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987. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Chéruel explique et défend avec autant de soin que d’intelligence, Saint-Simon eut envers lui le même genre de torts qu’avec Villars. […] Il y a tel homme en renom de nos jours qui, au besoin, servirait à nous expliquer ce problème de M. de Harlay, à nous en rendre compte ; le personnage en soi est rare, il n’est pas introuvable : que de fois n’ai-je pas vu louer ses talents incontestés ?

988. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Hervé et Christel n’avaient pas besoin de confronter longuement leurs âmes, de s’en expliquer la source et le cours : On s’est toujours connu, du moment que l’on aime, a dit un poëte ; mais il est doux de se reconnaître, de faire pas à pas des découvertes dans une vie amie comme dans un pays sûr, de jouir jour par jour de ce nouveau, à peine imprévu, qui ressemble à des réminiscences légères d’une ancienne patrie et à ces songes d’or retrouvés du berceau. […] Vous prendrez garde à toutes ces haines de là-bas, et vous tâcherez surtout de concilier ici. » Et la famille, et les enfants, elle venait aussi en parler, et embellissait par eux les devoirs : « Ils auront es mêmes fées que vous sous vos mêmes ombrages. » Hervé n’essayait plus de comprendre, il nageait dans une sainte joie ; le jour tombant et de si franches paroles l’enhardissaient ; il exprima nettement ce désir prochain d’union, et cette fois, soit qu’elle fût trop faible, après tant d’efforts, ou trop attendrie, elle le laissa s’expliquer jusqu’au bout sans l’interrompre.

989. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Cette parcimonie de la nature à créer les grands historiens s’explique d’elle-même, quand on y réfléchit, par le nombre, la diversité et la supériorité des dons naturels et des dons acquis nécessaires pour écrire une histoire digne de ce nom. […] Mais cette brièveté aussi est une force : celui qui comprend d’un coup d’œil explique d’un mot.

990. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Cette réserve faite, les comédies de Marivaux se déroulent dans une société idéale, dans le pays du rêve : ce sont de délicates hypothèses sur l’âme humaine qu’il explique avec une étonnante sûreté. […] Mais alors l’observation psychologique disparaît : la sensibilité commande certaines façons de voir et d’expliquer l’homme.

991. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

J’y ai relevé des traces de scolastique, comme lorsque l’orateur nous dit que la confession est à la fois, pour le prêtre, un pouvoir, un honneur, un privilège et un droit, et qu’il nous explique chacun de ces quatre termes. […] Expliquez-moi pourquoi, en vous parlant, je vous aime, vous qui n’êtes pas mon sang, vous que je ne connais, pour la plupart, que pour vous avoir aperçus du haut de cette chaire ?

992. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

… Je m’explique. […] Ou bien si, tout en le jugeant, elle l’aime encore, il est bien singulier qu’elle ait perdu subitement tout souci de lui plaire… Je ne dis point que tout cela soit inexplicable ; je voudrais que tout cela me expliqué.

993. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Soixante docteurs ou ulémas délibèrent sur les points de la foi, expliquent les saints livres. […] Peu d’instants après, le général entrait, s’asseyait au milieu d’eux, sur le même divan, et cherchait à leur inspirer de la confiance par des discussions sur le Coran, s’en faisant expliquer les principaux passages et montrant une grande admiration pour le Prophète.

994. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Il ne s’étonne de rien, il explique ce qui s’offre, il en donne le pourquoi. […] L’auteur, à chaque crise décisive, ne se contente pas de l’expliquer, il déclare qu’elle n’aurait pu se passer autrement.

995. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

La monarchie qu’il avait laissée à ses descendants était, s’il m’est permis de m’expliquer ainsi (c’est toujours Frédéric qui parle), une espèce d’hermaphrodite, qui tenait plus de l’électorat que du royaume. […] Il expliquera avec la même netteté et la même franchise les motifs qui lui firent prendre les devants sur ses ennemis au début de la guerre de Sept Ans, et qui le décidèrent à paraître agresseur sans l’être.

996. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

En prenant pour texte et pour point de départ les Institutes de Justinien, le savant vieillard se montre attentif à saisir toutes les analogies ou même les oppositions qui peuvent se rencontrer entre l’ancien droit romain et notre vieux droit coutumier ; il éclaire, il explique l’un par l’autre, à l’aide d’un rapprochement continuel qu’il orne et relève d’érudition, et qui ne manque pas, jusqu’à un certain point, d’agrément. […] Un judicieux tempéré d’aimable, — M. le chancelier Pasquier, âgé de plus de quatre-vingts ans et dans la retraite, nous explique en quelque chose ces heureuses qualités de son ancêtre.

997. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

« Après la prière des voyageurs, par laquelle ma mère, raconte d’Aguesseau, commençait toujours la marche, nous expliquions les auteurs grecs et latins, qui étaient l’objet actuel de notre étude… » Grec, latin, et plus tard hébreu, anglais, italien, espagnol, portugais, mathématiques, physique, et surtout belles-lettres (sans parler de la jurisprudence qui était son domaine propre), le jeune d’Aguesseau apprenait tout, et, doué de la plus vaste mémoire, il retenait tout : « … L’admirable avocat général d’Aguesseauqui sait toutes mes chansons, et qui les retient comme s’il n’avait autre chose à faire », écrivait de lui à Mme de Sévigné M. de Coulanges. […] D’Aguesseau explique très ingénieusement comment il se rencontre de ces hommes d’esprit qui haïssent la raison (il les appelle, d’après Platon, misologues), comme il s’en trouve d’autres qui sont misanthropes et qui haïssent les hommes.

998. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Une personne de ses amis, et qui s’intéressait à lui, le voyant dans ce train d’ambition raffinée qu’il fallait soutenir par une vie de dépense et de ruine, lui dit un jour, après s’en être expliquée avec lui : « Mon ami, vous êtes un fou ; il n’y a point de place, le cœur du roi est rempli ; vous courez après une idée chimérique dont vous serez sûrement la dupe. » — J’étais trop enivré, ajoute d’Antin, pour croire de si bons conseils ; et moins je recevais de grâces, plus je redoublais de soins et d’assiduité à la Cour et à la guerre. […] Au reste, le mot et l’impression de la duchesse de Bourgogne, choquée comme l’avait été Mme de Maintenon, s’expliquent bien.

999. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Ce qu’était Carrel, tous ceux qui l’ont connu le savent, et il ne leur est pas difficile, par la connaissance qu’ils ont du caractère de l’homme, de s’expliquer les phases différentes de sa destinée. […] Je veux m’expliquer plus clairement : si un véritable homme de lettres, bien simple, bien modeste, bien consciencieux, mais étranger à l’action, mais ne sachant ni payer de sa personne, ni représenter en Cour des pairs ou en cour d’assises, ni tenir tête aux assaillants de tout genre et de tout bord, ni dessiner sa poitrine avec cette noblesse dans le danger, avait écrit du fond de son cabinet la plupart des choses excellentes que Carrel a écrites (j’entends excellentes, littérairement parlant), il ne passerait, selon moi, que pour un bon, un estimable, un ferme, un habile et véhément écrivain ; mais il n’eût jamais excité les transports et les ardeurs qui accueillirent les articles de Carrel : c’est qu’avec lui, en lisant et en jugeant l’écrivain, on songeait toujours à l’homme qu’on avait là en présence ou en espérance, à cette individualité forte, tenace, concentrée, courageuse, de laquelle on attendait beaucoup.

1000. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Avant 1815, on a un autre Courier, qui a devancé l’autre et qui l’explique, mais qui n’a rien encore de l’homme de parti ; soldat déjà trop peu discipliné sous la République, devenu incompatible et tout à fait récalcitrant sous l’Empire, mais curieux de l’étude, amateur du beau en tout ; un Grec, un Napolitain, un Italien des beaux temps, le moins Gaulois possible ; s’abandonnant tant qu’il peut à tous les caprices de sa libre vocation ; indépendant avec délices ; délicat et quinteux ; misanthrope et pourtant heureux ; jouissant des beautés de la nature, adorant les anciens, méprisant les hommes, ne croyant surtout pas aux grands hommes, faisant son choix de très peu d’amis. […] , et ne rencontrant pas une seule fois dans sa vie cette victoire en plein soleil qui fait croire à Leuctres et à Mantinée, et qui, même à ne voir que le classique, lui eût expliqué Épaminondas.

1001. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Mais ces constatations de lois empiriques, toutes dérivées, ne nous expliquent pas les phénomènes et ne nous font pas connaître les lois les plus fondamentales. […] Et nous avons montré, dans un chapitre précédent, que ce ne sont pas là seulement des métaphores, mais les résultats d’une loi qui explique l’expression même des sentiments : la bouche, dans la déception ou le mépris, fait les mêmes mouvements et prend les mêmes formes que sous l’action d’une saveur amère ou dégoûtante.

1002. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Il m’explique ce que je ne comprenais pas chez un Belge : ces coups d’œil, par moments, tout noirs, et ces cheveux en escalade. […] En effet, n’avons-nous pas vu les Japonaises de la grande Exposition, expliquer la phrase de leurs compatriotes, avec leurs rampements, leurs agenouillements, leurs gracieuses attaches au sol, leurs mouvements de gentils quadrupèdes, leurs habitudes enfin, de se faire toutes ramassées, toutes pelotonnées, toutes exiguës.

1003. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

En effet, — et on l’entend même, nous l’avons expliqué plus haut, quand il n’est pas figuré ; on l’entend dans mol, dans seuil, dans trésor, dans impair, dans nef, dans jamais, dans désir, etc., — mots identiques pour la prononciation finale à : molle, feuille, encore, impaire, greffe, ivraie, désire, etc. […] Léon Gautier a expliqué le vers des séquences par le parallélisme syllabique ; la séquence se compose d’une préface d’un vers, d’une finale d’un vers, et d’un nombre illimité de vers simples ou redoublés, vers appelés alors versicali ou clausulæ.

1004. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Augier ne quittait sa demeure solitaire que pour des promenades aux environs, et l’on s’explique aisément la considération toute particulière dont l’entourait la population au milieu de laquelle il a vécu si longtemps. […] Ici, une anecdote qui explique ce refus.

1005. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Il faut que je m’en explique, et que je me soulage, puisque j’en ai l’occasion. […] Tu ne me réponds pas. écoute-moi donc, car je vais tâcher de t’expliquer comment les anciens, qui n’avoient pas d’antiques, s’y sont pris, comment tu es devenu ce que tu es, et la raison d’une routine bonne ou mauvaise que tu suis sans en avoir jamais recherché l’origine.

1006. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Ces écrivains se sont contentez de ramasser les passages des auteurs anciens qui parlent de la peinture, et de les commenter en philologues, sans les expliquer par l’examen de ce que nos peintres font tous les jours, et même sans appliquer ces passages aux morceaux de la peinture antique qui subsistent encore. […] Les passages de ces auteurs que nous ne comprenions pas bien quand les peintres modernes ignoroient encore quels prestiges on peut faire avec le secours de cette magie, ne sont plus si embroüillez et si difficiles depuis que Rubens, ses éleves, Michel Ange de Caravage, et d’autres peintres les ont expliquez bien mieux les pinceaux à la main que les commentateurs les plus érudits ne le pouvoient faire dans des livres.

1007. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Et cependant, ne nous y trompons pas, ni le talent qui est suprême en ces Mémoires, — qui va jusqu’au génie, quand il ne s’agit que de peindre, mais qui n’y va pas, quand il s’agit de juger, — ni le sujet de ce récit, grand, varié, et pour nous, les démocrates du xixe  siècle, déjà merveilleux comme une lointaine épopée, ni les hasards d’une publication qui a aiguisé le goût public et l’a fait attendre avant de le satisfaire, ni même, ce que nous ne comptions pas tout d’abord, la rareté des livres sur le siècle de Louis XIV, rareté étonnante et qui vient de la peur qu’inspirait Voltaire, lequel l’avait pris pour sa part de lion et faisait trembler d’y toucher les superstitieux de son génie, ne peuvent suffisamment expliquer l’amour que Saint-Simon, presque inconnu, presque dédaigné au xviiie  siècle, a trouvé tout à coup parmi nous. […] Et ce n’est pas tout encore que l’ambition refoulée pour expliquer les injustices de ces Mémoires.

1008. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Son livre, qui traite de « la Douleur », et qui est plutôt un hymne à la douleur « regardée à la lueur des choses divines », n’explique pas que la douleur. Il explique aussi l’amour, et le sacrifice, et la prière, et le renoncement toujours et nécessairement inspirés par l’amour, — cet amour dont la douleur, « l’auxiliaire de la création depuis le malheur de la chute », est « le levier » dans le cœur de l’homme, — et tout ce mysticisme d’accent qui semble couronner le livre d’une auréole de sainteté (surnaturel à part) ne le rend pas plus vrai, mais plus éloquent, plus touchant, plus pénétrant, plus chaud aux âmes et plus maître d’elles, si, dans ce triste temps, il y en avait !

1009. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Richepin, presque un dandy de gueuserie, si un dandy n’était pas toujours froid, une telle chose est plus qu’un hors-d’œuvre, c’est une contradiction· Et je viens peut-être d’écrire le mot qui explique le mieux les défauts et les fautes du poète de La Chanson des Gueux : il a trop le dandysme de ce qu’il chante. […] Mais les mauvais sentiments sont bêtes, et c’était une bêtise de l’Envie ; car si le saltimbanque domine et explique le poète, il est plus surprenant que le poète lui-même… On a déplacé l’un pour donner sa place à l’autre, mais pour cela on ne s’est pas arraché à la dure nécessité, qui fait tant de mal, d’admirer !

1010. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

En 1864, la publication du Journal de Mathieu Marais, — un ancêtre, en Chronique littéraire, du temps de Louis XIV, l’ami de Boileau, le correspondant de Bayle, alors en Hollande, — fut pour Sainte-Beuve l’occasion d’expliquer l’idée qu’il avait eue autrefois d’entretenir avec M.

1011. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Hors de là, vers les rives, aux endroits plus calmes et sur une surface assez immobile ou animée de contre-courants peu rapides, il y avait des raisonneurs qui expliquaient aux autres le spectacle, et pourquoi cela était ainsi de toute nécessité, et pourquoi cela devait être toujours ; il y avait, rangés derrière deux ou trois grands noms, sur les traces de Lamartine, harmonieusement ravi en ses tendresses sublimes, sur les pas de Victor Hugo, de plus en plus occupé à ses chauds horizons, et à portée de voix de quelques autres, il y avait des peintres de vieilles ruines, qui étudiaient les débris gothiques le long des bords, des psychologues qui se miraient au sein des eaux, des nacelles de rêveurs dont le front regardait perpétuellement le ciel, des essais de colonie littéraire et d’abri poétique autour d’agréables îles et dans les Délos nées d’hier.

1012. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

Sans absoudre les coupables, nous en venons à les expliquer.

1013. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Le Comte Walewski. L’École du Monde »

Il est faux, par exemple, que Dampré ait pu attendre si longtemps pour s’expliquer avec Émilie ; avec ces sortes d’assiégeants, les années entières ne se passent pas dans des manœuvres si discrètes et si respectueuses.

1014. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XI. De l’ignorance de la langue. — Nécessité d’étendre le vocabulaire dont on dispose. — Constructions insolites et néologismes »

Jeunes gens et jeunes filles ne peuvent expliquer les mots les plus usuels : la lecture d’une page de français leur laisse une vague et indécise idée dans l’esprit, et s’ils n’en gardent pas un souvenir précis, s’ils ne peuvent à l’instant même la résumer en substance, c’est moins faiblesse de réflexion, légèreté d’attention, gaucherie d’intelligence, l’ignorance du sens des mots qu’ils ont lus.

1015. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

Et, si l’auteur de Volupté l’a commise en effet, y a-t-il quelque moyen, je ne dis pas de la justifier, mais de l’expliquer, de la faire rentrer dans l’idée que nous nous faisons de Sainte-Beuve ?

1016. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Comment j’ai été amené à l’entreprendre, c’est ce que s’expliqueront aisément ceux des lecteurs qui savent que j’ai publié une édition des œuvres de Molière avec toutes les recherches et tous les développements qu’une telle publication comporte1.

1017. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VII. L’Histoire de la Physique mathématique. »

Je m’explique ; comment les anciens comprenaient-ils la Loi ?

1018. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre II : Termes abstraits »

Nous avons donc à expliquer en quoi consiste cette connotation.

1019. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Les historiens anciens n’expliquent pas l’énigme, ils la posent sans la résoudre. — Heureusement, avec le refus de Sparte, Phédippide rapportait à Athènes l’oracle d’un dieu.

1020. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

Diderot s’est expliqué encore d’autres fois sur l’éducation, entre autres en tête du Fils naturel.

1021. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 42, de notre maniere de réciter la tragédie et la comedie » pp. 417-428

Voici comment s’explique un des plus grands poëtes tragiques d’Angleterre sur la décence de nos représentations.

1022. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 2, du génie qui fait les peintres et les poëtes » pp. 14-24

Mais les faits que j’explique sont certains, et ces faits, quoique nous n’en concevions pas bien la raison, suffisent pour appuïer mon systême.

1023. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 18, qu’il faut attribuer la difference qui est entre l’air de differens païs, à la nature des émanations de la terre qui sont differentes en diverses regions » pp. 295-304

C’est à ce sel dominant dans la terre de Pologne que les philosophes attribuent la fertilité prodigieuse de la plûpart de ses contrées, aussi-bien que la grosseur extraordinaire des fruits, et s’il est permis de s’expliquer ainsi, le grand volume du corps des hommes nez et nourris dans ce païs-là.

1024. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 3, de la musique organique ou instrumentale » pp. 42-53

Si Monsieur Le Fevre de Saumur avoit pû voir ce dernier livre avant que de faire imprimer son commentaire sur Terence, peut-être n’y auroit-il pas inseré les beaux vers latins qu’il avoit faits contre la flute antique, et contre ceux qui veulent entreprendre d’en expliquer la structure et l’usage.

1025. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Philéas Lebesgue est un de ceux qui se sont le plus indignés de cette prétention, et son animosité s’explique lorsqu’on connaît ses idées littéraires.

1026. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Nous avons essayé de rendre manifeste, par un type présent et familier pour nous, ce génie du poëte thébain si difficile à expliquer et à traduire : ajoutons-y quelques souvenirs de l’antiquité sur sa vie.

1027. (1902) Le critique mort jeune

Joignez à cela que ses idées sont originales et assez éloignées des opinions reçues : autant de circonstances qui expliquent, mais ne justifient pas, le silence ou l’inattention. […] Toute la nouveauté consiste en ce qu’ils ont été contraints par l’anarchie contemporaine et d’expliquer et de justifier ce qui jadis allait de soi. […] Le goût des idées au degré où il l’avait, et qui fait qu’on aime à les expliquer, à les répandre, à les contredire, crée surtout des journalistes et des polémistes. […] Dans sa méditation sur le 2 novembre en Lorraine, il a expliqué par quelles voies il était parvenu à ce point de vue définitif. […] Encore moins l’explique-t-il.

1028. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

On ne s’expliquerait pas dans l’intervalle l’érection de cette chapelle. […] On le rejeta uniquement sur les Basques, et on expliqua comment ils avaient pu échapper au châtiment qu’ils méritaient. […] C’est qu’en effet il n’y avait guère déplace, dans l’affaire de Ronce vaux, pour la trahison d’un Français38 ; mais l’imagination populaire veut à toute force, on le sait, expliquer la défaite par la trahison. […] Le récit de Guerino est bien plutôt, comme je l’ai dit, une variante édifiante de l’histoire originaire : si Guerino reçoit l’absolution du pape, cela s’explique fort bien, puisqu’il a résisté aux séductions de la Sibylle. […] Il est probable que le prétendu Buttadeo, qui parcourait sans cesse l’Italie, observait pas mal de choses et savait en tirer parti à l’occasion, ce qui explique à la fois qu’on l’ait traité à Florence avec tant de ménagements et qu’on ait voulut le pendre comme espion à Vicence.

1029. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Il faut donc expliquer autrement que par des doléances, le succès incontestable du roman-feuilleton, et puisque les clameurs de la critique n’ont pu arrêter les triomphes de ce nouveau-venu, il est temps peut-être de transiger avec lui. […] Pouvons-nous réprimer un sourire en entendant quelque vieux régent d’école s’expliquer sur Caton d’Utique, et Octave est-il pour nous, aussi Auguste qu’on voulait bien nous le faire croire ? […] Il a entrevu des personnages et ces personnages n’ont rien fait ; il a voulu les entendre mais à peine ils ont parlé, le poète a expliqué les ressorts qui auraient pu faire agir ses marionnettes, il a montré leurs fils d’archal, mais il n’a rien mis en mouvement. […] Nous avons été moins frappé de Lorenzaccio lui-même, il nous a semblé que les raisons données de son rôle odieux n’étaient pas suffisantes à rien expliquer. […] Une telle faute, je demande encore pardon pour ce mot-là, ne peut s’expliquer que par l’amour trop grand des petits détails qui caractérise la critique de M. 

1030. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Si vous savez la comprendre, elle vous expliquera tout le mystère de la musique et l’action qu’elle exerce sur les hommes. […] Explique-t-il les effets de la musique, ou raconte-t-il les phases successives d’une sensation voluptueuse ? […] C’est ce mystère de la faveur divine que les philosophes expliquent par l’opposition entre les forces spontanées et les forces réfléchies de l’âme. […] On sait en effet qu’il déclarait qu’il avait besoin de tous les systèmes pour expliquer sa pensée, et qu’il n’aurait pu se passer d’un seul. […] Sont-ils à lui ou à nous ces actes que nous expliquons et que nous justifions par les mêmes paroles qu’il employa pour justifier et expliquer les siens ?

1031. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

« Comment expliquer une telle influence ? […] Qu’on baptise ces guérisons du nom de phénomènes ou de miracles, peu importe, il y a là quelque chose qui sort de l’ordinaire de la nature et que la science n’a pu expliquer jusqu’à présent. […] Je crois tant de peine inutile, et la raison de cette indifférence peut, je crois, s’expliquer en quelques lignes. […] Mais c’est généralement le contraire qui arrive, et c’est ce qui explique le respect craintif dont on est pris dès qu’on ouvre un livre de philosophie. […] Le procès intenté à l’éditeur de ce livre ne peut s’expliquer que par des raisons de famille d’ordre tout particulier, quand on a lu les Mémoires d’une Inconnue.

1032. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Poinsot lui avait fait faire le tour des mathématiques et expliqué l’analyse. […] A côté de ces cours qui exposent le budget de la nation, il en faut un autre qui explique le budget de l’État. […] C’est par cette différence de leurs sources qu’il explique l’inégalité de leurs mérites. […] Le lecteur le trouvera expliqué dans un ouvrage récent, de M.  […] A force de vouloir la certitude, il desséchait la science et ne gardait de la plante que le bois sans les fleurs. — On ne peut expliquer autrement la froideur de ses essais historiques.

1033. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Mais en vain la raison, à l’abri sous leur manteau, se flatta de s’expliquer longtemps par mon organe. […] On conçoit comment il explique l’épopée purement morale ou pathétique, et pourquoi il en fait des espèces distinctes. […] En ce cas il fallait s’expliquer. […] La théorie reçue ne s’explique-t-elle pas clairement en cette rapide scène ? […] Ce n’est qu’en songe qu’il transporte Henri dans le ciel et dans l’enfer ; comme si l’intelligence de l’homme éveillé ne pouvait voir cet univers expliqué par Newton qu’il choisit pour y voyager en rêve.

1034. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Fauriel, et d’autant plus méritoire en lui qu’elle trouvait un fonds de convictions philosophiques et politiques antérieures ; mais, à un si haut degré qu’il la possédât, seule elle ne suffirait pas pour expliquer et caractériser tout ce qu’il y eut de nouveau et d’inventif dans les points de vue auxquels une étude continuelle le porta successivement. […] Avez-vous besoin que je vous explique cela ? […] Il me semble que nous sommes faits pour être amis, et je l’attends, votre amitié, comme cette moitié d’une lettre déchirée qui peut seule expliquer l’autre. Vous ne m’invitez pas beaucoup à revenir ; mais j’ai un tel dégoût du pays que j’habite, que je ne puis suivre ce conseil, et j’espère une fois, quand nous nous reverrons, vous expliquer un peu cette disposition. […] (Fouché), de sorte que je n’ai pu lui expliquer cette tracasserie.

1035. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Mallarmé expliquait l’inutilité de compliquer les spectacles par la récitation de littératures généralement déplorables. […] Le besoin de comprendre explique de tels jeux, mais résoudre une question n’est pas la même chose que de traiter une question. […] Charbonnel a expliqué cela, en analysant une doctrine à laquelle il reconnaît « la grandeur et aussi le caractère absolu de l’héroïsme ». […] Je tente d’expliquer une méthode ; c’est plus difficile que de dire son impression sur le résultat obtenu. […] N’ayant de principes que des principes extérieurs à lui-même, il ne juge pas, il accepte et il explique.

1036. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Et l’Esprit des lois n’en demeure pas moins un livre manqué ; mais on ne le trouve plus indigne de sa haute fortune ; on comprend que l’influence en ait passé le mérite ; et on se l’explique en considérant que le génie de Montesquieu a sans doute été supérieur à son œuvre. […] Les Dieux commencent par aveugler ceux qu’ils ont résolu de perdre, et, de fait, on s’expliquerait malaisément le progrès, la fortune, et, après un peu d’incertitude au début, la rapidité de propagation de la doctrine encyclopédique, si nous ne rappelions quelle part y ont prise, avec la plus regrettable imprudence ou la plus insigne maladresse, tous ceux dont la doctrine menaçait les intérêts : les adversaires eux-mêmes de l’Encyclopédie, le gouvernement, et surtout les « salons ». […] Il eût donc bien fait en ce cas de nous expliquer comment aucun de ses ouvrages, à lui, Diderot, n’a produit la même impression « d’admiration et de terreur universelles » que les deux premiers Discours de Rousseau. […] De l’utilité de ces détails pour l’intelligence des romans de Prévost : — il a vraiment vécu son œuvre ; — les hasards de sa vie en expliquent le décousu ; — et ce qu’il n’en a pas vécu, il l’a moins « imaginé » que « senti ». — Du caractère sombre et mélodramatique des romans de Prévost ; — et combien ils diffèrent des romans de Le Sage et de Marivaux. — La passion de l’amour dans les romans de Prévost ; — comment elle les remplit à peu près uniquement ; — et qu’elle y affecte les mêmes caractères de soudaineté ; — de violence ; — et de fatalité que dans les tragédies de Racine. — Que là même, et non pas du tout dans une peinture de la fille ou de la courtisane, est le mérite éminent de Manon Lescaut. — La peinture des mœurs dans les romans de Prévost ; — et combien elle y est insignifiante ou superficielle. — Les romans de Prévost sont des romans idéalistes ; — nullement psychologiques d’ailleurs ; — et le style en est celui de la passion ; — c’est-à-dire, tantôt capable de la plus haute éloquence ; — et tantôt de la pire banalité ; — toujours facile d’ailleurs, harmonieux, abondant et prolixe. […] Les fragments de l’Hermès ; — et qu’il n’est pas malaisé d’y reconnaître les mêmes caractères, — et d’en signaler d’autres qui sont également du xviiie  siècle. — Tout imprégné des idées de Buffon, André Chénier s’y fût montré l’interprète enthousiaste de la philosophie de son temps ; — et déjà le poète de la « concurrence vitale ». — Il y eût expliqué, comme Voltaire et comme Condorcet, l’origine des religions ; — en les accusant de la plupart des maux qui ont désolé l’humanité ; — et en reprochant aux « prêtres » de les avoir exploitées. — Enfin, dans son troisième chant, disciple de Condillac, — il eût développé la doctrine de la « sensation transformée » ; — proclamé d’ailleurs la tendance invincible de l’homme « à la vertu et à la vérité » ; — et terminé par un hymne à la « science » [Cf. 

1037. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Les mêmes mœurs qui expliquent les sentiments durs expliquent le style libre. […] Quand il se propose un but, il y va droit, sans s’arrêter ni se détourner en chemin ; s’il explique la succession des gouvernements, il ne songe point à expliquer autre chose. […] En grand joueur d’échecs, il explique et admire la partie de deux fameux joueurs d’échecs. […] Il s’expliquera lui-même, et la différence de son style et du nôtre marquera, mieux qu’un commentaire, la différence des deux civilisations. […] Ils expliquent tout, ils ne laissent rien d’obscur, ils ne touchent point une idée sans avoir traversé toutes celles qui précèdent.

1038. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Je me réserve d’expliquer amplement les livres de Quintilien et les dialogues de Cicéron, quand j’analyserai l’art oratoire. […] Mieux on se les explique, et mieux on en conçoit l’étendue. […] Nous expliquerons ceci plus amplement. […] Les Grecs disposaient tout d’avance en figurant à la fois plusieurs lieux voisins les uns des autres dans la même décoration : on n’expliquerait sans cela ni les mouvements de leurs personnages, ni l’ordonnance de leurs drames. […] (B) Expliquons-nous, je vous prie, Monsieur, et n’exagérons rien.

1039. (1896) Études et portraits littéraires

J’explique. […] Il n’explique pas plus les sociétés que les individus. […] Expliquera-t-on leur dissemblance par le nombre de lieues qui sépare Chinon de Noyon ? […] Il nous explique que ces mains-là ne sentent pas les étreintes ordinaires. […] Le titre du livre n’explique ni la tempête, ni le bateau, ni les bottes.

1040. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Dans le vice même, il distinguait la force de la faiblesse, et, entre Sénécion, vil courtisan sous Néron, et Catilina, monstrueux ennemi de sa patrie, il préférait pourtant le dernier, parce qu’il avait agi…. » Et encore : « Le monde, suivant Vauvenargues, est ce qu’il doit être, c’est-à-dire fertile en obstacles ; car, pour que l’action ait lieu, il faut des difficultés à vaincre, et le mal est ainsi expliqué. […] Ce qu’on a droit de trouver, c’est que ce récit est souvent plus simple, plus lucide que les choses elles-mêmes ; qu’il n’y est pas tenu assez compte des obstacles, des misères, des crimes, et qu’aussi, à force de se bien expliquer les situations successives et d’y entrer, les hommes (certains hommes aveugles et coupables) n’y sont pas assez marqués du signe qui leur appartient. […] En étudiant les cartes stratégiques, sa passion favorite, et à force de considérer la surface de l’Europe et la configuration du sol, il s’était fait un ensemble d’idées, tout un système qui, selon lui, expliquait l’histoire, et il déduisait de la connaissance précise des divers bassins, non-seulement les migrations et le cours, mais aussi les caractères et les mœurs des peuples. […] Mêlant, selon son habitude, à ces considérations générales des données positives et techniques, et ne négligeant aucun détail matériel (tel que la coupe des pierres, leur attache, etc., etc.), il croit être arrivé à des résultats capables de satisfaire, et, par exemple, il se voit en mesure d’expliquer, de motiver en détail le passage de l’architecture grecque à la romaine, par la nécessité d’agrandir la première en l’adaptant à de certains usages déterminés du peuple-roi, et par le mélange du goût oriental.

1041. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Mais, toujours aussi, qu’un texte soit, qui explique au public l’œuvre qu’il s’agit de propager hors son terroir, parmi de mœurs et des idées plus différentes que les langages mêmesad. […] Toutes innovations nécessaires et légitimes, mais qui ne font pas excusable le caractère incomplet de cette vie : le personnage est, non expliqué, décrit ; nous savons, ce qu’il sent, mats non par quels motifs il le sent. […] Ses livres sont mal composés, les notions ne s’expliquent point l’une par l’autre : par instants, malgré ces défauts, une phrase surgit, qui bouleverse l’âme et la force à créer la plus intense vie d’une émotion précise. […] J’expliquerai, dans un article sur la Musique Wagnérienne, comment Wagner fut amené à couvrir une apparence légendaire et symbolique la vie très-moderne des émotions qu’il créait.

1042. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Il se voit obligé de se justifier de son absence, qu’il explique par ses travaux et par son assiduité au département. […] [NdA] J’ai peine à m’expliquer comment Étienne Dumont de Genève, en ses Souvenirs, parlant de Roederer qu’il rencontrait dans le groupe des Girondins, a pu dire de lui : « Roederer, homme d’esprit, mais fort ignorant, avait un fonds de légèreté dans le caractère qui lui donnait un rôle subalterne, quoique par sa capacité il l’emportât sur presque tous. » Quand on a eu sous les yeux les extraits en masse des lectures de Roederer dès sa première jeunesse, et quand on a vu l’ensemble de ses travaux sous la Constituante, on ne saurait admettre que cette ignorance dont parle Dumont, et dont les plus instruits eux-mêmes ne sont pas exempts sur les points étrangers à leurs études, ait porté le moins du monde sur la science politique et économique qui était l’essentiel ici.

1043. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

En un mot, s’il nous a très bien démontré et expliqué le genre de tolérance d’un Cicéron, d’un Trajan, d’un Pline, cette disposition humaine sans doute, née toutefois ou accompagnée d’une indifférence profonde et d’un secret mépris pour les objets d’un culte qui, chez les anciens, était une affaire de coutume et de forme extérieure, non d’opinion ni de croyance, il n’a pas également compris le sentiment nouveau qui combattait et affrontait cette tolérance, et qui devait, vers la fin, la lasser. […] [NdA] Se souvenant à ce propos de son attaque historique au christianisme, il disait pour la justifier et l’expliquer : « La primitive Église que j’ai traitée avec quelque liberté était elle-même en son temps une innovation, et j’étais attaché au vieil établissement païen. » 84.

1044. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Joinville tremble, et il peut choisir, pour expliquer son tremblement, de la peur ou de la fièvre ; il peut dire comme Bailly : « Je tremble, mais c’est de froid. » Mot sublime ! […] Joinville y vint sans savoir d’abord pourquoi il était appelé, et à ce propos il eut un songe qu’il nous raconte et que son chapelain lui expliqua.

1045. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

L’endroit où il donne le caractère de Bossuet dans le sermon, et où il explique sa manière de s’y préparer, enleva tous les éloges. […] Cette maison est « la plus neuve, la plus propre et la mieux tournée de tout le cloître ». — Il nous explique comment il a pu une fois s’enrhumer en voyage.

1046. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Si la réponse était non pas de Mirabeau, mais de tout autre, on dirait qu’elle était bien du genre alors à la mode, genre Maurepas, genre Cléon, genre méchant, auquel Gresset bientôt attachera l’étiquette ; mais avec le marquis de Mirabeau, l’humeur du personnage suffit pour expliquer le trait, sans invoquer le bon air. […] Vauvenargues fait bonne défense et, sans d’abord se découvrir, il accepte en partie le rôle qu’on lui fait, il l’explique et s’en excuse : Je ne veux pas vous faire entendre que je me suffise à moi-même, et que toujours le présent remplisse le vide de mon cœur ; j’éprouve aussi, souvent et vivement, cette inquiétude qui est la source des passions.

1047. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Voyant entrer don Sanche qui s’agenouille et lui présente inopinément une épée, Chimène ne lui donne pas le temps de s’expliquer ; elle lui coupe la parole, elle l’insulte, elle l’appelle assassin et traître : « Va, tu l’as pris en traître ; un guerrier si vaillant N’eût jamais succombé sous un tel assaillant. » Adieu la dignité ! […] Enfin, à grand’peine on parvient à la faire taire ; on s’explique.

1048. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

C’est pour la première fois que la conduite de l’abbé Raynal dans cette solennelle circonstance nous est complètement expliquée, et ceci nous mène naturellement à parler des relations intimes établies de tout temps entre Malouet et le célèbre abbé : on peut dire même que l’on ne connaît bien Raynal que d’aujourd’hui, et qu’avant les éclaircissements inattendus qui nous viennent de ce côté on manquait à son égard d’un élément essentiel de jugement. […] Lui-même va nous l’expliquer, non sans avoir fait au préalable sa profession de foi : « Ma première éducation, dit-il, mes premières études me ramenaient plutôt aux idées religieuses qu’elles ne m’en éloignaient.

1049. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Son frère, nommé vicaire à Saint-Malo, y dirigea une école ecclésiastique qui eut bientôt maille à partir avec l’Université naissante, ce qui explique la première haine vigoureuse de La Mennais. […] Dans la singulière courbe excentrique décrite par La Mennais tout est d’accord aujourd’hui, tout se rapporte (pour le caractère du moins), tout s’explique.

1050. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Pour mieux s’expliquer M. de Sénancour, dont une sorte de circonspection respectueuse l’a tenu jusqu’à présent éloigné, et qu’il n’a jamais eu l’honneur d’entrevoir, il a cherché et trouvé des renseignements précis auprès d’un ami commun, M. de Boisjolin, qui a voué au philosophe vénérable un culte d’affection et d’intelligence. […] Un mariage qu’on avait arrangé pour cette personne et qu’elle refusa donna matière aux conjectures de la famille, qui pria son hôte de s’expliquer à ce sujet.

1051. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Vous voyez que je m’explique très-froidement et sans engouement ni prévention le cas extrême que je fais de vous, préférablement à beaucoup d’autres qui me ressemblent ou ne me ressemblent pas. — Bon soir, mon ami.  […] C’était bien là mon idée, en la montrant et si sage et si folle ; mais votre remarque me prouve que je ne l’ai pas assez expliquée. — Je ferai attention aussi, en corrigeant les épreuves, aux expressions louches et aux mauvaises constructions que vous m’avez signalées.

1052. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Pas plus que Crébillon, que Jean-Baptiste Rousseau, que Piron, ses aînés, il n’avait l’esprit sérieux, tandis que Voltaire l’avait jusqu’en ses saillies ; et c’est ce qui explique le peu de résistance qu’ils firent tous en face d’un tel rival, à la fois léger de plume et muni du fonds. […] La ville de province telle qu’elle était autrefois, car, on le sait, il n’y a plus de province aujourd’hui, il n’y en aura plus demain, grâce aux chemins de fer ; nous sommes à la veille d’un atticisme universel, à Paris comme ailleurs, et c’est ce qui me met à l’aise pour m’expliquer.

1053. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Quand il s’agit de juger la vie, les actions, les écrits d’un homme célèbre, on commence par bien examiner et décrire l’époque qui précéda sa venue, la société qui le reçut dans son sein, le mouvement général imprimé aux esprits ; on reconnaît et l’on dispose, par avance, la grande scène où le personnage doit jouer son rôle ; du moment qu’il intervient, tous les développements de sa force, tous les obstacles, tous les contrecoups sont prévus, expliqués, justifiés ; et de ce spectacle harmonieux il résulte par degrés, dans l’âme du lecteur, une satisfaction pacifique où se repose l’intelligence. […] Il est heureux de s’accommoder ainsi de tout le monde ; pour moi, j’aurois cent fois vendu la maison. » Ce qui pourtant explique qu’à la fin Boileau, devenu morose, l’ait vendue.

1054. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Jamais Montesquieu n’a été plus érudit, plus ingénieux, plus profond que dans ce chapitre VI, où il nous explique le jeu de la politique extérieure des Romains. […] Il y a sophisme à dire que ce qui est devait être, quand on prétend expliquer ce qui est : car c’est dire que l’on a trouvé la somme des causes égale à la somme des effets.

1055. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Duruy la combattit avec une respectueuse vigueur ; mais l’empereur ne se rendit point et maintint le passage, ainsi qu’un autre où il expliquait qu’en certains cas on peut légitimement violer la légalité. « On fait quelquefois ces choses-là, avait dit M.  […] Il expliqua ces votes à l’Empereur, qui lui assura qu’il les comprenait fort bien.

1056. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

L’expérience l’enseigne ; le raisonnement l’explique. […] A lui de comprendre et d’expliquer pourquoi Scarron, le roi du burlesque, a mérité d’être le grand homme d’une petite époque.

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