Ils prennent leur repas du soir, au milieu des animaux de la création, qui se jouent autour de leur roi et de leur reine. […] Il avait déjà revêtu de pourpre et d’or les nuages qui flottent autour de son trône occidental ; le soir s’avançait tranquille, et par degrés un doux crépuscule enveloppait les objets de son ombre uniforme. […] Bientôt le firmament étincela de vivants saphirs : l’étoile du soir, à la tête de l’armée des astres, se montra longtemps la plus brillante ; mais enfin la reine des nuits, se levant avec majesté à travers les nuages, répandit sa tendre lumière, et jeta son manteau d’argent sur le dos des ombres14.
Un soir, à une heure indue, Villiers monte chez Mendès. […] Non, pas ce soir, j’ai des fonds », et il redescend quatre à quatre l’escalier. […] Un soir cependant, nous poussâmes jusqu’au lac. […] Au moment de nous séparer, Bonnières me dit : « Etes-vous libre ce soir après dîner ? […] Il m’est arrivé de le rencontrer le soir de son élection à l’Académie des Beaux-arts.
Le soir, selon vos ordres, je l’ai fait sortir et je l’ai promené moi-même. […] Le soir, c’est fort beau. […] J’ai fait hier soir, ma cousine, un tour à la foire de Neuilly. […] C’est le soir, dans un recoin de l’Exposition des colonies, entre dix et onze heures. […] C’est une erreur, ma cousine ; on ne répétait qu’après la classe du soir.
Mais, le soir, un événement tragique vint compliquer la situation et développer admirablement le caractère du père Grandet. […] Descendons tous dans la salle pour dîner, pour jouer au loto tous les soirs à deux sous. […] Aussi les personnes qui venaient meubler tous les soirs la salle de Mlle Grandet, nommée par elles Mlle de Froidfond, réussissaient-elles merveilleusement à l’accabler de louanges. […] Elle s’habitua donc par degrés à se laisser traiter en souveraine et à voir sa cour pleine tous les soirs. […] ” — « Comment, Nanon, dit un soir Eugénie en se couchant, il ne m’écrira pas une fois en sept ans ?
Ses romans, comme Lamartine l’a remarqué dans l’Épître adressée à l’illustre enchanteur, se lisent volontiers autour de la table du soir, sans que la pudeur ait à s’embarrasser. […] Pourquoi n’aiderait-il pas, dans l’absence de croyance véritablement régnante, à maintenir ces sentiments de christianisme moral, sans prétention dogmatique, de christianisme qui n’a plus la prière du soir en commun, mais qui (en attendant ce que réserve l’avenir) peut se nourrir encore par de touchants exemples et des effusions affectueuses ? […] Mais, pour un livre déjà lu, dans lequel (comme je le suppose) on reprend, on relit sans cesse ; dans lequel le frère, déjà étudiant, ou la sœur aînée choisit les morceaux à lire à haute voix, le soir, autour de la table à ouvrage, cette abondance, cette richesse extrême, qui laisse au choix tant de liberté heureuse, et qui rassemble en chaque endroit tant de genres de beautés, a bien aussi ses avantages. […] Son front a-t-il gardé ce petit pli rêveur Que nous baisions tous deux pour l’effacer, ma sœur, Quand son âme, le soir, au jardin recueillie, Nous regardait jouer avec mélancolie ? […] quand son enfant sera d’âge, nous dit-il en finissant, son cher petit, bégayant encore, et qui sait déjà reconnaître l’étoile du soir, comme il le réjouira avec de tels sons !
Le 7 septembre, à quatre heures du soir, il monta dans la chambre de M. […] Un homme pieux et poète, une femme dont l’âme va si bien à la sienne qu’on dirait d’une seule âme, mais dédoublée ; une enfant qui s’appelle Marie, comme sa mère, et qui laisse, comme une étoile, percer les premiers rayons de son amour et de son intelligence à travers le nuage blanc de l’enfance ; une vie simple, dans une maison antique ; l’océan qui vient le matin et le soir nous apporter ses accords ; enfin un voyageur qui descend du carmel pour aller à Babylone, et qui a posé à la porte son bâton et ses sandales pour s’asseoir à la table hospitalière : voilà de quoi faire un poème biblique, si je savais écrire les choses comme je sais les éprouver. […] Le soir, la voix de l’océan était rauque et sourde. […] Féli pour ce même labeur ; — les heures d’étude et d’épanchement poétique, qui nous mènent jusqu’au souper ; ce repas qui nous rappelle avec la même douce voix et se passe dans les mêmes joies que le dîner, seulement un peu moins éclatantes parce que le soir voile tout, tempère tout ; — la soirée qui s’ouvre par l’éclat d’un feu joyeux, et de lectures en lectures, de causeries en causeries, va expirer dans le sommeil ; — et à tous les charmes d’une telle journée ajoutez je ne sais quel rayonnement angélique, je ne sais quel prestige de paix, de fraîcheur et d’innocence qu’y répandent la tête blonde, les yeux bleus, la voix argentine, les petits pieds, les petits pas, les rires, les petites moues pleines d’intelligence d’une enfant qui, j’en suis sûr, fait envie à plus d’un ange ; qui vous enchante, vous séduit, vous fait raffoler avec un léger mouvement de ses lèvres, tant il y a de puissance dans la faiblesse ? […] Il arrive aussi que l’âme est pénétrée insensiblement d’une langueur qui assoupit toute la vivacité des facultés intellectuelles et l’endort dans un demi-sommeil vide de toute pensée, dans lequel néanmoins elle se sent la puissance de rêver les plus belles choses… Rien ne peut figurer plus fidèlement cet état de l’âme que le soir qui tombe en ce moment.
Elles arrivèrent le soir, et, dès le lendemain, elles occupaient, dans la rue qui continue la place, la petite maison où depuis bien des années était situé le bureau. […] Mme M… en toucha un soir quelque chose à sa fille ; dès les premiers mots, celle-ci coupa court, et, se jetant dans les bras de sa mère, la supplia avec un baiser ardent de ne jamais lui en reparler ni de rien de pareil. […] Ils eurent ainsi des soirs de bonheur, sans rien presser, sans trop prévoir. […] Un soir qu’on avait plus longuement causé de guérison et d’espérance, qu’on avait projeté pour Christel des promenades à cheval au printemps, qu’on s’était promis de se diriger sur les domaines d’Hervé, vers un bois surtout de hêtres séculaires qu’avaient habité les fées de son enfance, et dont il aimait à vanter la royale beauté, il crut le moment propice, et, après quelques mots sur sa mère, à laquelle il avait parlé, disait-il, de cette visite désirée : « Il est temps, ajouta-t-il d’un ton marqué, qu’elle connaisse celle qui lui vient. » Christel tressaillit et l’arrêta ; ce fut un simple geste, un signe de tête accompagné d’un coup d’œil au ciel, le tout si résigné, si reconnaissant, si négatif à la fois, avec un sourire si pâli, et dans un sentiment si profond et si manifeste du néant de pareils projets à l’égard d’une malade comme elle, que la mère navrée ne put qu’échanger avec Hervé un lent regard noyé de larmes. […] Elle se levait pourtant, et restait sur sa chaise toute l’après-midi et les soirs comme auparavant.