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2491. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Dans un voyage de Paris à Limoges, avec un ami de Fouquet exilé, il se trompe d’auberge, entre dans le jardin voisin ; et là, tandis qu’il lit Tite-Live sous une tonnelle, il en oublie le dîner.

2492. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Tout cela est léger, glisse, caresse en passant, et s’oublie, non sans nous laisser le désir d’y revenir.

2493. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Si, au lieu de consumer leur vie sur de barbares traductions et des travaux de seconde main, les commentateurs scolastiques eussent appris le grec et lu dans leur texte Aristote, Platon, Alexandre d’Aphrodisias, le XVe siècle n’eût pas vu le combat de deux Aristote, l’un resté solitaire et oublié dans ses pages originales, l’autre créé artificiellement par des déviations successives et insensibles du texte primitif.

2494. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

L’étranger même m’a aidé dans mon œuvre autant que mon pays ; je mourrai ayant au cœur l’amour de l’Europe autant que l’amour de la France ; je voudrais parfois me mettre à genoux pour la supplier de ne pas se diviser par des jalousies fratricides, de ne pas oublier son devoir, son œuvre commune, qui est la civilisation.

2495. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Et en 1882, dans l’article daté de Venise, 1er novembre, et consacré au souvenir des représentations de Parsifal qui venaient d’avoir lieu, il écrit : « Oublier dans la contemplation de l’œuvre d’art — rêvée mais vraie — le monde réel du mensonge, c’est la récompense pour la douloureuse véracité qui nous a forcés de reconnaître que ce monde n’est que misère » (X, 395). — Nulle part, dans ce poème de Parsifal, nous ne touchons au monde réel.

2496. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Il faudrait aussi admettre que Wagner fût allé à l’encontre de ses propres théories : « Dans le drame c’est par le sentiment que nous percevons… un sujet dramatique qui ferait appel tour à tour à l’intelligence et au sentiment serait un sujet sans cohésion, brouillé… le drame n’a qu’un seul but, agir sur le sentiment (IV, 97, 246, 253)… dorénavant deux chemins seulement s’ouvrent à la poésie ; ou bien elle peut quitter son domaine pour celui de l’abstraction, devenir philosophie, ou bien elle se confondra avec la musique… le langage de la musique ne peut être interprété selon les lois de la musique (VII, 150)… etc. » On pourrait m’objecter que dans ce cas spécial Wagner a oublié ces théories si clairement énoncées, si nous ne trouvions, dans ses propres œuvres, une preuve concluante du danger qu’il y a à vouloir voir des intentions philosophiques là où il n’y a qu’une œuvre d’art.

2497. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

On oublia le progrès des siècles, et les méthodes des scolastiques furent de nouveau mises en vogue.

2498. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Aujourd’hui encore, telle paysanne ignorante des montagnes du Pinde ou de la Phocide improvise sur son frère ou sur son mari mort des adieux sublimes que lui souffle une voix intérieure, et qu’elle aura oubliés demain.

2499. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Enseveli dans le silence et dans une méditation morose sous l’Empire, plus tard exilé pendant quinze ans en Belgique sous la Restauration, nous l’avons vu, après 1830, revenir isolé et finir parmi nous comme un témoin oublié d’un autre âge.

2500. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Wafflard, entrepreneur des pompes funèbres, avec les prix de toutes les classes depuis la dixième jusqu’à la première, et où rien n’est oublié dans cette carte de la mort : le nombre des prêtres, des cierges, des franges, et où même une gravure sur bois, en haut de chaque classe, représente fidèlement ce qu’on aura pour son argent.

2501. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Ma mère, sur votre lit de mort, vous m’avez mis la main de votre enfant chéri et préféré dans la mienne, en me recommandant cet enfant avec un regard qu’on n’oublie pas, êtes-vous contente de moi ?

2502. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

La fleur d’Adonis n’est plus rougie par le sang du jeune dieu oublié, mais tantôt par celui de Vénus, tantôt par celui de Jésus : sang de Jésus, sang deVénus, les deux grandes religions unies une fois de plus dans le geste de cueillir la même fleur.

2503. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Ce meurtrier de sa mère paraît même avoir tout à fait oublié le forfait qu’il a commis.

2504. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

La mémoire sensible fournit comme le premier fonds de cette construction originale, de cette œuvre homogène et distincte ; mais la parole intérieure, une fois créée, une fois mise en train à titre d’écho de la sensation sonore, semble oublier ses origines ; on la dirait vivante par elle-même ou par un autre principe que celui qui l’a fait naître.

2505. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

oubliez-moi plutôt Que de vous souvenir d’un autre !

2506. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

D’abord, le genre était inexploité jusqu’à lui, ou très peu exploité ; il l’avait été, et encore assez peu, par les anciens ; il l’avait été infiniment peu par les auteurs qui avaient précédé La Fontaine dans la littérature française, car n’oublions pas que le fabliau, ou fableau, comme vous voudrez, n’est pas une fable, c’est en général, presque toujours, un conte proprement dit, c’est l’origine de nos contes.

2507. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Il est bien évident que, pour nous qui sommes restés fidèles à la vérité, de pareilles assertions peuvent être discutées et poussées, les unes après les autres, dans l’abîme tourbillonnant de l’inconséquence ; mais, quoi qu’il en soit, on n’en reconnaît pas moins, sous ces affirmations plus faciles à articuler qu’à prouver, les racines à moitié arrachées du catholicisme, le germe oublié que rien n’a pu étouffer, la trace de ces idées traditionnelles mal effacées d’abord et qui finiront par reparaître, lettre par lettre, comme les merveilleux caractères de quelque palimpseste divin.

2508. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

De tant de tragédies, il ne s’est conservé que quatre vers des Pélopides, où se rencontre une forte et mélancolique image : « Les infortunés144, quand la mort est loin, l’appellent de leurs vœux ; mais, lorsque vient sur nous le dernier flot de la vie, nous souhaitons de vivre : on n’a jamais satiété de la vie. » Que si, d’après la seule œuvre de ce poëte qui lui ait survécu, on augure mal de son génie ; si la subtile et bizarre emphase du poëme d’Alexandra ne permet de lui attribuer, ni la libre éloquence nécessaire au drame, ni la splendeur lyrique, n’oublions pas cependant qu’il fut, pour les contemporains, l’égal d’Apollonius de Rhodes, d’Aratus et de Théocrite, formant avec eux et d’autres plus obscurs la pléiade poétique du ciel alexandrin.

2509. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Bonald paraît oublier que les idées particulières, pour peu qu’elles soient remarquées, sont aussitôt rapportées à des genres et nommées intérieurement. […] Elles se présentent toujours accompagnées de leur expression intérieure » ; — parfois aussi, Cardaillac l’oublie, ce sont des phrases toutes faites, des fragments de poésies, de courtes mélodies, qui s’imposent à notre mémoire, et l’idée, s’il y en a une, accompagne le son ; — dans l’un et l’autre cas, « nous faisons effort quelquefois pour repousser, pour réduire au silence » la parole intérieure ; mais nous l’entendons passivement, malgré nous, « sans avoir rien fait pour la produire. » La rêverie est un état moins absolument passif que l’obsession ; mais c’est encore un état passif, surtout si on le compare à la réflexion ; dans la rêverie, « l’âme, écoutant à peine la parole intérieure, … l’entend cependant, mais sans faire le moindre effort pour en déterminer l’objet ou en diriger la marche. » Dans la réflexion, au contraire, nous sommes actifs, car « nous dirigeons le cours de notre pensée » et, en même temps, de notre parole ; nous cherchons à la fois des idées vraies et des expressions justes ; « l’âme fait effort et pour se parler à elle-même », et pour bien entendre et comprendre tout ce qu’elle dit, et pour « n’être détournée » par aucune cause de distraction du but qu’elle se propose d’atteindre90 ».

2510. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

On raporte de même à la métalepse ces façons de parler, il oublie les bienfaits, c’est-à-dire, il n’est pas reconoissant. […] La métaphore est très ordinaire : en voici encore quelques exemples : on dit dans le sens propre s’enivrer de quelque liqueur ; et l’on dit par métaphore s’enivrer de plaisirs : la bone fortune enivre les sots, c’est-à-dire, qu’elle leur fait perdre la raison, et leur fait oublier leur premier état. […] Vous voyez qu’il n’oublie rien. […] Simon dans l’Andriène rapèle à Sosie les bienfaits dont il l’a comblé : " me remettre ainsi vos bienfaits devant les yeux, lui dit Sosie, " c’est me reprocher que je les ai oubliés. (…).

2511. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Elles ont du moins le mérite d’attester une fois de plus la vitalité de cette admirable province italienne, si riche d’histoire et d’art, que je n’ai jamais quittée autrefois, sans me répéter, au moment de franchir les Alpes, quand je rentrais par le nord, le vers divin de Cino de Pistoie : L’Alpe passai con voce di dolore… I Puisque j’ai nommé cette Pistoie, qui fut la patrie du noble poète, ami de Selvaggia, je m’excuse, dans ces notes rétrospectives sur la Toscane, de mentionner seulement cette ville dont je n’ai pas oublié l’admirable dôme avec ses bas-reliefs des Della Robbia en terre cuite émaillée, non plus que le palais Pretorio avec l’étonnant distique gravé dans l’ancien tribunal : Hic locus odit, amat, punit, conservat, honorat nequitiam, leges, crimina, jura, probos. […] Mais c’est surtout la figure de Guillaume II, sans cesse prise et reprise au cours de ces pages, qui impose sa vérité avec une telle force que l’on oublierait presque les sentiments que nous a laissés à tous l’horreur de la guerre déchaînée par lui. […] Voici que se dégagent comme les traits d’un visage, immobile et vivant, que vous n’oublierez pas plus que les traits d’une face humaine. […] Quelle leçon se dégagera pour lui de ces visions qu’il n’oubliera jamais ?

2512. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

. — Au reste, pour bien entendre, selon la mesure qui convient, ce reste de facilité romanesque chez Mme de Krüdner au début de sa conversion, et aussi la décence toujours conservée au milieu de ses inconséquences du monde, il faut ne pas oublier ce mélange particulier en elle de la légèreté et de la pureté livonienne qui explique tout.

2513. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Dans cette ascension de la Dôle, j’ai oublié, pour compléter la scène, de dire qu’outre les deux amis et le pâtre, il y avait là un vieux capitaine de leur connaissance, redevenu campagnard, révolutionnaire de vieille souche et grand lecteur de Voltaire.

2514. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Pour qu’ils n’oublient pas de la payer, le locataire qui leur sous-loue est responsable.

2515. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Il faisait fournir des barques et des canots à ceux qui voulaient fuir ; il anéantissait les lettres et les notes qui auraient pu servir de témoignage du zèle qu’on avait montré pour lui, des injures qu’on avait proférées contre Vitellius ; il distribuait des gratifications avec mesure, et nullement comme un homme qui n’a rien à ménager après lui ; ensuite il s’appliqua à consoler le fils de son frère, Salvius Coccéianus, enfant en bas âge, qui tremblait et qui pleurait, louant sa tendresse, gourmandant son effroi, l’assurant que le vainqueur ne serait pas assez barbare pour refuser la grâce de ce neveu, à lui, qui avait conservé à Rome toute la famille de Vitellius, et qui allait, par la promptitude de sa propre mort, mériter la clémence de ce rival : car ce n’était point, ajoutait-il, dans une extrémité désespérée, mais à la tête d’une armée demandant à combattre, qu’il épargnait volontairement à la république une calamité nouvelle ; qu’il avait assez de renommée pour lui-même, assez d’illustration pour ses descendants ; que le premier, après les Jules, les Claude, les Servius, il avait porté l’empire dans une nouvelle famille ; que son neveu devait donc accepter la vie avec une noble assurance, sans oublier jamais qu’Othon fut son oncle, et cependant sans trop s’en souvenir. » VIII « Après ces soins donnés aux autres, il prit quelques moments de repos.

2516. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Elle m’accueillit avec sécurité, prévenue qu’elle était par le poète Béranger que je n’étais point de sa religion politique, que je ne venais ni pour la flatter ni pour la trahir, mais uniquement pour m’instruire et pour entendre ses témoignages sur le temps, sur les choses, sur les hommes qu’elle avait traversés, connus, fréquentés de si près dans cette intimité quotidienne où les hommes les plus comédiens en public oublient de se masquer, selon leurs rôles, devant les témoins domestiques de toutes les heures secrètes de leur vie.

2517. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Une certaine nonchalance annonçait qu’il s’oubliait aisément lui-même, sûr de se retrouver avec toute sa force au moment où il aurait besoin de se recueillir.

2518. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Quand on sait toutes les œuvres du temps et qu’on en voit les débris sur toute la terre, on l’appelle de son vrai nom, le grand Créateur, mais aussi le grand destructeur du monde, ou plutôt le grand changeur, le grand rénovateur de tout ; mais le grand progressiste, c’est un contresens à son nom, car il démolit sans cesse tout ce que sans cesse il construit, à commencer par l’homme lui-même qu’il sème et qu’il fauche sans en oublier un seul sur la terre, pour lui apprendre qui est le grand ensevelisseur de la création et le fossoyeur des mondes !

2519. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Il ne faut pas oublier en lisant que ce jeune époux, ou plutôt ce jeune amant, était alors au Puy en Velais, guerroyant, où il devait périr à la suite de son roi.

2520. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Napoléon n’a pas pu l’oublier toujours.

2521. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

La seule loi que la société lui impose, c’est de ne jamais oublier sa céleste origine.

2522. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

N’oublions pas que Ronsard s’est le premier essayé dans l’ode ; qu’il y fut le prédécesseur de Malherbe, qui perfectionna ce qu’il avait inventé qu’il eut la gloire d’indiquer le genre qui devait régénérer la poésie française.

2523. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Moi aussi, je me vois dans Montaigne chaque fois que je l’ouvre ; je m’y suis vu ce matin même, en le feuilletant pour vérifier l’exactitude d’une citation si je m’étais oublié, j’irais me chercher là.

2524. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Et les riches et les puissants, de plus en plus, oublieront leurs devoirs, leur raison d’être en ce monde ; ils confondent dans leur haine ou leur indifférence démocratie et peuple, le simple travailleur qui va noblement et heureusement à sa tâche et l’imbécile braillard des réunions publiques qui songe à réformer l’univers.

2525. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Toutefois c’est en vain qu’il essaye d’oublier son premier amour, c’est en vain qu’il court, pour s’étourdir, les aventures périlleuses ; au lieu d’une distraction, il y trouve une blessure mortelle.

2526. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Ils négligèrent la signification émotionnelle des accords, des rythmes : ils s’ingénièrent à perfectionner une langue dont ils avaient oublié le sens.

2527. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Tes muettes leçons aux mortels semblent dire : « Un Dieu périt pour vous ; n’oubliez point ses lois. » Ton aspect imprévu rendit plus d’une fois La paix au repentir, des pleurs à la souffrance, Au crime le remords, au malheur l’espérance. » (Note de l’Éditeur.

2528. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

J’ai oublié de vous parler de l’Eunuque.

2529. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Il me faut relever, au centre des champs égaux et par dessus les toits rustiques trop semblables, la « Tour du Meilleur », ce toit pointu qui veut pour lui seul la foudre des orages, afin d’en sauver les autres ; ce haut mur qui porte le faible lierre agrippé à ses pierres ; ce signe permanent de la hiérarchie désirable, qui rappelle aux fous qui l’oublient que nul homme ne s’élève sans degrés inégaux ; ce pignon, qui est détestable s’il n’est que celui de l’orgueil, mais divin dans sa mission, s’il ouvre ainsi qu’un grenier ou chacun peut puiser, suivant ses besoins, l’exemple, le conseil, le refuge ou l’aumône…‌ … Il ne faut pas aller au peuple en descendant, mais faire monter le peuple jusqu’à soi, et se mettre haut, sans morgue et simplement…‌ … Ma race est arrivée jusqu’à moi, sans tache et sans vulgarité ; ainsi dois-je la transmettre à l’avenir, dans la même intégrité, vêtue de même noblesse, dirigée dans le même sens de perfection…‌ Voilà des pensées, n’est-ce pas, qu’il n’était pas possible de laisser en dehors du concert des familles spirituelles, que des catholiques aux socialistes, nous avons entendues.‌

2530. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Il existe ici un homme qui, à la suite d’une violente attaque d’apoplexie, se souvenait bien des noms, mais avait entièrement oublié les verbes. — Les verbes qui sont des genres à l’égard de tous les autres, tels que : sum, qui indique l’existence, verbe auquel se rapportent toutes les essences, c’est-à-dire tous les objets de la métaphysique ; sto, eo, qui expriment le repos et le mouvement, auxquels se rapportent toutes les choses physiques ; do, dico, facio, auxquels se rapportent toutes les choses d’action, relatives soit à la morale, soit aux intérêts de la famille ou de la société, ces verbes, dis-je, sont tous des monosyllabes à l’impératif, es, sta, i, da, dic, fac ; et c’est par l’impératif qu’ils ont dû commencer.

2531. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide, je n’avais plus oublié ce nom. […] Il en déduit cet axiome qu’il est bien dangereux de savoir tant de choses, et comme il a justement de meilleures nouvelles de sa candidature académique, il revient vite à la foi : bientôt il oubliera qu’il l’avait quittée et se félicitera pour la constance honnêtement récompensée de ses convictions.

2532. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Ici, comme tout à l’heure, vous raisonnez en scolastique ; vous oubliez les faits cachés derrière les conceptions. […] Ici, une fois de plus, le rôle de l’abstraction a été oublié.

2533. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Ici, comme tout à l’heure, vous raisonnez en scolastique ; vous oubliez les faits cachés derrière les conceptions : car regardez d’abord votre premier argument. […] Ici, une fois de plus, le rôle de l’abstraction a été oublié.

2534. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Comme il avait, l’imprudent, oublié Ducommun et M.  […] Le sauvage qui coupe la branche pour avoir les cerises représente l’antique sagesse (Rousseau oublie que cette sagesse est encore très fréquente). […] Les lieux où Senancour trouve le plus d’harmonie avec lui-même, c’est les hautes vallées ; dans une enceinte noire de bois, des prairies à peine animées par le bruissement du feuillage et de l’eau, et, si quelque être vivant figure dans ces muets spectacles, que la distance l’immobilise ; les lentes modifications du jour dans une clairière ; une avenue oubliée où la mousse étouffe les pas. […] Sous prétexte d’inspiration plus libre et plus ardente il faisait oublier aux poètes le devoir de penser : il soustrayait à l’empire du jugement le jeu de ces éléments de chair et de sang qui sont comme la partie matérielle du génie.

2535. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Elle a senti qu’elle mourait, et cependant, en quittant une vie si heureuse, elle n’a laissé échapper que l’expression d’un regret aussi tendre que touchant : — Ne m’oubliez pas, disait-elle à ses parents et à ses amis en pleurs autour de son lit de mort ; j’aurais plus de courage s’il ne fallait pas vous quitter, mais du moins que je vive dans votre souvenir !

2536. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Je trouvai le plus aimable petit vieillard que la tradition oubliée dans un coin de Paris eût pu préserver pour être au besoin consulté par les hommes d’un autre âge.

2537. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Les charmes, l’amour et les vertus de Porcia lui firent oublier Ginevra ; cette félicité fut à peine altérée par le refroidissement du prince de Salerne qui le congédia de son service et l’exila de sa cour avec une pension de deux cents ducats, on ne sait pour quel motif.

2538. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Cet adroit tisseur de rimes et enlumineur de mots fit de son mieux : il joua très doucement son rôle d’amoureux avec la belle Péronnelle d’Armentières : allant vers la soixantaine, borgne, goutteux, il fila sa passion patiemment, délicatement, sans oublier une attitude, une formule, une espérance, une inquiétude, jusqu’à ce que la jeune demoiselle fournît à toute cette fantaisie banale la banalité d’une conclusion réelle : elle se maria ; et Machault, désespéré dans les formes, s’accommoda spirituellement d’une bonne amitié.

2539. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

D’être l’agneau sans cris qui donne sa toison, D’être l’enfant vêtu de lin et d’innocence, D’oublier ton pauvre amour-propre et ton essence, Enfin, de devenir un peu semblable à moi…, Et, pour récompenser ton zèle en ces devoirs Si doux qu’ils sont encor d’ineffables délices, Je te ferai goûter sur terre mes prémices, La paix du cœur, l’amour d’être pauvre, et mes soirs Mystiques, quand l’esprit s’ouvre aux calmes espoirs »..

2540. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

On oublie l’amour de la vie pour l’amour de la ligne.

2541. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

N’oublions pas, après tout, que tel d’entre eux a rendu populaire plus d’une vérité utile.

2542. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Voilà ce que nous apprennent les écrits du temps sur les précieuses en général : je ne dois pas oublier les quartiers de Paris qu’elles habitaient.

2543. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

N’oublions Pas que, nonobstant cet aveu il est déjà bien petit dans le monde savant le nombre des intelligences embrassant dans leurs conceptions l’ensemble même d’une science unique, qui n’est cependant à son tour qu’une partie d’un grand tout.

2544. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Voilà ce que je crois  Mais si Boileau n’a pas nommé La Fontaine ni ses fables, il ne faut pas oublier, pourtant, qu’il a été le premier défenseur de la Fontaine et son premier champion.

2545. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Encore ici les livres saints peuvent être considérés, indépendamment de l’inspiration, comme dépositaires des traditions antiques ; et il ne faut pas oublier que le plus ancien des écrivains sacrés, Moïse, d’après le témoignage de l’apôtre saint Jacques, s’était rendu savant dans les sciences des Égyptiens.

2546. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Un jour, ces Contes — bijoux oubliés au pied de La Comédie humaine, qui fait ombre sur tout ce qui l’entoure, — reprendront leur place aux yeux des hommes.

2547. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Ce serait le traiter trop rigoureusement que de le juger toujours en regard de Shakspeare ; même à côté de Shakspeare, et avec la même matière, on peut faire une belle œuvre ; seulement, le lecteur est tenu d’oublier pour un instant le grand inventeur, le créateur inépuisable d’âmes véhémentes et originales, de considérer l’imitateur tout seul et sans lui imposer une comparaison qui l’accablerait. […] Pourtant, je ne peux pas vous regarder et vous tuer ; je vous prie, tournez votre face. —  Soit, et frappe bien, à fond. —  À fond, aussi loin que mon épée entrera734. » Et du coup, lui-même il se tue. —  Ce sont là les mœurs tragiques et stoïques de la monarchie militaire, les grandes prodigalités de meurtres et de sacrifices avec lesquelles les hommes de ce monde bouleversé et brisé tuaient et finissaient. —  Cet Antoine, pour qui on a tant fait, lui aussi, il a mérité qu’on l’aime ; il a été l’un des vaillants sous César, le premier soldat d’avant-garde ; la bonté, la générosité palpitent en lui jusqu’au bout ; s’il est faible contre une femme, il est fort contre les hommes ; il a les muscles, la poitrine, la colère et les bouillonnements d’un combattant ; c’est cette chaleur de sang, c’est ce sentiment trop vif de l’honneur qui cause sa perte ; il ne sait pas se pardonner sa faute ; il n’a pas cette hauteur de génie qui, planant au-dessus des maximes ordinaires, affranchit l’homme des hésitations, des découragements et des remords ; il n’est que soldat, il ne peut oublier qu’il a failli à la consigne : « Mon empereur ! 

2548. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Jeudi 18 avril Pillaut, le musicien, racontait que pour l’exposition du Conservatoire qu’il faisait, il avait été dans un village de l’Oise, dont j’ai oublié le nom, et où l’on faisait des instruments de musique en bois, depuis près de trois cents ans : un village où il n’y a pas de ferme, où les paysans ne sèment, ni ne labourent, ni ne fauchent, et où tous, le cul sur une selle, travaillent à des clarinettes, qui se composent d’une trentaine de pièces. […] Et ce Russe me racontait, qu’au dîner donné à Saint-Pétersbourg, et où le Shah donnait le bras à l’Impératrice de Russie, en se levant de table, il avait, un moment, marché le premier en tête, faisant semblant d’oublier la souveraine, pendant que l’Impératrice le suivait assez embarrassée.

2549. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

» Quelques pages plus loin et à propos des Mémoires de Malouet, parlant d’une lettre sévère adressée à Raynal pour le courageux André Chénier, on lit ces lignes : « Il le prenait à partie et lui rendait la leçon que toute jeunesse généreuse qui se respecte a droit de renvoyer à la vieillesse inconsidérée qui s’oublie. » Et à propos de Lamennais, quelques pages encore plus loin, démêlant la part de mensonge qui peut se dissimuler sous l’éloquence du style : « Que le talent est donc une puissance trompeuse et capable de faire illusion ! […] Tu l’avais oublié lorsque tu poursuivis ton destin individuel. » Quelle vigueur dans cette physionomie du chef de famille, et quelle richesse de personnalité encore dans sa fille, cette Marguerite Roquevillard qui répond si simplement quand son père la consulte sur la vente du domaine : « Sauvez Maurice. […] Celui-ci a consacré toutes ses facultés à son pays depuis vingt ans, — tout est oublié, c’est un clérical. […] Quand un Renan et un Taine parlaient de la Science, ils oubliaient que la belle formule — la soumission au réel — interdit, ne nous lassons pas de le répéter, d’employer le terme de science au singulier.

2550. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Quoique l’auteur s’excuse presque d’avoir oublié sa langue durant dix années de voyages et d’absence, le style est déjà tout formé, et l’on y retrouve plus d’une esquisse gracieuse et pure de ce qui est devenu plus tard un tableau.

2551. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Ils oublièrent les distances qui les séparaient, ils se jurèrent une amitié indissoluble, ils se promirent de se rejoindre un jour à Weimar pour vivre tous deux de la même vie aussitôt que les circonstances leur laisseraient la liberté de leurs sentiments l’un pour l’autre.

2552. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

« La Russie et l’Autriche oublieront ce jour-là tous leurs ressentiments, pour écraser de leurs armées combinées les mouvements de la Hongrie, qui pourraient remuer aussi la Pologne. — Avais-je tort ?

2553. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Il s’oublia néanmoins jusqu’à supplier ce prince d’être son asile et son port, comme il l’avait dit du duc de Ferrare.

2554. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Tout ce côté de l’ancien château ressemblait à une ruine qu’on a oublié de déblayer.

2555. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

L’ancienne amitié fut oubliée, et les outrages de plume succédèrent aux caresses.

2556. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Je le plains et je ne le comprends pas : quant à moi, je puis sans peine oublier toutes les critiques fondées ou non qui m’ont assailli sur ma route.

2557. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Mais doit-on oublier que c’est là un des expédients nécessaires par lesquels s’est faite l’adaptation du christianisme à son rôle de religion universelle, et que ces subtilités de procédure théologique qui aboutissent à tourner la loi par la considération des espèces, ont l’avantage de laisser théoriquement entier l’idéal chrétien ?

2558. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il s’étonnait que la reine Christine prît des leçons de grec d’Isaac Vossius, disant qu’il en avait appris tout son soûl au collège étant petit garçon, et qu’il se savait bon gré d’avoir tout oublié à l’âge du raisonnement.

2559. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Peu de jours après, le pauvre petit Ernest, fils de ma fille aînée et frère d’Henriette, ce petit pour lequel vous aviez tant de bontés et qui ne vous a pas oubliée, est tombé malade.

2560. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Un des habitués de là, était un curieux type de bohème, le peintre X…, ramassé par le banquier Halphen, pour lui donner des leçons de peinture, puis ensuite, pour veiller à ce que, dans sa maison de banque, quelqu’un du dehors ne prît pas de l’argent, ou une traite traînant sur un bureau, et passant toute la journée, sur un pied, en fumant tous les vieux bouts de cigare, oubliés par les uns et par les autres sur les coins de cheminées.

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