Dans chaque ville, on oblige chaque bourgeois à nourrir un ou deux pauvres et à lui donner quatorze livres de pain par semaine. Dans la seule petite ville de Châtellerault (qui est de quatre mille habitants), il y avait dix-huit cents pauvres cet hiver sur ce pied-là… La quantité des pauvres surpasse celle des gens qui peuvent vivre sans mendier… et les recouvrements se font avec une rigueur sans exemple ; on enlève les habits des pauvres, leurs derniers boisseaux de froment, les loquets des portes, etc. […] On ne voit que villages ruinés ou abattus, et nulles maisons qui se relèvent… Par ce que m’ont dit mes voisins, la diminution des habitants va à plus du tiers… Les journaliers prennent tous le parti d’aller se réfugier dans les petites villes. […] On dit que ce sont tous des habitants de la campagne qui, n’y pouvant plus tenir par les vexations qu’ils y essuient, viennent se réfugier dans la ville, … préférant la mendicité au labeur. » — Pourtant le peuple des villes n’est guère plus heureux que celui des campagnes. « Un officier dont la troupe est en garnison à Mézières m’a dit que le peuple est si misérable dans cette ville, que, dès qu’on avait servi le dîner des officiers dans les auberges, le peuple se jetait dessus et le pillait. » — « Il y a plus de douze mille ouvriers mendiants à Rouen, tout autant à Tours, etc. […] Dans la seule province de Normandie, je trouve des séditions en 1725, en 1737, en 1739, en 1752, en 1764, 1765, 1766, 1767, 1768619, et toujours au sujet du pain. « Des hameaux entiers, écrit le Parlement, manquant des choses les plus nécessaires à la vie, étaient obligés, par le besoin, de se réduire aux aliments des bêtes… Encore deux jours et Rouen se trouvait sans provisions, sans grains et sans pain. » Aussi la dernière émeute est terrible, et, cette fois encore, la populace, maîtresse de la ville pendant trois jours, pille tous les greniers publics, tous les magasins des communautés Jusqu’à la fin et au-delà, en 1770 à Reims, en 1775 à Dijon, Versailles, Saint-Germain, Pontoise et Paris, en 1782 à Poitiers, en 1785 à Aix en Provence, en 1788 et 1789 à Paris et dans toute la France, vous verrez des explosions semblables620 Sans doute, sous Louis XVI, le gouvernement s’adoucit, les intendants sont humains, l’administration s’améliore, la taille devient moins inégale, la corvée s’allège en se transformant, bref la misère est moindre.
Comme dans les Perses, il est composé de vieillards, gardiens invalides de la ville dont la guerre a emporté la jeunesse. […] Cette Hélène funeste et maudite « perte des villes, perte des soldats », émeut les vieillards d’Argos comme elle troublait les vieillards de Troie. […] Quand le Cheval de bois fut introduit dans la ville, Cassandre dénonça la phalange armée que recelaient les flancs du colosse : une dernière fois elle ne fut pas écoutée. […] Phénomène tragique qui n’a d’analogue que l’histoire contée par Josèphe, de ce Jésus, fils d’Ananus, inécouté comme Cassandre, qui parcourut, pendant sept ans, les rues de Jérusalem en criant : « Malheur sur la ville ! […] » Quand la ville sainte fut assiégée par Titus, il fit le tour des remparts et répéta sa triple clameur.
Le commerce en faveur est celui des bêtes à cornes, il s’étend aussi sur les grains ; les bois pourrissent sur pied, par leur éloignement des villes et leur difficile exploitation801 ». « Cette terre, dit l’acte estimatif, est dans la mouvance du roi, à cause de son château et forteresse d’Ainay, sous la dénomination de ville de Blet. » La ville était fortifiée autrefois, et son château fort subsiste encore. Elle fut jadis très peuplée, « mais les guerres civiles du seizième siècle et surtout l’émigration des protestants l’ont rendue déserte, au point que, de 3 000 habitants qu’elle renfermait, il s’en trouve actuellement à peine 300802 ; c’est le sort de toutes les villes du pays ». […] Édit du roi de 1497 fixant cette charge, pour les habitants de Blet et tous ceux demeurant dans l’étendue de la justice, pour ceux de Charly, Boismarvier, etc., à 5 sous par feu et par an, ce qui fut exécuté. « Ce n’est que depuis peu qu’on en a cessé la perception, quoique, par les reconnaissances modernes, tous les habitants se soient reconnus sujets auxdits guet et garde du château. » 10° Droit de péage pour toutes les marchandises et denrées qui passent par la ville de Blet, sauf les blés, grains, farines et légumes. […] 12° Droit de boucherie ou de prendre la langue de toutes les bêtes tuées dans la ville, plus la tête et les pieds de tous les veaux.
L’une des pièces les mieux venues du recueil : La Terre qu’on laisse, évoquait un gars des champs s’exilant vers la ville et qui, sourd aux prières de la terre maternelle, gagnait résolument la gare d’un pas gendarmé. […] Le Cardonnel ne se fit pas prier et nous régala de plusieurs poèmes où s’affirmait déjà sa maîtrise ; celui-ci, entre autres, d’une impression intense et neuve, d’une langue délayée, sans arêtes, aux contours imprécis comme un brouillard de rêve : VILLE MORTE Lentement, sourdement, des vêpres sonnent Dans la grand’paix de cette vague ville ; Des arbres gris sur la place frissonnent, Comme inquiets de ces vêpres qui sonnent. […] Murs décrépits, lumière décrépite Que ce novembre épand sur cette place : Sur un balcon, du linge froid palpite, Pâle, dans la lumière décrépite, Et puis le son des cloches qui se lasse… Tout à coup, plus de cloches, plus de vieille, Plus de pauvre idiot, vaguement singe, Et l’on dirait que la ville sommeille, Plus d’idiot, de cloches, ni de vieille… Seul, maintenant, le blanc glacé du linge. […] La ville peut dire alors, comme l’Hérodiade de Stéphane Mallarmé : Oui !
Il fut quelque temps dans cette ville, qu’il étonna. On voulut l’y fixer ; mais Rome n’était plus que la seconde ville du monde. […] « Il y a eu, lui dit-il, des princes qui prenaient grand soin de leur chevelure, mais qui ne comptaient pour rien des villes entières tombées en ruine. […] Voyez les statues de bronze élevées dans ces murs à la sagesse, les privilèges qui lui sont accordés dans les villes, les honneurs prodigués à ceux qui en sont dignes. […] Constantinople a passé sous la domination des Turcs, et Thémiste, qui écrivait il y a quatorze cents ans, sur les bords de la mer Noire, est ignoré de cette partie du monde qui fut sa patrie ; mais il trouve des admirateurs dans les villes qui, de son temps, n’étaient que des bourgades à demi-barbares.
Elle a ses immenses réserves d’hommes des champs et de travailleurs des villes. […] À l’imitation de l’héroïne de Sardou, cette Madame Sans-Gêne qui fait fureur depuis plusieurs saisons et que Réjane fait applaudir à Paris pour la millième fois, après l’avoir promenée de ville en ville, sur tous les points du territoire, la France, excédée de la mégalomanie de Félix Faure et de son souci de restaurer le cérémonial des cours, aspire au sans-façon et à la bonne franquette. […] La ville de Paris fut décorée de la Légion d’honneur en 1900.
Il avait un génie rustique qui s’accordait mal avec la vie bruyante des villes. […] C’est en le lisant que nous comprenons, nous autres serfs de l’existence moderne et prisonniers des villes, à quel point notre existence est un long crime contre la nature. […] Il encourage un par un tous les métiers, il anoblit toutes les tâches qu’accomplit l’homme, aux villes comme aux champs.