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1061. (1902) La poésie nouvelle

On dirait que les images, à mesure qu’elles vieillissent, s’écartent de l’Inconscient auquel d’abord elles ont adhéré presque et que, se flétrissant ensuite, elles tombent comme des feuilles mortes.‌ […] Empêcher l’âme de tomber dans cette torpeur, l’entretenir toujours fervente, c’est le rôle de l’Art, et il n’y réussit que par de « minutieux et subtils coups de fouet, le mouvement, le nouveau ».‌ […] » ‌ Mais nul n’a voulu faire le premier pas, Voulant trop tomber ensemble à genoux.‌ […] La neige tombe, comme une pauvre laine, en petites touffes impondérables, qui s’accumulent, s’entassent ; et elle est pâle et mortuaire, la neige au loin. […] Et c’est en vain que la nuit tombe sur la ville apparue, enveloppant toutes choses, au loin, du voile d’oubli.

1062. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Il n’est donc pas vraisemblable que, si la Grèce eut besoin de députer quelqu’un à Pyrrhus, son choix soit tombé sur Oreste. […] Moins il est sensé, plus il est brillant et théâtral : si cette remarque est une critique, c’est sur le théâtre qu’elle tombe ; elle n’est qu’un éloge pour Racine. […] Une mère à vos pieds peut tomber sans rougir ! […] Son Britannicus tomba ; sa Phèdre fut abandonnée ; son Athalie fut conspuée ; son humanité, son amour pour le peuple lui fit perdre les bonnes grâces du roi. […] crimes : son exemple fait voir qu’un homme d’état qui tombe dans la disgrâce, n’a souvent pas de meilleur ami et de meilleur conseiller que la femme qu’il dédaignait dans la prospérité.

1063. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

L’idéal suprême, à l’instant où on le découvre, fait tomber le ciseau des mains de l’artiste ; mais il le reprend bientôt, et poursuit plus lent et plus sûr, ne perdant plus de l’œil la grande beauté.

1064. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Van Lerberghe, Charles (1861-1907) »

Van Lerberghe note ainsi sur l’amour, l’ingénuité de l’amour, sur la mort, sur l’attente de l’espérance de la découverte, des lieds imprécis et charmants, où les syllabes semblent du silence enchanté, et c’est ainsi : La Ménagère, Dans la pénombre (un poème de seize absolument charmant), La Barque d’or que connaissent bien les lettrés : Mais une qui était blonde,         Qui dormait à l’avant, Dont les cheveux tombaient dans l’onde,         Comme du soleil levant Nous rapportait sous ses paupières         La lumière.

1065. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre V. Caractère du vrai Dieu. »

Les nuées amoncelées formaient autour de lui un pavillon de ténèbres : l’éclat de son visage les a dissipées, et une pluie de feu est tombée de leur sein.

1066. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

Nos derniers idéologues sont tombés dans une grande erreur, en séparant l’histoire de l’esprit humain de l’histoire des choses divines, en soutenant que la dernière ne mène à rien de positif, et qu’il n’y a que la première qui soit d’un usage immédiat.

1067. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Épilogue »

Tomber n’est pas toujours tragique.

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