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22. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Quand il s’agit d’une peine passée, il y a un sentiment de délivrance particulier, qui suppose encore une simple idéalité par opposition à la réalité. […] Supposons maintenant qu’un intervalle se soit écoulé, et que je regarde de nouveau la gravure. […] Mais, dans l’ordre psychique comme dans l’ordre physique, on a le droit de symboliser les forces et de les supposer agissant séparément, quoiqu’elles agissent simultanément et solidairement. […] L’adaptation au passé, — par exemple l’imitation du passé par un être qui le conçoit, — suppose aussi l’idée du temps avec son influence directrice. […] C’est cette conscience de la co-existence qui permet de juger, de comparer, de désirer et de vouloir, toutes opérations qui supposent qu’on peut avoir plusieurs idées présentes à la fois.

23. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Ils supposent que les mailles du réseau scientifique laissent apparaître par endroits le fond métaphysique de l’être, sous la forme de contingence, de commencement absolu, de libre arbitre, etc. […] Le désir a toujours une intensité psychique : il suppose donc une énergie que nous mesurons plus ou moins grossièrement. […] — Quand nous disons que tout attribut suppose un sujet, que toute manière d’être suppose un être qui la possède, nous ne prenons encore le principe de substance que dans un sens purement logique et psychologique. […] D’abord le mécanisme universel n’exclut pas l’idée du « temps », il la suppose au contraire. […] « Nous ne renonçons pas à établir que la pensée elle-même suppose l’existence de cette loi, et l’impose par conséquent à la nature. » J.

24. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 28, de la vrai-semblance en poësie » pp. 237-242

Après cela, que des personnes plus hardies que moi osent marquer les bornes entre la vrai-semblance et le merveilleux par rapport à chaque genre de poësie, par rapport au tems où l’on suppose que l’évenement est arrivé ; enfin par rapport à la credulité, plus ou moins grande, de ceux pour qui le poëme est composé. […] Quinault, intitulée le faux Tiberinus , où le poëte suppose que Tiberinus roi d’Albe étant mort dans une expedition, un de ses generaux, afin d’empêcher le découragement des troupes, dérobe à leur connoissance la mort du roi. […] Son pere suppose encore, pour mieux cimenter l’imposture, que le roi mort a fait tuer secretement Agrippa. […] On n’a presque point de plaisir à revoir une piece qui suppose que la ressemblance du roi Tiberinus et d’Agrippa fut absolument si parfaite, même du côté de l’esprit, que l’amante d’Agrippa après avoir eu de longues conversations avec lui, continuë à le prendre pour Tiberinus.

25. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Nous avons supposé (a − 1) + 1 =1 + (a − 1). […] Les lois mathématiques supposent une élaboration très complexe. […] Chaque ordre de sciences suppose ainsi des postulats qui lui sont propre. […] Le plus suppose le moins, mais en y ajoutant. […] Cette vue suppose, il est vrai, qu’une idée peut être efficace.

26. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Mais n’y a-t-il pas autre chose dans cette proposition : ce meurtre suppose un meurtrier ? […] Prenons l’exemple déjà employé : un meurtre suppose un meurtrier. […] D’où il suit que la proposition : un meurtre suppose un meurtrier, et celle-ci qui la renferme, tout changement suppose une cause, contient en même temps et quelque chose d’expérimental et quelque chose qui ne vient pas de l’expérience. […] Est-il, en effet, un seul théorème qui ne les suppose ? […] On serait tenté de supposer, dans un tel dessein, sous de telles paroles, un orgueil immense.

27. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Puisque c’est là tout ce qu’on a supposé dans le cerveau, c’est là tout ce qui s’y trouve et tout ce qu’on en peut tirer. […] Mais l’essence du réalisme est de supposer derrière nos représentations une cause qui diffère d’elles. […] D’autres supposeront, à la manière cartésienne, que les mouvements cérébraux occasionnent simplement l’apparition des perceptions conscientes, ou encore que ces perceptions et ces mouvements ne sont que deux aspects d’une réalité qui n’est ni mouvement ni perception. […] La thèse du parallélisme, qui consiste à détacher les états cérébraux et à supposer qu’ils pourraient créer, occasionner, ou tout au moins exprimer, à eux seuls, la représentation des objets, ne saurait donc encore une fois s’énoncer sans se détruire elle-même. […] Il oublie qu’il avait situé le réservoir hors de la représentation et non pas en elle, hors de l’espace et non pas dans l’espace, et qu’en tout cas son hypothèse consistait à supposer la réalité ou indivisée, ou articulée autrement que la représentation.

28. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Mais on peut supposer que le genre encore vivant, F14, ne s’est que légèrement modifié, et par conséquent il pourrait toujours être rangé avec le genre primitif F dont il est issu. […] Si l’on pouvait prouver que les Hottentots sont descendus des Nègres, je suppose qu’on les placerait dans le groupe Nègre, quelles que soient les différences de couleur, ou autres plus importantes, qui les distinguent. […] Nous n’avons pas plus de motifs pour croire à une semblable corrélation, que nous n’en avons pour supposer que les os similaires de la main de l’homme, de l’aile d’une Chauve-souris, et de la nageoire d’un Marsouin soient en rapport avec des conditions de vie identiques. Aucun naturaliste ne suppose que la fourrure tigrée du Lionceau, ou les plumes tachetées des jeunes Merles, soient de quelque usage à ces animaux, ou qu’ils aient quelque rapport avec leurs conditions de vie particulières. […] Peut-être par suite de ce fait que les monstruosités affectent souvent l’embryon pendant ses premières phases de croissance, on suppose communément que les variations légères doivent nécessairement apparaître de même dès les premiers développements de l’individu.

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