Canova vivait dans son atelier comme Voltaire a vécu dans son cabinet. Homère et Phidias ont dû vivre ainsi. […] Les caractères, M. de Balzac excelle à les poser ; il les fait vivre, il les creuse d’une façon indélébile. […] L’auteur d’Eugénie Grandet vivra. […] Ses personnages ne vivent pas d’un bout à l’autre ; il y a un moment où ils passent à l’état de type.
Je me figure que je vivrai un jour dans ce petit paradis. […] Je vivrai à Cirey, ou dans un pays libre. […] Je ne demande qu’à vivre enseveli dans les montagnes de Cirey. […] On y sent partout un jargon de coterie et de province, le goût de cette petite cour de Lorraine où l’on vivait entre soi comme dans une bonbonnière. […] Vivent les vers !
Élève de Louis Racine, qui lui avait légué le culte du grand siècle et celui de l’antiquité, nourri dans l’admiration de Pindare et, pour ainsi dire, dans la religion lyrique, il était simple que Le Brun s’accommodât peu des mœurs et des goûts frivoles qui l’environnaient ; qu’il se séparât de la cohue moqueuse et raisonneuse des beaux-esprits à la mode ; qu’il enveloppât dans une égale aversion Saint-Lambert et d’Alembert, Linguet et La Harpe, Rulhière et Dorat, Lemierre et Colardeau, et que, forcé de vivre des bienfaits d’un prince, il se passât du moins d’un patron littéraire. […] Les détails de cette société charmante, où vivaient ensemble, vers 1782, Lebrun, Chénier, le marquis de Brazais, le chevalier de Pange, MM. de Trudaine, cette vie de campagne, aux environs de Paris, avec des excursions fréquentes d’où l’on rapportait matière aux élégies du matin et aux confidences du soir, tout cela est resté couvert d’un voile mystérieux, grâce à l’insouciance et à la discrétion des éditeurs. […] Ils ont eu droit de vivre. Vivez, amis ; vivez contents. […] Peut-être en de plus heureux temps J’ai moi-même, à l’aspect des pleurs de l’infortune, Détourné mes regards distraits ; A mon tour aujourd’hui mon malheur importune : Vivez, amis, vivez en paix42.
Il s’insinue donc dans sa familiarité, et devient son complice et son instrument, guettant l’heure et l’instant propice : mais, en attendant, il a trop vécu, il a trop plongé chaque jour dans la vase immonde, il a trop vu la lie de l’humanité ; il s’est réveillé de ses rêves. […] Gœthe, dès sa jeunesse et dès le temps de Werther, s’apprêtait à vivre plus de quatre-vingts ans. […] Tant qu’il y aura une France et une poésie française, les flammes de Musset vivront comme vivent les flammes de Sapho. — À ces quatre Nuits célèbres, n’oublions pas d’ajouter un Souvenir qui s’y rattache étroitement, un retour à la forêt de Fontainebleau, qui est d’une émouvante et pure beauté, et, ce qui est rare chez lui, d’une grande douceur. […] Il ne la concevait digne d’être vécue, il ne la supportait qu’entourée et revêtue d’un léger délire58. […] [NdA] Vivre et jouir, c’était pour lui tout un : « Le bonheur !
C’est dans ce rayon lumineux qu’elles vivent et qu’elles chantent, éblouies de leur propre clarté intérieure. […] Ce lui est une révélation : Vivre, ah vivre ! […] D’abord, semble-t-il, elle veut se résigner à vivre, mais ce chant lui-même se termine par un appel à la mort : VIVRE Puisqu’il est, semble-t-il, nécessaire de vivre, En portant le poids lourd des anciens désespoirs, Tous les matins et tous les jours et tous les soirs Interrogeons nos cœurs et sachons l’art de vivre ! […] Mourir jeune avec « cette gloire éclatante de n’avoir pas vécu ». […] « … Il est difficile de vivre dans les villes : ceux qui y sont en rut y sont trop nombreux.
Si, au contraire, on compare les productions de l’Amérique du Sud, qui vivent sous 35° de latitude méridionale, avec celles qui vivent sous 25° de latitude septentrionale, c’est-à-dire sous des climats très différents, on constate entre elles de beaucoup plus grands rapports qu’entre les productions d’Australie et d’Afrique sous des climats semblables. […] Dans ces mêmes plaines de la Plata vivent l’Agouti et la Viscache, représentants américains de nos Lièvres et de nos Lapins, ayant les mêmes habitudes et appartenant au même ordre des Rongeurs, mais présentant dans leur structure un type tout américain. […] — L’identité de beaucoup de plantes et d’animaux qui vivent sur les sommets de chaînes de montagnes, séparées les unes des autres par des centaines de milles de basses terres où ces espèces alpines ne pourraient vivre, est l’un des cas les plus frappants qu’on connaisse d’espèces vivant en divers points du globe très distants, sans qu’on puisse admettre la possibilité de leur migration successive d’un de ces points à l’autre. […] Pendant la période glaciaire, elles vivaient plus au sud qu’aujourd’hui, elles étaient donc encore plus complétement séparées par de plus vastes océans. […] Nous pouvons donc supposer que des organismes qui vivent aujourd’hui sous 60° de latitude, vécurent pendant la période pliocène un peu plus loin vers le nord, sous le cercle polaire, entre 66° et 67° de latitude ; et que les productions exclusivement arctiques étaient alors exilées sur les terres éparses encore plus près du pôle.
Par une sorte d’abstraction, dont la jouissance est cependant réelle, on s’élève à quelque distance de soi-même pour se regarder penser et vivre ; et comme on ne veut dominer aucun événement, on les considère tous comme des modifications de notre être qui exercent ses facultés et hâtent de diverses manières l’action de sa perfectibilité. […] Non seulement vivre seul est le meilleur de tous les états, parce que c’est le plus indépendant, mais encore la satisfaction qu’on y trouve est la pierre de touche du bonheur ; sa source est si intime, qu’alors qu’on le possède réellement, la réflexion rapproche toujours plus de la certitude de l’éprouver. […] Ce repos auquel la nature nous appelle, qui semble la destination immédiate de l’homme ; ce repos dont la jouissance paraît devoir précéder le besoin même de la société, et devenir plus nécessaire encore après qu’on a longtemps vécu au milieu d’elle ; ce repos est un tourment pour l’homme dominé par une grande passion. […] C’est par de la distraction qu’il faut d’abord essayer d’affaiblir une grande passion ; il ne faut pas commencer la lutte par un combat corps à corps, et avant de se hasarder à vivre seul, il faut avoir déjà agi sur soi-même. […] C’est là que le gouvernement de soi exige une main plus assurée ; mais dans la retraite, le philosophe n’a de rapports qu’avec le séjour champêtre qui l’environne, et son âme est parfaitement d’accord avec les douces sensations que ce séjour inspire, elle s’en aide pour penser et vivre.