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2320. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Et comme nous essayions de démêler les caractères des deux peuples français et anglais, Herzen nous dit : « Tenez, il y a un Anglais qui les a assez bien résumés ces deux caractères, dans cette phrase : « Le Français mange du veau froid chaudement ; nous, nous mangeons notre bœuf chaud froidement. » * * * — D’homme à femme, peut-être n’y a-t-il de bien vrai et de bien sincère, que les sentiments que la parole n’exprime pas. […] * * * — Voir, sentir, exprimer — tout l’art est là !

2321. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

C’est cette philosophie qui lui prit la pensée, à Diderot, dès qu’il put penser, et qu’il poussa jusqu’à ce matérialisme absolu que ses œuvres expriment avec une impudence superbe. […] Génin ne voudrait pas la mettre, cette innocence, dans une infirmité… Il est ridicule, mais il n’en est pas moins odieux, ce bonhomme qui exprima souvent « des vœux atroces », ce pleurard romanesque qui mêle les larmes aux ordures, et, non content de ses porcheries des Bijoux indiscrets, de la Religieuse, du Rêve de d’Alembert, les dogmatise en affirmant que la pudeur est « un préjugé », et l’inceste « une chose indifférente » !

2322. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Bastian a essayé de répondre à cette objection dont il a bien senti l’importance et il dit tout le contraire de ce que je viens d’exprimer : « Il n’y a aucune raison pour qu’un organisme nouveau ne prenne pas une forme connue. » Cela ne paraîtra pas sérieux, car il faudrait au moins que, sur une partie des cas, ou trouvât, mêlées aux formes connues, des formes inconnues. […] A quatre ans, il écrit des lettres correctes et parfaitement raisonnées, Déjà il regarde la nature, jouit de ses beautés, exprime des préférences. […] Ce sentiment est parfaitement exprimé dans cette pensée de Balzac : « La douleur ennoblit les personnes les plus vulgaires. » Le voici, dans Gœthe, sous une forme philosophique : « Ce qui fait la conscience de l’homme, c’est la douleur. » Les poètes, cependant, se sont distingués dans ce concert. […] A bien réfléchir, on verra qu’il n’exprime presque jamais que des vérités de bon sens.

2323. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

On ne peut assez louer La Rochefoucauld d’une chose, c’est qu’en disant beaucoup il n’exprime pas trop.

2324. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Ne dites-vous pas vous-même que “l’état vital s’exprime dans la conscience par une affection permanente, vaguement localisée dans tous les points à la fois de la masse vivante et animée ?

2325. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Elles en expriment les rêves avec la vie, l’idéal avec la réalité, comme la fiction du théâtre de Scribe est le plus fidèle portrait qu’on puisse trouver de la bourgeoisie française aux environs de 1840.

2326. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Quoi d’étonnant si ses plus vifs, ses plus impérieux mouvements, aussitôt exprimés, passent ?

2327. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Joignez à cela une pauvreté qui dura toute sa vie, la perpétuelle angoisse du loyer, des billets à ordre, même du repas du lendemain ; il lui arrive de commencer le mois avec un franc dans son tiroir, et de n’avoir pas de quoi affranchir ses lettres… Ce fut une malheureuse, une crucifiée… Or, — et ceci est magnifique, — sans doute elle se lamente, mais jamais elle ne désespère, — et jamais elle n’exprime un sentiment où l’on puisse surprendre même un commencement de méchanceté ou de dureté, ou seulement de révolte.

2328. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Supposé même que, nous autres philosophes, nous préférassions un autre mot, raison par exemple, outre que ces mots sont trop abstraits et n’expriment pas assez la réelle existence, il y aurait un immense inconvénient à nous couper ainsi toutes les sources poétiques du passé et à nous séparer par notre langage des simples qui adorent si bien à leur manière.

2329. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Une voix secrète me disait : « Tu n’es plus catholique, ton habit est un mensonge : quitte-le. » J’étais chrétien cependant ; car tous les papiers que j’ai de ce temps me donnent, très clairement exprimé, le sentiment que j’ai plus tard essayé de rendre dans la Vie de Jésus, je veux dire un goût vif pour l’idéal évangélique et pour le caractère du fondateur du christianisme.

2330. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Il s’exprime naturellement et noblement.

2331. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Cette aptitude à connaître clairement et à observer habituellement certains rapports que les artistes ordinaires, se bornent à sentir d’instinct, se résume en une particularité de constitution cérébrale que l’on peut exprimer comme suit : chez Poe les émotions se transforment constamment en pensées.

2332. (1772) Éloge de Racine pp. -

Vous vous écrierez alors dans votre juste admiration : quel art que celui qui me domine si impérieusement, que je ne puis y résister sans démentir mon propre coeur ; qui force ma raison même d’approuver des fictions qui m’arrachent à elle ; qui avec des douleurs feintes, exprimées dans un langage harmonieux et cadencé, m’émeut autant que les gémissemens d’un malheur réel ; qui fait couler, pour des infortunes imaginaires, ces larmes que la nature m’avait données pour des infortunes véritables, et me procure une si douce épreuve de cette sensibilité dont l’exercice est souvent si amer et si cruel !

2333. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Ce qui est vrai pour la musique et la peinture l’est bien davantage pour la poésie qui est l’art le moins palpable, celui dont les secrets sont les plus nombreux et les plus intimes, celui enfin qui a le grand désavantage sur les autres arts de n’avoir pas une langue à part et d’être obligé de s’exprimer avec les mêmes signes qu’un exploit d’huissier, ou qu’un roman vertueux qui fait pleurer les marchandes de modes.

2334. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Sous Paul III, Ignace de Loyola fondait cette fameuse compagnie qui devait être le boulevard de l’Église romaine et qui, prenant le principe du catholicisme pour en faire la base de ses constitutions, en exprimait tout ce qu’il contenait de foi, de charité et d’obéissance aveugle.

2335. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il s’enhardit avec eux jusqu’au point d’oser leur exprimer ses opinions sur la politique. […] Carnot, il lui dit : « Monsieur le Président, en touchant le sol de la patrie, mon premier soin est de vous exprimer les sentiments que m’inspire l’acte que votre gouvernement vient d’accomplir dans des conditions également honorables pour celui qui en est l’auteur et celui qui en est l’objet. » M.  […] Les familiers de l’Orme du mail et les voisins du Mannequin d’osier prennent la parole à tour de rôle, moins pour dire leur sentiment que pour exprimer les opinions, parfois contradictoires, souvent violentes et toujours souriantes, que M.  […] Cette vie décousue, errante, cette façon de courir incessamment sur les idées, sur les livres, sur les choses, lui a donné, de bonne heure, bien qu’elle soit Française, l’insouciance amusée, la résignation inquiète que les Russes expriment si bien par ce proverbe : « Dièlo nié volk, v’lièsse nié oubiéjit : une affaire n’est pas un loup ; elle ne se sauve pas dans les bois. » Hélène s’est laissée marier, nonchalamment, avec un vieux prince levantin, qu’elle n’aimait pas, et pour qui elle éprouva, dès le soir de ses noces, la répulsion que les ibséniennes des drames scandinaves témoignent si tumultueusement à leurs époux. […] Et aussi, en se promenant « au bord des taillis où jaunissent les cornouillers en fleurs, au fond des combes humides où le joli-bois épanouit ses calices », il a appris l’art d’exprimer comme pas un le « sourd frisson qui court à travers la forêt, le murmure mystérieux de l’herbe qui pousse, de la feuille qui se déplie et de la sève qui monte… ».

2336. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Le goût leur était venu tout de suite, c’est-à-dire l’envie de plaire aux yeux, et d’exprimer une pensée par des formes, une pensée neuve : l’arche circulaire s’appuyait sur une colonne simple ou sur un faisceau de colonnettes : les moulures élégantes s’arrondissaient autour des fenêtres ; la rosace s’ouvrait simple encore et semblable à la rose des buissons, et le style normand se déployait original et mesuré entre le style gothique dont il annonçait la richesse, et le style roman dont il rappelait la solidité. […] Peut-on exprimer un sentiment plus touchant d’une façon plus sobre ?

2337. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Ils exprimaient jadis l’état de l’esprit, désormais ils le démentirent. […] Ils ne savent pas que dans ce style l’élégance visible cache une justesse admirable, que s’il est un chef-d’œuvre d’art, il est aussi une peinture des mœurs, que les plus délicats et les plus accomplis entre les gens du monde ont pu seuls le parler et l’entendre, qu’il peint une civilisation comme celui de Shakspeare, que chacun de ces vers, qui semblent compassés, a son inflexion et sa finesse, que toutes les passions et toutes les nuances des passions s’y expriment, non pas à la vérité sauvages et entières comme dans Shakspeare, mais atténuées et affinées par la vie de cour, que c’est là un spectacle aussi unique que l’autre, que la nature parfaitement polie est aussi complexe et aussi difficile à comprendre que la nature parfaitement intacte, que, pour eux, ils restent autant au-dessous de l’une qu’au-dessous de l’autre, et qu’en somme, leurs personnages ressemblent à ceux de Racine comme le suisse de M. de Beauvilliers, ou la cuisinière de Mme de Sévigné, ressemblent à Mme de Sévigné et à M. de Beauvilliers746.

2338. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« Je l’ai entendu exprimer le désir que vous receviez bien ses hôtes puissants et que vous lui accordiez d’aller à leur rencontre devant Worms, sur le sable. […] Mon éloquence ne suffit pas à vous exprimer avec quels sentiments d’affection nous ont envoyés ici et Etzel et votre noble sœur, dont la destinée est si heureuse.

2339. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Je comprendrais donc qu’un bon esprit et un bon patriote, plus jaloux d’être utile à ses concitoyens que de leur plaire, s’exprimât à peu près en ces termes : « Corrigeons-nous de la démocratie. […] Former par les universités une tête de société rationaliste, régnant par la science, fière de cette science et peu disposée à laisser périr son privilège au profit d’une foule ignorante ; mettre (qu’on me permette, cette forme paradoxale d’exprimer ma pensée ) le pédantisme en honneur, combattre ainsi l’influence trop grande des femmes, des gens du monde, des Revues, qui absorbent tant de force vives ou ne leur offrent qu’une application superficielle ; donner plus à la spécialité, à la science, à ce que les Allemands appellent le Fach, moins à la littérature, au talent d’écrire et de parler ; compléter ce faite solide de l’édifice social par une cour et une capitale brillantes, d’où l’éclat d’un esprit aristocratique n’exclut pas la solidité et la forte culture de la raison ; en même temps, élever le peuple, raviver ’ses facultés un peu affaiblies, lui inspirer, avec l’aide d’un bon clergé dévoue à la patrie, l’acceptation d’une société supérieure, le respect de la science et de la vertu, l’esprit de sacrifice et de dévouement ; voilà ce qui serait l’idéal ; il sera beau du moins de chercher à en approcher.

2340. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Je lis dans une des premières lettres de Schiller, qui devint plus tard l’ami de Goethe, ce mot qui exprime son impression à l’aspect d’un seul fragment de cette œuvre : « Je désire passionnément lire ce qui n’est pas encore publié de Faust, car je vous confesse que ce que j’en ai vu est pour moi le torse d’Hercule. » Schiller n’avait lu encore, selon toute apparence, que les grandes contemplations métaphysiques de Faust et de Méphistophélès dans les montagnes ; s’il avait lu les scènes pastorales, naïves, déchirantes, de la séduction de Marguerite et de ses amours à la fenêtre devant la lune, Schiller aurait ajouté au torse d’Hercule le torse de Vénus.

2341. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Le jugement des intéressés exprimé par des armées et rédigé par des conquêtes est suspect à tout le monde.

2342. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Ces formes diverses et successives de gouvernement ne sont ni absolument bonnes, ni absolument mauvaises en elles-mêmes : elles sont relativement bonnes ou mauvaises, selon qu’elles servent plus ou moins bien la souveraineté qu’elles sont chargées d’exprimer et de servir ; tout dépend de l’âge, du caractère, des mœurs, des habitudes, du nombre, du site, du climat, des limites, de la géographie même des peuples qui adoptent telle ou telle de ces formes de gouvernement.

2343. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Sa figure allongée et pâle aurait peint le sentiment, si elle n’avait voulu lui faire exprimer l’énergie et le courage.

2344. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Charles-Quint, Philippe II, le duc d’Albe, l’Inquisition, l’ostracisme des races arabes de son territoire, la condamnaient à un gouvernement despotique et sacerdotal exprimé par une cour dans un couvent, l’Escurial.

2345. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Le Tasse s’exprime ainsi lui-même dans sa correspondance sur Alphonse : « Ce prince me releva avec la main de mon obscure fortune, au grand jour, et à l’estime de sa cour ; il me fit passer de l’indigence à la richesse, il donna lui-même une considération et un prix de plus à mes productions poétiques, en assistant fréquemment et attentivement à la lecture de mes vers, et en traitant leur auteur avec toutes sortes d’égards et de marques d’admiration ; il m’admit honorablement et familièrement à sa table et à ses entretiens ; il ne me refusa aucune des faveurs que je lui demandai. » La félicité du Tasse à Ferrare, à cette époque, était de nature à inspirer l’envie.

2346. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Celles qui sont essentiellement chrétiennes, lui sont communes avec les grands docteurs de l’Église ; Bossuet les exprimera, sans avoir besoin de s’inspirer de Pascal.

2347. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Cette précaution prise, on peut se donner le plaisir de les admirer, soit qu’ils appliquent à des réformes sensées les vérités spéculatives du siècle précédent, et que, dans un combat nécessaire contre les abus, ils se servent, au risque de les souiller de poussière, de ces belles armures de guerre enlevées du musée où elles pendaient oisives, soit qu’ils emploient la méthode et la langue du dix-septième siècle à exprimer des vérités nouvelles dans la science des sociétés humaines, ou des découvertes dans la science de la nature.

2348. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Je rangerais volontiers dans les déviations qu’ils expriment l’indulgence excessive dont jouissent les crimes « passionnels » et les désirs « irrésistibles » qui devraient être jugés d’autant plus sévèrement qu’il est plus difficile de les vaincre.

2349. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Gosselin me prit à part et, après un long préambule, me dit qu’il avait pensé, pour mes lectures, à un livre que certaines personnes trouvaient dangereux, qui l’était peut-être en effet pour quelques-uns, à cause de la vivacité avec laquelle la passion y est exprimée ; toutefois il me croyait capable de porter cette lecture.

2350. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Il reprend cette idée wagnérienne que les arts, pris isolément, ne peuvent exprimer la totalité de la vie.

2351. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Toutes les tristesses des deuils précoces, tout ce qu’il y a d’éphémère dans les beautés et les joies terrestres s’exprimait par ce corps charmant, languissamment renversé.

2352. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

En même temps les réactions motrices répondant à ces divers états, après s’être opposées, se superposent et se réconcilient : il y a harmonie, accord, action sans obstacle ; tout cela se sent et se fait, avant d’être jugé par la réflexion et exprimé par la parole.

2353. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Mardi 21 mars La toute-puissance de l’Académie sur l’esprit de la France, n’a jamais été plus complètement exprimée que par le mot d’un gendarme à Renan.

2354. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Son émotion profonde s’exprime en vers nuancés, frissonnants : (Les Charmes).

2355. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

o Personne, dans la littérature de l’Europe occidentale, n’a exprimé à la veille de la guerre, cette atmosphère spirituelle particulière dominée par des rêves religieux et mystiques, que l’écrivain anglais J.

2356. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Tête de gouvernement, esprit historique, il a, dans son livre, et à plus d’une place, exprimé le plus hautain mépris pour elles.

2357. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

C’est un moraliste à visage nua, qui ne se gêne pas et dit à son temps son affaire, — vulgaire expression, mais qui exprime bien ce que pratique Proudhon : Assieds-toi, Cromwell !

2358. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il ne fallait rien moins que ces considérations pour l’empêcher de se rendre aux vœux des siens, quelque insolente que fût la manière dont ils les exprimèrent. […] Le plus souvent ils ne s’exprimaient qu’en latin ; quand ils daignaient se servir de la langue française, ils la défiguraient par des tournures scolastiques qui la rendaient presque inintelligible. […] Sans doute, ses amis pouvaient exprimer ce regret ; mais la postérité, égoïste avec raison, ne saurait préférer aux nobles jouissances qu’elle doit à ses tourments l’idée que le cœur de Molière, tranquille et froid, ne fût jamais déchiré par le désespoir et les fureurs de la plus impérieuse des passions. […] Ce n’est donc qu’après que le sonnet est entièrement lu, et conséquemment après que le parterre a eu le temps d’exprimer ce qu’il en pense, qu’Alceste en fait véritablement la critique ; jusque-là on doit être au moins dans l’incertitude sur l’avis de l’auteur, puisque le sonnet est approuvé par l’homme modéré de la pièce. […] Plus tard il éprouva de vifs regrets de s’être éloigné de son bienfaiteur, les exprima, et se rendit à la première invitation qu’il lui fit de revenir.

2359. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Enfin, après tant d’années, nous sortons de la déclamation notée, nous entendons une voix d’homme ; bien mieux, nous oublions la voix pour l’émotion qu’elle exprime, nous ressentons par contre-coup cette émotion en nous-mêmes, nous entrons en commerce avec une âme. […] Il en est ainsi de tous ses vers ; ils sont gros d’émotions personnelles, véritablement éprouvées, jamais altérées ni déguisées, tout au contraire exprimées avec leurs nuances et leurs ondulations fugitives, en un mot telles qu’elles sont, c’est-à-dire en train de se faire et de se défaire, non pas toutes faites, immobiles et fixes, comme l’ancien style les représentait.

2360. (1925) Dissociations

S’il devenait évident qu’il ne leur manque que le moyen de s’exprimer, et ce moyen leur étant fourni par l’ingéniosité humaine elle-même, s’ils prouvaient que leurs idées ne sot pas beaucoup plus courtes que celles de certains hommes ? […] Il y a, pour chaque sexe, des verbes spéciaux pous exprimer le même acte.

2361. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Pourtant quand ses yeux se levaient vers moi, il me semblait qu’ils avaient encore quelque chose d’attendri, de suppliant, de presque bon ; — mais cela passait vite, et quand ils regardaient le tribunal et la foule, ils exprimaient le défi farouche et dur. […] Molière reprendrait aujourd’hui son moule pour y fourrer le vrai Tartuffe, vivant de popularité escamotée : non pas du tout ces petits Tartuffiaux qui font des livres en pâte de guimauve juive, mais le grand Tartuffe de notre époque, l’hypocrite social et politique qui attaque à la fois l’Église, la magistrature, l’armée et l’État, l’homme-poison, violent ou douceâtre, il importe peu, travaillant le suffrage universel comme on foule le raisin dans la cuvée, pour en exprimer quoi ? […] Octave Feuillet est un de ces rares écrivains que les engouements passagers pour telle ou telle forme n’ont jamais fait broncher de leur chemin ; il a eu le bonheur, en naissant romancier, d’avoir des idées saines et de posséder la langue qui convenait le mieux à les exprimer ; chose rare aujourd’hui où la plupart de ceux qui croient avoir des idées les émettent dans un incroyable argot, et où ceux qui n’en ont pas font des professions de foi et rejettent leur indigence sur le souci de la forme et de la vérité. […] Au milieu de la confusion et de la stupeur générales, Jeanne, subitement dégrisée, se tenait elle-même debout, froide, impassible, s’appuyant d’une main sur sa chaise : son beau visage, — que nous avons connu si pur et si noble, semblait recouvert du masque de Tisiphone : il exprimait ce mélange d’horreur et de joie sauvage qu’on dut lire sur le front charmant de Marie Stuart quand elle entendit l’explosion qui la vengeait du meurtrier de Rizzio. […] Mot tragique, qui exprimait pour elle une chose terrible, et que Lasthénie, la virginale Lasthénie, n’eût pas compris, si elle l’avait entendu !

2362. (1924) Critiques et romanciers

Mais où l’on voit que sa critique littéraire dépend de sa philosophie générale, c’est à son idée, pour ainsi dire, épicurienne aussi de la littérature ; idée qu’il a souvent exprimée, en termes ravissants et persuasifs. […] Paul Bourget revient souvent à exprimer cette opinion juste, disais-je, et dangereuse. […] Ceux-ci enseignent la clarté : il l’a voulue, et toujours obtenue, difficilement s’il n’avait point à exprimer une idée très simple ; mais il eût renoncé à son idée plutôt que de la rendre mal. […] Jules Renard ne l’a point exprimée. […] Les mots lui manquent pour exprimer tout le détail de sa peine, mais non l’âme pour le sentir.

2363. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Il les exprime en mots exacts, qui offrent leur série graduée, échelon par échelon, à la réflexion du public. […] D’autre part, ils ont la verve et le bon style ; ils peuvent exprimer le caquetage étourdi, les affectations folâtres, l’intarissable et capricieuse abondance des fatuités de salon ; ils ont autant d’entrain que les plus fous, et en même temps ils parlent aussi bien que les mieux appris ; ils peuvent donner le modèle des conversations ingénieuses ; ils ont la légèreté de touche, le brillant, et aussi la facilité, la correction, sans lesquelles on ne fait pas le portrait des gens du monde. […] L’essai, le roman, le pamphlet, la dissertation remplacent le drame, et l’esprit anglais classique, abandonnant des genres qui répugnent à sa structure, commence les grandes œuvres qui vont l’éterniser et l’exprimer.

2364. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

et jusqu’à la mort du chien Miracle, martyr de son amitié pour lui, a-t-on jamais fouillé le cœur humain si bas pour lui faire exprimer ce qu’il y a de plus instinctif dans la douleur ?

2365. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« Après deux ans d’inutiles démarches, il le rencontre par hasard dans la rue, se précipite à ses genoux, le conjure, les larmes aux yeux, de venir partager la joie d’une famille au bonheur de laquelle il ne manque que de pouvoir jouir de la présence de son bienfaiteur et de lui exprimer toute sa reconnaissance.

2366. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

III Tout me prédestinait donc bien réellement au romantisme, je ne dis pas au romantisme de la forme (je compris assez vite que le romantisme de la forme est une erreur ; que, s’il y a deux manières de sentir et de penser, il n’y a qu’une seule forme pour exprimer ce qu’on pense et ce qu’on sent), mais au romantisme de l’âme et de l’imagination, à l’idéal pur.

2367. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Toutes les choses qui leur rappellent la mort, leur font une horreur, qu’ils expriment avec de l’effroi enfantin.

2368. (1914) Boulevard et coulisses

Elle va me permettre, après vous avoir remercié de votre choix, et vous en en avoir exprimé ma gratitude, de vous parler comme un ancien camarade à de jeunes camarades retrouvés dans la plus cordiale des circonstances.

2369. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Un juge très compétent croit que, de nos jours, les insectes, en harassant continuellement ces animaux, les affaiblissent au point d’empêcher leur accroissement, et Bruce a exprimé une opinion analogue au sujet de la variété d’Abyssinie.

2370. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Plusieurs naturalistes éminents ont exprimé depuis peu la croyance qu’une multitude d’espèces admises dans chaque genre ne sont pas de vraies espèces, mais que d’autres sont bien réelles, c’est-à-dire qu’elles ont été indépendamment créées.

2371. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Pour offrir un verre d’eau à quelqu’un, ils diraient volontiers : Le suc délicieux exprimé du roseau Qui fond, en un instant, dans le cristal de l’eau, Et qu’on mêle au parfum du fruit des Hespérides, Peut-il porter le baume à vos lèvres arides ?

2372. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

À Kingswood, Whitefield, ayant rassemblé les mineurs, race sauvage « et païenne, pire que les païens eux-mêmes, voyait les traînées blanches que les larmes faisaient en coulant sur leurs joues noires822. » D’autres tremblaient ou tombaient ; d’autres avaient des transports de joie, des extases. « Après le sermon, dit Thomas Oliver, mon cœur fut brisé, et je n’aurais pu exprimer le puissant désir que je sentais de la justice. […] Nous nions que le plus grand nombre ait le droit de défaire une constitution. « La constitution d’un pays une fois établie par un contrat tacite ou exprimé, il n’y a pas de pouvoir existant qui puisse l’altérer sans violer le contrat, à moins que ce ne soit du consentement de toutes les parties881. » Nous nions que le plus grand nombre ait le droit de faire une constitution ; il faudrait que d’abord l’unanimité eût conféré ce droit au plus grand nombre.

2373. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Pour rester nobles, ils fuyaient les détails particuliers ou ne les exprimaient qu’en termes généraux.

2374. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Et si ces sensibilités profondes et délicates, comme celle de Pétrarque, ont été douées par la nature et par l’art du don d’exprimer avec force, grâce, naturel et harmonie leurs enthousiasmes, de chanter leurs soupirs, de moduler leurs larmes, de confondre leur passion profane pour une créature divinisée avec cette passion sainte pour l’éternelle beauté qui devient la sainteté de la passion, alors ces âmes s’emparent du monde par droit de consonance avec tout ce qui sent, souffre ou aime comme elles ont aimé ; car le cœur de l’homme a été fait, comme le bronze ou comme le cristal, sonore ; il vibre à l’unisson de tous les autres cœurs créés de la même argile et susceptibles des mêmes accords, dans le concert universel des sensations.

2375. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Après la coalition parlementaire qui était près de renverser le gouvernement orléaniste, le roi Louis-Philippe, que je ne voulais pas servir, mais que je ne voulais pas précipiter dans une anarchie par une intrigue, me fit exprimer sa reconnaissance par son ministre.

2376. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Socrate n’a pas de peine à le confondre en lui démontrant que l’harmonie est une chose abstraite qui subsiste en soi-même, indépendamment de l’instrument où elle est exprimée, et qui ne périt pas avec la corde…… Elle se manifeste.

2377. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Je ne me repens pas et je ne me dédis pas du sentiment d’admiration exprimé dans ces faibles vers.

2378. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Mais, dans mon plan, ces adieux n’étaient pas dans ma bouche, ils étaient dans la sienne, et parfaitement conformes aux sentiments exagérés qu’il avait maintes fois exprimés lui-même en vers et en prose, sentiments des radicaux ou des carbonari étrangers, avec lesquels il était en relation pendant qu’il habitait Venise, les bords du Pô ou les rives de l’Arno.

2379. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

. — L’espace abstraitement conçu, dernier produit du travail mental sur les sensations, oui ; mais c’est là un pur concept que nous ne commençons pas par avoir et qui contient des éléments tout intellectuels, parce qu’il exprime de purs possibles.

2380. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

* * * — Ces jours-ci Daudet causait de son livre, et parlait de la difficulté d’exprimer par des phrases, certains phénomènes amoroso-intellectuels.

2381. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Malheureusement ces deux mots expriment deux choses bonnes partout ailleurs, mais mauvaises, détestables en histoire.

2382. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

La tête troublée de Caligula laissa de l’énergie à son éloquence : Claude s’exprimait avec élégance, quand il s’était préparé. […] Pour moi, je l’estime autant et plus philosophe d’effet que de nom… » Et ce n’est pas Montaigne qui s’exprime ainsi, comme on pourrait en avoir le soupçon.

2383. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

La même pensée est encore exprimée par Haller, quand il définit la physiologie : anatomia animata. […] Je n’exprime pas seulement ici mon opinion, je vous donne celle de beaucoup d’anatomistes très éminents qui m’ont dit que l’anatomie n’avait jamais réalisé les espérances physiologiques qu’ils avaient fondées sur elle, et qu’ils regrettaient de ne pas s’être livrés plus tôt à l’expérimentation, qui leur paraissait plus féconde. […] On ignore comment s’opère l’action du système nerveux sur un appareil glandulaire, mais il est certain que ce n’est pas par une contraction des muscles que la salive est exprimée. […] On recueille à la plaie œsophagienne chacun des bols alimentaires qui se présentent successivement, et on les exprime dans un linge bien propre, pour en séparer le liquide dont ils se sont imprégnés en traversant la bouche, le pharynx et une partie de l’œsophage. […] Après les avoir lavés et exprimés dans un linge, il les a plongés isolément, pendant vingt-quatre heures, dans une petite quantité d’eau tiède.

2384. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

On exprima ensuite, dans un petit sac de crin, le tissu du foie préalablement chauffé à feu nu dans un vase, pour en contracter légèrement la surface extérieure, ce qui facilite beaucoup l’expression du tissu. […] Mais les veines hépatiques, se raccourcissant, expriment, pour ainsi dire, le foie, à la manière d’une éponge, et le sang, trouvant du côté de la veine cave un débouché plus facile, est chassé dans ce vaisseau qui le conduit au cœur. […] On va traiter ces deux sangs de la même manière, en ajoutant du sulfate de soude et faisant cuire pour en exprimer le liquide. […] Et si l’on observe, en outre, que, pour faire dégorger le sang que contient l’animal, on appuie fortement avec le pied justement dans la région du foie, de manière à exprimer le plus possible cet organe, vous comprendrez alors, d’après ce que nous avons dit dans une précédente leçon, comment il se fait que le sang qui sort par la plaie, mélangé avec celui qui vient des veines hépatiques, contienne des qualités notables de sucre ; et toutes les fois que j’ai pris du sang venant de l’abattoir, j’ai constaté le même fait. […] Puisque nous sommes entré dans cette discussion, et à cause du désir qui nous en a été exprimé, et parce que, au point de vue des méthodes scientifiques, nous y avons vu un enseignement réel, nous devons la poursuivre jusqu’au bout, et en examiner une autre face par laquelle la critique s’est présentée, quoique d’une manière beaucoup moins franche.

2385. (1802) Études sur Molière pp. -355

« Il n’était, dit-elle, ni gras ni maigre ; il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle ; il marchait gravement, avait l’air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu’il leur donnait, lui rendaient la physionomie extrêmement mobile. » Tout cela pouvait faire de Molière un acteur aussi cher à Melpomène qu’à Thalie, mais un hoquet ou tic de gorge, qu’il avait contracté en voulant corriger la volubilité de sa langue, le rendit toujours insupportable dans le genre sérieux : il sauvait ce désagrément dans la comédie, par la vérité avec laquelle il exprimait un sentiment, et par l’art qu’il mettait jusque dans les moindres détails de son jeu. […] Le premier, dans sa tragédie d’Hécube, fait dire au roi d’Itaque, par cette princesse : « L’autorité dont jouit Ulysse le fera triompher, quelque mal qu’il s’exprime. […] « Quelque mal que vous parliez, vous fléchirez aisément les Grecs ; car, un homme riche et un homme du peuple auraient beau dire la même chose, et s’exprimer de même, l’effet de leurs discours ne serait pas égal. » De la tradition. […] Il me paraît, jusque dans sa prose, ne parler point assez simplement pour exprimer toutes les passions… Je répondis à mon collègue, que le meilleur écrivain pouvait se laisser entraîner trop loin, lorsqu’il voulait en rabaisser un autre ; et je continuai.

2386. (1774) Correspondance générale

La personne par laquelle vous m’avez fait tenir cette lettre vous en dira là-dessus bien plus que je ne peux vous en exprimer. […] J’ai été touché de vos éloges plus que je ne puis vous l’exprimer ; et comment ne l’aurais-je pas été ? […] Il a conçu à mon égard la même opinion favorable que vous m’avez fait l’honneur de m’exprimer, et rien ne saurait plus l’enchanter que d’entendre mon éloge de votre bouche. […] Le Recueil de quelques articles tirés de différents ouvrages périodiques, de Jean Devaisnes (imp. d’abord à 14 ex. au château de Dampierre), contient cette pièce de vers avec de très-légères variantes et cette note : « Diderot pria un de ses amis d’exprimer sa reconnaissance pour l’achat de sa bibliothèque, et celui-ci fit cette épître qui fut envoyée à Catherine en 1706.

2387. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Il fut très touché alors (quoiqu’il ne le marque pas assez dans ses Confessions) de l’amitié vraie que lui témoigna son ancienne voisine, de la peine naïve qu’elle lui exprima de son absence, de ses craintes que d’autres ne la remplaçassent près de lui et ne fissent oublier les premiers amis : « Hélas !

2388. (1929) Dialogues critiques

C’est donc toujours lui qui s’exprime dans les deux registres, théorique et pratique, mais il est instructif de relever les accords complets ou les contrastes apparents.

2389. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Un étranger reste stupéfait en voyant de quelle démarche adroite et sûre elle circule parmi tant de vanités en éveil, sans jamais donner ni recevoir un choc. « Elle sait tout exprimer par le mode de ses révérences, mode varié qui s’étend par nuances imperceptibles, depuis l’accompagnement d’une seule épaule qui est presque une impertinence, jusqu’à cette révérence noble et respectueuse que si peu de femmes, même à la cour, savent bien faire, ce plié lent, les yeux baissés, la taille droite, et une manière de se relever en regardant alors modestement la personne et en jetant avec grâce tout le corps en arrière : tout cela plus fin, plus délicat que la parole, mais très expressif comme moyen de respect. » — Ce n’est là qu’une action et très ordinaire ; il y en a cent autres et d’importance : imaginez, s’il est possible, le degré d’élégance et de perfection auquel le savoir-vivre les avait portées.

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