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1971. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Ainsi je vous envoie deux exemplaires pour vous et pour madame votre épouse, vous priant de les conserver comme une faible marque de mon amitié, et dix autres dont vous vous déferez aisément à 10 livres pièce, qui est leur valeur à Paris : ainsi ces 100 livres, jointes aux 900 livres remises à votre banquier M. 

1972. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Les langues auraient donc été faites tout d’une pièce par des hommes en qui la force de l’intelligence aurait fait prévoir les besoins futurs de la pensée ; il est présumable en effet qu’en remontant à l’origine de ces sociétés, grossière et misérable comme il faut la supposer dans une telle hypothèse, ce ne seraient pas ces sortes de besoins qui auraient commandé les premiers l’emploi de la parole.

1973. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Ils le vantaient outrageusement, croyant par là se l’attacher, quoiqu’il ne ressemblât nullement aux gens de ce temps à compères, qui cultivent les journaux et composent leurs salles de spectacles avec un talent supérieur à leurs pièces… Toute leur vie, ils l’avaient regardé comme un gros canon de leur arsenal, un gros canon qui — politiquement — n’avait pas tiré encore, mais qui tirerait, à coup sûr.

1974. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Sur le fond de l’immense pièce noyée d’ombre et ne recevant presque de clarté que par le vitrage arrondi, où la lune montait dans un ciel lavé, bleu de nuit, un vrai ciel d’opéra, la silhouette de la célèbre danseuse se détachait toute blanche, comme une petite ombre falotte, légère, impondérée, volant bien plus qu’elle ne bondissait ; puis debout, sur ses pointes fines, soutenue dans l’air seulement par ses bras étendus, le visage levé dans une attitude fuyante où rien n’était visible que le sourire, elle s’avançait vivement vers la lumière, ou s’éloignait en petites saccades si rapides qu’on s’attendait toujours à entendre un léger bris de vitre et à la voir ainsi monter à reculons la pente du grand rayon de lune jeté en biais dans l’atelier… Ce qui ajoutait un charme, une poésie singulière à ce ballet fantastique, c’était l’absence de musique, le seul bruit du rhythme, dont la demi-obscurité augmentait la puissance, de ce taqueté vif et léger, pas plus fort sur le parquet que la chute, pétale par pétale, d’un dahlia qui s’effeuille..

1975. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

La superstition qui remplit de terreur l’âme des magiciennes, les rend en même temps cruelles et barbares ; au point que souvent pour célébrer leurs affreux mystères, elles égorgent sans pitié et déchirent en pièces l’être le plus innocent et le plus aimable, un enfant.

1976. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Il faut, pour qu’il comprenne, que la seconde idée soit contiguë à la première, sinon il est dérouté et s’arrête ; il ne sait pas bondir irrégulièrement ; il ne va que pas à pas, par un chemin droit ; l’ordre lui est inné ; sans étude et de prime abord, il désarticule et décompose l’objet ou l’événement tout compliqué, tout embrouillé, quel qu’il soit, et pose une à une les pièces à la suite des autres, en file, suivant leurs liaisons naturelles. […] Les étrangers qui les voient sont étonnés de leur force de corps et de cœur, « des grandes pièces de bœuf » qui alimentent leurs muscles, de leurs habitudes militaires, de leur farouche obstination « de bêtes sauvages152. » Ils ressemblent à leurs bouledogues, race indomptable, qui, dans la folie de leur courage, « vont les yeux fermés se jeter dans la gueule d’un ours de Russie, et se font écraser la tête comme une pomme pourrie. » Cet étrange état d’une société militante, si plein de dangers et qui exige tant d’efforts, ne les effraye pas.

1977. (1927) Des romantiques à nous

A propos de la conclusion d’une pièce des Harmonies, L’Hymne au Christ, Sainte-Beuve s’exprime ainsi : Le poète, en finissant, s’écrie que, quoi qu’il advienne, le Dieu de son berceau sera celui de sa tombe ; et que, dût l’autel l’écraser en croulant, il embrassera la dernière colonne de ce temple où il a tant reçu et tant appris. […] Ces leçons forment un livre délicieux qui a pour précédent dans notre littérature les Entretiens sur la pluralité des mondes, de Fontenelle, et qui évoque la merveilleuse fable dédiée à Mme de La Sablière, où La Fontaine, non content de mettre en pièces avec une maîtrise légère l’automatisme des bêtes, selon Descartes, propose sur la nature de l’âme animale une théorie dont le ravissant langage n’exclut pas la remarquable pertinence philosophique. […] Tante Rose, la bien nommée, avait un visage d’un magnifique rose qui, soutenu sans nuances ni dégradations, des profonds replis du menton à la racine des cheveux d’un blanc éclatant, lui prêtait l’apparence de la plus belle pièce de confiserie.

1978. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Mais tu sais bien que s’il entre, il sera mis en pièces par quelque ange qui pensera faire du zèle : d’abord c’est un homme, et on ne les aime guère chez nous. […] Mais vous savez bien que nous sommes solides et que tous les sophismes du monde ne prévaudront point contre la pièce de vingt francs qui symbolise, avec tant de bonheur, l’état de notre âme. […] La pièce de vingt francs, comment donc !

1979. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

« Ce n’est pas en vain, poursuit-il, que la mère de famille prépare, pendant de longues années, pour sa fille, la toile d’un tissu solide et fin, ce n’est pas en vain que les parrains lui conservent leur belle argenterie, et que le père enferme dans son armoire la belle pièce d’or devenue rare ; car, avec tous ces dons, la fiancée doit réjouir le jeune homme qu’elle aura préféré.

1980. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Elle me prophétisa ce qui m’est arrivé par hasard, un rôle grave dans une courte pièce, à grand mouvement. — Vous reviendrez après en Orient mourir où je vis, me dit-elle.

1981. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Mais, lorsque la discussion s’arrêta, et que j’eus prononcé ces dernières paroles, il ne put se contenir plus longtemps, et, prenant son élan comme une bête sauvage, il vint à nous comme pour nous mettre en pièces.

1982. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Voici cette version attestée par lord Ruthven, un des assassins, après sa fuite en Angleterre, et confirmée par l’unanimité des témoignages et des documents : La reine prolongeait sans défiance un souper nocturne avec son favori, en compagnie d’une seule confidente, dans une petite pièce du château attenante à la chambre à coucher.

1983. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

La société alors comme un acteur qui a joué la même pièce un millier de fois, saura son rôle.

1984. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Dupanloup se tenait dans une pièce à côté du malade.

1985. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Une belle pièce ornée de représentations toutes profanes a été badigeonnée il y a une cinquantaine d’années ; un lavage suffirait peut-être encore aujourd’hui pour tout retrouver.

1986. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Il faut que nous possédions ces deux personnages, —  et ces deux provinces, — et que nous tâchions de les garder pour nous seuls. » Le 2 avril, l’Intransigeant publie un article de M. de Rochefort, « Wagnérophobie », dont voici la conclusion : … Certains critiques de théâtre sont restés célèbres pour avoir rendu compte de pièces qui n’avaient pas encore été jouées.

1987. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Les Personnes qui s'occupent des querelles des Auteurs, savent que j'ai répondu à ce Libelle par une Lettre à un Journaliste, dans laquelle je me suis hautement inscrit en faux contre les Pièces & les faits qui paroissoient favoriser cette absurde Calomnie.

1988. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Couchées sous des tentes de feuillée, aux carrefours des villes, au rond-point des routes, le front noué d’une corde, elles devaient tout le jour se vendre aux passants, et verser dans le trésor du temple la pièce d’argent qui payait leurs stupres sacrés.

1989. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Faiseur par pièces et par morceaux, il coupe le fil à son récit et à ses personnages avec des dissertations abominables, dans lesquelles se débattent, comme dans un chaos, les prétentions d’un Trissotin colossal.

1990. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Autre exemple de l’influence que peut avoir sur les ouvrages de l’esprit la race à laquelle appartient l’auteur : Pourquoi Corneille, le grand Corneille, met-il des plaidoyers dans presque toutes ses pièces, non seulement dans ses œuvres d’essai, mais même dans ses œuvres de maître ; je dis des plaidoyers en forme, avec débat contradictoire des parties et résumé impartial du président ? […] Henriette, de cette dernière pièce, est essentiellement une Française. […] Chamarrée de tendresse et d’admiration, je regardais cette pièce, et je la trouvais si belle, que mon attention a dû paraître un saisissement, dont je crois qu’on me saura fort bon gré. » Qui ne reconnaîtrait encore une femme, et la même, charmante et adorable, dans ces deux autres petites scènes, si bien enlevées ? […] Mistress Inchbald a fait quinze pièces de théâtre et deux romans, dont l’un passe pour un chef-d’œuvre ; ne rappelons que celui-là. […] Si cette circulation s’opère par un mécanisme admirable, s’il y a un double système de vaisseaux sanguins et dans ces vaisseaux des valvules, si le sang sort du cœur pour aller aux poumons et rentrer dans le cœur, ranimé et purifié, c’est l’âme qui a disposé toutes les pièces de cette merveilleuse machine hydraulique.

1991. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

J’admire Voltaire comme un des hommes les plus étonnants qui aient encore paru, et c’est de très-bonne foi que je le publie ; mais je ne suis pas toujours de son avis, et ce ne sera pas dans une pièce de poésie fugitive que j’irai chercher le sentiment de Voltaire, et moins encore puiser le mien sur la philosophie et la morale d’un écrivain. […] Il y a longtemps que je pensais avec l’auteur des Essais que Cicéron est un grand musicien, mais qui prélude trop longtemps avant que de jouer sa pièce, et qui me semble, en la jouant, trop soucieux d’être écouté. […] Or, les premiers qui sont abbruvez de ce commencement d’estrangeté, venant à semer leur histoire, sentent, par les oppositions qu’on leur faict, où loge la difficulté de la persuasion, et vont calfeutrant cet endroict de quelque pièce faulse : oultre ce, que, par une fureur industrieuse et naturelle, de nourrir les rumeurs 269, nous faisons naturellement conscience de rendre ce qu’on nous a preste, sans quelque usure et accession de nostre creu.

1992. (1900) La culture des idées

Ce système est utile quand il s’agit d’une pièce de théâtre qui souvent ne repose que sur un mot ou une situation qui feront tout aussi bon effet avec n’importe quel dialogue. […] Pièce justificative : La langue française en Hollande « Déjà, à plusieurs reprises, nous avons indiqué la place considérable que la langue française a conquise et conservée aux Pays-Bas. […] Cette pièce se trouve dans plusieurs Recueils du temps. […] L’auteur de la « Guerre des langues » a lu dans les journaux qu’une école commerciale de Rotterdam a rayé de son programme le cours de français ; il transforme cette école unique en « certains établissements pédagogiques… » et pousse une hargneuse allusion à l’Affaire… La langue française est fort répandue en Hollande ; moins ou plus qu’hier, c’est une question difficile à résoudre, mais il est manifestement absurde d’écrire : « Les Hollandais s’éloignent de plus en plus de notre langue et de notre littérature. » Pour permettre d’apprécier la question, — et la bonne foi du pamphlétaire, nous donnons en appendice, une pièce justificative

1993. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

En tête d’Au-delà des forces, il a écrit ces lignes significatives : « Cette pièce est faite d’après les Leçons sur le système nerveux de M. Charcot et les Études chimiques sur l’hystérie épilepsie ou grande hystérie du docteur Richet. » Une pièce de théâtre qui a pris, en de tels ouvrages, sa substance et sa documentation n’est pas un vain amusement d’artiste. […] D’abord, il accepta d’être employé à la clinique de l’École de médecine, pour le moulage des pièces anatomiques du musée Orfila. […] mon ami, faut-il que les sujets de pièces deviennent rares, pour que vous ayez dû inventer une telle machine !

1994. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

du grand poëte de ce nom et fille elle-même de l’aimable poëte Browles, une toute petite pièce qui me paraît compléter la pensée de M.

1995. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Lorsqu’on regarde les gens de près, il semble que leurs diverses pièces sont indépendantes, du moins qu’elles ont besoin de temps pour se transmettre les chocs.

1996. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

On aurait ainsi l’intelligence bien plus complète de ce charmant improvisateur de chefs-d’œuvre, le journal de son âme dans le journal de ses années ; la circonstance, l’aventure, l’âge donneraient à la pièce de poésie l’accent.

1997. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

III Cette longue pièce à tiroir est trop minutieusement étudiée pour le roman et même pour l’histoire.

1998. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

C’était une façon de marquer qu’on ne se fait pas tuer pour des pièces de six francs, et que le courage et le devoir ne se payent pas.

1999. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Chaque lundi, pendant une trentaine d’années, il présenta, analysa, critiqua les pièces de la semaine jusqu’à sa mort en 1899.

2000. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Si la flamme sensitive a deux pieds de longueur, le moindre son la fait s’affaisser de moitié : un bruit de clés, un froissement de papier, la chute d’une petite pièce de monnaie, suffiront pour altérer sa hauteur et sa symétrie.

2001. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Il est bien clair qu’il ne suffit pas de s’attribuer une puissance quelconque pour la créer de toutes pièces en soi ; par exemple, il ne me suffit pas de me persuader que j’amènerai 100 au dynamomètre pour obtenir ce chiffre.

2002. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Il faudra faire pour chaque auteur et artiste une enquête rétrospective auprès des critiques, des journalistes du temps pour connaître sa popularité ; il faudra savoir le prix de vente pour les tableaux, le nombre de représentations pour les pièces, le nombre d’éditions pour les livres, les pensions, les droits alloués à l’auteur ; il faudra refaire ce travail tout le long de l’existence de l’œuvre afin de connaître les phases de sa gloire, et en étudier la diffusion dans les pays étrangersea.

2003. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Si j’assiste pour la seconde fois à une comédie, je reconnais un à un chacun des mots, chacune des scènes ; je reconnais enfin toute la pièce et je me rappelle l’avoir déjà vue ; mais j’étais alors à une autre place, j’avais d’autres voisins, j’arrivais avec d’autres préoccupations ; en tout cas je ne pouvais pas être alors ce que je suis aujourd’hui, puisque j’ai vécu dans l’intervalle.

2004. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Voyez maintenant si certaines comédies de Molière ne donneraient pas la même sensation : par exemple Monsieur de Pourceaugnac, qui commence presque raisonnablement et se continue par des excentricités de toute sorte, par exemple encore le Bourgeois gentilhomme, où les personnages, à mesure qu’on avance, ont l’air de se laisser entraîner dans un tourbillon de folie. « Si l’on en peut voir un plus fou, je l’irai dire à Rome » : ce mot, qui nous avertit que la pièce est terminée, nous fait sortir du rêve de plus en plus extravagant où nous nous enfoncions avec M. 

2005. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Soixante-trois nuits de suite, la pièce fut jouée parmi un tonnerre de rires ; les dames firent écrire les chansons sur leurs éventails, et l’actrice principale, dit-on, épousa un duc. […] Les lois n’y étant pas faites pour un particulier plutôt que pour un autre, chacun se regarde comme monarque, et les hommes dans cette nation sont plutôt des confédérés que des concitoyens. » Cela va si loin, « qu’il n’y a guère de jour où quelqu’un ne perde le respect au roi d’Angleterre… Dernièrement milady Bell Molineux, maîtresse fille, envoya arracher les arbres d’une petite pièce de terre que la reine avait achetée pour Kensington, et lui fit procès sans avoir jamais voulu, sous quelque prétexte, s’accommoder avec elle, et fit attendre le secrétaire de la reine trois heures… » Quand ils viennent en France, ils sont tout étonnés de voir le régime du bon plaisir, la Bastille, les lettres de cachet, un gentilhomme qui n’ose résider sur sa terre, à la campagne, par crainte de l’intendant ; un écuyer de la maison du roi qui, pour une coupure de rasoir, tue impunément un pauvre barbier851.

2006. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Tout le monde sait que ce mécanisme a été très bien étudié de nos jours et que la théorie de l’association forme l’une des pièces les plus solides de la psychologie contemporaine. […] Il y a, comme chez l’homme, des éducables  et des réfractaires. « Un éleveur de singes, dit Darwin, qui achetait à la Société zoologique des espèces communes au prix de cinq livres la pièce, en offrait le double, à la condition de pouvoir les garder quelques jours pour faire un choix.

2007. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

La première scène d’ Iphigénie est une ouverture, au sens musical du mot ; elle nous met, si j’ose dire, en état de grâce poétique ; elle fait pénétrer en nous la poésie de toute la pièce. […] On ne sait pas, un homme de goût ne cherche même pas à savoir ce que signifie telle chanson de Shakespeare, exquise pourtant. « Il semble qu’il n’y ait plus rien, disait le robuste Angellier de certains poèmes de Burns ; les pièces sont dépouillées du moindre contenu intellectuel, elles sont vides.

2008. (1883) Le roman naturaliste

Nul en effet plus que lui, parmi les romanciers contemporains, ne répugne, d’instinct et par système, à ce drame tout d’une pièce, qui sort du seul jeu des caractères et du seul choc des passions ennemies, qui va droit devant lui son chemin, franchissant ou brisant les obstacles, entraînant le lecteur dans le mouvement et comme dans la fièvre d’une action serrée, simple et violente. […] Un philosophe assistait à la première de je ne sais plus quelle pièce, et il applaudissait : « Comment ! […] On fait aujourd’hui trop de pièces pour le public des premières et trop de romans pour les lecteurs de Paris, et d’un certain Paris encore, qui n’est pas tout Paris. […] Elle lui jetait son mouchoir parfumé au bout de la pièce, et il devait courir le ramasser avec les dents, en se traînant sur les mains et les pieds. […] Mais ici nous nous trouvons en présence d’une philosophie de toutes pièces, et ce n’est rien moins qu’une conception de la vie que le romancier va nous donner.

2009. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ceux qui seraient curieux de savoir dans quel courant d’idées morales et de sentiments intimes je vivais alors, trouveraient une allusion à cette récente blessure dans une pièce de vers des Pensées d’août adressée à M.

2010. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Dans la célèbre pièce de la Magicienne, la Simétha de Théocrite ne s’exprime pas autrement lorsqu’elle veut rendre l’effet soudain que lui fit le beau Delphis, le jour qu’en allant à la fête elle le vit sortir tout brillant et tout luisant du gymnase : « Je le vis, et du coup je devins folle, et mon cœur fut attaqué tout entier, malheureuse !

2011. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Rœderer a mille fois raison au sujet des relations de Molière avec le monde de Mmes de Sévigné, de La Fayette, et en montrant que la pièce des Femmes savantes ne les regardait en rien.

2012. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Pareillement, chez les animaux, à travers toutes les diversités de structure et d’office, on trouve dans toute la classe des mammifères un même plan de squelette, dans toute la classe des crustacés, comme dans toute celle des insectes, un même plan des segments, de la bouche et des membres ; et ce plan est si tenace que, chez plusieurs espèces, on voit subsister ou apparaître, pour témoigner de sa présence, des dispositions ou des pièces inutiles ; une suture, une dentition, un ongle, un bourrelet osseux, des organes passagers ou rudimentaires le rendent visible en présentant son mémorial transitoire ou son reliquat survivant.

2013. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Il descend ; il tend sa main souillée de sang, et la justice y jette de loin quelques pièces d’or qu’il emporte à travers une double haie d’hommes écartés par l’horreur.

2014. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

C’est donc une folie que de vouloir gouverner les hommes, puisqu’on ne peut dompter les emportements aveugles et terribles de la multitude ; c’est se dégrader que de descendre dans l’arène avec des adversaires sortis de la fange, qui n’ont pour toutes armes que les injures et tout cet arsenal d’outrages qu’un sage ne doit pas supporter : comme si les hommes de bien, ceux qui ont un beau caractère et un grand cœur, pouvaient jamais ambitionner le pouvoir dans un but plus légitime que de secouer le joug des méchants, et ne point souffrir qu’ils mettent en pièces la république, qu’un jour les honnêtes gens voudraient enfin, mais vainement, relever de ses ruines ! 

2015. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

J’en donne ici quelques extraits, comme pièces justificatives de cet étrange procès littéraire.

2016. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Son style de coups et de contrecoups brise en mille pièces la période ou l’épanche en un flot intarissable et écumant de phrases qui entraînent l’âme de ses lecteurs dans le débordement de ses impressions.

2017. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Il y a un petit traité de l’art de transporter au loin et de conserver dans le cabinet des pièces d’histoire naturelle, par M. 

2018. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Barnum avait, de pièces et de morceaux, composé une syrène qu’il faisait voir aux cockneys américains.

2019. (1929) La société des grands esprits

« S’il est vrai qu’il ait tout de bon dit adieu à la France, écrivait lord Chesterfield, il vous donnera bientôt des pièces bien hardies. […] Il a été le premier en date de nos historiens à ne pas se contenter des documents imprimés, mais à rechercher l’inédit, les manuscrits, les pièces d’archives. […] Parfois violent, Michelet n’est jamais tout d’une pièce. […] Observons cependant qu’il se publie et se joue presque quotidiennement des romans ineptes et des pièces insoutenables, sans que personne en tire une condamnation de principe contre l’art du roman ou celui du théâtre. […] Il affecte d’ignorer que l’idée de travailler sur pièces d’archives n’est pas si récente et qu’Augustin Thierry, qu’il accuse de raconter sans preuves, était devenu aveugle à force de s’y user les yeux.

2020. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Je vois dans cette conjoncture deux sortes de lâches, et l’orateur impudent qui préconise, et le peuple qui écoute avec patience : si le peuple avait un peu d’âme, il mettrait en pièces et l’orateur et le mausolée. […] non ; mais qu’il composa avec une froideur stoïque l’édit hypocrite qui excusait la précipitation des obsèques du prince : comme si cet édit n’était pas plutôt de la fonction du ministre au département de la ville, que du ministre au département des provinces ; comme s’il s’agissait d’une pièce d’éloquence, et comme, si Néron, que nous entendrons bientôt répondre à Sénèque avec tant de finesse, n’en savait pas assez pour dicter lui-même quelques lignes aussi simples. […] Ses pensées ne sont plus les mêmes : il ne se retirera plus chez les Parthes, il n’ira plus se prosterner aux pieds de Galba ; il montera dans la tribune aux harangues, il demandera grâce, et se restreindra au gouvernement de l’Egypte : on lui déclare qu’il sera mis en pièces avant que d’arriver à la place publique.

2021. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

J’avais tort de désespérer ; ces Stances désirées m’arrivent à l’instant, avec quelques autres pièces de vers, de la jeunesse de l’auteur.

2022. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Vraiment, sans cette réflexion, je me serais peut-être déjà prise de grippe contre lui. » — Raillerie pour raillerie : quelques années après et dans la période de refroidissement, Margency rendait la monnaie de sa pièce de Mme d’Épinay, et j’ai sous les yeux une lettre de lui à Rousseau, du 9 janvier 1760, dans laquelle je lis le passage suivant ; « J’oubliais de vous dire que, par le conseil de notre aimable amie (Mme de Verdelin), j’allai voir, il y a deux mois, votre ancienne infante (Mme d’Épinay).

2023. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

La correspondance entre Ausone et Paulin à cette date, les pièces de vers qu’ils s’adressent mutuellement, sont pleines d’intérêt : c’est une controverse piquante, non sans grâce, et qui nous initie à la vie nouvelle qui sera celle de toute une race pieuse qui se retrouvera dans l’avenir.

2024. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

S’il voit, flaire ou touche une pièce de viande, il a, par réviviscence et association, l’image d’une sensation de saveur agréable, et cette image le pousse à happer le morceau.

2025. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

En somme, le monde n’apparaît ici que comme une pièce de théâtre, matière à critique et à raisonnements.

2026. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

À mesure que le poète vénitien avait disposé et écrit la pièce, il la communiquait à Mozart, qui appropriait à son tour le chant au drame et le drame au chant.

2027. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Il était plus estropié que jamais ; ses pièces, trop hautes pour le parterre, ne lui avaient valu que les applaudissements des poètes et le dédain du vulgaire : il était abandonné de sa maîtresse.

2028. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

J’avais conçu cette tragédie à Pise, l’année d’avant, et j’en avais pris le sujet dans l’Agamemnon de Sénèque, pièce détestable, s’il en fut.

2029. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Moi qui avais vu représenter cette même pièce dix ans peut-être auparavant, et qui depuis l’avais complètement oubliée, je sentis aussitôt mon cœur et mon esprit se remplir d’une émulation où il entrait à la fois de la colère et du dédain, et je me dis : “Et quels Brutus !

2030. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Les pièces de bois avec lesquelles j’avais bouché mon trou avaient été brisées ou emportées ; mais l’ouverture était de nouveau complètement remplie de dépouilles et de débris des oiseaux. — À la fin pourtant, il survint un ouragan tellement violent, que leur antique retraite fut tout de son long couchée par terre.

2031. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Quand je pense à ce noble peuple d’Athènes, où tous sentaient et vivaient de la vie de la nation, à ce peuple qui applaudissait aux pièces de Sophocle, à ce peuple qui critiquait Isocrate, où les femmes disaient : « C’est là ce Démosthène ! 

2032. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

. — Pour essayer ce parer autant que possible aux défauts de cette pièce, il imagina, dans les premiers mois de 1851, de mettre sur la scène la jeunesse ce Siegfried (telle qu’il l’avait déjà conçue dans son Esquisse de drame), et de montrer dans cet autre opéra quelques-uns des exploits dont on parlait dans le premier ; il écrivit donc un poème d’opéra intitulé le Jeune Siegfried, qu’il termina le 24 juin 1851.

2033. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Hérodote raconte que, plus tard, parmi les ossements du champ de bataille de Platée, on découvrit un squelette haut de cinq coudées, un crâne sans suture, et deux mâchoires dont les dents, toutes d’une pièce, ne formaient qu’un os.

2034. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Dans ce vaste drame, la vie même est jouée ; les spectateurs sont de la pièce ; ils ne sortent pas d’eux-mêmes, mais, pris à la magie de cet art, s’abandonnent à la belle et facile occasion de poursuivre leur existence quotidienne dans le fictif, dans un lieu sans peines, sans dégradants soucis de soi-même, mais baigné d’une atmosphère de rêve et de brume immense, complexe, obscur, fragmentaire, vaste, noire, et si immédiatement connu d’une vue si proche, que le lecteur s’y perd et s’y trouve comme un passant dans le large miroir des eaux profondes ou stagnent le ciel, le site et lui-même qui reconnaît son ombre dans la leur.

2035. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Je vais vous y faire conduire. » Puis elle fit signe à un vieil abbé, dont j’ai oublié le nom, de m’accompagner dans deux pièces voisines.

2036. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

En quelque site, en quelque désert qu’il soit situé, c’est quelque chose de délicieux que de s’être fait le possesseur d’une habitation champêtre. » Et ailleurs : « Un enfant rustique, sans autre parure que le vêtement nécessaire pour le préserver du froid, nous servira, dans des plats d’argile, des mets achetés au prix de peu de pièces de cuivre.

2037. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Néaubre a donné 10 nouvelles pièces au théâtre, MM. 

2038. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Placez debout à son côté Vénus, mais Vénus nue, grande, divine, voluptueuse ; jettez mollement un de ses bras autour des épaules de son amant, et qu’en lui souriant d’un souris enchanteur elle lui montre la seule pièce de son armure qui lui manque, son casque dans lequel les pigeons ont fait leur nid.

2039. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Vous ne sauriez me nier deux choses : l’une, qu’Alceste dans cette pièce est un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien ; l’autre, que l’auteur lui donne un personnage ridicule. […] Elle semblerait peut-être moins injustifiée si l’on songeait à certaines pièces d’aujourd’hui : et encore on ne peut pas dire qu’elles dépravent le public, puisqu’elles se conforment simplement à sa dépravation […] Mais d’Alembert ne pouvait manquer d’opposer l’auteur du Devin à l’auteur de la Lettre sur les spectacles ; et c’est ce qu’il fait en termes bien spirituels : La plupart de nos orateurs chrétiens, en attaquant la comédie, condamnent ce qu’ils ne connaissent pas : vous avez au contraire étudié, analysé, composé vous-même, pour en mieux juger les effets, le poison dangereux dont vous cherchez à nous préserver ; et vous décriez nos pièces de théâtre avec l’avantage non seulement d’en avoir vu, mais d’en avoir fait… Oh ! je sais bien, les spectacles, selon vous, sont nécessaires dans une ville aussi corrompue que celle que vous avez habitée longtemps ; et c’est apparemment pour ses habitants pervers, car ce n’est pas certainement pour votre patrie, que vos pièces ont été composées : c’est-à-dire, monsieur, que vous nous avez traités comme ces animaux expirants qu’on achève dans leurs maladies de peur de les voir longtemps souffrir.

2040. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Il y a de si belles scènes, des morceaux si grands et si terribles répandus dans ses farces monstrueuses qu’on appelle tragédies, que ces pièces ont toujours été jouées avec un grand succès. » Telles furent les premières opinions de Voltaire sur Shakspeare. […] Je ne remarque, comme pièces dramatiques, dans le catalogue, qu’une Jocaste, tirée des Phéniciennes d’Euripide, l’Andria et L’Eunuque de Térence, Les Ménechmes de Plaute et les tragédies de Sénèque. Il est douteux que Shakspeare ait eu connaissance de ces traductions ; car il n’a pas emprunté le fond de ses pièces d’invention des originaux même traduits en anglais, mais de quelques imitations anglaises de ces originaux. […] Je n’examinerai point jusqu’à quel degré cette assertion est véritable ; si la liberté que l’on se donne, de tout dire et de tout représenter, ne mène pas naturellement à ce fracas de scène, à cette multitude de personnages qui en imposent : je n’examinerai pas si, dans les pièces de Shakspeare, tout marche rapidement à la catastrophe ; si l’intrigue se noue et se dénoue avec art, en prolongeant et précipitant sans cesse l’intérêt pour le spectateur : je dirai seulement que, s’il est vrai que nos tragiques manquent de mouvement (ce que je suis fort loin d’accorder), il est bon qu’ils en mettent davantage dans leurs sujets. […] La pièce intitulée Le Métier de Roi, dans le nouveau Recueil, avait été citée dans Le Siècle de Louis XIV.

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