L’Abbé d’Aubignac est lui-même plus que tout autre la preuve de cette vérité consacrée par l’expérience. […] Il parle à la vérité fort au long de l’Art du Théatre, de l’origine du Drame, de ses especes, des trois unités, des caracteres, des mœurs, des bienséances ; mais ce n’est pas là ce dont on avoit besoin : Aristote & ses Commentateurs avoient assez détaillé ces différentes parties de la Poésie dramatique.
Si on ne décide pas selon les idées du Public, on a le Public, à la vérité, contre soi, avant qu’il soit désabusé ; mais son zele n’est jamais si ardent que celui des particuliers. […] Voilà ce qui rend une Histoire littéraire le plus difficile peut-être de tous les Ouvrages ; car, indépendamment des recherches, du discernement, de l’impartialité, de l’honnêteté même, il faut encore une adresse plus qu’humaine pour dire la vérité sans offenser les oreilles délicates : Nul n’est content de sa fortune, Ni mécontent de son esprit.
L’Histoire du Parlement d’Angleterre & celle du Stathoudérat, ressemblent à ces portraits où la vérité est sacrifiée au coloris, & encore plus à ces étoffes dont la broderie couvre le fond. […] Il ne faut jamais oublier que le genre historique exclut les ornemens recherchés ; que le naturel, une noble simplicité, la chaleur du style, & avant tout, le discernement & l’amour de la vérité, sont les seules qualités qu’il admet.
A la vérité, son autonomie n’est nullement constitutionnelle et légale. […] Serait-ce la vérité ? » ; et ils souhaitent que ce soit la vérité. […] Ils estiment au moins qu’il y a une vérité intime, enveloppée de beaucoup d’ombres, mais enfin une vérité comme centrale dans ce que la majorité des hommes croit vrai, ou qu’il y a dans ce que la majorité embrasse une vérité relative, une vérité pour le moment et selon le moment, quelque chose qui pour le temps où l’on est doit faire office de vérité. […] » La vérité est qu’il ne l’ignore point.
Cette remarquable vérité étant donnée, quels sont ses devoirs et ses droits ? […] « Ce qu’il nous faut, dit-il, c’est la vérité, mais la vérité neuve et profonde. […] Il a voulu trop fortement ou plutôt trop étroitement la vérité fantastique, la vérité propre à un genre particulier de littérature. […] Le dédain de la vérité et le dégoût de la réalité sont une des conditions inévitables d’une telle littérature. […] Octave Feuillet est l’exemple le plus récent de cette vieille vérité.
Personne n’a été comme Bayle amoureux de la vérité pour la vérité, sans songer à voir ou à mettre entre les vérités des degrés d’importance. […] — Sans doute. — Et notre vérité à nous, vérité philosophique, vérité scientifique, vérité morale, qu’est-elle donc ? — Une vérité relative, une vérité de ver de terre, qui ne vaut pas qu’on en soit fier… — Ni qu’on y tienne ? […] Il y a de la vérité dans M. […] L’erreur est bien naturelle à l’homme ; puisque posséder la vérité intellectuelle et la vérité morale, cela mène encore à une illusion, qui est de croire que la vérité est commune.
Ils sont juste le contre-pied de la vérité ; mais on est disposé à tout entendre ce jour-là. […] Ce n’est pas à des hommes politiques qui, tous les jours, appliquent cette manière de voir aux principes de 89, qu’il est besoin de démontrer cette vérité : de ce qu’on ne va pas aussi loin que tout le monde, et de ce que même, à un moment, on recule un peu, il ne s’ensuit pas qu’on se convertisse ni qu’on renonce à tout. […] Voilà que vous vous retranchez dans le beau convenu et dans le noble, fût-il ennuyeux, et moi je me déclare pour la vérité à tous risques, fût-elle même la réalité. — Ou en d’autres jours, vous abondez dans votre prose, et je me replonge dans la poésie. […] Rendre à la poésie française de la vérité, du naturel, de la familiarité même, et en même temps lui redonner de la consistance de style et de l’éclat ; lui rapprendre à dire bien des choses qu’elle avait oubliées depuis plus d’un siècle, lui en apprendre d’autres qu’on ne lui avait pas dites encore ; lui faire exprimer les troubles de l’âme et les nuances des moindres pensées ; lui faire réfléchir la nature extérieure non seulement par des couleurs et des images, mais quelquefois par un simple et heureux concours de syllabes ; la montrer, dans les fantaisies légères, découpée à plaisir et revêtue des plus sveltes délicatesses ; lui imprimer, dans les vastes sujets, le mouvement et la marche des groupes et des ensembles, faire voguer des trains et des appareils de strophes comme des flottes, ou les enlever dans l’espace comme si elles avaient des ailes ; faire songer dans une ode, et sans trop de désavantage, à la grande musique contemporaine ou à la gothique architecture, — n’était-ce rien ?