qui renferme — ou nous nous trompons beaucoup — une simplification entr’aperçue de la question de la liberté.
Il devait s’y tromper un jour. […] Elle était longue ; elle contenait des maximes et des considérations d’homme d’État ; elle me prophétisait je ne sais quelles destinées grandioses trompées depuis. […] « Il m’envoyait chercher à chaque instant dans ses jardins ou dans ses cours, pour avoir un conseil ou un appui dans ma personne ; il ne craignait pas de se tromper s’il se trompait avec moi : n’étais-je pas la popularité vivante ? […] Depuis que la politique avait tour à tour accompli ou trompé ses espérances, il avait replié son âme, pour ainsi dire, dans la bienfaisance. […] » XXXIII Puis c’étaient de jeunes ouvriers en grand nombre qui se trompaient de vocation en prenant leur travail manuel en dégoût et qui s’admiraient eux-mêmes dans des vers incultes qu’ils prenaient pour des promesses de génie, parce qu’ils ignoraient les conditions rares et providentielles du vrai génie.
Il trompe sa souffrance en la criant, la plume à la main. […] Il ne faut pas s’y tromper. […] Ne nous y trompons pas. […] Elles se sont trompées sur le but même et l’objet réel de l’enseignement secondaire ». […] Pour tromper la longueur de cette captivité volontaire, il écrit toute la journée.
Mais il faut cependant se le prononcer avec rigueur, du moment que dans une liaison intime et sincère, telle qu’elle doit exister entre des êtres vrais et purs, l’un des deux est infidèle, l’un des deux peut tromper ; c’est qu’il était indigne du sentiment qu’il inspirait. […] Les philosophes promettent les biens temporels à ceux qui sont vertueux, ils ont raison à quelques égards : car dans le cours ordinaire des choses il est très probable que les bénédictions de cette vie accompagnent une conduite morale ; mais si l’attente à cet égard était trompée, le désespoir serait donc légitime ; car la vertu n’étant considérée que comme une spéculation, lorsqu’elle est manquée, l’on pourrait abdiquer l’existence. […] Nous laisserons de côté, comme tout à fait étrangers à notre sujet, ceux dont l’ambition a seulement pour but le pouvoir et la fortune : mais nous examinerons avec attention en quoi consiste la dignité morale de l’homme ; et cet examen nous conduira nécessairement à juger l’action d’immoler sa vie sous deux points de vue absolument contraires : le sacrifice inspiré par la vertu, ou le dégoût qui résulte des passions trompées. […] Mais ceux qui se représentent les Anglais comme des hommes d’un caractère froid, se laissent tout à·fait tromper par la réserve de leurs manières. […] — — Le peuple, dit Asham, croit coupables tous ceux qu’il voit périr de la mort des criminels. — Le mensonge, lui répondis-je, peut tromper quelques individus pendant quelques années, mais les nations et les siècles font toujours triompher la vérité ; il y a de l’éternité dans tout ce qui tient à la vertu, et ce que nous avons fait pour elle arrivera jusqu’à la mer, quelque faible ruisseau que nous ayons été pendant notre vie.
Elle ressemble en quelque façon si vous écartez la diversité des apparences à la vie de la sainte courtisane Thaïs, qui eut une enfance pieuse, qui ensuite s’abandonna au désordre, mais en gardant le souci de la beauté et de la bonté, et qui enfin se reposa des autres amours dans le seul amour qui ne trompe pas puisque, s’il trompe, nous n’en saurons jamais rien. […] Et ainsi l’on craint que, la justesse surprenante des images emportant pour lui la vérité du fond, ce positiviste si défiant ne se soit laissé quelquefois tromper par les mots. […] De tout cela, mélancolie foncière, pessimisme absolu, travail effréné, activité fébrile qui semble avoir peur du repos et vouloir tromper la vie, refus de sourire, retranchement ascétique de tout épicuréisme intellectuel, je conclus naturellement à une excessive sensibilité, et d’autant plus violente qu’elle est publiquement plus comprimée à une extrême capacité de désir et de souffrance… Et cela est très singulier, à cause de la forme qui n’est pas précisément, ici, celle d’un Musset ou d’un Byron. […] Il se demande à quoi aura servi d’emprunter à l’ennemi son système de recrutement si l’on n’a pas su lui emprunter du même coup son âme patiente, endurante, disciplinée, encline au respect… Si l’on s’était trompé, pourtant ?
Et quand le moment de l’initiation arrive, quand l’oracle parle enfin au fond du souterrain, est-ce que je me trompe ? […] Mais on se tromperait fort en croyant qu’elle observât médiocrement la vie réelle et qu’elle ne s’en inspirât que rarement. […] Elle a une complaisance excessive à développer ses idées ; elle s’endort parfois, elle s’oublie dans une sorte de prolixité qui la trompe elle-même ; elle a ses négligences. […] Sur ce point-là, au moins, elle ne les a jamais trompés. […] Ne pourrait-on pas s’y tromper ?
C’est vers ce temps que, sous prétexte de consulter les hommes de l’art, mais en réalité plutôt pour tromper ses anxiétés par l’étude, il se rendit à Paris, n’y consulta personne, renonça tout bas et avec larmes à la vocation d’artiste, et, renouant avec les lettres, s’appliqua à devenir un instituteur éclairé. […] Lorsque plus tard l’aimable auteur du Lépreux acheva de connaître celui dont la théorie l’avait attiré, lorsqu’il put lire ces touchantes petites productions, sœurs des siennes, la Bibliothèque de mon Oncle, le premier chapitre du Presbytère, il dut voir avec bonheur combien entre certaines natures les premières affinités trompent peu, et qu’il y a des parentés devinées à distance entre les âmes. […] Charles, en devinant, s’est trompé, mais de peu ; il s’est trompé sur les incidents, non pas sur les sentiments.