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1140. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

Puissent-ils alors, & lorsque vous triompherez de vous-mêmes, vous rappeler le pere le plus tendre !

1141. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

On devient tendre et véhément, on courtise l’aurore avec frénésie.

1142. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre II. Bovarysme essentiel de l’être et de l’Humanité »

Si l’on observe que le cycle des illusions qui aboutissent à favoriser le vœu du Génie de l’Espèce ont du même coup pour effet d’engendrer les êtres qui vont être les spectateurs du drame phénoménal, il apparaît que cet ensemble d’artifices, qui se traduisent chez l’homme par autant de conceptions bovaryques, tend à réaliser cette volonté unique d’un être qui se veut étreindre et posséder dans la connaissance de soi-même.

1143. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1851 » pp. 1-9

Nous causons ; peu à peu il sort de sa gravité et descend de sa barbe noire, blague joliment la grosse caisse sur laquelle il bat la charge de ses ambitions, avoue l’enfant naïf qu’il est, nous tend cordialement la main.

1144. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Dès la plus tendre enfance, Milton donna des marques de son talent décidé pour les vers.

1145. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

« L’amour tend toujours en haut, et il ne souffre point d’être retenu par les choses basses.

1146. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Les descriptions d’Homère sont longues, soit qu’elles tiennent du caractère tendre ou terrible, ou triste, ou gracieux, ou fort, ou sublime.

1147. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

Les deux enfants dont l’un assis à côté de la mère s’amuse à jeter du pain à la poule et à sa petite famille, et dont l’autre s’élève sur la pointe du pied, et tend le col pour voir, sont charmants ; mais surtout le dernier.

1148. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Le st Charlemagne est un gros spadassin, le ventre tendu en devant, la tête ébouriffée et renversée en arrière, la main gauche fièrement appuyée sur le pommeau de son épée.

1149. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 2, de l’attrait des spectacles propres à exciter en nous une grande émotion. Des gladiateurs » pp. 12-24

Qu’on mette deux bâtons à la place des épées, que le voltigeur fasse tendre sa corde à deux pieds de hauteur sur une prairie, il fera en vain les mêmes sauts et les mêmes tours : on ne daignera plus le regarder ; l’attention du spectateur cesseroit avec le danger.

1150. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Et puis, qu’est-ce que cela prouve, et où tend ce discours ?

1151. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Albalat sent traitées comme il convient, et stigmatisés des procédés qui tendent à détruire sous la plume toute spontanéité et toute audace ! 

1152. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Alaux. La Religion progressive » pp. 391-400

Mais, plus tendre que Quinet, qui veut honnêtement, lui, étouffer le christianisme dans la boue, M. 

1153. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

Cette préface, qui ne dit rien parce que le livre qui la suit dit tout, n’est que l’index tendu vers ce livre qu’il faut montrer aux autres pour qu’ils l’aperçoivent.

1154. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Ce héros, qui a si peu de passion, légèrement bizarre comme un original de La Bruyère, et qui rêve une nuit si plaisamment qu’il va en épouser quatre, devient tendre à la fin, quand il éclate en pleurs aux pieds d’Henriette93. […] Avec des principes fixes et élevés, tout d’elle tendra désormais à un but pratique. […] Du moins, si la sensibilité de Mme Guizot se subtilisait, s’endolorissait, pour ainsi dire, de plus en plus, sa religion en s’étendant n’eut jamais de ces inquiétudes qui, trop souvent, l’accompagnent au sein des âmes tendres ou graves.

1155. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Ils ont prononcé la parole unique, héroïque ou tendre, enthousiaste ou assoupissante, la seule qu’autour d’eux et après eux le cœur et l’esprit voulussent entendre, la seule qui fût adaptée à des besoins profonds, à des aspirations accumulées, à des facultés héréditaires, à toute une structure mentale et morale, là-bas à celle de l’Indou ou du Mongol, ici à celle du Sémite ou de l’Européen, dans notre Europe à celle du Germain, du Latin ou du Slave ; en sorte que ses contradictions, au lieu de la condamner, la justifient, puisque sa diversité produit son adaptation, et que son adaptation produit ses bienfaits  Cette parole n’est pas une formule nue. […] Il lui est aussi impossible d’aimer le bien pour le bien que d’aimer le mal pour le mal404. » — « Les principes de la loi naturelle405, disent les disciples, se réduisent à un principe fondamental et unique, la conservation de soi-même. » « Se conserver, obtenir le bonheur », voilà l’instinct, le droit et le devoir. « Ô vous406, dit la nature, qui, par l’impulsion que je vous donne, tendez vers le bonheur à chaque instant de votre durée, ne résistez pas à ma loi souveraine, travaillez à votre félicité, jouissez sans crainte, soyez heureux. » Mais, pour être heureux, contribuez au bonheur des autres ; si vous voulez qu’ils vous soient utiles, soyez-leur utile ; votre intérêt bien entendu vous commande de les servir. « Depuis la naissance jusqu’à la mort, tout homme a besoin des hommes. » — « Vivez donc pour eux, afin qu’ils vivent pour vous. » — « Soyez bons, parce que la bonté enchaîne tous les cœurs ; soyez doux, parce que la douceur attire l’affection ; soyez modestes, parce que l’orgueil révolte des êtres remplis d’eux-mêmes… Soyez citoyens, parce que la patrie est nécessaire à votre sûreté et à votre bien-être. […] Il n’en fut jamais un meilleur, un plus tendre, un plus juste… Tous mes malheurs ne me viennent que de mes vertus. » — À Mme de la Tour. « Celui qui ne s’enthousiasme pas pour moi n’est pas digne de moi. » 412.

1156. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

La jeune et superbe reine d’Écosse était trop tendre pour rien refuser à sa passion, trop fière pour rien concéder à la décence. […] Dargaud et par la plupart des historiens les plus accrédités de l’Angleterre, mais il nous est impossible de ne pas reconnaître que l’intervention de Marie Stuart dans ce piége de mort tendu à Darnley ne fut que le commentaire en action des perfidies que la correspondance lui prête. […] On avertit en vain Darnley du danger qu’il court en suivant la reine à Craig Millur, au milieu d’un congrès de ses ennemis ; il répond que le séjour lui paraît en effet étrange, mais qu’il suivra la reine qu’il adore jusqu’au trépas ; la reine le devance en attendant qu’il soit rétabli, prolonge avec lui les plus tendres adieux et lui passe au doigt un anneau précieux, gage de réconciliation et d’amour.

1157. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

En lui voyant le visage d’un ange, il s’imagine qu’elle en a l’âme aussi : Là-haut, dans sa vertu, dans sa beauté première, Veille, sans tache encore, un ange de lumière ; Un être chaste et doux, à qui sur les chemins, Les passants à genoux devraient tendre les mains… Marion ne comprend pas très bien ce langage, différent de celui qu’elle a entendu jusqu’à ce jour. […] S’il n’a pas la fermeté magistrale, la certitude d’exécution souveraine, qui marquèrent bientôt toutes ses œuvres, il a le charme de la jeunesse, son enthousiasme ardent et tendre, une candeur grave, une foi profonde, la fleur du génie. […] Il y en a, comme Coppée, qui ont une âme cii ailes de moineau ; qui va, légère, amusée, gouailleuse, tendre et gaie à la fois, se poser sur tous les arbres des squares et guetter les humbles joies et les humbles drames pour en faire une chanson.

1158. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Donnez à tous ces personnages un cœur si tendre, si tendre qu’ils tombent en pâmoison à la première émotion vive ; prêtez-leur avec prodigalité un talent merveilleux pour jouer de la flûte, composer de petits vers galants et débiter des madrigaux comme celui-ci : Si je dis qu’elle est la plus belle Des bergères de ce hameau, Je n’aurai rien dit de nouveau : Ce n’est un secret que pour elle. […] De même qu’au siècle dernier les écrits des philosophes français ont ruiné, dans les esprits d’abord, dans les institutions ensuite, les privilèges de la noblesse et du clergé, de même en notre siècle le régime nouveau du travail (salariat et prolétariat, qui en est la conséquence) a créé des idées, suscité des écrits qui tendent à le détruire.

1159. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Il enrage, le vieux marchand, mais il se contient, car il voit encore le fauteuil de la pairie qui lui tend les bras ; et peut-être, après tout, son damné gendre pourra-t-il servir à l’y installer. […] Quant à cette Caliste, si tendre d’ailleurs et si charmante par endroits, le moyen de ne pas la trouver un peu maniérée dans ses cantiques éternels à la pauvreté ! […] Elles retournent au vice ou elles y tendent par instinct.

1160. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Philippe Sichel tombait alors sur un homme en train de monter les panneaux de la porte d’une habitation, et il se mettait à l’écouter, charmé, ravi, quand l’ouvrier faisant sauter un petit morceau de bois d’un panneau, le façonnait dans quelques minutes, en un petit animal sculpté qu’il tendait à l’étranger. […] il n’est pas tendre, mais il faut le dire, ce n’est pas tout le monde, c’est un orateur d’une clarté, d’une ironie, d’une méchanceté… Et cependant, comme il me disait : Il n’aime pas la lutte, mais quand il est dedans, ainsi qu’il me le disait encore, il tuerait tout le monde… Quant aux choses présentes, il ne s’en doute pas. […] Alors il lancerait le trapèze par la fenêtre, se jetterait dans les bras de son frère, et tous deux resteraient à pleurer, embrassés en une tendre étreinte.

1161. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Il crut s’être acquis par elle le droit de juger Racine ; &, dès 1676, il se plaignit, dans un ouvrage intitulé, Entretiens sur les tragédies de ce temps, de ce que ce poëte si tendre & quelques-uns de ses foibles imitateurs abandonnoient la marche des tragiques Grecs. […] Défigurèrent-ils leur Électre, leur Iphigénie, leur Mérope, leur Alcméon, en leur prêtant des sentimens tendres & les plus opposés au véritable héroïsme ? […] Oreste & Rome sauvée ont eu moins de représentations que des pièces au-dessous du médiocre, mais dont les situations tendres intéressoient le beau sexe.

1162. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

À l’égard de la fécondité des hybrides pendant plusieurs générations successives, bien que Gærtner ait pu les reproduire entre eux pendant six ou sept générations, et une fois même pendant dix générations, les préservant avec soin de tout croisement avec l’une ou l’autre des deux espèces pures, il affirme cependant que jamais leur fécondité ne tend à s’accroître, mais au contraire à diminuer. […] Troisièmement, quelques naturalistes éminents pensent qu’une longue domesticité tend à faire disparaître toute trace de stérilité chez les générations successives des hybrides qui d’abord n’avaient été qu’imparfaitement féconds ; or, s’il en est ainsi, nous ne pouvons nous attendre à voir la stérilité apparaître et disparaître sous des conditions de vie à peu près les mêmes. […] Gærtner admet de plus que les hybrides entre espèces proche-alliées sont plus variables que ceux qui proviennent d’espèces très tranchées ; ce qui montre avec toute évidence que la différence dans le degré de variabilité des uns et des autres tend à diminuer et à disparaître graduellement.

1163. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

— Tendre la hanche. […] Dans l’autre une synchromie de blanc et de vert tendre. […] Ses mains qu’elle tend comme pour des théurgies.

1164. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Si nous nous tendions la main ? […] C’est une femme romanesque et tendre du commencement du quatrième siècle. […] M.Édouard Grenier en a fait un drame délicat et tendre, et y a répandu la grâce décente de son âme lamartinienne. […] Il lui dit de si douces choses, et si tendres, et si convaincantes ! […] La comtesse lui tend la main, avec une parole de bienvenue ; la petite fille dit son : « Bonjour, papa. » C’est tout.

1165. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Tout ce qui représente la loi, tout ce qui fait obstacle à la passion et tend à subordonner l’instinct, doit logiquement être repoussé par eux. […] Celles que tu croirais les plus dépravées sont souvent celles qui ont le plus tendre cœur, l’esprit le plus spontané, les plus nobles intelligences, les entrailles les plus maternelles, les dévouements les plus romanesques, les instincts les plus héroïques. […] Si enfin des femmes au tendre cœur, créatures d’élite, vont chercher dans l’orgie du bal masqué l’illusion de l’amour, c’est la faute de nos législateurs pudiques : ils ont fait la femme esclave ; l’esclave brise sa chaîne et court aux saturnales ! […] Oui sans doute, les hommes naissent égaux en droit, c’est-à-dire avec un droit égal à développer leurs facultés et à tendre à l’accomplissement de leur destinée. […] Que d’embûches tendues à la vanité plus encore qu’au cœur !

1166. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

S’il a écrit dès l’âge, le plus tendre, ce fut simplement pour fixer les émotions qui ont inquiété son cœur, ou bien pour arrêter au vol les spectacles qui hantaient ses yeux. […] Sous l’averse, ils rabaissent leurs capuchons, tendent les plis de leurs culottes, et les voilà préservés de l’humidité. […] Mais on avouera qu’à de certains moments la démocratie tend vers l’ochlocratie, de même que les corps pesants tendent vers le centre de la terre. […] Le fandango tourne et oscille… Tous les bras, tendus et levés, s’agitent en l’air, montent ou descendent avec de jolis mouvements cadencés, suivant les oscillations du corps. […] Mais les plus jeunes étaient tendus, raidis par une précoce gravité.

1167. (1927) Approximations. Deuxième série

Ce sont « les jeux d’une imagination tendre en délire » ainsi que l’écrit Stendhal lui-même de La Flûte Enchantée 10. […] De ce péril Valéry est exempt parce qu’à mesure qu’il tend sans cesse davantage à ne reconnaître comme acte de pensée totale qu’un acte unique : celui qui en son terme engendre l’œuvre d’art, il est amené à accorder une influence toujours plus prépondérante au corps comme instrument et comme véhicule de la pensée elle-même. […] Chez Mauriac l’instrument reste le même : au contraire à chaque page du Désert de l’amour il contracte avec sa tonalité fondamentale cette ressemblance profonde et comme adhérente où de plus en plus je tends à voir le signe de l’originalité irréductible, de celle à partir de laquelle dans tout ce que l’on écrit et aussi bien dans tout ce que l’on dit on est soi — et si involontairement soi. […] Le regard paraît créer ici une obligation quasi morale, — l’obligation du souvenir, et d’un souvenir qui tend toujours à réduire au minimum la part jouée par les éléments de hasard ; et c’est sans doute le fait que l’auteur sache à quoi chaque regard l’engage qui rend compte de cette impression d’une certaine absence d’ouverture, d’accueil, comme d’une anti-hospitalité, que laisse presque partout son œuvre. […] Mais, pour réussir dans cette tâche, il fallait cette alliance de qualités dans laquelle je tendrais à voir le plus beau fleuron de la couronne de Maurois : le courage à défendre ces choses précisément de la défense desquelles nul lustre ne rejaillit sur le défenseur, et non moins cette modestie qui consiste à écarter, à repousser doucement, tous ces diamants faux par l’appât desquels la pensée nous tente — pour nous empêcher de penser plus avant.

1168. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

On tend l’oreille pour entendre encore le bruit du ruisseau qui tombe en cascade. […] Un étranger s’interpose entre eux, un étranger pour qui la veuve a des regards plus tendres qu’autrefois pour son mari. […] Elles flottent lâches et détendues chez nous ; chez ce jeune poète, elles sont tendues à se briser. […] Quand le monde n’a que dédains pour un homme de cœur sans nom et sans fortune, elle va vers cet homme et lui tend la main. […] mais, de grâce, qu’elle n’en tende pas.

1169. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Jules de Gaultier, c’est un des pièges que nous tend le génie de l’espèce. […] C’est un « roman d’âmes », écrit par un homme tendre, spirituel et perspicace. […] Albert Samain, qui vient de mourir, eut un caractère assez différent ; il n’est pas familier non plus, mais il est tendre. […] Il y eut un fantaisiste délicieux et doué, de l’âme la plus tendre et de l’esprit le plus fin, Jules Laforgue. […] Elles encombrent la langue ; elles tendent à la figer.

1170. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Enfant, il courait la montagne avec les petits paysans, une miche de pain et un fromage de chèvre dans sa poche  La première éducation qu’il reçut de sa mère ne paraît pas avoir été tout à fait cette éducation molle, tendre, fondante, les yeux dans les yeux ou la tête dans les plis de la jupe maternelle, dont il parle dans les Confidences. […] Il n’était pas fort tendre ; il bousculait parfois ses petites sœurs. […] Ces deux vers de la Réponse à Némésis :     J’ai gardé ses beaux pieds des atteintes trop rudes Dont la terre eût blessé leur tendre nudité, amènent, au bas de la page, ce vers des Bucoliques : Ah ! […] Il est le poète de l’amour, oui, mais de l’amour « qui tend toujours en haut » (le Banquet, l’Imitation) ; et c’est pourquoi il a toujours conçu quelque chose de supérieur aux amours  permises sans doute, belles quelquefois, mais toujours forcément égoïstes et médiocrement profitables à la communauté humaine  d’un jeune homme et d’une jeune femme. […] Oui, c’est bien sa blessure qui fait le coeur de Jocelyn si profond, si large et si tendre.

1171. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Mais c’est à un épanouissement de l’intelligence, et non plus à un développement de l’instinct, que tend la poussée vitale dans la série des vertébrés. […] Livré à l’instinct, comme la fourmi ou l’abeille, il fût resté tendu sur la fin extérieure à atteindre ; il eût travaillé pour l’espèce, automatiquement, somnambuliquement. […] Il n’en est pas moins vrai que les choses tendent à prendre cette forme, et qu’elles la prendront de plus en plus explicitement à mesure que la religion, fixant ses propres contours, deviendra plus franchement mythologique. […] A resserrer cette solidarité tendent précisément les rites et cérémonies. […] Il est impossible qu’elle n’ait pas pris ses précautions pour que l’ordre, à peine dérangé par l’intelligence, tende à se rétablir automatiquement.

1172. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Ces vérités funestes ne tendent à rien moins, messieurs, qu’à couvrir de ridicule notre célèbre unité de lieu, la pierre angulaire de tout le système classique. […] Je devine l’idée qui traverse vos esprits ; vous vous souvenez de certains pamphlets publiés par un Vigneron, et qui ne tendent à rien moins qu’à déconsidérer tout ce qu’il y a au monde de plus respectable, tout ce qu’il y a de considérable parmi les hommes, je veux dire les choix de l’Académie des Inscriptions et l’admission si mémorable dans ce Corps savant, de MM.  […] Tant de tracas et de mécomptes, et plus que tout le mortel dégoût de passer sa vie avec des gens qui ne prisent au monde que l’argent et les cordons, font qu’au troisième acte, il est tout disposé à jeter sa comédie au feu ; mais tout en intriguant, il est devenu passionnément amoureux d’une jolie actrice des Français, qui le paie du plus tendre retour. […] Beaucoup d’hommes élevés dans un respect religieux pour d’antiques doctrines s’effraient des progrès de la secte naissante, et semblent demander qu’on les rassure…… Le danger n’est pas grand encore, et l’on pourrait craindre de l’augmenter en y attachant trop d’importance…… Mais faut-il donc attendre que la secte, entraînée elle-même au-delà du but où elle tend, en vienne jusque-là qu’elle pervertisse par d’illégitimes succès cette masse flottante d’opinions dont toujours la fortune dispose35. » Trouvera-t-on de l’inconvenance à voir un homme obscur examiner un peu quels ont été les succès légitimes ou non de la masse flottante qui compose la majorité de cette Académie ? […] Encore sous une forme classique et copiée d’Homère, à chaque instant le Tasse met-il les sentiments tendres et chevaleresques de son siècle.

1173. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Oui, comme cet art nous paraît suranné alors que les plus jeunes hommes tendent à se passionner pour des Édens charnels, quand la matière divinisée semble reconquérir des croyants et à l’aube, semble-t-il, d’une renaissance païenne. […] Le pays où naquit Werther, la carte du Tendre sont pour nous des choses non moins précises que la figuration de notre jardin ; et nous fréquentons davantage avec Hamlet, Candide et Louis Lambert que nous ne sympathisons avec les plus intimes de notre entourage. Ainsi les poètes, de plus en plus, tendent à dédoubler leur âme et à diviser leur individu en deux êtres opposés, vivant en des atmosphères distinctes différentes et superposées : L’Œuvre d’art et la Vie. […] Il tend son âme comme un brillant calice, passif et magique. […] Ils ont distingué dans ces feuillets si prometteurs l’autobiographie sincère et transcendantale du jeune homme moderne tendre et exalté.

1174. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Autour de tes bonheurs, autour de tes désastres, Autour de tes serments à bras tendus prêtés, Et de tes jugements et de tes vérités, Les constellations colossales se lèvent ; Les dragons sidéraux s’accroupissent et rêvent Sur toi, muets, fatals, sourds et tu te sens nu Sous la prunelle d’ombre et sous l’œil inconnu. […] La science ne peut nous apprendre d’une façon certaine si le fond des choses est le bien, si l’espérance a raison ou tort ; d’autre part, notre conscience nous commande de tendre au bien et d’espérer : de là la nécessité d’un libre « choix » entre deux thèses spéculativement incertaines. […] Mais nul cri d’homme Ou d’ange, nul Nul effroi, amour, nulle bouche, humble, tendre ou superbe, Ne peut balbutier distinctement ce verbe ! […] Mais la haine, à son tour, se résout en souffrance : « Je souffre, je juge. » « Le grand sanglot tragique de l’histoire », qui aboutit à l’indignation, devrait plus logiquement aboutir à la pitié, à la pitié non seulement pour le mal, mais pour le méchant, à la « pitié suprême. » Hugo dit quelque part : Je sauverais Judas si j’étais Jésus-Christ ; et ce sera en effet le dernier résultat de la bonté triomphante dans l’univers, de la bonté embrassant à la fin les méchants eux-mêmes : On leur tendra les bras de la haute demeure, Et Jésus, se penchant sur Bélial qui pleure,              Lui dira : « C’est donc toi !  […] Que sur toute existence et toute créature, Vivant du souffle, humain ou du souffle animal, Debout au seuil du bien, croulante au bord du mal, Tendre ou farouche, immonde ou splendide, humble ou grande, La vaste paix des cieux de toutes parts descende !

1175. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Ce qui tendrait à fortifier cette hypothèse, c’est que Thérèse se repentit bientôt, disparut pour jamais dans un couvent régulier, et que Léopold ne la remplaça point. […] Anatole France n’est pas tendre pour Chateaubriand. […] Je prenais tout à fait au sérieux les passages tendres et romanesques. […] Il en conclut que, pour Augustin, Dieu n’est pas un justicier redoutable, mais un tendre père. […] Charles de Pomairols a le charme tendre de certains peintres des seizième et dix-septième siècles, du Corrège, du Dominiquin ou du Poussin.

1176. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Elle lui met devant les yeux, comme modèle et comme souveraine, une beauté idéale, souffrante, passionnée, tendre, au sourire terrible ou gracieux, parfois divin, mais maladive et boiteuse. […] « Le rossignol voit les bois, l’objet aimé qui les transfigure ; il voit sa vivacité tendre, et mille grâces de la vie ailée, que la nôtre ne peut rendre. […] Il a besoin de bercer sa pensée aux sons cadencés de la période, et la mélodie qu’il heurte ou qu’il déroule, douloureuse ou tendre, ajoute la rêverie à l’idée et la poésie à la passion. […] Son style si aisé, si doux, presque fluide, convient pour peindre ces âmes molles et tendres, ces corps flexibles. […] Là, ils apprenaient l’hymne : « Pallas terrible, qui ravages les villes », ou : « Un cri perce au loin », et tendaient leurs voix avec la forte harmonie que leurs pères leur avaient transmise.

1177. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Et que ne pourrais-je pas dire de la note purement humaine, si pathétique et si tendre, que mêle, en quelque sorte, à ce duo de martyrs, l’aimable, l’élégante, la noble galanterie de Sévère ? […] En même temps que l’intérêt, — et pour la même raison, parce que Corneille ne se borne pas à user de l’histoire, parce qu’il en abuse, — la vraisemblance tend à diminuer. […] De même que Molière par la comédie de caractères, ainsi Racine, par la tragédie dont il avait donné les chefs-d’œuvre, tendait maintenant à l’étude, bien plutôt qu’au drame. […] Il suit encore de là que le dialogue en doit être moins tendu, plus familier, plus souple, plus approché du ton de la conversation. […] Autre preuve encore de ce que nous disions l’autre jour, que la comédie de caractères poussée à fond tend vers le drame comme vers sa limite !

1178. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

De là ce qu’il y a d’excessif souvent, de tendu dans ce théâtre ; mais aussi ce qu’il y a de vivant, de vibrant, d’énergique et de hardi. […] Il considérait l’amour avec une curiosité amoureuse où il entrait une infinie terreur, et un peu de tendre pitié. […] Et tantôt ses conclusions sévères et violentes, tantôt ses conclusions indulgentes et tendres pour la femme, sont également l’effet de ce sentiment complexe de terreur et de pitié […] La fille qui me manque et que tu ne remplaces pas, sans doute ; l’enfant fine, tendre et un peu câline, fille de mon intelligence, de mon expérience d’artiste et de mon cœur. […] Mme Brandès a été ou coquette, ou rêveuse, ou irritée, ou tendre, ou entraînée et ravie à souhait.

1179. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

C’est qu’ils « savent » ; et leur science les préserve du piège que l’impressionnisme tient toujours tendu pour l’ignorance. […] Une esthétique purement naturaliste, outre qu’elle laisse toute une partie de l’art en dehors d’elle, ne tend donc à rien moins qu’à priver la peinture et la poésie même d’une partie de leurs moyens. […] On ne compose qu’à la condition d’avoir une certaine idée de l’œuvre d’art, et de tendre à la réaliser. […] Comme tous les plaisirs collectifs — et comme, par exemple, le plaisir du monde — le théâtre tend en quelque sorte à reconstituer tous les jours, au moyen de la sympathie, une société que les plaisirs égoïstes, que la perversité des instincts naturels, que l’âpreté de la concurrence vitale tendent inversement, et perpétuellement, à dissoudre. […] On n’emploiera plus deux actes, et quelquefois la moitié du troisième, à nous tendre des pièges, pour se procurer le plaisir de nous en délivrer.

1180. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Toute son emphase un peu castillane de Grec moderne, toute sa désinvolture de Palikare insouciant s’y révèlent en des vers d’allure tendre ou fanfaronne. […] Chose étrange, nous n’avons pas ressenti, alors, ce choc d’exténuante douleur qui nous frappa, voici plus de trois ans, en apprenant la fin de notre tendre et grand Verlaine. […] elle incarne en ses formes antiques nos angoisses et nos nostalgies d’hommes modernes, ses sentiments sont chastes, attristés et tendres comme ceux d’Eloa, les plaintes qu’elle exhale auraient ravi Schumann. […] Quelques-unes des scènes ingénues et tendres que contient Adam et Ève m’ont fait songer parfois aux Quatre Saisons de Nicolas Poussin. […] Eugène Montfort, s’était déjà fait connaître par deux opuscules délicieux où il s’était plu, semble-t-il, à nous montrer le double aspect, à la fois tendre et ardent, de son âme.

1181. (1933) De mon temps…

Des semaines de cruelles souffrances furent précédées d’années assombries par la perte de chères amitiés et de tendres affections. […] Je crains bien que Leconte de Lisle n’ait pas trop à se louer du feuilletoniste du Journal des Débats, car le petit monsieur qui hoche la tête à côté de moi est Jules Lemaître, et le critique n’est pas toujours tendre. […] Les présentations faites, Méry Laurent s’y montra aimablement cordiale, simple et gaie, souriant à propos aux subtiles galanteries et aux tendres malices que lui adressait Mallarmé. […] La maisonnette du boulevard Lannes se composait de petites pièces au plafond assez bas, pourvues d’un agréable mobilier de campagne et tendues d’andrinople ou de perses fleuries. […] Il nous tend, d’un geste court, une main petite et grasse.

1182. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il tend à diminuer beaucoup les causes et ne croit nullement à ces nécessités inévitables qu’on a proclamées depuis. […] Il y avait tout à côté des réparations cependant et des hommages : « Celui, disait-il, qui a été aimé d’une femme sensible, douce, spirituelle et douée de sens actifs, a goûté ce que la vie peut offrir de plus délicieux. » Il avait dit encore (car M. de Meilhan n’oublie jamais ce qui est des sens) : « Un quart d’heure d’un commerce intime entre deux personnes d’un sexe différent, et qui ont, je ne dis pas de l’amour, mais du goût l’une pour l’autre, établit une confiance, un abandon, un tendre intérêt que la plus vive amitié ne fait pas éprouver après dix ans de durée. » Tout cela aurait dû lui faire trouver grâce, d’autant plus qu’il flattait les hommes moins encore que les femmes : « La femme, remarquait-il, est bien moins personnelle que l’homme, elle parle moins d’elle que de son amant : l’homme parle plus de lui que de son amour, et plus de son amour que de sa maîtresse. » — (Dans l’édition de 1789, l’auteur, en corrigeant, a supprimé çà et là quelques jolis traits.)

1183. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il tend à refaire, avec les hommes, des dieux. […] Il lui semblait que les horizons s’étendaient et s’élargissaient chaque jourh, à mesure que la Révolution s’apaisait et tendait à son déclin.

1184. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Il y inspire un tendre intérêt à une jeune dame qui, après bien des troubles et des luttes secrètes de cœur, devient veuve fort à propos, et qui n’aurait plus qu’à l’épouser si lui-même, forcé par l’honneur de se rendre à l’armée de Condé, il n’était fait prisonnier les armes à la main et condamné à périr sur l’échafaud ; il ne s’y dérobe qu’en se donnant la mort et en se frappant d’un coup de stylet, exactement comme Valazé. […] Le souvenir de la liaison de Mme du Deffand et d’Horace Walpole se présente aussitôt à l’esprit, et l’on se demande involontairement : « N’y eut-il rien, chez Mme de Créqui, de ce sentiment possible à tout âge chez une femme, et qui la porte avec un intérêt tendre vers un homme dont quelques qualités la séduisent ?

1185. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

L’Espagne était depuis un siècle dans un accroissement de puissance et d’ascendant qui troublait les conditions d’existence et les rapports naturels des pays voisins, et menaçait tout l’occident de l’Europe ; et en même temps elle apportait dans ses conquêtes politiques un système d’oppression absolue et de machiavélisme pratique qui tendait à pervertir la morale, à nouer tout développement de l’esprit et à déformer l’humanité. […] Sous Henri IV, l’élément prédominant ou qui tendait à le devenir était le gentilhomme de campagne, bon économe bon ménager de son bien ; Henri IV l’aimait et le favorisait de cette sorte, se piquant de n’être lui-même que le premier gentilhomme de son royaume ; bien différent en cela de Louis XIV, qui attirait tout à sa Cour et n’aimait les grands et les nobles qu’à l’état de courtisans.

1186. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Celui-ci a donc découvert et imaginé que toute la veine satirique, railleuse, irrévérente et sensuelle de Villon lui venait de son père, et que la veine tendre et religieuse qu’on lui suppose par moments, ses velléités du moins et ses retours de mélancolie venaient de sa mère. […] Toujours, quand il sera question de la rapidité et de la fuite des générations des hommes qui ressemblent, a dit le vieil Homère, aux feuilles des forêts ; toujours, quand on considérera la brièveté et le terme si court assigné aux plus nobles et aux plus triomphantes destinées : Stat sua quaeque dies, breve et irreparabile tempus Omnibus est vitae… mais surtout lorsque la pensée se reportera à ces images riantes et fugitives de la beauté évanouie, depuis Hélène jusqu’à Ninon, à ces groupes passagers qui semblent tour à tour emportés dans l’abîme par une danse légère, à ces femmes du Décaméron, de l’Heptaméron à celles des fêtes de Venise ou de la cour de Ferrare, à ces cortèges de Diane, — de la Diane de Henri II, — qui animaient les chasses galantes d’Anet, de Chambord ou de Fontainebleau ; quand on évoquera en souvenir les fières, les pompeuses ou tendres rivales qui faisaient guirlande autour de la jeunesse de Louis XIV : Ces belles Montbazons, ces Châtillons brillantes, Dansant avec Louis sous des berceaux de fleurs ; quand, plus près encore, mais déjà bien loin, on repassera ces noms qui résonnaient si vifs et si frais dans notre jeunesse, les reines des élégances d’alors, les Juliette, les Hortense, ensuite les Delphine, les Elvire même et jusqu’aux Lisette des poètes, et quand on se demandera avec un retour de tristesse : « Où sont-elles ? 

1187. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Un moment rivaux, bientôt unis de la plus tendre et de la plus généreuse amitié, ils se prêtent secours, ils s’échauffent ou se modèrent l’un l’autre, ils combinent leur sens pratique ou leur enthousiasme. […] Entre nous régnait la plus profonde harmonie ; il me tendait sa main par-dessus la table, et je la pressais ; puis je saisissais un verre rempli, placé près de moi, et je le vidais en silence, et je lui faisais une secrète libation, les regards passant au-dessus de mon verre et reposant dans les siens. » Touchante et muette adoration qui relève cette suite d’esquisses familières !

1188. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

  Enfin, il y a ce dernier sonnet d’elle, qui est également un vœu de mort, non plus de mort au sein du bonheur, mais de mort plus triste et plus terne, quand il n’y a plus pour le cœur de bonheur possible, plus un seul reste de jeunesse et de flamme : Tant que mes yeux pourront larmes épandre, A l’heur65 ; passé avec toi regretter, Et qu’aux sanglots et soupirs résister Pourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendre Du mignard luth pour tes grâces chanter ; Tant que l’esprit se voudra contenter De ne vouloir rien fors que toi comprendre ; Je ne souhaite encore point mourir : Mais quand mes yeux je sentirai tarir, Ma voix cassée et ma main impuissante, Et mon esprit en ce mortel séjour Ne pouvant plus montrer signe d’amante, Prierai la mort noircir mon plus clair jour. […] Non seulement les malheureux et les accablés qui ont rejeté d’eux-mêmes le fardeau de la vie, mais tant d’autres qui l’ont subi et porté jusqu’à la fin, les poètes délicats et tendres, les esprits souffrants et douloureux, les timides et les effarouchés qui ont traversé le chemin en tremblant, qui s’y sont blessés, ou ceux même qui, sans trop s’y blesser, sont trop heureux d’avoir effleuré et rasé rochers et précipices, d’avoir éludé le plus fort de l’épreuve, tous ceux-là ne voudraient plus jamais rentrer dans le circuit des chances inconnues et dans le tourbillonnement des êtres.

1189. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Et ce sont ensuite des amours d’enfant, des paysages riants et doux, un chemin qui serpente en ruban dans le vallon, un sentier le long de la haie et du ruisseau, et qu’on préfère à tous les autres tout pareils et où il y a également une haie, une source et des fleurs, parce qu’il conduit directement à la petite grille du parc et qu’il s’y rattache un tendre souvenir. […] Ami, vous avez beau, dans votre austérité, N’estimer chaque objet que par l’utilité, Demander tout d’abord à quoi tendent les choses Et les analyser dans leurs fins et leurs causes ; Vous avez beau vouloir vers ce pôle commun, Comme l’aiguille au nord, faire tourner chacun ; Il est dans la nature, il est de belles choses, Des rossignols oisifs, de paresseuses roses, Des poètes rêveurs et des musiciens Qui s’inquiètent peu d’être bons citoyens, Qui vivent au hasard et n’ont d’autre maxime, Sinon que tout est bien, pourvu qu’on ait la rime, Et que les oiseaux bleus, penchant leurs cols pensifs, Écoutent le récit de leurs amours naïfs.

1190. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

» Dans la quantité de félicitations qu’il reçoit, il faut distinguer celles de l’abbé de Fénelon, non archevêque encore : « Je viens de lui faire réponse à une lettre toute des plus obligeantes qu’il m’a fait l’honneur de m’écrire, où ton nom est mêlé : il paraît bien qu’il t’aime ou pour mieux dire, qu’il te chérit. » Croisilles, fort pieux et d’une piété tendre, était un des fils spirituels de Fénelon. […] Tout cela n’était que feinte et fourberie ; c’était un piège que le duc tendait à Catinat.

1191. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Le roi cependant aimait sa belle-fille ; il l’aimait « autant et plus peut-être que ses propres enfants » ; il l’appelait familièrement de son petit nom de Pépa ; à ses premières couches, il se montra le père le plus affectueux et le plus tendre : « Le roi lui a constamment tenu la main pendant le travail, et l’on peut dire qu’elle est accouchée entre ses bras ; aussi en suait-il à grosses gouttes. » Mais que de difficultés et d’intrigues dans cette Cour partagée et divisée : la reine, Mesdames, Mme de Pompadour, et alentour, et au-dessous, des tourbillons d’ambitions sans nombre, tous se jalousant, se haïssant, et cherchant à s’emparer de cette puissance nouvelle qui entrait en scène ! […] Saint-René Taillandier que je choque de plus en plus, bien malgré moi, mais il est par trop prêcheur aussi), osons rétablir tout ce joli début d’un certain chant VII : Lorsqu’autrefois, au printemps de mes jours, Je fus quitté par ma belle maîtresse, Mon tendre cœur fut navré de tristesse, Et je pensai renoncer aux amours ; Mais d’offenser par le moindre discours Cette beauté que j’avais encensée, De son bonheur oser troubler le cours, Un tel forfait n’entra dans ma pensée.

1192. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

» Tendre ami des Neuf Sœurs, mes bras vous sont ouverts ; Venez, j’aime toujours les vers. […] Han d’Islande, commencé dès 1820, et qu’il ne publia par suite d’obstacles matériels qu’en 1823, devait être, à l’origine et dans la conception première, un tendre message d’amour destiné à tromper les argus, et à n’être intimement compris que d’une seule jeune fille.

1193. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il tendait à substituer aux jugements passionnés et contradictoires une critique relative, proportionnée, explicative, historique enfin, mais qui n’était pas dénuée de principes ; loin de là, une sorte d’austérité y mesurait à chaque moment l’indulgence. […] La vieille France, après cette lecture, pouvait tendre la main à l’autre, sans se croire trop en reste de gloire et de martyre : Moscou et le Mans, la Bérésina et la Loire !

1194. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Chaque événement, chaque anniversaire de cette vie intérieure était célébré par de petites comédies, par des vaudevilles qu’on jouait entre soi, par de gais ou tendres couplets qui parfois circulaient au-delà : quelques personnes de cette société renaissante se rappellent encore la chanson qui a pour titre : les Amours de Laure. […] Cependant la ruine de ma fortune me rendait le travail indispensable ; je me décidai à écrire cet ouvrage ; et, pour me conserver la vue, ma femme, votre tendre et vertueuse mère, … élevée dans toutes les délicatesses du grand monde, âgée de soixante ans, presque toujours souffrante, … me servant de secrétaire avec une constance et une patience inimitables, a écrit de sa main, d’abord toutes les notes qui m’ont servi à rédiger, et ensuite tout ce livre : ainsi toute cette Histoire universelle a été tracée par sa main… » Cette Histoire universelle qui aboutissait à la fin du Bas-Empire avait pour suite naturelle une Histoire de France, et M. de Ségur se décida à l’entreprendre : il l’a poussée jusqu’au règne de Louis XI inclusivement.

1195. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

De cette solitude sortirent des milliers de pages où respirent le génie littéraire de la plus pure antiquité et le génie moderne du christianisme, qui parlent de la divinité avec une admirable puissance d’esprit et de langage, souvent avec le plus tendre enthousiasme. […] Après ce que lui inspire le plus ardent désir de soulager ceux qui souffrent, il a mieux que le remède ou l’aumône, il a son regard, un mot tendre, un soupir, une larme.

1196. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

C’est le naïf Candide et la tendre Cunégonde, flanqués du docteur Pangloss et du philosophe Martin, qui viennent jeter à bas l’optimisme et la Providence : une série de petits faits, secs, nets, coupants, choisis et présentés avec une terrible sûreté de coup d’œil, anéantissent insensiblement dans l’esprit du lecteur la croyance qui console du mal. […] Cette nature complexe, riche de bien et de mal, mêlée de tant de contraires, dispersée en tous sens, a tendu avec une énergie inépuisable vers tous les objets que ses passions ou sa raison lui ont proposés.

1197. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Triste encore, mais d’une tristesse plus tendre, est le premier des trois Contes que Flaubert donna en 1877 : cette histoire d’un cœur simple — il s’agit d’une pauvre servante de province — est d’une sobriété puissante et d’un art raffiné ; dans l’insignifiance des faits, dans l’absolue pauvreté intellectuelle du sujet, dans la bizarrerie ou la niaiserie de ses manifestations sentimentales, transparaît constamment l’essentielle bonté d’un cœur qui ne sait qu’aimer et se donner ; quelque chose de grand et de touchant se révèle à nous par des effets toujours mesquins ou ridicules ; et ces deux sentiments qui s’accompagnent en nous, donnent une saveur très particulière à l’ouvrage. […] La pauvreté et la raideur des caractères individuels les inclinent à devenir des expressions symboliques909, et le roman tend à s’organiser en vaste allégorie, où plus ou moins confusément se déchiffre quelque conception philosophique, scientifique ou sociale, de mince valeur à l’ordinaire et de nulle originalité.

1198. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Si l’organisation sociale de la production n’autorise que dans une faible mesure l’originalité individuelle, elle ne laisse pas d’imposer à l’individu des gênes et des contraintes qui tendent à le diminuer physiquement, intellectuellement et moralement. […] On a remarqué avec raison84 que dans notre civilisation, toutes les valeurs tendaient à se dépersonnaliser, à s’éloigner de l’individu, à s’ériger en fins eu soi, en buts généraux et impersonnels, au lieu d’être regardés comme des facteurs composants ou des moyens d’une personnalité saine, forte, complète et harmonieuse.

1199. (1890) L’avenir de la science « II »

Mais ce qui reste incontestable, c’est que l’humanité tend sans cesse, à travers ses oscillations, à un état plus parfait ; c’est qu’elle a le droit et le pouvoir de faire prédominer de plus en plus, dans le gouvernement des choses, la raison sur le caprice et l’instinct. […] Au-dessus des individus, il y a l’humanité, qui vit et se développe comme tout être organique et qui, comme tout être organique, tend au parfait, c’est-à-dire à la plénitude de son être 19.

1200. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Comme c’est l’éducation, la variété des objets d’étude qui font la variété des esprits, tout ce qui tend à faire passer tous les esprits par un moule officiel est préjudiciable au progrès de l’esprit humain. […] Les évêques, et tout ce qu’il y avait d’éclairé, saint Augustin, Salvien, leur tendaient les bras.

1201. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Et qu’on ne cite pas Jean-Jacques comme une exception ; Jean-Jacques, il faut toujours s’en souvenir, est un protestant qui a été catholique ; un genevois qui, dans la mystique Savoie, à l’âge où l’âme garde, comme une cire molle, toutes les impressions, a pris part aux solennités de l’Eglise romaine ; il a suivi le lent déroulement des processions sous les arceaux des cathédrales ; il a respiré la fumée enivrante de l’encens ; il a rempli ses yeux d’un spectacle doux à la vue et son cœur d’une doctrine plus tendre que forte, plus féminine que virile. […] Tels sont quelques-uns des traits que le protestantisme a donnés à la littérature éclose à son ombre, et si quelques-uns de ces signes particuliers tendent aujourd’hui à s’effacer, ils sont encore assez visibles pour qu’une observation attentive permette de constater à quel point un ensemble de croyances religieuses modèle les œuvres littéraires.

1202. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Il est visible d’autre part que les grands écrivains du xviie  siècle, au nom desquels les modernes disputent la préséance aux anciens, tendent à devenir une seconde antiquité, rivale de la première. […] et, en même temps que grandissent la fortune et le savoir du Tiers-Etat, la littérature tend aussi à s’embourgeoiser.

1203. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

De là aussi son culte spécial pour les Divinités vengeresses, et ses appels incessants à leur bras tendu contre les pervers. […] On dirait l’arc de David tendu par la main d’Apollon.

1204. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

N’est-ce pas mal faire que de livrer une enfant si tendre, si aimante, à ce père indigne, à cette femme, bonne peut-être au fond, mais emportée et brutale, qui pourra s’en lasser demain, comme elle s’en est engouée tout a l’heure ? […] C’est à la fois solennel et tendre.

1205. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Les poètes surtout, ceux qui se groupaient dans le recueil de La Muse française, Guiraud, Vigny, Hugo, Deschamps, aimaient alors à prédire à Delphine, comme on l’appelait tout fraternellement, la couronne de l’élégie lyrique : Son talent tout jeune, me dit un de ces fidèles témoins que j’ai voulu interroger pour être juste, nous paraissait devoir être un mélange de vigueur masculine avec une sensibilité de femme du monde, plus affectée des choses de la société que des spectacles de la nature ; plus nerveuse que tendre, plus douloureuse que mélancolique : le tout marchant de concert avec beaucoup d’esprit réel, sans prétentions, et se manifeste tant sous une forme de versification pure, correcte, savante même et assez neuve alors. […] Ourika, la négresse, dira très bien de celui qu’elle aime et qui ne s’en aperçoit pas : Et si parfois mes maux troublaient son âme tendre,         L’ingrat !

1206. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Son cœur bon et tendre ne méritait-il pas un autre sort ? […] Les jugements que Mirabeau portait sur les écrivains de son temps tendraient également à montrer qu’il n’était point précisément des leurs, et que sa supériorité aspirait à une autre sphère pour s’y déployer.

1207. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Les conseils que Mme de Lambert donne à sa fille sont remarquables surtout par une extrême intelligence de tous les côtés tendres et vulnérables du sexe, et par une crainte extrême qui lui fait appeler à son aide toutes les précautions et toutes les ressources. […] Elle répondait fièrement : « Je n’ai jamais eu besoin d’en faire. » On ajoutait qu’elle avait trahi par là une âme tendre et sensible : « Je ne m’en défends pas, répondait-elle ; il n’est plus question que de savoir l’usage que j’en ai su faire. » Cet usage est assez indiqué par ces conseils mêmes, si finement démêlés et si fermement définis : elle éleva son cœur, elle prémunit sa raison, elle évita les occasions et les périls ; elle ménagea ses goûts, et prit sur sa sensibilité pour la rendre durable et aussi longue que la plus longue vie : Quand nous avons le cœur sain, pensait-elle, nous tirons parti de tout, et tout se tourne en plaisirs… On se gâte le goût par les divertissements ; on s’accoutume tellement aux plaisirs ardents qu’on ne peut se rabattre sur les simples.

1208. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Mieux informée, elle rétractera ce mot, et, après quelques années, elle dira : « Malgré le préjugé, j’ai trouvé au milieu de Paris des gens de la vertu la plus pure, et susceptibles de la plus tendre amitié. » Mais ce discernement demande plus d’un jour. […] Les malades, à la date de 1778, étaient encore très peu bien traités dans les hôpitaux ; il suffira de dire qu’on en mettait plus d’un dans un même lit, et l’hospice fondé par Mme Necker le fut dans l’origine « pour montrer la possibilité de soigner les malades seuls dans un lit avec toutes les attentions de la plus tendre humanité, et sans excéder un prix déterminé ».

1209. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

La scène est admirablement conduite de tout point ; il n’y a pas un mot inutile et qui ne tende à l’effet. […] Je n’examine pas le raisonnement, qui est hardi et qui tend à introduire le surnaturel parce qu’il y a eu de l’extraordinaire : la seule remarque que je veuille faire en ce moment, c’est que, le jour où La Harpe a écrit d’inspiration cette scène de verve et de vigueur, son talent pour la première fois s’est trouvé monté au ton de sa sensibilité émue et de son imagination frappée.

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