Les traditions des temps, des génies, le mouvement lent et mystérieux qui transforme une société et une littérature, lien de tout cela n’est indiqué. […] C’est sans doute pour ces mauvais lecteurs que Nietzsche avait écrit cette page : « Une culture supérieure ne peut vraiment naître que là où la société forme deux classes distinctes : celle des travailleurs et celle des oisifs, capables d’un véritable loisir ; ou, pour mieux dire, la classe du travail forcé et la classe du travail libre. […] Or partout où le commandement devient une tâche quotidienne comme dans le monde commercial et industriel, il se produit quelque chose d’analogue à la race, mais il manque toujours le grand art de l’obéissance qui chez les autres est un héritage d’un état de choses féodal et que n’autorise plus le climat de notre civilisation. » Des droits sans devoirs, un orgueil bas devant les hommes, nullement atténué par cette modestie humaine que produit la religion ou la simple conscience du monde, Nietzsche a bien vu les plaies de la société moderne, mais il ne se doutait pas qu’il allait les agrandir.
La société des filles et des gens de lettres, c’est dégoûtant et rarement amusant. […] Même quand le pastiche est adroit — et c’est le cas de ceux de M. le professeur Gebhart — il reste un bien pauvre et facile jeu de société, — de mauvaise société.
À l’heure présente, c’est chez les Italiens de la société, une rage d’imitation britannique, dans la tenue, l’habillement, la coupe des favoris, et le reste. […] Bien, très bien, les reliques de la société future, ce sera le suspensoir de Gugusse. […] Eh bien, la réflexion que cette réunion amène, est celle-ci : la grande société aristocratique est morte ; il n’y a plus que des financiers et des cocottes ou des femmes à l’aspect de cocottes.
Cette pseudo-terreur de paroles, puérile plagiat de la Convention, n’intimida personne et servit de prétexte aux ennemis de la démocratie constituée ; ils prirent la société tremblante sous leur égide, ils lui montrèrent du doigt les faux terroristes comme les Spartiates montraient aux enfants les ilotes ivres pour les dégoûter de l’ivresse. Les sociétés ont un tel instinct d’ordre et de conservation, qu’en les menant au bord de l’anarchie on est sûr de les faire reculer dans le despotisme. Un homme qui se noie saisit le fer rouge ; une société qui a peur d’être pillée ou égorgée, saisit la lame du sabre ou les pointes des baïonnettes.
Assurément on conçoit Quintilien dans l’antiquité, au sein de ce monde extérieur et sonore où pesait tant la phraséologie romaine, mais dans une société comme la nôtre, où l’âme et la pensée n’ont plus de ressources, d’originalité et de puissance que dans la profondeur de la réflexion ou du naturel, tout Quintilien voulu tombe dans la modiste, et c’est là ce qu’est Villemain, — une modiste de mots ! […] C’est la fille légitime de l’intelligence savante et réglée, et, dans une société chrétienne et française, elle a pour blason la croix, la balance et le glaive. […] La statuaire, cet art suprême des Anciens, avec sa nudité impassible et ses impudiques perfections, réprouvées par toute société spirituelle, est moins morte que la poésie de Pindare ; car la statuaire c’est de la nature humaine prise, il est vrai, et divinisée par son côté inférieur, mais c’est de la nature humaine, tandis qu’il n’y a plus que du convenu et de l’officiel dans les vers mythologiques de Pindare en l’honneur, qu’on me passe le mot, de boxeurs ou de basques grecs.
Pour l’instant, tout à ce travail de préparation, tout au scrupule d’une formation littéraire sérieuse, tout à la recherche du beau, et par la forme pure qui plaît, et par l’idée de vérité qui touche, je ne me laisserai pas emporter par le tourbillon du siècle, ni tenter par le désordre universel, cet orgueil de vouloir devancer les saisons que la Providence a fixées aux mondes, ce défaut dont vous savez bien que la société souffre, s’énerve et s’anémie. […] Possesseur aux environs de Chartres d’un grand domaine, Joseph Hudault y joignit une importante industrie agricole, et sut acquérir une réelle influence en s’intéressant aux constructions de logements ouvriers, aux sociétés de gymnastique, aux patronages. […] Pleins de goût et de feu, ces jeunes doctrinaires formaient une société d’une espèce rare, une académie à la fois savante, policée et enthousiaste.
Ni les volontés humaines, ni les forces naturelles n’ont été organisées, sagement, de façon à marcher droit vers un but utile ; et le désordre, la sauvagerie, la stérilité primitives subsistent dans la société comme sur le sol. […] Aujourd’hui celle société supérieure a perdu l’empire. […] Les neuf cours précédents ne sont guère que des exposés de faits et des résumés de l’expérience ; le dernier fera le récit des utopies et des projets, car ces projets et ces utopies sont aussi des forces ; il sera l’Histoire des théories contemporaines relatives à l’organisation des sociétés, et marquera l’influence de ces théories sur la société moderne. […] Par la pratique de la vie et par l’étude des sciences, elle est arrivée au calme, elle a compris et loué le travail, le bon sens, la raison, la société, la famille, le mariage, toutes les choses utiles, salutaires ou nécessaires. […] Son procédé est la méthode déductive qui, écartant l’observation, dédaignant l’expérience et l’histoire, construit la société d’après un axiome préconçu.