Il y a plus, je ne trouve pas Renan de la Vie de Jésus au niveau de Renan des débuts, comme s’il était dans la destinée de cet homme, qui n’a qu’un procédé et qui diminue toutes les notions par système et par infirmité, de diminuer celle qu’on avait de lui, quoi qu’elle ne fût pas gigantesque ! […] Émacier les faits les plus considérables, les plus apparents, les plus consistants ; gratter, râper et effacer tout sous un système de suppositions, d’inductions et de probabilités imperceptibles, voilà ce que Strauss a enseigné et a appris à Renan. […] Phénomène dont le moraliste doit tenir compte : rien n’a averti, rien n’a édifié, ni la fatuité ni l’hypocrisie, — car le système de l’auteur de la Vie de Jésus se balance entre l’hypocrisie et la fatuité. […] L’imagination, dont son système était l’ennemi, ne lui rendit pas le coup pour coup qu’il méritait.
De nombreuses observations étendues aux adultes, aux enfants, aux aliénés, aux diverses races humaines, il conclut que les modes d’expression sont les mêmes partout et qu’ils peuvent s’expliquer par trois principes fondamentaux : la loi d’association ou d’habitude ; le principe de l’antithèse ; l’action directe du système nerveux indépendamment de la volonté, — On peut se demander si Darwin a résolu la question capitale et dernière : pourquoi telle émotion agit sur tel muscle ou tel groupe de muscles plutôt que sur tel autre ; si les trois principes par lui posés sont réellement irréductibles ; si le troisième n’est pas en réalité le fondement des deux autres : l’ouvrage n’en a pas moins une grande valeur psychologique par tes résultats et par la méthode. […] Aussi, depuis que la fureur des systèmes a passé, sa psychologie a augmenté en crédit. » M. […] Elle reconnaît à l’esprit une spontanéité propre qui élabore et transforme les matériaux venant du dehors ; mais cette spontanéité a sa racine dans l’organisme, en particulier dans la constitution du système nerveux.
Taine aboutit à cette conclusion de sa préface qui résume la pratique de son système : « J’entreprends d’écrire l’histoire d’une littérature et d’y chercher la psychologie d’un peuple. » C’est là sa théorie générale ; il en reprend un point particulier dans la première partie de la Philosophie de l’art, où il traite de l’influence qu’exerce sur l’artiste le milieu historique et social dans lequel il se trouve placé, abstraction faite de sa race, de son habitat. […] Ce système et le précédent, M. […] On comparera avec profit le résumé du système tainien donné ici par Hennequin avec ceux proposés par Bourget dans ses Essais, ou par Brunetière dans son Evolution de la critique.
Mais affirmer que tel organe plutôt que tel autre donne la solution du problème et la donne intégrale, ainsi que Lavater et Gail l’ont affirmé, c’est là le système dans sa prétention absolue, qui veut être le dégagement d’une loi. […] L’explication qu’à son tour il essaie de donner de l’homme manque nécessairement de rigueur scientifique, et son livre, avortant au système, n’a plus que la valeur flottante d’un aperçu. […] Qu’il se déguise tant qu’il voudra, qu’il suspende l’épée à son clou, qu’il brûle sa cape ou qu’il la retourne, qu’il se fasse physiologiste et homme à système et, par-dessus tout cela, philosophe du progrès indéfini, béat de la civilisation indulgente, peu nous importe, et il en faut sourire !
Quoiqu’il juge le mysticisme au point de vue de la philosophie et de la métaphysique humaine, et qu’à ce point de vue il le repousse et le condamne comme n’apportant sous le regard de la connaissance aucun système véritablement digne de ce nom, l’auteur est non moins net et non moins péremptoire, quand il le prend et quand il le juge au point de vue du catholicisme. […] Mais sérieusement, et pour qui n’ignore pas la pente des choses, et où la logique pousse l’esprit encore plus qu’elle ne le mène, pour qui nous a prouvé que le mysticisme de Saint-Martin, comme tout mysticisme en dehors de la règle posée par l’Église, traîne l’esprit jusqu’au panthéisme, pour un homme expérimenté en ces matières, qui sait fort bien qu’il n’y a plus maintenant face à face, en philosophie, que le Catholicisme et le Panthéisme, et que toute idée se ramène forcément à l’un ou à l’autre de ces grands systèmes, sans pouvoir jamais en sortir, était-ce bien la peine de s’interrompre et de s’arrêter ? […] Il n’a point laissé de trace et de ciment parmi eux, comme Swedenborg, cet autre mystique qui passa aussi sa vie dans la contemplation et dans l’obscurité, mais dont le système plus hardi et plus exprimé a jeté un éclat qui rappelle les aurores boréales de son pays.
Dans une introduction d’un ton leste et incisif, l’auteur de Monsieur de Cupidon nous fait la biographie assez mystérieuse d’un sien oncle fort original, qui avait connu toutes les célébrités de son époque, et qui mourut en lui laissant pour héritage tout un vaste système de métempsycose appliquée. […] C’est sous l’empire de ce système — qui, scientifiquement, vaut, certes ! bien le système de Jean Raynaud, — que Monsieur de Cupidon a été composé.
Parce que la sociologie est née des grandes doctrines philosophiques, elle a gardé l’habitude de s’appuyer sur quelque système dont elle se trouve ainsi solidaire. […] Si les phénomènes sociologiques ne sont que des systèmes d’idées objectivées, les expliquer, c’est les repenser dans leur ordre logique et cette explication est à elle-même sa propre preuve ; tout au plus peut-il y avoir lieu de la confirmer par quelques exemples.