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273. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

II La contrée où je suis né, bien qu’elle soit voisine du cours de la Saône, où se réfléchissent d’un côté les Alpes lointaines, de l’autre des villes opulentes et les plus riants villages de France, est aride et triste ; des collines grises, où la roche nue perce un sol maigre, s’interposent entre nos hameaux et le grand horizon de la Saône, de la Bresse, du Jura et des Alpes, délices des yeux du voyageur qui suit la rive du fleuve. […] La triste option à faire, en ce temps-là, entre des tyrans populaires ou des oppresseurs militaires, était presque tous les jours le thème de leur discussion. Quand ces discussions étaient épuisées et terminées par de tristes retours sur la monotonie des regrets et sur la vanité des espérances, mon père, M. de Vaudran ou le jeune abbé tiraient un volume de leur poche ; ils citaient à l’appui de leurs opinions l’autorité de l’écrivain qu’ils étudiaient alors. […] Ce visage pâle, triste et doux comme une apparition au clair de lune, s’imprima d’un seul regard dans ma mémoire. […] XL D’acteur que je fus pendant vingt ans dans ce triste drame oratoire ou populaire de ma patrie, le prompt dégoût du peuple et la mobilité ordinaire des choses humaines m’ont rejeté au rang des spectateurs les plus oubliés ; je ne m’en plains pas : c’est le bon côté des disgrâces ; quand la foule se précipite où l’on ne veut pas aller, heureux l’homme seul !

274. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 419-420

Il paroîtra toujours étrange que la Philosophie ne craigne pas de se dégrader ainsi, pour défendre les prétendues lumieres qu’elle s’obstine à répandre, malgré le peu d’accueil qu’on leur fait, & les tristes effets qu’elles produisent.

275. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 438-439

Il se préparoit cependant à donner une suite à son Comte de Gabalis, lorsqu'il fut assassiné sur la route de Lyon. « Les Rieurs dans une affaire si triste », raconte l'Auteur des Mélanges, connu sous le nom de Vigneuil-Marville, « disoient que c'étoient des Gnomes & des Sylphes déguisés qui avoient fait le coup, pour le punir d'avoir révélé les secrets de la Cabale ».

276. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 361-363

Je ne saurois penser au bonheur où j’aspire, Sans témoigner l’excès de mon contentement ; Mais, d’un autre côté, ce triste éloignement, Lorsque je songe à vous, fait aussi que j’expire.

277. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Chose triste à dire ! […] Retracer ce triste épisode de notre histoire contemporaine ne sera point, nous le croyons, une tâche inutile. […] Elle a fait rire de ce qui est triste, et amusé de ce qui est odieux. […] Si je rentrais dans son sein, ce serait pour mieux la combattre ; car s’il est triste d’être pendu, il est plus triste encore de mourir de faim ; l’agonie est moins longue. […] Ce n’étaient pas seulement les forces de l’industrie, c’était, chose plus triste !

278. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Il ne doit point y avoir entre ces gens-là la même hauteur ni la même triste humilité que j’ai vue ailleurs. […] Un jour, travaillant chez Mlle de La Prise qui a eu des bontés pour elle, et qui, la voyant pâle, triste et tremblante, l’a pressée de questions affectueuses, ce soir-là, avant de sortir, les sanglots éclatent : elle lui confesse tout ! […] Ce qu’il y a de plus clair à conclure, c’est qu’entre ce Mari sentimental de M. de Constant et cette Femme sentimentale de Mme de Charrière, l’idéal du mariage est très-compromis ; ce double aspect des deux romans en vis-à-vis conduit à un résultat assez triste, mais curieux pour les observateurs de la nature humaine. […] Ou, pour parler moins haut et plus à l’unisson de la nature, en fait de morale je suis comme Mme de Charrière : il me suffit qu’il y ait quelque chose dans quelqu’un 235 Mme de Charrière eut, ce semble, une vieillesse assez triste et qui renfermait stoïquement sa plainte. […] Elle ne paie en rien tribut au terroir…en rien ; pourtant je lis en un endroit de Caliste :« Mon parent n’est plus si triste d’être marié, parce qu’il oublie qu’il le soit, » au lieu de qu’il l’est.

279. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

C’est triste. […] « Je veux racheter par ma vie entière les peines que je vous ai données pendant deux ans. » Cette époque est triste, malgré le pardon généreusement accordé par madame Récamier. […] C’est son caractère, il est grand, parce qu’il est religieux ; il est grand, parce qu’il est éloquent ; il est grand, parce qu’il est triste ; il est grand, parce qu’il est poëte ! […] La femme meurt, et Chactas en reste stupéfié pendant sa longue et triste vie.

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