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322. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il n’y a qu’un point sur lequel je veux bien reconnaître que je m’étais peut-être trompé. […] Mais il se peut que je me sois trompé. […] Dumas à Raymonde elle-même : « Tromper, je ne saurai pas..Tu te vantes, malheureuse ! voilà six ans que tu trompes le cœur le plus loyal et le plus confiant. […] Il se trompe.

323. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Je me trompais et j’en suis bien fâché. […] Mais ce siècle l’est si peu qu’il se laisse aisément tromper en ces matières. […] Elle le trompe, c’est vrai, mais elle est trop fine pour qu’il s’en doute jamais. Et encore, le trompe-t-elle ? […] Ce poète nous a trompés.

324. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Il se maria deux fois et fut horriblement trompé par ses deux femmes. […] A-t-elle trompé son mari ? […] Et pourtant je comprends mieux, à présent, que Jean-Jacques se soit trompé, qu’il ait dû se tromper de cette façon-là. […] Jean Jullien se soit trompé. […] Vanina est trompée par son amant, le poète Renato.

325. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 459-462

L’impiété seroit-elle plus excusable & mieux fondée, quand il seroit vrai que les Défenseurs du Christianisme se sont trompés quelquefois ?

326. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

XVI Fontanes ne s’y trompa pas. […] Je m’imagine encore que, trompés comme moi, ils me disent : Vous ne nous apprenez rien ; vous ne nous donnez aucun moyen d’adoucir nos peines ; au contraire, vous prouvez trop qu’il n’en existe point. […] Chactas s’extasie : « Pompe nuptiale, digne de nos malheurs et de la grandeur de nos amours : superbes Forêts qui agitiez vos lianes et vos dômes comme les rideaux et le ciel de notre couche ; Pins embrasés qui formiez les flambeaux de notre hymen ; Fleuve débordé ; Montagnes mugissantes, affreuse et sublime Nature, n’étiez-vous donc qu’un appareil préparé pour nous tromper, et ne pûtes-vous cacher un moment dans vos mystérieuses horreurs la félicité d’un homme ! 

327. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Il en coûte sans doute à s’humilier ; mais la moindre résistance coûterait cent fois davantage à mon cœur. » XXX Le lendemain, il publia une déclaration à ses diocésains, dans laquelle il s’accuse lui-même d’erreur dans son livre des Maximes des Saints. « Nous nous consolons, dit-il dans cette déclaration, de ce qui nous humilie, pourvu que le ministère de la parole que nous avons reçu du Seigneur pour votre sanctification n’en soit pas affaibli, et que l’humiliation du pasteur profite en grâce et en fidélité au troupeau. » Sans doute l’arrêt officiel de Rome ne changea pas au fond de son cœur ses sublimes convictions sur l’amour désintéressé et absolu de Dieu : il ne crut pas s’être trompé dans ce qu’il sentait ; mais il crut s’être égaré dans ce qu’il avait exprimé ; il crut surtout que l’Église voulait imposer le silence sur des subtilités qui peuvent troubler les âmes et embarrasser son gouvernement, et il acquiesça avec bonne foi et avec humilité à ce silence. […] Il ne se trompait pas. […] Sa poésie enchante notre enfance, sa religion respire la douceur ; sa politique même n’a que les erreurs et les illusions de l’amour trompé ; sa vie tout entière est le poëme de l’homme de bien aux prises avec les impossibilités des temps.

328. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

On s’est parfois singulièrement trompé sur l’attitude de Corneille à l’égard des fameuses règles : on a plaint trop facilement ce grand génie ligoté par de pédantesques lois, et se débattant en vain contre leur fatale contrainte. […] Il en cherche l’illusion plutôt que la réalité, avec une minutieuse patience, dans le dépouillement des textes, dans la collection des petits faits et des noms locaux ; et cela lui a réussi, puisqu’il a trompé jusqu’aux critiques. […] Ne nous y trompons pas : il n’y a d’original, de grand, de vrai dans les Romains de Corneille que ce qui est cornélien, et non romain, c’est-à-dire le mécanisme moral.

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