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110. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

XIV Et moi aussi j’ai puisé la moitié de mon sang à cette source des montagnes, j’ai la moitié de mes aïeux dans ces forêts, dans ces torrents, dans ces donjons de la vallée de Saint-Claude, et jusque dans cette ville aujourd’hui si riche, si industrielle et si pastorale de Morez. […] Le vallon de Saint-Claude surtout, dont la ville se confond au fond d’une gorge avec les falaises grises de ses rochers, a une profondeur, des tourments, des anfractuosités, des abîmes, des vertiges qui fascinent les yeux du haut de ces divers plateaux qui la dominent de si haut et de si loin ; je n’ai vu de pareils effets de perspective dans les profondeurs que dans le Liban, quand au pied des cèdres on plonge de l’œil sur la petite ville industrielle de Zharklé, pleine de couvents et de fabriques d’armes, sur les deux marches d’un ravin, dans une anse, entre deux parois perpendiculaires de rochers crénelés de sapins. XXV Saint-Claude, ville aussi toute sacerdotale et toute laborieuse des petites industries du fer et du buis ciselé, est la Zharklé du Jura ; ses cloches retentissent et ses cheminées fument ; ses silences dorment et ses cours d’eau, et ses scieries, et ses enclumes, et ses tours où l’on façonne le buis, bruissent comme une ville fantastique qui apparaît hors de la portée des sens, au fond d’un des cercles du Dante, à travers le brouillard des eaux pulvérisées par leur chute et des rayons du soir répercutés par les parois de ces montagnes. […] Des fenêtres de ce pavillon, on plonge à gauche sur la profonde gorge descendant vers la ville de Saint-Claude, de l’autre sur le château de Prat, dont mon père a porté quelque temps le nom et qui était un des domaines de mon grand-père dans cette contrée. […] Fauvel, le restaurateur de l’Athènes antique, retiré avec ses larcins pieux dans son jardin de Smyrne, et dans sa maisonnette de la ville d’Homère.

111. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ce ne sont pas des guerres seigneuriales, comme en France, mais des guerres de ville à ville. […] La fortune des villes varie beaucoup. […] Geoffroi de Ville-Hardouin, après avoir beaucoup guerroyé, reçut en partage la ville de Messinople dans la Thessalie. […] Il y avait beaucoup de bourgeois, enfermés dans leurs villes, pour qui le monde se terminait au bout de leurs remparts. […] C’est ainsi que saint Thomas, né dans la ville d’Aquino en Italie, vint à Paris étudier sous Albert le Grand, et que l’Anglais Roger Bacon, génie inventeur, passa dans cette ville plusieurs années de retraite profonde et d’étude.

112. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

« Voici des races d’hommes qui descendent du sommet des plateaux de l’Asie ; ils n’ont pas de commencement, ils n’ont pas d’histoire ; ils fondent des villes, des empires qui passent. « Voici, en Europe, des races d’hommes dont on ignore encore les commencements, l’histoire ; ils fondent des villes, des empires ; c’est la Grèce, elle n’est plus !… Une race d’hommes différente encore est venue qui a détruit celle qui l’avait précédée, qui a fondé des villes et des empires, apporté une civilisation nouvelle, elle n’est plus !… Voici des races d’hommes sorties des forêts de la Germanie, qui fondent aussi des villes et des empires, apportent une civilisation nouvelle transformée par le christianisme.

113. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Or, toutes les loix du droit des gens, qui distinguent les combats des hommes des combats des bêtes féroces, s’observoient alors si religieusement, que les rhodiens aimerent mieux élever un bâtiment pour renfermer et pour cacher le trophée qu’Artemise avoit dressé dans leur ville après l’avoir prise, que de le renverser, s’il est permis de parler ainsi, d’un coup-de-pied. […] C’étoit-là le véritable motif qui attiroit tant de monde aux jeux qui se célebroient en differentes villes. […] Si l’on considere quelle étoit la situation de Rome quand Virgile, Pollion, Varius, Horace, Tibulle et leurs contemporains firent tant d’honneur à la poësie, on verra que de leur temps cette ville étoit la capitale florissante du plus grand et du plus heureux empire qui fut jamais. […] Les séditions venoient d’être bannies des villes, qui generalement parlant, avoient enfin sçû se former à la fin du siecle précedent, un gouvernement stable et reglé.

114. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

La nuit suivante, un torrent débordé de l’Olympe engloutit la ville de Libèthre, sans doute pour n’avoir pas mieux protégé 1 es cendres du poëte, qui furent emportées alors dans une autre ville de Macédoine. […] Alcman, le maître de la lyre à Sparte, celui qui fit entendre dans cette rude et guerrière cité la seule harmonie que, permettaient ses magistrats, était Lydien de naissance et semblait apporter à Lacédémone, vers le milieu du septième siècle avant notre ère, un art dont la ville de Lycurgue aurait dû se défier. […] Elle se souvint que Lycurgue avait recueilli les poëmes homériques, malgré les peintures gracieuses qui s’y mêlent à l’horreur des combats, et qu’il avait fait régler dans sa ville le chant et l’harmonie par un musicien de l’ile de Crète.

115. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Il devenait de la plus haute importance que cette ville d’Orléans tînt bon pour la Fronde, sans quoi toute la ligne de la Loire était coupée, et le prince de Condé, qui arrivait de Guyenne, trouvait l’ennemi maître des positions. Mademoiselle s’offrit pour aller en personne à Orléans et pour maintenir la ville. […] La difficulté était d’entrer dans Orléans : car, pressés entre les sommations du garde des Sceaux Molé pour le roi, et celles des frondeurs, Messieurs de l’Hôtel de ville avaient bonne envie de demeurer neutres. […] Non contente d’être haranguée, elle improvise en plein Hôtel de ville, et ne s’en tire pas plus mal que bien des orateurs et des tribuns en pareille crise. […] Partie du Luxembourg, elle ne put pénétrer une première fois au-delà de l’Hôtel-Dieu ; elle fut plus heureuse à une seconde tentative, et put arriver à l’Hôtel de ville bien tard, beaucoup trop tard, assez tôt pourtant pour faire encore quelque acte de protection et d’humanité.

116. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Les jalousies de cette belle-mère le forcent à chercher un refuge dans un séminaire de sa petite ville. […] Un sonnet en patois vénitien contre les grands, chanté par les gondoliers, et dont il est l’auteur ; un jambon mangé en carême dans une hôtellerie de la ville, servent de prétexte contre lui. […] Quelques jours après, il accepta un logement dans la maison de son ami Dusseck, située à l’extrémité d’un faubourg pittoresque qui dominait la ville. […] Nous ne pouvons résister au désir de traduire ce délicieux retour de Lorenzo d’Aponte dans sa petite ville de l’État de Venise : nos lecteurs nous le pardonneront. […] Mais, à peine le bruit de mon départ avec eux se fut-il répandu dans la ville, que toute la jeunesse de l’endroit se pressa autour de la porte pour attendre que je sortisse de la maison.

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