D’Aguesseau naquit en 1668 à Limoges, où son père était alors intendant, un père vénérable dont il nous a retracé la vie ; et il reçut de lui une éducation domestique forte et tendre, qui rencontra le naturel le plus docile et le plus heureux. […] On peut lui appliquer ce qu’il a dit de son père, qu’il avait conservé jusqu’à la fin cette précieuse timidité d’une conscience vertueuse et tendre, qui répugne aux partis et même aux paroles sévères.
Elle se représente à nous (dans ses Entretiens) comme laborieuse, active, levée dès six heures du matin, prenant chaque occupation à cœur par inclination naturelle, non par intérêt, et, en ce qui était des femmes de ses amies, tenant à les obliger aussi pour se distinguer, pour s’en faire aimer, et par un esprit d’amour-propre et de gloire : Dans mes tendres années, dit-elle, j’étais ce qu’on appelle un bon enfant, tout le monde m’aimait : il n’y avait pas jusqu’aux domestiques de ma tante qui ne fussent charmés de moi. […] Un seul point de plus, et vous arriveriez au tendu et à la sécheresse.
Voici en ce sens quelques vers qui ne me semblent nullement méprisables : À former les esprits comme à former les corps, La Nature en tous temps fait les mêmes efforts ; Son Être est immuable, et cette force aisée Dont elle produit tout ne s’est point épuisée : Jamais l’astre du jour qu’aujourd’hui nous voyons N’eut le front couronné de plus brillants rayons ; Jamais dans le printemps les roses empourprées, D’un plus vif incarnat ne furent colorées : Non moins blanc qu’autrefois brille dans nos jardins L’éblouissant émail des lis et des jasmins, Et dans le siècle d’or la tendre Philomèle, Qui charmait nos aïeux de sa chanson nouvelle, N’avait rien de plus doux que celle dont la voix Réveille les échos qui dorment dans nos bois : De cette même main les forces infinies Produisent en tout temps de semblables génies. […] On finit par s’en rapporter dans cette grave affaire à l’avis de Bossuet, lequel donna moins de tort à Perrault que ne l’avait fait Arnauld ; et, sur ces entrefaites, Racine ménagea entre les deux adversaires une réconciliation qui, sans être jamais fort tendre, fut honnête du moins et suffisante.
À mesure qu’on s’éloigne de l’époque de la Renaissance et de l’âge de cette grande invasion classique, il est bien clair que le monde tend à se dégager de plus en plus du poids de l’Antiquité, qui avait d’abord été accablant. […] Quel homme a jamais mieux su manier sa langue dans tous les tons, sublime, moral, tendre, noble ou badin ?
Je parlerai de quelques autres amitiés de Frédéric qui ont laissé un vivant témoignage d’elles-mêmes dans sa correspondance, à commencer par son étroite et tendre liaison avec Jordan. […] Jordan écrivit au roi une lettre dernière, dans laquelle, au milieu de l’expression d’une tendre reconnaissance, il touchait un mot de religion ; c’était comme une demi-rétractation de certaines plaisanteries qui avaient eu cours entre eux à ce sujet : Sire, mon mal augmente d’une façon à me faire croire que je n’ai plus lieu d’espérer ma guérison.
Quoiqu’il y ait beaucoup de mélodie dans les complaintes, Laforgue, se souciant moins de musique (sauf pour évoquer quelque ancien refrain de la rue), négligeait de parti-pris l’unité strophe, ce qui causa que beaucoup de ses poèmes parurent relever, avec des rythmes neufs à foison, et tant de beautés, de l’école qui tendait seulement à sensibiliser le vers, soit celle de Verlaine, Rimbaud et quelques poètes épris de questions de césure, doués dans la recherche d’un vocabulaire rare et renouvelé. […] C’est l’absence de cette grande œuvre qui nous fait conclure à un léger temps d’arrêt dans le développement de notre poésie ; c’est à dépasser nos limites que nous devons tendre, et quelqu’un trouvera l’argument victorieux à l’objection — soit un livre.
., en attaquant d’ambitieuses nouveautés, qui semblent tendre à altérer la pureté des principes sur lesquels se fonde notre littérature, et même à ternir l’éclat des chefs-d’œuvre dont elle s’honore. […] Mais faut-il donc attendre que la secte du Romantisme (car c’est ainsi qu’on l’appelle), entraînée elle-même au-delà du but où elle tend, si toutefois elle se propose un but, en vienne jusque-là, qu’elle mette en problème toutes nos règles, insulte à tous nos chefs-d’œuvre, et pervertisse, par d’illégitimes succès, cette masse flottante d’opinions dont toujours la fortune dispose ?
En dépit des affirmations de Catulle Mendès, la littérature sera de moins en moins individualiste ; les idées nouvelles tendent à se manifester par des groupements particuliers. […] L’Art social est donc la dernière formule vers laquelle tendent toutes les littératures.
Il fait le respectueux et il fait le tendre. […] Mais le tendre dit que l’honnête et suave Marc-Aurèle, l’humble et doux Spinosa, ont été exempts de quelques erreurs que Jésus partagea !
Cette intéressante uniformité, qui tend à s’emparer de l’univers pour lui donner de tous les côtés le même visage, paraît à son imagination un malheur d’ennui et de platitude incomparable, et lui, lui qui appartient encore à un peuple à physionomie, il efface la sienne avec le scrupule de ces vaillants qui croient que tout ce qui est expressif ou pittoresque touche au ridicule. […] Les poésies qui ne sont que tendres, rêveuses, venues de l’âme bien plus que du génie qui a, lui, plusieurs âmes, s’évaporent vite comme certains parfums suaves.
On sait que, suivant Spencer, si les sociétés civilisées tendent à l’égalité, c’est que l’industrialisme y prend le pas sur le militarisme, et par suite la coopération volontaire sur la coopération forcée, la coordination sur la subordination, la rétribution proportionnelle sur la distribution arbitraire, le contrat sur le statut224. […] Nous admettons volontiers que Les sociétés « uniques » aient une tendance à absorber les individus qu’elles englobent, à faire d’eux leurs choses et à les empêcher de se poser comme des personnes ; en ce sens on a raison de dire que les groupements primitifs, simples et fermés, tendent non pas à détruire l’individualisme, mais à l’empêcher de naître.
Après quoi il s’installa dans un grand fauteuil, s’accouda sur la table, apprêta des plumes, remplit l’encrier, fit tous ses préparatifs exactement comme un brave cheval qui va traîner une poutre de trois mille livres, et tend d’avance son harnais et ses jarrets. […] La volonté est séparée du muscle par deux ou trois barrières ; elle agit sur lui comme l’ingénieur du télégraphe de Vienne agit sur l’aiguille du télégraphe de Paris. — Nous répondrons enfin avec les psychologues que la volonté, bien loin de remuer le muscle, ne tend pas même à le remuer.
Enfin, à ce mouvement expansif, finit tôt ou tard par en succéder un troisième qui en est comme la suite et le complément ; non-seulement la sensibilité se porte vers l’objet, mais elle tend à le ramener à elle, à se l’assimiler, s’il est possible. […] « Le moi sensible s’épanouit, se dilate, se met au large, puis se porte hors de soi et se répand vers l’objet qui l’affecte agréablement, puis enfin tend à ramener cet objet vers lui, à se l’assimiler, pour ainsi dire. » Je n’entends plus du tout.
Nous effleurons en passant ce côté tendre et délicat de la vie de Balzac, parce que nous n’avons rien à dire qui ne lui fasse honneur. […] Tendre de cœur, il était sceptique d’esprit. […] comme il tendait à les briser pour qu’elles résonnassent plus fortement toutes les cordes de son âme et de son esprit ! […] quelles aspirations éthérées, quels élancements vers l’idéal, quelles pures effusions d’amour, quelles notes tendres et mélancoliques, quels soupirs et quelles postulations de l’âme que nul poëte n’avait encore fait vibrer ! […] La bonté du bâtiment et l’agrément de l’intérieur me le faisaient penser, mais il était écrit qu’il n’en serait pas ainsi ; il fallait que tout tendit à allonger ce malencontreux voyage.
On sait en effet qu’attaché de bonne heure à Mme de Staël par un sentiment plus vif encore et plus tendre que l’admiration, il avait voulu, à une certaine heure et quand elle fut libre, l’épouser, lui donner son nom et qu’elle s’y refusa absolument : il lui aurait semblé, à elle, en y consentant, déroger à quelques égards, faire tort à sa gloire, et, comme elle le disait gaiement, désorienter l’Europe.
Lorsque je publiai les Consolations en mars 1830, je les envoyai à M. de Chateaubriand, qui répondit à mon envoi par la lettre suivante (30 mars 1830) : « Je viens, monsieur, de parcourir trop rapidement vos Consolations : des vers pleins de grâce et de charme, des sentiments tristes et tendres se font remarquer à toutes les pages.
Dampré est vrai, je le crois volontiers ; nous savons tous une quantité de Dampré qui ne sont occupés, en effet, qu’à ce genre de séduction et à tendre leurs filets soir et matin.
Il faut rendre à M. de Persigny cette justice qu’il a dans le cœur ce je ne sais quoi d’élevé qui répond bien à un tel sentiment, qui y sollicite et peut y rallier même des adversaires, qui va chercher en chacun ce qui est vibrant, et que le sentiment napoléonien historique et dynastique tel qu’il le conçoit dans son esprit et dans son culte, tel qu’on l’a entendu maintes fois l’exprimer avec une originalité saisissante (toute part faite à un auguste initiateur), est à la fois ami de la démocratie, sauveur et rajeunisseur des hautes classes, animateur de la classe moyenne industrielle en qui il tend à infuser une chaleur de foi politique inaccoutumée.
Pas un journal, pas une revue qui n’en fît l’éloge… Tandis que les Pensées marchaient ainsi de triomphe en triomphe, l’auteur, lui, tendait de tous côtés une oreille inquiète.
On disait qu’il n’avait pas été un fils tendre ; qu’il aimait la guerre pour elle-même ; que son idéal de vie ne dépassait point celui des chefs militaires du haut moyen âge, et que nous devions nous féliciter que le chancelier fût là pour le contenir.
Ses lettres au critique nous montrent que l’énorme poète eut, jusqu’à trente ans, une âme tendre, noble, confiante, parfaitement candide, naturellement héroïque, — sublime.
… Et telle est l’impression à lire les Lèvres closes, que le tempérament de ce tendre matérialiste semble mentir aux rigueurs de sa philosophie.
Saint-Pol-Roux joue d’une cythare dont les cordes sont parfois trop tendues : il suffirait d’un tour de clef pour que nos oreilles soient toujours profondément réjouies.
Je suis, au reste, moins vigilant pour autrui que notre vieil et tendre maître.
Mais ne doit-on pas convenir qu’il a trop abusé de cette réputation, en voulant établir dans les Lettres certains paradoxes qui tendent à dénaturer les genres, & que l’esprit géométrique, si nous entendons par ce mot la justesse des idées, auroit dû être le premier à réprouver ?
On voulut jetter du ridicule sur toutes ses beautés ; prouver qu’il n’avoit réussi dans aucun genre : Qu’il avoit manqué le pastoral dans ses bucoliques, ouvrage admirable par les graces simples & naturelles, par l’élégance & la délicatesse, par cette pureté de langage qui le caractérisent ; le didactique dans ses géorgiques, poëme le plus travaillé de tous ceux qu’il nous a laissés, & qu’on peut appeller le triomphe de la poësie Latine ; l’épique dans son énéide, chef-d’œuvre de l’esprit humain, qu’Auguste ne pouvoit se lasser de lire, & la tendre Octavie de récompenser, jusqu’à faire compter à l’auteur dix grands sesterces pour chaque vers, ce qui montoit à la somme de 325 000 livres.
Ils ne voyoient rien au-dessus de ses poësies tendres.
Peut-être aussi que Rousseau ne cherchoit point à tendre de piège, & qu’il croyoit que l’intérêt partagé ne nuisoit point à un poëme.
Et comment Voltaire eût-il fait un usage heureux du merveilleux du christianisme, lui dont les efforts tendaient sans cesse à détruire ce merveilleux ?
Il n’y a qu’un fait certain, en chimie, fixé par Boerhaave, et développé par Lavoisier ; savoir que le calorique, ou la substance qui, unie à la lumière, compose le feu, tend sans cesse à distendre les corps, ou à écarter les unes des autres leurs molécules constitutives.
Ils prendront pour un genre de la poësie burlesque, qui durant un tems fut en vogue parmi les françois, les pieces où Brutus, Arminius et d’autres personnages illustres par un courage inflexible et même par leur ferocité, sont répresentez si tendres et si galands.
On trouve presque par toute la France que le tuf est de marne ou d’une espece de pierre grasse, blanchâtre et tendre, et dans laquelle il y a beaucoup de sels volatils.
Il y a du Fénelon en lui, moins la chimère et l’Antiquité, par son genre d’éloquence et de bien-dire, Nicolas doit ramener au catholicisme les cœurs tendres troublés par le siècle, les jeunes gens, les poètes et les femmes.
« — T’oublier, toi, ma tendre amie ! […] C’est en les égorgeant que l’on a des gigots ; c’est ainsi que l’on a des pieds de mouton tendres. […] oui, pour entendre ses plaintes et son radotage, mais comme une tendre mère, personne ne l’aimera plus. Pauvre tendre mère, qui me la rendra ? […] mais épargne cet âge si pitoyable et si tendre !
. — Cela n’est pas étrange, ajoute la tendre veuve, c’est le mal qui sitôt pour votre bien se change […] Au dix-septième siècle, le nombre des auteurs dramatiques s’était considérablement accru et tendait à s’accroître. […] Le comédien se surpassa ; l’Éminence, qui n’avait pas un cœur des plus tendres, laissa échapper quelques larmes, aussitôt l’abbé Bois-Robert de prétendre qu’il s’acquitterait encore mieux du rôle que Mondory, Mondory fût-il présent. […] Boileau disait : le pompeux Corneille et le tendre Racine, et il avait raison. […] Les grandes passions avaient en lui un interprète sage, tendre et qui sut, de prime-abord, débarrasser la scène des fadaises dont on se croyait obligé de surcharger le langage, surtout lorsque l’on voulait exprimer le sentiment si naturel de l’amour.
Lanson est écrit de ce style un peu tendu, mais ferme, net et propre, sévèrement châtié, éminemment probe, qui est toujours le sien. […] C’est, pour cela qu’il a quelque chose de tendu, de forcé, d’un peu exagéré et que, tout compte fait, il sonne un peu faux. […] C’est un Sévère plus tendre et plus ingénieux dans la tendresse. […] Monime n’a rien dit de ses sentiments ; mais en secret elle n’était que soumise aux volontés de Mithridate, pleine de mépris pour Pharnace, allié couvert des Romains, et agitée d’un tendre sentiment pour le loyal et glorieux Xipharès. […] Josabeth le pousse à parler : « Il n’est pas temps, princesse. » Il n’est pas temps, parce que c’est un piège qu’il s’agit de faire tendre par Abner, et il faut, si l’on veut qu’il le tende, que l’idée semble à Abner venue de lui, pour qu’elle lui paraisse innocente.
Il a mis une tendre et chaude poésie dans le tableau de cette idylle. […] Et quelle piété nous porterons au doux et tendre François d’Assise, qui n’était point hagard ni convulsé, et qui tout de même était plus près de Dieu ! […] Dès l’âge le plus tendre, M. […] Il eût été béni de ce bon saint pour sa douceur, sa candeur, sa tendre humilité. […] On sait notamment quel tendre respect l’auteur d’Aziyadé professe pour l’islam.
De fait, l’un entraîne l’autre ou du moins tend à l’entraîner. […] Étant donné le diapason muet, on tend et on lâche subitement ses petites lames, ce qui leur rend leur vibration ; aussitôt, le son recommence. […] Mais, puisqu’un ciel clair n’est que l’absence des nuages, et que les nuages, comme tous les corps entre lesquels et un objet donné il n’y a rien qu’un fluide élastique, ont cette propriété connue, qu’ils tendent à élever ou à maintenir la température de la surface de l’objet en rayonnant vers lui de la chaleur, nous voyons à l’instant que la retraite des nuages refroidira la surface. […] C’est pourquoi, tant que cette exclusion sera maintenue, le repos primitif se maintiendra, et le corps en repos, comme le corps animé d’un mouvement uniforme et rectiligne, si bref que soit leur état initial, tendront à persévérer indéfiniment dans cet état. […] Pour le montrer, il faut et il suffit que l’expérience intervienne ; en effet, dans beaucoup de cas, en astronomie, en optique, en acoustique, elle constate que certaines choses existantes présentent les caractères requis, ou du moins tendent à les présenter, et les présenteraient si l’on pouvait pratiquer sur elles les éliminations convenables.
Il est sensuel et triste ; il est tendre et désabusé, il est violent et délicat, et il donne à ses personnages une âme vivante et des paroles qui vont au cœur et le déchirent. […] Ce sont les mots expressifs, qui résument notre sentiment, la terminaison de nos vers, le point vers lequel tend notre pensée. […] » dit la femme, lorsqu’après avoir entendu sa confession son mari lui tend la main et veut la reprendre. […] Et c’étaient des sons coquets et tendres, extatiques, malicieux et mourants et d’une langueur si ravie qu’on éprouvait aux oreilles le chatouillement d’un mystérieux attouchement. […] Et il lui tendit le livre de Jules Tellier, Nos Poètes, qui contient quelques fragments de l’œuvre de Verlaine.
M. de Mercey tend la main à de Woëll qui prend cette main et la serre !! […] Aujourd’hui ce n’est pas la rime seulement, c’est le vers tout entier qu’on se tend par-dessus la ligne de craie. […] On aurait désiré plus de scènes tendres entre Laodice et son amant. […] Y a-t-il un pas, un geste de Nicomède qui ne tende à la possession de sa chère Laodice ? […] En même temps, il me tendit le manuscrit.
Il a eu des réactions un peu laides d’envie, de haine rentrée et recuite qui le vengeaient du demi-empêchement de sa Muse et de certaines disgrâces de la nature que l’on devine, en lisant Volupté, particulièrement cruelles à un sensuel comme lui, rêvant pour son front la couronne dos belles et tendres amours. […] Mais, revenu sur les lieux, il s’apaisa et tendit à Jean-Jacques une main amie. […] Il tend à n’accorder d’intérêt pour le poète, d’intérêt pour l’expression artistique qu’aux états psychiques individuels, de préférence inconscients, et à leurs fugaces nuances. […] Tout au contraire : il n’y a pas de musicien qui ait trouvé aux plus tendres sentiments de l’âme une traduction plus saisissante à la fois et plus nuancée. […] En outre, la reconnaissance pour les sacrifices que ses tendres et admirables parents faisaient pour lui, l’en eût défendu.
Au total toutes les voies suivies par la conscience humaine vers la conscience universelle tendent au même but : la transformation de l’espèce en mieux. […] C’est une âme impérieuse, que sa propre volonté tend comme un arc vers la domination. […] La volonté de voir doit seule tendre les forces de ton être… D’ailleurs tu n’as rien à craindre pourvu que tu restes à côté de moi. […] Remarques-tu comme parmi le vert tendre de leurs feuilles, elles dessinent d’élégantes arabesques ? […] MAÎTRE PHANTASM, les bras tendus.
Cela fait, la guerre cesse, les combattants s’apaisent, et les vainqueurs sont les premiers à tendre la main aux morts illustres. […] J’aime ces soins affectueux et ces tendres hommages rendus aux morts chéris. […] S’il est des ouvrages dont la charpente est moins forte que le revêtement, ce sont précisément ceux qui cherchent le point d’appui périlleux du sentiment tendre et du rêve enthousiaste. […] Sa griffe devenait paternelle, son œil de feu s’attendrissait, et, après avoir jeté au dehors le trop plein de son esprit, il vous laissait voir enfin un cœur tendre, sensible, plein de dévouement et de générosité. […] M. de Latouche avait déjà, de longue date, un fonds de chagrin qui tendait à l’amertume.
Des le commencement, il inventa l’art fabrile, et agriculture, pour cultiver la terre, tendent a fin qu’elle luy produisist grain. […] On ne peut se regarder sans apercevoir l’humanité ; on ne peut pré tendre juger toute l’humanité d’après soi. […] Il parle de nous lier à Dieu, et tout le travail de son œuvre ne tend qu’à nous en délier. […] L’esprit humain poursuit le même but, mais il y tend par une voie différente. […] C’est, une âme délicate et généreuse plus que tendre et sentimentale.
Quelque inexprimables que soient ses sujets, qu’il erre en plein ciel ou eu pleine nuit, ou qu’il écoute les paroles de la bouche d’ombre, il tend toujours à se rapprocher de la forme matérielle, à expliquer l’invisible par ce qu’on peut voir et l’intangible par ce qu’on peut toucher. […] Un jour, arrive un jeune lieutenant au cœur tendre, qui, touché par ses malheurs, entreprend de la guérir. […] La description des grands boulevards, par exemple, est toute factice, emphatique, cérébrale : « Là, c’est le peuple suprême, c’est la métropole de la métropole, le royaume ouvert et perpétuel de Paris auquel tout aspire et tend. […] Dès l’instant où il entre dans la vie publique, Cavour est absorbé tout entier par elle ; sa volonté se tend dans un effort unique, il n’a plus d’autre préoccupation que son œuvre, il laisse en quelque sorte sa personnalité disparaître dans son action. […] Du reste, la littérature, les arts, les sciences morales, auxquelles ils parurent un moment s’adonner avec ardeur, n’étaient guère pour eux que des dérivatifs ils demeuraient tendus vers la politique, occupant comme ils pouvaient leurs facultés et leurs forces, mais guettant le moindre symptôme de réveil national pour se jeter dans la mêlée.
Il a fait Hamlet beau, populaire, généreux, affectueux, tendre même. […] Ce caractère est vraiment une concession que le poète a faite à son âme naturellement grande et tendre. […] Célie, sa rivale, se prend tout à coup d’une tendre passion pour le page prétendu, et don Félix ne reçoit plus de réponses favorables de sa belle que quand Félismena est son messager. […] — Le More charmé jeta ses bras autour du cou de sa femme, et avec un tendre baiser lui dit : Que Dieu nous conserve longtemps, ma chère, avec un tel amour ! […] Célie, plus silencieuse et plus tendre, forme avec elle un heureux contraste.
Il n’a pas eu à lui tendre de piège ; l’innocente est venue comme d’elle-même, mais telle elle ne s’en est point retournée. […] Mistriss Henley, personne romanesque et tendre, épouse un mari parfait, mais froid, sensé, sans passion, un Grandisson insupportable, lequel, sans s’en douter et à force de riens, la laisse mourir. […] Faites, faites en vue d’autrui, et indépendamment de cet arrangement décent envers vous-même, de cette satisfaction morale, de cette propreté sans tache qu’il est beau de garder, mais qui n’est pas l’unique but ; tendez, tendez votre main à celui qui tombe, même quand vous la sentiriez moins blanche à offrir.
Nous pensâmes que non… Nous crûmes qu’il fallait admirer et détester l’auteur de Lohengrin, cesser d’être son ami sans cesser d’être son apôtre, et se borner à ne plus lui tendre les mains qui l’applaudissaient… » Ainsi parlait M. […] Nous devons tendre la joue, non pour souffrir, mais parce que le mal est inévitable, et nos efforts vains, si nous ne devenons indifférents à la violence. […] Alberich caresse familier Flosshilde, qui le repousse avec douceur, puis tendre le tire vers soi. […] Il s’apprête, par un effort désespéré, à la chasse ; il grimpe rocher après rocher, courant, ci après une ; ça après une autre des Filles qui, avec des rires moqueurs, toujours lui échappent… Il trébuche, tombe, se relève et remonte plusieurs fois, jusque ce qu’en fin patience le laisse ; de fureur écumant, essoufflé, il s’arrête, et tend son poing vers les Filles.
nous l’avons aimé, nous l’avons estimé, nous l’avons chéri comme un père et comme le plus tendre des amis. […] Les chansons de Béranger ont un but ; elles visent aux passions d’un parti, au cœur d’un peuple, au trône des rois ; le regard tendu de l’archer roidit la main, la flèche vole plus haut, mais elle vole moins leste ; les chansons de Béranger sentent un peu la lampe et l’huile de ses veilles, au lieu de sentir le raisin de la vendange et la mousse du banquet. […] De sa véritable mère il ne m’a jamais parlé, soit qu’elle fût morte avant qu’il ait pu la connaître, soit que cette femme, ainsi que l’insinue Alexandre Dumas dans sa remarquable confidence au public sur Béranger, n’ait pas laissé à son enfant devenu homme l’image d’une assez tendre mère. […] Une seule personne vivante pourrait les rectifier : c’est la vénérable sœur de Béranger, religieuse dans un couvent de Paris ; femme de prières dont l’homme de chansons aimait à parler avec respect et avec de tendres réminiscences.
— Quelques observations faites sur les animaux domestiques tendent encore à prouver que les variations de l’instinct à l’état de nature sont héréditaires. […] Au lieu de cela, elles se limitent réciproquement, et, partout où elles tendent à interférer, elles sont séparées les unes des autres par des cloisons de cire parfaitement planes. […] On comprend donc qu’aussitôt que les cellules d’une espèce ont commencé à affecter une forme régulière, elles ont dû tendre assez vite à devenir de plus en plus régulières et d’autant plus que le plan général de construction était plus compliqué et plus parfait. […] On sait, en effet, que le développement du cerveau est généralement en raison inverse de la faculté procréatrice, c’est-à-dire du nombre des petits qui naissent à chaque portée, ou plus généralement de la raison géométrique selon laquelle l’espèce tend à se multiplier.
Des larmes assez pures, assez saintes, mouillent-elles ce tendre souvenir ? […] Beaucoup de personnes peut-être n’ont vu dans ce morceau que des vers durement brisés ; pourquoi n’y pas voir surtout cette âme brisée par le combat, et dans le même homme le fils tendre demandant grâce au chrétien fervent pour un père illustre et infortuné ? […] Il faut le dire : la majesté de Bossuet ne disparaît pas à côté de celle de Saint-Cyran, mais c’est une autre majesté ; et plus vous tendez vers le fond, vers la base, plus Bossuet décroît, plus Saint-Cyran augmente. […] C’est ainsi qu’il attache l’intérêt le plus solennel et presque le plus tendre à la personne de Jésus-Christ et à son ministère de douleurs. […] Les affections terrestres les plus pures et les plus tendres ne peuvent suppléer l’harmonie active et sentie de l’âme avec son auteur.
Mme Dacier nous a peint son père, bel homme, quoique d’une taille peu dégagée, blond, avec des yeux d’un bleu remarquable ; extrêmement bon, mais un peu brusque ; vif, plein de feu dans le moment, sans rancune, et bien qu’ayant rompu presque tout commerce avec le monde, toujours ouvert et tendre à l’amitié : Quoiqu’il fût, dit-elle, dans un des plus beaux pays du royaume, où l’on peut se promener le plus agréablement, il ne se promenait presque jamais ; son étude, ses enfants et un jardin, où il avait toutes sortes de belles fleurs qu’il prenait plaisir à cultiver lui-même, étaient son divertissement ordinaire. […] Les amis de son père n’eurent rien de plus pressé que de la servir ; elle vint habiter à Paris l’année qui suivit sa mort, et le docte Huet, sous-précepteur du Dauphin, lui donna une part et une tâche à remplir dans les éditions d’anciens auteurs qui se faisaient ad usum Delphini : Si je m’en souviens bien, dit Bayle, Mlle Le Fèvre surpassa tous les autres en diligence et gagna le pas à je ne sais combien d’hommes qui tendaient au même but.
douce, simple, m’aimant uniquement, crédule sur ma conduite qui était un peu irrégulière, mais dont la crédulité était aidée par le soin extrême que je prenais à l’entretenir, et par l’amitié tendre et véritable que je lui portais. » Mme Du Deffand est très bien traitée dans ces Mémoires, et s’y montre presque sans ombre, sous ses premières et charmantes couleurs ; mais la personne évidemment que le président a le plus aimée est Mme de Castelmoron, « qui a été pendant quarante ans, dit-il, l’objet principal de sa vie. » La page qui lui est consacrée est dictée par le cœur ; il y règne un ton d’affection profonde, et même d’affection pure : « Tout est fini pour moi, écrit le vieillard après nous avoir fait assister à la mort de cette amie ; il ne me reste plus qu’à mourir. » On raconte que dans les derniers instants de la vie du président et lorsqu’il n’avait plus bien sa tête, Mme Du Deffand, qui était dans sa chambre avec quelques amis, lui demanda, pour le tirer de son assoupissement, s’il se souvenait de Mme de Castelmoron : Ce nom réveilla le président, qui répondit qu’il se la rappelait fort bien. […] Ceux qui voudront ajouter foi à un récit qui fut sans doute inventé ou tout au moins brodé par la malignité, pourront y trouver une confirmation dans ces Mémoires, par la manière tout exaltée et tendre dont il est parlé de Mme de Castelmoron : cependant ils n’y trouveront que bien peu de chose sur les défauts de Mme Du Deffand qui sont l’autre moitié de la scène.
Parmi ses neveux, il en avait un qu’il aimait, qu’il admirait presque en un âge encore tendre, et qu’il s’était accoutumé à considérer comme son propre enfant : c’était un prince Henri aussi, le second fils de ce prince Guillaume qu’on a vu mourir après sa disgrâce. […] Il faut tendre au grand.
» La consolation véritable de Mme de Créqui eût été dans sa famille, si elle avait pu conserver plus longtemps son oncle le bailli de Froullay, auquel elle fut attachée comme la fille la plus tendre : elle connut avec lui tout ce qu’il y a de pur et de doux dans l’amitié la plus constante, la plus dévouée. […] Je ne vous crois pas l’âme assez tendre pour être dévote avec extase, et vous devez vous ennuyer durant l’oraison.
Souvenez-vous de l’amitié tendre que vous avez eue pour moi ; au nom de cette amitié, informez-moi par un mot de votre main de ce qui se passe, ou parlez à l’homme que je vous envoie, en qui vous pouvez prendre une entière confiance. […] Du Bois Reymond me fait l’honneur de m’écrire à ce sujet, dans une lettre du 11 avril 1868 : « Je crois que les travaux scientifiques auxquels Voltaire s’est livré avec tant d’ardeur pendant son séjour à Cirey, ont fait plus que lui fournir seulement le sujet de quelques beaux vers ; qu’ils ont eu sur son esprit une influence marquée et que c’est à eux, ou, si l’on aime mieux, à la tournure d’esprit qui seule l’en rendait capable, mais que par contre-coup ils tendaient à développer, qu’on doit rapporter ce positivisme qui forme le trait caractérislique de Voltaire.
Cuvillier-Fleury, ancien adversaire orléaniste, il s’est laissé aller au-delà du juste depuis le rapprochement qui s’est opéré entre eux, ce qui a fait dire à quelqu’un : « Cuvillier-Fleury et Pontmartin sont deux politiques sous forme littéraire, qui, même quand ils ont l’air de se faire des chicanes, se font des avances et des minauderies, et qui tendent sans cesse à la fusion sans y arriver jamais. » Tous deux hommes d’ancien régime, c’est à qui désormais rivalisera de courtoisie avec l’autre, pour montrer qu’il n’est pas en reste et qu’il sait vivre. […] Cette jeune enfant de dix à onze ains, amenée un matin au pensionnat par une mère belle, superbe, au front de génie et à la démarche orageuse ; le peu d’empressement de la maîtresse de pension à la recevoir, la froide réserve de celle-ci envers la mère, son changement de ton et de sentiment quand elle a jeté les yeux sur le front candide de la jeune enfant, les conditions qu’elle impose ; puis les premières années de pension de la jeune fille, ses tendres amitiés avec ses compagnes, toujours commencées vivement, mais bientôt refroidies et abandonnées sans qu’il y ait de sa faute et sans qu’elle se rende compte du mystère ; l’amitié plus durable avec une seule plus âgée qu’elle et qui a dans le caractère et dans l’esprit plus d’indépendance que les autres ; tout cela est bien touché, pas trop appuyé, d’une grande finesse d’analyse.
Elle avait entouré la fin du prince des soins les plus constants et les plus tendres. […] « Il y avait entre elle et lui la plus tendre amitié !
Le sens moral et tendre de la danse exécutée par la danseuse arabe est interprété avec grâce, avec chasteté et mesure. […] D’ailleurs, l’éclat du ciel s’adoucit par des bleus si tendres, la couleur de ces vastes plateaux, couverts d’un petit foin déjà flétri, est si molle, l’ombre elle-même de tout ce qui fait ombre se noie de tant de reflets, que la vue n’éprouve aucune violence, et qu’il faut presque la réflexion pour comprendre à quel point cette lumière est intense… Elle se retire insensiblement devant la nuit qui s’approche, sans avoir été précédée d’aucune ombre.
C’est le sublime du tendre. […] Les écuyers et un berger qui accompagnent Rodrigue n’osent approcher de ce malheureux : Rodrigue seul va droit à l’affligé, le retire, lui baise même la main avec charité, le couvre de son manteau, le fait manger au même plat que lui, le fait boire à son flacon, le fait dormir près de lui sous sa garde, et attire ainsi sur sa tête les bénédictions les plus tendres de ce malheureux qui le proclame le plus humain et le plus pieux des chevaliers, et le salue du nom de bon Rodrigue, un nom qui vaut bien celui de Cid ou Seigneur que lui ont donné les Maures soumis.
Non, cette folie n’est pas du nombre des miennes ; si nous gardons nos barbouillages, c’est pour nous faire rire quand nous n’aurons plus de dents. » Et encore, au moment des confidences les plus tendres et les plus secrètes d’un cœur qui se croit pris : « Décachète la lettre, fais-en lecture, songe à mes tourments, aux siens… et vois si tu dois l’envoyer. […] » Ce mot de rompre est bien dur : mais pourquoi donc, ô jeune fille, votre amitié semble-t-elle s’exalter en ces moments mêmes où vous avez quelque aveu plus tendre à confier ?
Quand le despotisme existe, il faut consoler les esclaves, en flétrissant à leurs yeux le sort de tous les hommes ; mais l’exaltation nécessaire à la liberté républicaine doit inspirer de l’éloignement pour tout ce qui peut tendre à dégrader la nature humaine. […] Toutes les affections des hommes pensants tendent vers un but raisonnable.
Mais dans les fables, où les pensées sérieuses et gaies, tendres et plaisantes, se mêlent à chaque instant, nous voulons des vers de mesures différentes et des rimes croisées. […] L’âme de l’auditeur se tend par contre-coup jusqu’à la hauteur de sa véhémence et de son énergie, et devient lyrique avec lui.
Il y avait antagonisme natif entre ce dieu d’équilibre et d’ordre, dont les violences même tendaient à une règle, et les puissances litaniques, habituées à l’anarchie du Chaos. […] Il tendit son arc formidable, et il transperça l’aigle au vol, au moment où il s’abattait sur sa proie.
On entend un langage ému, on retrouve des sentiments délicats et tendres. […] La pièce se ressent de sa triste influence ; elle se met au ton de ce dur railleur ; les sentiments tendres n’osent guère s’y montrer.
Thiers, il me semble qu’il entrait essentiellement dans le génie et le caractère de l’homme quelque chose de gigantesque, qui, en chaque circonstance, tendait presque aussitôt à sortir et qui devait tôt ou tard amener la catastrophe. […] Du Tacite continuel, et surtout du Tacite imité, serait tendu et bien fatigant.
Ne lui témoignez ni mépris ni aigreur ; j’aime mieux me charger de toute sa haine, malgré l’amitié tendre et la vénération que j’ai pour lui, que de l’exposer à la moindre tentation de vous manquer. […] Racine, le tendre et autrefois amoureux Racine, parle de la Champmeslé, en apprenant sa mort, comme d’une pauvre malheureuse, et d’un ton que l’austère dévotion même n’eût jamais permis depuis à l’honnête homme du monde.
Malgré sa tendre amitié pour d’Alembert, amitié qui fut sans doute un peu plus à l’origine, on peut dire que Mlle de Lespinasse n’aima que deux fois dans sa vie : elle aima M. de Mora et M. de Guibert. […] Mon âme n’avait pas besoin d’aimer ; elle était remplie d’un sentiment tendre, profond, partagé, répondu, mais douloureux cependant ; et c’est ce mouvement qui m’a approchée de vous : vous ne deviez que me plaire, et vous m’avez touchée ; en me consolant, vous m’avez attachée à vous… Elle a beau maudire ce sentiment violent qui s’est mis à la place d’un sentiment plus égal et plus doux, elle a l’âme si prise et si ardente, qu’elle ne peut s’empêcher d’en être transportée comme d’ivresse : « Je vis, j’existe si fort, qu’il y a des moments où je me surprends à aimer à la folie jusqu’à mon malheur. » Tant que M. de Guibert est absent, elle se contient un peu, si on peut appeler cela se contenir.
Vers ce temps (1647), le roi tomba malade de la petite vérole ; sa mère en conçut les plus vives inquiétudes ; il lui en témoignait une tendre et touchante reconnaissance : Dans cette maladie, le roi parut à ceux qui l’approchaient un prince tout à fait porté à la douceur et à la bonté. […] Il tend à élever le cœur de son fils, et non à l’enfler, dit-il : « Si je puis vous expliquer ma pensée, il me semble que nous devons être en même temps humbles pour nous-mêmes, et fiers pour la place que nous occupons. » Quelques-unes de ces pages premières annoncent des dispositions d’esprit plus étendues et plus variées qu’il n’a su les tenir55.
L’art est la création en nos cœurs d’une puissante vie sans acte et sans douleur ; le beau est le caractère subjectif, déterminant choix, par lequel, pour une personne donnée, les représentations sont ainsi innocentes et exaltantes ; l’art et le beau deviendraient donc des mots vides de sens si l’homme était pleinement heureux et pouvait se passer de l’illusion du bonheur, comme on cesserait alors d’y tendre douloureusement, vainement, par la religion, la morale et la science. […] Le suggestif est éminemment subjectif, et pour l’auteur et pour ses fervents ; le descriptif tend à être objectif ; le symbolique est objectif.