[Les Poètes vivants (1847).] […] Eh bien, quand elle s’y couchera le cœur tout entier, nous aurons un Canova de la poésie… [Les Œuvres et les Hommes : les Poètes (1862).]
Le savant initié et hardi poète Jules Bois a ressuscité le théâtre d’Hermès, mais en s’appuyant sur l’Évangile de […] Maurice Le Blond Si j’affectionne en lui le romancier et le thaumaturge, je suis loin d’avoir la même dévotion pour le poète.
C’est un poète véritable. [L’Année des poètes (1899).]
Esprit précieux, contourné, alambiqué parfois, mais toujours singulier et troublant, ce poète, épris d’un amour désordonné des mots, est à coup sûr l’un des plus étourdissants coloristes que je connaisse ! […] Théodore Hannon, un poète de talent.
Charles Morice Si ce poète n’a pas de sensualité, peut-être, sans doute il ne manque ni d’intelligence, ni d’imagination. […] Il faut aussi qu’il se défie des poèmes traditionnels à forme fixe, dont l’on ne peut user qu’avec une souplesse de doigté, une virtuosité vaine que je suis heureux pour ma part de lui pouvoir dénier, car les poètes, aujourd’hui, ont mieux à faire que s’attarder à pareilles bagatelles.
Arsène Houssaye La poésie ne périra pas, faute de poètes. […] Albert Lantoine appartient à ce clan tout nouveau de poètes dont l’écriture-prose rivalise d’orfèvrerie nette avec l’écriture-vers en des pièces d’une fort jolie hardiesse… C’est de l’art rare, de l’art exquis, de l’art qu’on ne soulève pas à la pelle.
-Albert Aurier Charles Morice est un merveilleux poète et très conscient et très épris de son art. […] Émile Zola Il y a bientôt dix ans que des amis disaient : « Le plus grand poète de ces temps-ci, c’est Charles Morice !
Quoique la plupart des Pieces que ce jeune Poëte a publiées sous le titre trop peu modeste de Bibliotheque des Amans, ne roulent que sur des sujets d’amour ou de galanterie, elles ne laissent pas de se faire lire avec une sorte d’intérêt, par l’adresse qu’il a eue d’en varier les peintures & les cadres, & de répandre beaucoup de naturel, de grace & de délicatesse dans ses expressions. […] Pour donner au Lecteur une idée du talent de ce jeune Poëte, nous croyons devoir transcrire ici une des petites Pieces de son Recueil.
Les poètes sont de grands épicuriens. […] Il savait le russe et traduisait le poète Pouchkine en 1849. […] Il voulut voir, dans l’île de Wight, la propriété du poète Tennyson. […] pensa-t-il, heureux pays où les poètes peuvent vivre, que dis-je ? […] Mais le poète n’a pas peur des revenants de la mer.
L’auteur nous y entr’ouvre le cœur douloureux du vieux poète. […] Le poète normand n’est point, en cela, une exception. […] Le poète n’y sourit que par pudeur. […] Bref, une mêlée de poètes « lyriques » des deux sexes. […] Un autre poète avait dit avant M.
Baour-Lormian est un de nos meilleurs versificateurs ; son style n’est cependant remarquable par aucun de ces efforts, aucune de ces tentatives qu’on observe dans celui de la plupart de nos poètes à la mode, tout est naturel et simple dans les vers de M. de Lormian… Le fond sur lequel roulent ces Veillées est bien triste et bien sombre : il ne peut plaire qu’aux âmes sensibles et mélancoliques qui aiment à entendre les Muses soupirer des plaintes sublimes et moduler de tendres regrets ; elles y trouveront, dans de beaux vers, l’expression la plus parfaite des sentiments dont elles se nourrissent, et chériront le poète aimable dont les chants mélodieux s’accordent si bien avec cette voix secrète de douleur qui retentit toujours au-dedans d’elles-mêmes.
Victor Hugo Heureux pour lui-même le poète qui, né avec le goût des choses fraîches et douces, aura su isoler son âme de toutes les impressions douloureuses ; et, dans cette atmosphère flamboyante et sombre qui rougit l’horizon longtemps encore après une révolution, aura conservé rayonnant et pur son petit monde de fleurs, de rosée et de soleil ! […] Charles Asselineau Charles Dovalle n’est point une des étoiles radieuses de la poésie moderne, c’est plutôt une nébuleuse au reflet doux qui se mêle, sans s’y confondre, à la trace lactée des poètes de la première phase de notre renaissance poétique.
François Coppée Chez le vrai poète, on trouve, harmonieusement fondues, l’imagination de l’homme, la sensibilité de la femme et la candeur de l’enfant. […] Paul Souchon Poète, Paul Guigou appartiendrait à ce mouvement assez marqué qui sert de transition entre le Parnasse et le Symbolisme.
Quellien, poète breton, d’une verve si originale, le seul homme de notre temps chez lequel j’aie trouvé la faculté de créer des mythes. […] Gabriel Vicaire a si justement nommé « l’excellent poète breton », Narcisse Quellien, se rattache à ce groupe si délicieusement provincial des Le Braz, des Le Mouël et des Le Goffic.
En s’attachant à la maniere de ce Poëte original, il auroit dû éviter sa trop grande liberté de penser, ou du moins conserver la decence de son style, & ses Poésies n’en seroient que plus agréables. […] Il ne manque en effet à ce Poëte ingénieux & facile qu’un peu plus de sentiment, pour être un modele de Poésie légere.
COMMIRE, [Jean] Jésuite, né à Amboise, petite ville de Touraine, en 1625, mort à Paris en 1702 ; Poëte latin qu’on peut placer parmi les Modernes, entre Santeuil & la Rue. […] Ses autres Poésies consistent dans les Epigrammes, dans les vers à la louange de quelques hommes illustres de son temps, où l’on apperçoit toujours l’ame honnête, l’homme d’esprit, & le Poëte agréable.
C’est presque par centaines que se comptent les tragédies des trois poètes qui, tour à tour, régnèrent sur la scène. […] Ces trois grands poètes sont, à leur façon, fils de Salamine. […] Le poète avait combattu les combats qu’il chante, il y avait brandi la lance et versé son sang. […] Le poète va remplir, à Suse, le casque de Pallas des larmes brûlantes du vaincu ; il le rapporte au vainqueur et le lui fait boire à longs traits. […] Pour moi, l’intention du poète est visible.
En accroissant leur nombre, le poète multipliait leur terreur. […] En s’exposant pour le défendre, le poète faisait acte de grand citoyen. […] Accusons-en le préjugé de l’époque, plutôt que le sentiment du poète. […] Il a détruit la masse de son œuvre, et de longs siècles se sont passés avant qu’il ait justifié la confiance superbe que le poète avait mise en lui. […] L’esprit grec, amolli par l’élégance et la sophistique, n’était plus au ton violent du vieux poète.
La Fontaine, comme tout poète, est le plus contradictoire des hommes, et, à d’autres moments, il semble bien qu’il ait regretté le temps du mariage : Le nœud d’hymen veut être respecté, Veut de la foi, veut de l’honnêteté. […] Les poètes ! […] C’est ainsi toujours avec les poètes… Ayant, non d’une façon définitive, laissé sa femme et Château-Thierry, La Fontaine vint à Paris, évidemment pour deux raisons : d’abord, il se voyait sur le penchant de la ruine. […] Il y avait là Pellisson bien entendu ; c’était le grand ami de Fouquet ; — il y avait le spirituel et bouffon Bois-Robert, il y avait Brébeuf, le très grand poète Brébeuf, le plus grand poète élégiaque, à mon avis, du dix-septième siècle, et le plus grand poète lyrique du dix-septième siècle après Malherbe ; il y avait Corneille, qui, précisément, à cette époque-là, après avoir boudé le théâtre pendant une très longue période de sa vie, y revenait, appelé par Fouquet lui-même, et écrivait l’Œdipe, qui eut un très grand succès. […] Maxime de poète, mais maxime que, en cette circonstance, on ne peut pas incriminer.
Horace lui avait montré dans le bon sens, qui n’est en somme que le sens précis de la réalité, la qualité maîtresse du poète dramatique : mais surtout il lui avait fait concevoir quel art délicat, assortissant toutes les pièces d’une tragédie, donne à l’ouvrage une perfection charmante, dont l’agrément est infini. […] Car les poètes anciens sont bien en effet avant tout des naturalistes inconscients, qui, dans leurs plus libres créations, ne s’emportent jamais hors de la nature, et ce sont non moins essentiellement des artistes scrupuleux dont l’art n’est jamais vulgaire ni la facture lâchée. […] Fénelon n’était pas tout à fait juste : il ne voyait pas que nos grands poètes, avec notre grand critique, sortaient précisément de leur siècle et s’élevaient au-dessus de lui par le caractère nettement naturaliste et artistique de leurs œuvres et de leur doctrine. […] « Il y a dix fois plus d’invention dans Cyrus que dans l’Iliade. » Horace, les lyriques, la tragédie avec ses absurdes chœurs recevaient leur compte en passant : mais de Pindare surtout, il ne subsistait rien ; il n’y avait rien de plus ridicule que cet inintelligible poète, sinon ses forcenés adorateurs. […] Il s’épuisa à défendre ici une épithète, et là, une hyperbole, et surtout à laver ces deux sublimes poètes du reproche d’avoir employé des termes bas.
Je ne sais si Frédéric ne se fût pas dédit, au cas qu’un malin génie l’eût pris au mot et qu’il lui eût fallu opter tout de bon entre la guerre de Sept Ans et Athalie, ou plutôt je suis bien sûr que le roi, en définitive, l’eût emporté : mais le cœur du poète aurait saigné au-dedans de lui, et il nous suffit, pour le qualifier comme nous faisons, qu’il eût pu hésiter un seul instant. […] Frédéric ne trouve rien de plus gracieux que d’envoyer en présent à Voltaire un buste de Socrate, le sage patient par excellence ; ce qui aurait pu paraître une épigramme, si alors il avait mieux connu son poète. […] Frédéric jugeait bien encore des moralistes et philosophes anciens, ou même des poètes philosophes en qui la pensée domine, tels que Lucrèce : « Lorsque je suis affligé, disait-il, je lis le troisième livre de Lucrèce, et cela me soulage. » Pourtant, même dans ce qui faisait l’objet de ses lectures familières, il y regardait si peu de près quant à l’érudition, qu’il lui est arrivé de ranger par mégarde Épictète et Marc Aurèle au nombre des auteurs latins. […] Mais quand Frédéric admirait dans Voltaire le grand poète par excellence, quand il voyait dans La Henriade le nec plus ultra des épopées, et qu’il la mettait bien au-dessus des Iliade et des Énéide, il prouvait seulement son manque d’idéal, et à quel point il avait borné de ce côté ses horizons. […] Il se plaît à louer, à encourager en lui le défenseur de l’humanité, de la tolérance, celui qui défriche et repeuple la terre presque déserte de Ferney, comme lui-même il a peuplé les sables du Brandebourg ; en un mot, il reconnaît et il embrasse dans le grand poète pratique son collaborateur en œuvre sociale et en civilisation.
Destiné à être un critique et un professeur de littérature, il aspirait à être poète. […] La Harpe en usa trop ; il eut trop affaire aux chenilles de la littérature, et il n’en devint pas plus rossignol pour cela, ni plus poète. […] Il engagea une guerre ou plutôt mille petites guerres avec la foule des amours propres des auteurs du temps, se posant comme leur juge et comme leur fléau ; et à la fois il aspira à l’honneur d’un restaurateur du goût et d’un modèle dans ses œuvres et ses productions de poète. […] Poète, La Harpe mérite peu qu’on le suive et qu’on l’étudie. […] Il n’eut que le temps d’écrire une première lettre où se trahit une émotion violente ; il s’excuse, il se justifie ; il a parlé de Voltaire, dit-il, comme il eût parlé d’un classique, d’un ancien ; il a parlé de Zulime comme il eût fait de l’Othon de Corneille, sans prétendre rabaisser le génie du poète lui-même.
… « Ô père de famille, ô poète, je t’aime ! […] Mais cela, monsieur le réaliste, est une idée de poète, de misérable poète. […] Vanina est trompée par son amant, le poète Renato. […] Mais n’en sois pas trop réjoui, poète. […] Cela est d’un vrai poète — et d’un excellent écrivain.
Gigleux ait subi l’influence de ces deux maîtres, et je ne vois point qu’il y ait à l’en blâmer, car le charme de Musset allié à la vigueur nerveuse du poète des Trophées ne peut manquer de donner un résultat qui fasse honneur aux lettres françaises. […] Gigleux est un poète qui a déjà produit MM.
Sainte-Beuve Un poète que j’apprécie infiniment et dont l’élévation est le caractère, M. […] Théophile Gautier La nature des tropiques souvent décrite, rarement chantée, revit dans ces paysages, presque tous empruntés à l’Île Bourbon, l’Île natale du poète, l’une des plus belles des mers de l’Inde.
La chair et l’âme se font entendre à la fois dans son livre très personnel et où le poète s’est mis lui-même tout entier sans arrière-pensée, avec la sincérité de sa jeunesse. […] [Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Les Poètes français, recueil publié par Eugène Crépet (1861-1863).] Édouard Fournier Quand parurent dans les recueils, dans les keepsakes de 1827 à 1829, des vers d’une fort belle allure et d’un grand sentiment, signés Jean Polonius , le monde des poètes fut assez vivement surpris.
Ruijters n’a point l’étourderie, la pétulance et le rire de ses années ; son idyllisme n’est point emprunté ou appris par cœur, le poète est bel et bien amoureux et ce qu’il écrit, il a dû vivement l’éprouver. […] Maurice Le Blond Un des efforts, le plus estimable à mon avis, chez ce poète, est celui de mettre toujours au diapason du paysage la gamme de ses sentiments.
HABERT, [François] né à Issoudun en Berri, Poëte qui vivoit sous François I & sous Henri II. […] Il fut pere d’un autre Poëte connu sous le nom d’Isaac Habert, dont les Production sont aussi inconnues que les siennes.
Le public ne fait jamais beaucoup de cas des ouvrages d’un poëte qui n’a pour tout talent que celui de réussir dans la mécanique de son art. […] D’ailleurs il n’est point d’imitation de la nature dans les compositions du simple versificateur, ou du moins, comme je l’exposerai plus au long dans la suite de cet ouvrage, il est bien difficile que des vers françois imitent assez-bien dans la prononciation le bruit que le sens de ces vers décrit, pour donner beaucoup de réputation au poëte qui ne sçauroit pas faire autre chose.
De la cosmographie poétique Les poètes théologiens, ayant pris pour principes de leur physique les êtres divinisés par leur imagination, se firent une cosmographie en harmonie avec cette physique. […] Le mot contemplation, appliqué à ces choses, fut tiré par les Latins de ces espaces du ciel désignés par les augures pour y observer les présages, et appelés templa cœli. — Le ciel ne fut pas d’abord plus haut pour les poètes, que le sommet des montagnes ; ainsi les enfants s’imaginent que les montagnes sont les colonnes qui soutiennent la voûte du ciel, et les Arabes admettent ce principe de cosmographie dans leur Coran ; de ces colonnes, il resta les deux colonnes d’Hercule, qui remplacèrent Atlas fatigué de porter le ciel sur ses épaules.
L’erreur de croire que les italiens fussent les restaurateurs de la musique en Europe, a jetté le poëte, dont je parle, dans une autre erreur, c’est de faire un italien de Roland Lassé, un des musiciens des Païs-Bas, loüé par Guichardin. Ce poëte le cite donc sous le nom d’Orlando Lasso, et il nous dit qu’il fut un des premiers réparateurs de la musique. […] Ce que l’art du musicien ajoûte à l’art du poëte supplée en quelque façon à la vrai-semblance, laquelle manque dans ce spectacle.
Aristote parle même d’un poëte qui ne composoit jamais mieux, que lorsque sa fureur poëtique alloit jusques à la phrenesie. […] Mais la fermentation du sang la plus heureuse ne produira que des chimeres bizarres dans un cerveau composé d’organes, ou vicieux ou mal disposez, et par consequent incapables de représenter au poëte la nature, telle qu’elle paroît aux autres hommes. […] Voilà pourquoi on dit que l’homme d’esprit peut bien faire un couplet ; mais qu’il faut être poëte pour en faire trois.
Seulement, comme il n’est point un dessinateur, ni un poète, ni un romancier, mais qu’il est un philosophe sociologue, le personnage qu’il nous présente diffère de Joseph Prudhomme, du « philistin » des romantiques, et de Homais ; il nous fait voir le fonctionnaire français, ou l’administré français, tout domestiqué par « l’esprit fonctionnaire », mais à des traits certains nous reconnaissons dans le type qu’il nous détaille un frère des grandes caricatures romantiques. […] Taine, qui vit dans un petit milieu d’artistes, de penseurs, d’intellectuels, éprouve, à chaque fois qu’il se trouve en contact avec le « philistin », ce même mouvement d’horreur que ressentirent les Gautier et tous les poètes romantiques, les G. […] Le poète romantique, la jeune femme romanesque, M.
Il y est allé au théâtre, au cirque, sur la place publique, dans les tavernes et les bains, et s’est mêlé à l’existence familière des patriciens, des poètes, des comédiens, des esclaves, des rhéteurs et des courtisanes. […] Et c’est ainsi que, romancier, critique, poète, conteur et lettré, Jean Bertheroy justifie, par un labeur artiste et par une pensée honnête, les lauriers académiques, l’estime des écrivains et la confiance de ses lecteurs.
Dans l’une, le poète a concentré sa rêverie : là, dans quelques échappées de philosophie mélancolique et résignée, apparaît peut-être mieux qu’ailleurs « la couleur de son âme ». […] [Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
Charles-Henry Hirsch est le délicat poète des Légendes naïves , court recueil où se précisaient déjà les tendances décidées de sa forme large et de ses vers, pareils, avec leurs frôlements de rimes, à de somptueuses et éteintes robes de princesses, dont seraient effacées les armoiries, à force de s’être promenées sous le soleil du soir, dans les jardins d’automne. […] Charles-Henry Hirsch possède les qualités que je prise le plus chez un poète, à mon sens les primordiales pour le rythmeur.
C’est ainsi que ces poèmes mûrissent pendant des années avant de se produire au grand jour, selon le précepte d’Horace, que Jasmin a retrouvé à son usage, et c’est ainsi que ce poète du peuple, écrivant dans un patois populaire et pour des solennités publiques rappelant celles du moyen âge et de la Grèce, se trouve être, en définitive, plus qu’aucun de nos contemporains, de l’école d’Horace que je viens de nommer, de l’école de Théocrite, de celle de Gray et de tous ces charmants génies studieux qui visent dans chaque œuvre à la perfection. […] La poésie en est d’un style franc et populaire ; ses improvisations sont chaleureuses, et nous le saluons comme la France entière salua Béranger, auquel le poète agenais semble se rattacher.
Milosz est un nouveau venu parmi les jeunes poètes ; son volume est tout à fait remarquable. […] Milosz prend avec eux bonne place parmi les poètes dont nous attendons beaucoup pour l’avenir.
C’est un long cri ensoleillé et fleuri, un cri adorant éperdu vers la joie ; l’émanation harmonieuse et durable du jour, béni par le poète, où l’Épouse Comme une jeune aurore entra dans la maison. […] Le poète y chante le labeur sacré des hommes, plus soucieux, semble-t-il, d’en exalter l’éternité que d’en constater, selon un récent procédé, l’apparence et d’en énumérer les détails.
Belloy, [Pierre-Laurent Buiret, dit de] de l’Académie Françoise, né en Auvergne, mort à Paris en 1775, âgé de 45 ans, Poëte Tragique, qui prouve qu’on peut avoir de grands succès, sans avoir de grands talens. […] En qualité de Poëte, sa gloire ne seroit point à l’épreuve de la critique ; une versification dure & négligée, peu de sentiment, point de pathétique, aucun de ces grands mouvemens qui excitent les passions & annoncent le génie, des ressorts plus dignes de Thalie que de Melpomene, seroient des défauts qui le rendroient inférieur à plusieurs de nos Poëtes Tragiques, qui n’ont pas cependant réussi comme lui.
Étrange fin, qui, au premier regard, semble plutôt celle d’un marchand que d’un poëte. […] Elles sont sans frein comme celles du temps et comme l’imagination du poëte. […] Nul poëte n’a compris ce mécanisme comme Shakspeare. […] Le poëte joue avec les émotions : il les confond, il les entre-choque, il les redouble, il les emmêle. […] Ne voyez-vous pas le poëte debout derrière la foule de ses créatures ?
Dans une petite pièce intitulée l’Hippopotame, le poëte nous retrace le terrible habitant des marais défiant paisiblement, grâce à sa cuirasse épaisse, les boas, les tigres, et les balles des Indous ; il ajoute : Je suis comme l ’ hippopotame ; De ma conviction couvert, Forte armure que rien n’entame, Je vais sans peur dans le désert. […] Mais le ménagement a manqué ; l’innovation, par moments, est allée jusqu’à la gageure ; il semble que le poëte se soit amusé à outrer les coups. […] Pourquoi, découragé par vos divins tableaux, Ai-je, enfant paresseux, jeté là mes pinceaux Et pris pour vous fixer le crayon du poëte, Beaux rêves, obsesseurs de mon âme inquiète, Doux fantômes bercés dans les bras du désir, Formes que la parole en vain cherche à saisir ! […] Théophile Gautier, à la date où j’écrivais ceci, n’avait point donné encore son recueil de Poésies complètes (1845), où il a inséré quantité de charmantes petites pièces, élégies et fantaisies, qui sont d’un bien véritable et bien ingénieux poëte.
Ce poète lyrique n’a guère parlé de la nature ; il n’en tire même pas beaucoup de comparaisons, ou d’images ; celles dont il use le plus volontiers, et qu’il répète infatigablement, il les prend moins dans la nature que dans la mythologie et l’histoire. […] Il fut grammairien autant que poète ; il se donna pour mission de réformer la langue et le vers, et d’enseigner aux poètes à manier ces deux outils du travail littéraire. […] « La raison qu’il disait pourquoi il fallait plutôt rimer des mots éloignés que ceux qui avaient de la convenance, est que l’on trouvait de plus beaux vers en les rapprochant qu’en rimant ceux qui avaient presque une même signification ; et s’étudiait fort à chercher des rimes rares et stériles, sur la créance qu’il avait qu’elles lui faisaient produire quelques nouvelles pensées, outre qu’il disait que cela sentait son grand poète de tenter les rimes difficiles qui n’avaient point été rimées265. » Pour peu qu’on soit familier avec la poésie romantique, on ne peut avoir de doute sur la valeur et la portée de ces idées.
Voltaire aussi le déclare mauvais poète, mais homme fort savant, et, ce qui est étonnant, bon critique. Voltaire s’exprime ainsi sur Cottin : Non moins plat poète (que Chapelain), et, de plus, plat prédicateur, mais homme de lettres et aimable dans la société. […] Cependant je ne puis dissimuler que dans son épitre à Boileau il accuse la société de Rambouillet d’avoir réuni les sots ennemis du poète : Je veux t’écrire encor sur tes sots ennemis, À l’hôtel Rambouillet contre toi réunis. […] C’est pourtant sur cet anachronisme de Voltaire que se sont établis les principaux détracteurs de l’hôtel Rambouillet ; c’est sur la foi du poète, inexact chronologiste, que les biographies et les commentaires se sont à qui mieux épuisés en mépris sur l’hôtel Rambouillet.
Par exemple, l’imitation du bruit d’une tempête qui va submerger un personnage, à qui le poëte nous fait prendre actuellement un grand interêt, nous affecte comme nous affecteroit le bruit d’une tempête, prête à submerger une personne pour laquelle nous nous interesserions avec chaleur, si nous nous trouvions à portée d’entendre cette tempête veritable. […] Les symphonies de nos opera, et principalement les symphonies des opera de Lulli, le plus grand poëte en musique dont nous aïons des ouvrages, rendent vrai-semblables les effets les plus surprenans de la musique des anciens. […] Comme le poëte est assujetti dans ses fictions à se conformer à la vérité de convenance, de même le musicien doit se conformer à cette verité dans la composition de ses symphonies. […] Ce qu’on appelle la science de la composition est une servante, pour user de cette expression, que le génie du musicien doit tenir à ses gages, ainsi que le génie du poëte y doit tenir le talent de rimer.
., est le signe le plus important de l’individualité du poète ou de l’artiste ; elle nous livre directement les premiers caractères à connaître, les caractères mentaux, qu’on serait impuissant à déterminer d’après les données de l’hérédité, de l’ethnologie, etc. […] Les qualités d’un poète sont aussi, à un degré moindre, celles de ses lecteurs. […] Elle implique la critique littéraire ; mais celle-ci n’y est pas définie expressément, et la question vise surtout l’étude psychologique du poète. […] H. avait-il raison de relever les émotions accessoires auxquelles chaque poète fait le plus souvent appel.
ce fut un bien magnifique empire que le sien, et elle fut une bien grande reine aux yeux de ces poètes, ses sujets ; mais aucun d’eux, aucun de ces adorateurs, aucun de ces tournesols, comme on disait alors, dont elle était le soleil, ne l’a vue et ne l’a jugée de son vivant comme Livet l’a vue et l’a jugée, maintenant qu’elle est morte, mais non oubliée, car l’heure pour elle est propice ! […] Il oublie cela, et il la fait sortir, cette conversation, cette gloire française (comme s’il y avait une conversation française), de cette précieuse, accorte dans les riens et trônant dans le vide au milieu de ces poètes parasites, domestiques et faméliques, d’entre le bichon et la perruche, d’entre le tabouret et le perchoir. […] Demandez-vous ce qu’elles ont fait de Benserade et de Voiture, ces embaumeuses de poètes, ces momies ? […] Les grands hommes qui donnèrent à la langue de Louis XIV, je ne dis pas son caractère définitif, — car une langue ne finit jamais que quand on ne la parle plus, — mais les chefs-d’œuvre qui l’assirent et la posèrent dans sa majesté, sont sortis des grands écrivains du xvie siècle, qui en a de si grands, et non pas des précieuses, ces bréhaignes, qui ont tué des poètes, mais qui n’en ont jamais fait un.
Jamais, en effet, auteur quelconque — poëte ou romancier — ne fut plus l’homme et même le serf de la réalité que ce Gogol, qui est, dit-on, le créateur et le fondateur d’une école de réalisme russe près de laquelle la nôtre — d’une assez belle abjection pourtant — n’est qu’une petite école… primaire ! […] que le Don Juan de Byron devait parcourir le globe tout entier dans le plan du poëte, de même le héros de Gogol devait parcourir l’empire russe ; mais ce n’était pas la main aveugle des circonstances qui le poussait à travers l’empire, c’était une pensée de spéculation. […] Mais ce Spartacus littéraire était-il autre chose, au fond, qu’un poëte russe qui avait lu Byron et qui s’était inoculé l’ironie byronienne, à larges palettes, alors que le poète anglais joue, dans Don Juan et dans ses poésies politiques, au jacobin et au carbonaro.
Les ennemis du poète l’accusaient d’avoir acheté les mémoires de Guillot Gorju : c’est une fable, mais vraie d’une vérité de légende. […] Il n’y a guère d’œuvre où l’on ne trouve à la fois du comique de farce, du comique de mœurs, et du comique de caractère, selon les objets qu’il s’agit de rendre et l’impression que le poète veut donner. […] Une chose fait ressortir la profondeur de l’observation du poète : c’est que parfois sa comédie semble devancer les mœurs. […] A ce genre appartiennent les Plaideurs de Racine, comédie demi-aristophanesque, énorme et superficielle d’invention, délicate et légère de style, grosse farce écrite par le plus spirituel des poètes. […] Molière s’y plaît ; les poètes comédiens s’y tiennent le plus souvent.
Mennesson avoua qu’il était poète. […] — Eh bien, monsieur le poète, êtes-vous content ? […] J’ai suivi sans regret ces étapes d’un poète fougueux. […] Elle lit volontiers les jeunes poètes. […] On ne doit pas disséquer les poètes.
Est-ce donc un simple souhait de poète ? […] Alexandre Parodi a réussi justement parce qu’il n’est pas un poète lyrique. […] Il n’est pas poète comme nous l’entendons depuis une cinquantaine d’années ; eh bien, il n’est pas poète, c’est entendu. […] Il est certainement un poète plus médiocre que M. […] Mais entrer dans la vie moderne en poète lyrique, voilà qui est grave !
Dans ses idées littéraires un peu naïves et qui se sentaient encore un peu de la province, il aurait désiré que Mme Récamier écrivît, qu’elle prît rang à son tour parmi les femmes qui aspirent à la double couronne ; il essaya, à un moment, de l’enhardir à faire preuve de talent, à devenir poète, c’est-à-dire à traduire et à interpréter un poète, comme si ce n’est pas la même chose que de devenir auteur. […] Créature privilégiée, prenez un peu de confiance, soulevez votre tête charmante, et ne craignez pas d’essayer votre main sur la lyre d’or des poètes. […] Au fond, trop poète toujours pour la politique, il est désormais trop homme d’État et trop politique pour la retraite, pour l’innocent et studieux loisir du poète : il porte en lui l’inconciliable. — Lorsqu’il est renvoyé du ministère, en cette crise violente et décisive qui déchira en deux sa vie de royaliste, ses lettres à Mme Récamier manquent et font défaut ; elles n’ont pas été retrouvées, nous dit-on, avec les autres papiers ; elles devaient renfermer trop d’éclats de colère et de haine vengeresse, ce qui sans doute les aura fait dès longtemps supprimer.
Un homme de talent qui a particulièrement étudié Racine, et qui s’y connaît à fond en matière dramatique, classait ainsi, l’autre jour, devant moi, les tragédies du grand poëte : Athalie, Iphigénie, Andromaque, Phèdre et Britannicus. […] Racine, un peu plus que Corneille sans doute, dut pénétrer dans ses arrière-pensées ; il est permis pourtant de croire que ce que nous savons aujourd’hui assez au net par les révélations posthumes était beaucoup plus recouvert dans le moment même, et qu’en acceptant le sujet d’une si belle main, le poëte ne sut pas au juste combien l’intention tenait au cœur. […] Bérénice est de ces œuvres qui honorent bien moins un poëte qu’une époque. […] C’est par lui et par sa lutte sérieuse que le poëte remettait son œuvre sur le pied tragique, et prétendait corriger ce que le reste de la pièce pouvait avoir de trop amollissant : « Ce n’est point une nécessité, disait-il en répondant aux chicanes des critiques d’alors, qu’il y ait du sang et des morts dans une tragédie : il suffit que l’action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. » Geoffroy, qui cite ce passage dans son feuilleton sur Bérénice, s’en fait une arme contre ceux qu’il appelle les voltairiens en tragédie, et qu’il représente comme altérés de sang et et de carnage dramatique. […] Un organe pur, encore vibrant et à la fois attendri, un naturel, une beauté continue de diction, une décence tout antique de pose, de gestes, de draperies, ce goût suprême et discret qui ne cesse d’accompagner certains fronts vraiment nés pour le diadème, ce sont là les traits charmants sous lesquels Bérénice nous est apparue ; et lorsqu’au dernier acte, pendant le grand discours de Titus, elle reste appuyée sur le bras du fauteuil, la tête comme abîmée de douleur, puis lorsqu’à la fin elle se relève lentement, au débat des deux princes, et prend, elle aussi, sa résolution magnanime, la majesté tragique se retrouve alors, se déclare autant qu’il sied et comme l’a entendu le poëte ; l’idéal de la situation est devant nous. — Beauvallet, on lui doit cette justice, a fort bien rendu le rôle de Titus ; de son organe accentué, trop accentué, on le sait, il a du moins marqué le coin essentiel du rôle, et maintenu le côté toujours présent de la dignité impériale.
L’érudit méprise au fond les poètes, les romanciers, les critiques, les journalistes. […] Puis, l’érudit a ce mérite de n’écrire que pour quelques centaines d’érudits, comme le poète écrit pour une cinquantaine de poètes. […] C’est par leurs découvertes que s’élargit, en somme, la philosophie des sages, et que se renouvellent l’inspiration des poètes et la curiosité des dilettantes. […] Enfin ce savant de tant de patriotisme et cet érudit de tant de philosophie est, par surcroît, un artiste, un poète.
Et nous pouvons ajouter aux paroles du poète : Oui, tout meurt, mais pour renaître, et tout renaît pour mourir. […] la vie sauvage trouvent aussitôt mille poètes et prosateurs pour la décrire et la chanter. […] Malherbe a l’air de rompre en visière sur tous les points à Ronsard et à ses disciples ; par aversion de leur langue trop savante, il renvoie les poètes à l’école des crocheteurs du Port-au-Foin ; par réaction contre un lyrisme qui lui semble de verve et de versification trop lâches, il soumet la poésie à une discipline sévère qui en régente et le fond et la forme ; mais, ce faisant, il reprend à son compte en les aggravant des critiques qui avaient été dirigées avant lui contre l’abus du grec et du latin, témoin la fameuse rencontre de Pantagruel avec l’écolier limousin ; et, d’autre part, il consolide l’œuvre de la Pléiade, puisqu’il conserve l’emploi de la mythologie, les genres usités chez les anciens, l’imitation de l’antiquité. […] Les Parnassiens, nous le rappelions tout à l’heure, prennent le contre-pied des grands poètes qui les ont précédés ; avec Banville, ils s’amusent à parodier le lyrisme ou ramènent d’exil les dieux et les déesses de l’Olympe ; avec Leconte de Lisle, au risque de n’atteindre qu’une petite élite d’initiés, ils refusent de troubler la sérénité de leurs vers par des plaintes oratoires et des élans de sensibilité ; avec Baudelaire, ils recherchent le paradoxe, l’étrange, l’artificiel ; avec Coppée, ils décrivent un coin de banlieue ou content les malheurs d’un petit épicier ; avec Maxime Ducamp ou Sully Prudhomme, ils chantent les miracles de l’industrie ou de la science. […] Le satanisme de Baudelaire est proche parent de l’air fatal et cadavérique qu’affectaient, vers 1832, les « jeunes France », admirateurs de Byron, proclamé aussi poète satanique.
À l’Académie, elle fut trouvée belle, comme elle y fut trouvée poëte. […] Alfred de Vigny, lui-même, ce cygne, s’abattit un instant, sur cette mare… Avec une vanité littéraire qui ressemblait à de l’hystérie, Mme Louise Colet, ce bas-bleu putipharéen, aux Joseph récalcitrants parmi les faiseurs d’articles — comme Sainte-Beuve, par exemple, qui n’entendit jamais à rien et qui lui jeta, à cette lamproie, son secrétaire, Octave Lacroix, pour s’en débarrasser, Mme Colet avait trop d’impétuosité dans l’amour-propre pour être habile ; mais elle n’en était pas moins intrigante au profit du talent qu’elle croyait avoir ; dévouée, corps et âme, à sa fortune littéraire et à des besoins de publicité dont aucune femme n’eut la rage au même degré qu’elle… Son ambition était d’être poëte, encore plus qu’écrivain…, mais cette femme du pays de la poésie facile, cette Phocéenne plus de Marseille que de Phocée, était, en poésie, à ses compatriotes Barthélémy et Méry, ce qu’un sureau vidé est à des flûtes. […] C’était un gros tempérament comme elle était une grosse beauté… Avec l’exorbitance de son orgueil, et de sa chevelure aux longs tire-bouchons effarés autour de son visage, elle devait se faire à elle-même l’effet de quelque Mirabeau, femme et poëte ; — mais pour tout le monde elle resta toujours une plébéienne de son port, une espèce de poissonnière ou d’écaillère superbe, qu’on se représente les poings aux hanches, l’œil allumé, la bouche ouverte à l’invective ; vomitoire jaillissant dont le malheureux d’Arpentigny avait senti l’éclaboussure ! […] Mme George Sand dont, toute sa vie, Mme Colet fut l’envieuse, avait publié le livre d’Elle et Lui dans lequel cette bâtarde de Rousseau se confessionnait et déshonorait le grand poëte qui s’était mésallié, en l’aimant. Mme Colet, jalouse trois fois, jalouse du talent de la femme, de sa folle renommée et du succès matériel de son livre impudique et honteux, raconta à son tour son histoire avec le même poëte, fière, comme une femelle de chacal, d’avoir touché au morceau laissé par la lionne !
Il s’y affirme poète délicat, et j’estime que les Amours de Lyristès brillent d’un éclat assez limpide pour laisser juger de la conscience et de la fantaisie de celui qui les enchâssa dans un écrin de rimes futiles. […] Henry Davray Peut-on tenir rigueur, à quelqu’un qui fait bien les vers, de n’être pas un poète ?
le Tourneur a eu le talent d’embellir, par une touche aussi vigoureuse que sublime, les moindres pensées du Poëte lugubre & énergique qu’il a traduit, mérite qui ne doit pas paroître médiocre aux yeux de ceux qui savent que la Langue Angloise est supérieure à la nôtre, pour rendre les idées sombres, fortes & pittoresques. […] Cette Traduction, à laquelle il a, dit-on, la principale part, lui a attiré les anathêmes du Patriarche que les Lettres & la Philosophie viennent de perdre : M. de Voltaire, offensé de ce qu’on n’a pas parlé de ses Tragédies dans le Discours qui précede celles du Poëte Anglois, ne put retenir son ressentiment, comme il est aisé d’en juger par plusieurs de ses Lettres, & entre autres, par celle qui est imprimée dans la seconde édition du Bureau d’Esprit, où il traite M.
Qu’est-ce donc que le poëte ? […] Il a bien compris, l’heureux poëte ! […] poëte ! poëte ! […] Un héros, et, qui pis est, un poëte contemporain.
Les poètes prènent les hivers, les étés, les moissons, les autones, et tout ce qui n’arrive qu’une fois en une année, pour l’année même. […] Celles que nos poètes font à la fable sont défectueuses, quand le sujet auquel elles ont raport n’est pas assez conu. […] Il vouloit dire un mauvais poète. […] Un de nos poètes a dit : leurs cris remplissent l’air de leurs tendres souhaits. […] Le poème du vice puni est rempli d’aplications heureuses de vers de nos meilleurs poètes : ces aplications sont autant de parodies.
Ce fut pour les artistes qui avaient cru au sérieux de cet engagement une déception cruelle ; mais le poète y gagna de voir la grande terre, les grands horizons et les paysages aimés de Virgile. […] Par toute la grande Italie Où je marche le front baissé, De toi seul, lorsque tout m’oublie, Notre abandon est embrassé… L’image de ce platane à la fenêtre sans rideau, du moins dans les deux premiers vers de la strophe, est saisissante ; on sent que c’est pris sur nature, et que ce n’était pas une fiction du poète. […] Ondine, dont le vrai nom était Hyacinthe, mais qu’on avait toujours appelée Ondine de son nom d’enfant, était poétique aussi et même poète ; elle tenait de sa mère le don du chant ; elle mourut à trente ans, le 12 février 1853. […] J’avais toujours pensé qu’elle n’était pas un poète, mais la poésie même incarnée dans une trop frêle enveloppe, hélas ! […] M. le professeur Fée, de la Faculté de médecine de Strasbourg, poète lui-même, de qui l’on a des vers doucement mélancoliques, et pleins d’espérance, sur la mort même de la Muse, dont le souvenir réveillait tant d’échos et rallumait tant de sympathies, écrivait à M.
Puis apparut ce qu’on a appelé le cycle de l’antiquité 51 : des poètes savants, qui lisaient les livres latins, y remarquèrent mille choses merveilleuses qui pouvaient se mettre en clair français à la grande joie du public illettré. […] Cependant d’autres poètes avaient écouté les harpeurs bretons et gallois, et tout le monde celtique, Tristan et Yseult, Arthur et Genièvre, Lancelot, Yvain, Perceval, faisaient leur apparition, héros plus étranges, plus captivants que tous les héros anciens par l’imprévu des aventures et la nouveauté des sentiments. […] Prompts à saisir le vent, des poètes anglo-normands et français firent concurrence aux harpeurs bretons. […] Ces Poitevins, ces Gascons, ces Toulousains, ce poète Bernard de Ventadour, qui la suivaient, avaient encore plus dans leur esprit que dans leur costume de quoi étonner les barons du Nord : ils les instruisirent, et firent éclore le courtisan dans le vassal. . […] Un poète du commencement du xiiie siècle, Robert de Boron, coordonna toute la matière et la réduisit à peu près à l’unité, tout en y mêlant l’histoire de Merlin, fils du diable et serviteur de Dieu ; mais surtout il en développa le sens religieux.
Le poète dramatique est obligé de le supprimer et de relier artificiellement entre elles les scènes dans lesquelles son drame se déroule. […] Le poète dramatique n’a devant lui que trois ou quatre heures : d’où la nécessité d’abréger et de condenser. […] Le poète dramatique n’a pas le temps de les expliquer par le menu, de nous en faire toucher du doigt la possibilité. […] S’il n’oblige pas le poète à louer ou à flétrir directement les bons ou les méchants, il lui demande au moins de faire bien sentir qu’il les distingue : il ne lui permet pas l’indifférence complète. Il n’aime pas que le poète refuse de se prononcer sur la valeur morale de ses personnages ; il est heureux de les entendre qualifier explicitement au courant de l’action.
» — Un antique poète, contemporain de Solon, a dit, dans un distique d’une amertume pénétrante : — « Insensés et bien puérils les hommes qui pleurent la mort et qui ne pleurent point la fleur envolée de la jeunesse ! […] On serait pourtant bien fâché que le poète eut expurgé sa comédie de ce sacripant. […] Diane Il n’est pas de poète qui soit entré au théâtre par une plus large porte de bienvenue et de faveur que M. […] Nous n’aimons pas qu’un poète se prenne à railler la passion, l’idéal, la rêverie, la nature, et se moque du clair de lune et des soirs d’été. […] Le poète de la Ciguë excelle à traduire les émotions douces, les sentiments voilés, les gaietés attendries et légères ; il sait sourire dans les larmes et faire jaillir du cœur les étincelles de l’esprit.
Le génie de Guérin, ce grand poëte naturaliste, embrasse le monde avec ses horizons et ses paysages. […] Les petits séducteurs du xixe siècle, qui se croient les aides de camp du Démon, ne savent pas ce que serait en attrait irrésistible, cette combinaison à vaincre le monde, d’un grand poëte doublé d’un saint. […] On se demande à quel moment de ces heures dont voilà le compte, cette Marthe de l’Évangile était poëte, et l’on peut répondre qu’elle l’était toujours. […] Gardons-nous de le croire et de mettre des bornes au ciel. » Cette bonne pensée, sous une forme grande, ne révèle pas seulement une large intelligence chrétienne, mais tout Mlle Eugénie poëte et dévote (nous n’avons pas peur de ce mot et nous ne demandons pas excuse pour ce qu’il exprime), Mlle Eugénie n’est ni une ascète de religion, ni une ascète de poésie. […] « Quand les hommes de génie, a dit un poëte allemand contemporain, ne souffrent pas pour l’humanité, ils souffrent pour leur propre grandeur, pour leur horreur du vulgaire et leur grande manière d’être. » Il était donc tout simple que Guérin souffrit.
Irons-nous plus loin encore, et supposerons-nous que l’éloquent Athénien, en Égypte ou ailleurs, a connu quelques parties des livres saints d’Israël, qu’il en a recueilli des vérités, emprunté des couleurs, qu’il est poëte à leur exemple ? […] On conçoit que la pompe lyrique et musicale, que la mise en scène, ne fussent pas les mêmes pour l’annonce d’une victoire lointaine, apportée d’Olympie au roi de Syracuse, dans le luxe de sa cour, ou pour le jeune athlète qu’au sortir de la lice une fête civique accueillait à la voix du poëte. […] Elle n’a pas les digressions lointaines, quoique vraisemblables, du poëte thébain. […] D’une part, on a le langage de ce prophète illuminé de Dieu, que le ciseau de Michel-Ange nous représente avec des cornes de feu : d’une autre part, les premières expressions mêmes du poëte vous annoncent un messager du dieu Mercure, un adroit orateur pour l’intelligente et indocile Athènes. […] Ainsi, dans quelques restes d’un vieux chant guerrier, le poëte s’écriait : « Hélas !
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).] Frédéric Loliée Poète féministe, il ne tombe pas dans les langueurs et les fadeurs de l’idolâtrie.
Les poèmes en sont simples, d’une pensée douce et un peu grave, d’une forme et d’un rythme sûrs… Mme Lucie Mardrus peut être rangée au nombre des meilleurs poètes. […] Mais comme les dieux sont faillibles, à l’image des simples mortels et des poètes qui les inventèrent, il advient que, parfois, Mme Delarue-Mardrus soit égarée par celui qui l’inspire et qui lui conseilla quelques afféteries peu dignes d’elle.
Et l’on ne saurait plus exactement dépeindre, il me semble, la physionomie de ce poète. […] André Theuriet Dès les pages du début de Renaissance, j’ai pu constater que, si le versificateur ne me contentait pas toujours, j’avais du moins affaire à un poète souvent exquis.