Je suppose que la seule règle de vos raisonnements, c’est le désir de voir clair dans vos idées : veuillez donc supposer la même chose de ceux qui ne pensent pas comme vous. » J’ajouterai une observation qui mériterait de longs développements. […] C’est l’opposition en apparence irréductible de ces termes qui a conduit les philosophes à supposer deux facultés différentes. […] Entre deux nuances, je puis toujours supposer une nuance intermédiaire, et d’autres à l’infini après celle-là. […] Je suppose que vous ayez à juger le stoïcisme. […] Or je suppose que, vu la faiblesse de l’esprit humain, je me trompe en attribuant à Dieu telle ou telle perfection ; je suppose qu’entre les diverses perfections que j’imagine, il y en ait d’incompréhensibles ou de contradictoires ; je suppose enfin que, pour rendre Dieu plus accessible et plus aimable, je le rapproche trop de ma propre image : s’ensuivrait-il que la notion d’un être parfait devrait succomber avec celle de tel ou tel attribut scolastique ?
Au reste, il y a à la fois de l’esprit et de la poésie à supposer que le nectar, si vanté par les poètes, n’est autre chose que la louange. […] Pourquoi ne supposent-ils pas que les gens d’esprit ont de l’esprit aussi naturellement que les sots ont de la sottise ? […] Toute action qui forme le nœud ou l’intérêt d’un Apologue, est supposée se passer dans les temps fabuleux, au temps (comme dit le peuple) où les bêtes parlaient. […] Essayez de supprimer l’épisode du serpent : supposez qu’après ces mots : V. 28. […] Supposez qu’en sautant 22 vers, La Fontaine eût dit : V. 51.
Or, ce compromis, vous y renoncez sans le moindre scrupule quand vous étudiez les choses extérieures, puisque vous laissez alors de côté les forces elles-mêmes, à supposer qu’elles existent, pour n’en considérer que les effets mesurables et étendus. […] La science a pour principal objet de prévoir et de mesurer : or on ne prévoit les phénomènes physiques qu’à la condition de supposer qu’ils ne durent pas comme nous, et on ne mesure que de l’espace. […] En second lieu, dans une durée que l’on supposerait homogène, les mêmes états pourraient se présenter à nouveau, causalité impliquerait détermination nécessaire, et toute liberté deviendrait incompréhensible. […] Mais peut-être cette distinction est-elle trop tranchée, et cette barrière plus aisée à franchir qu’on ne le suppose. […] Nous avons donc supposé un Espace homogène, et, avec Kant, distingué cet espace de la matière qui le remplit.
Supposez un être sensible qui soit homogène ou à peu près, mais diversement modifié par les changements divers du milieu, tel qu’un changement provenu d’un foyer de chaleur L’être sensible s’échauffera seulement du côté tourné vers ce foyer. […] Supposez l’atmosphère du globe terrestre sans éclairs ni tonnerre, ce qui n’a rien d’impossible ; les fortes décharges de la foudre n’auraient pas éveillé notre attention. […] Et ces caractères, outre le mouvement qu’elles supposent, les rapprochent de ce que l’on nomme forces. […] En fait et objectivement, toute douleur, toute pensée, tout état de conscience suppose un mouvement. […] La complexité des sensations est peut-être infinie, puisqu’on peut supposer avec Leibniz qu’un être vivant enveloppe lui-même une infinité de vivants.
L’intensité suppose une réaction de la conscience, de l’appétit, de l’effort ; mais la raison ni l’entendement n’ont rien à y voir. […] Cela suppose qu’il y a, dans ces sensations mêmes, une affinité secrète avec l’extension, par conséquent un caractère extensif que n’ont pas les autres. […] Elles supposent des éléments particuliers et détachés, tels que les sensations, qu’on groupe ensuite selon des lois intellectuelles, soit celles de l’association, soit celles de la « pensée pure ». […] La place d’un point ne peut pas être déterminée sans un rapport à d’autres points ; établissons donc en principe que toute localisation suppose un certain nombre de sensations simultanées. […] L’enfant ne fera pas de la métaphysique au point de supposer un anéantissement du sein qui le nourrit, puis une nouvelle création.
À supposer qu’une œuvre romanesque puisse être lue par tout le monde, est-ce là une supériorité ou un simple accident ? […] Dès qu’un journal, par exemple, ou un magazine, ou une revue, se déclare respectueux de la morale, ou qu’on a des raisons de le supposer tel, quelques-uns de ses abonnés ne manquent pas de s’en prévaloir, et d’exiger du directeur, non pas des romans moraux, ce qui est leur droit, mais des romans pour jeunes filles. […] Les situations tragiques surtout ne supposent-elles pas, presque toujours, une faute dont elles sont la conséquence ? […] À supposer même que l’esprit n’en reçoive aucune flétrissure, est-il souhaitable que les jeunes filles commencent à entrevoir la vie à travers le roman ? […] Supposons un livre de premier ordre aux mains d’un lecteur digne de lui.
Supposons que l’homme puisse agir librement. […] Supposons le jugement analytique faux 2 + 2 = [ ?] […] Les seconds supposent les premiers. […] Elle consiste à supposer ce qui est en question. […] Mais nous avons supposé que l’objet était présent.