C’est pour cette raison surtout qu’elle incline à doter l’être véritable d’une existence logique, et non pas psychologique ou physique. […] Cet ordre physique, véritable affaissement de l’ordre logique, n’est point autre chose que la chute du logique dans l’espace et le temps. […] Le principe d’Archimède est une véritable loi expérimentale. […] C’est pourquoi l’idée de lire dans un état présent de l’univers matériel l’avenir des formes vivantes, et de déplier tout d’un coup leur histoire future, doit renfermer une véritable absurdité. […] La première l’eût conduit à la négation du libre arbitre chez l’homme et du véritable vouloir en Dieu.
Meissonier, qui, malgré tous ses mérites, eut le malheur d’introduire et de populariser le goût du petit, est un véritable géant auprès des faiseurs de babioles actuelles. […] Le goût exclusif du Vrai (si noble quand il est limité à ses véritables applications) opprime ici et étouffe le goût du Beau. […] Quel homme, digne du nom d’artiste, et quel amateur véritable a jamais confondu l’art avec l’industrie ? […] Je suis le véritable fournisseur de l’artiste. […] Parmi tous ceux qui ont su arracher cette faveur, celui qui m’a paru la mériter le mieux, parce qu’il est toujours resté un franc et véritable artiste, est M.
Or, une fois admis le psychique dès le début de l’évolution, il n’y a plus qu’un pas à franchir pour lui donner la primauté, en disant que c’est le mental qui est l’intérieur véritable du processus, dont le mécanisme exprime la forme et les rapports extérieurs. […] La véritable utilité de la conscience, dans l’inspiration, c’est de poser, par le désir, le but et l’effet final à atteindre : les moyens se présentent ensuite d’eux-mêmes en vue de la fin. […] C’est pour dégager les causes véritables et vraiment déterminantes d’un phénomène qu’on répète et qu’on varie les expériences. […] Au reste, répétons qu’une seule expérience peut suffire pour déterminer l’antécédent véritable d’un phénomène, si l’on est certain que cet antécédent est la seule condition nouvelle qui ait été introduite dans l’ensemble des conditions préexistantes. […] L’idéal étant la perfection à laquelle tend naturellement un objet, tandis que la pure fiction est en contradiction avec les lois et tendances de la nature, on peut dire que le véritable idéal est l’idée-force par excellence : il enveloppe en soi l’indestructible désir du mieux.
Je vous avoue même qu’en lisant le Banquet des sept Sages, dans les œuvres morales de Plutarque, je n’ai pu me défendre de soupçonner que les Égyptiens connaissaient la véritable forme des orbites planétaires. […] Ajoutez que le véritable système du monde fut parfaitement connu de la plus haute antiquité. […] Le spectacle épouvantable du carnage n’endurcit pas le véritable guerrier : il est humain comme l’épouse est chaste dans les transports de l’amour… Les fonctions du soldat sont terribles, mais il faut qu’elles tiennent à une grande loi du monde spirituel… Le fléau est divin… le nom de Dieu est le Dieu des armées. […] La loi de grâce lui aurait appris, comme la philosophie véritable, que la guerre était, non pas nécessaire et divine, comme il le dit, mais vertueuse et obligatoire quand la perversité humaine fait à l’homme constitué en nation un devoir de défendre sa vie, sa famille, sa nation contre ce meurtre en masse. […] Votre Piémont, que vous appeliez un grain de sable auquel il était à jamais interdit de grandir par sa nature évidemment secondaire, consume ses forces sans consumer son ambition ; Turin entraîne fatalement l’Europe dans sa cause, qui n’est pas encore celle de la véritable Italie.
Cette liaison de madame de Staël avec un homme suspect au premier consul fut la véritable cause de son exil. […] On y sent à chaque page l’amertume d’une âme qui aurait voulu réunir dans une seule vie ce qui illustre l’existence et ce qui la voile, mais qui combat contre la nature des choses et contre la véritable destinée de la femme, qui est vaincue par le bons sens ou par ce qu’elle appelle les préjugés de la société. […] Ces hypocrisies de sentiment ne siéent pas au véritable génie ; le captif ne maudit pas sincèrement la main qui brise ses chaînes. […] « Ce qui est vraiment divin dans le cœur de l’homme ne peut être défini ; s’il y a des mots pour quelques traits, il n’y en a point pour exprimer l’ensemble, et surtout le mystère de la véritable beauté dans tous les genres. […] Le véritable poëte conçoit, pour ainsi dire, tout son poëme à la fois au fond de son âme : sans les difficultés du langage, il improviserait, comme la sibylle et les prophètes, les hymnes saints du génie.
Il ne faut chercher chez lui ni une psychologie profonde ni de vastes sujets ; il n’est ni un romancier de notre école réaliste ou idéaliste, ni même un romancier véritable, ni surtout ce que nous avons appris à considérer comme un artiste. […] Si l’on prend le mot humour dans son sens étymologique, véritable et le plus étendu, on trouvera qu’il exprime, chez un écrivain, un penchant prononcé à s’affecter, à s’émouvoir, à éprouver quelque humeur à propos de n’importe quel acte de l’entendement et de façon à réduire ainsi le jeu et l’importance des opérations plus particulièrement intellectuelles. […] Telle est la galerie des personnages de Dickens ; une série d’êtres grimaçants, contournés, drôlatiques, outrageusement méchants ou risibles, les plus nombreux et les plus importants dans l’œuvre, dessinés grâce à leurs copieux propos et à leurs manières de dire ; une série d’êtres moyens, raisonnables et bons, invariablement manqués ; quelques gens plus complexes et plus semblables par là aux hommes véritables, mais bizarres et presque fantastiques qui sont connus par des indications éparses, entre lesquelles le lecteur est chargé de se figurer des caractères d’autant plus intéressants qu’ils sont plus vagues. […] C’est qu’il faut à toute force, et même contre la vraisemblance, que le spectateur ne puisse se tromper sur l’impression qu’on veut lui causer, et quand Gavarni et Grévin manquent à cette règle du grotesque forcé, c’est qu’ils deviennent peintres de mœurs et cessent d’être de véritables caricaturistes. […] Si les caractères ont quelque peu varié de l’état sauvage au nôtre, c’est surtout grâce aux mobiles que les religions dédaignent : l’orgueil, l’amour de la vie, l’amour des jouissances, l’amour sensuel même, l’intérêt, l’égoïsme individuel, l’égoïsme patriotique ; et dans ce lent travail de formation de lui-même, auquel l’ont si peu aidé ses prêtres, l’homme, en paraissant et en croyant les écouter, ne s’est défait que de ce qui lui nuisait, et n’a recherché qu’une somme supérieure de bonheur, se pliant mieux à la vie naturelle et sociale et suivant ces commandements véritables, que personne ne lui formulait, mais que les climats, la chasse, la guerre, ses sens, toute sa chair, lui ont impérieusement imposés.
Cette excroissance démesurée de la faculté compréhensive constitue une véritable maladie de la volonté, et va jusqu’à la dépraver ou à l’abolir. […] Qu’ils sont rares ceux qui, dans l’ordre de la pensée, se fixent à temps et adhèrent sans réserve à la vérité reconnue par eux perpétuelle, universelle et sainte ; qui, non contents de la reconnaître, s’y emploient tout entiers, y versent leurs facultés, leurs dons naturels : riches leur or, pauvres leur denier, passionnés leurs passions ; orgueilleux s’y prosternent, voluptueux s’y sèvrent, nonchalants s’y aiguillonnent, artistes s’y disciplinent et s’y oublient ; qui deviennent ici-bas une volonté humble et forte, croyante et active, aussi libre qu’il est possible dans nos entraves, une volonté animant de son unité souveraine la doctrine, les affections et les mœurs ; véritables hommes selon l’esprit ; sublimes et encourageants modèles ! […] M. de La Mennais, abandonné à mesure qu’il avançait, dut conquérir en apôtre, un à un, et dans les rangs jeunes et obscurs, ses véritables disciples. […] Il ne dit pas le moins du monde, comme le suppose l’auteur d’ailleurs si impartial et si sagace d’une Histoire de la philosophie française contemporaine : « Voilà des personnes dignes de foi, croyez-les ; cependant n’oubliez pas que ni vous ni ces personnes n’avez la faculté de savoir certainement quoi que ce soit. » Mais il dit : « En vous isolant comme Descartes l’a voulu faire, en vous dépouillant, par une supposition chimérique, de toutes vos connaissances acquises pour les reconstruire ensuite plus certainement à l’aide d’un reploiement solitaire sur vous-même, vous vous abusez ; vous vous privez de légitimes et naturels secours ; vous rompez avec la société dont vous êtes membre, avec la tradition dont vous êtes nourri ; vous voulez éluder l’acte de foi qui se retrouve invinciblement à l’origine de la plus simple pensée, vous demandez à votre raison sa propre raison qu’elle ne sait pas ; vous lui demandez de se démontrer elle-même à elle-même, tandis qu’il ne s’agirait que d’y croire préalablement, de la laisser jouer en liberté, de l’appliquer avec toutes ses ressources et son expansion native aux vérités qui la sollicitent, et dans lesquelles, bon gré, mal gré, elle s’inquiète, pour s’y appuyer, du témoignage des autres, de telle sorte qu’il n’y a de véritable repos pour elle et de certitude suprême que lorsque sa propre opinion s’est unie au sentiment universel. » Or, ce sentiment universel, en dehors duquel il n’y a de tout à fait logique que le pyrrhonisme, et de sensé que l’empirisme, existe-t-il, et que dit-il ?