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1368. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Pour que les données de la sensation s’organisent en images, il est nécessaire qu’elles se simplifient et qu’elles s’exagèrent ; simplification et outrance sont les procédés habituels de Victor Hugo. […] Il y a des conditions sociales, qui n’atténuent pas seulement la personnalité dans la mesure où cela est nécessaire pour établir l’harmonie sociale, mais qui minent et ruinent le caractère. […] Ici même il est nécessaire de marquer une différence et de mettre notre littérature classique hors de cause. […] Pour établir d’ailleurs le danger du crime passionnel, il n’est pas nécessaire que l’assassin recommence, et c’est bien assez qu’il ait commencé ! […] L’édition est détestable, pleine de fautes, sans ordre, sans méthode, sans indication de dates et sans aucun de ces éclaircissements qui seraient souvent si nécessaires.

1369. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

La déclaration du roi portant établissement des Grands Jours à Clermont, datée du 31 août 1665, fut vérifiée et enregistrée au parlement le 5 septembre, et le même jour le roi adressa aux échevins et habitants de Clermont une lettre où il était dit : Chers et bien amez, la licence qu’une longue guerre a introduite dans nos provinces, et l’oppression que les pauvres en souffrent, nous ayant fait résoudre d’établir en notre ville de Clermont en Auvergne une cour, vulgairement appelée des Grands Jours, composée des gens de haute probité et d’une expérience consommée, pour, en l’étendue du ressort que nous lui avons prescrit, connaître et juger de tous les crimes, punir ceux qui en seront coupables, et faire puissamment régner la justice ; à présent qu’ils s’en vont pour vaquer à la fonction de leurs charges, et satisfaire à nos ordres, nous voulons et vous mandons que vous ayez à leur préparer les logements qui leur seront nécessaires, etc. […] Lorsque des personnes de qualité, d’esprit et de fort bonnes mœurs, qui ne craignaient point la plus sévère justice, et qui s’étaient acquis la bienveillance des peuples, venaient à Clermont, ces bonnes gens les assuraient de leur protection, et leur présentaient des attestations de vie et mœurs, croyant que c’était unes dépendance nécessaire, et qu’ils étaient devenus seigneurs, par privilège, de leurs seigneurs mêmes.

1370. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

A Télémaque lui-même qui s’étonne de tant de prudence, Ulysse a besoin de dire : Peut-être tu sauras, par l’exemple d’un père, Que parfois au héros la feinte est nécessaire ; Qu’elle est vertu souvent, et qu’avec le danger La forme du courage est sujette à changer83. […] Cet état douteux a cessé depuis la publication de la pièce dans les Œuvres ; chacun peut lire, mais ce n’est qu’à une remise en scène qu’on en pourrait complétement juger. — Mlle Mars, qui représentait le principal personnage, avait bien tout le charme qui était nécessaire pour représenter doña Estrelle, mais il lui manquait la force et le pathétique.

1371. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

La société cependant y gagne en intérêt, en noble emploi des loisirs ; et, en effet, quand elle n’est pas pour les personnes un accident, un lieu de passage et quelquefois de contrainte, mais un séjour habituel et nécessaire, il faut bien en tirer tout le parti possible, même y penser et y réfléchir tout haut, sans quoi on courrait risque de ne pas trouver le temps de réfléchir. […] Ce premier ministre, dans tout le roman, reste aussi honnête homme qu’il sied, en se montrant aussi contraire au sentiment et au romanesque qu’il est nécessaire.

1372. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Si le sentiment d’obéissance a pour racine l’instinct de la discipline, la sociabilité et l’honneur, vous trouverez comme en France la parfaite organisation militaire, la belle hiérarchie administrative, le manque d’esprit public avec les saccades du patriotisme, la prompte docilité du sujet avec les impatiences du révolutionnaire, les courbettes du courtisan avec les résistances du galant homme, l’agrément délicat de la conversation et du monde avec les tracasseries du foyer et de la famille, l’égalité des époux et l’imperfection du mariage sous la contrainte nécessaire de la loi. […] Sitôt que nous savons quelle est la condition suffisante et nécessaire d’une de ces vastes apparitions, notre esprit a prise aussi bien sur l’avenir que sur le passé.

1373. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Les secours nécessaires à l’indigence sont une dette du riche envers le pauvre ; il appartient à la loi de déterminer la manière dont cette dette doit être acquittée. […] Les citoyens dont le revenu n’excède pas ce qui est nécessaire à leur subsistance sont dispensés de contribuer aux dépenses publiques ; les autres doivent les supporter progressivement selon l’étendue de leur fortune.

1374. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Est-ce que vous ne comprenez pas qu’il aime l’admirable Dussardier de l’Éducation sentimentale, et était-il nécessaire qu’il vous en informât ? […] Il est évident que, dans ces moments-là, le fond chez eux ne se distingue plus de la forme : je sens, même dans la traduction, que tous les mots sont nécessaires, qu’on ne pouvait en employer d’autres.

1375. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Il désire même ne plus la voir, sinon en passant. « … Si vous continuez à faire chaque jour vos trente visites nécessaires, indispensables, supposez-moi à Londres, et vous vous acquitterez de ces délicieux devoirs. » Ce qu’il attend d’elle, c’est, tout au plus, la dernière vision d’une forme agréable… Oui, sa mort sera bien la « Mort du Loup ». […] Et je voudrais que, de ce contentement si naturel et si légitime, il restât à la République un sourire, une douceur, le désir de juger toujours dans un esprit équitable ce passé qui, en cette occasion, lui fut si avantageux ; qu’elle acquît par là l’utile notion de la lenteur nécessaire des transformations politiques et sociales, et qu’alors, sans rien perdre de sa générosité et sans rien répudier de ses rêves, elle se défiât un peu plus de ses ignorances, de ses impatiences, de ses intolérances, et se gardât aussi de quelques-uns de ses conducteurs.

1376. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Certaines personnes rendent un peu Saint-Sulpice responsable de mon incrédulité et lui reprochent, d’une part, de m’avoir inspiré pleine confiance dans une scolastique impliquant un rationalisme exagéré ; de l’autre, de m’avoir présenté comme nécessaire à admettre le summum de l’orthodoxie ; si bien qu’en même temps ils grossissaient outre mesure le bol alimentaire et rétrécissaient singulièrement l’orifice de déglutition. […] N’y a-t-il pas des époques dans l’histoire de l’esprit humain où la contradiction est nécessaire ?

1377. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

De temps à autre de nouvelles combinaisons de plaisirs, de nouvelles conditions de succès deviennent nécessaires. […] À quoi nous répondrons d’une manière assez banale aussi : nous avons traduit quelques tragédies de Shakespeare en vers français, précisément parce que nous en croyons la représentation nécessaire au public, à l’art et au Théâtre-Français lui-même.

1378. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Il va sans plan, poussant devant lui, sans préconception supérieure, ne se doutant même pas que la vie, sous la diversité et l’apparent désordre de ses hasards, a ses lois logiques et inflexibles et ses engendrements nécessaires. […] Ni comme chrétien, que je ne crois pas qu’il soit, même historiquement, ni comme artiste, qui comprend tout, qui a le quart d’heure de dévotion nécessaire dans les sujets religieux comme l’avait ce bandit de Benvenuto Cellini quand il sculptait ses crucifix, Flaubert, qui fait le sérieux dans son livre, n’a compris ce sévère et audacieux sujet de saint Antoine ; car il était audacieux, avec la plaisanterie séculaire des têtes légères de France qu’il fallait braver !

1379. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Sans faire tous les métiers comme Gil Blas, il est bon de savoir ce que c’est qu’un métier, ne fût-ce que pour être plus indulgent au pauvre monde, au commun des honnêtes gens, et pour ne pas opposer trop souvent un veto absolu aux faits accomplis nécessaires.

1380. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Pendant que se signait cette paix achetée par tant de travaux et de victoires, l’esprit de parti, l’esprit royaliste continuait d’infester la France ; la réaction levait la tête et avait pris pied partout, jusque dans les pouvoirs publics ; et le 18 fructidor, ce coup d’État fâcheux, mais nécessaire, n’était pas encore venu rappeler à l’ordre les mauvais Français, ou ceux qui, se croyant bons, s’égaraient assez pour laisser naître et s’élever en eux des désirs de malheur.

1381. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Sitôt que ces enfants étaient en âge, il leur faisait apprendre à tous un métier de leur goût, n’excluant que les professions oiseuses, futiles, ou sujettes à la mode, telles, par exemple, que celle de perruquier, qui n’est jamais nécessaire, et qui peut devenir inutile d’un jour à l’autre, tant que la nature ne se rebutera pas de nous donner des cheveux. » On reconnaît bien là notre consciencieux abbé qui faisait tout tourner à l’utile, même ses habitudes ancillaires, et qui peuplait de ses bâtards les divers corps de métiers.

1382. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Nous regrettons que l’auteur ait cru ce soin nécessaire.

1383. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Quoi qu’à la simple lecture ces lettres de Rancé, si on n’y prend pas garde, semblent uniformes, et toutes assez semblables entre elles, on en extrairait quantité de belles et grandes pensées ; j’en ai déjà donné plus d’une et je les ai détachées ainsi à dessein, car, comme elles sont dans un fond sombre, il est presque nécessaire de les offrir à part pour les faire remarquer.

1384. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

A une donnée aussi simple, il fallait l’expression excellente et achevée, ce que La Bruyère appelle l’expression nécessaire.

1385. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

. — Premièrement, pour répandre par notre publicité de famille l’ouvrage géographique le plus nécessaire à toutes les études élémentaires ou transcendantes des savants ou des ignorants en cette matière

1386. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Et de là la cruelle, complète et nécessaire exécution des Satires.

1387. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Jean-Jacques fait de la beauté des campagnes, des bois, des cieux, un des objets nécessaires de l’art littéraire.

1388. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

À cette sensation, il jugeait nécessaire, à nos époques peu naïves, d’ajouter un certain effet de surprise, d’étonnement et de rareté.

1389. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Est-il bien nécessaire d’appeler l’enfer Ades ?

1390. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Flaminio Scala a soin d’indiquer en tête de chaque pièce les accessoires qui sont nécessaires pour la représenter.

1391. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Aussi bien, pour établir des rangs entre les hommes au point de vue de l’originalité féconde, est-il nécessaire de faire appel à des considérations sociales.

1392. (1890) L’avenir de la science « Préface »

L’inégalité est écrite dans la nature ; elle est la conséquence de la liberté ; or la liberté de l’individu est un postulat nécessaire du progrès humain.

1393. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Quand il « réussissait », rien ne semblait plus composé, plus nécessaire et plus classique que ses livres, qu’il s’agît de César Birotteau ou du Cousin Pons, des Paysans ou d’Un Ménage de Garçon !

1394. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Il avait oublié de même celles qu’il avait écrites sur le Rhin quand, l’an passé, elles lui sont forcément revenues en mémoire par un petit enchaînement de faits nécessaires à déduire ici.

1395. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Un rehaussement moral est nécessaire.

1396. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

La question est d’autant plus nécessaire que l’on se sert de cette qualification sans beaucoup de précision.

1397. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Le texte est : « Ne fait pas l’esprit obtus », qui est le mot nécessaire.

1398. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Si trop de développements n’étaient pas nécessaires, je pourrais expliquer ce qu’il y avait d’éminemment national dans notre littérature du siècle de Louis XIV ; et cette digression ne serait peut-être pas sans quelque utilité et sans quelque intérêt ; mais elle me mènerait trop loin, et elle séparerait par un trop grand intervalle des idées dont le rapprochement fait toute la clarté.

1399. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Otez l’opinion politique qu’on pourrait nommer, et dont il n’est pas nécessaire de démontrer ici le plus ou moins de justesse, ôtez cette opinion politique sous la tyrannie de laquelle il écrit, et vous n’avez plus rien dans ce livre sur l’empire russe.

1400. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Les brigands mexicains qui, de son vivant, osaient l’appeler « le Pirate » (et il faut dire que le gouvernement qui l’a tué a eu la pudeur, dans sa sentence de mort, de ne pas l’appeler de ce nom), les brigands mexicains savaient bien que, pour cacher leur perfidie, il était nécessaire de lui donner juste le nom qui calomniait sa loyauté.

1401. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

— c’est de fonder une Église, c’est d’établir une autorité extérieure après avoir reconnu l’intérieure, c’est d’avoir un symbole, des sacrements, une hiérarchie, un culte, une discipline, enfin tout cet ensemble de choses nécessaires vers lequel toute idée religieuse — d’où qu’elle vienne ! 

1402. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

A-t-il vu quelles en étaient les institutions essentielles, nécessaires, et au sein desquelles les familles doivent se grouper et se mouvoir ?

1403. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Ce qu’il veut, ce qu’il essaie à toutes les pages de son livre, c’est de justifier Clément XIV d’une abolition devenue nécessaire, soit à cause du besoin des temps, soit à cause des abus qui s’étaient produits, disait-on (et qui disait cela ?)

1404. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

D’où qu’elles viennent et si mystérieuses qu’elles soient ou qu’elles veuillent rester, toutes les lettres d’amour ont une histoire plus ou moins révélée par elles, le point d’or nécessaire de leur clair-obscur… Que me fait, après tout, à moi, la petite construction romanesque bâtie par les dix lignes de l’avant-propos et les deux de la note qui termine le volume !

1405. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Celui qui est si magnifique n’est pas loin d’être injuste ; il prive des milliers de pauvres du nécessaire, pour enrichir des riches, c’est-à-dire pour verser quelques gouttes inutiles dans des fleuves.

1406. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Cette parfaite aisance à trouver le mot nécessaire est signe de maîtrise. […] Il n’avait pas la force nécessaire pour la protéger, si on ne lui venait pas en aide du dehors. […] jusqu’ici je n’ai pu trouver le loisir nécessaire, mais je compte m’y mettre à la première matinée que j’aurai de libre. » — « Peuh ! […] Les vieux militaires se mordaient les lèvres d’assister à ces scènes de soldatesque ivre de sang, des scènes que rien ne rendait, après tout, nécessaires. […] Il n’y a pas à marchander avec lui ; il nous donnera ce qui est nécessaire, rien de plus, rien de moins.

1407. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Il dit, Lettre CX : « Soit que vous soyez sous la protection d’une Providence, ou abandonné au basard, l’imprécation la plus terrible que vous puissiez faire contre un ennemi, c’est qu’il le devienne de lui-même. . » « Ne vous applaudissez pas trop de mépriser le superflu ; vous vous applaudirez quand vous en serez venu à mépriser le nécessaire… » Ou je me trompe fort, ou mépriser le superflu est d’un sage, et mépriser le nécessaire, d’un fou. […] On n’est pas heureux pour avoir l’absolu nécessaire ; mais on est très-malheureux de ne l’avoir pas. […] pourquoi regarder l’argent comme une chose nécessaire, et sa perte comme un malheur ? […] La nature a rendu facile ce qu’elle a rendu nécessaire. » LXXVIII. […] Ce ne serait peut-être pas de vingt siècles, à compter de celui-ci, que la physique expérimentale aurait rassemblé les faits nécessaires pour former une base solide à la spéculation.

1408. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Jamais homme ne posséda mieux le génie de la réclame et ce charlatanisme qui est plus nécessaire au succès que le mérite. […] Là est le salut, là est la victoire nécessaire ; possible ou non, tu dois la remporter. […] J’ignore si Napoléon IIl est capable de l’effort d’intelligence et de désintéressement personnel qui lui serait nécessaire pour reconnaître l’immense valeur poétique des Châtiments ; mais quelle destinée, ô ciel juste ! […] Vers la trois centième page, le défilé cesse, parce que trois cents pages font un volume, et non parce qu’il y a une fin nécessaire, une conclusion. […] « Il faut avoir du superflu pour produire, s’écrie-t-il ailleurs douloureusement, et mon esprit n’a pas le nécessaire… Je suis un ignorant ! 

1409. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Ainsi, non seulement seraient montrées mes parfaites intentions d’impartialité, mais encore ne seraient pas passés sous silence des poètes de valeur que la nécessaire rapidité de mon discours personnel m’avait obligé d’omettre. […] Mon admiration pour l’auteur de Moïse, d’Éloa et de la Colère de Samson ne m’empêchera pas de dire quelques vérités nécessaires. […] Jamais l’hésitation, devant l’œuvre pourtant nécessaire, à cause, de l’infamie des mains qui l’achèveront, ne fut exprimée en un aussi torturant conflit d’une âme avec l’incertitude de la conscience. […] Mais, encore une fois, s’il est nécessaire d’être homme et mieux homme qu’un autre pour être un créateur, cela ne suffit pas. […] Non, les libertés prises par les vers-libristes, — libertés qui, d’ailleurs, ne se bornent pas à la suppression de la césure, — ne sont pas la suite nécessaire des libertés conquises par les poètes précédents.

1410. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Sentiment de plénitude et en même temps surprise, tels étaient donc pour moi les éléments suffisants, mais tous deux nécessaires, du rire. […] Mais voilà qui est bien entendu : la réunion des deux éléments : augmentation du moi ; inattendu ; n’est point nécessaire pour provoquer le rire. […] Où on peut le reprendre, c’est à ces mots : « Attente intense. » Il n’est pas nécessaire que l’attente soit intense. […] Chez l’homme civilisé, l’union des éléments est presque toujours nécessaire. […] — Eh bien, vous vous êtes assis comme on s’assied dans le monde et non comme il est absolument nécessaire de s’asseoir au théâtre.

1411. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Quand on aura l’éloignement et le recul nécessaires pour pouvoir porter sur Hugo un jugement relativement définitif, tout étant toujours relatif en ces sortes de choses, on s’y prendra, sans doute, avec Victor Hugo, comme nous en usons avec Corneille ou avec Voltaire. […] Et voilà les deux éditions nécessaires, pour le moment, à ce qu’il me semble : une édition complète sans aucune note, mais bien authentique, et c’est celle que je ne peux que louer les exécuteurs testamentaires d’Hugo de nous procurer ; — une édition savante, faite avec soin sur la précédente, et à laquelle il faudrait se mettre sérieusement et qu’il faudrait pousser ferme avant que le siècle finisse. […] Il est donc nécessaire de l’analyser en entrant dans un certain détail pour que le lecteur se rende bien compte et de nos satisfactions et de nos résistances. […] Encore une fois, ces six pages n’étaient pas précisément nécessaires pour nous faire comprendre le personnage de ce médiocre qui a nom Aubier, mais elles sont par elles-mêmes extrêmement intéressantes.

1412. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

J’ai travaillé, j’ai vendu, j’ai engagé des terres, berceau, tombeau, tout, pour gagner du temps ; bref, en y comprenant les fonds nécessaires à mes publications, mes dettes totales ont bientôt atteint cinq millions. […] Trois fois le chef du gouvernement, de qui je n’ai personnellement pas à me plaindre, m’a envoyé offrir les deux millions nécessaires à ma libération. […] Quant à ce besoin d’aimer qu’on éprouve à vingt ans… mais moi, qui écris ceci, je me sens défaillir ; mes yeux se voilent de larmes, et l’excès de mon malheur m’ôte la force nécessaire pour achever de le décrire… Miserere ! 

1413. (1925) La fin de l’art

C’est peut-être lui qui a proposé de combler les canaux de Venise et de n’y maintenir que l’humidité nécessaire à l’établissement de rizières ; lui qui médita d’installer dans le palais des doges une fabrique de chaussures. […] On se demande donc si les herbivores se contentent de puiser dans les végétaux les traces de sel qu’ils contiennent, ou s’ils ne se trouvent pas, par le fait même qu’ils sont des vertébrés, doués du pouvoir de fabriquer le sel nécessaire à leur vie. […] Mais est-il nécessaire, même pour satisfaire l’esprit au détriment des sens, que les charmilles y soient taillées en toupies ou disposées en labyrinthe ?

1414. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Ainsi que je l’ai dit et répété, je ne crois à aucune loi nécessaire de développement. […] L’on peut donc avec raison se demander comment je rends compte de l’uniformité nécessaire de ces formes septentrionales tempérées et subarctiques, tout autour des mêmes parallèles au commencement de la période glaciaire. […] En effet, si l’axe de rotation de la terre se déplace, l’équateur se déplace avec lui, et les latitudes terrestres sont variables ; mais la question ne saurait encore être décidée par la comparaison des mesures modernes avec les observations anciennes qui manquent de l’exactitude nécessaire.

1415. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— La brièveté nécessaire, imposée aux réponses que vous sollicitez ne permet que la simple affirmation d’un sentiment personnel, qu’il n’est possible ni de développer ni de justifier. […] Les autres grands poètes que cite M. de Gourmont (je regrette qu’il ait omis le nom de Leconte de Lisle) ont leur part magnifique et nécessaire dans l’œuvre poétique du xixe  siècle. […] D’aucuns diront que je n’avais pas à justifier ce choix, mais il me paraît nécessaire de noter ici pourquoi Verlaine est mon poète.

1416. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Assurément je ne crois pas nécessaire de combattre les caprices de la critique allemande. […] Villemain ne changeront rien aux termes de la question : pour se prononcer sur le mérite d’un livre, il n’est pas nécessaire de siéger dans les commissions. […] Tout entières au souvenir de cette scène touchante que je n’ai pas mentionnée parce qu’elle n’est pas nécessaire à l’exposition de la fable, elles maudissent à l’envi le meurtrier inconnu qui les prive d’un père et d’un fils. […] et à supposer que le poète l’eût choisi entre tous pour représenter, sous la forme la plus parfaite et la plus vive, ce sentiment spécial, était-il nécessaire de faire contraster la beauté de l’âme avec la difformité du corps ? […] Les monologues nécessaires sont brefs et rares.

1417. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Il n’est pas du tout nécessaire qu’une pièce de théâtre soit littéraire pour être, comme on dit, « du théâtre ». […] Quatre personnages : Cléopâtre et Rodogune, Antiochus et Séleucus ; les deux ou trois « domestiques » ou confidents nécessaires, et l’action résultant du seul jeu de leurs sentiments réciproques. […] Ajoutez aussi, Messieurs, si vous le voulez, que, par une suite nécessaire du mouvement naturel des choses, les genres une fois séparés, la distinction ne pouvait manquer de s’aggraver d’elle-même entre la tragédie et la comédie ; elle devenait tous les jours plus profonde. […] J’essayerai prochainement, Messieurs, quand nous arriverons à Tartufe, de vous montrer comment cette comédie nouvelle était le terme, en quelque sorte logique et nécessaire, de la conception réaliste ou naturaliste que Molière se faisait de l’art et de la vie. […] Car si ces accessoires ne sont pas la vie même, ils y contribuent ; ils en forment l’accompagnement nécessaire ; ils nous en rendent la sensation présente.

1418. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Était-il donc nécessaire, pour voir cela, de s’interroger beaucoup, de s’interroger dans le silence de la réflexion  ? […] Il est impossible de s’aveugler davantage : si Pyrrhus est violent, il n’en sera que plus indigné du tour qu’on lui joue ; plus il est sincère, plus il maudira la perfidie d’Andromaque ; et l’effet nécessaire de cette ruse sera de déterminer Pyrrhus à livrer le fils d’Hector pour se venger de la mère qui l’a si cruellement trompé : ce sera le seul fruit de cette escobarderie. […] Ces deux caractères de Roxane et d’Acomat réparent avantageusement la faiblesse de celui de Bajazet ; faiblesse nécessaire, et que le sujet commande. […] Les caractères, suivant le même critique, ne sont pas moins répréhensibles, sil’on excepte celui d’Esther… Zarès est entièrement inutile… Mardochée n’est guère plus nécessaire Zarès n’est pas entièrement inutile ; elle donne à son époux de bons avis qu’il ne suit point : c’est le dernier trait au tableau de l’aveuglement de cet orgueilleux ministre. […] Mais le comble de l’injustice et de la partialité, c’est de dire que Mardochée n’est guère plus nécessaire que Zarès.

1419. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

L’astre de Mme de Charrière n’a pas trop pâli durant tout ce premier séjour ; il lui écrit constamment, abondamment, et même de certains détails qu’il n’est pas absolument nécessaire de raconter à une femme. […] Comme tant d’autres aussi, faute de s’être pliée à des convenances factices, mais nécessaires, elle avait vu ses espérances trompées, sa jeunesse passer sans plaisir, et la vieillesse enfin l’avait atteinte sans la soumettre. […] » Et faisant allusion à ce qu’elle avait pu espérer d’être un moment pour lui, elle disait encore : « On ne veut pas seulement que quelqu’un s’imagine qu’il pouvait être aimé et heureux, nécessaire et suffisant à un seul de ses semblables. […] Comme explication nécessaire toutefois, comme image complète de sa situation malheureuse en ces années de Brunswick, il faut savoir que ce premier mariage qu’il venait de contracter si à la légère tourna le plus fâcheusement du monde ; que, dès juillet 1791, il en était à reconnaître son erreur ; qu’il résumait son sort en deux mots : l’indifférence, fille du mariage, la dépendance, fille de la pauvreté  ; que l’indifférence bientôt fit place à la haine ; qu’après une année de supplice, il prit le parti de tout secouer : « On se fait un mérite de soutenir une situation qui ne convient pas ; on dirait que les hommes sont des danseurs de corde. » Le divorce était dans les lois, il y recourut ; ce n’avait été qu’à la dernière extrémité : « Si elle eût daigné alléger le joug, écrivait-il, je l’aurais traîné encore ; mais jamais que du mépris ! […] Croyez-moi, nos doutes, notre vacillation, toute cette mobilité qui vient, je le crois, de ce que nous avons plus d’esprit que les autres, sont de grands obstacles au bonheur dans les relations et à la considération, qui, si elle n’est pas toujours flatteuse, est toujours utile et très-souvent nécessaire.

1420. (1925) Portraits et souvenirs

Je ne veux pas prétendre que, lorsque meurt un contemporain célèbre ou notoire, il ne soit pas naturel de vouloir manifester à sa mémoire notre respect, notre sympathie ou notre estime, mais est-il nécessaire que ce désir aboutisse d’emblée au buste ou à la statue sur une de nos places ou de nos promenades, ou dans l’un de nos rares jardins ? […] Mais il est possible aussi que l’éducateur, en acquérant les capacités qui lui sont nécessaires, y ait pris le goût du travail personnel. […] Lucien Mulhfeld, certes, n’était cependant pas plus un oublié qu’il ne fut un méconnu, et le mouvement d’intérêt qui vient de se produire dans la presse autour de son nom ne nous fait pas assister à l’une de ces réparations que rend nécessaires l’ingratitude des contemporains envers un talent maltraité. […] Il en a présent à l’esprit tout le détail, et sa mémoire lui fournit avec une abondance précise le trait nécessaire et typique. […] Dans certaines circonstances cependant, lorsqu’une entrevue de ce genre devenait nécessaire, elle devait avoir lieu en « manteau et masque ».

1421. (1914) Une année de critique

Jules Renard avait là toute l’étoffe nécessaire pour créer un type. […] Un commerce assidu est nécessaire pour voir clair dans les âmes, dans celles du moins qui gardent quelques richesses, et qui sont dignes de cette attention. […] La sagesse qu’il enseignerait consisterait à n’accomplir que les mouvements nécessaires pour résister aux assauts de l’anarchie, aux puissances de la mort. […] Un peu de mystère est nécessaire à la vraie beauté, et je vous ai dit en commençant qu’il est malaisé de comprendre les prophètes, et d’en parler. […] Un comité s’est fondé en 1912 en vue de réunir les sommes nécessaires à l’érection d’un monument Jules Renard.

1422. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Les combustions de nos tissus, de nos organes, sont la source de la chaleur et, par conséquent, d’après la grande loi de la transmutation des forces, la chaleur se trouve être indirectement le point de départ de tous les mouvements et de toutes les fonctions, soit du cœur, soit des artères, soit de la respiration. » (Patience, messieurs, nous allons avoir fini de la citation ; mais il est nécessaire de tout entendre :) « Dans l’état de fièvre, il se trouve simplement que les combustions sont exagérées par suite de l’introduction dans l’organisme d’un miasme ou d’un poison développé au dehors ou dans l’économie même. […] Et en le nommant ainsi je voudrais éviter, quoique cela soit bien difficile, de nommer et d’indiquer l’Église spirituelle ; je voudrais séparer tous ces esprits, toutes ces âmes respectables et intérieures, tous ces croyants qui ne vivent que du suc intime du christianisme et dont la vie est soumise à des préceptes de douceur et de charité ; — et ce n’est pas ici un hommage d’apparat que je leur rends : j’ai le bonheur d’en compter plusieurs pour amis, et à travers les dissidences de la pensée, je n’ai jamais cessé de sympathiser avec eux par le cœur ; — mais il faut bien le dire, des circonstances récentes, des déterminations politiques qui étaient peut-être nécessaires, ont donné aux hommes actifs et d’humeur ingérante, aux meneurs politiques qui dirigent le parti, des encouragements et des espérances qui, dans leur exaltation bruyante et leur redoublement fiévreux, sont faits pour inspirer des craintes, — non pas de l’effroi, — et pour inquiéter du moins ceux de mon âge, qui, se souvenant des misérables luttes du passé, voudraient en prévenir le retour.

1423. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

C’est peut-être aussi que le génie de Voltaire est le mouvement, que cet excès du mouvement de l’esprit donnait quelquefois le vertige et l’ivresse à sa jeunesse : l’âge, en ralentissant le mouvement excessif et désordonné de son âme, lui laissait plus de cet équilibre nécessaire à la création des belles choses. […] Il accorda au clergé, puis il retira, puis il accorda de nouveau une demi-formalité d’orthodoxie chrétienne nécessaire alors à la sépulture.

1424. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Nous ne croyons pas qu’il soit nécessaire de haïr quelqu’un pour lui rendre justice. […] George Sand William Shakespeare : Il a écrit ce livre pour dire que la poésie est aussi nécessaire à l’homme que le pain.

1425. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Ce qu’il y a eu de mieux dans toute cette discussion, & ce qui doit suffire pour réunir les deux partis, est la réflexion si judicieuse de M. de Voltaire : « Vouloir de l’amour dans toutes les tragédies est un goût efféminé, l’en proscrire toujours est une mauvaise humeur bien déraisonnable » : mais, ajoute le même auteur, si l’on fait tant que de l’y amener, il faut qu’il y tienne la première place, il faut qu’il soit le nœud nécessaire de la pièce. […] Et la critique est nécessaire, Pour qu’il fasse au public la restitution Des complimens outrés qu’on auroit pû lui faire ; Jusqu’au temps où l’impression Fait voir combien l’ouvrage a mérité de plaire.

1426. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

… Boucliers lucescents de ta face nécessaire. […] matutinus, matinal ou matineux (spécialisée en indication d’habitude). — Ce mot nouveau était nécessaire pour désigner l’aspect très vierge d’un acte.

1427. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Malheureusement, dans une histoire où le Catholicisme tient une si grande place qu’il semble tenir toute la place, il faudrait le sens profond et nécessaire du Catholicisme, et il manque à Forneron. […] Dans l’Histoire, le génie militaire arrive toujours à l’heure nécessaire, pour finir les Démocraties.

1428. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Ici, puisqu’il s’agit d’un homme dont la prétention, horriblement avortée, est d’être un inventeur en vers, il est nécessaire de ressusciter la conception de la vraie poésie. […] Et encore : Voyez-vous, nos enfants nous sont bien nécessaires, Seigneur, quand on a vu dans sa vie, un matin, ………………………………………………… Apparaître un enfant, tête chère et sacrée,         Petit être joyeux, Si beau qu’on a cru voir s’ouvrir à son entrée         Une porte des cieux ; Que c’est la seule joie ici-bas qui persiste         De tout ce qu’on rêva, Considérez que c’est une chose bien triste         De le voir qui s’en va !

1429. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Pour la reconstituer, un effort d’un genre tout particulier est nécessaire, par lequel on soulèvera la croûte extérieure de jugements bien tassés et d’idées solidement assises, pour regarder couler tout au fond de soi-même, ainsi qu’une nappe d’eau souterraine, une certaine continuité fluide d’images qui entrent les unes dans les autres. […] Notons-le à propos de ce dernier exemple : il n’est pas nécessaire d’aller jusqu’au bout de l’identification entre la personne et la chose pour que l’effet comique se produise.

1430. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Tous ces objets sont très différents, mais ils nous suggèrent, pourrait-on dire, la même vision abstraite, celle d’un effet qui se propage en s’ajoutant à lui-même, de sorte que la cause, insignifiante à l’origine, aboutit par un progrès nécessaire à un résultat aussi important qu’inattendu. […] Mais il n’est même pas nécessaire que les deux scènes symétriques soient jouées sous nos yeux.

1431. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Quand je veux m’instruire, je passe là-dessus, je marche sur ces cailloux au risque de m’écorcher un peu ; mais jamais pour le grand public français, jamais dans la patrie de Malebranche et de Jouffroy je ne croirai qu’il est nécessaire ou utile de se servir de ces termes que je prends au hasard, le déterminisme, l’hypothèse d’une chute préexistentielle, l’existence de l’inconditionné, etc.

1432. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

« Il y a plus : c’est que, faute d’un certain sens spirituel nécessaire pour discerner par nous-mêmes la vérité, nous étions réduits à nous citer les uns les autres, et à citer même des anciens de deux mille ans, nous qui, aidés de leurs lumières et des lumières de soixantes générations, devions avoir incomparablement plus de lumières et de connaissances que ces anciens qui vivaient dans l’enfance de la raison humaine… » Nous touchons ici à une idée essentielle de l’abbé de Saint-Pierre, c’est que le monde intellectuel ne date que d’hier, que les hommes sont dans l’enfance de l’esprit et de la raison, que l’humanité n’a guère que sept ans et demi, l’âge à peine de la raison commençante45.

1433. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Est-il donc bien nécessaire d’en passer par la méthode de Gervinus pour sentir et admirer La Fontaine ?

1434. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Floquet, dans l’abbé Ledieu, tous les éléments nécessaires et tous les traits pour recomposer cette grave et douce figure déjà pleine de rayonnement et de puissance.

1435. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Sa gravité, sa dignité, et, si je puis dire, sa démarche d’intelligence n’eurent en rien à souffrir ni à se déranger d’un changement sincère, naturel, produit en la saison voulue, selon le cours des choses, en vertu d’une crise nécessaire et généreuse, et avant que rien de contraire ni d’irrévocable eût sonné.

1436. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Lui, s’il ne parvient pas à être une des fonctions utiles et nécessaires d’un journal, une des quatre ou six roues qui le font aller, il reste nomade et errant ; il végète ; il est obligé d’offrir son travail : on ne sait pas tout ce que cette offre amène avec soi de lenteurs, de désagréments et de mécomptes.

1437. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Nous avons pu surprendre le poëte en un moment de plainte ; mais il ne faut rien exagérer, et il n’est pas nécessaire pour l’intérêt du portrait de trop prolonger ce court moment dans toute l’habitude d’une vie.) — Depuis que ceci est écrit, Mme Tastu a de plus en plus persévéré dans cette voie toute de raison et de devoir.

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