On m’a cité un professeur de géographie d’un collège d’Algérie qui, en l’ignorance de toute tradition orale, affirmait à ses élèves l’existence de villes françaises telles que Le Mance, Cahan, Moulince, Foicse.
Mais comme leur mérite trop borné et trop uniforme, ne fournissoit pas de lui-même assez d’étenduë au discours, il se jetta souvent à l’écart sur la loüange des héros, dont prétendoient descendre les siens, et sur celle des dieux qui protégeoient, ou qui avoient fondé la ville d’où ils étoient.
Par exemple, il ne serait pas vraisemblable qu’un général d’armée venant de prendre par force une ville importante, se trouvât seul dans la grande place ; et, par conséquent, si l’on mettait un monologue en la bouche de ce personnage, on ferait une chose ridicule.
Rousseau fut parmi nous l’apôtre de l’orgueil : Il vanta son enfance à Genève nourrie, Et pour venger un livre, il troubla sa patrie, Tandis qu’en ses écrits, par un autre travers, Sur sa ville chétive il réglait l’univers.
Comme la ville va en montant [très exact], on la découvre quasi tout entière.
Il y a, dans cette Légende, des passages d’une grande magnificence, mais il n’y a pas une pièce (je dis : une seule,) d’une beauté soutenue jusqu’à la fin, et il y en a quelques-unes (La Ville disparue) où l’on ne compte pas plus de six beaux vers.
Le roman s’ouvre par une peinture aussi détaillée que la dentelle de cette ville de dentelières et de carillon.