur de la vie ; ils en ont bientôt altéré le doux parfum en y mêlant des ingrédients étrangers et adultères, et l’on a trop mérité ce qu’un grand évêque (Bossuet) a dit : « On en voit qui passent leur vie à tourner un vers, à arrondir une période ; en un mot, à rendre agréables des choses non seulement inutiles, mais encore dangereuses, comme à chanter un amour feint ou véritable, et à remplir l’univers des folies de leur jeunesse égarée.
Michel Nicolas ne vienne pas nous dire : « Ses ouvrages, même ceux de sa jeunesse, annoncent un observateur judicieux, souvent un penseur profond, toujours un écrivain guidé par le seul amour de la vérité. » Il est impossible, quand on arrange la vérité d’autrui de la sorte et qu’elle se fausse, pour ainsi dire, d’elle-même sous la plume, qu’on en ait grand souci dans aucun de ses propres ouvrages.
On sait les aventures de jeunesse de cette muse.
Le spectacle de cette entrée épouvantable et de cette exécution laissa une longue horreur imprimée aux âmes, et quand on lit ensuite le traité de la Servitude volontaire d’Étienne de La Boëtie, l’ami de jeunesse de Montaigne, on ne peut s’empêcher d’y reconnaître un profond sentiment de représailles autant et plus peut-être qu’un ressouvenir et une imitation de l’antiquité.
J’étais si aise, vous voyant adonnée à la musique ; je vous ai si souvent tourmentée pour savoir vos lectures, pour cette raison ; depuis plus d’un an, il n’est plus question ni de lecture, ni de musique, et je n’entends parler que des courses de chevaux, des chasses de même, et toujours sans le roi, et avec bien de la jeunesse non choisie : ce qui m’inquiète beaucoup, vous aimant si tendrement.
Thiers, dans son Histoire de la Révolution, œuvre de sa jeunesse, n’a point échappé entièrement à ce genre d’illusion.
Quand on parle de goût et qu’on célèbre celui de l’ancienne société, celui de quelques hommes en particulier dont M. de Talleyrand était comme le type accompli, il faut bien s’entendre et se garder de confondre le goût social et le goût littéraire ; car en matière de littérature et surtout de poésie, ces gens d’esprit en étaient restés aux formes convenues de leur jeunesse et aux lieux communs de leur éducation première ; on en a une singulière preuve dans la lettre suivante : « 18 (août 1828) Bourbon.
Aussi, nous qui regrettons personnellement, et regretterons jusqu’au bout, comme y ayant le plus gagné à cet âge de notre meilleure jeunesse, les commencements lyriques où un groupe uni de poëtes se fit jour dans le siècle étonné, — pour nous, qui de l’illusion exagérée de ces orages littéraires, à défaut d’orages plus dévorants, emportions alors au fond du cœur quelque impression presque grandiose et solennelle, comme le jeune Riouffe de sa nuit passée avec les Girondins (car les sentiments réels que l’âme recueille sont moins en raison des choses elles-mêmes qu’en proportion de l’enthousiasme qu’elle y a semé) ; nous donc, qui avons eu surtout à souffrir de l’isolement qui s’est fait en poésie, nous reconnaissons volontiers combien l’entière diffusion d’aujourd’hui est plus favorable au développement ultérieur de chacun, et combien, à certains égards, cette sorte d’anarchie assez pacifique, qui a succédé au groupe militant, exprime avec plus de vérité l’état poétique de l’époque.
Puis, tout à côté, jaillit l’apostrophe outrageante et impie aux vieillards, dérision dure qui les traîne devant nous par les cheveux, afin qu’ils nous récitent, un pied dans la tombe, leurs joies de vingt ans, comme s’il n’y avait de sacré au monde que la jeunesse, la beauté et l’amour.
La nature féconde de l’île de France, cette végétation active et multipliée que l’on retrouve sous la ligne, ces tempêtes effrayantes qui succèdent rapidement aux jours les plus calmes, s’unissent dans notre imagination avec le retour de Paul et Virginie revenant ensemble, portés par leur nègre fidèle, pleins de jeunesse, d’espérance et d’amour, et se livrant avec confiance à la vie, dont les orages allaient bientôt les anéantir.
Périn, la Jeunesse de Robespierre, 301.
Nous venons de le lire tout entier, et il nous paraît impossible que la jeunesse de l’écrivain ne promît pas une force étonnante quand la pensée l’aurait mûrie.
Qu’on lise en effet les Réflexions sur la politique : le dessein en est moral, et nous révèle ainsi la jeunesse de l’auteur.
Le tableau qu’il trace de l’enfance et de la jeunesse de son maître est tout cordial et charmant.
Napoléon lui-même ne s’était guère donné le loisir de bien comprendre cette nature universelle de Goethe ; il voyait toujours en lui l’auteur de Werther, c’est-à-dire ce que Goethe avait été à un instant de sa jeunesse et ce qu’il n’était plus.
Mlle Le Couvreur, dans sa première jeunesse, avait accueilli bien des adorateurs, dont on a droit de nommer quelques-uns, Voltaire par exemple.
Pour nous, quoi que la raison nous dise, pour tous ceux qui, à quelque degré, sont de sa postérité poétiquement, il nous sera toujours impossible de ne pas aimer Jean-Jacques, de ne pas lui pardonner beaucoup pour ses tableaux de jeunesse, pour son sentiment passionné de la nature, pour la rêverie dont il a apporté le génie parmi nous, et dont le premier il a créé l’expression dans notre langue.
Le vieil écuyer Bertrand de Poulangy, qui, dans sa jeunesse, avait eu l’honneur d’escorter Jeanne lors de sa première chevauchée de Vaucouleurs à Chinon, disait que, dans toutes les nuitées et les couchées du voyage, il n’avait pas eu à son égard une pensée de désir.
Il paraît avoir aimé cette profession, où il conquit l’estime et se fit considérer ; il en garda quelques amis de jeunesse, parmi lesquels on me cite MM.
D’une âme ardente et dont le feu se dirigeait sur des sujets graves, à peine hors des bancs, il prit part aux discussions et aux dissensions qui agitaient alors cette petite république, et il eut ses premiers écarts, même ses excès ; car il est écrit pour chacun qu’il faut que jeunesse se passe.
Clavier, et en jetant les yeux autour de lui : « Il me semble que tout ce que j’aime est ici » ; et il demande en mariage la fille aînée de son ami, laquelle était encore dans la première jeunesse.
Au début de L’Esprit des lois, il va jusqu’à dire que les premiers hommes supposés sauvages et purement naturels sont avant tout timides et ont besoin de la paix : comme si la cupidité physique, le besoin et la faim, ce sentiment aveugle que toute jeunesse a de sa force, et aussi « cette rage de la domination qui est innée au cœur humain », ne devaient pas engendrer dès l’abord les rixes, et les guerres.
Voltaire, qui n’a fait qu’assister à la naissance de ce style et qui s’en est raillé, ne l’a pas vu dans son développement et dans tout son beau ; il était venu à temps, dans sa jeunesse, pour corriger le goût public du précieux de Fontenelle : il a fait défaut, un siècle après, pour percer à jour cette forme de bel esprit plus sérieuse, et pour faire opposition, par son exemple, à des Fontenelle bien autrement prépondérants.
Hugo, et le mot a toujours servi, de là l’impossibilité d’exprimer l’émotion. » Eh bien non, et c’est là ce qu’il y a de désolant pour le poète, l’émotion la plus personnelle n’est pas si neuve ; au moins a-t-elle un fond éternel ; notre cœur même a déjà servi à la nature, comme son soleil, ses arbres, ses eaux et ses parfums ; les amours de nos vierges ont trois cent mille ans, et la plus grande jeunesse que nous puissions espérer pour nous ou pour nos fils est semblable à celle du matin, à celle de la joyeuse aurore, dont le sourire est encadré dans le cercle sombre de la nuit : nuit et mort, ce sont les deux ressources de la nature pour se rajeunir à jamais.
Dans son Pères et Enfants, la jeunesse russe et la vieille aristocratie se sont reconnues et se sont irritées du portrait.
Sans doute, nous ne pouvons nous donner la jeunesse qui nous manque ; mais nous pouvons au moins nous affranchir de l’esprit de secte et recueillir toutes les vérités de quelque part qu’elles viennent, sans leur imposer telle estampille ou telle étiquette.
Chateaubriand, après autant d’années, Chateaubriand, génie de rêverie, de mélancolie et de silence, n’avait pas pardonné à Rivarol cette supériorité de conversation écrasante qu’il avait eu à subir quand il le rencontra dans sa jeunesse, et le vaniteux des Mémoires d’outre-tombe, le jaloux de Napoléon et de lord Byron, associa Rivarol aux deux seules jalousies de son âme, et le grandit par ses ressentiments… Quant à nous, venus longtemps après Rivarol, le piano de Liszt ou le violon de Paganini ont pu seuls nous donner la sensation de cette conversation inspirée qu’il exécutait, a dit Sainte-Beuve, à la manière d’un virtuose ; mais les idées, ces idées qu’exprime la parole et que n’exprime pas la musique, elles ne sont plus, et rien ne saurait les rappeler !
On était aux beaux jours de la foi, cette fleur ardente de la jeunesse intellectuelle des nations.
Rien ne sera trop pour payer cela, et que mon petit gars puisse toujours marcher la tête haute, et dans la France restaurée ne pas connaître le tourment qui a empoisonné beaucoup d’heures de notre enfance et de notre jeunesse. « Suis-je Français ?
Il fit des études régulières et solides, et passa sa jeunesse à l’Université de Cambridge.
Il n’eut pas seulement un prédécesseur de son nom, auteur de quelques froids sonnets, et cependant admiré jusqu’à la passion par une jeune fille poëte, qui voulut se nommer la Nina di Dante : il crut, dans sa jeunesse, avoir quelques rivaux de poésie, et ne laissa que bien tard échapper l’aveu qu’il espérait les effacer tous, comme le peintre Cimabué surpassait Giotto.
Ses idées sur les tendances de la jeunesse actuelle, sur les influences qu’elle subit, sur la direction nouvelle qu’il faudrait souhaiter à l’art d’écrire et sur les pressentiments qu’on trouve de ces nouveautés dans les monuments élevés devant nous par les Maîtres, toutes ces idées, dit-il, vraies ou fausses, sont à lui. […] — La secte Catholique se fige dans le respect du passé, empruntant à l’intensité de cette abdication de toute jeunesse comme une sorte de jeunesse surnaturelle, comme un renouveau d’énergie, presque des droits sur l’avenir, du moins la souveraineté absolue dans le présent. […] Il a, comme un prince des ténèbres, tracé dans l’Art un rayon de lumière noire, — « révélé la psychologie morbide de l’esprit qui a atteint l’octobre de ses sensations ; raconté les symptômes des âmes requises par la douleur, privilégiées par le spleen ; montré la carie grandissante des impressions, alors que les croyances, les enthousiasmes de la jeunesse sont taris, alors qu’il ne reste plus que l’aride souvenir des misères supportées, des intolérances subies, des froissements encourus par des intelligences qu’opprime un sort absurde63 ». […] Je le répète, c’est certainement que cet homme a pour âme la Poésie elle-même, et dès lors je ne m’étonne plus de cette jeunesse éternelle, de cet esprit lyrique, qui jongle avec les mots, les forçant à décrire d’harmonieuses, imprévues et significatives courbes, si profond qu’il se laisse croire ingénu. — Le Poëte des Exilés et des Odes funambulesques a sauvé le Parnasse du possible ridicule où son allure guindée l’eût entraîné et, sachant que la Mélancolie n’est pas le dernier but de l’Art, lui a ouvert le chemin vers cette aurore où tout se rajeunira : la Joie. […] M. de Vogüé, que les hasards de la vie ont de bonne heure initié à la langue, au génie et à la littérature d’un peuple jeune et plus voisin que nous de l’Orient, mais qui avait, dès le milieu du siècle dernier, accueilli l’influence du vieil occident, nous a rapporté de Russie l’effet combiné de cette influence ajoutée et de cette jeunesse native, — une littérature magnifique, — âpre, acre et tendre, naïve et compliquée, spirituelle, sentimentale et sensuelle, tout ardente d’un amour extasié jusqu’à la charité, mais violente avec tant de douceur !
Qui ne sait même, à un point de vue plus général encore, combien nous sommes exposés à gâter nos plus chers souvenirs, quand dans l’âge mûr nous avons la faiblesse de rouvrir les livres qui nous ont ravis dans notre jeunesse. […] Toutefois, cette physionomie particulière de la mise en scène pourrait être un obstacle à la reprise future de nos pièces modernes ; car ce qui nous paraît aujourd’hui un trait de jeunesse sera un jour une ride d’autant plus marquée que le trait aura été plus précis. […] On se heurte en quelque sorte à des impossibilités, car on n’a pas la faculté de donner à ses figurants la jeunesse, la beauté et la distinction des manières. […] Ici un beau drame d’amour va naître, tandis que là une folle comédie se dénoue ; dans le groupe prochain un marché honteux se conclut : dans celui-ci un crime horrible se prépare, tandis que dans celui-là s’épanouissent la jeunesse et le bonheur. […] Dans La Jeunesse du roi Henri, un des décors représentait un carrefour dans une forêt, et la perspective habile donnait à cette forêt dévastés proportions.
Entraîné par la nature et par son goût à composer des pièces dramatiques, à monter sur le théâtre, et dès sa jeunesse engagé parmi des troupes de comédiens, il sut anoblir sa profession par l’usage qu’il y fit de ses bonnes études, et améliorer sa fortune pour enrichir ses camarades. […] Je n’ai pu poser ce principe, dont on me prête généreusement l’absurdité, que la vieillesse ou la jeunesse puisse exclure des honneurs attachés à la culture des lettres ; car je sais, comme vous, que Cicéron couronna ses derniers jours par son beau Traité de l’Orateur, et que Voltaire avait fait son Œdipe avant sa vingtième année. […] Sa jeunesse, sa beauté, sa contenance, ne vous révèlent-elles pas l’espèce de tort qu’on lui faisait payer ? […] L’enfance, la jeunesse, la maturité, la décrépitude, les états nobles et vils, les fortunes inégales, les prétentions contraires, tout influe sur les pensées et sur les actions des hommes. […] « — Soit : mais je tiens sans cesse « Qu’il nous faut en riant instruire la jeunesse, « Reprendre ses défauts avec grande douceur, « Et du nom de vertu ne lui point faire peur.
Le seul Virgile fut heureux auprès d’un empereur : Valérius Flaccus se dérobait à des monstres couronnés : Lucain avait été dès sa jeunesse la victime de Néron : Arioste et Tasse vécurent dans l’intimité des princes ; le premier sut s’en faire aimer par ses grâces railleuses, et déjouer leur malignité par sa riante insouciance ; le second mourut le plus humilié, le plus infortuné des hommes. […] L’abus du raisonnement mine peu à peu les facultés de l’imagination : n’en est-il pas de la jeunesse des peuples et de leur maturité, comme de ces deux époques dans la vie des hommes ? […] Aurais-je bonne grâce de vous déclarer d’abord, comme notre bon père de Mélanie, que la moindre indication de ce sujet obscène, inepte, et bestial, blesse la décence publique ; puis de vous dérouler ensuite les maximes qui le salissent, et dont la jeunesse, si nous l’en croyons, fit sa philosophie et son catéchisme. […] J’imaginai, dans ma jeunesse, d’introduire épisodiquement en un poème sur Moïse, une figure allégorique du frappement du rocher et de la source que le prophète en fit jaillir. […] Boileau recommande, non que les héros soient parfaits, mais que l’héroïsme se fasse sentir jusqu’en leurs défauts : ce n’est pas assez que leurs faits excitent la surprise, s’ils ne sont dignes d’être ouïs : les crimes de famille des fils d’Œdipe déshonorent l’épopée ; et les crimes d’état de César ou d’Alexandre n’empêchent pas les vertus de leur caractère d’éclater assez pour qu’il rapproche ces personnages de Louis XIV, qu’il veut flatter : il ne considère ici que l’espèce de grandeur qui relevait leurs actions à l’égal de celles du roi dont il a loué la jeunesse, et ne les envisage pas de leur côté blâmable et vicieux qu’il a su condamner par un arrêt de la raison dans sa satire sur le véritable honneur.
Quelle enfance et quelle jeunesse ! […] Toutefois, de même que les jeunes gens qui vont quitter le célibat pour le mariage aiment à dire adieu à la vie libre de leur jeunesse dans un dernier festin, lord Herbert, avant de revêtir ses graves fonctions, voulut avoir une dernière affaire. […] Dans la première jeunesse les amis ont une importance qu’ils n’ont plus aux autres époques de la vie ; le jeune homme n’existe pas sans eux ; ils composent une partie de son caractère, ils servent de commentaire à ses actions. […] Tous les souvenirs de sa jeunesse, veuve de son compagnon préféré, s’éveillent en un instant et lui montent au cerveau en fumées de colère. […] Regardons-le pendant que la rosée de la jeunesse n’est pas encore desséchée.
Boileau n’a voulu en art que la raison, Boileau c’est l’esprit classique ; donc l’esprit classique est tout raison, tout bon sens, un pas de plus, tout sens pratique, et les classiques français n’ont jamais été autre chose que d’honnêtes gens donnant à la jeunesse de bons conseils en vers sobres ou en sage prose. […] Car le drame, c’est l’action, et l’action est le propre de l’âge viril, comme la rêverie, l’élégie et la fantaisie sont les muses de la jeunesse. […] Sa maladie l’aide trop facilement à passer de cette troisième jeunesse du quinquagénaire bien conservé par l’entraînement, au véritable déclin qui ne peut plus se faire d’illusions sur son compte. […] Margueritte de s’être montré nettement « réactionnaire » dans ce roman ; j’entends par là d’avoir fermement pris parti pour la jeunesse et contre les mariages disproportionnés. […] Au fond il l’a eue depuis son voyage de jeunesse en France jusqu’à sa mort, depuis 1846 jusqu’en 1864.
Sa jeunesse malheureuse développa chez Georges Eekhoud des instincts de bête traquée et défiante. […] Dans Les Tristesses, La Jeunesse Blanche, Le Règne du Silence, Le Miroir du ciel natal, les « leitmotive » gémissent, monotones et lents. […] Tel le poète des Soirs, des Débâcles, des Flambeaux noirs, Maeterlinck subit, dans sa jeunesse, une crise religieuse : ses Serres chaudes, puis ses drames attestent le découragement d’une âme athée qui cherche vainement le salut. […] Bruxelles, Lacomblez, 1890. — Les Miroirs de jeunesse. […] Bruxelles, 1884. — La Jeunesse Blanche.
. — Sa jeunesse. — Ses misères. — Ses aspirations et ses efforts. — Ses invectives contre la société et l’Église. — The Jolly Beggars. […] Thomas Moore, le plus gai et le plus français de tous, moqueur spirituel1199, trop gracieux et recherché, et qui fit des odes descriptives sur les Bermudes, des mélodies sentimentales sur l’Irlande, un roman poétique sur l’Égypte1200, un poëme romanesque sur la Perse et l’Inde1201 ; Lamb, le restaurateur du vieux drame ; Coleridge, penseur et rêveur, poëte et critique, qui, dans sa Christabel et dans son Vieux Marinier, retrouva le surnaturel et le fantastique ; Campbell, qui, ayant commencé par un poëme didactique sur les plaisirs de l’Espérance, entra dans la nouvelle école tout en gardant son style noble et demi-classique, et composa des poëmes américains et celtes, médiocrement celtes et américains ; au premier rang Southey, habile homme qui, après quelques faux pas de jeunesse, devint le défenseur attitré de l’aristocratie et du cant, lecteur infatigable, écrivain inépuisable, chargé d’érudition, doué d’imagination, célèbre comme Victor Hugo par la nouveauté de ses innovations, par le ton guerrier de ses préfaces, par les magnificences de sa curiosité pittoresque, ayant promené sur l’univers et l’histoire ses cavalcades poétiques, et enveloppé dans le réseau infini de ses vers Jeanne d’Arc, Wat Tyler, Roderick le Goth, Madoc, Thalaba, Kehama, les traditions celtiques et mexicaines, les légendes des Arabes et des Indiens, tour à tour catholique, musulman, brahmane, mais seulement en poésie, en somme protestant prudent et patenté. […] Puis la naïade de la vallée, le muguet : — la jeunesse le fait si beau, et la passion si pâle, — que l’éclat de ses clochettes tremblantes se laisse entrevoir — à travers leurs pavillons de verdure tendre.
Marianne est une ingénue qui, arrivée sur le retour et dans l’âge d’une expérience consommée, raconte à une amie les aventures de sa jeunesse et détaille ses sentiments.
Ceci s’est vérifié pour moi non seulement dans plusieurs époques de ma jeunesse, mais aussi dans mon âge avancé, lors de la Révolution de la France.
Il n’en voulait pas trop à Louis XV ; il avait mieux auguré de ce prince dans sa jeunesse, il avait cru un moment qu’il serait un bon roi ; du temps que Mme de Mailly était la maîtresse favorite (décembre 1738), il lui semblait qu’elle n’avait qu’un crédit limité ; que le roi ne lui cédait pas trop, « et que, comme Henri IV, il aimait mieux les affaires de son État que celles de sa maîtresse.
les voyages qui forment la jeunesse ne déforment pas la vieillesse. » C’était une de ses maximes.
Mme Roland, selon moi, si l’on veut bien laisser de côté en elle la Romaine et si on la sépare un moment des circonstances et des accidents extraordinaires qui ont compliqué sa destinée, nous a donné dans le récit de sa jeunesse, de sa propre éducation et de ce qu’elle enseignait à sa fille un tableau qui est comme l’image d’une quantité d’autres existences individuelles, et il faudrait retrancher peu de chose pour y trouver un modèle d’étude, de moralité, d’énergie bien dirigée, de santé de l’âme et de l’esprit mise à un excellent régime.
C’était un pasteur du nom de Manuel, qui, dans sa jeunesse, avait habité Francfort, et qui possédait son Allemagne comme d’autres possèdent leur Paris.
Votre Majesté rira peut-être de ce que je lui dis là, mais la bénédiction du lit, les prêtres, les bougies, cette pompe brillante, la beauté, la jeunesse de cette princesse, enfin le désir que l’on a qu’elle soit heureuse, toutes ces choses ensemble inspirent plus de pensées que de rires.
Sans doute pour qui considère les productions de l’époque d’un coup d’œil complet, il y a d’autres littératures coexistantes et qui ne cessent de pousser de sérieux et honorables travaux : par exemple la littérature qu’on peut appeler d’Académie des Inscriptions, et qui reste fidèle à sa mission de critique et de recherche en y portant un redoublement d’activité et en y introduisant quelque jeunesse ; il y a encore la littérature qu’on peut appeler d’Université, confinant à l’autre, et qui par des enseignements, par des thèses qui deviennent des ouvrages, est dès longtemps sortie de la routine sans perdre la tradition.
Sa mort suivit de près son triomphe. « Je l’ai pleuré devant Dieu, et j’ai prié pour cet ancien maître de ma jeunesse, écrit alors Fénelon ; mais il est faux que j’aie fait célébrer ses obsèques dans ma cathédrale, et que j’aie prononcé son oraison funèbre.
et ne dut-il pas voir ou entendre conter, en sa jeunesse, comment Retz courba Condé furieux devant sa bénédiction épiscopale ?
Il n’est pas jusqu’à Marot, si peu érudit, qui ne se plaigne de l’insuffisance des études : En effet, c’étoient de grans bestes Que les régens du temps jadis : Jamais je n’entre en paradis, S’ils ne m’ont perdu ma jeunesse.
À consulter : Hanotaux, la Jeunesse de Richelieu, in-8, 1893.
Il faudrait pouvoir suivre l’auteur des Essais de psychologie contemporaine dans les logiques et successifs développements de son esprit affiné et élégant, curieux et circonspect, vite éclairé et déçu, mais, par un fonds d’orgueil, dont la première marque, et la plus expressive, est une aveugle puissance de révolte, parallèle à l’amour-propre le plus ombrageux, — assombri d’insatisfaction précoce ; le suivre surtout dans cette jeunesse troublée, qui fut par instants inquiète, et terriblement, mais non pas mal confiante, soucieuse de tout pour en jouir et aussi pour en souffrir, quelque inclination qu’elle ait failli affirmer pour un dilettantisme qui n’a jamais été que littéraire, faite pour le boulevard beaucoup moins que pour la cellule de couvent, pour l’absorption réfléchie de toutes les jouissances, comme, et peut-être mieux, pour l’ascétisme monacal.
Souvenirs et portraits de jeunesse, p. 186.
Il faut regarder de près l’organisation de l’Église ; savoir si elle fut gallicane ou ultramontaine ; en quel sens le pape la poussa ; quels furent ses rapports avec l’État, sa richesse, ses moyens d’action ; quelle part elle eut dans l’éducation de la jeunesse en général et des écrivains du temps en particulier.
D’autre part, des auteurs qui se rattachent à l’époque antérieure, qui gardent quelque chose du temps de la Fronde : tels Corneille, Molière, La Fontaine, Retz, La Rochefoucauld, Saint-Evremond, même Mme de Sévigné ; tout soumis et pacifiés qu’ils sont avec la France entière, ils ont par moments une indépendance de pensée, une liberté de ton et d’allure, une verdeur de langage, voire une veine de gaillardise qui rappellent que leur jeunesse s’est écoulée dans une société moins régulière.
Là je trouvais mes rêves d’enfance, mes fantaisies de jeunesse réalisés dans une manière délicieuse.
La sévérité que le roi exerçait alors sur les mœurs de la jeunesse de la cour se reportait aussi sur lui-même.
Le champion brillant du trône et de l’autel voyait le monde se porter ailleurs, et plus d’une moitié de la jeunesse lui échapper ; son calcul alors a été prompt et direct.
La jeunesse s’enflamme ; les vieillards, pour la première fois, ne regrettent plus le temps passé, ils en rougissent.
Mirabeau, dans sa première jeunesse, s’était cru d’abord destiné à la guerre et à la gloire des armes : Élevé, dit-il, dans le préjugé du service, bouillant d’ambition, avide de gloire, robuste, audacieux, ardent, et cependant très flegmatique, comme je l’ai éprouvé dans tous les dangers où je me suis trouvé ; ayant reçu, de la nature, un coup d’œil excellent et rapide, je devais me croire fait pour le service.
que l’immoralité de ma jeunesse fait de tort à la chose publique !
Droz, jugeant les écrits de Mme de Lambert24, était frappé de ce qu’une telle morale, qui prêche ouvertement l’ambition, renferme de dangereux et même d’absurde : je lui en demande bien pardon, Mme de Lambert savait qu’à la date où elle écrivait, le, danger pour cette jeunesse guerrière était bien plutôt dans le trop de dissolution et de mollesse.
Il n’a pas encore épuisé toute sa force d’aventure et de jeunesse, et il est bon qu’il aille dans cet hémisphère nouveau pour y faire ses couleurs et y achever sa palette de peintre.
Hugo, et le mot a toujours servi ; de là l’impossibilité d’exprimer l’émotion. » — « Eh bien non, répond Guyau, et c’est là ce qu’il y a de désolant pour le poète, l’émotion la plus personnelle n’est pas si neuve ; au moins a-t-elle un fond éternel ; notre cœur même a déjà servi à la nature, comme son soleil, ses arbres ses eaux et ses parfums ; les amours de nos vierges ont trois cent mille ans, et la plus grande jeunesse que nous puissions espérer pour nous ou pour nos fils est semblable à celle du matin, à celle de la joyeuse aurore, dont le sourire est encadré dans le cercle sombre de la nuit : nuit et mort, ce sont les deux ressources de la nature pour se rajeunir à jamais. » La masse des sensations humaines et des sentiments simples est sensiblement la même à travers la durée et l’espace, mais ce qui s’accroît constamment et se modifie pour la société humaine, c’est la masse des idées et des connaissances, qui elles-mêmes réagissent sur les sentiments. « L’intelligence peut seule exprimer dans une œuvre extérieure le suc de la vie, faire servir notre passage ici-bas à quelque chose, nous assigner une fonction, un rôle, une œuvre très minime dont le résultat a pourtant chance de survivre à l’instant qui passe.
En 1804, l’auteur d’une de ces Biographies universelles idiotes où l’on trouve moyen de raconter l’histoire de Calas sans prononcer le nom de Voltaire, et que les gouvernements, sachant ce qu’ils font, patronnent et subventionnent volontiers, un nommé Delandine, sent le besoin de prendre une balance et de juger Shakespeare, et, après avoir dit que « Shakespear, qui se prononce Chekspir », avait, dans sa jeunesse, « dérobé les bêtes fauves d’un seigneur », il ajoute : « La nature avait rassemblé dans la tête de ce poëte ce qu’on peut imaginer de plus grand, avec ce que la grossièreté sans esprit peut avoir de plus bas. » Dernièrement, nous lisions cette chose écrite il y a peu de temps par un cuistre considérable, qui est vivant : « Les auteurs secondaires et les poètes inférieurs, tels que Shakespeare », etc.
J’ai cru autrefois, et dans ma première jeunesse, que ces endroits étaient clairs et intelligibles pour les acteurs, pour le parterre et l’amphithéâtre, que leurs auteurs s’entendaient eux-mêmes, et qu’avec toute l’attention que je donnais à leur récit, j’avais tort de n’y rien entendre : je suis détrompé.
Le critique peut être l’éducateur d’une jeunesse intelligente (Sainte-Beuve a, de la sorte, dirigé les débuts des romantiques).
Le fer libérateur, qui perceroit mon sein, Déjà frappe mes yeux et frémit sous ma main, …………………………………………………… Et puis mon cœur s’écoute et s’ouvre à la faiblesse, Mes parents, mes amis ; l’avenir, ma jeunesse, Mes écrits imparfaits ; car à ses propres yeux.
Cet esprit, de principes si sévères qu’on l’a accusé d’être un puritain en littérature, n’a point, quand il touche aux œuvres contemporaines et aux hommes vivants, l’implacabilité qui est le caractère de toute justice qui doit frapper et courageusement frappe… Excepté ce coup de feu et de jeunesse, justifié par les guerres du temps, contre une masse, d’ailleurs, contre toute une littérature dans laquelle le nom d’un seul écrivain fut prononcé, et au milieu de quelle revanche d’éloges !
Il n’était pas homme à retenir les conseils hégéliens que Cousin, dans son Cours de 1828, donnait à la jeunesse de France qui maintenant écrit l’Histoire, et qui, malheureusement, elle, ne les a pas oubliés.
Conformés intellectuellement pour les mêmes choses et les ayant faites, puisque tous les deux se sont appliqués, dès leur jeunesse, à l’étude de l’histoire, ils ont ce cachet de famille, qui est presque une identité, mais qui se particularise dans des intensités diverses.
Avec un verre de vin grec, compatriote de son maître Archimède (Journal des Débats), la jeunesse renaîtra dans ses veines réchauffées (Cydalise).
L’auteur des Colifichets, toujours à outrance, toujours aussi mors aux dents et cheval échappé que dans sa jeunesse, a rasé le bord du précipice, et même s’y est penché, car il a, ma foi !
Le lévite, les joues fraîches encore de jeunesse, a l’âme suffisamment dévirilisée et flétrie : Il n’est plus un homme distinct, mais une simple figure dans la pâle multitude des gens d’église.
Enfin, pour comble de contradiction, après avoir écrit dans son âge mûr, et sans doute dès sa jeunesse, des ouvrages d’un caractère sérieux et pédagogique où il n’a montré que fort peu de personnalité et de talent, il s’est mis, à plus de soixante ans, à composer des livres badins où il s’est révélé soudain comme un écrivain merveilleux et un impitoyable railleur, et c’est à soixante-quatorze ans, au moment de mourir, que, suivant toute apparence, il a terminé ce joyeux recueil des Cent nouvelles nouvelles, si longtemps, et bien à tort, attribué au roi Louis XI. […] Antoine de la Sale était âgé de trente-cinq ans, et depuis assez longtemps établi en Italie, quand il eut l’idée, au mois de mai 1420, d’aller visiter ce fameux mont et ce lac, dont il avait, « dès sa jeunesse, ouï parler en plusieurs manières ». […] Après avoir descendu ainsi environ trois milles, ils trouvèrent « une veine de terre traversant la cave dont issait un vent si horrible et merveilleux qu’il n’y eut celui qui osât aller plus avant », et qu’ils revinrent sur leurs pas, renonçant à l’expédition qu’ils avaient entreprise « comme jeunesse fait souventes fois entreprendre les gens oiseux ». […] Mais dans ce « paradis », dans cette « terre de la joie », dans ce « pays de l’éternelle jeunesse », il éprouve au bout de quelque temps la satiété de voluptés sans lutte, d’une vie sans activité et sans travail ; il ressent l’impérieuse nostalgie de la vraie vie humaine avec ses désirs rarement satisfaits, avec ses peines qui assaisonnent les joies, avec ses efforts qui donnent du prix aux résultats atteints… Ainsi ce bonheur parfait que l’âme humaine rêve toujours, elle a beau le construire librement d’après son rêve, dès qu’elle essaie de le réaliser, elle sent qu’elle ne saurait en jouir. […] Ailleurs, c’est dans une de ces montagnes qui semblent former la barrière de l’empire nocturne du soleil, qu’on a placé le palais de l’éternelle jeunesse.
Ceux-là seuls qui personnellement n’y ont pas réussi, se résignent à enseigner l’art d’écrire à la jeunesse. » N’est-ce pas ainsi, en effet, que les choses se passent chez nous la plupart du temps, et ne pourrait-on pas dire que nos académies et nos conservatoires sont généralement des refuges pour invalides et incapables ? […] « La chose essentielle, dit-il9, la seule absolument indispensable pour comprendre Wagner artiste et saisir le sens de ses œuvres de théâtre, c’est de comprendre la nature de son génie ; or, Wagner fut toujours et avant tout, et dès sa jeunesse, poète dramatique. […] Il a beau nous rappeler que dans sa jeunesse, Wagner fut d’abord poète et qu’il ne devint musicien que plus tard ; qu’en fait, ses facultés musicales ont été en quelque sorte provoquées par ses facultés poétiques, que le musicien est né du poète, que sa musique s’exhale du poème comme le parfum s’exhale des fleurs et des feuilles d’un arbre, révélant ainsi la sève invisible qui pénètre tous les tissus et leur donne la vie et la croissance. […] Au fond, la querelle que Nietzsche cherche à Wagner est moins une querelle d’esthétique qu’une querelle philosophique : « Il faut méditerraniser la musique, dit-il : j’ai des raisons pour avancer cette formule ; il nous faut le retour à la nature, à la santé, à la jeunesse, à la vertu, — et cependant, je fus un des wagnériens les plus corrompus. […] Parce qu’il est, comme dit Nietzsche, « le chantre de l’âme ivre de jeunesse et d’avenir ».
Rapprochez ces croquis les uns des autres : un Sainte-Beuve, un Taine, un Renan se dégagent, par exemple, mais tels que s’ils avaient été ces hommes-là, ni les Lundis, ni les Origines, ni les Souvenirs d’enfance et de jeunesse n’auraient été écrits. […] Pour Amiel, par exemple, le contraste entre l’atmosphère de la ville, où il dut enseigner, et celle des Universités germaniques, où il avait passé les belles années de sa jeunesse, explique qu’il ait subi un intense sentiment de solitude. […] Ce faisant, il a sacrifié un autre livre, qu’il portait dans sa tête depuis sa jeunesse, et qui devait être son testament philosophique, son Traité de la volonté. […] Et, pourtant, ce dont la France a besoin pour réparer les pertes effroyables qu’elle a faites dans sa jeunesse instruite, c’est d’étudiants en sciences et en lettres, c’est de professeurs, c’est d’intellectuels. […] Il lui faut bien se rendre à l’évidence en constatant l’extrême jeunesse de tant d’autres criminels dont les mêmes journaux rapportent sans cesse les sanguinaires exploits !
Il a vu d’abord la terre sortir informe en sa naissance des mains du créateur ; sa force en sa verte jeunesse lui apparaît inculte, brute, hérissée, et n’enfantant que des animaux sauvages : bientôt dans sa maturité, il la voit travaillée, fertilisée, enrichie en tous ses continents par l’industrie des hommes : les révolutions des âges lui figurent enfin sa vieillesse : son appauvrissement lui rappelle les générations qu’elle a nourries et qui l’ont épuisée ; mais sa force végétative se ranime, la renouvelle, et le monde physique se succède à perpétuité devant son historien. […] La Harpe était exercé dans la théorie, médiocre dans la pratique, versificateur plus que poète, déclamateur formé par les souvenirs de Lekaink, écrivain protégé dans sa jeunesse par Voltaire, qui s’en fit un admirateur passionné de sa philosophie et de ses talents ; qualités que La Harpe vanta d’abord avec tant d’enthousiasme, qu’il ne sut depuis comment s’en dédire : alors, divisant ses opinions sur ce grand homme, il se tira d’embarras, en louant toujours ses talents, dont il avait professé l’amour, et en décriant sa philosophie, dont il se confessa d’avoir été l’apôtre, lorsque plus tard il crut salutaire de prêcher contre elle. […] On se souvient du temps où les professeurs de l’ancienne université préparaient une jeunesse érudite à porter des jugements rapides et sûrs : l’instruction quittait les bancs de leurs écoles pour siéger sur ceux des meilleurs théâtres ; et le parterre, alors tout plein de l’esprit de l’antiquité, portait comme par instinct les arrêts de la raison. […] Voltaire se trompa, dans sa jeunesse, sur les justes proportions de l’Œdipe-Roi, dont l’action, quoique unique et simple, se compose de situations continuellement diversifiées par l’attitude du héros principal, et qui, sans autres éléments que ceux de l’ouvrage original, réussirait admirablement aujourd’hui dans une imitation scrupuleuse.
Il y a deux actions dans Andromaque, mais étroitement unies ensemble : le destin d’Oreste et d’Hermione dépend de l’amour de Pyrrhus pour Andromaque : quelques fadeurs romanesques, quelques vers d’un faux goût, faible et dernier tribut que Racine payait à son siècle, annoncent la jeunesse de l’auteur, et semblent commander une admiration plus grande pour les traits sublimes qui les environnent de toutes parts ; ce sont des taches légères qui ne déplaisent pas dans un beau corps. […] Furieux de n’avoir pu assouvir sa vengeance sur la belle Hélène, il se jette sur Hermione, et, sans égard pour sa jeunesse et pour ses charmes, auxquels il ne prend pas garde, il tient le fer levé sur son sein, en présence de son père Ménélas ; et, si le roi de Lacédémone n’eût consenti à ce qu’il exigeait de lui, Oreste eût tué Hermione, et n’eût jamais tué Pyrrhus pour ses beaux yeux ; alors du moins il n’en était pas amoureux : comment cet amour lui est-il donc venu ? […] La jeunesse, la franchise et la générosité de Britannicus, la candeur, la modestie noble de Junie, répandent sur ce tableau politique une teinte douce d’intérêt et de sensibilité. […] … brillante de jeunesse et de santé ! […] Quinault lui fait répéter la même chose en meilleurs vers : De quel œil puis-je voir, moi qui, par mon adresse, Crois pouvoir, si j’osais, me piquer de jeunesse, Une fille adorée, et qui, malgré mes soins, M’oblige d’avouer que j’ai trente ans au, moins ?
Dans le Juif errant, la Mayeux calme en ces termes les scrupules de Céphyse, qui rougit devant elle de ses désordres : « Crois-tu que Dieu, en te faisant si belle, en te dotant d’un sang vif et ardent, d’un caractère joyeux, remuant, expansif, amoureux du plaisir, a voulu que ta jeunesse se passât au fond d’une mansarde glacée, sans jamais voir le soleil, clouée sur ta chaise, vêtue de haillons, et travaillant sans cesse et sans espoir ? […] La jeunesse n’a-t-elle pas besoin de mouvement, de plaisir et de gaité ? […] … « Ô mon Dieu, s’écrie-t-il, avoir de la jeunesse et de l’activité, du courage, de l’intelligence, appeler le travail de toute l’énergie de son âme, et n’être pas plus exaucé qu’un idiot et un lâche ! […] Qu’avez-vous fait, ô jeunesse, de ces traditions et de ces exemples ? […] même au prix de ses écarts, l’enthousiasme du beau sied bien à la jeunesse.
Et sans doute ils ressemblent à leurs auteurs : les ouvrages où ne se laisse pas déceler une ressemblance de cet ordre, passée la première avidité de la jeunesse qu’ils ont tôt fait de nous tomber des mains. […] Lorsque, dans ses plus beaux atours, le fier Avril bigarré Infuse en chaque chose un esprit de jeunesse, Alors le pesant Saturne gambade et rit avec luias, est-il dit dans les Sonnets. […] Mais ici passons la parole à Sindral caractérisant le Prieur : Je croirais volontiers que ce sage n’a renoncé à aucune jouissance, qu’il a seulement transposé sa jeunesse. […] À vingt-huit ans, à l’heure de ma jeunesse la plus facile et la plus comblée, quand je régnais sur le cœur de femme le plus épris, que je vous avais, vous, mes trois petits, si câlins et si bien portants, et que tout me réussissait au-delà de mes espérances, combien, brusquement, au sein même de cette richesse, la solitude m’a paru désirable ! […] Car Proust est tout ensemble le plus objectif et le plus personnel des écrivains… Il a greffe le moelleux et non moins l’exacerbation de l’expérience sur l’infatigable esprit d’inquisition de la jeunesse.
Corneille, quand j’étais jeune, je faisais de jolis vers ; à présent que je suis vieux, mon génie est éteint ; croyez-moi, laissons faire des vers à la jeunesse. » Corneille ne profita pas de cette sage leçon, il travailla jusqu’à un âge fort avancé et donna, dans ses dernières années, des comédies que son génie eût repoussées dans ses belles années. […] Sa muse n’avait plus la verdeur et la force de la jeunesse. […] Il mourut à Paris, en 1699, et, selon son désir, il fut enterré à Port-Royal-des-Champs, où il avait été élevé dans sa jeunesse. […] Campistron, marquis de Penango, né à Toulouse, en 1656, montra, dès sa jeunesse, d’heureuses dispositions pour les lettres. […] Il est bien entendu que nous ne parlons ici que de ses bonnes pièces, de celles qu’il fit représenter lorsque, sa première jeunesse étant passée, il eut pu réparer, par l’étude, le vice de son éducation première.
Dès sa première jeunesse, il s’était joint au parti libéral, et jusqu’au bout il y demeura, espérant bien de la raison et de la vertu humaines, marquant les misères où tombent les peuples qui avec leur indépendance abandonnent leur dignité903. […] Elle reçoit auprès de son lit un homme qui vient lui faire visite, joue avec lui toute une après-midi au piquet, se promène avec lui deux ou trois heures au clair de la lune, devient familière avec un étranger dès la première vue, et n’a pas l’étroitesse d’esprit de regarder si la personne à qui elle parle a des culottes ou des jupons910. » Il combat en prédicateur l’usage des robes décolletées, et redemande gravement la chemisette et la décence des anciens jours : « La modestie donne à la jeune fille une beauté plus grande que la fleur de la jeunesse, répand sur l’épouse la dignité d’une matrone, et rétablit la veuve dans sa virginité911. » Vous trouverez plus loin des semonces sur les mascarades qui finissent en rendez-vous ; des préceptes sur le nombre de verres qu’on peut boire et des plats qu’on peut manger ; des condamnations contre les libertins professeurs d’irréligion et de scandale ; toutes maximes aujourd’hui un peu plates, mais nouvelles et utiles, parce que Wycherley et Rochester avaient mis les maximes contraires en pratique et en crédit.
Tout ce qu’on sait, ou plutôt tout ce qu’on répète, c’est que Dickens est né en 1812, qu’il est fils d’un sténographe, qu’il fut d’abord sténographe lui-même, qu’il a été pauvre et malheureux dans sa jeunesse, que ses romans publiés par livraisons lui ont acquis une grande fortune et une réputation immense. […] La fontaine du Temple aurait bien pu sauter de vingt pieds pour saluer cette source d’espérance et de jeunesse qui glissait rayonnante dans les secs et poudreux canaux de la loi ; les moineaux bavards, nourris dans les crevasses et dans les trous du Temple, auraient pu se taire pour écouter des alouettes imaginaires au moment où passait cette fraîche petite créature ; les branches sombres, qui ne se courbaient jamais que dans leur chétive croissance, auraient pu s’incliner vers elle avec amour, comme vers une sœur, et verser leur bénédiction sur sa gracieuse tête ; les vieilles lettres d’amour enfermées dans les bureaux voisins, au fond d’une boîte de fer, et oubliées parmi les monceaux de papiers de famille où elles s’étaient égarées, auraient pu trembler et s’agiter au souvenir fugitif de leurs anciennes tendresses, quand de son pas léger elle s’approchait d’elles.
Ou bien, simplement, les tourments sacrés de sa jeunesse se seraient peu à peu apaisés. […] Veuillot, lui, ne retrouve pas la vérité : il la découvre réellement, il la conquiert, et cela, par son propre effort et en plein frémissement de jeunesse.
Ainsi que ces nuages, ainsi que ce lointain, se renvoient lentement au ciel l’horizon de la jeunesse, les espoirs, tout le bleu de l’âme ! […] C’était un morceau de notre vie, un meuble de notre appartement, une épave de notre jeunesse, je ne sais quoi de tendre et de grognon et de veilleur à la façon d’un chien de garde, que nous avions l’habitude d’avoir à côté de nous, autour de nous, et qui semblait ne devoir finir qu’avec nous.
Avant de les fuir définitivement, je leur dis à tous ces sonneurs de rythmes rebattus et à tous ceux-là qui appellent à grands cris la nature sans s’apercevoir qu’elle leur creva les yeux parce qu’ils la découvrirent trop tard pour leur jeunesse étiolée, je leur dis : « Quand cesserez-vous d’aller en troupe, moutons hargneux qui vous mordez les uns les autres ? […] Il me plaît d’émettre, avec la voix frêle et toussotante d’un centenaire, des maximes glacées, tandis que l’âme du feu flambe et pétille en moi, selon l’éternelle jeunesse départie aux Démons… Ces hommes qui vont venir me salueront, marqueront du respect pour ma décrépitude, et, cependant, je lirai dans leurs yeux la satisfaction qu’ils éprouveront à se sentir forts, alertes, dispos en présence de la ruine humaine que je parais être… Ce spectacle, je veux le donner à Maître Phantasm avant de me séparer de lui à jamais. […] Un bien rude hiver, comme il n’y en avait pas dans ma jeunesse… J’ose espérer que vous n’en avez pas trop souffert en venant ici… J’avais recommandé de mettre des bouillottes dans les voitures… Ha ! […] Dans ma jeunesse, j’avais des dispositions pour la poésie.
Dieu, comme dit le pauvre François Villon, que n’ai-je eu un tel maître « au temps de ma jeunesse folle » ! […] Le cerveau de Taine était, dès sa jeunesse, celui d’un visuel et d’un sensoriel ; le mécanisme ne fonctionna pleinement que lorsque l’objectif se trouva braqué sur un milieu inhabituel. […] Taine, dans sa jeunesse, n’avait pas à proprement parler de style ». […] Albalat a cru voir exposé le mécanisme du pastiche involontaire, donne celui du plagiat innocent : « Il m’est arrivé dans ma jeunesse que si j’écrivais quelque chose après avoir lu tout fraîchement un certain auteur, les phrases de cet auteur se présentaient à ma plume sans même que je me souvinsse distinctement de les y avoir lues. » Le pastiche est tout autre chose ; il doit contenir les mots favoris de l’auteur original et même certains débuts de phrase qui reviennent textuellement dans un style ; mais aucunement des phrases entières. […] Cette absence complète de sentimentalisme a restreint son influence sur une jeunesse devenue sentimentale ; il est le gardien un peu isolé de l’art pur.
À propos des Souvenirs d’enfance et de jeunesse de M. […] Le très mâle poète de la Fête votive n’avait pas encore trouvé sa voie quand il écrivit ce roman de jeunesse et il vagissait imitativement comme font tous les partants pour la gloire. […] Il est comme cela, cet homme ; il est le réfractaire spumeux qu’aucune bride traditionnelle n’a pu dompter et qui ne pardonnera jamais à Dieu ni aux hommes d’avoir été pauvre et d’avoir été pion dans sa jeunesse. […] Toute dévote dissimulant une courtisane, comme chacun le sait bien, il n’a pas de peine à lui faire comprendre qu’elle est une victime, qu’elle galvaude, dans le voisinage des « hommes noirs », sa belle jeunesse qui serait si saintement employée à jouir avec lui et que « l’abnégation poussée jusqu’à la folie, telle est l’exigence de Dieu. […] Il me parut très simple que cet artiste extraordinaire — en tenant pour vraies et conformes au plus parfait discernement critique les choses inouïes qu’on en disait — vînt chercher dans ce milieu de jeunesse et de chaleureux désintéressement, le picotin d’enthousiasme qu’il faut à ces étalons divins et qui les fait galoper quand même dans les chemins épouvantables de la vie moderne.
L’indisposition de son mari, mais surtout la beauté, la jeunesse et l’esprit galant de cette dame n’ont fait aucun tort à sa vertu, et quoique les personnes qui soupiraient pour elle fussent des plus riches du royaume et de la plus haute qualité, elle a mérité l’estime générale de tout le monde par la sagesse de sa conduite ; et on lui doit même cette justice de dire qu’elle s’est piquée d’une belle amitié conjugale sans en pratiquer les principales actions. » Certes, c’est là un témoignage qui compte de la part d’un contemporain, d’un homme qui ne passe pas pour trop scrupuleux et qui s’exprime en général assez librement.
Et c’est l’auteur de l’Histoire de la Grande Armée, c’est un brave et éloquent guerrier dont la jeunesse s’est prodiguée sur les champs de bataille, c’est lui-même qui, depuis vingt ans et plus, a donné ainsi ses soins scrupuleux, minutieux, à compulser, à peser les actions d’humbles filles, de pauvres domestiques, à tâcher que rien d’essentiel n’échappe, que chaque mérite atteigne juste à son degré de rémunération.
Cependant, voilà la jeunesse passée, et le temps qui marche ou, pour mieux dire, qui court sur la pente de l’âge mûr : les bornes de la vie se découvrent plus clairement et de plus près, et le champ de l’action se resserre.
Aussi en trouvé-je à peine un autre dont l’exemple se puisse recommander à l’égal du tien pour exciter l’émulation de la jeunesse, éprise de ces nobles études.
Et tout cela me rend l’étude de l’espagnol plus intéressante qu’une autre, parce que je pense que tu as parlé cette langue dans ta jeunesse guerrière. » Elle ennoblit tant qu’elle peut le passé de ce cher frère pour le relever lui-même à ses propres yeux ; elle y verse de la poésie comme sur toute chose, en croyant n’y mettre que du souvenir.
Il vaut mieux réunir tous ses efforts pour descendre avec quelque noblesse, avec quelque réputation, la route qui conduit de la jeunesse à la mort.
Rien n’est plus contraire, il est vrai, aux premiers mouvements de la jeunesse, que l’idée de se rendre indépendant des affections des autres ; on veut d’abord consacrer sa vie à être aimé de ses amis, à captiver la faveur publique.
Mais prenez-y garde, la raison de Boileau n’est pas cette chose revêche dont la froideur des vieillards éteint l’enthousiasme de la jeunesse, et que l’utilitarisme des bourgeois évoque pour condamner les poètes et les artistes : ce n’est pas la raison qui envoie Chatterton au suicide, et fait épouser cinq cent mille francs de dot aux jeunes premiers de Scribe.
Et à d’autres moments, par le regret ému de sa belle jeunesse, dépassant la belle heaumière de Villon, la vieille du Roman de la Rose atteint presque à la mélancolie de certains vers de Ronsard.
Il y eut parmi les Sots des basochiens ; ainsi Clément Marot dans sa jeunesse était des deux sociétés ; il y eut des Sots parmi les écoliers.
Il nous confie aussi qu’il a aimé les cartes et les dés en sa jeunesse, qu’il n’a jamais été continent, qu’il n’était né ni pour la paternité ni pour le mariage ; il nous parle de son mariage, sinon de sa femme, d’où il résulte qu’il s’est marié par raison, pour la famille.
Eût-il perdu la foi (ce qui, je crois, vaudrait mieux pour son dessein), il faudrait que le romancier des mœurs cléricales eût conservé le don de s’attendrir au souvenir de ses années d’enfance et de jeunesse, de sentir en quoi les pratiques et les croyances qu’il a quittées peuvent être bonnes et douces aux âmes.
Je l’ai profondément et religieusement admiré dans mon adolescence et ma première jeunesse.
Tout — que la jeunesse abrite sa croissance dans l’architecture de pensifs locaux, serait simple, avec même la côtoyant, en aînés, une présence d’hommes, uniques par l’Europe et au monde, qui, à mon sens, domine la pierre historiée comme je fus surtout étonné d’eux.
Certes, il est avant tout un poète subjectif, et aussi un peu volontaire et entêté comme le sont les apôtres, mais il séduit surtout par ce qu’il montre de franchise et de vraie jeunesse.
Le prodigieux travail de sa jeunesse lui avait donné la facilité de la parole et de la plume, une conception nette et rapide à laquelle l’expression ne manquait jamais ; outre une mémoire incroyable qui lui permettait de reprendre une dictée longtemps interrompue à l’endroit même où il l’avait laissée, et une sobriété pour le sommeil, qui doublait la longueur de sa vie.
Dans la vie humaine, l’âge mûr n’est pas le but de la jeunesse, la vieillesse n’est pas le but de l’âge mûr.
Damis, lui, comprend que la passion amoureuse convient mieux à la jeunesse qu’à la vieillesse, et non seulement il se retire de bonne grâce, mais il demande lui-même pour son fils la main de la jeune fille.
Ecoutez Rousseau parler de La nouvelle Héloïse A l’entendre, la jeune fille « qui, malgré ce titre, en osera lire une seule page, est une fille perdue ; mais qu’elle n’impute pas sa perte à ce livre ; le mal était fait d’avance116. » Il paraît ainsi accepter, provoquer même la sévérité des magistrats de Genève qui défendirent aux cabinets de lecture de faire circuler un ouvrage pernicieux pour la jeunesse.
La nature ne lui avait point accordé les élégances ni les grâces de la jeunesse, non plus que l’envie de les acquérir ou d’y suppléer : c’était du temps de gagné pour les choses sérieuses.
Elle est l’effet de notre puissance et elle est plus forte que nous. » 4 Or cette croyance scientifique que nous avons créée comme la précédente, en est à cette période de jeunesse et de prospérité où une croyance est plus forte que celui qui la crée.
23 octobre Ce sont, chez l’homme, deux grands glas de la mort de la jeunesse, que le dégoût des sauces de restaurant et le rêve d’une maison de campagne.
L’homme de nos jours qui a le mieux exécuté cette gamme surprenante de Héros de l’Europe à Ogre de Corse, c’est Fontanes, choisi pendant tant d’années pour cultiver, développer et diriger le sens moral de la jeunesse.
Dans sa jeunesse, Tocqueville avait douté ; mais il s’était arrêté dans le doute, et son esprit, curieux surtout des choses politiques, semble avoir mis en réserve les vérités révélées pour s’exercer en toute liberté sur le reste.
Zacarie, est l’ouvrage de la jeunesse & le coup d’essai d’un Poëte déjà bien connu chez nous, & distingué par ses productions.
Sa femme avait de la jeunesse, De la beauté, de la délicatesse.
On peut citer aussi ce que disait M. de Fontenelle : J’ai fait dans ma jeunesse des vers grecs, et aussi bons que ceux d’Homère, car ils en étaient.
Découverte étrange et poignante que celle qui prétend mettre à jour dans l’antique nature et dans la vieille humanité un visage et un cœur jusqu’alors inconnus… Pour éclairer ce qui semble un mystère, je laisse la parole à ces hommes qui ont embrassé d’une telle étreinte le monde vivant, qu’il est sorti de leurs bras débordant de jeunesse et d’ivresse.
Nous sommes à Waterloo ; nous voyons les campagnes plates avec les villages et les fermes aux noms fameux, les moulins, les fossés ; nous voyons l’armée de Napoléon au repos, l’armée de Wellington au repos, et puis les estafettes qui partent, le premier coup de canon, la mêlée, les charges, l’héroïque jeunesse qui tombe ou qui s’élance, la Vieille Garde qui donne, la vie et la mort qui s’affirment, l’une et l’autre, avec la plus effroyable énergie, dans l’espace le plus restreint et dans le temps le plus court, c’est-à-dire l’objet des plus fortes impressions et des plus durables souvenirs qui puissent se graver en nous.
Ici encore, ce que je n’entends pas nommer sur le sol d’Asie, ni dans l’île dorienne de Pélops, ce qui n’est pas semé d’une main morte telle, ce germe né de lui-même, qui fait peur aux épées, et qui fleurit surtout dans cette terre, ici croît la feuille de l’olivier, nourrice de la jeunesse, cette feuille que ni jeune ni vieux général ne déracinera de sa main : car toujours la regarde l’œil de Jupiter, maître du destin, et la prunelle de Minerve.
Puisse notre voix être entendue des générations présentes comme autrefois elle le fut de la sérieuse jeunesse de la Restauration ! […] Mais cette langue-là n’est pas à l’usage de la jeunesse ; elle demande, avec une rare justesse d’esprit et un sincère amour de la vérité et des hommes, de longs efforts, le commerce du monde, et un art qui sait effacer sa trace. […] Ce que Winkelmann relève avant tout, c’est le caractère de divinité empreint dans la jeunesse immortelle répandue sur ce beau corps, dans la taille un peu au-dessus de la taille humaine, dans l’attitude majestueuse, dans le mouvement impérieux, dans l’ensemble et dans tous les détails de la personne. […] La France à ce moment semble passer de la jeunesse à la virilité. […] Pour celle-ci, son adorable visage n’est pas même voilé d’une ombre légère ; elle sourit, la main nonchalamment appuyée sur l’épaule du jeune homme, et elle n’a pas l’air de comprendre cette leçon donnée à la beauté, à la jeunesse et à l’amour.
Deux sœurs ont sollicité de danser devant Kiyomori et, par bienveillance pour leur jeunesse et leur grâce, elle a fait accueillir leur demande par son amant. […] On n’aurait du grand artiste ni un portrait de sa jeunesse, ni un portrait de son âge mûr ; il n’existerait que le portrait donné par la biographie japonaise de I-ijima Hanjûrô, un portrait de sa vieillesse conservé dans la famille et qui aurait été peint par sa fille Oyéi, qui signe Ohi. […] Il commence ainsi : L’ignorant Hatiyémon dit : J’ai fait ce petit volume pour apprendre aux enfants qui aiment à dessiner la manière facile de colorier… publiant ce petit volume à bon marché, dans l’espoir que tout le monde pourra l’acheter et donner à la jeunesse l’expérience de mes quatre-vingt-huit ans. […] Et aujourd’hui l’éditeur Sôyeidô a demandé au maître un nouvel et plus complet album qui servira de méthode pour la jeunesse. […] Hokousaï avait deux frères aînés et une sœur cadette, tous morts dans leur jeunesse.
Qui brise la jeunesse en fleur, qui donne, en somme, Une âme à la machine et la retire à l’homme ! […] Les mots simples, primitifs, concrets, qui seuls conviennent à ce langage, sont le plus souvent vieux comme le monde ; le poète les force à recevoir et à rendre nos idées modernes, et malgré nous ils résonnent à nos oreilles d’un accent profond comme le passé, doux comme ces vieux refrains auxquels sont associés des souvenirs de jeunesse : nous sentons en les entendant se réveiller en nous l’antique nature humaine, tout instinctive et passionnée. […] Un professeur me racontait qu’un jour, en ouvrant un vieux dictionnaire, l’odeur toute particulière de papier jauni qui s’en exhala suffit à évoquer devant lui sa jeunesse passée sur les livres, ses innombrables veillées occupées à tourner les feuillets ; puis, l’image s’agrandissant, il revit son collège, sa maison, ses parents, un âge entier de sa vie, et tout cela enveloppé en quelque sorte de cette odeur âcre des livres, dans laquelle il respirait son passé même. […] Le Niagara même, vu dans la première jeunesse, ne produit guère une aussi forte impression que la petite cascade de Swallow-Fall, à Bettws-y-Coed. » ( Mind , oct. 1880). […] : Hier le vent du soir, dont le souffle caresse, Nous apportait l’odeur des fleurs qui s’ouvrent tard ; La nuit tombait ; l’oiseau dormait dans l’ombre épaisse· Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ; Les astres rayonnaient, moins que votre regard...
Le pédant, de sa grâce, Accrut le mal en amenant Cette jeunesse mal instruite, Le tout, à ce qu’il dit, pour faire un châtiment Qui pût servir d’exemple et dont toute sa suite Se souvînt à jamais comme d’une leçon. […] Ceux-ci qui se privent et peinent dès leur jeunesse, doivent mettre la félicité dans la grosse abondance et la ripaille.
. — La Jeunesse devant l’action, essai, Bibliothèque de la Plume, 1 plq. in-18. 1899. — L’Héroïsme de César Franck, essai de psychologie musicale, 1 plq. in-18, 1900 Ollendorff. — La Visitation, roman, 1900, 1 vol. in-18 Charles. — La Terre Éternelle, roman philosophique et lyrique, 1900 P. […] Œuvres. — Éveils, poésies (en collaboration avec André Magre), Toulouse, Vialelle et Perry, 1895, in-18. — Le Retour, pièce lyrique en un acte et en vers, Toulouse, Vialelle et Perry, 1896, in-18. — La Chanson des Hommes, Paris, Fasquelle, 1898, in-18. — Le Tocsin, drame en trois actes (Théâtre du Capitole, Toulouse, 22 juillet 1900), éd. du Midi-Artistique, 1902. — Le Poème de la Jeunesse, Paris, Fasquelle, 1901, in-18. — L’Or, drame en 3 actes (Nouveau-Théâtre, rep. des Poètes), 1901, non publié. — Le Dernier Rêve, pièce en 1 acte (Odéon, 1902), Fasquelle, 1902. — L’Histoire merveilleuse de Claire d’Amour, suivie d’autres contes, E.
Il n’est pas bon que notre jeunesse dépense son temps et son enthousiasme pour des œuvres qui n’en sont pas dignes. […] Après avoir fermé le volume, lorsqu’on retombe sur soi-même, dans le calme plat de tous les jours, on se sent à vide je parle ici des impressions de la jeunesse, dans ce cas, elle seule nous intéresse puisqu’il s’agit de former sa conscience, son intelligence et son cœur.
Oui, vous avez raison ; c’était un beau temps que celui où, riche de jeunesse, d’espérances, et j’oserai presque dire d’avenir, toute une génération se précipitait à notre suite, par la brèche qu’avaient ouverte Henri III, Hernani et la Maréchale d’Ancre. […] Le poète que Charles X a fait chevalier ne veut pas que ce protecteur de sa jeunesse disparaisse obscurément de ce monde où il a porté le double symbole de la royauté et du martyre, la couronne fleurdelisée et la couronne d’épines.
On pardonne à Rabelais quand on a senti la séve profonde de joie et de jeunesse virile qui regorge dans ses ripailles : on en est quitte pour se boucher le nez, et l’on suit avec admiration, même avec sympathie, le torrent d’idées et de fantaisies qui roule à travers sa fange. […] Il les perdit, épousa une femme de mauvaises mœurs, se ruina, resta sept ans en prison pour dettes, passa le reste de sa vie dans les embarras d’argent, regrettant sa jeunesse, perdant la mémoire, écrivaillant de mauvais vers qu’il faisait corriger par Pope avec toutes sortes de tiraillements d’amour-propre, rimant des obscénités plates, traînant son corps usé et son cerveau lassé à travers la misanthropie et le libertinage, jouant le misérable rôle de viveur édenté et de polisson en cheveux blancs. […] Et quoi de plus attrayant pour un homme de salon, que ce frais bouton de jeunesse encore fermé, mais qui déjà rougit et va s’ouvrir ? […] V Un d’eux (Dryden toujours à part) s’est élevé jusqu’au talent, sir John Denham, secrétaire de Charles Ier, employé aux affaires publiques, qui, après une jeunesse dissolue, revint aux habitudes graves et, laissant derrière lui des chansons satiriques et des polissonneries de parti, atteignit dans un âge plus mûr le haut style oratoire.
Puis la crise de pessimisme traversée par toute la jeunesse, il y a une douzaine d’années, l’éducation chrétienne que subirent un grand nombre d’entre eux, l’amour de l’Art pour l’Art légué par Baudelaire et les Parnassiens, dont ils procèdent très évidemment, les déprimèrent, les vouèrent aux légendes nostalgiques et à la rêverie en marge de la vie militante. […] La jeunesse se refuse à l’imprécision de leur doctrine, s’abreuve à d’autres sources d’inspiration et ouvre enfin les yeux à la nature trop longtemps méconnue. […] Il est donc intéressant d’étudier les écrits où ils formulent leurs désirs et leurs désillusions ; et c’est pourquoi les résultats de l’enquête ouverte par la revue l’Effort (numéro de février) « sur le sens énergique chez la jeunesse », méritent l’analyse. […] Marc Lafargue : « La jeunesse intellectuelle et énergique a des aspirations sociales.
Il en apporte plusieurs exemples, & entre autres ce que dit Periclès d’une bataille où la plus florissante jeunesse d’Athenes avoit péri, l’année a été dépouillée de Jon printems. […] Rien n’est plus capable d’égarer la jeunesse, que de citer les fautes des bons écrivains comme des exemples. […] Tout cela prouve que si la jeunesse françoise est legere, les hommes d’un âge mûr qui la gouvernent, ont toûjours été très-sages : encore aujourd’hui, la Magistrature en général a des moeurs séveres, comme le rapporte Aurélien. […] François premier ne fut malheureux que dans sa jeunesse, lorsque tout étoit gouverné par des favoris de son âge, & il rendit son royaume florissant dans un âge plus avancé.
Il y trouvait « trop de jeunesse décidément, d’inexpérience mal savoureuse, point assez d’heureuses naïvetés11 ». […] Il retranche de ce volume un certain nombre de poèmes qui ne lui semblent pas assez « romans » ; Autant en emporte le vent forme un recueil séparé, « le troisième des œuvres de jeunesse de l’auteur », après les Syrtes et les Cantilènes. […] Et l’autre, quand il vint, il était Dans sa jeunesse tendre ! […] Délivré des anciennes hantises, le poète s’écarte de son propre tourment et il se passionne pour l’immense douleur humaine… Les questions sociales l’avaient, dès sa jeunesse, inquiété. […] De Grands Critiques, gardiens des saines traditions littéraires, ont affecté de voir désormais Henri de Régnier, revenu de ses erreurs de jeunesse, abandonner le Symbolisme et faire amende honorable auprès des Parnassiens.
» Et ils s’en allèrent avec les deux chevaux. » Sa fille, Alexandrine, épousa un petit poète, Mur-ville, dont Sophie disait : « C’est un ennuyeux qui ressemble à ces vieux laquais qu’on appelle La Jeunesse. […] C’est Dieu qui vous a révélé lui-même ces vérités merveilleuses, que Chimène sacrifie son amour à son devoir, que Rodrigue est un héros et que le Cid est une œuvre qui pétille de jeunesse. […] Georges Feydeau, une alacrité et une jeunesse de verve, une abondance aisée et pressée d’idées bouffonnes, une joie et comme une griserie d’inventions burlesques qui, apparemment, devaient nous faire rire. […] Le vrai Zola n’est pas dans Thérèse Raquin, œuvre de jeunesse. […] Avec la Jane, une jeunesse de vingt ans, et qui n’est qu’une pastoure, une sans-le-sou.
Il n’y est question que de corps à « débiliter », que d’« ardeur de jeunesse » à réfréner et à éteindre. […] Cela veut souvent dire qu’ils ont conservé la jeunesse du sentiment et la faculté de l’admiration. […] Il résume et représente, avec beaucoup d’exactitude, l’espèce particulière de poésie et de rêve qui plaisait à la jeunesse il y a vingt ans, à l’époque du romantisme finissant. […] Alexandre Parodi contient, avec la Reine Juana, la Jeunesse de François Ier , drame qui « dut successivement être représenté sur trois théâtres », qui fut goûté par Émile Perrin, refusé par la Comédie-Française et admiré de Victor Hugo. […] Mais ce qui est sûr, c’est que la Jeunesse de François Ier est un drame étrangement touffu et que, au moment de vous le conter, je ne sais par quel bout m’y prendre.
. — Sa jeunesse. — Son mariage. — Il devient acteur. — Son Adonis. — Ses sonnets. — Ses amours. — Son humeur. — Sa conversation. — Ses tristesses. — En quoi consiste le naturel producteur et sympathique. — Sa prudence. — Sa fortune. — Sa retraite. […] Tout est envahi, les sens d’abord, les yeux éblouis par la blanche chair frémissante, mais aussi le cœur d’où la poésie déborde ; le trop-plein de la jeunesse regorge jusque sur les choses inanimées ; la campagne rit au jour levant, l’air pénétré de clarté n’est qu’une fête. « L’alouette, de sa chambrette humide, monte dans les hauteurs, éveillant le matin ; du sein d’argent de l’aube, le soleil se lève dans sa majesté, et son regard illumine si glorieusement le monde, que les cimes des cèdres et les collines semblent de l’or bruni191. » Admirable débauche d’imagination et de verve, inquiétante pourtant ; un pareil tempérament peut mener loin192. […] Il l’a quittée au printemps, « quand le superbe Avril dans sa pompe bariolée — avait soufflé une haleine de jeunesse en tous les êtres, — et que le pesant Saturne riait et bondissait » à côté du printemps199.
J’ai vu le rire et l’ingénuité de l’enfance sur les lèvres du vieillard, la gravité et le recueillement de l’âme dans les traits de la jeunesse. » Ducis, pour certains accents religieux, grandioses et doux, est un parent de Chateaubriand, de même qu’il est un de nos pères et de nos aïeux en rêverie.
Dourdain n’avait qu’un faible, et un faible bien innocent : c’était de jouer, même quand il fut barbon, les jeunes-premiers dans les théâtres de société bourgeoise où l’on montait les pièces de Scribe ; il savait par cœur tout ce répertoire, et prenait son rôle très au sérieux, ayant gardé la jeunesse du cœur.
Elles montent plus haut… Je tâche d’y monter… » On aura remarqué la manière dont elle parle de Mme Tastu, avec quel sentiment pénétré, quel respect pour ses qualités régulières et pour ce mérite de femme qui a eu dans sa jeunesse quelques notes poétiques si justes et si pures.
Lui qui regretta plus tard si éloquemment sa vieille robe de chambre, combien davantage ne dut-il pas regretter cette redingote de peluche qui lui eût retracé toute sa vie de jeunesse, de misère et d’épreuves !
Le bon René d’Anjou, captif en sa jeunesse, avait usé ainsi de musique et de vers, en même temps qu’il peignait aux murailles de sa tour diverses sortes de compositions mélancoliques et d’emblèmes.
Les hommes de ma génération qui sont au pouvoir, et qui furent des libéraux de ce temps-là, ont trop oublié, selon moi, les impressions de leur jeunesse.
. — Considérez les jeunes gens qui ont vingt ans aux environs de 1780, nés dans une maison laborieuse, accoutumés à l’effort, capables de travailler douze heures par jour, un Barnave, un Carnot, un Roederer, un Merlin de Thionville, un Robespierre, race énergique qui sent sa force, qui juge ses rivaux, qui sait leur faiblesse, qui compare son application et son instruction à leur légèreté et à leur insuffisance, et qui, au moment où gronde en elle l’ambition de la jeunesse, se voit d’avance exclue de toutes les hautes places, reléguée à perpétuité dans les emplois subalternes, primée en toute carrière par des supérieurs en qui elle reconnaît à peine des égaux.
Mais l’homme ne veut pas mourir ; et quand le chant sublime l’abandonne avec la jeunesse, il essaye de changer la clef, et il recommence sur un mode inférieur une cantate, encore harmonieuse, s’il se peut, dans tous les cas moins aimable. » Cette dernière phrase fait allusion, dans M.
Les professeurs de mon collège (on ne peut causer que de ce que l’on sait) semblaient avoir hérité de la brutalité romaine ; ils se sont assis sur notre jeunesse avec toute la lourdeur d’un monument romain ; ils ont failli étouffer tout ce qu’il y a en nous, d’« aborigène ».
J’aime Philoméla de jeunesse, si je puis ainsi parler, aussi les Sérénades, aussi les Soirs moroses.
Mais, tandis que les autres se fatiguaient à la poursuite de ce rare, elle le trouvait sans le chercher, par quelque habitude de jeunesse, comme son amour pour les romans de Mlle de Scudéry.
Ma douceur, qui vient souvent d’un fond d’indifférence ; mon indulgence, qui, elle, est très sincère et tient à ce que je vois clairement combien les hommes sont injustes les uns pour les autres ; — mes habitudes consciencieuses, qui sont pour moi un plaisir ; — la capacité indéfinie que j’ai de m’ennuyer, venant peut-être d’une inoculation d’ennui tellement forte en ma jeunesse, que j’y suis devenu réfractaire pour le reste de ma vie ; — tout cela s’explique par le milieu où j’ai vécu et les impressions profondes que j’ai reçues.
Biographie : la famille et la jeunesse de Wagner, 1763-1823, (d’après Glasenapp) ; Wagner à l’école de Leipzig, 1829, (A.
Ô poétiques figures qui avez enchanté notre jeunesse, figures si dissemblables et pourtant de même famille, vous qui aviez une âme, Elvire, Esmeralda, Kitty Bell, Marie, Rachel et Ahasvérus, Valentine et Bénédict, Frédéric et Bernerette, Amaury et Mme de Couaën, qu’êtes-vous devenues ?
voilà un bien grand mot ; mais ce qui me paraît certain, et ce qui le serait, je le crois, pour tous ceux qui auraient jeté les yeux sur cette suite de pensées neuves et hardies, produites par lui dès sa première jeunesse, c’est qu’il y avait en Sieyès du Descartes, c’est-à-dire de l’homme qui fait volontiers table rase de tout ce qui a précédé, et qui recommence en toute matière, sociale, économique et politique, une organisation nouvelle et une.
Parfois, au contraire, la familiarité est si grande que le présent fait renaître le passé avec tous ses détails et toutes ses circonstances : Les voilà, ces buissons où toute ma jeunesse Comme un essaim d’oiseaux chante au bruit de mes pas.
C’est une jeunesse, une gracilité de ligne, une finesse ténue des attaches, un modelage douillet du ventre, une science de tout ce grassouillet virginal et bridé, une grâce délicate comme voilée d’enfance, avec dans une si petite chose, presque la grandeur d’une statue.
Il se retrace toute l’histoire de sa jeunesse ; des souvenirs mêlés de remords l’assiègent ; il éprouve une crainte vague ; son bonheur lui avait paru longtemps attaché à la conservation de ce premier don d’une amitié maintenant abjurée.
Qu’un écolier, pour mieux réfléchir, évoque l’image d’un ami qui l’écoute, cela est d’un âge où la raison s’essaye et se forme ; et, de même, la voix de la conscience ne se fait vraiment entendre que dans la jeunesse de l’humanité ou chez les hommes dont on dit qu’ils restent éternellement jeunes ; la parfaite maturité de la raison se passe de ces illusions.
Jules Lemaître, qui nous est cher, qui, faisant sa classe, dans sa jeunesse, au lycée du Havre, demandait à ses élèves : « Quel est le génie littéraire, en France, que vous préférez ?
Capefigue n’a imaginé rien de mieux que de rappeler Mme de Maintenon et son influence sur un roi vieux et ennuyé, et les calomnies dont elle aussi fut abreuvée, et l’obscurité de sa jeunesse, quand elle était Mme d’Aubigné ou Mme Scarron, et que de chercher dans tout cela des analogies !
La moelle de lion dont ce Chiron, en 1847, beurrait les tartines qu’il donnait à avaler à la jeunesse, n’a point, que je sache, produit immensément d’Achilles.
Il avait alors cette jeunesse virile que de profondes études ont mûrie.
À côté de l’artiste, il avait senti en lui dès sa jeunesse un critique et un théoricien.
Ainsi paraissent dans le drame sacré l’époux, l’épouse, le chœur des compagnes, ou de toutes autres jeunes filles de Jérusalem et des autres contrées. » On conçoit que, parmi les traditions de la poésie hébraïque divulguées en langue grecque, ce chant gracieux, dont la lecture était défendue à la jeunesse israélite, ait attiré surtout la curiosité des païens charmés de ces voluptueuses images, et bien éloignés d’y voir le sens mystique et les allusions pieuses qu’on y a cherchés plus tard.
Platon est plus heureux ; l’antiquité est la jeunesse du monde, et partant la nôtre. […] La jeunesse pleine de sève et de force aspire à tout et, dans le large champ de la beauté, veut cueillir toutes les belles choses. […] Cette piété de l’ancienne Grèce survivait encore dans la jeunesse ignorante et respectueuse, souvenir charmant du passé, qui n’était pour ce beau front qu’une grâce de plus. […] Elles expriment, comme les dialogues, la perfection de la race, le plein développement, la jeunesse et l’heureuse sérénité des âmes. […] Ajoutez-y la drôlerie comique et l’élan de jeunesse ; il y a telle phrase dans le procès des ducs qui court avec une prestesse de gamin.
Ne rien exclure, tout comprendre, encore une fois c’est là le trait de notre temps : que ce soit aussi le caractère honorable de la jeunesse française ! […] Vous allez ici prendre sur le fait la jeunesse de l’esprit philosophique qui règne aujourd’hui dans l’Europe. […] Elle nous prend à notre naissance, nous marque de son sceau, surveille et gouverne notre enfance et notre jeunesse, intervient dans tous les grands moments de la vie et entoure notre dernière heure de consolations et d’espérances. […] Cependant on ne peut s’empêcher de déplorer qu’on mette de trop bonne heure l’Esquisse de Condorcet entre les mains de la jeunesse. […] Les hommes forts se fabriquent dans les fortes études ; les jeunes gens qui parmi vous se sentent de l’avenir doivent laisser aux enfants et aux femmes les petits livres et les bagatelles élégantes : ce n’est que par l’exercice viril de la pensée que la jeunesse française peut s’élever à la hauteur des destinées du dix-neuvième siècle.
Elle pénètre dans le secret du tempérament, de la santé, de la table, du lit de Molière ; elle décrit la chambre où il est né, la chambre où il est mort ; elle retrouve le chiffre de sa fortune, le catalogue de sa bibliothèque, la marque de son argenterie ; et le vrai Molière nous apparaît, son enfance, sa jeunesse, sa maturité, dégagées enfin des fables qui les obscurcissaient et son noble visage dépouillé de ce masque et de ce fard d’histrion qui nous le déguisaient encore. […] Nul plus que nous n’admire le Cid ou le Menteur, nous n’en prétendons pas moins que, du Cid à Bajazet, comme du Menteur au Tartuffe, il y a non seulement l’intervalle d’une génération, c’est-à-dire l’intervalle de la jeunesse à la maturité, mais l’abîme d’une révolution de la scène, de la littérature, et du goût. […] Et quand les contemporains de Corneille, quand Saint-Évremond, par exemple, ou Mme de Sévigné, résistaient à l’enthousiasme de la jeune cour pour le jeune poète, quand ils résistaient même contre leur propre émotion, ce n’était pas seulement le cher souvenir de leur propre jeunesse qu’ils aimaient en Corneille, c’était vraiment un autre théâtre, d’autres mœurs dramatiques, et d’autres sources d’inspiration. […] Dupe de son inexpérience, il a cru, par une illusion commune à la jeunesse, que l’opposition, — si ce mot peut avoir un sens vers 1716, — menait à la fortune, que la satire et l’épigramme étaient le plus court chemin vers la réputation et vers la gloire. […] Le Menuisier de Livonie, la Jeunesse de Henri IV ne paraissent pas indignes de précéder la comédie historique de Dumas ou de Scribe : Mademoiselle de Belle-Isle ou Bertrand et Raton.
Or, rire était bien dans son tempérament ; il a au plus haut degré ce don du comique, où la réalité et la fantaisie, le déjà vu et l’imprévu vous soulèvent dans une saine gaîté, dans une allégresse absolue de l’esprit ; mais il a autre chose encore : il a la compréhension des douleurs humaines, la vision très nette de nos conflits avec la société, avec nous-mêmes, de nos pauvres illusions, de la jeunesse qui fuit, de la raison qui s’écroule aux pieds de l’amour… ; et Molière, le grand comique, aurait écrit les drames les plus poignants, si son époque avait aimé le drame et s’il n’eût pas dû être un amuseur… Il a frôlé le drame dans Tartufe, dans Le Misanthrope, dans Le Bourgeois gentilhomme, dans Le Malade imaginaire, ailleurs encore ; ce drame, il l’a vu, mais n’a voulu montrer que la comédie. […] Cette clarté est déjà dans les idées et dans les actes des premiers rois de France. — Rome avait civilisé le monde ; le christianisme avait apporté la bonne nouvelle de la solidarité humaine devant un seul et même Dieu ; les Germains avaient donné la force de leur jeunesse ; une forme nouvelle de l’humanité devait en résulter à travers mille vicissitudes ; et c’est en France que naquit, nécessairement, la première nation européenne.
Cette vigoureuse ignorance ne fait-elle pas la force même de la jeunesse ? […] Si vous remontiez jusqu’aux origines, peut-être les retrouveriez-vous dans un passage des Confessions, à l’endroit où Jean-Jacques, après trente ans passés, apercevant, comme jadis aux jours de sa jeunesse, « quelque chose de bleu dans la haie », pousse le cri demeuré célèbre : Ah ! […] « On était au commencement d’avril… la vapeur du soir passait à travers les peupliers sans feuilles… au loin des bestiaux marchaient, on n’entendait ni leurs pas, ni leurs mugissements, et la cloche, sonnant toujours, continuait dans les airs sa lamentation pacifique… A ce tintement répété, la pensée de la jeune femme s’égarait dans ses vieux souvenirs de jeunesse et de pension. » Ici, vous le voyez, la pensée s’enveloppe et, pour ainsi dire, s’estompe elle-même de cette « vapeur du soir » qui flotte là-bas entre les peupliers ; elle se laisse bercer à la « lamentation pacifique » de la cloche de l’église ; et c’est ce « tintement répété » de l’Angélus, qui la ramène avec obstination vers les images du couvent de sa jeunesse. […] Elle allait devenir l’auteur du Marquis de Villemer ; son chef-d’œuvre peut-être, au-dessous des grands romans de sa première jeunesse, l’une du moins de ses œuvres les plus voisines de la perfection. […] Et dans son arrière vieillesse, bien marié, bien renté, le goût de ce baiser, s’il lui remonte aux lèvres, lui reviendra comme un joyeux souvenir de sa conquérante jeunesse.
L’humanité c’est un homme (idée, pour commencer, qui n’est pas prouvée du tout, qui faisait la joie de Proudhon quand il la rencontrait, et qui me semble, comme à lui, nonobstant Pascal, très contestable ; mais poursuivons), l’humanité est un homme ; elle a son enfance, son adolescence, sa jeunesse, son âge mûr, son âge de, déclin, sa Vieillesse. […] Pendant toute sa jeunesse, il mit en usage, tout à fait contre son gré, ces qualités. […] Il s’est demandé pendant sa jeunesse : « Pourquoi les hommes se massacrent-ils au nom des idées qu’ils croient avoir ? […] Toute sa jeunesse « a été embrassée, enveloppée de cette influence d’une nature primitive, qui n’était pas encore domptée, réglée, asservie par l’homme. […] C’était un renouvellement prodigieux pour un homme qui avait passé la soixantaine, qui n’avait jamais eu d’éducation scientifique, n’ayant étudié dans sa jeunesse que les seules mathématiques, et qui avait été dominé pendant tout son âge mûr par une sorte de mysticisme sociologique ne soutenant avec l’esprit scientifique que des rapports assez lointains Rien ne fait plus grand honneur à Quinet.
Qu’on se rappelle la préface des Consolations, d’un accent si poignant et qui crie une détresse si profonde ; qu’on songe à certaines pièces de ce recueil ou des Pensées d’Août ; qu’on évoque cette lamentable jeunesse de Sainte-Beuve, qui avait besoin de croire, et qui était ballotté comme une épave d’une doctrine à l’autre, sans pouvoir s’accrocher à aucune, et la lettre qu’il écrit à Vinet à propos de Madame de Pontivy prendra toute sa signification. […] Un jeune homme, nommé Amaury, d’une nature ardente et rêveuse, élevé dans la solitude et dans la piété, a vu sa première jeunesse expirer avec les derniers jours de la Révolution française. […] Le sentiment d’une existence manquée, d’une jeunesse perdue le harcèle, et le jette tour à tour dans l’étude et dans les projets. […] C’est en cette qualité, et après une longue séparation, que nous le voyons au pied du lit de Mme de Couaën mourante, la soutenant par les paroles de la religion dans la vallée sombre de l’agonie, et pénétrant avec ces mêmes paroles dans l’âme stoïque et fière du marquis de Couaën. — Tous ces événements, il les écrit lui-même pendant son trajet d’Europe en Amérique, à un jeune ami qu’il veut prémunir contre les mêmes écueils où sa jeunesse a fait naufrage.
Arnolphe, aux yeux de Molière, est grotesque parce qu’il aime à quarante-trois ans ; mais quarante-trois ans, aujourd’hui, c’est à peine la seconde jeunesse ! […] 3e L’homme de génie, mûr, a la haine, non point de la jeunesse et de l’amour, mais (vous sentez la nuance) de ceux qui sont jeunes et de ceux qui sont amoureux. […] Et, des deux sœurs de l’enfant, nous savons uniquement qu’elles s’appellent Ygraine et Bellengère, et que Ygraine est la plus courageuse, et que toutes deux ont de très beaux cheveux (comme en avaient Mélisande et Alladine) et qu’elles aiment bien leur petit frère, et qu’elles ont eu une jeunesse immobile et terrifiée : « Ma sœur et moi, dit Ygraine, nous nous traînons ici depuis notre naissance, sans oser rien comprendre à tout ce qui passe… Il régnait un tel silence qu’un fruit mûr qui tombait dans le parc appelait les visages aux fenêtres… » Et nous ne savons rien non plus du vieil écuyer Aglovale, sinon que c’est un très vieil écuyer, et qu’il a vu bien des choses, et sans doute des choses terribles, mais qu’il ne s’en souvient plus. […] (Je note ici, en passant, une figurine plus « distincte » que les autres : le peintre Hugon, officier de la Légion d’honneur et membre de l’Institut, vieux roublard, caressant avec la jeunesse. « Je suis lâche, dit-il, pour n’être pas lâché. » Mot médiocre, réflexion juste. ) Cependant Rabagas, c’est-à-dire Numa Roumestan, c’est-à-dire Pégomas, devenu secrétaire de cet imbécile de Laversée, joue auprès de lui le rôle du député de Bombignac. […] Tout cela apparaissait déjà dans un de ses premiers volumes : la Jeunesse blanche.
Il a des candeurs que j’ai indiquées et qui sont d’un jeune homme, d’un homme qui n’a même pas les vingt-cinq ans que je lui donnais ; il a, avec sa maîtresse, des emportements qui seraient inexcusables chez un homme de seconde jeunesse. […] « J’aurais trop d’avantages si je voulais passer de l’examen de Molière à celui de ces successeurs qui, n’ayant ni son génie ni sa probité, n’en ont que mieux suivi ses vues intéressées [le désir du succès à tout prix], en s’attachant à flatter une jeunesse débauchée et des femmes sans mœurs. […] Belle instruction pour la jeunesse que celle où les hommes faits ont bien de la peine à se garantir de la séduction du vice ! […] Le bal, les festins, les jeux, même le théâtre ; tout ce qui, mal vu, fait le charme d’une imprudente jeunesse, peut être offert sans risque à des yeux sains. […] De même, ce qui prouve que Molière est toujours avec nature, même vicieuse et honteuse, ce sont les paroles d’Angélique dans George Dandin : « Je veux jouir, s’il vous plaît, de quelques beaux jours que m’offre la jeunesse et prendre les douces libertés que l’âge me permet. » C’est le cri de la nature.
André Chénier, dont nous avons un intéressant commentaire, sur quelques pièces de Malherbe, trouvait la versification de ce petit poème « étonnante » ; et Sainte-Beuve, depuis, y a signalé « un éclat d’images, une fermeté de style, et une gravité de ton qui ne pouvait, dit-il, appartenir qu’à la jeunesse de Malherbe ». […] Ce qu’il n’avait fait qu’indiquer ou que pressentir au temps de sa jeunesse, dans les sermons où nous avons signalé la première idée du Discours lui-même — Sur la bonté et la rigueur de Dieu, Sur le caractère des deux alliances, Sur Jésus-Christ objet de scandale, — dix ou douze chapitres de sa seconde partie n’ont d’autre objet que de l’éclaircir, que de le développer, que de le tortiller. […] Lorsqu’ils ont passé les bornes de la jeunesse, la plupart des hommes — j’entends de ceux qui pensent — ne demandent plus aux livres, à l’expérience, à la méditation que de les ancrer dans leurs opinions. […] Après une jeunesse « libertine », Desmarets, encore vert, était devenu « dévot », mais non pas janséniste. […] Et reprenant à son tour la comparaison des hommes de tous les siècles avec un seul homme, il a le premier, si je ne me trompe, affirmé catégoriquement : — que, « cet homme-là n’aurait pas de vieillesse » ; — qu’il « serait toujours également capable des choses auxquelles sa jeunesse avait été propre, qu’il le serait de plus en plus des choses qui conviennent à l’âge de virilité » : — et, pour quitter l’allégorie, que « les hommes ne dégénéreraient jamais, mais que les vues saines de tous les bons esprits qui se succéderaient les uns aux autres s’ajouteraient toujours les uns aux autres ».
Périn, la Jeunesse de Robespierre, doléances des paroisses rurales de l’Artois, 320.
Parmi ces jeunes filles des champs, il y en avait une, à peine âgée de seize ans, qui faisait déjà l’admiration et l’envie de toute la jeunesse des villages voisins.
Leurs sermons, sur ce sujet, me faisaient une impression profonde qui a suffi à me rendre chaste durant toute ma jeunesse.
La Jeunesse des Écoles organise, dans quelques sous-sols, des conciliabules mystérieux.
Dès sa jeunesse, étant sous l’influence de la musique de Beethoven et de Weber, Wagner reconnut que la littérature participait au merveilleux empire de la musique.
C’est Tristan qui a tué l’époux promis à sa jeunesse, le héros Morold.
La matière sourit bienveillante à sa jeunesse et à sa force.
Ces hypermnésies sont causées tantôt par une circulation fébrile du sang, qui donne une activité anormale à certaines portions du cerveau ou à certains systèmes de réflexes, tantôt par une régression qui, ayant détruit les souvenirs plus récents, ramène à la lumière des couches profondes et oubliées : par exemple des impressions et passions de la jeunesse, des croyances anciennes auxquelles il semble qu’on revient par une sorte de conversion.
Edmond et lui ont ainsi parlé six heures durant de choses passées, du passage Choiseul, où leur jeunesse à tous deux a usé ses bottes, d’une Marie qui les a trompés successivement l’un avec l’autre, des suprêmes de volaille aux truffes de Véfour, de parties de billard arrêtées par la dernière pièce de vingt sous de la bourse commune, du prunier de Reine-Claude de la maison de l’allée des Veuves, de la première polka d’Edmond, de la promotion de Léon à l’École polytechnique.
jusqu’à glorifier les membres de la Convention d’avoir suivi comme un vil troupeau les proscripteurs du comité de salut public, et d’avoir, les yeux fermés, donné leurs signatures de confiance ou de complaisance sur ces listes de proscriptions qui décimaient tous les matins la vieillesse et la jeunesse, l’infirmité, l’imbécillité, l’enfance, le pêle-mêle de la contrerévolution, de la révolution.
Et si L’Avenir de la science est une œuvre de sa jeunesse, qui ne sait que son âge mûr ne s’est on quelque manière employé qu’à essayer de réparer au moyen de la science les brèches que son exégèse croyait avoir faites dans l’édifice dix-huit fois séculaire de la morale et de la religion ?
On flatte Armide sur sa beauté, sur sa jeunesse, sur le pouvoir de ses enchantements ; rien de tout cela ne dissipe la rêverie où elle est plongée.
Une jeunesse ardente exigeait d’autres soins, Je les pris, avec fruit ; vos faits en sont témoins.
la mort de la Papauté, sans échafaud, voilà ce que veut l’auteur de Claude Gueux qui, dès sa plus tendre jeunesse, a eu — vous le savez !
Quoi qu’il en soit, quand on a dit de Musset qu’il est « le poète de l’amour et de la jeunesse », cela paraît court, et pourtant il n’y a pas grand’chose à ajouter. (Il est vrai qu’on peut alors développer le contenu de ces mots « jeunesse et amour », et que cela ne laisse pas d’être long.) […] Il en est résulté ceci, qui est un phénomène des plus rares : Musset a pu exprimer avec génie, sous une forme souverainement belle, les sentiments et les passions, de la jeunesse au moment même où il était jeune. […] Il a eu une enfance triste et une jeunesse grave : jamais il ne prendra légèrement les choses de l’amour. […] À ce noble fanatisme, il joint d’ailleurs la fougue du sang, l’emportement de la jeunesse.
Cette jeunesse à tête chaude n’en avait pas moins la passion de savoir. […] Il y a quelque chose de suranné et de charmant, de vieillot et de jeune dans toutes les œuvres du temps : œuvres d’un esprit qui n’est pas mûr, mais dont la jeunesse s’est un peu surmenée. […] L’Éloge de la sincérité, et les Réflexions sur la considération et la réputation, sont des œuvres innocentes de jeunesse. […] Cela me rappelle les romans d’éducation à l’usage de la jeunesse, où le héros prend l’une après l’autre toutes les mauvaises habitudes dont on veut purger le lecteur, toutes les qualités qu’on y veut greffer. […] Et le seigneur Manuel Ordonnez, qui, dès sa jeunesse, n’ayant en vue que le bien des pauvres, s’y est attaché avec un zèle infatigable !
Un jour, Delany, son biographe, l’ayant trouvé qui causait avec l’archevêque King, vit l’archevêque en larmes, et Swift qui s’enfuyait le visage bouleversé. « Vous venez de voir, dit le prélat, le plus malheureux homme de la terre ; mais sur la cause de son malheur, vous ne devez jamais faire une question. » Esther Johnson mourut ; quelles furent les angoisses de Swift, de quels spectres il fut poursuivi, dans quelles horreurs le souvenir de deux femmes minées lentement et tuées par sa faute le plongea et l’enchaîna, rien que sa fin peut le dire. « Il est temps pour moi d’en finir avec le monde… ; mais je mourrai ici dans la rage comme un rat empoisonné dans son trou965… » L’excès du travail et des émotions l’avait rendu malade dès sa jeunesse : il avait des vertiges ; il n’entendait plus. […] Quand, dans sa jeunesse, il a essayé des odes pindariques, il est tombé déplorablement.
Un domestique nous introduit dans un salon, tout empli de tableaux de Bonvin et de Wattier, parmi lesquels se voit un grand et noir portrait de Bressant, où la jeunesse de l’acteur est peinte fatalement, avec des empâtements blafards, et je ne sais quel air sinistre d’Hamlet chez M. […] Et nous avons cette mauvaise fortune sans exemple à la Comédie-Française, d’être arrêtés, les rôles distribués et acceptés par les meilleurs acteurs de la troupe, les décors faits et essayés, — et cela par la volonté d’un seul acteur qui a reçu notre pièce à boule blanche, et qui joue, tous les soirs, dans Musset, des rôles aussi jeunes que celui, dont il a prétexté la jeunesse pour ne le pas jouer.
Elles causent lourdement, s’expriment en termes vulgaires et ne mettent dans leurs propos ni vivacité, ni jeunesse. […] S’il dérobe çà et là quelques scènes à Shakespeare pour les mutiler, ce n’est pas qu’il ait une haute estime pour le roi de la scène anglaise : mais il sait l’engouement de la jeunesse pour les nouveautés étrangères, et il voit dans ce larcin un assaisonnement qui piquera la curiosité. […] Dumas, Hugo et de Vigny à la jeunesse lettrée. […] Plein de confiance dans sa jeunesse, dans la sève exubérante de ses pensées, il construit à la hâte une poétique hardie qui contredit toutes les idées de la foule, mais qu’il espère défendre glorieusement en multipliant ses ouvrages comme autant de sorties contre l’ennemi.
Il vécut vieux, et, après avoir passé sa jeunesse à Tyr, il mourut dans l’île de Cos.