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261. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Aristote assignait à la tragédie comme ressorts essentiels la terreur et la pitié. […] On peut compter les pièces où elle manque : Athalie, la Mort de César, quelques tragédies de Marie-Joseph Chénier font exception à la règle générale ; mais ces exceptions sont bien rares. […] Si de la tragédie nous passons à la comédie, la tradition lui impose un dénouement heureux et elle finit régulièrement par un mariage, le mariage étant toujours un dénouement heureux au théâtre. […] Les tendres bergers du Lignon, comme les galants héros des pastorales et des tragédies précieuses, font profession de ne vivre que pour l’amour. […] Les chefs des Frondeurs s’appellent souvent de noms empruntés à des héros de roman ; La Rochefoucauld, blessé, en danger d’être aveugle, fait hommage de ses souffrances à Mme de Longueville par ces deux vers. qu’il emprunte, en les remaniant, à une tragédie : Faisant la guerre au roi, j’ai perdu les deux yeux ; Mais pour un tel objet je l’aurais faite aux Dieux.

262. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

La tragédie de Sophocle semblait à Corneille d’une simplicité un peu enfantine, et Voltaire n’y voyait qu’une œuvre informe et barbare. […] Quand nous lisons la tragédie de Sophocle, est-ce donc pour savoir qui a tué Laïus et quels sont les parents d’Œdipe ? […] Le portrait du poète ridicule, qui n’arrive pas à lire sa tragédie, semble exaspérer la Harpe. […] On discute, au premier acte, si la tragédie doit être chantée ou dite naturellement. […] Mais voyez comme la tragédie racinienne tourne ici au drame.

263. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Le menteur est la comédie de l’honneur et de l’amour comme le Cid en est la tragédie et comme Horace est la tragédie de l’honneur et de l’amour et comme Cinna est la tragédie du pouvoir et comme Polyeucte est la tragédie de la foi (et en deuxième de l’amour). […] De là que cette grande et précellente tragédie est double, une tragédie sacrée, une tragédie profane, et que la précellence de la tragédie sacrée sur la tragédie profane n’est point obtenue frauduleusement. […] Nous ne voyons pas que la grande tragédie profane de Corneille (le Cid étant mis à part, car à vrai dire il n’est pas une tragédie profane, il est une sorte de tragédie sacrée de l’honneur et de l’amour, (et de la jeunesse), plus précisément une tragédie sacrée de ce que l’honneur et l’amour ont de sacré dans l’âge de la jeunesse), historiens et habitués nous ne voyons pas que la grande tragédie profane de Corneille, comparable (et incomparable), la tragédie profane de l’âge de Titus et de Bérénice c’est Polyeucte encore, c’est la tragédie profane qui court sous la tragédie sacrée dans Polyeucte, ou plutôt c’est la tragédie profane sur laquelle repose et de laquelle s’élève la tragédie sacrée de Polyeucte. […] Voilà la pure tragédie d’un amour profane et pleinement et purement antique et mélancolique et inguérissable ou plutôt voilà la pure et pleine et antique et mélancolique et inguérissable tragédie profane de l’amour. […] Mais quelle ne faut-il pas que soit la grandeur d’une tragédie sacrée qui nous masque à ce point toute l’autre.

264. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Ce charmant chez Soumet revient tous les trois ou quatre vers, qu’il s’agisse de tragédie ou d’épopée ; on pourrait appliquer encore à sa manière pompeuse, sonore et creuse, à son vers spécieux et brillant, le bellum caput, sed cerebrum non habet du fabuliste : belle forme, mais vide d’idées ! — Il y a eu le samedi 5 avril, au Théâtre-Français, un succès de tragédie nouvelle : Virginie, par M.

265. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Chirurgie. » pp. 215-222

Non, il n’est pas de tragédie écrite qui égale, en intensité d’émotion, cette tragédie sans paroles.

266. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — La Tragédie du Nouveau Christ. — Les Chants de la Vie ardente […] Société du Mercure de France. — Agamemnon, tragédie d’Eschyle, traduite en prose), id. […] Juven, in-18. — Les Chants séculaires, poèmes précédés d’une préface de Louis Bertrand, 1903, Ollendorff, in-18. — Dionysos, tragédie antique en vers représentée au théâtre d’Orange le 3 août 1904, Eug. […] — Anthologie de l’Amour Provençal (en coll. avec Jules Véran). — La Légende d’Erin, tragédie de Julius Zeyer, adaptée du tchèque, en coll. avec J.  […] Œuvres. — Races de Soleil, roman, 1900. — La Tragédie moderne, étude, préface de Paul Mounet.

267. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Guadet, une tragédie manuscrite en cinq actes et en vers, Charlotte Corday, composée par Salles, député à la Convention, l’un des Girondins proscrits, et qui l’écrivait pendant sa proscription même, sous le coup de la mort43. […] cet homme qui a vécu en pleine tourmente, au milieu des Jacobins, qui a entendu tous les jours Danton, Robespierre, les fait parler dans le style élégamment délayé de la tragédie classique du troisième ordre : c’est une troisième décoction de Campistron. Danton parle comme un traître de tragédie (passe encore si c’était Rarère) ; il harangue en ces termes ses complices Robespierre, Rarère, Hérault-Séchelles, etc. : c’est à Rarère effrayé et qui vient de tracer de la situation un tableau très sombre, qu’il répond : Avant de m’expliquer sur ces grands intérêts, Je dois de ce récit adoucir quelques traits. […] Cette tragédie de Salles a été publiée depuis par les soins de M. 

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