/ 1907
31. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

À Munster en 1809, Beugnot trouve un évêque souverain, une ville de couvents et de grands hôtels seigneuriaux, quelques marchands pour les objets indispensables, peu de bourgeoisie, alentour tous les paysans colons ou serfs. […] Il vient à la ville, surtout à la cour. — D’ailleurs il n’y a plus de carrière que par cette issue : pour parvenir, on est tenu d’être courtisan. […] Il n’y a de civilisation et de bien-être que dans les très grandes villes […] La ville de Saint-Amand, à elle seule, contient aujourd’hui 10 210 habitants. […] Voyez aussi dans le Tartufe la peinture que Dorine fait d’une petite ville

32. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Sa famille, une des anciennes du pays, comptait des magistrats, des échevins, des curés de la ville, des militaires. […] Le maire actuel de la ville, M.  […] Quoique je ne prétende point donner un récit complet de la fête, j’indiquerai encore, après les discours, une cantate qui fut exécutée par cent musiciens de la ville. […] Le maréchal de Belle-Isle, qui était dans cette ville, au moment de partir pour la Bohême, prit soin d’écrire en sa faveur au cardinal de Fleury. […] Romieu, directeur alors des Beaux-Arts, proposa à M. le comte de Persigny d’accorder à la ville d’Hesdin le buste en marbre de l’abbé Prévost ; la décision du ministre est du mois d’août 1852.

33. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Impossible de citer toutes les anecdotes de ce livre qu’il faut lire, et qui se lèvent de tous les chartriers des villes que parcourt, dans son carrick anglais, cet antiquaire, qui n’est pas celui de Scott, lequel nous amuse en nous faisant rire un peu de lui à ses dépens, il faut bien le dire ! […] Il regarde le dedans et le dehors, le dessous comme le dessus des choses, l’envers et l’endroit, la ville en ruines, la ville bâtie, la ville partie, la ville qui reste, la grande tournure des monuments, le profil des maisons, la rue, le visage des passants, le paysage, et jusqu’à l’air ambiant et la lumière dans lesquels tout vit, se tient ou se meut ! Son regard fait jusqu’à des percées dans les sociétés de ces villes qu’il traverse et au foyer desquelles il faudrait s’asseoir pour bien les connaître.

34. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

C’était au choix, et sauf aux propriétaires et détenteurs des deux villes à s’entendre entre eux et avec la France. […] Cependant, après avoir hésité quelques semaines, le gouverneur des Pays-Bas espagnols, voyant les Français en force manger le pays autour de Charlemont, se décida enfin à leur livrer la ville. […] Ils détruisirent Carthage, disant qu’ils avaient promis de conserver la cité, et non pas la ville. […] En attendant, on cernait de plus en plus, on serrait de près la république : le Conseil souverain siégeant à Brisach réunissait une à une les petites localités d’alentour ; on isolait la ville, on lui coupait ses attaches et ses racines. […] La ville prit l’alarme ; le tocsin sonna.

35. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Athènes, la plus religieuse des villes grecques, au rapport de Pausanias, la ville où le génie ionien s’épanouit dans toute sa beauté, l’œil de la Grèce, selon la poétique expression de Milton, Athènes fut surtout la ville des statues. […] Un coup de vent nous jeta avant la nuit dans le port ; des chevaux de Thessalie nous emportèrent vers la ville. […] Elles entourent un large mamelon qui renfermait presque tous les monuments sacrés de la ville de Thésée. […] Le premier monument digne du regard est le temple de Jupiter Olympien, dont les magnifiques colonnes s’élèvent seules sur une place déserte et nue, à droite de ce qui fut Athènes, digne portique de la ville des ruines ! […] Gaspari nous conduisit au bas de la ville, à travers les mêmes ruines, jusqu’à une maison blanche et propre, élevée tout récemment, et où un Italien avait monté une auberge.

36. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Il n’est pas nécessaire d’ajouter que dans un pays où ces écoles ne seraient pas encore multipliées, il faudrait les introduire d’abord dans les villes, et de là, de proche en proche, dans les villages. […] Dans les pays protestants, ce n’est qu’après avoir parcouru toutes les classes du gymnasium de sa ville, qu’on part pour l’université. […] Ordinairement les écoles sont sous l’inspection immédiate du magistrat de la ville où elles sont fondées, et ce sont les principaux de la magistrature, avec monsieur le surintendant ou le chef du clergé, qui se chargent de ce soin. […] Un étudiant n’est justiciable que de l’université où il s’est fait inscrire, et le magistrat de la ville où l’université est établie n’a aucune juridiction sur lui. […] Il est donc bon de les établir dans des villes qui ne soient ni capitales, ni résidences, ni port, parce que la présence du souverain absorbe tout, parce que le trop grand mouvement et le bruit ne causent que des distractions, parce qu’il est bon que l’université soit tout dans les endroits où elle est établie, et que l’habitant regarde l’étudiant avec quelque considération, ce qui arrivera toutes les fois que la ville tirera un profit sensible du séjour de la jeunesse.

37. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Rome, déchue du faite de sa puissance, n’en demeura pas moins la Ville sacrée. […] L’évêque de Rome s’élève peu à peu, par sa diplomatie sans doute, mais aussi sans le vouloir, par le passé de la Ville ; le sang des martyrs lui est une gloire. […] Il est encore en partie tourné vers le moyen âge ; son œuvre est à moitié latine et ascétique ; mais son geste montre l’aurore et répond si bien à l’esprit de son peuple, qu’en 1341 un maître d’école aveugle suit ses traces de ville en ville, pour le rejoindre enfin et baiser la main du génie libérateur. […] On a souvent remarqué que l’Italie n’a guère connu la féodalité, ou du moins ne l’a pas vécue aussi complètement que d’autres pays ; les villes (communi) y échappent, et ce sont ces villes qui commandent à l’évolution générale ; de là une persistance de l’idée romaine qui explique à son tour que la Renaissance se prépare en Italie, et non ailleurs, dès le xive  siècle. […] Je n’en ai pas moins le droit de rattacher les deux poètes à la ville de leurs pères, à la cité de Dante.

38. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

Je suis allé trouver mon vieil ami de Lucques, le fameux docteur Bernabo, qui, quoique retiré de ses fonctions d’avocat du duc, donne encore des consultations gratuites aux pauvres gens de Lucques et des villes voisines. […] Je lui demanderai de séjourner à la ville autant que ma présence pourra être utile au prisonnier pour ce monde ou pour l’autre ; je remonterai jusqu’ici dès que j’aurai une bonne ou une mauvaise nouvelle à vous rapporter d’en bas ; ne cessez pas de prier. […] Nous restâmes douze grands jours sans le voir remonter et sans rien apprendre de ce qui se passait en ville. […] Ils lui promirent d’envoyer un messager au monastère pour demander au supérieur de faire descendre le vieux camaldule et de l’autoriser à demeurer dans un autre couvent de la ville, ou même dans la prison, jusqu’au jour de la mort du meurtrier des sbires. […] Voilà pourtant, monsieur, ce que nous étions devenus en si peu de temps, et comment nous entrions dans la ville de Lucques.

39. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

— Monte, mon enfant, dit la fiancée, c’est une bénédiction du bon Dieu que de trouver une occasion de charité à la porte de la ville, un jour de noce et de joie, comme est ce beau jour pour nous. […] Puis il mettait une gloriole d’enfant à me raconter à son tour ceci et cela sur cette belle noce qu’il conduisait à la ville, et sur les personnages qui remplissaient derrière nous le chariot couvert de toile et de feuilles. […] CLIII On ne tarda pas de m’en prier, monsieur, nous touchions enfin aux portes de la ville. […] En me voyant ainsi, tout habillée de si bon matin et faisant si dévotement ma prière (elle le crut ainsi du moins), la brave créature conçut encore, à ce qu’elle m’a dit depuis, une meilleure idée du petit pifferaro et une plus vive compassion de mon isolement dans cette grande ville de Lucques. […] Le pavé de la loge était en pente et communiquait, par une grille sous leurs pieds, avec le grand égout de la ville où on leur faisait balayer leur paille tous les matins.

40. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

par quel chemin son esprit va-t-il passer en un instant de la ville de Zénobie à la nuit du 4 Août et à l’anniversaire du 14 Juillet ? […] Derrière moi était Égine ; devant, Mégare ; à droite le Pirée, à gauche Corinthe, toutes villes qui avaient été dans un temps si florissantes, et qui maintenant, renversées et détruites, sont gisantes devant nos yeux. […] nous autres, pauvres petits hommes (homunculi), nous nous révoltons si quelqu’un des nôtres nous est enlevé de mort naturelle ou violente, nous dont la vie doit être si courte, tandis que les cadavres de tant de villes gisent à terre dans un si petit espace ! […] À quelqu’un qui, vivant à la campagne, regrettait la ville, Volney racontait une anecdote de Diderot, qui avait au château de Meudon une jolie chambre où il n’allait jamais, et qui répondait un jour à Delille en refusant de la lui céder : « Mon cher abbé, écoutez-moi ; nous avons tous une chimère que nous plaçons loin de nous ; si nous y mettons la main, elle se loge ailleurs ; je ne vais point à Meudon, mais je me dis chaque jour : J’irai demain ; si je ne l’avais plus, je serais malheureux. » — Vous, Monsieur, qui vivez à la campagne, continue Volney, vous avez placé votre chimère à la ville ; mais que l’exemple de Diderot vous serve. […] La ville n’a-t-elle pas aussi ses inconvénients ?

41. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Parti de la province de Constantine en 1859, il tenta une reconnaissance aventureuse, une pointe sur El-Goléa, à cent lieues au sud de Laghouat, dans une ville où aucun autre Européen n’avait encore pénétré. […] Ce fut à Rhât, l’ancienne Rapsa, un centre plus avancé, une autre ville berbère, indépendante encore des Touâreg, quoique sise au milieu de leurs campements et relevant de leur protectorat amical, ce fut là que le voyageur rencontra des difficultés presque menaçantes ; il ne put y pénétrer. Il était l’hôte de l’émir des Touâreg et campé avec lui sur le marché même de la ville, en dehors des murs. […] C’est elle qu’Abd-el-Kader est allé froisser et offenser sans raison dans la personne d’un de ses représentants les plus vénérés, en faisant le siège d’Aïn-Madhi, cette ville sainte à l’ouest, de Laghouat, et que Fromentin nous a peinte. […] Seul entre tous ses coreligionnaires, il a assez de crédit pour faire accepter un chrétien dans une ville où nul autre n’a pu pénétrer depuis.

42. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

J’en extrais ici quelques fragments et j’en ai refait un tout, en jalonnant ma route de ses plus beaux tronçons de style, comme on reconstruit une ville détruite dans le désert, en marchant d’un débris à un débris et d’un monument à l’autre, à travers la poussière des grandes choses qu’on foule aux pieds. […] Les officiers partent pour aller retenir dans leur devoir les différents corps casernés dans la ville ; mais les partisans d’Othon les ont prévenus. […] XXI Pendant cette hésitation, un bruit se répand dans la ville qu’Othon a été massacré par les prétoriens dans le camp. […] Chaque légion envoie un quart de ses légionnaires imposer ou saccager la ville et les campagnes, avec licence de tout faire, pourvu qu’elle rapportât sa part de pillage à ses chefs, et, après cette alternative de licence, de débauches et de misère, chaque soldat rentrait à son corps, indigent, oisif et lâche, de vaillant qu’il avait été. […] « Croyez-vous donc que cette ville si majestueuse existe seulement dans ces maisons, ces toits, ces monceaux de pierres ?

43. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Claudel, Paul (1868-1955) »

. — La Ville (1898). — Connaissance de l’Est (1900). […] Paul-Armand Hirsch Un jeune qui ne s’est nullement soucié de prodiguer sa signature même en les recueils d’élite. — Cette haute indifférence pour les petits combats s’explique par deux drames, encore sont-ils sans nom d’auteur : Tête d’or et La Ville. […] Tête d’or dramatise des pensées ; cela impose aux cerveaux un travail inexorable à l’heure même où les hommes ne veulent plus que cueillir, comme des petites filles, des pâquerettes dans une prairie unie ; mais il faut être impitoyable à la puérilité : c’est pourquoi nous exigeons de l’auteur de Tête d’or et de La Ville, l’œuvre inconnue de sept années de silence.

44. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Parcourant plus tard l’Allemagne et étant à Nuremberg, cette ville gothique, toute dévote à elle-même, tout occupée à se conserver, à se repeindre, et qui est « une collection plutôt qu’une ville », il remarque qu’au milieu des raretés qu’elle offre à chaque pas « on a peine à trouver une de ces œuvres qui laissent un souvenir durable ; on est souvent étonné, jamais ému ; c’est toujours le dernier objet qui frappe le plus et qui fait oublier les autres : « Je me souviens à ce propos, dit-il, de l’impression que nous ressentîmes à Rome, il y a de cela dix-huit ans (1836). Arrivant dans la Ville éternelle, l’esprit plein de tout ce que l’on dit sur les monuments dont elle est couverte, nous crûmes les premiers jours à une mystification. […] Viollet-Le-Duc de la ville éternelle peut sembler un peu légère à ceux qui ont en ces matières assez de religion pour ne pas oser s’avouer à eux-mêmes tout leur sentiment, la seconde impression est la bonne, la véritable, et il l’a reproduite dignement, en mainte page de son œuvre, par le crayon ou par la parole. […] C’était en effet une sorte de pèlerinage où se portaient dévotement les fidèles ; on courait les provinces, on se dirigeait aux bords du Rhin ; de Strasbourg à Cologne, on saluait du plus loin, à l’horizon, chaque ville qui laissait apercevoir un clocher, une flèche « montrant comme du doigt le ciel » ; c’était une vraie course au clocher et à l’ogive. […] Il n’a certainement pas pris la peine de regarder autour de lui, de faire quelques pas, soit dans l’Acropole, soit dans la ville, avant de porter un jugement sur un édifice dont il ne connaît ni la destination sacrée, ni la place.

45. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Un autre moment décisif, une détermination dans laquelle le président eut positivement la plus directe influence, ce fut le choix qu’on fit de Paris plutôt que de toute autre ville, pour la tenue des États généraux de 1593. […] Quoi qu’il en soit de cette explication, l’esprit de Paris s’était fort modifié depuis lors ; les Seize et les zélés purent jusqu’à la fin y faire leurs jeux, parades et démonstrations publiques, sous la protection des étrangers, « le reste de la ville était las d’eux et de la guerre ». […] Henri IV, au contraire, en accordant franchement et trêve et prolongation de trêve, tandis que Mayenne refusait d’en profiter pour traiter de la paix, se gagna les cœurs et les villes de son royaume ; il y eut en trois mois plus de conversions à sa cause qu’on n’en eût pu espérer autrement en des années. […] Mayenne, voyant que la ville de Laon allait être investie, se hâta d’en sortir et y laissa son second fils, M. de Sommarive, avec Jeannin pour conseiller et Du Bourg pour gouverneur militaire. […] Cependant les secours manquant et Mansfeld ayant été obligé à la retraite, force fut à la ville, après trois assauts, de capituler.

46. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Le poète, pendant cette suspension d’armes, reporte l’esprit dans la ville de Priam, aux portes Scées. « Là », dit-il dans son inépuisable fertilité d’analogies, charme de l’intelligence, « là, Priam et les vieillards de la ville étaient assis sur la plate-forme au-dessus de la ville. […] Hécube, sa mère, s’y rend avec les femmes pieuses et âgées de la ville. […] Place tes soldats sur la colline des Figuiers ; c’est par là que la ville est accessible ! […] Priam sort de la ville. […] Elle jette un cri, et ses gémissements remplissent la ville.

47. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Il ne tarda pas à se lasser de l’accueil que lui fit sa famille et sa ville natale. […] Il s’arrêta d’abord à Bologne, chez son ami Constantin ; la ville savante se pressa tout entière à la porte de son hôte ; de là il alla à Loretto ; arrivé sans argent à la porte de la ville, il écrivit à don Ferrante Gonzagua, qui se trouvait par dévotion à Loretto, de lui prêter dix écus pour continuer son voyage. […] Arrivé au mois d’avril à Florence, il alla, par souvenir des religieux de Monte Oliveto à Naples, loger aux portes de la ville, dans un monastère d’Olivetani, situé, comme celui de Naples, sur un monticule boisé de cyprès qui domine, du sein de l’ombre et du silence, les murs de la ville, et le cours pittoresque et opulent de l’Arno. […] Le Tasse, lassé, s’achemina une dernière fois vers Rome ; la noblesse napolitaine lui fit cortège jusqu’à Capoue ; son passage dans cette ville lettrée parut aux habitants de Capoue un événement assez important pour être consigné comme un honneur dans les archives de la ville. […] La ville entière assista à ce triomphe de la poésie devenu ainsi le triomphe de la mort.

48. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

C’est là que nous avons pris tous le goût passionné et l’habitude de la vie des champs, qui élargit l’âme, en opposition avec le séjour des villes, qui la rétrécit. […] Lui, pendant ce temps-là, privé de nourriture, erre misérablement dans quelques villes lointaines, au milieu de peuples inconnus, si toutefois il respire et jouit encore de la clarté du soleil. […] Il lui demande, pour l’éprouver, de descendre le lendemain à la ville, pour aller mendier dans le palais de Pénélope. […] Ulysse, obstinément déguisé en mendiant, descend à la ville, guidé par le gardien des pourceaux. […] Ainsi le sage Eumée conduit à la ville son roi, qui s’appuyait sur un bâton comme un pauvre vieux mendiant, ses membres couverts de livides haillons.

49. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

La ville dont il avait embrassé l’autel l’adoptait comme son citoyen ; au besoin elle prenait les armes contre ses ennemis ou ses proscripteurs […] Si vous portiez des arcs, je vous prendrais pour elles. » — On dirait un baron du moyen âge, la tête pleine d’histoires de goules et de sorcières barbaresques, questionnant avec une sévérité soupçonneuse quelque bande noire d’Égyptiennes qui serait venue camper sous sa ville. […] Danaos va entrer avec lui, dans la ville, les bras chargés des branches protectrices ; tandis qu’il priera sur le seuil du temple, le roi convoquera le peuple et plaidera sa cause. […] Danaos retourne en hâte vers la ville, pour y chercher du secours : ses filles essayent de le retenir : « Père ! […] à moi, Chef de la ville ! 

50. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) […] C’est à Riom qu’il s’arrête d’abord, c’est là qu’à propos d’une beauté, merveille de cette ville et de la province, il se fait au long raconter par une personne de qualité du pays tout un petit roman des amours de cette belle45, lequel ne tient pas moins de trente pages, et qui pourrait être vraiment de madame de La Fayette elle-même. […] Pourtant on arrive à Clermont ; on y est reçu avec force harangues et comparaisons tirées de la lune et du soleil ; tandis que Messieurs s’installent, qu’échevins et échevines défilent en cérémonie, et qu’on se promène un peu pour reconnaître la ville, M. […] Nau est le bras droit, cette digne mère qui est venue là pour tenir le ménage de monsieur son fils, occupe dans la relation toute la place qu’elle peut ambitionner ; elle préside à sa façon les Grands-Jours parmi les dames de la ville, les organise en assemblées de charité, les réglemente, les gronde, les fait taire, s’ingère dans les brouilleries des couvents, et prétend réformer jusqu’aux Ursulines. […] (Ménard, Histoire de la ville de Nîmes, tome VI, page 441.)

51. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

Dans ces idées, Paris restait pour lui une ville impossible, où la misère avait trop beau jeu. […] À un kilomètre environ de la ville s’élève (s’élève est une expression bien ambitieuse) une de ces cabanes moitié terre et moitié chaume, qui servent aux paysans de vestiaire pour leurs outils de labour. […] Allant à la ville, tous les quinze jours, vendre pour cent sous ou dix francs, à quelque brocanteur, un de ses admirables dessins à la plume, l’artiste pouvait gagner un napoléon par mois, — la vie de son lapin et la sienne. […] C’est alors que Rodolphe se résolut à quitter la villa pour la ville. […] Ce journaliste, ayant vu je ne sais quel dessin de Rodolphe, écrivit sur lui quelques lignes fort élogieuses dans un journal de la ville.

52. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

J’ai vu naguère la ville éternelle, la ville antique des souvenirs, la ville qu’un pauvre voyageur, venu de la Judée, seul, mais accompagné de la force de Dieu, rendit la ville des destinées nouvelles, la capitale du monde chrétien, comme elle avait été la ville des destinées anciennes, la capitale du monde païen. […] Dans de certaines contrées de l’Asie ou de l’Afrique, des colonnes tronquées s’élèvent au milieu de vastes déserts qui furent jadis des villes florissantes, et attestent encore aujourd’hui la puissance des vastes empires qui, depuis tant de siècles, ont cessé de régner : nous ne souffrirons point que de pareils débris continuent de peser sur la terre de la patrie, pour nous retracer une civilisation qui n’est plus, pour nous rappeler des souvenirs qui semblent nous importuner.

53. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Le mardi 20 mars, à Versailles, ou lit dans le même journal : « Mme la Dauphine fit dire dans son cabinet à Racine la harangue qu’il fit à la réception de Corneille et de Bergeret. » Ce moment est celui de Racine et de Despréaux tout à fait établis en Cour et sur le pied d’historiographes : Le 31 décembre, veille du jour de l’an 1685, Mme de Montespan fit présent au roi, le soir après souper, d’un livre relié d’or et plein de tableaux de miniature, qui sont toutes les villes de Hollande que le roi prit en 1672. […] « Samedi 6 octobre, à Fontainebleau. — M. de Noailles manda au roi que toute la ville de Nîmes s’était convertie. » — « Samedi 13, à Fontainebleau. — On sut au lever du roi que presque tout le Poitou s’était converti, entre autres Châtellerault, Thouars et Loudun. On a appris aussi qu’à Grenoble tous les huguenots avaient abjuré. » — « Mardi 16, à Fontainebleau. — On apprit que tous les huguenots de la ville de Lyon s’étaient convertis par une délibération prise à la maison de ville, les ministres et tout le consistoire y étant ; les dragons n’y étaient point encore arrivés. » On s’était tant dit qu’on vivait sous un règne de prodiges que rien n’étonnait plus. […] En vingt-quatre heures il s’est rendu maître de quatre villes assiégées tout à la fois. […] Les villes de toutes parts s’imposent et offrent des sommes au roi.

54. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Entraîné par cette illusion, je me mis à considérer combien était cruelle la destinée de ceux qui l’avaient aimée ; ensuite j’examinai s’il y avait dans cette ville quelque autre dame qui méritât tant d’honneurs et de louanges, et je pensai à la félicité dont jouirait un mortel assez heureux pour rencontrer un objet si digne de ses vers. […] Il se fit une fête publique à Florence, et tout ce qu’il y avait de noble et de beau dans la ville s’y trouvait. […] Pourquoi as-tu quitté les théâtres, les temples, les palais magnifiques de la ville ? […] Viens-tu apprendre à priser davantage les délices, la pompe et la splendeur de la ville, en comparaison de notre pauvreté ? […] Laurent nomma pour présider à cette fête, dans la ville de Florence, François Bandini, que son rang et son savoir rendaient extrêmement propre à figurer dans cette circonstance ; et, le même jour, il se fit à Careggi une autre réunion à laquelle il présidait lui-même.

55. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

. — Les Villes tentaculaires (1895). — L’Almanach (1895). — Poèmes, 1re série (1895). — Poèmes, 2e série (1896). — Poèmes, 3e série (1897). — Les Heures claires (1897). — Les Aubes (1898). — Les Visages de la vie (1898) […] Départ de la ville vers les plaines, les champs, les mendiants, les fièvres et les chansons aux étapes du chemin ; retour à la ville tentaculaire. […] Après le monde moral, le monde, en tant que représentation de vie, sera — pour « l’halluciné de la forêt des Ombres » errant aux dédales de la ville toute de palais noirs, de tours d’effroi, errant par les brouillards, errant à travers les fumées — l’ombre d’une ombre. […] Et les personnages, se figurait-on, vivraient d’une vie différente de celle des autres hommes : leur extase dissiperait nos pauvres, mais si passionnantes psychologies ; et même au théâtre on rêvait un poème brûlant où éclaterait seul le génie du poète des Villes tentaculaires reprenant ses lointaines évocations de Moines… On se trompait.

56. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Je n’ai pas à suivre ici les péripéties de l’entreprise ni à faire le siège de Constantinople : qu’il me suffise de rappeler que les croisés ne prirent point d’abord la ville pour leur compte ; ils exécutèrent fidèlement leur promesse, rétablirent sur le trône le père d’Alexis et y placèrent ce jeune homme lui-même. […] Chacun ne sait-il pas, dit encore ce même historien grec rendant involontairement hommage à ceux qu’il appelle Barbares, que quand ils ont pris une ville, ils la gardent avec une vigilance qui ne se peut exprimer, que pour cela ils renoncent au repos et endurent des fatigues incroyables ? […] Je ne saurais pourtant cacher que, lorsqu’on lit dans Nicétas le détail des dévastations, des trois grands incendies de la ville impériale, les belles statues de bronze renversées à terre et fondues sans pitié, la mosaïque et le parvis de Sainte-Sophie brisés sous les pieds des chevaux, les manuscrits sans doute (et quels manuscrits !) […] Si l’on avait les plaintes d’un habitant de Corinthe lors de la première prise de la ville par le Romain Mummius, que ne dirait-il pas ? […] Quènes de Béthune, l’ami de Villehardouin, propre à mille emplois, à celui d’ambassadeur comme à celui d’ingénieur et de constructeur de navires, ou de défenseur de Constantinople, avait commerce avec les Muses ; il savait ce que c’était que le siège de Troie, et, dans une de ses chansons, il se moque très satiriquement d’une beauté surannée qu’il compare à cette ville antique et célèbre.

57. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Il était à peine remis de cette blessure et de nouveau sur pied, lorsqu’il eut ordre de son colonel, le comte Pedro de Navarre, d’aller assaillir une petite ville située sur une hauteur, Capistrano, non loin d’Ascoli. […] Cette fois pourtant il le fut : il avait fait un vœu à Notre-Dame-de-Lorette, et quand, peu après, la ville de Capistrano fut prise et mise à sac, il envoya prier son lieutenant La Bastide de lui garder autant de femmes et de filles qu’il se pourrait pour les préserver des outrages, « espérant que Dieu, pour ce bienfait, l’aiderait. » On lui en amena donc quinze ou vingt, les seules qu’on put sauver. Le reste de la ville et des habitants subit les conséquences d’une prise d’assaut irritée, telle qu’on la pratiquait en ce temps-là. […] Aussi, tant qu’il fut à l’étranger et qu’il ne fit la guerre qu’aux ennemis de la France, il résulta de sa méthode et de son humeur autant et plus de bons effets que de mauvais ; les vaincus mêmes préféraient en lui un chef et gouverneur sévère, mais obéi des siens, et qui les maintenait dans la discipline ; les villes prises l’envoyaient demander au général pour y tenir garnison et les protéger : « Car, en Piémont, dit-il quelque part, j’avais acquis une réputation d’être bon politique pour le soldat et empêcher le désordre. » Tel était Montluc dans son bon temps. […] Corne, ancien avoué, qui s’est occupé de recherches historiques concernant la famille et la généalogie des Montluc, m’écrit de Condom que Blaise de Monluc (ainsi lui-même signait-il, et non pas Montluc), est né, selon toute vraisemblance, non à Condom, mais dans l’arrondissement de cette ville, à Sainte-Gemme, lieu situé dans la commune du Saint-Puy, canton de Valence.

58. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Pantalon, gouverneur de la ville où l’action se passe, a une fille nommée Aurelia ; le Docteur, juge de la même ville, a un fils nommé Ottavio ; les deux vieillards ont projeté d’unir leurs enfants, Aurelia en est au désespoir ; elle fait avertir Valerio qu’elle aime et promet de fuir avec lui. […] Il s’en pare, en disant qu’il en vendra mieux son bois à la ville, quand Trivelin paraît à la tête de quelques soldats, reconnaît l’habit de l’homme qui a blessé Ottavio, fouille dans ses poches, trouve une lettre d’Aurelia, se confirme dans l’idée qu’il arrête Valerio, et emmène Arlequin. Valerio qui a tout vu de loin, plaint Arlequin, forme la résolution de prendre son âne et d’aller à la ville ; de cette façon il ne sera pas connu, il pourra apprendre des nouvelles d’Aurelia, et rendre service au malheureux qu’on a pris pour lui. […] (La ville, avec la porte de la prison.) […] Citons encore un canevas de la même époque : Arlequin, dupe vengée : Arlequin, nouvellement marié avec Diamantine, mange souvent en ville par économie.

59. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Ce vaincu chassé d’une ville à l’autre se nomme Dante Alighieri ; prenez garde. […] La ville natale de Shakespeare est une ville élue ; une éternelle lumière est sur ce berceau ; Stratford-sur-Avon a une certitude que n’ont point Smyrne, Rhodes, Colophon, Salamine, Chio, Argos et Athènes, les sept villes qui se disputent la naissance d’Homère. […] Cela condamne ces deux villes. Creusez et vous trouvez ceci : Sparte n’est que la ville de la logique ; Carthage n’est que la ville de la matière ; à l’une et à l’autre l’amour fait défaut. […] Il représente de plus en plus Paris, la ville cœur du monde.

60. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

Je répons : nous voïons bien dans les ouvrages de saint Augustin, qui mourut l’an quatre cens trente de l’ère chrétienne, que dès son temps les théatres commençoient à se fermer dans la plûpart des villes de l’empire romain. […] J’interromprai ici par quelques lignes la suite de mon discours, pour expliquer en quel sens j’ai dit que les theatres avoient été fermez dans Rome, suivant toutes les apparences, quand cette ville fut saccagée par Totila. J’ai voulu dire seulement que le théatre de Marcellus et les autres théatres magnifiques furent détruits ou devinrent inutiles par le dommage qu’ils avoient souffert, et que ces représentations somptueuses qu’on y donnoient cesserent, mais je n’ai pas prétendu dire que toute représentation de comédies ait cessée, au contraire, je crois que dans Rome et dans les autres grandes villes qui avoient essuïé les mêmes malheurs que cette capitale, on commença dès que les temps furent redevenus moins orageux, à joüer des pieces de théatres, mais sans l’appareil ancien. […] Voici ce qu’on trouve à ce sujet dans un livre intitulé : rémontrances très-humbles au roi de France et de Pologne Henri III du nom, imprimé en mil cinq cens quatre-vingt huit, et à l’occasion des états generaux que ce prince venoit de convoquer, et qu’on appelle communement, les seconds états de Blois , parce qu’ils furent encore tenus dans cette ville.

61. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Paris, la ville éternelle, non pas par les murailles qu’elle a bâties, mais par les poèmes qu’elle a mis au jour ! […] Ainsi il fit le portrait de la Ville, il fit aussi le portrait de la Cour. […] La ville possède encore le bourgeois qui dit : Ma meute ! […] À la ville, à la cour, au temps de La Bruyère, on se ruinait en chevaux, en équipages, en bougies, en fracas de toutes sortes. […] Notez bien que les femmes de la ville ne valaient guère mieux que les femmes de la cour

62. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Jérusalem était alors à peu près ce qu’elle est aujourd’hui, une ville de pédantisme, d’acrimonie, de disputes, de haines, de petitesse d’esprit. […] Le peuple qui marchait dans l’ombre a vu une grande lumière ; le soleil s’est levé pour ceux qui étaient assis dans les ténèbres. » La renommée de la ville natale de Jésus était particulièrement mauvaise. […] La ville présentait, du temps de Jésus, à peu près la même assise qu’aujourd’hui. […] L’époque des fêtes amenait dans cette ville une affluence extraordinaire. […] Enfin, le laps de huit jours est beaucoup trop court pour expliquer tout ce qui dut se passer entre l’arrivée de Jésus dans cette ville et sa mort.

63. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

« D’où vient que tu montes ainsi en foule sur les toits, « Ville pleine de tumulte, ville pleine de peuple, ville triomphante ? […] La ville n’est plus un assemblage d’édifices, c’est une femme, ou plutôt un personnage mystérieux, car son sexe n’est pas désigné. […] On croit voir cette ville, jadis si commerçante et si peuplée, debout encore avec ses tours et ses édifices, tandis qu’aucun être vivant ne se promène dans ses rues solitaires, ou ne passe sous ses portes désertes. […] On aime à voir que les entrailles du destructeur des villes sont formées comme celles du commun des hommes, et que les affections simples en composent le fond.

64. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

» À Toulouse — ville de progrès, essentiellement — devait naître le moniteur officiel des Rénovateurs. […] Ou bien, ils se décident à fuir l’ingrate ville — lui lancent les imprécations de Camille — font leur malle — secouent, à la barrière, la boue du macadam… Les voilà partis. […] Alors non seulement chaque province, mais chaque ville, presque chaque châtellenie avait son littérateur. […] Combien de talents, dont ces coteries et ces cabales ont empêché l’épanouissement, — qui auraient eu, dans leur ville natale, de splendides floraisons ! […] Nous sommes à Bordeaux : cinq littérateurs décorent la ville.

65. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Est-ce pour une ville d’Ionie, ou quelqu’une de ces colonies grecques soulevées contre les satrapes, que Callinos entonna son cri de guerre ? […] Lorsque, tombant au premier rang, il a perdu la vie, il comble de gloire la ville, ses concitoyens et son père ; car, à travers la poitrine, le bouclier et la cuirasse, il est percé de coups par devant. « Sur lui gémissent ensemble jeunes et vieux ; et toute la ville, dans un douloureux regret, soigne ses funérailles. […] Mais, loin de sa ville et des campagnes fécondes qui l’entourent, mendier errant, avec une mère chérie, un vieux père, des enfants, une jeune épouse, c’est plus déplorable des misères. […] Né en Sicile, de race dorienne, il lutta contre la tyrannie qui, d’Agrigente, s’étendit sur la ville d’Himère, sa patrie.

66. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Magnin rapporte en ces termes : « Des récits contemporains, dit-il, nous apprennent que le gouverneur de cette ville ayant appelé, en 1583, Adriano Valerini avec la troupe qu’il dirigeait, fit suspendre leurs représentations, ému par de soudains scrupules de conscience. […] Chaque province, chaque ville concourait à la fête, fournissait son personnage. Les villes d’université comme Bologne enfantèrent tout naturellement le docteur, le pédant ridicule, dont chaque mot est une délicieuse ânerie ; les modèles n’étaient pas rares dans un temps où l’engouement pour les lettres grecques et latines dégénérait aisément en folie ; c’était l’époque où Philelphe le Florentin et Timothée entamaient, à propos de la force d’une syllabe grecque, une querelle acharnée, dans laquelle le dernier jouait et perdait sa grande barbe et en mourait de chagrin. […] En Italie, de petites villes, comme Bergame ou Bisceglia, eurent le privilège de fournir les meilleurs types de la bêtise comique toujours mêlée d’un peu de malice et de ruse. […] Le costume est celui des docteurs de Bologne qui avaient une robe qu’ils portaient dans l’École et par la ville.

67. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Ajoutez les institutions particulières de chaque ville, et celles de la Grèce entière ; ces fêtes, ces jeux funèbres, ces assemblées de toutes les nations, les courses et les combats le long de l’Alphée, ces prix distribués à la force, à l’adresse, aux talents, au génie même ; des rois venant se mêler parmi les combattants, les vainqueurs proclamés par des hérauts, les acclamations des villes sur leur passage, les pères mourants de joie en embrassant leurs fils vainqueurs, et leur patrie à jamais distinguée dans la Grèce, pour avoir produit de tels citoyens. […] Ils continuent leur course ; ils aperçoivent une ville. […] D’abord se présente à eux un trophée, plus loin un mausolée en bronze, et près de là, un autel au dieu de la liberté. — « Cette ville est Platée. […] Dans une ville divisée en factions, et dont la moitié, corrompue par l’or de Philippe, se précipitait au-devant de ses fers, on ne manqua point une si belle occasion de déclamer contre un grand homme.

68. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Il a distingué d’abord : « l’ignoble petit bourgeois prudhomme, important et tracassier des villes du Centre. » Voici comment il définit les fonctionnaires : « beaucoup de petites gens, mécontents, avares, désespérés, économes, mais point de désespoirs éclatants. C’est la vie rationnée ; chacun-se serre le ventre et attend en grognant un peu. » Quant aux petites villes, il en donne son opinion : « On s’imagine que tout est calme, heureux. […] Ces jeunes gens exténués et intimidés qui se pressent de ville en ville pour passer l’examen de Saint-Cyr, leurs parents qui attendent, leurs professeurs qui les recommandent, le recteur chez qui l’on dîne, le préfet et les magistrats avec qui on échange quelques considérations, tous ces personnages, M. 

69. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Il avait fait faire, dans l’intérêt de la ville, d’excellents chemins qui menaient à ses propriétés. […] La ville de Saumur présuma donc la valeur des économies d’après les revenus des biens au soleil. […] Grandet fût prononcé, soit au marché, soit pendant les soirées dans les conversations de la ville. […] Toute la ville l’enviait à M. et à Mme Grandet. […] L’oncle lui proposa d’aller les vendre pour lui dans la ville, en retenant un certain bénéfice.

70. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Plus quelques-uns de ses monuments poétiques avaient été liés à la liberté de ses villes, à leurs fêtes religieuses, à leur ancien héroïsme, plus ils restaient admirés, en paraissant désormais impossibles à imiter. […] Tout cela, comme secondaire, tu l’as volontiers laissé à des dieux inférieurs ; mais tu l’es réservé pour toi les conducteurs des villes, qui ont sous leurs mains le laboureur, le guerrier, le rameur, tous enfin ; car qui n’est pas rangé sous la puissance du souverain ? […] De ces temples juifs multipliés dans la haute ville, où, dans l’office religieux des jours consacrés, les prières et sans doute les homélies à la foule étaient faites en langue grecque, rien ne dépassait-il l’enceinte du sanctuaire ? […] Aucun ne possède autant de villes, monuments de l’industrie des hommes, etc. […] Elles étaient douze, les premières de la ville, trésor des filles laconiennes.

71. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

. — Les Villes de marbre (1874). — Printemps passé (1875). — Au fil de l’eau (1877). — Poèmes de Paris (1880). — Poésies d’Albert Mérat (1898). […] Albert Mérat, parisien jusque dans la moelle des os, est ardemment épris de la modernité ; il connaît sa ville jusque dans les moindres recoins, l’été, l’hiver, le matin, le soir, sous la pluie, sous le soleil. […] Mérat a publié les Chimères, les Villes de marbre, que l’Académie française orna de son vert laurier, Au fil de l’eau et les Poèmes de Paris.

72. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Cette ville, soit comme tête de route très importante, soit à cause de ses jardins de parfums et de ses riches cultures 1007, avait un poste de douane assez considérable. […] Au sortir de la ville, le mendiant Bartimée 1009 lui fit beaucoup de plaisir en l’appelant obstinément « fils de David », quoiqu’on lui enjoignit de se taire. […] Il faut se rappeler aussi que dans cette ville impure et pesante de Jérusalem, Jésus n’était plus lui-même. […] Les personnes qui en avaient été témoins se répandirent dans la ville, et en parlèrent beaucoup. […] Il se retira dans une ville peu connue, nommée Ephraïn ou Ephron, du côté de Béthel, à une petite journée de Jérusalem 1034.

73. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Lorsque, pour prélude de son entreprise sur l’Asie, en souvenir de l’ancienne défection de Thèbes et contre sa résistance nouvelle, il vint, avant de passer l’Hellespont, écraser cette malheureuse ville comme une victime expiatoire, et que, dans sa fureur, semblable aux Thraces demi-barbares qui remplissaient son armée, il fit tuer la garnison et rasa de fond en comble les murailles et les maisons, il ne se borna pas à épargner, comme on l’a vulgairement répété, cette maison de Pindare dont Pausanias, quatre siècles plus tard, notait les ruines saintes encore. Il fit une exception de plus : en ordonnant de vendre comme esclaves, au nombre d’environ trente mille âmes, les habitants demeurés dans Thèbes, il réserva libres les prêtres, les hôtes des Macédoniens, les adversaires du décret qui avait décidé le soulèvement de la ville, et enfin les descendants du poëte Pindare. […] Ce mont Athos138, que l’architecte favori du roi devait tailler en statue colossale, avec une ville dans la paume d’une main, et un fleuve s’épanchant de l’autre main, rappelle la gigantesque monstruosité des temples et des dieux indiens, venant remplacer les lignes sublimes du Parthénon et la Minerve de Phidias. […] Un vers isolé dans quelque commentaire nous atteste ‘qu’il avait composé des hymnes aux dieux ; et les siècles, à travers tant de ruines, ont conservé son hymne à la Vertu, souvenir de reconnaissance à la mémoire de son ami, l’eunuque Hermias, gouverneur d’une ville d’Asie. […] Athènes, qui ne pouvait cesser d’être la ville des arts, Athènes, qu’Alexandre avait ménagée comme le théâtre où se donnaient les couronnes de la renommée, n’était plus que suspecte et tremblante sous les soldats macédoniens, devenus rois tour à tour, après le conquérant de l’Asie.

74. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Aucune de ses grandes villes ne fut saccagée, et il n’arriva plus de révolutions violentes dans les cinq états principaux qui la partagent presque entr’eux. […] Les arts, dit-on, ne peuvent subsister en un païs dont les villes sont changées en campagnes, et les campagnes en deserts. […] La plûpart des villes s’y gouvernoient par leurs anciennes loix, et generalement parlant, de toutes les dominations étrangeres aucune ne fut jamais moins à charge aux peuples soumis que la domination des romains. […] Mais bien-tôt, continuera-t-on, tous les romains sortirent de cette ignorance, et bien-tôt le simple soldat ne brisat plus les vases précieux en saccageant les villes prises. […] La guerre étoit aux environs de cette ville, sur laquelle ses ennemis faisoient tous les jours des entreprises qui mettoient en danger l’état des marchands, des ecclesiastiques et de tous les principaux citoïens.

75. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Sous cette première forme, Jasmin, auteur de jolies romances, de poèmes burlesques ou même d’odes assez élevées, de ces pièces diverses recueillies et publiées en 1835 à Agen, sous le titre : Les Papillotes, Jasmin n’était encore qu’un aimable, gracieux et spirituel poète, fait pour honorer sa ville natale, mais il n’avait pas conquis le Midi. […] Le digne curé d’une petite ville du Périgord, M.  […] Jasmin ne se fit pas prier : « L’Église m’attendait, dit-il, son curé m’a choisi ; j’ai pris la galopée. » Et le voilà, pèlerin à côté du prêtre, qui court de ville en ville. […] Jasmin, un certain jour, vers 1845, est devenu propriétaire en effet, non plus seulement de sa maison au Gravier, mais d’une petite vigne tout proche de la ville, et qu’il a baptisée aussitôt par cette inscription : À Papillote, comme qui dirait : à Babiole, à Bagatelle. […] Avant la révolution de Février, en avril 1847, dans la pièce intitulée Riche et pauvre, ou les Prophètes menteurs, il montrait la bienfaisance des uns désarmant la colère et l’envie des autres, et faisant mentir les sinistres prédictions ; il montrait aux plus pauvres la charité mieux comprise que jamais, se déployant partout, donnant d’une main et quêtant de l’autre ; et aux riches il disait : « N’oubliez pas un seul moment que des pauvres la grande couvée se réveille toujours avec le rire à la bouche, quand elle s’endort sans avoir faim. » Dans son poème Ville et campagne, composé pour la fête du comice agricole de Villeneuve-sur-Lot (septembre 1849), il montrait les avantages qu’il y a à ne pas déserter son sol natal pour les glorioles et les ambitions des villes ; il faisait porter une santé par le plus sage et le plus vieux, « non à l’esprit nouveau, plein de venin, mais à l’aîné de l’esprit, au bon sens ».

76. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Ainsi, quand Charles VII fait son entrée solennelle à Paris en 1437, de la porte de la ville, par la rue Saint-Denis, jusqu’au pont du Châtelet, s’échelonnent de place en place diverses scènes de l’Évangile, Passion, Résurrection, Annonciation, etc., sans parler de saint Denis qui naturellement reçoit le roi à la porte Saint-Denis, entouré de saint Louis, saint Thomas, saint.Maurice et sainte Geneviève. […] Ou en cite deux : le Mystère du siège d’Orléans, œuvre orléanaise, qui n’est pas de beaucoup postérieure à la délivrance de la ville, ou tout au moins ne l’est pas à la réhabilitation de Jeanne d’Arc : on s’explique suffisamment le sentiment de piété locale qui fit choisir ce sujet, d’autant que la fête anniversaire du 8 mai était devenue la vraie fête patronale de la ville d’Orléans. […] Un chanoine de Langres fait jouer à Langres en 1482 une Vie de Mgr saint Didier : c’est le patron de la ville. […] Nombre de villes, Orléans, Lyon, Poitiers, Toulouse, avaient leur basoche. […] Petit de Julie ville enregistre dans son catalogue environ 120 farces et une quarantaine de sermons joyeux et monologues, dont six ou sept n’ont sans doute pas été faits pour la scène.

77. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

L’épreuve qui vient heureusement pour cette ville, je supplie le Dieu de ne pas l’éloigner. […] Mais, j’ai encore à célébrer une autre gloire de cette ville, le don magnifique d’un Dieu puissant, l’orgueil de cette terre si riche de ses coursiers, de ses jeunes poulains et des flots de la mer. […] Quand la flotte d’Athènes, brisée devant Syracuse, laissa tant de captifs et de blessés en Sicile, le soutien de leur vie, leur droit à l’hospitalité fut d’aller par les villes, chantant les chœurs d’Euripide. […] S’agit-il des importuns et des originaux qui viennent visiter sa ville nouvelle bâtie dans l’air, il ne manque pas de mettre dans le nombre un poëte, qui s’annonce par ce lieu commun lyrique137 : « Je suis le chantre aux harmonieuses paroles, le serviteur empressé des Muses, d’après Homère. » Et puis, ce qui nous rappelle encore mieux d’illustres exemples : « J’ai fait un chant sur votre ville de Néphélococcygias, beaucoup d’élégants dithyrambes et des parthénies à la manière de Simonide. » Le poëte, enfin, qui se charge de célébrer les villes nouvelles, et qui compare l’essor de la voix des Muses à la vitesse des plus rapides coursiers, demande un présent pour sa Muse, et offre des vers de Pindare en retour : cela fait, il emporte manteau et tunique venus fort à propos dans cette région froide de l’air. « Je m’éloigne, dit-il enfin ; et je vais composer mon chant à l’honneur de cette ville.

78. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

» La ville, comme nous l’avons déjà dit, déplaisait à Jésus. Jusque-là, il avait toujours évité les grands centres, préférant pour son action les campagnes et les villes de médiocre importance. […] La vraie religion ne devait pas sortir du tumulte des villes, mais de la tranquille sérénité des champs. […] Après avoir passé la journée aux disputes du temple, Jésus descendait le soir dans la vallée de Cédron, prenait un peu de repos dans le verger d’un établissement agricole (probablement une exploitation d’huile) nommé Gethsémani 951, qui servait de lieu de plaisance aux habitants, et allait passer la nuit sur le mont des Oliviers, qui borne au levant l’horizon de la ville 952. […] La Sagesse de Dieu a eu bien raison de dire 987 : « Je vous enverrai des prophètes, des sages, des savants ; vous tuerez et crucifierez les uns, vous ferez fouetter les autres dans vos synagogues, vous les poursuivrez de ville en ville ; afin qu’un jour retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie 988, que vous avez tué entre le temple et l’autel. » Je vous le dis, c’est à la génération présente que tout ce sang sera redemandé 989. » Son dogme terrible de la substitution des gentils, cette idée que le royaume de Dieu allait être transféré à d’autres, ceux à qui il était destiné n’en ayant pas voulu 990, revenait comme une menace sanglante contre l’aristocratie, et son titre de Fils de Dieu qu’il avouait ouvertement dans de vives paraboles 991, où ses ennemis jouaient le rôle de meurtriers des envoyés célestes, était un défi au judaïsme légal.

79. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Ce lieu était un endroit nommé Golgotha, situé hors de Jérusalem, mais près des murs de la ville 1157. […] Il était sûrement au nord ou au nord-ouest de la ville, dans la haute plaine inégale qui s’étend entre les murs et les deux vallées de Cédron et de Hinnom 1158, région assez vulgaire, attristée encore par les fâcheux détails du voisinage d’une grande cité. […] Cet endroit est trop engagé dans l’intérieur de la ville, et on est porté à croire qu’à l’époque de Jésus il était compris dans l’enceinte des murs 1160. […] Or, ces deux endroits paraissent avoir été au nord-ouest de la ville. […] M. de Vogüé a découvert, à 76 mètres à l’est de l’emplacement traditionnel du Calvaire, un pan de mur judaïque analogue à celui d’Hébron, qui, s’il appartient à l’enceinte du temps de Jésus, laisserait ledit emplacement traditionnel en dehors de la ville.

80. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Francfort était la Florence de l’Allemagne, moins les Médicis ; ville où le négoce ne dérogeait pas à la noblesse, et où les arts illustraient les métiers. […] La vue donnait sur les jardins de nos voisins et sur une plaine fertile, qu’on découvrait par-dessus les murs de la ville. […] Il entre, suivi de Wagner et du chien, par la porte sombre de la ville. […] On est dans une rue de la ville ; Marguerite passe seule et les yeux baissés auprès de Faust. […] Ta bien-aimée, en attendant, est dans la sombre ville, et tout lui pèse, tout la chagrine ; elle t’aime au-delà de sa puissance de sentir ; le temps lui paraît lamentablement long ; elle s’accoude à sa fenêtre, regarde passer les nuages au-dessus des vieux murs gris de la ville.

81. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Plus tard il voulut, dans un mouvement d’impatience, renverser de nouveau le trône pontifical qu’il avait rétabli ; il fit de Rome une ville conquise, annexée, sous le nom de département du Tibre, à l’empire. […] La république envoya un de ses plus héroïques amiraux, Giustiniani, pour défendre Constantinople contre les assauts de Mahomet II : une blessure reçue à côté de l’empereur chrétien, sur les murs de la ville, lui fit quitter le champ de bataille avant la catastrophe de la ville. […] Il sort de son palais au milieu de la nuit avec les conjurés, pour attaquer à la fois le palais des Doria hors la ville, et pour s’emparer des galères dans le port : Gianettino Doria, accourant au port pour défendre les galères, est tué à la porte de la ville. […] Quatorze mille bombes écrasent ou brûlent la moitié des palais et des églises de la plus belle ville maritime de l’Occident. […] L’empereur, de son côté, occupe les villes.

82. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

» Les uns passaient comme honteux de reconnaître leur nid, les autres traversaient fièrement la ville, pour aller voir leur sœur ou leur cousine. […] Alors il s’habillait pour aller remonter les horloges en ville, celles de M. le commandant de place, de M. le maire et d’autres personnes notables. […] » Mais le sergent de ville s’étant approché, nous repartîmes ensemble en pleurant. […] Tout ce bruit, tout ce mouvement me produisait un effet étrange, et je ne pouvais encore croire qu’il fallait quitter la ville. […] — Oui, la ville est assiégée.

83. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

La montagne que l’on trouve à droite est la plus élevée ; la ville qu’elle porte sur sa croupe se nomme Invention ; elle est superbe en tours et en édifices dont la structure paraît merveilleuse. Mais ce qui la rend plus remarquable et la distingue de toutes les cités qui se voient ailleurs, c’est un château qui commande toute la ville et que l’on nomme Bel Esprit. […] De l’autre côté, sur la montagne la moins élevée, on voit une autre ville qui s’appelle Imitation, et qui paraîtrait aussi fort belle si elle n’était effacée par sa voisine que l’on reconnaît pour l’original, et à laquelle cette dernière ressemble beaucoup. […] Je l’ai assez bien amodiée et à de très bons fermiers, et j’ai loué une maison qui n’est ni ville ni campagne, et qui est tous les deux ensemble. […] Elle est toute seule dans une grande place qui est environnée de trois couvents, des jacobins, des capucins et des carmélites ; de manière que je suis là comme dans un petit ermitage, où mes amis ne laissent pas de me venir voir quelquefois, et où quand il me plaît d’en sortir, je n’ai qu’à faire deux cents pas pour me trouver dans le cœur de la ville.

84. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

« Mais qu’ils reviennent le soir aboyer, comme des chiens errants, autour de la ville ! […] « Mon âme t’attend, mon Dieu, plus impatiemment que les gardes de nuit, aux portes de la ville, n’attendent le matin ! […] La terre autour de la ville était fraîchement remuée par de semblables sépultures que la peste multipliait chaque jour. […] Son âme était répandue dans cet air du soir, insaisissable, mais sensible et respirable comme un parfum évaporé du vase brisé par les pieds du cheval à l’entrée d’un héros dans une grande ville d’Orient. […] C’était le convoi d’une jeune Arménienne que la peste venait de frapper dans Jérusalem, et que la famille, les amis, les voisins conduisaient au cimetière de sa communion, hors de la ville.

85. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Chaque ville un peu importante a son association scientifique et ses publications. […] Il en fait une représentation symbolique de la vie rustique ou de la vie des villes. […] Disséminés dans toute l’œuvre, maints poèmes clament ces foules, ces villes, cet or. […] Les Villes tentaculaires, « La Bourse ». […] Les Forces tumultueuses, « Les Villes ».

86. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Nous traversâmes toute la ville de Smyrne au milieu d’une foule immense de peuple, qui ne se permit aucune espèce d’injures ni d’apostrophes contre nous. […] Les habitants de Landau ne pouvant aller chercher eux-mêmes le bois dans la forêt dont leur commune était copropriétaire, trouvaient commode que ce bois fût coupé en tout temps et fût apporté dans leur ville par les maraudeurs qui le vendaient à vil prix, au grand bénéfice des acheteurs. […] On n’en trouvait pas pour les villes elles-mêmes : « La mairie de Worms, écrivait confidentiellement Jean-Bon (23 septembre 1812), est celle qui me donne le plus d’inquiétude. Personne n’en veut, et pourtant cette ville, la seconde du département, est en elle-même très importante. […] C’est décidément la fièvre épidémique qui règne en ville, dont il est attaqué.

87. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Ces deux poètes, que je ne prétends point d’ailleurs appareiller ni rapprocher plus étroitement qu’il ne convient, se rattachent tous deux, par leurs origines, à cette jolie ville de Provins, la ville des vieilles ruines et des roses ; et ces roses, c’est un poète, c’est Thibaut, comte de Champagne, qui les a rapportées d’Asie au retour d’une croisade : voilà un bienfait. […] Hégésippe Moreau, né à Paris en avril 1810, était fils d’un homme qui devint professeur au collège de Provins, et il fut conduit, tout enfant, dans cette ville. […] Il commençait à prendre des leçons au collège de Provins, lorsque des circonstances firent quitter la ville à ses bienfaiteurs, qui allèrent habiter la campagne. […] Le talent qu’il y montra ne put sauver une telle publication partout très aventurée, et qui l’était surtout au milieu des rivalités et des susceptibilités d’une petite ville. […] Lebrun, qui le reconnut poète, s’intéressa à lui, fit souscrire à ses vers par des personnes de la ville, et le dégagea par ce moyen du service militaire auquel il allait être assujetti.

88. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Voici quelques vues sur Paris et sur sa destination naturelle comme ville européenne, qui sentent assurément l’homme d’une civilisation très avancée, très amollie, et l’épicurien politique plus que le citoyen-soldat ; nous les livrons toutefois, fût-ce même à la contradiction de nos lecteurs, parce que les réflexions qu’elles présentent n’ont pas encore trop vieilli : Paris est-il donc une ville de guerre ? se demande Rivarol ; n’est-ce pas, au contraire, une ville de luxe et de plaisir ? […] si les provinces ouvrent jamais les yeux, si elles découvrent un jour combien leurs intérêts sont, je ne dis pas différents, mais opposés aux intérêts de Paris, comme cette ville sera abandonnée à elle-même !… Était-ce donc à toi à commencer une insurrection, ville insensée ? […] C’est dans cette dernière ville qu’il parvint à établir une sorte de centre de société et d’atelier littéraire ; tout ce qui y passait de distingué se groupait autour de lui.

89. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

L’homme qui se refusait aux gloires fiévreuses de la ville unique, apparaissait comme une exception. […] Dans cette même ville, le groupe catholique (Armand Praviel, Pierre Fons, Joseph Aubès) fondait L’Âme Latine. […] À Aix-en-Provence paraissent Les Gerbes, revue de tendances opposées à celles que défendirent dans cette même ville, Les Mois Dorés et Le Pays de France de Joachim Gasquet et Marie Demolins. […] Dans cette même ville paraît encore la Lorraine artiste.

90. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « de la littérature de ce temps-ci, a propos du « népenthès » de m. loève-veimars (1833). » pp. 506-509

La ville où l’on séjourne a beau être embrouillée, inégale, tortueuse, sans ordre et sans plan, pleine de carrefours, de tréteaux de charlatans, de passages et de ruelles, de monuments inachevés dont le pierres encombrent les places, d’arcs de triomphe sans chars ni statues de vainqueurs, de clochers et de coupoles sans croix : quand le soleil est couché, quand, du haut des collines prochaines, le voyageur qui n’est pas entré dans cette ville, et qui n’y a pas vécu, l’aperçoit à l’horizon dessinant sa silhouette déjà sombre sur le ciel encore rougi du couchant, il la voit toute différente ; il y distingue des étages naturels, des accidents dominants, des masses imposantes et combinées ; les édifices, que la distance et l’obscurité achèvent et idéalisent à ses yeux, lui apparaissent selon des hauteurs bien diverses. Ce voyageur qui passe, et qui n’a pas le temps de s’approcher ni d’entrer, a-t-il donc tout à fait tort dans l’idée qu’il emporte de cette ville ?

91. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Il s’y installa comme un des leurs ; Capharnahum devint « sa ville 419 », et au milieu du petit cercle qui l’adorait, il oublia ses frères sceptiques, l’ingrate Nazareth et sa moqueuse incrédulité. […] La séparation des hommes et des femmes, qui a empêché chez les peuples sémitiques tout développement délicat, était sans doute, alors comme de nos jours, beaucoup moins rigoureuse dans les campagnes et les villages que dans les grandes villes. […] On nomme aussi parmi les disciples Thomas, ou Didyme 434, qui douta quelquefois, mais qui paraît avoir été un homme de cœur et de généreux entraînements 435 ; un Lebbée ou Taddée ; un Simon le Zélote 436, peut-être disciple de Juda le Gaulonite, appartenant à ce parti des Kenaïm, dès lors existant, et qui devait bientôt jouer un si grand rôle dans les mouvements du peuple juif ; enfin Judas fils de Simon, de la ville de Kerioth, qui fit exception dans l’essaim fidèle et s’attira un si épouvantable renom. C’était le seul qui ne fût pas Galiléen ; Kerioth était une ville de l’extrême sud de la tribu de Juda 437, à une journée au-delà d’Hébron. […] C’est alors aussi que les membres de la famille du fondateur, sous le titre de « frères du Seigneur », forment un groupe influent, qui fut longtemps à la tête de l’église de Jérusalem 442, et qui après le sac de la ville se réfugia en Batanée 443.

92. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

S’il est une petite ville au monde où l’on goûte la douceur de la vie dans un commerce agréable et sûr, c’est Chambéry. […] Quelquefois aussi les enfants de la ville se présentent à la porte de mon jardin. […] On est dans une ville, et l’on croirait être dans un désert. […] J’évite d’être vu par ces mêmes hommes que mon cœur brûle de rencontrer ; et du haut de la colline, caché entre les broussailles comme une bête fauve, mes regards se portent sur la ville d’Aoste. […] On est dans une ville, et l’on croirait être dans un désert.

93. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Les villes, les États, les plus grands noms, Montmorency, La Rochefoucauld, nous avons tous fait le sacrifice de nos privilèges sur l’autel de la patrie !” […] Dans ce laps de temps, les fortifications d’Alexandrie seraient achevées ; cette ville serait une des plus fortes places de l’Europe ; … l’arsenal de construction maritime serait terminé ; par le moyen du canal de Rahmaniéh, le Nil arriverait toute l’année dans le port vieux, et permettrait la navigation aux plus grandes djermes ; tout le commerce de Rosette et presque tout celui de Damiette y seraient concentrés, ainsi que tous les établissements civils et militaires ; Alexandrie serait déjà une ville riche ; l’eau du Nil, répandue autour d’elle, fertiliserait un grand nombre de campagnes, ce serait à la fois un séjour agréable, sain et sûr ; la communication entre les deux mers serait ouverte ; les chantiers de Suez seraient établis ; les fortifications protégeraient la ville et le port ; des irrigations du canal et de vastes citernes fourniraient des eaux pour cultiver les environs de la ville… Les denrées coloniales, le sucre, le coton, le riz, l’indigo, couvriraient toute la Haute-Égypte et remplaceraient les produits de Saint-Domingue. » Puis, de dix années de domination il passe à cinquante ; l’horizon s’est étendu ; l’imagination du guerrier civilisateur a pris son essor, et les réalités grandioses achèvent de se dessiner, de se lever à ses yeux de toutes parts : « Mais que serait ce beau pays, après cinquante ans de prospérité et de bon gouvernement ? […] aux armes pour la famille, pour la société qu’on nourrit, qu’on vêtit, qu’on réchauffe, qu’on abrite, pour la ville qu’on assainit ou qu’on embellit, pour la patrie, pour l’humanité !

94. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Lors l’on commença à piller ; vous et huit ou dix des vôtres ne fîtes qu’entrer et sortir dans six ou sept maisons où chacun gagna quelque chose, et y eûtes par hasard quelque deux ou trois mille écus qui vous furent baillés pour votre part. » — De même au sac de Louviers (1591), où toute la ville fut pillée, des gens du pays qui étaient parmi les vainqueurs, et qui savaient tous les êtres de l’endroit, indiquaient les magasins de toiles et de cuirs qui faisaient le fort du butin : Rosny en eut quelque mille écus pour sa part. […] Après la prise de Saint-Maixent, qui a capitulé (1586), ayant envoyé à l’avance ses maréchaux de logis, il entre dans la ville, lui, toute sa cour et les gens de guerre, « tout ainsi que si elle n’eût point été conquise par les armes, toutes les boutiques y étant trouvées ouvertes, et tous les hommes, femmes et enfants épandus aux portes et par les rues, criant : Vive le roi ! […] De même à Fontenay en Poitou : après une bonne défense, la ville se rend et capitule sans vouloir rien mettre par écrit, sans demander d’otages, mais en se fiant entièrement en la foi et en la parole de Henri qu’ils savent bien être inviolable : « De quoi ce brave courage se trouva tellement touché, qu’il accorda tant aux gens de guerre qu’aux habitants quasi tout ce qu’ils voulurent demander, et le leur fit observer loyaument, traitant ceux de la ville tout ainsi que si elle n’eût point été prise par siège. » Le soin que mettent les secrétaires de Sully à enregistrer ces actes de clémence et ce nouveau droit de la guerre, prouve à quel point il était nouveau en effet, et combien il tranchait sur les mœurs et les habitudes du temps. […] C’est ce cortège tout chevaleresque et seigneurial que Henri IV, qui chassait par la plaine autour de Rosny, rencontra à l’entrée du bourg ; il y applaudit, il en sourit un peu ; il eut pour son brave serviteur, en l’embrassant, de bonnes et vives paroles, et de généreuses promesses qu’il sut tenir avec le temps : « Je n’aurai jamais bonne fortune ni augmentation de grandeur que vous n’y participiez. » Rosny, qui aimait le comptant, demandait quelques jours après le gouvernement de la ville de Mantes, que Henri lui refusait, de peur d’offenser les catholiques. […] [NdA] Pour les détails exacts sur l’artillerie de Henri IV, et sur la part qu’y eut Sully, ainsi qu’aux mines, sièges et attaques de villes, dès les premiers temps ou depuis qu’il eut la direction en chef, je ne puis mieux faire que d’indiquer les Études sur l’artillerie du prince Louis-Napoléon aujourd’hui empereur, t. 

95. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Catinat, enfant de Paris, élevé dans une obscure maison de la rue de Sorbonne, aimait sa ville natale, son quartier, l’approbation de ses voisins et proches ; nourri dans ces besoins et ces habitudes d’estime, il porta au milieu des camps un principe d’honnêteté, de rectitude et de scrupule que rien n’altéra jamais. […] Une lettre de Louvois nous montre le genre et le degré de confiance qu’on avait en Catinat ; on lui avait donné pour collègue à Saint-Ghislain M. de Quincy, chargé du commandement de la cavalerie, un caractère épineux, un homme difficile à vivre : « M. de Quincy, lui écrivait Louvois (îfi décembre 1677), est chargé du commandement de la cavalerie et des dragons de Saint-Ghislain, et des autres villes des environs. […] L’abbé d’Estrades, ambassadeur du roi à Turin, trouve moyen d’attirer Mattioli hors de cette ville, où il était imprudemment venu ; faisant semblant de croire à ses excuses et à ses mensonges, lui promettant le payement d’une somme que Catinat, disait-il, avait entre les mains, il l’emmène dans son carrosse vers une hôtellerie, à la frontière, sur le territoire français. […] Le duc de Mantoue désirait, en cédant la citadelle de Casal, non la ville ni le château, que l’on crût qu’il avait la main forcée, et à cette fin, pour lui servir d’excuse envers ses voisins, Espagnols ou Italiens, il était nécessaire qu’on fît montre de rassembler en Dauphiné un corps de troupes fort supérieur à celui qu’on réunissait effectivement. […] On suit ce conseil : pourtant l’affaire se continue avec instance, et l’on désire à Versailles que, nonobstant tous les désaveux, et coupant court à toutes les négociations reprises, Catinat aille de l’avant, fasse son métier de soldat, et s’empare le plus honnêtement qu’il pourra de la ville et du château que le traité laissait au duc.

96. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

La Cour, la ville, tout Paris en parla, et Louis XV en fit un couplet satirique contre son cousin. […] Le siège de la ville de Furnes tient plus longtemps qu’on ne croyait (la place pourtant était rendue dès le 10 juillet). […] On voit par là le respect que l’on doit aux discours de ville et du public : car que n’a-t-on pas dit contre lui, l’année dernière, et le tout à cause de Mlle Leduc, sa maîtresse ? […] La ville et les forts capitulèrent successivement sans beaucoup de défense. […] Il lui dit que l’ennemi ne s’était rendu si promptement que parce que le grand magasin à poudre, qui était dans une casemate du vieux château, était prêt à sauter par tous les débris des poutres que nos bombes avaient incendiées ; qu’il y avait cent cinquante milliers de poudre, et que, si ce malheur arrivait, toute la ville courrait de grands risques.

97. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Il avait dans sa ville natale un ami qui ne faisait qu’un avec lui, et ils étaient comme deux âmes dans un même corps. […] Dans sa ville natale, j’ai dit qu’enfant il s’était assis souvent au bord du canal qui coulait devant la maison du jardinier son père, et que c’était là qu’il avait nourri ses premiers rêves. […] Dans les premiers instants, le chef religieux de la ville refusa de lire les prières d’usage sur sa tombe, sous prétexte de cet ancien soupçon d’hérésie, et par crainte sans doute de déplaire au sultan. […] Il s’achemina lentement vers la ville voisine, appelée Sémengan. Son renom était tel, que le roi de la ville, bien que sujet des Turcs, sachant qu’il approchait, vint au-devant de lui, lui promit de faire chercher Raksch, et lui offrit une splendide hospitalité.

98. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

On s’attendait au massacre des habitants et à l’incendie de la ville ; Goethe envisagea d’un regard calme le péril. […] restez, restez dans cette ville ! […] Elle ne l’éclaire pas, mais elle peut, entre ses mains, incendier les villes, ravager les campagnes. […] Elle s’émeut, elle s’ébranle ; elle annonce la joie à cette ville. […] Ce fut elle qui vint me chercher à Offenbach ; elle me prit par la main et me pria de venir la trouver à la ville.

99. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 489-496

HELVÉTIUS, [Claude-Adrien] ancien Maître d’Hôtel de la Reine, ci-devant Fermier-Général, né à Paris en 1715, mort dans la même ville en 1771. […] Par exemple, vous connoissez la ville de Strasbourg, Capitale d’Alsace : j’ignore si vous y avez jamais été ; pour moi, je sais bien que je ne l’ai jamais vue que sur la Carte ; & cependant, par un trait de sa plume magique, me voilà ès-prisons de ladite ville, occupé à faire des Vers infames, & voilà le Nécromant de Ferney en possession de mes Vers Alsaciens.

100. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

Il avait été attiré à Paris pour deux raisons : parce que, disait-il, c’est la seule ville où la vie intellectuelle et artistique soit à très bon marché ; et parce que c’est la seule ville où l’on vous permette de ne pas appartenir à un parti politique ; et parce que, en conséquence, Paris est la ville des pauvres et des gens tranquilles.

/ 1907