Dans ses vers d’amour, il ne reste rien de toute la gaieté, la grâce superficielle, les galants baisemains d’autrefois ; il a transposé en mineur de vieux motifs badins ; il en a fait des nocturnes, des valses lentes, des musiques aussi désespérées ou aussi rêveuses que celles de Chopin, et rompues souvent de même, par des dissonances subites, des finales ironiques, de violents rires sonnant faux et perçants. […] Il s’accable de mépris et d’indulgence, s’insulte et salit sa passion ; la folie de hasarder la paix de son cœur entre les mains traîtresses d’une femme, lui inspire de faux ricanements, et c’est quand son affection trompée, bourrelée et meurtrie lui rend l’âme le plus vide et le plus morne, qu’il s’ingénie à affiler contre sa tendresse et la perfidie de sa bien-aimée les plus jolis sarcasmes.
Il donne aux autres des maladies qu’il n’a pas ; sa folie fausse inocule à sa maîtresse une folie vraie. […] C’est là, grâce aux fausses religions, ce qui arrive à Dieu.
Il faut tenir compte de ces difficultés et les bien connaître pour ne pas se laisser tromper par de fausses apparences ; mais au fond il n’y a qu’une seule méthode pour les sciences naturelles comme pour les sciences physiques, et les premières ne feront de vrais progrès que lorsqu’elles seront largement et décidément entrées dans cette voie. […] Enfin ils le placent jusqu’en Dieu lorsqu’ils lui prêtent une volonté absolue, supérieure au bien et au mal, au vrai et au faux, décidant et créant par un sic volo, sic jubeo absolu.
Nulle idée ne lui paraissait plus vraie ou fausse mais vraie et fausse tour à tour ou tout ensemble.
Si elles sont fausses, vous les détruirez. Vraies ou fausses, le lecteur y gagnera toujours quelque chose.
Si cela n’est pas, l’artiste est faux ; si cela est, il n’y a donc point de pauvres ; s’il n’y a point de pauvres, et que les conditions les plus basses de la vie y soient aisées et heureuses, que manque-t-il à ce gouvernement ? […] Celle-ci tient la main de la jeune femme, elle lui parle, mais elle n’a point le caractère faux et rusé de son métier ; c’est une vieille comme une autre.
Chirico est maintenant contre le futurisme qui est « manque de profondeur et de construction, hermaphroditisme sentimental, plastique pédéraste, faux lyrisme. […] Des combattants s’inscrivirent en faux contre ses assertions.
A côté est posé le sablier et la faux. […] Daumier s’est abattu brutalement sur l’antiquité, sur la fausse antiquité, — car nul ne sent mieux que lui les grandeurs anciennes, — il a craché dessus ; et le bouillant Achille, et le prudent Ulysse, et la sage Pénélope, et Télémaque, ce grand dadais, et la belle Hélène qui perdit Troie, et tous enfin nous apparaissent dans une laideur bouffonne qui rappelle ces vieilles carcasses d’acteurs tragiques prenant une prise de tabac dans les coulisses.
« Puisque la Grammaire, dit-il à ce sujet, n’est que pour fournir des regles ou des réflexions qui apprennent à parler comme on parle ; si quelqu’une de ces regles ou de ces réflexions ne s’accorde pas à la maniere de parler comme on parle, il est évident qu’elles sont fausses & doivent être changées ». […] J’ajoûte que ce raisonnement porte sur un principe faux, & qu’en effet la lettre h désigne un objet de l’audition très-analogue à celui des autres consonnes, je veux dire une explosion réelle des sons. […] Mais il n’en est pas de même des principes raisonnés qui concernent la nature de ce tems : il me semble qu’on n’en a eu encore que des notions bien vagues & même fausses ; & la dénomination même qu’on lui a donnée, caractérise moins l’idée qu’il en faut prendre, que la maniere dont on l’a envisagé. […] Trompé par les fausses idées qu’on avoit prises des deux formes impératives latines, M. l’abbé Régnier a voulu trouver de même dans l’impératif de notre langue, un présent & un futur : dans son système le présent est lis ou lisez ; le futur, tu liras ou vous lirez (Gramm. franç. […] Mais ce qui est raisonnable par rapport à la phrase latine, seroit ridicule & faux dans la phrase françoise.
Faux Louis XV ; faux Louis XVI ; faux Japonais ; faux tout. […] Demain, cette nuit peut-être, ce sera vous plein de santé, vous orgueilleux de vos forces, vous si fier de votre intelligence, vous dont la jeunesse est imprégnée de joie, ce sera vous que tranchera l’inexorable faux. […] À ce propos, Marbot, qui veut être toujours net de conscience, raconte qu’il a, par condescendance pour le général Morland, consenti à tromper l’Empereur en le renseignant à faux sur l’effectif d’un régiment. […] « — Ne vous y trompez pas, me dit-il de sa voix chaude et voilée, il y a de faux sujets et le vôtre est de ceux-là ! […] L’atmosphère est fausse, craintive. » Au fond, ils se réunissent pour s’ennuyer ensemble. « … Bah !
Et nous nous disions : Si, au lieu d’une Vie de Napoléon Bonaparte, Walter Scott avait eu l’idée d’écrire un roman historique où ce personnage eût joué un rôle, s’il avait saisi cette occasion pour peindre des scènes de la Révolution française et pour montrer en action quelques-uns des caractères principaux qui s’y rencontrent, il eût fait un ouvrage plus intéressant à coup sûr que son histoire, mais également plein de vues fausses, de descriptions superficielles, et de portraits de fantaisie : et pourtant Walter Scott a eu sur cette période contemporaine autant et plus de renseignements que sur les époques d’Ivanhoë, de Quentin Dthrward, d’Élisabeth, de Cromwell et des Puritains.
Outre les savants, nul ne se fait faute de prendre des mots à sa fantaisie : le faux principe de Ronsard que la perfection d’une langue est en proportion du nombre de ses mots, abuse tout le monde, et par dévouement à la langue nationale, on en vient à perdre tout respect de son génie et de sa pureté.
On force sa pensée, on la déforme, on l’obscurcit par l’embellissement des figures ; on l’estropie, on la mutile, on la fausse par la contrainte du vers, de la mesure, de la rime.
Et s’ils luttent, les uns, dans un four à coke ; s’ils élèvent, les autres, des abeilles ; s’ils cultivent des roses et des blés, ce n’est point par un stratagème, ni une simagrée des hasards… Ces pêcheurs, ces maçons, ces bouviers ont été, sans nul doute, élus à travers toute l’Éternité pour solenniser les guêpes et les marbres… Et ils apparaissent moins des hommes que de vivantes Enclumes, les uns ; et ceux-ci des Houlettes ; des Corbeilles et des Faux… » Au lieu d’inventer des aventures où paradent et dialoguent d’impossibles personnages, il convient de célébrer également la pacifique sublimité des fêtes familiales et civiques.
» Fulvio a eu vent de l’entreprise de Cintio ; il a prévenu Mezzetin, de sorte que celui-ci se moque du faux serrurier.
Trois hommes au moins l’ont connu depuis que les prétendus intellectuels ont perverti l’intelligence humaine, depuis que les sophistes, vendeurs de fausse science, ont triomphé des Socrate, donneurs de vraie sagesse.
Ah, mon ami, combien d’ombres et de lumières fausses dans une composition un peu compliquée !
Cela veut dire que la déclamation theatrale est si variée, qu’il est si difficile d’entrer avec justesse dans tous ses differens tons, qu’on a besoin lorsqu’on veut déclamer comme on déclame sur la scene, de se faire soutenir par un accompagnement qui aide à bien prendre ces tons, et qui empêche de faire de fausses inflexions de voix.
Il est vrai que l’habitude d’assister aux spectacles l’avoit rendu si délicat qu’il trouvoit à redire même aux infléxions et aux accords faux lorsqu’on les repetoit trop souvent, quoique ces accords produisent un bon effet lorsqu’ils sont menagez avec art.
Venu après Alfieri, l’autre païen, le stoïque de la pensée en fer creux, et après Ugo Foscolo, ce faux Goethe, qui refit Werther en italien, il fut un triste comme eux, et même la tristesse de ses poésies ne lui appartient pas… Il était né triste, cependant.
C’est simplement un esprit faux dans un tempérament philosophique.
Le rationalisme n’est qu’une tendance, une fausse tendance qu’on n’a point en vain, et qui, s’emparant d’un esprit constitué d’origine pour tout ce qui est large, droit et profond, devait nécessairement faire tort aux facultés que Louandre a surtout reçues pour écrire l’histoire.
Véron, disons-le à son honneur, au reste, a rendu fausse la fameuse phrase : « le moi est haïssable », de Pascal.
Or, c’est là le reproche que l’on pourrait faire au nouveau chantre de l’Empire : l’expression sort bien, déprimé saut et de prime jet, de sa plume, mais souvent elle s’interrompt, se trouble et se fausse tout à coup, comme un marbre qui se fendrait au second coup de maillet du sculpteur.
Au siècle de César et d’Auguste, plusieurs Romains célèbres ne goûtaient point du tout les ouvrages d’Isocrate, et sûrement Brutus était de ce nombre ; au siècle de Trajan, Plutarque le peignait comme un orateur faible et un citoyen inutile, qui passait sa vie à arranger des mots et compasser froidement des périodes ; au siècle de Louis XIV, Fénelon le traitait encore plus mal ; Isocrate, selon lui, n’est qu’un déclamateur oisif qui se tourmente pour des sons, avide de petites grâces et de faux ornements, plein de mollesse dans son style, sans philosophie et sans force dans ses idées.
En second lieu, ces éloges sont, la plupart, historiques, et des faits vrais valent beaucoup mieux que de la fausse éloquence.
Elle ne peut se trouver dans l’entêtement du faux. […] On a brisé des règles pour en inventer d’autres, plus fausses et plus ridicules. […] Rien de plus faux ni de plus fatigant ; cela détruit toute la vérité du dialogue. […] Malgré leurs efforts, tout se délaie dans des teintes fausses, tout hurle et s’écrase. […] Cela serait outrecuidant et faux.
L’éclectisme, c’est l’intelligence en histoire, c’est le discernement assuré du vrai et du faux, fondé sur l’expérience des siècles. Il n’étouffe pas sous l’érudition, comme on l’a prétendu, la vraie, la grande originalité, qui vient de Dieu, mais il confond la petite et la fausse, née d’une vanité impuissante. […] Les idées peuvent être vraies ou fausses ; on les rectifie : mais enfin elles ont cela de propre d’avoir un sens immédiat pour la pensée, et de n’avoir pas besoin, pour être comprises, d’autre chose que d’elles-mêmes. […] D’un autre côté, la méthode rationnelle pourrait nous conduire à un système faux qui nous conduirait lui-même à une vue fausse de l’histoire. […] Ainsi, tout incomplètes que seront toutes les histoires, elles ne seront pas fausses pour cela ; seulement elles ne contiendront qu’une partie de la vérité.
Ta vision du monde n’est ni plus vraie ni plus fausse que la nôtre. […] Faux point des demoiselles en soie dans les dorys ! […] Huysmans l’est surtout par les mauvais côtés (thèmes vulgaires, détails bas, fausse méthode scientifique). […] Ils n’ont d’existence qu’en soi ; la vie ne rayonne pas d’eux alentour ; leur atmosphère est fausse. […] Je la crois parfaitement fausse.
Elle s’était forgé, vis-à-vis de Musset, plus jeune de six ans, un idéal d’affection semi-maternelle qu’elle croyait très élevé, tandis qu’il n’était que très faux. […] Il y avait six mois qu’ils étaient tous dans le faux, travaillant à se tromper eux-mêmes et à transfigurer une aventure banale. […] Il ajoute qu’on aime trop le faux, au moment où il écrit, pour supporter facilement la vérité, et il résume ainsi la pièce : « Histoire trop cruelle, trop vraie ! […] Musset disait ailleurs, à propos d’un article pour lequel il demandait certains renseignements : « J’aime mieux faire une page médiocre, mais honnête, qu’un poème en fausse monnaie dorée ». […] Il en trouve guère qu’à blâmer dans la Confession d’un Enfant du siècle, qui lui paraît violente et désordonnée, très fausse, malgré ses prétentions au réalisme.
On se reprocha d’avoir été la dupe de la fausse conduite d’un homme qui n’avait de sacré que lui-même, et, si sa réputation de savant resta la même, sa réputation de bonhomme déclina peu de jours après sa mort. […] Son faux sourire, expression habituelle de sa bouche, devait éclater quand il était seul, et ses confidences ouvertes devaient démentir ses prétentions cachées. […] Dans le premier volume nous avons exposé, sous la forme d’un vaste tableau de la nature, ce que la science, fondée sur des observations rigoureuses et dégagée de fausses apparences, nous a appris à connaître des phénomènes et des lois de l’univers.
Un boulanger a le devoir de faire un pain agréable au goût et sain pour l’estomac, il a, en revanche, le droit de recevoir de ses clients de la monnaie qui ne soit point fausse, et, d’une façon ou de l’autre, d’être mis en état de vivre et de continuer son travail tant qu’il pourra bien servir ainsi la société. […] La preuve que ce que vous me dites est faux, c’est que vous avez besoin de me le dire, et que vous me le dites en effet. « Et malheureusement cela n’est pas tout à fait faux.
C’est ainsi que l’avare combinera tout en vue du gain, et que le faux dévot, en affectant de ne regarder que le ciel, manœuvrera le plus habilement possible sur la terre. […] En appuyant plus loin dans la même direction, on trouverait qu’il y a aussi une logique professionnelle, c’est-à-dire des manières de raisonner dont on fait l’apprentissage dans certains milieux, et qui sont vraies pour le milieu, fausses pour le reste du monde. […] Les raisonnements dont nous rions sont ceux que nous savons faux, mais que nous pourrions tenir pour vrais si nous les entendions en rêve.
Il se fait alors un combat à outrance entre le bien et le mal, entre les instincts généreux du cœur et les faux raisonnements de la passion qui proteste. […] Ce jugement nous paraît faux, car il suspecte la sincérité de l’homme le plus sincère du monde. […] Je déteste les fanfarons, ils sont faux, je plains les vrais athées, toute consolation me semble morte pour eux, et je prie Dieu pour les sceptiques, ils manquent de lumière. » Diderot n’était point athée, car il avait soif de Dieu, et ne cessa de le chercher toute sa vie. […] Laisse aux fils de la nuit le doute et le blasphème ; Dédaigne un faux encens qu’on t’offre de si bas : La gloire ne peut être où la vertu n’est pas. […] » Victor Hugo avait, pour ainsi dire, plus de génie que de talent, et semblable à Corneille, il paraissait faux et affecté toutes les fois qu’il n’était pas admirable.
En retour de nos escroqueries et de nos faux, ils nous expédiaient des assassinats et des infanticides. […] Un soir, en rentrant chez lui, il voit des malles, des effets de voyage épars sur le plancher : la nouvelle était fausse, sa femme est vivante, sa femme est revenue, Lise est perdue pour lui. […] Sa fausse ressemblance avec le mérite trompe les hommes. […] Qu’on traitât Louis XIV comme un bourgeois gentilhomme, et qu’on lui expédiât de faux Mamamouchis, passe encore, mais la France du second Empire, allons donc ! En remontant à la source de cette, absurde rumeur, j’ai trouvé ceci : ce sont de faux ambassadeurs, car ils n’ont pas apporté de cadeaux !
que le philosophe qui rejeta avec tant de mépris les avances de son souverain, aurait gardé quelque ménagement pour un faux disciple ! […] Si nous nous permettons d’ajouter ou de retrancher au récit de l’historien, il n’y a plus rien de vrai ni de faux. […] Que nous importe la contradiction vraie ou fausse de la conduite de Sénèque avec sa morale ? […] « Sénèque soutient Acté contre Agrippine. » Cela est faux ; Sénèque se sert d’Acté contre l’incestueuse Agrippine. […] Tant que les censeurs ne fixeront point de date, leurs minutieuses observations tomberont à faux.
C’est, dans le Père Goriot, Mlle Michonneau, versant au forçat Vautrin une drogue qui lui donne, sans le tuer, une fausse attaque d’apoplexie. […] Or, expliquer le monde, sans expliquer l’homme, est aussi faux que de prétendre, comme l’antique anthropomorphisme, expliquer le monde par l’homme. […] » Tout plutôt que les « fausses beautés » qu’il reproche en passant à Cicéron. […] Il compare les écrivains trop habiles, qui emploient ce procédé, aux architectes « qui font de fausses fenêtres pour la symétrie ». […] J’en aurai donc. » C’est pourtant ce médiocre prestige des fausses renommées que regrettent tant d’apprentis-écrivains, condamnés à l’exil par la nécessité du pain quotidien.
Pourtant des raisons de convenance l’empêchaient de rompre à l’instant même et de se dégager brusquement de la fausse route où il s’était avancé. […] Les encouragements superficiels du dehors le replongent dans l’idée de sa fausse situation, et le navrent. […] du premier coup il déchire le voile des fausses convenances, et pénètre dans la nature vraie comme un conquérant dans son domaine. […] La lampe brûlait jaune, et jaune aussi les cierges ; Et la lueur glissant aux fronts voilés des vierges Jaunissait leur blancheur ; Et le prêtre vêtu de son étole blanche Courbait un front jauni, comme un épi qui penche Sous la faux du faucheur.
Et c’est encore une des marques de cette dureté de logique, qui eût pu faire tout aussi bien de lui, certaines circonstances étant données, un sectaire du socialisme ou de l’anarchie, et qui, en tout cas, ne lui permettait pas de s’en tenir à aucune de ces opinions qu’on appelle « modérées » et qui sont comme de faux ménages (souvent commodes) d’idées et de sentiments contradictoires. […] monsieur l’abbé, ou ne dites plus la messe et ne portez plus ce titre d’abbé, ou habillez-vous en prêtre, et vivez en prêtre… Malheur à vous, race fausse, prêtres mondains, non seulement stériles, mais qui, par votre seul aspect, frappez souvent de stérilité le travail des autres ! […] Dans Saint-Simon, l’écrivain lui plaît, mais l’homme lui est odieux. « … Certes ses Mémoires sont un beau pays, et plantureux à merveille : mais il y a des fondrières et des bêtes venimeuses, et je n’aime pas à me promener en compagnie de ce duc enragé … Tout le jour courbé comme le plus souple courtisan, il éponge les souillures et les scandales ; il se sature et, le soir, il dégorge en flots de lave… Il se cache, il fabrique ses prétendues histoires en secret comme on fabrique de la fausse monnaie … On ne connaît aucun autre exemple d’une telle force ni d’une telle lâcheté… » Lisez tout le morceau, qui est superbe, et où se révèle une fois de plus une âme vraiment noble et bonne (j’y reviens toujours). — Il adore Sévigné et lui passe tout. […] Dans la scène de la clairière, quand elle se déchaîne et laisse éclater, sincère enfin et secouant sa fausse vertu, ce qu’il y a dans son coeur bourgeois de désir brutal, d’égoïsme et de « concupiscence » toute crue (car c’est là, pour Veuillot, le résidu de l’amour proprement « passionnel »), je vous assure que c’est très beau.
Flaubert déclare que l’histoire de l’album, dans son livre Elle et Lui, est complètement fausse. […] Accrochée à un montant de bois, montée contre un quinquet qui l’éclaire, la Mercier, toute blonde, et toute chargée de fanfreluches dorées et de strass, rayonne dans une lumière rousse, qui fait ressortir la blancheur mate de sa peau, sous les éclairs des bijoux faux. […] que de prédispositions et de motifs et de raisons elle trouvait en elle pour se dévorer et saigner en dedans : d’abord le repoussement par moments d’idées religieuses avec les terreurs d’un enfer de feu et de soufre ; puis la jalousie, cette jalousie toute particulière qui, à propos de tout et de tous, empoisonnait sa vie ; puis, puis… puis le dégoût que les hommes, au bout de quelque temps, lui témoignaient brutalement pour sa laideur, et qui la poussait de plus en plus à la boisson, l’amenait un jour à faire une fausse couche en tombant ivre-morte sur le parquet. […] Tenez, on parlait devant lui de Broglie, on disait que c’était un bon esprit : — « Oui, un bon esprit faux », fit-il.
Les momies On vient de découvrir que la plupart des momies étaient fausses. […] Les marchands d’Égypte qui continuent ce commerce, non plus pour les malades, mais pour les antiquaires, n’ont eu qu’à le perfectionner légèrement pour le mettre au goût du jour et au goût américain, car c’est l’Amérique maintenant qui absorbe le plus de fausses momies. […] Si Molière eût avoué que sa comédie était une attaque directe contre la religion, que son Tartufe était le type même du dévot véritable, il eût risqué de finir ses jours à la Bastille ; mais en le donnant pour le faux dévot, il se posait même en défenseur de l’intégrité religieuse, et tout le monde y a été pris et on s’y laisse encore prendre. […] Ce sera très beau si les architectes consentent à n’y mettre que tout juste la quantité de faux luxe qui permettra de ne pas y louer plus cher que dans les autres.
» Survient un brutal qui balafre les inscriptions, jette au vent les couronnes d’immortelles, défonce à coups de pied ces réceptacles de fausse virginité. […] L’artifice, l’anormal, l’accord faux exprès parviennent seuls à les dégourdir un peu. […] Changeons un mot et disons de cet art agonisant parmi de fausses subtilités : Obscuritate mentis verba saepe obscurantur. […] Zola qui, presque toujours, porta sur les poètes les jugements les plus faux, comme enfin Edmond de Goncourt qui ne nomma nul poète pour son Académie, je crains que M. […] Le Blond entend le patriotisme, c’est-à-dire l’amour exclusif et sectaire d’un mode de l’espèce, je m’inscris en faux.
Cette nécessité inéluctable de ne pas blesser la raison du spectateur, de ne pas l’induire à de faux jugements, de ne pas l’égarer sur de fausses pistes, a fait imaginer de classer tout ce qui, en dehors des acteurs, se rapporte à la mise en scène du drame en deux catégories distinctes, la première feinte et immobile, la seconde réelle et mobile. […] C’est pourquoi, à la Comédie-Française, on pourra apporter des soins presque excessifs à la composition des ameublements sans crainte de jeter l’esprit du spectateur sur de fausses pistes. […] La raison en est certainement dans une fausse conception du costume tragique. […] C’est par conséquent, dans ce cas, la mise en scène qui est responsable de ce sentiment de lenteur qui nous fait juger sous un jour faux l’action ininterrompue tracée par le poète. […] Celle difficulté consiste, au point de vue dramatique, dans la juxtaposition, incohérente pour l’esprit, de l’idéal et du réel, et, au point de vue théâtral, dans la juxtaposition, incohérente pour l’œil, du vrai et du faux.
Si dans quelques pièces précédentes qui roulaient à peu près sur les mêmes personnages, et dont les situations étaient empruntées à un monde au moins très voisin de celui-là, la nature même des scènes et des tableaux nuisait à la leçon qui en pouvait résulter ; si l’exemple avait sa contagion à première vue, et son rapide attrait avant que le dégoût eût opéré, il n’en est pas ainsi de la nouvelle pièce, où l’auteur a su très bien observer et saisir, pour le lui mieux enlever, le faux vernis d’honnêteté dont se couvre précisément ce monde limitrophe, qui voudrait bien par moments s’incorporer à l’autre et s’en faire reconnaître.
Cousin ne cesse de répéter que Port-Royal représente le stoïcisme chrétien : ces assimilations rapides, sans être fausses, ne sont pas suffisantes et ne sauraient se donner comme définitives.
Les traductions du grec, celles d’Homère en particulier, plus loin celles de Pindare et de Sophocle, y sont de première main fidèles dans la lettre et dans l’esprit, également loin du parti pris d’étrangeté et de la fausse politesse.
Je le loue s’il a eu cette idée ; mais l’exécution en est fausse et recherchée : c’est Camoëns qui conte son histoire à Jozé Indio.
Au fond, Boileau était dans une fausse position : il était très « moderne » lui-même, et la façon dont il a habillé son Longin à la française montre la puissance qu’a sur lui le moyen goût de son siècle.
. — Faux bruits de sa grossesse. — Parole du roi qui indique un goût très vif pour madame de Scarron.
Tandis que le philosophe, dupe de la croyance en. une vérité objective, se fonde, pour maintenir la suppression du culte, sur ce fait que la religion catholique, comme toute autre forme religieuse, est fausse et constitue une superstition, l’esprit clairvoyant du politique sachant que la superstition, le préjugé, la croyance sont l’étoffe et l’unique tissu du réel, se préoccupe uniquement de rechercher quelle forme du préjugé est utile à la réalité française dont il identifie avec le sien l’intérêt.
Deux ou trois voix, élevées dans le parterre, procurent aisément la gloire de se donner en spectacle sur le théâtre, la tête ombragée de faux lauriers, & qui sont bientôt flétris.
A les en croire, il étoit comparable en quelque sorte à Lucien, à Horace & à Boileau, occupé comme eux à combattre sans cesse les ennemis du bon goût, l’ignorance, le faux bel-esprit, le néologisme, le stile précieux.
Et la morale du second : connaissez-vous vous-même, ne soyez pas votre dupe, et ne vous en rapportez pas au faux instinct d’un courage qui n’est qu’un premier mouvement.
Ces hardiesses, lorsqu’elles sont bien sauvées, comme les dissonances en musique, font un effet très brillant ; elles ont un faux air de génie : mais il faut prendre garde d’en abuser : quand on les recherche, elles ne deviennent plus qu’un jeu de mots puéril, pernicieux à la langue et au goût.
Mais je n’en veux qu’à cette fausse sagesse, calculatrice et imprévoyante à la fois qui, sous prétexte de s’en tenir au nécessaire, n’essaie pas même de conquérir le superflu ; à cette sagesse banale qui considère le travail comme une action régulière et mécanique et qui s’interdit comme une imprudence tout effort intellectuel qui n’est pas rigoureusement commandé.
Il y a des connaisseurs d’un goût difficile qui prétendent que ce faire est faux, sans aucun modèle approché dans la nature.
Si le public de Rome n’en sçait point assez pour refuter méthodiquement leurs faux raisonnemens, il en sçait assez du moins pour en sentir l’erreur, et il s’informe après l’avoir sentie de ce qu’il faut dire pour la refuter.
Si l’opinion qui donne aux bêtes une raison presque humaine est fausse ou non, ce n’est point l’affaire du poete.
Ces inconveniens n’arrivoient point lorsque la declamation étoit notée, ou du moins ils ne pouvoient arriver que comme ils arrivent à l’opera quand un acteur chante faux.
Je ne sais si les poètes conviendront de cette proposition ; nais qu’elle soit vraie ou fausse, la plupart auraient trop d’intérêt à la nier pour n’être pas récusables.
. — Dans ce livre d’Au lit de mort, que Mme Sand n’eût certainement pas écrit, je le reconnais, dans ce livre qui affecte l’accent chrétien, mais dans lequel la langue chrétienne est mal parlée ; où l’on sent l’âme troublée, l’idée fausse, l’esprit sans forte direction et sans guide, et cette religiosité corrompue par les sensibilités romanesques et morbides de ce temps, Mme Marie-Alexandre Dumas n’invente-t-elle pas un confesseur sans sacrement, sans fonction, sans autorité ; un confesseur qui n’est pas prêtre, un confesseur-femme, — elle-même !
Cette fausse conception de la réalité ne pouvait-elle pas passer de l’opinion dans l’Histoire, et la critique, qui en garde les avenues, ne devait-elle pas signaler un ouvrage qui rend maintenant impossible à une telle erreur d’y pénétrer ?
pour donner au roman de Dumas fils quelque chose de vieux, d’arriéré, de déclamatoire et de faux ; mais si vous ajoutez à la fausseté de l’impression de l’artiste qui ne sent pas juste, vous arrivez à des résultats plus que superbes de fausseté et de déclamation.
Il n’est jamais de mal en bonne compagnie, a dit Voltaire, dans un conte peu honnête, avec cette fascinante légèreté qui fait passer pour spirituels les plus grands sophismes et les plus grandes bêtises de cet esprit pervers et dépravant ; car ce vers, si joli et si souvent cité, a le double caractère de l’erreur complète : il est à la fois bête et faux.
En le publiant, il n’a pas fait pour reculer ce nouveau pas dans la voie de ce doctrinarisme faux qui n’est déjà plus l’histoire, quoiqu’il ait la prétention de la dominer.
Que nous fait l’avenir, si nous vivons célèbres ; Si le siècle applaudit nos œuvres des ténèbres ; Si nos contemporains, sur la foi des journaux, Nous prennent bêtement pour des soleils nouveaux ; Si, courbés sous le poids des honneurs littéraires, Nous voyons, l’or en main, accourir les libraires ; Si, grâce à nos patrons, la cassette du roi Nous paie en bons louis nos vers de faux aloi ?
elle se grise facilement, cette imagination romantique, et alors elle voit trouble, et tombe dans des jugements exactement inverses, mais exactement aussi faux, injustes, étroits et bornés qu’aucun de ceux que porta jamais la froide raison du dix-huitième siècle. […] Là se réunissaient de vraies et de fausses précieuses, de grands et de petits écrivains, des causeurs qui savaient rendre la raison agréable et des bavards qui faisaient déraisonner l’esprit. […] Molière changea Tartuffe en directeur laïque ; et, comprenant que pour mieux combattre la fausse dévotion, il lui fallait faire bien haut l’éloge de la vraie, et même inventer un personnage qui la représentât et remplît la fonction du chœur antique437, il ajouta à son ouvrage les fameuses tirades de Cléante, qui firent, cinq ans après la représentation de Versailles, le salut du Tartuffe et de Molière devant le grand public. […] C’est l’athée audacieux après le faux dévot sournois, le grand seigneur méchant homme après le gueux et le cuistre abject. […] La foule dorée de Versailles était frondée aux applaudissements du public parisien, non pour ses travers superficiels, comme dans Les Fâcheux, mais pour ses faux dehors, ses trahisons, ses lâchetés, ses misères secrètes et ses vices, au milieu desquels un honnête homme ne pouvait vivre450.
Mais la joie même qu’il ressent à l’envisager avertit Edouard qu’il fait, moralement, fausse route. […] Jean Giraud a donc commencé par le chantage, et a continué par la faillite frauduleuse, puis par la fausse nouvelle, les faux départs, la baisse et la hausse fictives, le mensonge, la fourberie, l’escroquerie pure. […] quelles fausses et froides hardiesses ! […] Un peu fausse et inquiétante, cette dernière note. […] Cependant, le petit Octave Lacroix a touché au bras le faux bretteur Morvillette.
C’est cela qui est clair, mais monstrueusement faux. […] Elle n’est pas fausse de tout point. […] Elle est un peu complaisante ; elle n’est pas fausse. […] Le faux absolu serait moins grave ; car, « marque certaine d’erreur, il le serait de vérité », Dieu nous donne le faux absolu ! […] C’est la tradition de la Renaissance qui est une fausse route.
L’autobiographie, qui paraît au premier abord le plus sincère de tous les genres, en est peut-être le plus faux. […] Il n’importe pas du tout qu’elles se raccordent logiquement (les raccords logiques sont en art le meilleur moyen de faire du faux). […] Valmont est un amant méchant et faux, mais il fait figure d’amant ; c’est, comme Néron, un artiste du mal. […] Le bal costumé chez la Maréchale a la forme désordonnée d’un rêve, et tout se termine par un vrai rêve, qui continue le faux rêve, sur l’oreiller de Frédéric. […] » En tout cas, il lui écrivait en 1870 : « Oui, tu as raison, nous payons le long mensonge où nous avons vécu, car tout était faux : fausse armée, fausse politique, fausse littérature, faux crédit, et même fausses courtisanes.