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1523. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Presque petite, mais de proportions harmonieuses, le visage rond et d’un modelé exquis, les cheveux blond-paille avec de sombres yeux comme brûlés de pensée, des yeux dévorés du désir de voir et de connaître, la bouche ferme, bonne et rêveuse, les narines vibrantes d’un cheval sauvage de l’Ukraine, Mlle Marie Bashkirtseff donnait, au premier coup d’œil, cette sensation si rare : la volonté dans la douceur, l’énergie dans la grâce. […] Puis on se calme, puis on se rattrape, car on se rattrape absolument avec de la volonté.

1524. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Ils ont compris, ils ont conçu avant que de faire le mot d’entendement ; ils ont voulu avant que de dire qu’ils avoient une volonté, & ils se sont ressouvenu avant que de former le mot de mémoire. […] Le, la, les, indiquent que l’on parle 1°. ou d’un tel individu réel que l’on tire de son espece, comme quand on dit le roi, la reine, le soleil, la lune ; 2°. ou d’un individu métaphysique & par imitation ou analogie ; la vérité, le mensonge ; l’esprit, c’est-à-dire le génie ; le coeur, c’est-à-dire la sensibilité ; l’entendement, la volonté, la vie, la mort, la nature, le mouvement, le repos, l’être en général, la substance, le néant, &c.

1525. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Il est faux que tout le rôle du Turc Bajazet soit faiblement écrit : on y trouve plusieurs vers beaucoup plus forts, beaucoup plus énergiques que la plupart de ceux du Scythe Orosmane : Soliman jouissait d’une pleine puissance : L’Égypte ramenée à son obéissance ; Rhodes, des Ottomans le redoutable écueil, De tous ses défenseurs devenu le cercueil ; Du Danube asservi les rives désolées, De l’empire persan les bornes reculées, Dans leurs climats brûlants les Africains domptés, Faisaient taire les lois devant ses volontés. […] Accoutumée dès l’enfance à sacrifier ses plus chers penchants à l’impitoyable raison, elle en avait conservé l’habitude sur le trône : au lieu de prétendre que tout pliât sous ses volontés, elle se fit toujours un devoir de céder aux vœux et à l’opinion de la plus saine partie du public ; et cette conduite n’était que l’inspiration de son bon esprit et de sa prudence naturelle.

1526. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Lorsqu’il apprend qu’Aryaka, le bouvier révolutionnaire, est en prison, il n’hésite pas, il dit : « Je suis avec cet homme… D’un côté, il y va de mon tranquille bonheur, et, de l’autre, de la vie de mon ami, de l’intérêt de tous et de l’accomplissement des volontés supérieures. […] S’il y a dans la pièce une « personnalité », c’est-à-dire un caractère et une volonté, ce n’est certes point Magda, la brillante et sensuelle bohème, — qui n’eût probablement pas été grand’chose si la nature ne lui avait fait cadeau d’une belle voix, — mais bien plutôt le doux et résigné pasteur Hefferdingh, qui, lui, a accepté la Règle, mais qui l’a acceptée tout entière et qui l’a comprise et interprétée dans le sens miséricordieux et héroïque… En sorte que la pièce de M.  […] C’est beau, ce savant édifice de corruption élevé par un homme de tant de volonté, de tant d’intelligence et de tant d’argent, renversé par le cri d’un bébé. […] Cela ne saurait finir que par un acte arbitraire de la volonté ou, plus exactement, de l’instinct.

1527. (1876) Romanciers contemporains

À qui serait tenté de concevoir d’aussi hautes espérances et d’essayer l’imitation d’une telle fortune, nous commencerions par demander s’il possède la force de volonté de Dumas, et s’il est capable d’une opiniâtreté semblable. […] Trois types principaux se développent dans le Coureur des bois : l’Indien avec ses ruses inépuisables, ses mœurs demeurées intactes, tour à tour perfide, cruel, admirable d’humanité et de dévouement ; le chercheur d’or que Ferry a mis aussi en scène dans les Gambusinos, et par-dessus tout le chasseur vivant de liberté comme nous vivons d’air, ayant soif du désert, amoureux de l’espace, et dont la volonté n’a pas plus de bornes que la prairie et la forêt qu’il parcourt sans cesse. […] Toute l’habileté tortueuse, les procédés industrieux et perfides de Fouché échouent devant la volonté énergique de cet honnête homme. […] Nous voulons parler de l’Edgar Poë encore dans sa première manière, encore dans les ardeurs de curiosité du raisonnement, consacrant encore sa volonté patiente à jeter un défi aux difficultés.

1528. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Si l’instrument est un peu rebelle, on l’assouplira, on le domptera ; c’est une affaire de volonté et d’effort. […] Oui, ridicule, grotesque si vous voulez ; mais quelle force de volonté en lui, quelle droiture, quelle honnêteté ! […] Puis, quelle force de volonté déployée, quelle somme de travail dépensée pour tirer de documents menteurs cette histoire qui a fait illusion aux juges les plus clairvoyants !

1529. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Et, à la fin des deux routes, le pauvre devenu riche, monté sur un cheval traîné par un singe, — la volonté menée par l’intelligence, — rencontre tout dépenaillé le riche honteux de se trouver sur son chemin, tandis que disparaissent dans le lointain, sous des haillons de mendiants, deux de ses familiers au temps de sa richesse. […] XXI Parmi tous les romans illustrés par Hokousaï de 1805 à 1808, l’illustration du Rêve du camphrier du sud eut un immense succès, succès dont se montra jaloux le romancier, et un refroidissement se fit entre Bakin et Hokousaï et, avec ce refroidissement, la volonté chez chacun d’eux de ne plus travailler ensemble. […] C’est un front sillonné de rides profondes ; des yeux à la patte d’oie, aux poches de dessous tuméfiées et où il y a, en leur demi-fermeture, comme un peu de cette buée que les sculpteurs de nétzkés mettent dans le regard de leurs ascètes ; c’est un grand nez décharné ; c’est une bouche démeublée à la rentrée sous le pli de la joue ; c’est le menton carré d’une volonté résolue, attaché au cou par des fanons.

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