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976. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Prarond, Ernest (1821-1909) »

Il ajoute que le véritable caractère du poète d’Abbeville est la bonhomie, « la leste bonhomie des vieux conteurs du nord de la France ».

977. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Un vieux conte finit ainsi ; mais qui leur a dit d’y faire allusion ? […] « Je ne donne pas volontiers mon vieux linge », dit la femme de ménage au mari économe, « car on a mainte occasion de l’employer utilement, et, quand on en a besoin, on n’en trouve pas à prix d’argent ; mais aujourd’hui j’ai rassemblé avec plaisir ce que j’avais de meilleur en fait de chemises et de couvertures, car j’ai entendu dire qu’il y avait dans cette foule des enfants et des vieillards demi-nus. […] j’ai aussi mis à contribution ton armoire : j’ai pris ta belle robe de chambre en fine cotonnade, cette indienne à fleurs si chaudement doublée de flanelle ; je l’ai donnée ; mais tu sais qu’elle est vieille et tout à fait hors de mode. » L’hôte regrette sa vieille robe de chambre, mais il pardonne en pensant au bien-être des infirmes qui s’envelopperont de sa dépouille. […] Nous regrettons vivement de ne pouvoir les donner ici au lecteur : c’est Homère et la Bible fondus dans la familière sagesse des vieux jours.

978. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Une vie recueillie et solitaire, dans un vieux château de Bourgogne, au milieu d’un site froid et âpre, avait remplacé cette belle vie d’Italie par une existence plus sévère, pleine de vertus pieuses et charitables, et répandu on ne sait quel deuil anticipé sur ce seuil couvert maintenant d’un deuil éternel ! […] L’un et l’autre furent emportés longtemps, par le courant politique, loin des études qui immortalisent, vers les grandeurs qui trompent ; quand la politique les rejeta comme des naufragés sur les rivages, Chateaubriand était trop vieux, Marcellus trop timide. […] Il y a là cependant un souvenir qui rappelle les miens plus que tous les autres : c’est celui d’une femme célèbre, énigme mystérieuse du roman ou de l’histoire, lady Esther Stanhope, que M. de Marcellus visita auprès de Saïde, dans la fleur de sa beauté et dans le prestige de ses aventures, et que je visitai moi-même, vingt ans après, dans la maturité de ses années et dans la constance de son exil du vieux monde ! […] Ces vieux modèles de l’honneur ne sont plus de notre siècle ; aujourd’hui la fidélité n’est plus que de la niaiserie, et la faveur va au plus ingrat. […] J’ai passé huit jours dans la grotte d’un santon retiré dans les rochers du Liban ; je couchais près de lui sur des feuilles sèches ; il m’expliquait le Coran et m’initiait aux secrets de sa vieille expérience.

979. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

À cinquante et un ans, sa beauté n’existait plus, et si les adorateurs de la comtesse, ceux qui ne la connaissent que par les Mémoires d’Alfieri, s’étonnent qu’elle ait pu aimer après lui le moins poétique des hommes, les amis de Fabre peuvent s’étonner à leur tour qu’il ait pu aimer, jeune encore, la vieille comtesse alourdie par l’âge. […] Les souvenirs que consigne ici le célèbre écrivain se rapportent à l’année 1812 ; il est probable cependant que dès l’année 1803 la veuve du dernier Stuart, la vieille amie de l’ardent poète piémontais, avait déjà cette physionomie sans jeunesse, ces allures sans légèreté, que Chateaubriand nous signale. […] C’est par là qu’il avait dû plaire à cette jeune et vive Allemande rencontrée au bord de l’Arno et intimidée par un vieux mari. […] À quarante ans il se sentait vieux et usé, comme s’il eût assez de ce petit nombre d’années pour dévider l’existence infinie d’un Sophocle, d’un Racine ou d’un Voltaire. Il était né vieux ; toute sa vie est d’un vieillard.

980. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

La nation, qui deux siècles plus tôt fournissait l’Europe de contes, de romans, de poèmes, borne ses efforts d’invention à traduire en prose ce qu’elle avait dit en vers, à se répéter lamentablement comme une vieille qui radote. […] La recette pour en fabriquer de pareils est si vieille et si connue qu’on pourrait la résumer en ces termes : Prenez deux ou trois couples de bergers et de bergères ; parez-les de tous les charmes, de toutes les grâces que vous pourrez imaginer ; faites-les tous, cela va sans dire, amoureux ; mais que des rivaux jaloux et des parents sévères traversent leur bonheur. […] Grâce aux machines, une multiplication des produits comparable à celle que l’imprimerie opéra pour les livres ; un confort tout nouveau répandu dans les couches moyennes de la société ; puis d’immenses agglomérations de travailleurs formées de toutes parts ; ici des mines de fer ou de houille ensevelissant dans leurs profondeurs toute une population souterraine exilée du soleil ; là des cités, noires de charbon et de fumée, s’improvisant sur un sol boueux d’ort montent, comme les mâts d’une flotte pétrifiée, de colossales cheminées de briques ; partout des faubourgs environnant les vieilles villes d’un cercle de manufactures et de masures sordides ; puis les campagnes se dépeuplant au profit de ces centrés de production, qui fonctionnent comme autant de foyers aussi intenses que dévorants : voilà quelques résultats, visibles au premier coup d’œil, de cette fièvre d’activité qui a transformé et bouleversé les conditions économiques du monde contemporain. […] Nous dirions : « Cet homme est un fou ; mais il ne sait donc pas que toutes ces vieilles armures dont il est risiblement accoutré sont bonnes à mettre en quelque musée ; mais il va se faire tuer. […] Il a écrit62 : « Ô peuples des siècles futurs, lorsque par une chaude journée d’été, vous serez courbés sur vos charrues dans les vertes campagnes de la patrie ; lorsque vous verrez, sous un soleil pur et sans tache, la terre, votre mère féconde, sourire dans sa robe matinale au travailleur, son enfant bien-aimé ; lorsque, essuyant sur vos fronts tranquilles le saint baptême de la sueur, vous promènerez vos regards sur votre horizon immense, où il n’y aura pas un épi plus haut que l’autre dans la moisson humaine, mais seulement des bleuets et des marguerites au milieu des blés jaunissants ; ô hommes libres, quand alors vous remercierez Dieu d’être nés pour cette récolte, pensez à nous qui n’y serons plus ; dites-vous que nous avons acheté bien cher le repos dont vous jouirez ; plaignez-nous plus que tous vos pères ; car nous avons beaucoup des maux qui les rendaient dignes de plainte, et nous avons perdu ce qui les consolait. » Mais celui qui sentait si bien que la terre doit compenser la banqueroute du ciel, celui qui comprenait que les misérables, privés, comme a dit plus tard Jaurès, de la vieille chanson qui berçait la misère humaine, doivent nécessairement réclamer leur part immédiate de soleil et de joies, ce même Musset parlait bientôt d’un autre ton.

981. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Ses poèmes naïfs ou sublimes, endormis dans nos bibliothèques, comme les statues mélancoliques qui rêvent depuis tant d’années aux portails de nos vieilles églises, sortirent de leur immobilité séculaire. […] Les espérances qu’elle a fait naître, les œuvres souvent admirables qu’elle a produites, les colères de la vieille école, l’enivrement superbe de celle qui fut nouvelle, fourniront à l’histoire littéraire un de ses plus curieux et plus intéressants chapitres. […] Elles se mêlent, comme Dante, au chœur paisible des vieux poètes, sans crainte d’irriter ceux même qu’elles gourmandent. […] Organisons la république des lettres, la plus vieille, la plus indestructible de toutes, et pourtant la plus indisciplinée. […] « Racine est une vieille botte éculée. » Un critique moderne, 1856.

982. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

, qui renouvelle, n’a point fait pousser pour nous d’inconnu dans cette vieille connaissance, laquelle nous tend aujourd’hui, de sa main saltimbanque, comme autrefois, ce tambour de basque doctrinaire dans lequel foisonnent et vibrent toujours ces antinomies que nous avons trop entendues… Hélas ! […] Il ne dit plus la vieille formule : Ab Jove principium, mais, Ab 1793 principium ! […] de vieux canons hors de service. […] Il eût été un Tertullien, sans Afrique dans le génie, ou un Augustin, sans Athènes, mais il eût certainement combattu les hérésies chrétiennes, qui étaient du vieux paganisme réchauffé, comme il a combattu, de notre temps, le vieux Jacobinisme réchauffé, qui était pour lui l’hérésie révolutionnaire.

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