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1155. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Je ne sais pas de plus joli tableau d’intérieur que celui qu’il trace de cette famille patriarcale et de ses joies du coin du feu : Ajoutez au ménage trois sœurs de mon aïeule, et la sœur de ma mère, cette tante qui m’est restée ; c’était au milieu de ces femmes et d’un essaim d’enfants, que mon père se trouvait seul : avec très peu de bien tout cela subsistait. […] Le troupeau de la bergerie de Saint-Thomas habillait de sa laine tantôt les femmes et tantôt les enfants ; mes tantes la filaient ; elles filaient aussi le chanvre du champ qui nous donnait du linge ; et les soirées où, à la lueur d’une lampe qu’alimentait l’huile de nos noyers, la jeunesse du voisinage venait teiller avec nous ce beau chanvre, formaient un tableau ravissant.

1156. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Et embrassant lui-même d’un coup d’œil toute sa vie, il se rappelait avec fierté les deux grandes guerres auxquelles il avait pris part depuis 1688 jusqu’en 1714, celles de Hongrie et de Sicile où il s’était distingué en chef depuis 1716 jusqu’en 1719, la connaissance où il avait été des conseils et des résolutions importantes prises par les plus grands personnages politiques dans tout le temps de cette vie active à l’étranger ; il se représentait ce que pourrait être un tableau ainsi tracé de sa main : Vous jugerez bien, ajoutait-il, que les mémoires d’un homme tel que moi auraient plus de consistance que les romans qu’on m’a faussement attribués. […] Il ne se pouvait rien de plus flatteur pour ma rapide esquisse que d’avoir inspiré l’idée d’un si agréable et si touchant tableau.

1157. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Le principe de l’art pour l’art fondé en raison à juste et utile, tant qu’on ne considère que les œuvres en soi, tant qu’on n’a souci que de la liberté et de l’orgueil nécessaires à l’artiste, — peut sembler absurde et dangereux quand on songe que les livres, les statues, les tableaux et les musiques n’existent pas seuls dans un monde vide. […] Dans l’esthopsychologie des littérateurs, dans la psychologie biographique des héros, ces hommes sont mis debout analysés et révélés par le dedans, décrits et montrés par le dehors, reproduits à la tête du mouvement social dont ils sont les chefs, érigés, eux et leurs exemplaires, un et plusieurs, individus et foules, en des tableaux qui, basés sur une analyse scientifique nécessitant le recours à tout l’édifice des sciences vitales, et sur une synthèse qui suppose l’aide de toute la méthode historique et littéraire moderne, peuvent passer pour la condensation la plus haute et la plus stricte de notions anthropologiques que l’on puisse accomplir aujourd’hui.

1158. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

L’art le plus puissant est celui qui redevient régulièrement à la mode dans les périodes de renaissance. » De Chirico s’élève contre la partialité, veut un art de synthèse et « le retour au métieral », ce qui est un peu le retour à l’homme, au dessin (il est de l’avis d’Ingres qu’il cite : un tableau bien dessiné est toujours assez bien peint). […] Tableaux futuristes aériens. — Mots en liberté aériens.

1159. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement a voulu faire pour la France de la Restauration ce que Mme de Staël a fait autrefois pour l’Allemagne, — le tableau d’une littérature, mêlé à toute une galerie d’écrivains. […] Dans ce tableau, qui devrait être complet et qui ne l’est pas, de toutes les forces de la littérature française sous le gouvernement de juillet, il n’y a d’exagéré ou de grandi que les hommes vivants qui peuvent être pris par la reconnaissance, et de diminué ou d’oublié que les hommes morts qui ne peuvent témoigner la leur.

1160. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Les idées s’entassent par la foule des objets que l’on voit, et l’esprit s’agrandit par les tableaux qui viennent frapper l’imagination : alors il s’excite une espèce de sève ou de fermentation générale qui anime tout. […] Alors telle que Raphaël ou le Corrège, elle dessine pour elle-même une multitude de tableaux.

1161. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

En 1878, époque où parut la Page d’amour, nous autres jeunes gens, nous étudiions cet étrange tableau généalogique sans aucune ironie. […] La portion historique du récit recule à l’arrière du tableau. […] Il ne se propose pas de tracer uniquement un tableau de mœurs, quoique ce tableau s’y trouve et que les traits en soient d’un réalisme qui ne recule pas devant la brutalité. […] Une table à écrire et des chaises de paille, quelques photographies, un tableau noir en faisaient, en font encore tout le mobilier. […] À lire le Verdun du sous-lieutenant de la 11e du 151e, on sent qu’il manque pourtant un élément aux tableaux de ces maîtres.

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