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452. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Si quelque chose pouvoit justifier M. l’Abbé Prévot, de s’être abaissé à des Ouvrages, qui, pour le plus grand nombre, captivent l’imagination pour l’égarer, parlent à l’esprit sans le rendre plus éclairé, agirent le cœur sans le corriger & le former ; ce seroient l’art singulier, l’imagination vive & féconde, le sentiment tendre & profond, la touche mâle & vigoureuse, qui dominent avec tant de richesse dans tout ce qu’il a écrit. […] Personne n’a su mieux aiguiser le sentiment par des Réflexions fines & délicates, par une Morale utile, & par l’adresse de la faire naître des circonstances, toutes les fois qu’il ne s’abandonne pas trop à l’envie de moraliser, qui paroît avoir été son foible dominant. […] Il est, en toutes choses, & sur-tout en matiere de sentiment, une sobriété à observer.

453. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Il cherchait de jolies scènes rustiques, de touchants souvenirs, des sentiments curieux ou purs. […] On admirait combien ce regard minutieux et ce sentiment délicat savaient en saisir et en interpréter les aspects mobiles. […] Elle me dit : « J’ai caché mon sentiment, craignant qu’il ne me fît tort. » — Elle me dit : « M’aimes-tu, cousin ?  […] Avec un art admirable, Tennyson en a renouvelé les sentiments et le langage ; cette âme flexible prend tous les tons pour se donner tous les plaisirs. […] Le voyageur, l’amateur d’archéologie s’est complu aux imitations du style et des sentiments étrangers et antiques.

454. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Il commence à se revendiquer avec un sentiment un peu orgueilleux de son innocence, et de la disproportion entre ses fautes, s’il en a commises, et son châtiment. […] Le sentiment aime ou abhorre. […] Le sentiment est une faculté motrice de l’âme. […] Dieu a donc associé, dans l’âme, à la faculté de comprendre, la faculté de sentir, ou le sentiment. […] Si son sort est tolérable ou doux, la mort est là, à deux pas de lui, qui change sa félicité même en désespoir par le sentiment de sa brièveté.

455. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Il était tout sentiment, et le moins philosophe des hommes. […] Il est tout plein de bons sentiments. […] Je lui dirai que mon indigne faiblesse part d’un bon sentiment : M.  […] il garde un fond de bons sentiments. […] Il ignore ou méprise les autres sentiments.

456. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Valérie, au reste, par l’ordre des pensées et des sentiments, n’est inférieure à aucun roman de plus grande composition ; mais surtout elle a gardé, sans y songer, la proportion naturelle, l’unité véritable ; elle a, comme avait la personne de son auteur, le charme infini de l’ensemble. […] Le style de ce charmant livre est au total excellent, eu égard au genre peu sévère ; il a le nombre, le rhythme, la vivacité du tour, un perpétuel et parfait sentiment de la phrase française. […] Le meurtre du duc d’Enghien ajouta l’indignation à ce premier sentiment indisposé. […] On sait quelles furent alors les vicissitudes politiques de l’illustre publiciste ; ses sentiments religieux n’étaient pas moins agités, et, à cette limite extrême de la jeunesse, revenant à la charge en lui, ils livraient comme un dernier combat. […] Dans André Chénier, imitant quelque épigramme grecque, le seul sentiment exprimé est celui de la beauté superbe et des rivaux confus.

457. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

oui, nos sentiments se transforment ; ne voilà-t-il pas une découverte ? […] Nous répondons de nos actes, non de nos sentiments. […] Mais il est vrai qu’ils différaient de sentiment sur tout le reste. […] » D’où nous viennent ces lâches sentiments ? […] Par nos hérédités trente fois séculaires, nous sommes presque tous plus ou moins partagés entre le sentiment chrétien et quelque autre sentiment.

458. (1911) Études pp. 9-261

Chaque poème est le doux corps précis d’un sentiment unique. […] Le poète plaint un peu sa crédulité, il révoque doucement en doute son sentiment. […] Il épouse toute misère, il est prêt à recevoir tout sentiment. […] Elle ignore les sentiments lourds et éteints. […] Plus de suite peut-être endormirait le sentiment qu’elle a de sa vie.

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