Necker, l’histoire doit le reconnaître, était en même temps un honnête homme : en trompant le roi, la cour et la nation, il se trompait lui-même. […] XIV Elle essaya ses forces dans la langue qui tente et qui trompe le plus les jeunes imaginations, celle des vers. […] Elle se trompait encore : Bonaparte haïssait la liberté et la république de toute l’ambition qui l’emportait vers l’empire. […] Aussi, comme on le verra par la suite, ne s’est-il jamais trompé dans ce monde que sur les honnêtes gens, soit comme individus, soit surtout comme nations. » Lamartine.
Cette généreuse passion devait le tromper comme les autres. […] Un écrivain qui s’est trompé de date en naissant, et qui aurait dû naître dans le siècle de Léon X, dont il a le zèle et la studieuse curiosité pour les lettres et pour les arts, le comte de Circourt, a découvert sur les lieux l’objet jusque-là inconnu des premiers vers de Michel-Ange. […] Je le sais, moi l’ami et le confident de la sublime sculpture ; moi qui vois chaque jour le temps m’échapper et tromper ma confiance en lui ! […] « Ô destinée cruelle de toutes mes aspirations trompées !
On ne saurait prouver qu’il soit arrivé un miracle dans le passé, et nous attendrons sans doute longtemps avant qu’il s’en produise un dans les conditions correctes qui seules donneraient à un esprit juste la certitude de ne pas être trompé. […] Il y aura des scissions, je le crois plus que jamais, mais le vrai catholique dira inflexiblement : « S’il faut lâcher quelque chose, je lâche tout ; car je crois à tout par principe d’infaillibilité et le principe d’infaillibilité est aussi blessé par une petite concession que par dix mille grandes. » De la part de l’Église catholique, avouer que Daniel est un apocryphe du temps des Macchabées serait avouer qu’elle s’est trompée ; si elle s’est trompée en cela, elle a pu se tromper en autre chose ; elle n’est plus divinement inspirée.
» Vous voyez bien que, quand je vous parlais d’infection, je ne vous trompais pas ! […] Après le vigoureux hoquet panthéiste à travers lequel saint Antoine s’écrie qu’il « voudrait se mêler à tout, voler, nager, aboyer, beugler, hurler, souffler de la fumée, avoir une carapace, porter une trompe, s’émanier avec les odeurs, couler comme l’eau, se développer comme la plante, briller comme la lumière, pénétrer les atomes, Être la matière » , tout à coup, on ne sait pourquoi, le ciel se découvre dans les nuages d’or, « et on voit dans le disque même du soleil la figure rayonnante de Jésus-Christ ». […] Malheureusement pour eux, et heureusement pour nous que cela venge de leurs publications, leur instinct de chacals est souvent en défaut, et ils se trompent en fait de lions… Mérimée, le sec et maigre Mérimée, au flanc creusé et au museau pointu, n’a, littérairement, rien du lion. […] Il a été tout de suite, lui aussi, un de ces heureux à qui on n’a pas marchandé la gloire, et quoiqu’il ait fait tout ce qu’il fallait pour la perdre, elle lui est restée fidèle, comme ces femmes qui restent fidèles aux maris indignes qui les trompent.
Quand l’auteur de la Némésis, Barthélemy, me décochait ses iambes mordants pour arrêter ma marche au début de ma carrière civique, j’étais jeune, riche, heureux, entouré de ces illusions du matin de la vie que trompe si souvent le soir, armé de mes vers pour le combat poétique, armé de ma parole aux tribunes pour le combat politique ; il était peut-être injuste, mais il était loyal et courageux de m’attaquer dans ma force. […] Quand sous le fer trompé César fut abattu, Antoine eut peur en lui d’un reste de vertu ; Fulvie aux triumvirs mendia cette tête ; Octave marchanda ; Lépide, un jour de fête, Ne pouvait refuser ce bouquet au festin ; La courtisane obtint ce plaisir clandestin ; La meute des soldats, qu’un délateur assiste, Sortit de Rome en arme et courut sur la piste.
M. de Bismarck, qui s’était annoncé comme devant l’arrêter en cinq ans au moyen de ses lois répressives, s’est évidemment trompé, au moins cette fois. […] On se trompe moins en avouant qu’on ignore qu’en s’imaginant savoir beaucoup de choses qu’on ne sait pas.
Il dit, en effet, dans son Emile : « La nature ne se trompe pas. » Et « la nature » signifie là les penchants naturels au cœur humain. […] Théophile Gautier l’a décrit avec amour48 : « Ce nez invraisemblable se prélasse dans une figure de trois quarts, dont il couvre entièrement le petit côté ; il forme sur le milieu une montagne qui me paraît devoir être, après l’Himalaya, la plus haute montagne du monde ; puis il se précipite vers la bouche qu’il obombre largement, comme une trompe de tapir, ou un rostre d’oiseau de proie ; tout à fait à l’extrémité, il est séparé en deux portions… Cela fait comme deux nez distincts, dans une même face, ce qui est trop pour la coutume… » Les gens de lettres sont alors riches en particularités comiques du même genre.