/ 1605
1471. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Mais le jeune Chateaubriand (il a peut-être reçu de Plutarque cette manie des parallèles) poursuit les analogies dans le détail et en trouve ou en invente tant qu’il veut, et ne tient aucun compte des différences religieuses, économiques ou géographiques ni de l’insuffisance de nos informations sur la vie de l’antiquité. […] Pourquoi cette différence ? […] Je sais bien les différences, et que les Confessions sont vraiment des confessions et que les Mémoires d’outre-tombe sont à la fois des confessions et des mémoires. […] Il pensait que, de cette manière, il y avait plus de chances que les derniers livres des Mémoires, écrits avant la vieillesse et, à la différence des autres, sur des faits encore récents, laissassent le lecteur sur une impression de force et de vie.

1472. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Autres innombrables exemples et hystoires en pourroient estre racomptées… » Voici enfin quelques maximes, par où la hiérarchie des vertus se trouve si complètement renversée d’un sexe à l’autre, et qui impliquent l’idée d’une si profonde différence de fonction et presque de nature entre l’homme et la femme, qu’elles équivalent, en somme, à une négation formelle de l’égalité des âmes entre les sexes, et qu’on y sent, plus encore qu’une dureté de théologien, un étrange orgueil d’homme, que dis-je ! […] … Quelle différence seroit entre la personne et les animaux, n’étoit l’instruction ?  […] Je ferai remarquer que le Père Mersenne jette un chiffre au hasard ; que, suivant toute apparence, ces trente mille athées sont morts administrés et confessés, et qu’enfin, à dénombrer au jugé et en faisant du mot athées à peu près le même emploi que le Père Mersenne, nous dirions aujourd’hui qu’il y a à Paris quinze cent mille athées, ce qui ne laisse pas de faire une différence. […] Quant aux différences, elles s’expliquent toutes par une plus large façon d’entendre la loi de la séparation des genres, et par les changements survenus dans ce qui est la matière même de l’œuvre dramatique. Autrement dit, les différences s’expliquent par l’eau qui a passé sous les ponts.

1473. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Je cite à dessein ces deux pays si opposés pour qu’on ne m’objecte pas la différence de race et de climat. […] Entre parler politique et parler de la politique, il existe à peu près la même différence qu’entre parler d’amour et parler de l’amour ; or, le siècle se fait vieux et se contente volontiers de théories. […] Quand à ces difficultés vient s’ajouter celle qui résulte de la différence des temps, et par conséquent de l’esprit des deux œuvres qu’il s’agit d’allier, on comprend qu’un succès complet soit, pour ainsi dire, impossible. […] Il est difficile de s’imaginer une œuvre charitable poursuivant le remboursement de ses avances par les voies légales ; or, si le débiteur ne rembourse pas, et si le créancier ne poursuit pas, il ne reste plus qu’une société aumônière comme tant d’autres, comme celle de Saint-Vincent de Paul, par exemple ; avec cette différence seulement, qu’elle aura un autre patronage et qu’elle propagera d’autres influences.

1474. (1864) Le roman contemporain

Il était né soldat, il s’enrôla dans les gardes mobiles, devint un de leurs officiers, et, comme il l’a dit dans une de ses préfaces, il mena au feu « ces soldats presque enfantins d’une époque orageuse qui surent mourir si noblement pour défendre ce que leurs aînés avaient mis en péril. » À la différence de la plupart de ces soldats improvisés de nos luttes civiles, Paul de Molènes demeura sous le drapeau quand le bruit des passions politiques vint à tomber. […] Paul de Molènes, cela tient à la différence des deux époques, est plus frappé de la grandeur que de la servitude du noble métier des armes. […] Il y a toujours dans la société de bonnes et de mauvaises idées, de bons et de mauvais sentiments, et, tant que la conscience humaine ne sera pas abolie, elle fera une différence entre les écrivains qui développent les aspirations généreuses et sublimes de notre nature et ceux qui excitent ses plus bas appétits. […] Tout à côté vient se dessiner celle de madame de Saint-Cast ; c’est une variante de madame Aubry, avec cette seule différence que la fortune, cette divinité qu’elle adore, est présente au foyer de madame de Saint-Cast, tandis que pour madame Aubry, obligée d’accepter un asile chez sa cousine, madame Laroque, la fortune n’est plus qu’un souvenir et un regret. […] Victor Hugo : quelle que soit la différence des idées, la dissemblance des sentiments, on éprouve une sympathie involontaire pour ceux avec lesquels on a commencé à marcher dans cette route de la vie où la vitesse de la course semble s’accélérer en raison de la distance parcourue ; pour ceux-là surtout qui ont brillé, comme les astres de notre génération, à cet horizon de la jeunesse, brillant de tant d’espérances que l’avenir ne réalise pas toujours.

1475. (1894) Critique de combat

. — Nous le prierons, un autre jour, de nous indiquer la différence entre airain et bronze ? […] Je ne lui dirai pas : Vous êtes de mauvaise foi, quand vous assimilez les socialistes aux protectionnistes, en oubliant cette légère différence que les uns travaillent pour les petits, et les autres pour les gros ; que les premiers ont pour but de diminuer l’inégalité sociale et que les derniers, grands industriels et grands propriétaires, visent à l’augmenter en s’enrichissant. […] Mais enfin équivalence n’empêche pas, implique même différence. […] Comment discuter sur les rapports et les différences de l’esprit et la matière, ces deux substances opposées que distinguaient les anciens philosophes, quand on pose pour point de départ que nous ne pouvons connaître aucune substance ?

1476. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Jules Simon y raconte ce qu’il a vu, tout ce qu’il a pu voir, mais rien que ce qu’il a vu, ce qui constitue une grosse différence entre lui et la plupart des historiens du jour qui, dès qu’ils ont à raconter un événement auquel ils ont ou n’ont pas assisté, deviennent immédiatement et comme malgré eux, de véritables romanciers. […] Toute la différence que l’usage établit entre des femmes honnêtes et elles, c’est que celles-ci sont généralement appelées des “désespérées”, bien que leur désespoir se révèle à leurs consolateurs d’une façon toute spéciale. » Qui ne reconnaîtrait Rochefort dans tout ce qu’il écrit et qui pourrait trouver une différence entre la verve de sa jeunesse et celle d’aujourd’hui.

1477. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Mais, pour un trait commun, n’y a-t-il pas mille différences entre la timide Nausicaa, qui craint de se montrer aux siens dans la compagnie d’un homme, et cette Dorothée qu’on voit marcher sans en être effrayée à travers tous les hasards de la guerre ? […] montrer quelles ressemblances le rapprochaient de chacun d’entre eux, quelles différences l’en séparaient ? […] Sklower discute les diverses éditions de Werther, en signale les différences, groupe habilement les textes et persuade le lecteur. […] Quelle différence avec Itzig !

1478. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Lui, il ne pouvait comprendre pourquoi on réclamait si fort et où était la différence.

1479. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

On ne peut disconvenir en effet que les différences de religion, de climat, d’habitudes sociales, si elles n’ont pas changé le fond de la nature humaine, ont du moins donné à l’amour chez les modernes une tout autre forme que chez les anciens ; et lorsque les peintures que ceux-ci en ont laissées nous apparaissent dans leur nudité énergique et naïve, il y a un certain travail à faire sur soi-même avant de s’y plaire et d’oser admirer.

1480. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

. — Sans doute, entre ce louis de similor et un louis d’or pur, des yeux moins novices auraient démêlé la différence.

1481. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Lord Byron, le plus grand poète des temps modernes, a voulu rendre en poésie ce caractère de Don Juan, que Mozart a rendu en musique ; mais quelle différence entre la verve moqueuse, ironique, impie ou cynique du poète anglais, et la foi dans l’art sincère, convaincue, communicative et religieuse du musicien de Salzbourg !

1482. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Quelle différence entre ces deux visages !

1483. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Ces vers sont mâles comme le latin, femelles comme l’italien, transparents pour le français, comme des mots de famille qui se reconnaissent à travers quelque différence d’accent.

1484. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Encore quelque temps, et il y aura entre le moi d’aujourd’hui et le moi de demain la différence qui existe entre le jeune homme de vingt ans et l’homme de trente !

1485. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Je courus à la place où ils venaient de se montrer, sans la perdre une minute de vue, et remarquai une protubérance couverte de mousse et de lichen, assez semblable à ces excroissances qui poussent sur les arbres de nos forêts, sauf cette différence qu’elle présentait une ouverture parfaitement ronde, propre et tout à fait lisse.

1486. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

La différence la plus marquée entre l’esprit de critique et l’esprit d’utopie, c’est que le premier est par habitude l’ennemi du mal, et peut l’être passagèrement du bien qu’il prend de bonne foi pour le mal ; et que le second, très souvent l’ami du mal, est toujours l’ennemi du bien.

1487. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Qui veut avoir une bonne leçon de littérature comparée, saisir sur le fait la différence du goût entre le xviie  siècle et la fin du xviiie n’a qu’à traverser la courte distance qui sépare le château de Versailles du Petit Trianon.

1488. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Il est vrai que le sens du milieu a d’intimes connexions avec les deux extrêmes, et il ne se sépare du sens moral que par une si légère différence, qu’Aristote n’a pas hésité à ranger parmi les vertus quelques-unes de ses délicates opérations.

1489. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Et que l’on mette en regard de ces personnages douteux toute la masse des hommes et des femmes qui peuplent les grands romans de Tolstoï ; que l’on se rappelle cet ensemble de physionomies gracieuses, mâles, vieillottes, vénérables, nobles ou basses, du capitaine, Timokhine à Sonia, du colonel Berg à la princesse Bolkonsky, que l’on énumère Karénine, Drone Dologhof, le prince Basile, la princesse Hélène, qu’on les mette en regard des types usuels de la jeune fille, de l’officier, de la femme corrompue, de l’intendant, du joueur, du fonctionnaire, tels que les aurait conçus par exemple Victor Hugo, et que l’on ressaisisse du même coup la différence de deux arts, et celle qui sépare un être véritablement existant à part lui, d’une personnification fictive de catégorie qui n’a en somme d’autre titre à la vie que le mot même qui la désigne.

1490. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Le contraste entre les membres d’une même race s’explique par des différences de développement.

1491. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

L’un s’est dévoué pour la patrie d’en bas ; l’autre pour la patrie d’en haut ; pas d’autre différence. » (Les Misérables).

1492. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

La différence entre Le Page et Couplées est frappante.

1493. (1885) L’Art romantique

Ressemblance importante et différence légère. […] Il y a cependant cette différence, que David, ayant choisi des sujets particulièrement grecs ou romains, ne pouvait pas faire autrement que de les habiller à l’antique, tandis que les peintres actuels, choisissant des sujets d’une nature générale applicable à toutes les époques, s’obstinent à les affubler des costumes du Moyen Âge, de la Renaissance ou de l’Orient. […] D’ailleurs, dans la collection de ses œuvres comme dans le fourmillement de la vie humaine, les différences de caste et de race, sous quelque appareil de luxe que les sujets se présentent, sautent immédiatement à l’œil du spectateur. […] Il est vrai que le sens du milieu a d’intimes connexions avec les deux extrêmes, et il n’est séparé du Sens Moral que par une si légère différence, qu’Aristote n’a pas hésité à ranger parmi les vertus quelques-unes de ses délicates opérations. […] De ces trois traductions, vous pourriez noter facilement les différences.

1494. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

De cette différence entre les deux héros l’explication est bien simple : l’un est un honnête homme amoureux à la façon des honnêtes amours ; l’autre est un scélérat et un égoïste. […] J’avoue que pour ma part ce ballet m’a fort amusé ; on y voit les rivières que l’armée a passées ; le Rhin, ce Rhin qui fut à nous, se repose sur son urne, et rappelle la belle description de Despréaux ; des guerriers se battent en dansant un menuet ; les violons jouent comme ils jouaient encore au temps des frères Francœur ; puis tout à coup le roi arrive, le roi vainqueur, La Vallière (je veux dire mademoiselle de La Vallière) court au-devant de son royal amant ; Louis XIV évite ses regards, sa figure est mécontente ; la pauvre femme revient chez elle et s’évanouit cette fois pour tout de bon, ainsi les deux premiers actes finissent par un évanouissement ; mais quelle différence, grand Dieu !

1495. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Il y avait différence déjà dans l’attitude extérieure. […] C’est donc une sorte de légende des siècles, analogue à La Légende des siècles de Victor Hugo, mais avec les différences que vous devinez tout de suite.

1496. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Je résumerais volontiers la principale différence qui sépare ces deux critiques en disant : « La critique est à la fois affaire de science et affaire de goût ; elle se compose toujours de constatations positives et d’appréciations personnelles ; elle est en même temps objective et subjective (pardon encore une fois de ces mots barbares !). […] Ensuite, à la différence des historiens, il n’opérait pas sur le passé qui est d’ordinaire plus facile à étudier que le présent, parce qu’il a pris l’immobilité de la mort et qu’il permet à l’observateur le recul nécessaire à toute vue d’ensemble. […] Bourget est du même avis : « En toute chose, écrit-il30, poésie ou histoire, la sympathie est la grande méthode. » S’il est vrai que différence engendre haine, il n’est pas moins vrai que ressemblance engendre amour, et ainsi aimer quelqu’un, c’est avoir avec lui de mystérieuses affinités.

1497. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

VIII Depuis que j’avais quelques notions des différences sociales, je me préoccupais un peu plus de ces visites que nous étions forcées de faire. […] Au premier aspect, elles semblaient à peu près pareilles ; il y avait pourtant des différences : tante Lili avait un nez long, gros du bout, de tout petits yeux et la bouche trop grande tandis que tante Zoé, qui ressemblait à son père, avait le nez court, les yeux ronds, et la bouche mince. […] C’était le morceau le plus singulier parmi toutes ces laides constructions : il contenait des espaces dallés, des passages voûtés, avec des différences de niveau, des marches de pierre.

1498. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Or, on ne fréquente pas, quand ou est intelligent, un monde différent du sien sans être amené, par les différences même que l’on constate, à beaucoup réfléchir. […] C’est elle qui fait les individus, crée les différences entre humains. […] Cependant, s’il y a des différences individuelles dans l’étiage de cette sensibilité, il y a quelques lois générales.

1499. (1903) Le problème de l’avenir latin

Nous nous demandons comment le fait de s’être identifié à Rome, d’avoir pendant des siècles vécu uniquement de sa vie, d’avoir été marqué, jusqu’au tréfonds de l’être, de son empreinte, aurait pu ne pas créer une intime analogie, malgré tout persistante — malgré les différences de races, de vicissitudes historiques, de situation géographique — entre les peuples qu’elle coula, corps et esprit, dans son moule ? […] Et, d’autant mieux, en expliquant cette métamorphose, nous apparaîtra la différence de nature entre l’Europe méridionale, romanisée, et l’Europe septentrionale, demeurée en son individualisme ethnique.‌ […] Or, en pays germain, la foi nouvelle ne pénétra que fort tard — première différence.

1500. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Je n’y ai pas vu, pour moi, tant de différence. […] [Albert Guinon — Le Partage] Quand il y aurait des règles absolues pour juger les ouvrages de l’esprit, et quand tout le monde les appliquerait de la même manière ; quand tous les critiques auraient les mêmes principes, le même goût, le même tempérament ; et quand, ayant eu la même éducation intellectuelle et reçu de la vie les mêmes leçons, ils auraient en eux la même mesure de la beauté littéraire et de la vérité morale (et il semble que nous nous éloignions de plus en plus de cet idéal, qui serait d’ailleurs fort ennuyeux), il resterait encore ceci, que, pour s’entendre tout à fait, ils devraient juger une même œuvre dans le même intervalle de temps, et que la différence est grande d’apprécier un livre sur une lecture toute fraîche ou sur des souvenirs déjà anciens, et de se prononcer sur une pièce de théâtre le lendemain de la représentation ou quelques semaines après. […] Le mal de Raymond est en lui, et l’année terrible n’a rien à faire là-dedans. — Quant à Louisette Rougier, elle a épousé un homme de vingt ans plus âgé qu’elle ; et cette différence d’âge servira à rendre le dénouement acceptable, mais à cela seulement : car il est clair que, le mari de Louisette fût-il un jeune homme (à moins que ce ne fût Raymond lui-même), son compte est bon du jour où ledit Raymond passe sur le chemin de la jeune femme. […] Et je rappelle enfin que, après les ressemblances, je notais avec soin les différences. […] Autre différence : Jacques avait naturellement, sur les femmes, les idées de George Sand : il les croyait douées de raison et même de volonté.

1501. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Je n’y vois pas grande différence. […] Pendant la bataille, les grands boulevards avaient leur aspect accoutumé, à cette différence que la plupart des boutiques étaient fermées et qu’il passait peu de voitures. […] » Il subsiste pourtant quelque différence entre une chanson et un traité de géométrie descriptive. […] Oui, le même conte, avec cette différence que c’est un jeune garçon et non une jeune fille qui fait le rêve, et que l’apparition, c’est non plus un fils d’évêque en saint Georges, mais une fille de roi avec sa quenouille : Vous me demandez qui je vois en rêve ?

1502. (1876) Romanciers contemporains

Mais s’il y a parité de talents, enthousiasmes semblables, émotions également communicatives, si les couleurs des deux palettes sont aussi riches de tons et aussi variées, quelle différence fondamentale dans les points de vue indiqués et dans les résultats obtenus ! […] Entre les deux œuvres, les similitudes jaillissent du premier coup et frappent tout d’abord bien plus que les différences. […] La dissemblance entre les procédés de composition ne demande pas moins à être signalée que la différence des points de vue auxquels se sont placés les deux auteurs. […] Comme Madame Bovary, Fromont jeune et Risler ainé est le drame de l’adultère ; mais nous allons toucher du doigt les différences. […] Divertir au lieu de pervertir, telle est la différence essentielle qui distingue M. 

1503. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Que si l’on quitte Froissart pour regarder nos autres chroniqueurs, la différence est plus sensible encore. […] Rien ne ressemble moins à l’élocution inculte de nos chroniqueurs ; et ce n’est pas le hasard du talent qui produit cette différence ; elle tient à l’état même de la société, à la culture des esprits, et méritait par là d’être remarquée. […] Et l’écrivain ne sera-t-il pas conduit à fausser les traits, pour créer des ressemblances, et à subtiliser, pour expliquer les différences ? […] L’objet de la comparaison est frivole sans doute ; mais nulle part les différences n’auraient paru plus marquées et plus à l’honneur de la civilisation nouvelle. […] L’empreinte de ses exemples, ou même une analogie naturelle avec quelqu’un des traits de son génie, est visible dans les écrivains les plus célèbres de l’Angleterre ; et celui d’entre eux qui a le privilège d’amuser toute l’Europe, Walter Scott, bien qu’il observe, avec une fidélité d’antiquaire, ces différences de mœurs et de costumes que Shakspeare confondait souvent, doit être rangé dans son école ; il est nourri de son génie ; il a, par emprunt et par nature, quelque chose de sa plaisanterie ; il égale quelquefois son dialogue ; enfin, et c’est là le plus beau point de la ressemblance, il a plus d’un rapport avec Shakspeare dans ce grand art de créer des personnages, de les rendre vivants et reconnaissables par les moindres détails, et de mettre, pour ainsi dire, des êtres de plus dans le monde, avec un signalement qui ne s’efface pas, et que leur nom seul rappelle à la mémoire.

1504. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

La différence des professions indique le contraste, dont le développement fournit la matière de cette étude. […] Loin de vouloir piller Racine, je voulais au contraire, si quelqu’un s’avisait par hasard de l’analogie, montrer, comme je l’ai dit, la différence des sentiments entre une maîtresse et une épouse, entre une musulmane et une chrétienne, entre la passion et l’amour.

1505. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Vous le voyez, c’est une différence du jour à la nuit, de la femme libre et née libre, à l’affranchie, esclave et fille d’esclave ; c’est la différence de la débauche à l’amour mutuel et librement consenti ; c’est la différence de la jeune et timide fille, bien née et défendue par les remparts sacrés de la famille, à la courtisane vagabonde, à l’avide affranchie, toujours soumise à la folle enchère de son cœur et de son corps. […] Léonore, une espèce de femme honnête, a entrepris de démasquer Moncade, à peu près comme Elmire entreprend de démasquer Tartuffe ; avec cette différence cependant que la scène de la déclaration dans Tartuffe est la plus terrible qui se puisse entendre, tant c’est là un habile et hardi scélérat, Tartuffe !

1506. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Je ne voudrais pas déprécier les voyages d’Afrique, qui sont à la mode, et où des hommes entreprenants ont gagné une juste renommée ; mais je les trouve un peu monotones, insuffisamment instructifs ; les bamboulas du Congo et ceux de Zanzibar, malgré certaines différences scrupuleusement observées, se ressemblent fort. […] Quelle différence avec les massifs grimoires que les pédants du xvie  siècle se jetaient à la tête ! […] De la coterie au cénacle, du groupe au syndicat, du nid au cloître, du comité au chapitre, du phalanstère au monastère, il n’y a que des différences de degré. […] L’idée ne venait à personne qu’il fût honorable et utile pour un jeune homme bien élevé et riche, pour un « fils de famille », de « servir » en qualité de fusilier de 2e classe et de se tenir prêt, malgré les différences sociales, à rentrer dans le rang, coude à coude, avec des paysans ou des ouvriers.

1507. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Ils en conviennent ; même ils essayent d’analyser et de définir cette différence de leurs deux natures. […] Une charcutière aura nécessairement la chair grasse et rosée, le caractère placide ; mais entre deux marchandes de poisson, si l’une vend du poisson d’eau douce et l’autre du poisson d’eau de mer, cette différence se retrouvera dans le caractère comme dans l’extérieur des deux femmes, et tout en elles accusera la marque indélébile de leur commerce117. — Même accord entre les aspects de la nature et les sentiments de l’homme. […] Je ne sais s’il ne serait pas aussi facile de les rapprocher pour montrer tout ce qu’en dépit des différences venues de la différence des sociétés, le fils a hérité du père.

1508. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

« Il y avait à peu près une différence aussi sensible entre le ton, le langage de la cour et celui de la ville qu’entre Paris et les provinces. » (Comte de Tilly, Mémoires, I, 153.)

1509. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

— Ces deux instruments, répondit l’enfant, ne pourraient pas s’accorder ensemble ; le violon du serrurier est juste d’un demi-ton plus bas que le tien. » Le père, étonné du discernement exquis de l’oreille d’un enfant, voulut s’assurer si la différence d’un demi-ton entre son violon et celui du serrurier était réelle ; il descendit, l’archet à la main, chez son voisin, et, s’étant assuré par lui-même que la dissonance était précisément du demi-ton perçu par son fils, il embrassa l’enfant les larmes aux yeux, appela sa femme et sa fille, et bénit Dieu en famille en s’extasiant sur l’organisation précoce et miraculeuse du grand homme futur dont la Providence avait doté leur humble foyer.

1510. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Napoléon n’était pas le soldat de la Révolution, il en était la réaction personnifiée dans un grand soldat ; entre la Révolution et lui il y avait la différence du sabre à l’idée, mais c’est la faiblesse de situation ou de jugement de M. 

1511. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Cette diplomatie, qui troque des provinces et qui solde les différences avec les dépouilles d’un tiers sacrifié à la convenance de deux contractants, manque d’honnêteté, et par conséquent de cette probité en plein jour qui fait la sûreté des contrats, parce qu’elle fait la conscience des nations.

1512. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

C’est cette différence fondamentale entre Homère et le Tasse qui nous semble juger les deux poètes et les deux poèmes.

1513. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

« “La brièveté expressive et un peu sèche du poète florentin, comparée à l’abondance élégante de Virgile, montre bien la différence du style de ces deux grands artistes peignant le même objet.

1514. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Quelle différence !

1515. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Il est bon de relever à la décharge des romanciers japonais que leurs ouvrages ne vont qu’à une seule espèce de gens, qu’ils sont fort dédaignés des classes supérieures, qu’on les paye d’autant plus mal (en moyenne, 75 francs par volume ; et qu’à la différence de nos feuilletonistes, pour une besogne pareille, ils ne récoltent ni le matériel bénéfice, ni la réputation.

1516. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Il ne l’était pas des pouvoirs : il l’était du pouvoir ; mais qui comprend cette différence ?

1517. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Entre la langue de Rabelais, de Montaigne, de La Bruyère et celle de Bossuet, il y a tout autant de différence qu’entre un poète populaire et un poète de cour.

1518. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Les comparaisons qu’il en tire respirent une grâce pastorale : on croit voir ces idylles que l’art antique sculptait sur les sarcophages : « Il y a bien des grains d’encens destinés au même autel ; l’un tombe plus tôt, l’autre plus tard dans le feu ; mais la différence n’est rien. » — « Il faut partir de la vie avec résignation, comme l’olive mûre qui tombe en bénissant la terre sa nourrice, et en rendant grâces à l’arbre qui l’a portée. » — La théologie stoïcienne ne lui permet pas de croire à l’immortalité personnelle ; il en conçoit, parfois, un noble regret. […] Ils n’entroient point dans la différence des deux nations qui sont si opposées en tout, et comme ils croyoient qu’il a falloit de bonne heure mettre Sa Majesté sur le pied où ils vouloient la tenir toute sa vie, ils ne se relâchoient sur rien, et dès ce temps-là elle éprouv un esclavage auquel l’humeur rigide de la Camarera-mayor ajouta beaucoup. » Au milieu du pont, en effet, le Génie du lieu apparu sous la figure d’une vieille femme, avait pris possession de la nouvelle reine.

1519. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

La manière de Bouilhet est robuste et imagée, pittoresque, amoureuse de couleur locale ; elle abonde en vers pleins, drus, spacieux, soufflés d’un seul jet, pour nous servir de l’expression de Sainte-Beuve dans ses remarques si fines sur les différences de la poésie classique et de la poé-sie romantique qui accompagnent l’œuvre de Joseph Delorme. […] Les voyages d’un quartier à l’autre étaient moins fréquents ; les omnibus n’existaient pas, et il y avait des différences sensibles de physionomie, de costume et d’accent entre un naturel de la rue du Temple, et un habitant de la rue Montmartre. […] Edmond avait été l’initiateur littéraire de Jules, mais toute différence entre le maître et l’élève avait disparu depuis longtemps. […] Seulement il y a entre Tony Johannot et Gavarni cette différence, que le premier fait ses meilleurs dessins sur des livres, et que Gavarni aime mieux créer lui-même son sujet. […] Quelle différence avec notre froide et propre France !

1520. (1925) Comment on devient écrivain

La différence d’opinions entre critiques littéraires scandalise le public. […] Malgré l’abus qu’en font les pédants, la lecture restera donc toujours la première condition de toute bonne critique, et c’est la différence ou l’insuffisance de lectures qui produit entre juges littéraires cette divergence de goûts et d’opinions dont le public n’a pas tort de se scandaliser. […] Chez les très grands écrivains, de pareilles incompréhensions sont dues, la plupart du temps, à des différences radicales de tournures d’esprit.

1521. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Ce qu’est devant nous la différence entre les brins d’herbe de la prairie. » Et Lélia ajoute : « C’est pourquoi je ne prie pas Dieu. […] On ne persuade pas facilement aux hommes que la morale est un mot, la liberté une chimère, le devoir un préjugé, et qu’il n’y a, en ce monde, nulle différence entre le vice et la vertu. […] C’est la liberté qui enfante des colosses et des choses extraordinaires168. » Mais prenez-y garde : la ressemblance n’est qu’à la surface ; il y a en réalité une différence profonde.

1522. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Il fallait sortir de cette situation ridicule : — C’est Nicole, dit-il, qui me montrait… par un exemple la différence qu’il y a entre la bonne et la mauvaise musique, entre sa sonate et une opérette… vulgaire. […] À ma vive surprise, et je dois ajouter à mon vif regret, je reconnus qu’il y avait, — à Paris du moins, — une très faible différence d’une variété à l’autre, et que, même à l’heure qu’il est, beaucoup de femmes pourraient prendre avec avantage des leçons des jeunes filles sur toutes les matières. […] Malgré les différences de convictions, le mariage se conclut. […] Mon attention, quand je suis avec quelqu’un, est de deviner ses idées et, par excès de différence, de les lui servir anticipées.

1523. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Sans me permettre d’entrer ici dans les différences qui les caractérisent et en laissant de côté ce qu’il y a de particulier dans chacun d’eux, j’avoue pour mon compte avoir ignoré jusque-là, avant de l’avoir considéré dans leur exemple, ce que c’est que la justesse d’esprit en elle-même, cette faculté modérée, prudente, vraiment politique, qui ne devance qu’autant qu’il est nécessaire, mais toujours prête à comprendre, à accepter sagement, à aviser, et qui, après tant d’années, se retrouve sans fatigue au pas de tous les événements, si accélérés qu’ils aient pu être.

1524. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Mais voici la différence.

1525. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Quand il a voyagé en Italie, ç’a été à la manière anglaise, notant les différences des mœurs, les particularités du sol, les bons et mauvais effets des divers gouvernements, s’approvisionnant de mémoires précis, de documents circonstanciés sur les impôts, les bâtiments, les minéraux, l’atmosphère, les ports, l’administration, et je ne sais combien d’autres sujets902.

1526. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

C’est la différence entre le poète purement ingénieux et le poète créateur ; l’un fait admirer son esprit, l’autre communique son âme.

1527. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

« Toutefois, entre ce grand homme et moi, il y a cette différence qu’il s’est vengé de ses ennemis par les moyens qui l’ont rendu si puissant, c’est-à-dire par les armes ; moi, j’userai des moyens qui me sont ordinaires : les siens s’emploient dans la guerre et les séditions ; les miens, dans la paix et le repos.

1528. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

qui m’apprit à mesurer la différence mise entre mon frère et moi.

1529. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Tous lui répondirent qu’il y avait une grande différence, que le premier avait été un jour de fatigues et de peines, et que le second n’avait offert que des plaisirs et des jouissances.

1530. (1925) La fin de l’art

Transmutation Les derniers alchimistes sont très fiers parce que la chimie moderne a repris quelques-uns de leurs thèmes, par exemple celui de la transmutation des métaux ; il y a beaucoup de différence entre les deux séries de recherches, mais il y a aussi une ressemblance, c’est qu’elles sont très capables, aujourd’hui comme hier, de ruiner leurs adeptes.

1531. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— Il y a une sensible différence entre le poète toujours relu et celui qu’on juge le plus grand.

1532. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

» est déjà bien touchante ; mais si, au lieu de mettre, conception protestante, le christianisme uniquement dans les pratiques extérieures, Gœthe l’eût mis où il est, c’est-à-dire dans le fond même de son adorable essence, vous auriez vu la différence du Gœthe réel au Gœthe possible.

1533. (1925) Portraits et souvenirs

Laclos a marqué cette différence. […] C’est pourquoi il prend soin d’accoupler ses notices et de les faire suivre de parallèles, à la façon de Plutarque, parallèles ingénieux où il s’attache à faire ressortir les différences de caractères et de méthodes de ces divers conquérants du bien d’autrui.

1534. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Toute la différence, c’est qu’il a été à la fois, l’amant et l’« obligé » de Mme Guichard ; mais il était pauvre, et qui sait ce que les deux autres eussent fait s’ils n’avaient été riches ? […] Et, les entendant causer, Maxime conçoit clairement la différence qu’il y a entre une demi-vierge et une vierge totale. […] La seule différence, c’est que Fortunio, amoureux et jeune, était plaisant aux yeux et qu’il avait pour lui l’assentiment de la nature et de la poésie et l’approbation de tous les hommes, — le mari excepté ; — au lieu que Fortunio, vieux mari jaloux d’une trop jeune femme, est fâcheux à considérer et a contre lui cette même nature et cette même poésie, et la tradition, soit romanesque, soit gauloise, et enfin tous les « honnêtes gens ».

1535. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Leclerc apercevait, d’une vue plus nette, les différences profondes qui séparent notre race de la race anglo-saxonne. […] Il ne nous suffisait pas de voir s’effacer peu à peu les différences extérieures par lesquelles nous reconnaissions autrefois une jolie femme dans la rue. […] L’hellénisme aurait dû tressaillir d’inquiétude et non pas d’orgueil, le jour où Iaroslavf le Grand décida que Kiev, sa capitale, serait une rivale de Constantinople, qu’elle aurait, elle aussi, sa cathédrale de Sainte-Sophie et sa Porte d’or… » Je me suis permis de citer cette page, en l’abritant sous l’autorité d’un historien qui sait mieux que personne par quelle série de faits obscurs, d’événements notables et de rapides progrès la lignée des césars orthodoxes de Byzance aboutit, malgré la différence des races, aux tsars orthodoxes de Moscou.

1536. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Il y avait entre les uns et les autres cette notable différence, que les Schopenhaueriens ne prenaient pas les vaticinations de leur augure pour autre chose que ce qu’elles sont : de jolies phrases qui ont sans doute raison, mais qui ne mènent à rien ; tandis que les antischopenhaueriens croyaient peut-être de bonne foi à la réalité du péril. […] Ce cavalier, vous le savez, c’était la Raison : non pas, je n’ai pas besoin de vous le dire, la Raison dont la Révolution fit une déesse et qui n’était qu’une fille très dégénérée de l’autre ; et pas davantage une raison particulière, « la mienne ni la vôtre, avec les différences qu’elle reçoit du caractère de chacun, du pays, du temps, mais la raison universelle, impersonnelle et absolue12 » ; c’est-à-dire une raison infaillible, toujours sûre d’elle-même, procédant avec certitude au nom de l’humanité  la raison, enfin, qu’il faudrait pour faire de la critique objective… Mais ce n’est pas tout. […] Partout d’ailleurs, à Saint-Pétersbourg comme à Rome et comme à Berlin, en tenant compte de la différence des institutions et des caractères nationaux, les mêmes symptômes se retrouvent.

1537. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Quelle différence avec les murailles nues de sa maison d’Ajaccio ! […] Quelle différence avec cette magnifique sonnerie de clairons, qui réveilla la Prusse après Iéna ! […] Ces magasins, où tout est rangé avec un soin minutieux, ont un air calme, ordonné, propret même, qui contraste avec le tohu-bohu, avec l’effroyable saleté de la rue. » Si j’osais ajouter un commentaire à des témoignages si instructifs, je dirais que ce contraste entre l’intérieur et l’extérieur, ces différences qui séparent la vie privée et la vie publique, l’individu et la société ne sont pas des misères exclusivement chinoises.

1538. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il lui avait demandé ce qu’il pensait de l’Église catholique et de ses différences avec l’Église établie : « Ceci est la querelle suprême, avait répondu Inglesant, car il ne s’y agit pas d’une dispute entre deux sectes ou deux royaumes, mais entre les deux parties de la nature humaine. » Et il avait continué sur ce ton, parlant plutôt pour lui-même, exposant les avantages des deux religions. […] Mais il ne faut pas oublier que c’est là un premier jugement, et que la différence était trop grande entre les mœurs littéraires de Moscou et celles de Paris pour qu’un auteur russe pût passer des unes aux autres sans un peu de surprise. […] La lettre avait cinq lignes, les pièces avaient, en moyenne, cinq actes chacune : c’était là une différence essentielle dont ces messieurs, peut-être, ne se sont pas rendu compte.

1539. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

En cela surtout consiste la différence des inventeurs, et des gens d’esprit ordinaires, celle qui sépare Molière de Marivaux, La Fontaine de Florian.

1540. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Mais le point de départ mit entre eux une grande différence.

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