Il me semblerait donc premièrement que la manière, soit dans les mœurs, soit dans le discours, soit dans les arts, est un vice de société policée. à l’origine des sociétés, on trouve les arts bruts, le discours barbare, les mœurs agrestes ; mais ces choses tendent d’un même pas à la perfection, jusqu’à ce que le grand goût naisse ; mais ce grand goût est comme le tranchant d’un rasoir, sur lequel il est difficile de se tenir. […] On écrit des poétiques ; on imagine de nouveaux genres ; on devient singulier, bizarre, maniéré ; d’où il paraît que la manière est un vice d’une société policée, où le bon goût tend à la décadence.
qui nous consolera de n’avoir pu, dans ta maladie, te rendre les devoirs et les soins les plus tendres, de n’avoir pu te serrer dans nos bras, nous rassasier d’une vue si chère, recueillir de ta bouche mourante tes derniers soupirs et tes derniers avis ? […] Toute la fin est d’un pathétique tendre, mais en même temps plein de noblesse.
En glanant chez Jean-Baptiste Rousseau, on n’aurait, je le crois bien, que les vers à son jeune et tendre Arbrisseau. […] Pour comprendre et pour aimer la nature, il ne faut pas être tendu constamment vers le bien ou le mal du dedans, sans cesse occupé du salut, de la règle, du retranchement. […] Il est certain que son caractère en souffrit et qu’une aigreur désormais incurable se glissa au revers de cette imagination tendre, à travers cette sensibilité charmante. […] Racine, qui était aisément caustique autant que tendre, n’échappa peut-être à ce mal d’aigreur que par la vraie dévotion. […] Tendre amitié !
La confusion qui semble régner dans les productions actuelles de nos romanciers n’est, aussi bien, qu’une répercussion de l’anarchie générale à laquelle tendent les ardeurs fiévreuses de notre époque. […] Ces coutumes leur assuraient la durée en les défendant elles-mêmes contre la fièvre des ascensions sociales trop rapides, tandis que de nos jours les plus dangereuses lois d’orgueil poussent l’individu à sortir de sa sphère, à dédaigner son milieu, à tendre vers un échelon qu’il est mal préparé à occuper dignement. […] Elles ont senti que ces âmes-là, l’auteur les aime ; au risque d’être incompris de quelques-uns, il n’a pas craint de se montrer tendre, spontané, ni même de redire l’éternel. […] Il a vu dans la maison paternelle le port d’attache de l’homme, tendre abri aux heures de sérénité, refuge unique dans les jours de détresse. […] Dans un cadre joliment tracé, divertissant par la causticité même de son exactitude, il a mis en présence le vieil esprit poétique et tendre jadis en honneur au pays de Schiller et l’esprit prosaïque, commercial, militariste à outrance qui s’est, peu à peu, substitué au premier.
Ce sublime est la plaisanterie philosophique, mise en fiction : autant l’épopée sérieuse tend à rehausser les faits, à exciter l’admiration, autant ces épopées comiques tendent à déjouer l’enthousiasme, à exalter le ridicule. […] c’est qu’il faut s’attacher au fonds qui constitue les choses, et qu’un cours de littérature vide de méthode, ne me paraît pas tendre aux progrès de l’art de composer et d’écrire. […] Ne nous mortifions pas si rudement que nous devenions insensibles aux tendres aiguillons que l’esprit fait si subtilement passer jusqu’à notre chair. […] Aucun lecteur n’est choqué de voir Minerve sous les traits de Mentor sauver Télémaque des pièges que Vénus lui tend au milieu de belles nymphes. […] Immobile, elle profère ces mots entrecoupés de gémissements : Où tendent vos pas plus loin ?
Les bonnes qualités, chez la femme-poëte surtout, sont comme des mères tendres et prévoyantes qui retiennent à temps l’enfant prodigue près de s’échapper, et cet enfant prodigue s’en irait sans cela par le monde, accroissant son renom et gagnant la gloire. […] Cette pensée rêveuse et tendre aime à revêtir le rhythme le plus exact, à la façon de Béranger, que par cet endroit elle imite un peu. […] Dans sa voix je croyais entendre La voix joyeuse du vallon, La voix d’une sœur douce et tendre, D’une mère émue à mon nom.
Je ne parle pas des « regards qui se tendent en grande fixité », ni des pleurs qui « se font brèche dans de grands yeux doux » (ce ne sont peut-être que des incertitudes de langue ou des sacrifices à la rime). […] Un homme, longeant un bois, la nuit, éprouve le vague effroi de tout ce qui grouille, bruit, glisse ou chuchote dans les derni-ténèbres : La nuit tend sur le ciel brouillé Ses ailes d’argent ponctuées ; La lune, comme un soc rouillé, Laboure le champ des nuées. […] Soulary de s’arrêter en deçà de la mignardise et de l’extrême subtilité et de se contenter d’être gracieux, tendre, spirituel, ingénieux, délicat.