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205. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Mitscherlich, et vous arrivâtes à votre belle théorie de la dissymétrie moléculaire. […] Votre théorie des germes de putréfaction ouvre une voie qui sera un jour et qui est déjà féconde pour le bien de notre pauvre espèce. La vaccination, qui n’avait été jusqu’ici qu’une application très particulière d’une théorie à peine ébauchée, devient entre vos mains un principe général, susceptible des usages les plus variés. […] Pour moi, je ne vois pas une théorie politique au nom de laquelle on ait le droit de jeter la première pierre aux théories vaincues.

206. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Au milieu de ces soins tout paternels, il composa son premier écrit, qui contient déjà tous les autres, et qu’il fit imprimer à Constance par des prêtres émigrés qui y avaient établi une imprimerie française : Théorie du pouvoir politique et religieux dans la société civile, démontrée par le raisonnement et par l’histoire, par M. de B…, gentilhomme français, 1796. […] Je ne citerai de sa Théorie du pouvoir que deux ou trois endroits remarquables, et qui peuvent s’entendre sans recourir à la formule. […] Un des chapitres les plus cités de ce premier écrit (La Théorie du pouvoir) est celui qui a pour titre : « Jésus-Christ ». […] Le nom et le personnage de M. de Bonald sont une de ces représentations les plus justes et les plus fidèles qu’on puisse trouver de l’ordre monarchique et religieux pris au sens le plus absolu ; il a été l’un des derniers sur la brèche et n’a pas cédé une ligne de terrain en théorie. […] Et au dos on lit, de la main de Sieyès : « C’est M. de Bonald, auteur de trois volumes sur la Théorie du pouvoir politique…, qui me fit parvenir son ouvrage par la voie du citoyen Barthélemy, ambassadeur en Suisse, avec ce singulier billet. » Évidemment, M. de Bonald espérait par là tenter ou piquer d’honneur le métaphysicien politique adversaire ; mais Sieyès ne donna pas dans cette séduction ou dans cette chevalerie d’un nouveau genre.

207. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

. — Théorie de Stuart Mill. — À quoi se ramène la notion d’espace vide parcouru et d’étendue solide continue. — Toutes les propriétés du corps se ramènent au pouvoir de provoquer des sensations. […] Correction apportée à la théorie. — Les corps ne sont pas seulement des possibilités et des nécessités permanentes de sensations. — Procédé par lequel nous leur attribuons le mouvement. — Analogies et différences de ce procédé et du procédé par lequel nous attribuons aux corps animés des sensations, images, idées et voûtions semblables aux nôtres. […] Mais ce n’est point là le jugement primitif ni ordinaire ; il faut être devenu savant pour le porter ; l’explication est ultérieure et surajoutée. — D’ailleurs, la difficulté n’est que déplacée : munis de la théorie, nous disons que les molécules de l’air ou de l’éther ont le pouvoir, lorsqu’elles oscillent, de provoquer en nous les sensations de son ou de couleur. […] Par cette addition à la théorie de Bain et de Stuart Mill, nous restituons aux corps une existence effective, indépendante de nos sensations. Mais la théorie, aidée de cette addition, nous conduit beaucoup plus loin et nous permet de compléter les vues que nous avons présentées sur les rapports du physique et du moral.

208. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

La théorie de la perception pure d’un côté, de la mémoire pure de l’autre, préparerait alors les voies à un rapprochement entre l’inétendu et l’étendu, entre la qualité et la quantité. […] Nous nous bornerons d’ailleurs à des indications ; il ne peut être question ici de construire une théorie de la matière. […] Mais puisqu’une théorie de la matière se propose justement de retrouver la réalité sous ces images usuelles, toutes relatives à nos besoins, c’est de ces images qu’elle doit s’abstraire d’abord. […] Or, les principales difficultés qu’elles rencontrent l’une et l’autre dans la théorie de la perception dérivent de ce postulat commun. […] Au fond, cette seconde théorie diffère beaucoup moins qu’on ne croit de la première.

209. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Lui qui se croit si libre et si dégagé de la matière, il obéit à son tempérament ; il l’estime le meilleur de tous, et il érige ce tempérament en règle universelle et en théorie orthodoxe. […] Je suis dans le vrai du faible et du travers de M. de Laprade critique, dans le plein de sa théorie favorite, en la dégageant des précautions de forme. […] Il faut rabattre de ces théories que l’étude précise des faits ne confirme pas. […] Mais, à tout instant M. de Laprade pose un fait faux, et il édifie là-dessus toute une théorie historique et morale.

210. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Ces recherches ont même donné naissance à une théorie assez répandue, et que M.  […] Un célèbre romancier avait déjà exposé cette théorie dans la Recherche de l’absolu. […] Selon moi, l’idiot est celui dont le cerveau contiendrait le moins de phosphore ; le fou, celui dont le cerveau en contiendrait trop ; l’homme ordinaire, celui qui en aurait peu ; l’homme de génie, celui dont la cervelle en serait saturée à un degré convenable. » En Allemagne, Feurbach avait pris tellement au sérieux cette théorie du phosphore, qu’il n’hésitait pas à signaler comme une cause de l’affaiblissement des caractères en Europe l’usage exagéré de la pomme de terre, qui contient peu de phosphore. […] Il en concluait que l’absence de phosphore dans l’encéphale réduit l’homme à l’état de la brute, qu’un grand excès irrite le système nerveux et le plonge dans ce délire épouvantable que nous appelons la folie, enfin qu’une proportion moyenne rétablit l’équilibre et produit cette harmonie admirable qui n’est autre chose que « l’âme des spiritualistes. » À cette théorie, on a opposé que la cervelle des poissons, qui ne passent pas pour de très grands penseurs, contient beaucoup de phosphore.

211. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

Quand on a parlé du livre retrouvé de Balzac sur la vie élégante5, comment ne pas penser à un esprit charmant qui a écrit aussi autrefois une Théorie de l’élégance, véritable travail de fée que n’ont point oublié ceux qui aiment toute cette dentelle métaphysique ? […] C’est encore de la vie élégante que ces livres ; mais ce n’en est plus la théorie : c’en est l’histoire.

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