C’est surtout pendant la campagne de 1708, si fâcheuse pour la réputation du duc de Bourgogne, qu’on voit se déclarer la sollicitude et la tendre sévérité de Fénelon envers celui qu’il voudrait voir apprécié et respecté de tous. […] Il faut avouer que je vous ai toujours vu, dans votre enfance, aimant à être en particulier, et ne vous accommodant pas des visages nouveaux. » Il voudrait le voir accessible, ouvert à tous, sachant s’entourer mieux qu’il ne fait et de personnes plus considérées, sachant un peu proportionner ses témoignages de confiance à la réputation publique de ceux à qui il les accorde ; il voudrait surtout le mettre en garde contre tout ce qui semble dénoter une dévotion sombre, timide, scrupuleuse : Pour votre piété, si vous voulez lui faire honneur, vous ne sauriez être trop attentif à la rendre douce, simple, commode, sociable… (Et dans une autre lettre, à quelques jours de là) : Vous devez faire honneur à la piété, et la rendre respectable dans votre personne. […] Il lui recommande surtout en toute occasion « de chercher au-dehors le bien public autant qu’il le pourra, et de retrancher les scrupules sur des choses qui paraissent des minuties ». […] Sa politique est surtout morale. […] [NdA] Ce jugement serait bien injuste si on l’appliquait à tous les hommes de Port-Royal, et surtout du premier Port-Royal ; il n’est vrai que si l’on a en vue la majorité des jansénistes du dehors.
Mais les mille pensées qu’éveille la comparaison de la société à ces deux époques, avec ce qu’il y a de ressemblances réelles et de dissemblances profondes, me mèneraient trop loin, et me tireraient surtout des cadres tout littéraires où j’aime à me renfermer, sauf à les agrandir le plus que je puis. […] Ginguené surtout, qui était Breton comme Chateaubriand ; qui avait fort connu sa sœur Mme de Farcy et toute sa famille ; qui savait des particularités intimes sur les premières erreurs du poète, sur les fautes dont s’était affligée sa mère, et qui s’en était entretenu avec lui depuis même son retour d’Angleterre ; Ginguené, honnête homme, mais roide et peu traitable, devenait un adversaire dangereux. […] Ce genre d’attaque, employé pour détruire l’effet d’un ouvrage religieux, est fort connu : il est donc probable que je n’y échapperai pas, moi surtout à qui l’on peut reprocher des erreurs. […] Il entre à son tour, par les conseils qu’il donne, dans mille détails familiers, appropriés ; il indique les recettes, les palliatifs applicables aux âmes tristes ou ulcérées, surtout les jours de fête et quand tout respire la joie alentour. […] Après avoir conseillé surtout l’étude de la botanique, comme propre à calmer l’âme et à lui ouvrir une source d’aimables et faciles jouissances, il montre le promeneur fatigué rentrant plus riche le soir dans sa pauvre chambre : « Oh !
Il la savait, surtout en de certains pays, ingrate et légère. […] Ce qu’il avait surtout, et bien mieux que l’étude première et la discipline, c’était la source, le jet, l’esprit vif, ouvert, primesautier et perfectible, un tour particulier d’imagination, et c’est ce qui lui assure son originalité à côté des plus grands princes et capitaines qui ont bien parlé ou bien écrit. […] Ses proclamations ont créé un genre d’éloquence militaire et impériale ; ses histoires, et je parle surtout de sa relation de la campagne d’Égypte, offrent des modèles de descriptions, de narrations, où pas un mot n’est à ajouter ou à retrancher, et que traversent de brusques éclairs de poésie. […] Et puis, j’ai surtout pensé aux génies nos contemporains qui, en ceci, n’offrent pas tous l’exemple d’un parfait équilibre. […] [NdA] Voir aussi, et surtout, le commencement des Mémoires de l’abbé de Marolles, où il est parlé des dernières années du règne de Henri IV : c’est une idylle.
On se disait : « Frédéric nous perd, il perd la Prusse par son ambition, par son opiniâtreté : il faut qu’il traite, qu’il fasse au plus vite sa paix avec la France. » On disait cela surtout dans le cercle des jeunes princes Auguste-Guillaume et Henri, et l’on se croyait patriote prussien en le disant. […] Sachant de quelle importance est le militaire dans le gouvernement, et surtout en Prusse52, il a là-dessus des principes immuables et fixes sur lesquels aucune considération personnelle ne le saurait entamer. […] C’est ce qui, malgré mes autres chagrins, ne laisse pas de me faire un sensible plaisir, et ce qui était fort à désirer pour l’avantage de l’État, surtout pour celui des pauvres orphelins qui me sont confiés. » Il lui parle toujours alors comme à un tuteur naturel indiqué pour la chose publique et pour les siens, dans le cas où il disparaîtrait lui-même. […] Loudon me rend grognard et fâcheux ; je ne disconviens pas qu’il en pourrait être quelque chose, et que, si nous l’avions bien battu, je m’adoucirais pour le genre humain… Tout cela est spirituel et gaiement dit, pour être écrit dans un camp, et surtout si l’on se reporte aux circonstances. […] Je n’ai fait qu’entamer et mener à moitié chemin cette intéressante correspondance entre les deux frères : il me faut en tirer encore et en faire connaître à nos lecteurs de belles et surtout de judicieuses pages.
« L’histoire, me disait mon ami, qui n’est pas inconséquent et qui tient fort de Hume et de Fontenelle, n’est le plus souvent, et surtout à cette distance, qu’une fable convenue, un quiproquo arrangé après coup et accepté, une superfétation réelle portant sur une base creuse et fausse. […] Critiquer et défaire un récit à deux mille ans de distance est chose plus aisée que de le reconstituer, surtout lorsque l’on n’a pour cette œuvre d’autres secours directs, d’autres renseignements et matériaux que ceux qui sont fournis par les historiens mêmes que l’on vient critiquer. […] Lui, pour se refaire historien et narrateur à ce nouveau point de vue, il a dû commencer par être surtout un divinateur délicat et tendre, un poète s’inspirant de l’esprit des lieux et des temps, un peintre sachant lire dans les lignes de l’horizon, dans les moindres vestiges laissés aux flancs des collines, et habile tout d’abord à évoquer le génie de la contrée et des paysages. […] Il n’est pas aisé de transposer le Spasimo de Raphaël d’une toile à l’autre, surtout si l’on veut y introduire en même temps des changements et substitutions essentielles, y mettre du plus et du moins. […] Bien des gens, pour y échapper, se résigneraient aisément à n’avoir pas un avis formel, — et surtout à ne pas le dire, — sur les miracles de Béthanie ou de Capharnaüm.
La difficulté est surtout sensible lorsqu’on est soi-même contemporain, ou de ceux qui, nés au lendemain d’une grande époque, ont reçu des générations vivantes et passionnées pour ou contre le souffle embrasé, et qui ont été baignés dès le berceau dans l’un ou l’autre des deux courants contraires. […] Il ne s’agit point, quand on la gouverne, de blesser sa fibre ; il ne le fallait point surtout alors. […] Mais surtout il y a à étudier aujourd’hui à neuf et à fond la grande insurrection européenne de 1813 et la coalition des peuples, en se servant des nombreux documents publiés à l’étranger. […] Édouard Lefebvre de Béhaine ne saurait être mieux placé qu’à Berlin pour étudier et approfondir cette histoire de la coalition des forces morales sous lesquelles nous avons succombé en 1814 et ; 1815 : les millions de l’Angleterre, le froid même de la Russie, auraient été impuissants peut-être à nous détruire, s’ils n’avaient eu pour auxiliaires des caractères comme ceux de Stein, de Gneisenau, de Scharnhorst, toute une génération enfin de politiques, de militaires, de diplomates, légistes, poëtes, qui sortirent comme de terre sur tous les points de l’Allemagne après Austerlitz et Iéna, surtout après Moscou. […] Il reste à l’historien futur à décrire ce vaste mouvement par lequel nous fûmes cernés, à le peindre en toute connaissance de cause, avec un sentiment élevé d’impartialité envers des adversaires dont quelques-uns furent héroïques et dont les autres ne furent qu’acharnés, à faire bien comprendre surtout comment le libéralisme, le patriotisme ulcéré devint un instrument aux mains d’un état-major d’oligarques, qui, après l’avoir caressé et déchaîné pour le grand combat, ne pensèrent ensuite qu’à le réfréner sans pudeur et à le museler.
La difficulté est surtout pour les mots savants et d’origine plus récente, importés à partir du xvie siècle, depuis l’époque de la Renaissance, et la plupart tirés du grec avec grand renfort de lettres doubles et de syllabes hérissées. Ces mêmes historiens de la langue et qui l’admirent surtout aux xiie et xiiie siècles, dans sa première fleur de jeunesse et sa simplicité, sont portés à proscrire, à juger sévèrement toute l’œuvre de la Renaissance, comme si elle n’était pas légitime à son moment et comme si elle ne formait pas, elle aussi, un des âges, une des saisons de la langue. […] Dans l’édition qu’il donna, en 1664, de son Théâtre revu et corrigé, il mit en tête un Avertissement où il exposait ses raisons à l’appui de certaines innovations qu’il avait cru devoir hasarder, afin surtout, disait-il, de faciliter la prononciation de notre langue aux étrangers. […] D’autres esprits plus précis et plus fermes étaient écoutés : Dumarsais, Duclos, — n’oublions pas un de leurs prédécesseurs, le Père Buffier, un jésuite doué de l’esprit philosophique, — l’abbé Girard, — mais Voltaire, surtout, Voltaire le grand simplificateur, qui allait en tout au plus pressé, et qui, en matière d’orthographe, sut se borner à ne demander qu’une réforme sur un point essentiel, une seule : en la réclamant sans cesse et en prêchant d’exemple, il finit par l’obtenir et par l’imposer. […] Mais surtout la question des nouveaux mots à introduire ne sera pas la moins grosse.