/ 1859
1167. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

) Une conception du monde, si grandiose et si triste, que nous n’y avons guère ajouté. […] C’est triste, et ça n’est pas utile. — Mais il faut que la mère coupable soit châtiée. — Oh ! […] Il la voit triste, il la croit sage ; il lui demande sa main. […] Il faudrait la plume des Goncourt, celle qui a conté Charles Demailly, pour dire le triste roman de la survivance du frère aîné. […] Katerina est triste, Kabanov abruti, et la petite Varvara a des airs sournois.

1168. (1898) Essai sur Goethe

L’unité de lieu me semblait triste comme une prison, les unités d’action et de temps m’apparurent comme de pesantes chaînes mises à notre imagination. […] marche à ton triste but ! […] Que chacun soit complet en soi. — Le triste sort de la France peut donner à penser aux grands : toutefois, il doit plus encore faire réfléchir les petits. […] Mais il suffit de lire leur belle correspondance — qu’un de leurs détracteurs a le triste courage de qualifier d’« échange de dépêches esthético-littéraires » — pour en juger plus justement. […] et, triste à l’excès, fut un martyre, un éternel Vendredi-Saint.

1169. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Et la réponse, d’abord un peu triste, bientôt paraît tout éclairée de quelque impérissable bonheur. « Oui, il faut que cela soit ! […] C’est moins de minutie dans la suite des analyses, un emportement plus continu de la phrase musicale ; et des allegros furieusement vulgaires, coupés de quelque gracieuse danse ou d’un bref repos un peu triste. […] Les hommes que nous croyons réels, ils sont — et rien de plus — la triste opacité de leurs spectres futurs. […] M. le comte de Villiers, promu à une dignité pénible, se fût vite lassé de sa triste lâche. […] Mais au-dessus de tout cela il y a le roman, ou plutôt le drame, le triste drame des amours de la comtesse Martin et de Jacques Dechartre ; et je voudrais dire encore la forte émotion que j’y ai ressentie.

1170. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

. — Vous vous plaignez d’être triste et sans courage ? […] La masse épaisse de ses cheveux encadrait un front triste et superbe… ». […] Daudet seront des romans tristes. […] Cette lente démoralisation, c’est la vraie déchéance ; c’est l’abdication de soi, triste entre toutes les formes d’abdication. […] J’étais un triste reclus dans la morne École normale.

1171. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Henri Meilhac. — Une triste originalité du théâtre contemporain. — La vertu de Célimène. — Casuistique féminine […] Nous sommes tristes, tant mieux ! […] Jules Noriac, ce railleur à la surface, est naturellement et profondément triste ; et, comme toujours, l’habitude de la tristesse lui a donné l’habitude de la commisération ; il a l’ironie compatissante. […] Et je fus introduit sur-le-champ dans une pièce carrelée et froide où grelottait un homme triste. […] N’est-il pas triste qu’ils se dépensent à ces niaiseries rythmées et mettent leur orgueil à exprimer le néant ?

1172. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Dans tous ses ouvrages la vertu, le dévouement ont un triste sort. […] Si Nana est le produit de quatre générations d’ivrognes et de buveurs d’absinthe ayant, par leur intempérance et l’absorption d’une boisson traîtresse, contracté et légué l’horrible maladie, Nana ne peut avoir dans les veines qu’un sang appauvri et vicié elle doit être la triste victime de l’inexorable loi de l’hérédité, la transmission pathologique étant bien plus certaine que la transmission morale. […] Cela peut être triste, me répondra-t-on, mais si c’est vrai.

1173. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Avoir rêvé de passionner les hommes et les femmes et n’être plus que le pensum triste qui retient en prison un écolier distrait ! […] Les témoins du passé ne sont jamais que des paradoxes ; ils ont commencé à languir quelques années, ou moins, après leur naissance, et leur vieillesse se traîne triste et ridée parmi les hommes qui ne les comprennent plus, ni ne les aiment. […] Etre Pradon dans les siècles, c’est vivre d’une gloire obscure et fâcheuse, triste et vaine ; sans doute, mais à peine moins précaire que la vie que nous nommons véritable. […] Juge de paix, Tamburini taxerait les nuits et les moments ; Jésuite bénin, qu’il serait aimé des tristes voyageuses qui de Cythère reviennent les mains vides ! […] Ceux qu’on n’a pu jeter dans les bagnes ou faire crever de faim sur la paillasse, on les envoie là finir leurs tristes jours.

/ 1859