Bossuet, dont il estime la doctrine, ce qu’ils en pensaient.
La conception d’un lien de société entre l’homme et des puissances supérieures, mais plus ou moins semblables à lui, où il voit l’explication de l’univers et dont il attend fine coopération matérielle ou morale, voilà ce qui, selon nous, fait l’unité de toutes les doctrines religieuses.
Chaumeix est le critique qui a le plus clairement et le plus impartialement exposé notre doctrine (NdA)
Mais il ne l’avait pas parce qu’il était un janséniste de tempérament encore plus peut-être que de doctrine, et qu’il s’accotait sans effort dans des idées qui convenaient à l’aridité naturelle de son esprit.
si je prouve ainsi aux sceptiques que leur doctrine anéantit la raison et la nature humaine, persisteront-ils dans leur doctrine ? […] Si vous suivez la doctrine du plaisir ou de l’égoïsme, bien des choses périssent, et d’abord ces beaux rapports qui nous unissent à nos semblables, l’amour des hommes, l’amitié, la justice et les autres vertus ; car, sans le désintéressement, ce ne sont plus que des chimères ; lorsque nous sommes portés à remplir nos devoirs par l’attrait du plaisir et par l’appât des récompenses, ce n’est pas la vertu, c’est le faux semblant et comme un plagiat de la vertu ». […] Mais si, dans la suite, nous renouons ces entretiens, nous nous occuperons de ces divergences entre les philosophes qui soutiennent des doctrines si opposées sur les biens ou sur les maux réels : voilà les sujets qui méritent de nous occuper plutôt que les vanités et les erreurs de la vie, etc. […] Le pontife, dans Cicéron ou dans César, ne nuisait point au philosophe ; l’un suivait des rites traditionnels et populaires, l’autre professait des doctrines souverainement libres et dédaigneuses des crédulités du vulgaire.
Ferdinand Brunot sur la Doctrine de Malherbe. […] Vous dites que la doctrine que vous attaquez a eu le bonheur de me plaire — c’est Bossuet qui souligne ; — et vous dites aussi dans la Préface, qui est tout ce que j’ai eu le loisir de lire de voire livre, que vous ne prenez la peine de combattre cette doctrine que parce qu’elle est contraire à la religion. […] Je vous dirai donc franchement ce que je pense sur la doctrine de Descartes ou des cartésiens. […] Mais ce qu’il vit surtout, c’est que, si la doctrine de Malebranche se répandait, c’en était fait du dogme de la Providence. […] Or, qui peut révoquer en doute qu’il n’y ait beaucoup d’erreurs capitales qui ont, plus de sectateurs que les doctrines à quoi elles sont opposées ?
Le Dieu des chrétiens est triple et un tout ensemble, et les accusations qu’on élèverait contre la doctrine que j’enseigne doivent remonter jusqu’à la Trinité chrétienne. […] Le premier mouvement cartésien finit à Wolf ; là, son cercle est accompli ; il est arrivé à son dernier terme ; sa forme, sa méthode, sa doctrine en mal comme en bien ont trouvé leur dernier développement. […] Il donne de longs et fidèles extraits de chaque doctrine, qu’il divise et subdivise en un certain nombre d’articles classés et numérotés avec un soin qui semble ne rien laisser à désirer. […] Mais une doctrine trop étroite en philosophie est fort incommode en histoire. […] Royer-Collard portèrent à la doctrine de la sensation des coups bien plus rudes encore : mon illustre prédécesseur147 a l’honneur d’avoir le premier introduit en France les sages doctrines de la philosophie écossaise.
Il raconte simplement, humblement et presque individuellement ce que c’est qu’un jésuite, cet être abominable pour beaucoup et exécré ; il analyse les Exercices de saint Ignace, les Constitutions de la Compagnie ; il suit le novice dans les divers degrés d’initiation ; il traite du gouvernement et des doctrines de l’Ordre.
S’il désire puiser dans les faits des arguments à l’appui d’une doctrine qui lui tient à cœur, il est entraîné malgré lui à grossir les uns et à négliger les autres ; il se crée un intérêt, ce qui est un moyen sûr « pour se crever agréablement les yeux », suivant l’expression de Pascal.
» Les affaires que lui suscita son attachement à la doctrine de Socrate, & les mécontentemens qu’il eut de sa patrie, forcèrent Euripide à la quitter.
La sagesse est la faculté qui domine toutes les doctrines relatives aux sciences et aux arts dont se compose l’humanité.
Faible femme en ses plus beaux élans, vase débordé d’amour, où puisa-t-elle sa doctrine ? […] Mais d’autres émotions survinrent : elle n’y retourna pas ; et c’est dans ce peu de suite que, chez Mme de Krüdner, le manque de discipline, d’ordre fixe, et aussi de doctrine arrêtée, se fait surtout sentir. Combien de fois, quand on la pressait sur cette doctrine, quand on lui en demandait la source et les témoignages, quand on disait à ses idées mystiques : « Qui êtes-vous ?
Elle a écouté et elle a compris… Et déjà ces enfants ont dépassé leurs pères et senti le vide de leurs doctrines. […] Dubois, qui jugea que, dans cette simple idée de magasin à l’anglaise, il n’y avait pas assez de chance d’action ; qu’il fallait y implanter une portion de doctrine, y introduire les questions de liberté littéraire, se poser contre la littérature impériale, et, sans songer à la politique puisqu’on était en pleine Censure, fonder du moins une critique nouvelle et philosophique. […] Sous le rapport des doctrines et de l’influence morale, M.
» L’amitié était sa nature, l’amitié était sa doctrine, l’amitié était l’unique charme de sa vie. […] Il y a et il y a eu en tout temps des esprits contentieux, ambitieux, impolitiques, mal nés, et qui ne connaissent les doctrines auxquelles ils se prétendent attachés, que par la haine que les partis contraires leur inspirent. […] Il y avait beaucoup de ces hommes en ce temps-là à Rome ; résumés dans ce qu’on appelait le parti de la congrégation jésuitique, à tort ou à raison, et résumés plus éloquemment alors par quelques faux prophètes, tels que Lamennais, dans son Essai sur l’indifférence religieuse, dans le comte de Maistre, plus sincère, mais plus fanatique, et par quelques-uns de leurs disciples, brûlant de se donner la grâce du bourreau, à la suite de ces forcenés de doctrines.
Rousseau et de Volney avait déteint sur ses pensées, mais son âme n’avait pas été altérée jusqu’au fond par ces doctrines décolorées et froides qui désenchantent l’esprit sans attendrir le cœur ; et, quand il rentra dans sa patrie, au milieu des ruines faites par l’incrédulité, et des efforts d’un gouvernement hardi et réparateur pour rattacher la France à ses anciens dogmes par des repentirs avoués et par des réconciliations politiques entre les armées et les autels, il ne lui fut pas difficile de renier le culte nouveau, qui n’était encore que doute, et de se rattacher aux douces habitudes de son imagination comme à d’anciens amis éprouvés avec lesquels on vient prier dans les mêmes temples et dans la même langue, après être rentrés sous les mêmes cieux. […] Il laisse un beau livre, mais point de doctrine ; c’est un Jean-Jacques Rousseau retourné. […] Voltaire et Jean-Jacques Rousseau n’étaient plus ; Mirabeau, Danton, Vergniaud avaient joué leur vie contre leurs doctrines et l’avaient perdue.
Assez intelligent, à ce qu’il semble, pour dépasser, comme les moins grands d’entre nous, les doctrines méprisées présentement du Contrat social, il n’est pas fait pour retourner tête basse à cette doctrine de marcassin et de glands tombés, qu’on appelle le naturalisme, pour appeler d’un nom propre des choses qui ne le sont pas. […] Tant mieux que ce Daniel ne soit pas le chef-d’œuvre que l’on disait, puisqu’il devait être la mise en action et en drame, pour la faire triompher, d’une des plus honteuses doctrines du xviiie siècle !
Mais par réserve et pour ne pas parler de ceux qui sont trop mes parents, je m’en tiendrai à une maison où l’on professait la doctrine extrême de Charles Maurras, en même temps qu’on gardait, je le sais, une ardente amitié pour les formes premières du nationalisme. […] Ces mêmes idées d’ordre que servaient avec une puissante sérénité Joseph Hudault et Pierre de Rozières, et dont les jeunes écrivains de la Revue Critique travaillaient à construire la doctrine, enthousiasmaient Henri Lagrange. […] Ceci l’enflammait, car cette vérification que son intelligence avait saisie au milieu des mêlées les plus tragiques corroborait une des lois les plus vraies et les plus aimées des doctrines qu’il révérait tant.
Le fond du Naturalisme, continue-t-elle, c’est le déterminisme, résurrection, sous la forme scientifique chère au xixe siècle, du vieux Fatalisme païen jusque-là battu en brèche par les doctrines chrétiennes et principalement par la doctrine augustinienne du libre arbitre. […] Nombre d’écrivains, en Espagne, adhérèrent à ses doctrines ; nombre aussi les ont combattues. […] Ce n’est pas ici le cas de discuter la certitude ou la fausseté du darwinisme et de la doctrine évolutionniste. […] D’abord, cette ignorance de Zola est relative, puisqu’elle se borne uniquement aux détails, et qu’elle n’empêche pas son intelligence d’embrasser la synthèse et l’ensemble des doctrines. […] L’opinion générale est que la moralité d’une œuvre consiste à montrer la vertu récompensée et le vice puni : doctrine insoutenable devant la réalité et devant la foi.
Le panthéisme, qui a eu si peu de place dans notre philosophie française, n’en a pas davantage dans notre poésie : celui de nos auteurs romantiques qui est allé le plus près de cette doctrine, Lamartine, ne lui a pas cédé tout à fait. […] Condillac, nous le voyons, suit ici les traces de Locke, son maître vénéré, et n’a d’autre ambition que celle de perfectionner sa doctrine. […] Longtemps après sa mort, il demeure présent en Allemagne, où Wolff reprend, explique, systématise sa doctrine. […] Elle les regarde même comme le principe de quantité de bonnes actions ; mais elle en exige la règle et la modération, parce qu’elle reconnaît que leur effet le plus commun est de porter l’homme inattentif au-delà des termes raisonnables, et par là de troubler et de diviser la société. » On sait que cette Réfutation de Spinoza est, en réalité, une manière détournée d’exposer sa doctrine. […] Alderman, Shaftesbury and the doctrine of benevolence in the XVIII Century.
. — Limite et portée de la doctrine. […] Il ricane à propos de la doctrine qui va employer sa vie et occuper tout son cœur. […] Partout le même état de l’imagination a produit la même doctrine. […] Voilà les deux doctrines qui circulent à travers les écrits des deux premiers penseurs du siècle, Hegel et Gœthe. […] … Behold therefore ; this England of the year 1200 was no chimerical vacuity or dream-land peopled with mere vaporous fantasms, Rymer’s Fœdera, and Doctrines of the constitution, but a green solid place, that grew corn and several other things.
C’est la part décidément chimérique et insupportable de la doctrine de Rousseau. […] Bertrand prend-il que cette doctrine de saint Augustin soit en contradiction avec son caractère ? […] Sa doctrine de la grâce s’accorde pleinement avec son caractère, qui n’était ni doux ni délicatement humain. […] Il fit ses études à Bagdad et adhéra à la doctrine ésotérique du soufisme. […] Jean Royère, pourrait-il se combiner avec la doctrine classique reconstituée.
Le contact avec l’Italie, où ils ont leur gouvernement, leur donne l’élégance et l’urbanité des cours d’au-delà des Alpes ; leur séjour à la campagne leur laisse la cordiale bonhomie des champs ; le voisinage de la France, la communauté de langue laissent infiltrer chez eux nos livres, nos journaux, nos doctrines et nos controverses d’esprit. […] Martainville, rédacteur en chef du Drapeau blanc, journal en sympathie de doctrine et d’exagération avec le comte de Maistre. […] C’était une captivité de Babylone pour toutes les aristocraties de l’Europe, un peuple dans un peuple, qui avait ses doctrines, ses passions, sa langue à part. […] » (Quelle doctrine que celle en vertu de laquelle l’usurpation de la veille est la légitimité du lendemain !
Disciple de Descartes, il porte la plus glorieuse marque du cartésianisme, la doctrine de la spiritualité de l’âme. […] Il est chrétien, comme le sont la plupart d’entre nous, par le souvenir du clocher natal, moins oublié peut-être que les parents ; il l’est par tout ce que laisse d’impressions ineffaçables dans un cœur où le mal n’est pas le maître, la doctrine de l’Evangile, transmise, aux jours d’innocence, d’une pieuse mère à son fils, d’un prêtre à un enfant. […] C’est à quoi Bossuet, qui a tout vu en cette matière, fait servir l’étude de l’antiquité païenne. « Nous marquions, dit-il, dans la doctrine admirable de Socrate, ce que la philosophie chrétienne y condamne, ce qu’elle y ajoute, ce qu’elle en approuve, avec quelle autorité elle en confirme les règles véritables, et combien elle s’élève au-dessus. » Bossuet avait indiqué le véritable esprit de l’éducation moderne ; il restait à développer son plan d’études, et à l’approprier aux besoins de l’enseignement public. […] Pour ses doctrines, il ne les présente ni comme neuves ni comme de lui.
La doctrine de Diderot n’a pas cessé d’être en honneur. […] Trouver des situations, puis, si l’on peut, y adapter des caractères, est une doctrine trop commode pour n’avoir pas gardé des partisans. […] Disciple passionné de Diderot d’abord, et, comme le lui dit en termes grossiers une satire du temps, Singe impuissant de son dieu Diderot, Beaumarchais commence par exagérer les doctrines du maître. […] A l’œuvre nous allons juger de la doctrine.
Selon nous, une telle doctrine ne peut se soutenir exclusivement. […] Que répondrions-nous si on appliquait au cerveau une doctrine analogue et si on disait : ce n’est pas parce que le cerveau est lui-même doué d’impénétrabilité qu’il fournit au contact l’impression de la résistance ; c’est parce que les objets externes qui agissent sur lui sont impénétrables. […] D’autres doctrines déclarent la cause première supérieure à la pensée. […] A vrai dire, leur doctrine n’est qu’une hypothèse métaphysique transportée dans le domaine de la science.
Si la doctrine qu’a proposée M. Herbert Spencer est admise, si l’art procède par évolution du jeu — nous ne lui concevons pas d’autre origine, — si l’artiste doit être considéré comme l’inventeur d’objets ou d’idées propres à exercer certaines activités spirituelles élevées, comme une poupée sert aux petites filles à jouer la maternité, il est clair que la doctrine de Poe est en progrès vers le vrai. […] Cette impuissance interne, il l’attribue aux autres hommes ; il déprécie leurs efforts, conclut de son avortement au leur, arrive à la doctrine essentielle du pessimisme qui éclate dans ses œuvres classiques, Hamlet, Werther, Faust : l’affirmation que l’humanité est une foule impuissante de victimes, engagées dans une vaine lutte contre une destinée cruelle, immuable et ironique. […] Que ce soit là la doctrine finale des très hautes intelligences littéraires, comme des très grands philosophes — Spinoza, Hegel, H.
Si ces mêmes choses avaient été dites pour la première fois par quelqu’un en français, on ne les remarquerait guère ; Goethe parle de Buffon en termes élevés, mais vagues, et en passant : ce passage, il est vrai, se lie à une défense de la doctrine de M. […] [NdA] Fragments biographiques précédés d’Études sur la vie, les ouvrages et les doctrines de Buffon (1838).
L’idée et la doctrine de Montluc, tout gentilhomme qu’il est, c’est que tout ce qui sert à la guerre, tout ce qui est utile et commandé par les besoins de l’armée, travail de main de quelque genre que ce soit, ne peut faire tache au guerrier et ne peut que procurer honneur aux capitaines et aux princes comme aux soldats. […] Montluc ne perd pas cette occasion d’exposer toute sa doctrine de stimulation militaire et ses moyens habituels d’agir sur le moral du soldat : « Ô capitaines, mes compagnons, combien et combien de fois, voyant les soldats las et recrus, ai-je mis pied à terre afin de cheminer avec eux, pour leur faire faire quelque grande traite ; combien de fois ai-je bu de l’eau avec eux, afin de leur montrer exemple pour pâtir !
L’exagération ou, pour parler franc, le faux du livre de Charron est de même nature que dans Montaigne : seulement on en est plus frappé et cela saute plus aux yeux, parce qu’il a dégagé la doctrine de Montaigne de toute la partie badine qui déroute, mais aussi qui amuse ; il a pressé et rapproché les conclusions, les propositions. […] Je ne voudrais pas pourtant l’imiter en cela, non plus qu’en ses mœurs et en sa doctrine. » Quoi qu’il en soit, Charron continuera d’offrir un problème psychologique et biographique, non entièrement résolu.
La gravité, l’autorité de la parole, celle des doctrines, cette immortalité religieuse acceptée et passée dans le cœur, puisée à la source des croyances, qui s’étend de celui qui parle aux personnes qu’il célèbre et les revêt de leurs vertus épurées comme d’un linceul éblouissant et indestructible, tout cela manquait ; et, il faut le dire, la mémoire même de la généreuse et noble margrave n’y prêtait pas. […] Mais, à cette heure émouvante et solennelle, les voilà tous payés de leurs doctrines ; ils y trouvent un fonds d’aridité qui ne peut se racheter.
Les idées religieuses ne sont point contraires à la philosophie, puisqu’elles sont d’accord avec la raison ; le maintien des principes qui font la base de l’ordre social ne peut être contraire à la philosophie, puisque ces principes sont d’accord avec la raison ; mais les défenseurs des préjugés, c’est-à-dire, des droits injustes, des doctrines superstitieuses, des privilèges oppressifs, essaient de faire naître une opposition apparente entre la raison et la philosophie, afin de pouvoir soutenir qu’il existe des raisonnements qui interdisent le raisonnement, des vérités auxquelles il faut croire sans les approfondir, des principes qu’il faut admettre en se gardant de les analyser, enfin une sorte d’exercice de la pensée qui doit servir uniquement à convaincre de l’inutilité de la pensée. […] Il est impossible de ne pas éprouver le besoin d’une doctrine nouvelle, qui porte la lumière dans cet affreux amas de prétextes informes, derrière lesquels se retranche l’esprit faux, ou l’homme vil ou l’homme coupable, comme si la transformation d’erreurs en principes, et de sophismes en conséquences, changeait rien à la fausseté radicale d’une première assertion, et palliait les effets détestables de cette logique de scélératesse.
C’est l’intérêt philosophique des idées qui a donné accès à quelques écrits scientifiques auprès des hommes que la chimie ou l’histoire naturelle n’intéressent pas par elles-mêmes ; telles pages924, par exemple, qui précisent sur certains points la conception qu’un homme de notre âge peut se former de l’univers, ou telles discussions sur le darwinisme925, d’où nous sortons mieux renseignés sur la valeur générale de la doctrine. […] Et son esprit qui lui survit prouve par l’excellence de son action la bonté de sa doctrine.
Nous sommes au cœur de la doctrine. […] Joachim Gasquet le compare à Prométhée : « Mallarmé, écrit-il, par le spectacle d’un immense génie fourvoyé, nous a donné le goût de l’héroïsme et l’impérieux besoin de la victoire. » Ainsi donc, le Mallarmisme a cessé d’être une doctrine littéraire pour devenir une religion.
Homme d’observation toutefois et de bon sens avant tout, absolument étranger par ses origines comme par ses habitudes d’esprit aux doctrines du droit divin, il est évident pour ceux qui le lisent que, s’il avait vécu, il ne se serait nullement considéré comme enchaîné à la Restauration, et qu’il eût fait mieux que consentir à l’essai de monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe : il aurait cru un moment y voir la réalisation tardive de ce qu’il avait longtemps désiré et de ce dont il avait désespéré tant de fois, l’établissement d’un gouvernement mixte, devenu enfin possible en France après ces trente ou quarante ans d’une éducation préliminaire si chèrement achetée. […] Telle est la doctrine de Mallet du Pan, et Louis XVIII n’était pas mûr à cette date pour l’entendre.
D’une autre part, les rigoureux observateurs de la nature humaine lui ont reproché de maintenir orgueilleusement certains dogmes qu’une philosophie plus positive et plus hardie se croyait en droit de contester, de ne tenir aucun compte de l’homme physique et naturel dans les opérations de l’esprit, de se soucier moins d’être un vrai philosophe (ce qui n’est donné qu’à peu d’hommes) que de vouloir fonder une grande école de philosophie (ce qui est bien différent), et d’aller jusqu’à faire ensuite de cette philosophie une doctrine d’État, ayant cours et influence. […] Cousin voulait moins encore exposer quelques doctrines consolantes et désirables pour l’esprit humain, et nous énumérer les ambitieuses chimères des philosophes, que faire prévaloir à son tour une école de plus, laquelle, au milieu de ses vues supérieures, avait aussi sa part d’ambition et de chimère.
Il suffit d’une parole, d’un souffle émané du Vatican, pour dissiper ce qui pouvait sembler nuageux et obscur dans les doctrines de l’abbé Gerbet. […] Partout il est le même : figurez-vous une démarche longue et lente, un peu penchée, dans une paisible allée où l’on cause à deux du côté de l’ombre, et où il s’arrête souvent en causant ; voyez de près ce sourire affectueux et fin, cette physionomie bénigne où il se mêle quelque chose du Fléchier et du Fénelon ; écoutez cette parole ingénieuse, élevée, fertile en idées, un peu entrecoupée par la fatigue de la voix, et qui reprend haleine souvent ; remarquez, au milieu des vues de doctrine et des aperçus explicatifs qui s’essaient et naissent d’eux-mêmes sur ses lèvres, des mots heureux, des anecdotes agréables, un discours semé de souvenirs, orné proprement d’aménité : et ne demandez pas si c’est un autre, c’est lui.
Il n’est pas le jugeur haut et ferme, — inconnu, d’ailleurs, à ce temps sans doctrines et sans caractères, — mais il n’est même plus la personnalité étincelante et de libre fantaisie qu’il a été quelquefois. […] Critiques, tous deux, de sentiment et de sensation ; compréhensifs bien plus qu’exclusifs d’intelligence et de doctrine ; portant sur les choses de ce monde un regard curieux, ouvert et bienveillant ; ayant la même philosophie sans métaphysique, la même opinion politique, les mêmes goûts pour les lumières modernes et la même foi (un peu éblouie, selon moi) dans le progrès des sociétés, ils ne diffèrent guère que par la destinée, qui fait de ces charmants coups quelquefois : — c’est que Macaulay est monté plus haut dans son pays que Philarète Chasles dans le sien.
Cette doctrine si haute, cette prose si limpide et si belle, se levant brusquement au milieu des lecteurs de M. […] Notre génération surtout, à la fois orgueilleuse et maladive, agitée et désabusée, associant le goût du superflu au mépris du nécessaire, a de vagues complaisances pour ces apôtres, ces prédicateurs, ces doctrines, où chacun peut apporter un peu de sa chimère et de son rêve. […] Malheureusement le mysticisme tel que le pratiquait Saint-Martin ne s’arrête pas là ; de ce qui n’était qu’un sentiment il fait un système ; de ce qui n’était qu’un élan, il fait une doctrine ; de ce qui n’était qu’une aspiration, il fait une science. […] Si, par son caractère et les conditions mêmes de sa doctrine, Saint-Martin avait vécu plus en dehors, s’il se fût infiltré dans les masses, parmi les intelligences vulgaires, asservies aux appétits matériels, cette doctrine, à sa grande surprise, eût été pour ses néophytes la réhabilitation de la chair autant que de l’âme. […] Je serais encore plus ridicule qu’il n’est permis à un critique, si je m’imaginais vous avoir donné une idée, même sommaire et incomplète, de la doctrine de Saint-Martin.
J'aimerais mieux un simple narré, tel que pouvait faire dom Le Nain38, que l’éloquence affectée. » — Ce n’est ni aux bénédictins, ni même aux jésuites qu’on songe à plaire de nos jours, mais à flatter madame Sand, à ne pas choquer M. de Lamennais, à chatouiller M. de Béranger, leurs noms et leurs doctrines, et de là une dégradation véritable du sujet.
Mais, le moyen que le disciple & le maître s’accordassent pour la doctrine !
Vous avez vu, en effet, soutenir le droit par les mêmes arguments que le fait, le juste par les mêmes arguments que l’utile ; d’un autre côté, le fait et l’utile avaient des champions qui puisaient leurs moyens de défense dans les doctrines sur lesquelles reposent le droit et le juste ; la légitimité était confondue avec l’hérédité, avec l’hypothèse de l’élection continue ou du pacte primitif : il en résultait une grande confusion de langage ; mais tout, dans ce combat inégal, tournait au profit des idées nouvelles, parce que ce sont elles seulement qui sont douées de la force expansive.
— Doctrine de l’école historique Ce n’est pas ma coutume de rien blâmer. […] Tartuffe, ce professeur de dévotion outrée, qui s’accuse D’avoir pris une puce en taisant sa prière Et de l’avoir tuée avec trop de colère, emploie, pour justifier sa passion, une doctrine corrompue et corruptrice : On trouve avec le ciel des accommodements. […] Cette doctrine était précisément celle dont les jansénistes accusaient les jésuites. […] Au moment où il mettait sur la scène les philosophes Pancrace et Marphurius, l’Université de Paris allait obtenir la confirmation d’un arrêt du Parlement prononçant peine de mort contre les hérétiques qui oseraient attaquer les doctrines d’Aristote. […] Lysidas n’est ici, nous le rappelons au lecteur, que la personnification du dogmatisme en critique littéraire, dans ses trois évolutions successives : l’autorité des anciens, le règne de la raison pure et la doctrine de l’école historique.
Dans la conversation qu’il eut avec eux, ils lui dissimulèrent le mal autant qu’ils purent, & le prièrent d’assurer le pape de leur saine doctrine. […] Il leur rappelloit la constance de plusieurs oratoriens d’Angers & de Saumur, victimes glorieuses de la doctrine de l’évêque d’Ypres. […] La cour la décida jugement de l’église universelle, en matière de doctrine. […] La plus grande partie de la faculté s’opposa encore à cette nouvelle doctrine, & empêcha qu’on ne l’enseignât publiquement. […] Le dépôt de la doctrine qu’on y conservoit, en étoit un présage : mais les précautions qu’il falloit prendre pour le transmettre, étoient trop humiliantes.
Prenant, par je ne sais quel caprice aristocratique, le contre-pied des doctrines de M. […] Mais il avait encore un pas à faire pour raser d’encore plus près le bord de l’infini : inaugurer une nouvelle doctrine, une religion nouvelle, qui, au lieu de fonctionner dans le vide, eût à son tour des formules précises pour remplacer les formules abolies. […] Il dut causer de rudes insomnies à ces respectables robes noires qui n’entendaient pas laisser mettre leurs doctrines en chansons. […] Il semblait que ces impalpables germes de doctrine et de loi, déposés dans quelques intelligences grossières, au bord d’un lac inconnu, dussent se disperser à tous les vents, comme le sable de ces déserts, comme l’écume de ces eaux. […] Au commencement, c’est le peuple qui demande à grands cris qu’on réprime par les supplices et les tortures ces croyances inconnues, ces hommes étranges dont la doctrine et la vie glorifient la souffrance, domptent les passions, prêchent la mortification et le sacrifice.
J’entends par résultats négatifs que Renan nous apprit ou parut nous apprendre à n’être pas sectaires, à n’être pas intolérants, à ne pas nous haïr les uns les autres pour raisons de doctrine, etc. ; et ceci ne laisse pas d’être précieux ; mais il ne nous apprit point à être quelque chose, et ne nous donna ni une nouvelle croyance, ni une nouvelle doctrine, ni une confirmation des anciennes. […] Il nous fit penser, surtout, ce qui est toujours un inestimable bienfait ; mais il ne nous munit point, il ne nous fortifia point, et s’il serait inepte de donner au « Renanisme » le sens qu’il a eu quelque temps dans le monde, à savoir celui d’ironie spirituelle et de sophisme frivole, il faut bien reconnaître que le Renanisme n’est pas, en définitive, une doctrine, ni même quelque chose de quoi une doctrine puisse sortir. […] Voilà du moins un homme qui a eu un idéal, une pensée qui peut devenir une doctrine, et une doctrine qui, si à l’épreuve des faits elle est convaincue de fragilité, du moins peut animer les esprits et les diriger, sinon vers une réalisation d’elle-même complète et absolue, qui est impossible, du moins vers des travaux partiels et des redressements de détail extrêmement utiles et glorieux pour le genre humain. […] Il était merveilleux pour partir d’un axiome, comme il le dit souvent, et pour aller ensuite de conséquence en conséquence jusqu’au dernier terme ; mais inversement il était expert, à propos de chaque doctrine, à remonter jusqu’au principe premier qui en était bien la vraie source, quelquefois cachée, et dès lors il tenait la doctrine tout entière et l’avait à sa merci ; car des doctrines politiques et morales ce sont les axiomes qui sont le plus discutable et ce qui plie le mieux sous les assauts de la logique. […] Sainte-Beuve était incapable d’aimer une femme et trop disposé à les aimer presque toutes, comme il était incapable de se tenir à une doctrine, et éternellement entraîné à les épouser les unes après les autres pour les connaître.
Dans son ode sur la littérature de l’Empire, rappelant les modèles du grand Siècle, beaucoup moins méconnus et moins offensés alors par les doctrines que par les œuvres du jour, il se borne, lui, pour toute ambition, au rôle de Silius, à celui de Stace disant à sa muse : …… Nec tu divinam Aeneida tenta, Sed longe sequere, et vestigia semper adora ! […] Vite on le dénonça là-dessus dans un journal comme contre-révolutionnaire, et on l’y accusa de recevoir des rois de grosses sommes pour professer de telles doctrines. […] « On a voulu que cette tête opposât une force d’inertie et de résistance aux fausses doctrines et aux systèmes dangereux. […] En rétablissant ainsi l’antiquité des doctrines littéraires, elle a fait assez voir, non sans quelque péril pour elle-même, sa prédilection pour l’antiquité des doctrines politiques. […] Il l’était toutefois avec égard et dédommagement ; on y rendait hommage, dans le préambule, aux hommes qui avaient sauvé les bonnes doctrines au sein de l’enseignement impérial, et qui avaient su le diriger souvent contre le but même de son institution.
La doctrine catholique enferme toute la possibilité de la douleur humaine dans les limites infranchissables d’une Douleur divine, absolument et synthétiquement parfaite. […] Vers le commencement du second Empire, il fut accusé, par d’assez tristes prêtres, d’ailleurs, de propager les doctrines condamnées de Baïus, doctrines qui consistent à croire qu’il n’y a pas de vertus naturelles, et que l’homme, en dehors du corps de l’Église, est absolument incapable de tout bien. […] Avec La Bruyère, Racine et Boileau, la langue est fixée à jamais ; la morale et la doctrine avec Bossuet et Bourdaloue. […] Voilà toute la doctrine. […] Il a pris soin lui-même de nous révéler le vertigineux arcane de la doctrine maçonnique et le foudroyant enseignement qu’elle tient en réserve pour écraser un beau jour l’infâme spiritualisme chrétien.
Des lecteurs plus fidèles aux souvenirs libéraux et moins désabusés sur le compte de ces doctrines auraient droit de s’étonner pourtant de la facilité avec laquelle l’historien absout le héros.
Andrieux est resté fidèle, toute sa vie, aux doctrines philosophiques et politiques de sa jeunesse.
(À la vérité, ce n’est point par une nécessaire liaison d’idées, mais par une rencontre accidentelle, que nous voyons les doctrines révolutionnaires associées chez nous au matérialisme le plus franc et le plus cru : car celui-ci pourrait aussi bien, et même mieux, avoir pour conclusion, en politique, la monarchie absolue ; et c’était, notamment, l’avis de l’Anglais Hobbes.
C’était un moyen de rappeler sa doctrine au pouvoir central, et une chance, en cas de succès, de la voir mettre en pratique. […] On y voit l’exacte application des doctrines de Boileau. […] Mais, comme il ne sut pas réaliser ses doctrines dans des œuvres et joindre aux préceptes la souveraine clarté des exemples, il détruisit plus qu’il ne fonda ; on comprit mieux ce qu’il rejetait que ce qu’il voulait. […] Mais il est à noter que le premier et plus sensible effet des doctrines de Diderot est une dégradation de l’art. […] Ils opèrent tous, quelles que soient les différences de talent et de doctrine, ils opèrent tous sur l’homme et sur la société, comme si ce n’étaient que des chiffres et des signes.
Les conseils des jésuites de Chambéry, amis de sa famille et très-consultés par elle, entrèrent aussi pour beaucoup dans son instruction ; la reconnaissance se mêla naturellement chez lui à ce que par la suite, en écrivant d’eux, la doctrine lui suggéra184. […] Sa vie et sa doctrine n’eurent-elles qu’une seule et même teneur entière et rigide en toute leur durée ? […] Quelle digue opposer à une doctrine qui s’adressa d’abord aux passions les plus chères du cœur humain, et qui, avant les dures leçons de l’expérience, n’avait contre elle que les sages ? […] A quelque point de la circonférence qu’on le prit, sur toutes les parties et dans tous les points de son être et de sa vie, sa foi entière était à l’instant présente, s’assimilant tout du vrai, et en chaque doctrine qui se présentait, martinisme ou autre, séparant le faux comme à l’aide d’un centre discernant et d’un foyer épurateur ; discrimen acre. […] Ainsi va le monde ; et, pour qui a la tournure d’esprit religieuse, il y a moyen encore, dans tout cela, de retrouver Dieu. — Je crois avoir répondu fort terre-à-terre, mais non pas trop indirectement, à la doctrine du Principe générateur.
Mais nous dûmes, peu à peu, abandonner ces éducateurs, dont la doctrine s’appropriait si peu à nos aspirations. […] La plupart des esprits ajoutent foi à la doctrine de l’évolution, de la sélection divine des espèces, du transformisme auguste et merveilleux des races. […] Le spiritualisme à l’eau de rose de Victor Cousin reste toujours en faveur dans nos sorbonnes, et c’est cette doctrine, conçue dans les journées réactionnaires de la Restauration, qui demeure la substance de notre enseignement supérieur. […] Autour d’une personne malheureuse, il émeut les quatre horizons. » * * * Le Romantisme considéré comme doctrine d’art ne pouvait pas durer longtemps. […] Je crois être ainsi dans la tradition chrétienne, sinon dans celle des prélats bénisseurs de canons, dans la tradition républicaine, sinon dans celle des Français mitrailleurs de Crétois, et aussi, par surcroît, dans la pure doctrine internationaliste.
Ce qui rend la Révolution si grande au milieu même de ses orages, de ses anarchies et de ses crimes, c’est qu’elle était une doctrine. […] Il est loisible à un rhéteur de débiter de pareilles doctrines, il n’est pas permis à une nation d’être sophiste. […] XXIV « La Révolution n’était pas une conjuration, elle était une doctrine ; elle ne se vendit pas à un homme, elle se dévoua à une idée.
La force du roi, c’est d’incarner pour le peuple l’unité de la conscience nationale, de représenter pour les lettrés la doctrine romaine de l’État souverain. […] Prose ou vers, galanterie ou doctrine, toute forme et tout sujet s’accommode en allégorie. […] De là cette doctrine à la fois sombre et consolante, cette dureté qui se fond en espérance et tendresse.
Ce principe n’est pas seulement à la base de ces grandes doctrines de sociologie générale ; il inspire également un très grand nombre de théories particulières. […] Ni l’une ni l’autre de ces doctrines n’est la nôtre. […] En effet, pour les partisans de cette dernière doctrine, la vie collective n’est naturelle que dans la mesure où elle peut être déduite de la nature individuelle.
N’avaient-ils pas poussé le Protestantisme, — cette chose qui ne peut rien pour elle-même, parce que le sens de l’autorité lui manque et que la logique la roulera toujours, de conséquence en conséquence, aussi loin qu’il lui plaira de la rouler, — n’avaient-ils pas poussé le Protestantisme jusque par-delà toute doctrine, jusqu’à cette honteuse Négation qui n’a plus qu’à s’asseoir et à se taire dans les ténèbres ? […] » c’est-à-dire : Tout ce qui n’est pas avec nous par la doctrine est contre nous, — il disait, lui : « Peu importent la doctrine et la vérité, mais tout ce qui est contraire à l’Église est avec nous. » Et là-dessus il prenait dans ses mains toutes les mains souillées, même celles des hommes qu’il devait naturellement haïr.
C’est l’ambition qui le jette d’abord du côté des réformés ; mais bientôt son esprit se prend tout de bon à leurs opinions, et il s’y glisse du fanatisme de doctrine ou de parti : Il était arrivé la même chose à l’Amiral, dit agréablement Mézeray, qu’il arrive à un jeune homme qui vient à se piquer tout de bon d’une maîtresse qu’il n’aurait entrepris d’aimer que par feinte et pour donner de la jalousie à une autre : il s’était si fort embéguiné de cette nouvelle religion que rien n’était plus capable de l’en désabuser. […] Nous nous imaginons toujours volontiers nos ancêtres comme en étant à l’enfance des doctrines et dans l’inexpérience des choses que nous avons vues ; mais ils en avaient vu eux-mêmes et en avaient présentes beaucoup d’autres que nous avons oubliées.
» — « La gloire est la preuve de la vertu », a dit Vauvenargues ; et dans un admirable Discours adressé à un jeune ami il expose toute une noble doctrine que je voudrais mettre en regard de cette lettre du chevalier de Bouillon à Chaulieu, et qui la réfute par une éloquence victorieuse : « Insensés que nous sommes, nous craignons toujours d’être dupes ou de l’activité, ou de la gloire, ou de la vertu ! […] regarde de quel côté tu penches vivant. » La morale prochaine et directe de cet article sur La Fare, c’est qu’il ne faut pas se faire exprès toute sa doctrine et la porter du côté où l’on penche ; il faut qu’elle nous soit un contrepoids en effet, non un poids de plus ajouté à celui de notre tempérament, de nos sens et de nos secrètes faiblesses, comme si nous avions peur de ne pas tomber assez tôt.
Il se destinait à la prédication pour laquelle il se sentait du goût et des moyens, et il fit ses provisions de doctrine en conséquence. […] L’histoire ecclésiastique du règne de Louis XIV est à faire, et M. de Harlay en paraîtrait, pendant des années, le centre principal, le directeur le plus réel et le plus apparent : Bossuet n’était que pour la confirmation, pour le couronnement de la doctrine, et pour un complément d’autorité et de grandeur.
J’eus soin d’ailleurs de m’y maintenir dans cette ligne de neutralité littéraire que j’aime à observer, surtout en face de doctrines tranchées et absolues. […] Sainte-Beuve s’était réfugié en Belgique, pour échapper à la simple menace des conséquences très-atténuées de ses doctrines actuelles. » Cette petite allusion à mon séjour en Belgique est une délicatesse de la part de M. de Montalembert, qui a pu savoir mieux que personne, puisqu’il m’a rendu alors un bon office, à quelle fin j’allais en Belgique.
Enfin, à partir de 1640, on peut dire que la doctrine classique règne dans toute sa rigueur. […] Aucun principe, aucune doctrine d’art n’est en jeu ; et c’est pourquoi nous pouvons ne pas nous arrêter aux pamphlets de Mairet, accusant Corneille de plagiat, aux Observations de Scudéry se faisant fort de démontrer : 1° que le sujet du Cid ne valait rien ; 2° qu’il choquait les règles ; 3° qu’il manquait de jugement en sa conduite ; 4° que les vers en étaient méchants — et qualifiant Chimène d’impudique et de parricide.
Au reste, ils sont doux, polis, aimables, fins, mesurés ; aussi étroits que possible dans leur doctrine, mais indulgents pour les personnes et accommodants dans la pratique. […] Il pourra bien sans doute démontrer par les preuves traditionnelles chaque article de la doctrine, mais pour les fidèles seulement, avec cette pensée que ces arguments ne peuvent convaincre que ceux qui sont persuadés d’avance, sans prétendre foudroyer les incrédules par des raisonnements irréfragables et sans supposer non plus que ces malheureux soient toujours de mauvaise foi ni qu’ils se donnent tous pour des esprits forts : car il y en a qui se donnent de la meilleure grâce du monde pour des esprits faibles, incertains, gouvernés par des forces obscures, incapables d’atteindre l’absolue vérité.
Vous souffletez les officiels de la religion, aussi ignorants de « la doctrine de Jésus » que nos francs-maçons de « celle de Pythagore, d’Hermès ou des maîtres de la Gnose ». […] Partout tu as coquetté ; nulle part tu ne t’es fait aimer d’une doctrine assez pour qu’elle se donne à toi.
Bien des doctrines qui semblaient toutes neuves alors ont eu depuis cause gagnée et sembleraient triviales aujourd’hui. […] En 1800, il y avait encore assez de lutte pour qu’il fallut du courage au critique qui voulait combattre les doctrines et les déclamations en vogue ou détrônées à peine ; il y avait déjà assez d’appui pour que le critique n’eut pas besoin d’héroïsme.
On ne saurait se figurer la colère qui s’empara de quelques académiciens, en entendant exprimer ces doctrines. […] À partir de ce jour, Boileau ne cessa, dans ses écrits, de lancer des épigrammes contre Perrault et contre son illustre frère ; et de son côté, sans témoigner une colère aussi personnelle, Perrault s’appliqua de plus en plus à développer ses doctrines avec esprit et un mélange de légèreté et de bon sens qui ne laissait pas de séduire les indifférents et de piquer les adversaires.
Il se délecte évidemment dans ces longs exposés de doctrine. […] Nous le laisserons régner ; mais il nous serait essentiel, pour ne pas rester trop au-dessous de notre idée, de pouvoir dire quelque chose encore de ce Testament politique où il a déposé, sous une forme un peu sentencieuse, le résumé de son expérience et l’idéal de sa doctrine.
C’est même ainsi qu’elle se laissa prendre et gagner insensiblement aux doctrines des réformés qui se présentèrent d’abord à elle sous la forme savante et littéraire : traducteurs des Écritures, ils ne voulaient, ce semble, qu’en propager l’esprit et en faire mieux entendre le sens aux âmes pieuses ; elle les goûtait et les favorisait à titre de savants, les accueillait comme hommes aimant à la fois « les bonnes lettres et le Christ », ne voulait croire chez eux à aucune arrière-pensée factieuse ; et, lors même qu’elle parut détrompée sur l’ensemble, elle continua jusqu’à la fin de plaider pour les individus avec zèle et humanité auprès du roi son frère. […] « Ne parlons point de celle-là, dit le roi, elle m’aime trop : elle ne croira jamais que ce que je croirai, et ne prendra jamais de religion qui préjudicie à mon État. » Ce mot résume le vrai : Marguerite ne pouvait être d’une autre religion que son frère, et Bayle a très bien remarque, dans une très belle page, que plus on refuse à Marguerite d’être unie de doctrine avec les protestants, plus on est forcé d’accorder à sa générosité, à son élévation d’âme et à son humanité pure.
Beaucoup d’hommes, élevés dans un respect religieux pour d’antiques doctrines, consacrées par d’innombrables chefs-d’œuvre, s’inquiètent, s’effraient des projets de la secte naissante, et semblent demander qu’on les rassure. […] Si toute idée réelle, vraie ou fausse, doit pouvoir être exprimée clairement, et comprise par la bonne foi intelligente, ne serait-on pas autorisé à soupçonner qu’une prétendue doctrine, qui échappe à l’analyse et se refuse à la définition, est quelque chose de fantastique, dont l’apparence déçoit ceux qui l’attaquent, comme ceux qui la défendent ?
L’originalité n’y est pas, l’originalité si rare chez toute femme, même chez Mme de Staël, mais l’aristocratie, une aristocratie native, plus forte que les fausses doctrines et les mauvaises habitudes de société, n’a pu en disparaître. […] Nous ne la confondons pas avec ces sorcières de Macbeth socialistes, ramassis infect de ribaudes expulsées du vice qui n’ont de la femme que les souvenirs et la jupe, débauchées, fourbues, libres puanteurs, qui cuisinent un affreux ragoût de doctrines mêlées sous les auspices du diable Légion, dans les carrefours de la publicité, et disent « mon roi » au prolétaire.