Elle songea en même temps à former des élèves. […] Plus ne vivrons que par des soubvenirs : Bien qu’Aurora de plours l’herbette arroze, Prou se complaist en son char de saphyrs ; Songe à Tython, quand veoit la jeune roze S’espandyssant aux souffles des zéphyrs… De vray, me duict le tourment où me livre Plus que son heur : car enfin que l’y siert Remémorer ung que ne peult revivre ? […] Cy nous attend sur litz charmants de mousse : À des rigueurs… qui vouldroit s’en venger, Qui (mesme alors que tout dezir s’esmousse), Au prilx fatal de ne plus y songer ? […] Ung songe (hélas ! […] Toutesfois aux transportz craint de s’abandonner ; Cognoist que resve sien n’avoit esté mensonge, Voyd mesmes traicts qu’alors luy peignist le sommeil, Ainz trop n’oze gouster les charmes d’ung réveil Que luy semblent tenir des prestiges d’un songe.
II Lorsque André Chénier composait ses divins pastiches d’Homère et de Théocrite, il faisait sans y songer ce que personne n’avait fait avant lui, non pas même les poètes de la Pléiade, qui ne comprenaient qu’à demi la pure antiquité et ne la saisissaient point d’une vue directe. […] On songe au Ve livre de Lucrèce ; puis on se dit qu’il y a là autre chose encore qu’une intuition de poète, que la science contemporaine, l’archéologie, l’anthropologie, ont seules rendu possibles de pareilles résurrections, et que, de toutes façons, un tel poème sonne glorieusement l’heure exacte où nous sommes. […] Cela donne à réfléchir, d’autant plus que nous-mêmes, les derniers venus et les moins malheureux, nous nous sentons encore inclinés vers la métaphysique vague et dés (mot illisible, vraisemblablement désolée) où s’assoupissaient nos plus lointains ancêtres (mot illisible) même que souvent dans le cerveau d’un homme renaissent au déclin de l’âge les songes et les croyance de ses jeunes années, ainsi l’humanité vieillissante refait le songe de sa jeunesse. […] Tandis qu’il songe le monde, tandis qu’il nous ravit par la grâce des mille vierges qui se baignent à ses pieds parmi les lotus et qu’il nous épouvante par le grincement des dents du géant pourpre qui à sa gauche broie et dévore l’univers ; tandis que sa seule inertie est la source de l’Être, qu’il s’incarne dans les héros, que les sages rentrent dans son sein par l’inaction lui se demande tranquillement s’il ne serait pas le Néant. […] Qu’il y ait quelque affectation dans ce détachement du poète, dans cette indifférence finale pour tout ce qui n’est pas un spectacle aux yeux, cela est possible, et je ne songe point à lui en faire un reproche.
Et ce qu’il y a de charmant dans cette fable, c’est précisément le contraste parfaitement voulu, parfaitement médité et concerté, le contraste entre la jeunesse présomptueuse qui n’accorde même pas au vieillard la liberté, la licence de travailler en quelque sorte à long terme ; et, tout au contraire, cette sorte de méditation du futur qui accompagne le vieillard dans son labeur et qui lui fait dire : Voilà des jeunes gens qui me suppriment dans leur pensée, et moi, c’est à des gens qui ne sont pas encore, c’est à mes arrière-neveux que je songe déjà Voilà une très jolie leçon de sagesse, tout à fait dans la manière d’Horace en même temps que dans la manière de Virgile, une très jolie leçon de sagesse antique avec quelque chose, je crois, de plus attendri, de plus doux, de plus mouillé de la tendresse moderne et de la tendresse, j’allais dire chrétienne, mais il ne faut pas dire chrétienne, en parlant de La Fontaine, ce serait trop une erreur, enfin d’une tendresse qui avoisine déjà le christianisme et qui en a senti quelque légère influence. […] Tous les Pidoux ont du nez, et abondamment. » Et il songe au sien, qui était considérable, comme vous savez. […] Mais songez que La Fontaine n’a jamais vu que les petites rivières et les petits ruisseaux de la Champagne et de l’Ile-de-France, et la Seine ; or, la Seine est moins majestueuse que la Loire ; il faut le concéder. […] « Après avoir atteint la vallée de Tréfou, car, sans avoir étudié en philosophie, vous pouvez vous imaginer qu’il n’y a pas de vallée sans montagne… Je ne songe pas à cette vallée de Tréfou que je ne frémisse. […] Songez, par exemple, à la correspondance entre Bussy-Rabutin et Mme de Sévigné ; il y a des gauloiseries plus fortes que toutes celles que La Fontaine adresse à Mlle de La Fontaine ; et pourtant Mme de Sévigné et Bussy-Rabutin n’étaient que cousins et n’étaient point mari et femme.
Peut-être n’y songea-t-il pas. […] Et c’est une fête En moi, hors de moi rien que d’y songer. […] Nous ne pouvons songer à cela sans quelque orgueil. […] Il fait songer à une sensitive qui serait une violette. […] Songez donc !
Un écrivain ne doit songer, quand il écrit, ni à ses maîtres, ni même à son style. […] C’est faute d’avoir songé à ce dualisme que M. […] On songe à la Ligeia d’Edgar Poe, à la Vera de Villiers. […] Albalat entend le style sans rhétorique ; à cette idée, il songe à Voltaire . […] Avant d’aller plus loin, on fera bien de songer que, s’il est bon de plaire à autrui, il est meilleur encore de ne pas se nuire à soi-même.
Lorsqu’on le représente comme le chantre de la stérilité, c’est à la magnifique et métallique Hérodiade que l’on songe. […] Cette ampleur qu’il caressait dans un songe et qu’il aimait chez d’autres, il dédaignait chez lui-même tout ce qui pouvait la rappeler. […] Il le reculait et le dissolvait dans le songe. […] Il fait songer à ce personnage des contes de Grimm qu’un géant défie de lancer aussi haut que lui un caillou. […] On peut d’ailleurs sourire un peu du mot aise : d’un malaise à réaliser vient cette aise à songer.
Plus près de nous, personne ne songe à blâmer M. […] on ne peut pas songer à tout ! […] Qu’on songe : ils n’étaient pas des ouvriers ! […] Mais on dirait que, plus elle se dirige vers le Nord, plus elle songe au Sud. […] Il s’inquiète, il songe : « Personne ne s’occupe de moi.