Or, dans une lutte aussi inégale, la seule victoire à espérer est de n’être pas constamment vaincu ; la seule ressource dans la défaite, lorsqu’on ne peut l’éviter, est de la dissimuler avec art, et, puisqu’il faut tomber, de tomber du moins avec grâce.
Il a eu beau représenter que les quatre ou cinq malencontreuses pages vides qui escortaient la première édition, et dont le libraire s’est obstiné à déparer celle-ci, lui avaient déjà attiré les anathèmes de l’un de nos écrivains les plus honorables et les plus distingués1, lequel l’avait accusé de prendre le ton aigre-doux de l’illustre Jedediah Cleishbotham, maître d’école et sacristain de la paroisse de Gandercleugh ; il a eu beau alléguer que ce brillant et judicieux critique, de sévère pour la faute, deviendrait sans doute impitoyable pour la récidive ; et présenter, en un mot, une foule d’autres raisons non moins bonnes pour se dispenser d’y tomber, il paraît qu’on lui en a opposé de meilleures, puisque le voici maintenant écrivant une seconde préface, après s’être tant repenti d’avoir écrit la première. […] Il eût pu, à la vérité, emprunter d’autres couleurs sur la même palette, et jeter ici quelques bonnes pages bien philanthropiques, dans lesquelles — en côtoyant toutefois avec prudence un banc dangereux, caché sous les mers de la philosophie, qu’on nomme le banc du tribunal correctionnel — il eût avancé quelques-unes de ces vérités découvertes par nos sages pour la gloire de l’homme et la consolation du mourant ; savoir : que l’homme n’est qu’une brute, que l’âme n’est qu’un peu de gaz plus ou moins dense, et que Dieu n’est rien ; mais il a pensé que ces vérités incontestables étaient déjà bien triviales et bien usées, et qu’il ajouterait à peine une goutte d’eau à ce déluge de morales raisonnables, de religions athées, de maximes, de doctrines, de principes qui nous inondent pour notre bonheur, depuis trente ans, d’une si prodigieuse façon qu’on pourrait — s’il n’y avait irrévérence — leur appliquer les vers de Regnier sur une averse : Des nuages en eau tombait un tel degoust, Que les chiens altérés pouvaient boire debout.
De toutes ces accusations, dont la moindre feroit regarder Bayle comme un monstre, si l’on ignoroit dans quel égarement de raison tomba son adversaire, il n’en est qu’une qui mérite qu’on s’y arrête, celle d’impiété. […] Longtemps avant sa mort, il tomba dans l’enfance.
Je n’examine pas si ces reproches sont fondés ; mais, en supposant qu’ils le fussent, on pourrait facilement renvoyer l’objection à ceux qui la font, car il leur arrive souvent à eux-mêmes, en vertu d’un préjugé contraire, de tomber dans l’erreur inverse : ils sont autant prévenus contre l’existence de l’âme que les autres en faveur de cette existence ; ils arrangent aussi les choses pour les accommoder leur hypothèse favorite, et si quelqu’un fait par hasard allusion à quelque être métaphysique distinct des organes, ils l’arrêtent aussitôt en lui disant que cela n’est pas scientifique. […] Il tombe lui-même sous les objections qu’il fait à ses adversaires, et on sent qu’il est sous le joug d’une idée préconçue, ce qui affaiblit beaucoup l’autorité de ses paroles.
La vue d’un torrent qui tombe à grand bruit à travers des rochers escarpés qu’il blanchit de son écume, me fera frissonner. […] Une teinte, un voile triste, obscur et monotone est tombé rapidement sur la scène.
Les sçavans disputent donc sur le sens d’un grand nombre de passages de Vitruve ; mais ils tombent tous d’accord que son texte seroit clair si nous avions ses figures. […] Les anatomistes les plus experts tombent aussi d’accord qu’ils auroient peine à concevoir le rapport d’une nouvelle découverte, si l’on ne joignoit pas une figure à ce rapport.
L’air est encore exposé à plusieurs vicissitudes, qui proviennent des causes étrangeres, comme sont l’action du soleil diversifiée par sa hauteur, par sa proximité et par l’exposition, comme par la nature du terrain sur lequel ses raïons tombent. […] Cette difference qui est entre l’air de deux contrées, ne tombe point sous aucun de nos sens, et elle n’est pas encore à la portée d’aucun de nos instrumens.